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Instance permanente: appels à appuyer les droits et la participation des jeunes autochtones

La poursuite, ce matin, du débat sur les six domaines d’action de l’Instance permanente sur les questions autochtones en relation avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a été marquée par de nombreux appels en faveur d’une plus grande participation des jeunes et des enfants autochtones aux travaux de l’Instance.  Les six domaines d’action de l’Instance sont le développement économique et social, la culture, l’environnement, l’éducation, la santé et les droits de l’homme. 

Dans son intervention, Mme Anne Nuorgam, Présidente de l’Instance (Finlande), a regretté l’absence des jeunes autochtones durant la session et a appelé à les associer davantage aux travaux de l’Instance.  Ils sont notre avenir, et leur participation doit être promue, soutenue et financée, a-t-elle plaidé. 

M. Aleksei Tsykarev, membre de l’Instance (Fédération de Russie), a demandé aux Nations Unies et à ses organes d’élaborer des instruments visant à promouvoir les droits des enfants et des jeunes autochtones.  Il a également appelé les États à ne pas créer une concurrence entre les droits des peuples autochtones et les autres droits humains, soulignant que ceux-ci sont interdépendants et liés entre eux. 

La Fondation Tebtebba a recommandé à l’Instance d’appuyer les organisations autochtones qui promeuvent l’accès des jeunes aux technologies de l’information et des communications.  Cela aidera à revitaliser les langues autochtones et à faire participer ces jeunes aux luttes qui les concernent, a-t-elle fait observer.  Le Guyana a ensuite expliqué que les jeunes autochtones de son pays bénéficient de bourse d’études du Gouvernement qui leur permet de poursuivre leur éducation en langue autochtone.  Ils ont aussi reçu une aide pour faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19. 

La question de la santé des peuples autochtones en ces temps de pandémie a également été soulevée par M. Geoffrey Roth, membre de l’Instance (États-Unis), qui a appelé à accélérer les campagnes de vaccination contre la COVID-19 parmi ces communautés.  La campagne de vaccination contre la COVID-19 doit être reconnue comme un droit, a renchéri M. Simón Freddy Condo Riveros, membre de l’Instance (Bolivie).  Mais, a-t-il mis en garde, ce droit ne doit pas être utilisé comme une excuse par les gouvernements pour intervenir dans les territoires autochtones. 

S’agissant de l’environnement, Derecho, Ambiente y Recursos Naturales (DAR), a attiré l’attention sur l’augmentation de la violence, notamment à l’encontre des femmes autochtones dans le bassin amazonien où différents projets d’investissements chinois sont en cours.  L’ONG a demandé à l’Instance de saisir le Gouvernement chinois pour que les entreprises chinoises respectent les droits des peuples autochtones et l’environnement.  Elle a aussi demandé la création d’un mécanisme de suivi des violations des droits des peuples autochtones dans le bassin amazonien.  Suite à cette intervention, la Chine a assuré que les entreprises chinoises sont conscientes de leur responsabilité sociale et a fait part de son intention de travailler avec les gouvernements nationaux pour discuter de ces questions. 

« Les peuples autochtones sont les premiers protecteurs de l’environnement », a déclaré à son tour M. Vital Bambanze, membre de l’Instance (Burundi), soulignant que les États doivent dialoguer avec eux au sujet des projets d’exploitation minière et forestière dans leurs territoires.  Il a également félicité les États qui ont pris des mesures pour reconnaître les droits des peuples autochtones, y compris le droit à la participation.  Mais ce n’est pas un cadeau mais un droit, a rappelé le membre.   

Le Parlement sami de Suède a exigé une action concrète pour lutter contre le réchauffement de l’Arctique, dénonçant par ailleurs le fait que les projets d’extraction d’énergie dans la région n’incluent pas les Sami.  C’est en partenariat avec nous qu’il faut mener les projets dans ces territoires que nous défendons depuis des millénaires, a insisté la délégation.  De son côté, le Coordinating Body of Indigenous Organizations in the Amazon Basin (COICA a appelé au dialogue avec les pays qui partagent des frontières dans la région de l’Amazonie afin de mettre pleinement en œuvre la Déclaration des droits des peuples autochtones et la Convention 169 de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux.  Pour sa part, l’Union internationale de conservation de la nature a annoncé qu’elle organisera, en septembre 2021, un sommet mondial consacré aux peuples autochtones et à la nature.  

Plusieurs organisations autochtones ont exigé la création de mécanisme qui serait chargé de mener des enquêtes sur les violations des droits des populations autochtones à l’instar de l’Elatia Partnership (CADPI) qui a demandé à l’Instance permanente de créer un mécanisme qui servirait à enregistrer toutes les violations des droits des peuples autochtones dans le monde, et à promouvoir la justice autochtone, « sans laquelle ils seront laissés pour compte ».  Le Native Council of Prince Edward Island a appelé l’ONU à intervenir auprès du Canada pour que le Gouvernement reconnaisse l’ensemble des droits des peuples autochtones.  Aux États-Unis, Semilla Warunkwa a exigé la fermeture du Dakota Pipeline Access et la création d’un organisme international de défense des droits des peuples autochtones. 

La Confederación Sindical De Comunidades Interculturales Originarios De Bolivia (CSCIOB) a demandé à l’ONU de mener une enquête sur le coup d’État de 2019 en Bolivie qui a mené à des nombreuses profanations des sites autochtones.  M. Simón Freddy Condo Riveros, membre de l’Instance (Bolivie) a estimé que l’affaire du meurtre de 35 autochtones en Colombie devait également faire l’objet d’un suivi par l’Instance, tandis que la Khmers Kampuchea-Krom Federation a demandé l’ouverture d’une enquête pour mesurer et remédier aux souffrances des agriculteurs autochtones du Viet Nam. 

Répondant à cette dernière intervention, le Viet Nam a mis en avant le fait que le pays est un exemple réussi de lutte contre la pauvreté, y compris chez les « minorités ethniques ».  Ces dernières représentent de surcroit 13,5% des fonctionnaires de l’État et 18% des députés, a indiqué la délégation qui a rejeté les déclarations visant à saper l’unité nationale. 

Concernant la culture autochtone, le Torum Maa Open Air Ethnographic Museum a rappelé que les peuples autochtones sont le gardien de la culture autochtone.  Le Japon a annoncé que suite à la reconnaissance, en 2018, des droits de peuple aïnou, le Gouvernement avait créé, en 2020, le Centre national de préservation de leur culture.  La Khmers Kampuchea-Krom Federation a demandé l’aide du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour préserver la culture khmer krom.  

Au cours de ce débat, de nombreux États sont intervenus pour mettre en avant les actions qu’ils ont entreprises conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, à l’instar de l’Équateur qui a expliqué que la Constitution du pays garantit les droits des peuples autochtones.  Le Panama a créé un Ministère des affaires autochtones qui est dirigé par un membre de cette communauté et développe par ailleurs le tourisme dans les territoires autochtones dans le cadre de ses efforts de lutte contre la pauvreté.  Au Chili, 17 sièges de députés seront réservés aux peuples autochtones lors des prochaines élections de cette année.  La Fédération de Russie fait la promotion de l’élevage traditionnel de rennes et appuie les peuples autochtones qui vivent de cette activité. 

El Salvador a amendé la Constitution pour mieux prendre en compte les droits des peuples autochtones, tandis que le Nicaragua veille à ce qu’une éducation en langue autochtone soit disponible et accessible pour combattre l’analphabétisme.  Le savoir ancestral est également intégré aux programmes scolaires.  En plus de la création des 624 municipalités autochtones, le Mexique a indiqué que les populations autochtones ont le droit de s’exprimer dans leurs langues maternelles et ont accès à une université où l’enseignement est dispensé en langue autochtone.  De son côté, M. Geoffrey Roth, membre de l’Instance (États-Unis), a salué l’adoption, par l’État du Dakota du Nord, d’une nouvelle loi qui prévoit l’inclusion de la culture autochtone dans le programme scolaire à partir de 2025. 

Enfin, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a informé que l’initiative du Navigateur Autochtone (INA) a débouché sur la mise à jour d’un portail Internet qui est facile d’utilisation et qui permet de toucher un public plus large dans le monde afin de faire connaître les droits des peuples autochtones et de dialoguer avec eux.  

Cette vingtième session de l’Instance permanente sera clôturée demain, vendredi 30 avril, à partir de 15 heures.  

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