En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/20797

Drogues: le Secrétaire général appelle à la solidarité internationale pour que tous les pays disposent de systèmes d’alerte rapide face aux nouvelles menaces

On trouvera ci-après le message du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, célébrée le 26 juin:

S’il y a bien une leçon à tirer de la pandémie, c’est que la science et la foi en la science sont sorties vainqueur de cette tragédie et que, pour se débarrasser du virus, le monde doit compter sur l’une et sur l’autre.  Les scientifiques ont mis au point des vaccins sûrs et efficaces en un temps record. L’accès à des informations fiables et vérifiables est une question de vie ou de mort.

Il en va de même dans la lutte contre la drogue: notre action doit se fonder sur des faits.

Toujours aussi pressant, le problème mondial que constitue la drogue menace d’aggraver l’impact de la pandémie et de compromettre les chances d’un relèvement sain et inclusif.  Selon le Rapport mondial sur les drogues 2021 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, qui doit paraître prochainement, le nombre de morts imputables à des troubles liés à la consommation de drogues a presque doublé au cours de la décennie.  Ces dernières années, on a constaté une diminution du nombre de nouvelles infections au VIH chez les adultes du monde entier, mais pas chez les consommateurs de drogues injectables, qui représentaient 10% des personnes nouvellement infectées en 2019.

La coopération internationale a permis d’endiguer la prolifération de nouvelles substances psychoactives, mais le problème touche désormais des régions plus pauvres où les dispositifs de contrôle sont moins solides.  Sur le dark Web, la vente de drogues poursuit sa hausse, tandis que l’utilisation de produits pharmaceutiques, notamment d’opioïdes, à des fins non médicales ne cesse d’augmenter.

Le trafic de drogue et la criminalité organisée alimentent les cycles de violence et perpétuent les conflits.  Les groupes armés et les terroristes tirent profit du trafic de drogues et la pandémie de COVID-19, par ses répercussions désastreuses sur l’économie, a rendu des millions de personnes plus dépendantes encore des revenus de la drogue et de la culture de plantes illicites.

Dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, la pandémie a accentué les inégalités dans l’accès aux médicaments sous contrôle, qui sont vitaux.  Ainsi, en 2019, les professionnels de la santé en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale ne disposaient que de quatre doses d’analgésiques par million d’habitants par jour, contre près de 32 000 doses en Amérique du Nord.

Quand des mesures conciliant prévention et contrôle viennent encadrer la consommation de drogues et les troubles liés à la toxicomanie, on obtient des résultats non négligeables: des vies sont sauvées, les populations sont en meilleure santé, le taux d’emploi et la productivité augmentent et les dépenses de justice pénale diminuent.

Beaucoup des facteurs de risque conduisant à la criminalité et à la violence mènent aussi à la toxicomanie.  En prenant des mesures ciblées pour rompre cette double dynamique, y compris en luttant contre les mauvais traitements infligés aux enfants et en remédiant à l’absence d’aide sociale, on peut renforcer la prévention.

En outre, les recherches montrent que la police et la justice doivent avant tout s’attaquer aux personnes situées à la tête du trafic, car ce sont elles qui récoltent les plus gros bénéfices et qui causent le plus de violence.

Sur le nouveau front qui s’ouvre dans la lutte contre les trafiquants de drogues, qui recourent de plus en plus souvent au transport de marchandises et aux services postaux pour déplacer leurs produits illicites, les partenariats public-privé avec les entreprises technologiques, les services de poste et de messagerie et les sociétés de transport sont une arme essentielle.

Grâce à des données de plus en plus précises, on peut repérer plus facilement les tendances et surveiller en temps réel les changements dans les routes du trafic.  Les systèmes d’alerte rapide, alimentés par des données scientifiques, permettent aujourd’hui d’anticiper les nouvelles menaces.  Il faut aider les pays à faible revenu à tirer parti de ces dispositifs perfectionnés en renforçant la coopération et l’aide internationales.

Le thème retenu cette année pour la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues est un appel à la solidarité: « Lutte contre la drogue: Parlez des faits, sauvez des vies ».  J’engage tous les États Membres à s’en remettre à la science et à prendre des mesures fortes, dans le respect des grands principes convenus à l’échelle internationale et en comptant sur l’appui apporté par l’ONU dans les domaines de la santé et de la justice.

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