En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/18789-SC/13074

Sécurité en Méditerranée: le Secrétaire général appelle à résoudre les crises pour que la région contribue avec ce qu’elle a de meilleur

On trouvera ci-après la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, lors de la réunion du Conseil de sécurité, tenue aujourd’hui, sur les problèmes de sécurité en Méditerranée:

Je remercie la présidence italienne d’avoir organisé la présente séance.  Le mot « Méditerranée » signifie littéralement « au milieu de la Terre ».  Figurativement aussi, la Méditerranée se trouve depuis des temps immémoriaux au carrefour des civilisations, des cultures, des religions, des échanges commerciaux et des migrations. 

L’évolution de la situation dans la région continue de façonner l’histoire et la politique du monde.  La Méditerranée fournit d’immenses ressources économiques, à l’instar des hydrocarbures et des stocks de poissons, et des routes commerciales indispensables.  Toutefois, les bénéfices qu’elle offre sont tributaires de la stabilité et de la coopération.  De fait, la situation en Méditerranée montre que la paix et la sécurité sont inséparables des progrès démocratiques, économiques et sociaux, et de la promotion de l’égalité hommes-femmes, des jeunes, des minorités et des droits de l’homme. 

Les événements de ces dernières années dans la région l’ont clairement –et douloureusement– montré.  Aujourd’hui, la Méditerranée fait face à de graves défis sur de nombreux fronts, que ce soit le commerce illicite de stupéfiants, d’armes et de produits pétroliers, les déplacements massifs de réfugiés et de migrants, qui sont la proie des passeurs et des trafiquants, ou encore la piraterie maritime.  Le trafic de stupéfiants a également des conséquences meurtrières, telles que l’augmentation de la consommation de drogues et les crises sanitaires.

Dans certaines parties de la région, la fragilité est exacerbée par des violations systématiques des droits de l’homme et par la violence à l’égard des femmes et des filles.  La Méditerranée souffre également d’une forte dégradation de l’environnement et d’un manque de ressources naturelles.  Au cours des dernières années, les pénuries alimentaires et les fortes hausses des prix ont provoqué des troubles sociaux et politiques.  Des blessures et divisions confessionnelles qui couvent depuis longtemps dans la région ont été aggravées par des atrocités criminelles, le terrorisme, les tentatives d’annihiler les minorités, le pillage du patrimoine culturel, les déplacements forcés et l’utilisation d’armes chimiques.

La stabilité de la Libye est indispensable pour la région.  Pourtant, après des années de transition, les institutions du pays demeurent profondément divisées.  L’ONU est déterminée à aider le peuple libyen à parvenir à un règlement politique sans exclusive.  L’instabilité dans la région du Sahel a contribué à une augmentation des migrations irrégulières vers l’Europe.  L’ONU continuera d’appuyer les pays du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel) et sa force conjointe, notamment par le biais de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  La réalisation de la paix entre Israéliens et Palestiniens revêt également une importance critique.  L’ONU reste déterminée à apporter tout son appui à un règlement du conflit juste, global et durable, fondé sur la solution des deux États.  Un règlement politique global à Chypre permettrait également d’atténuer les tensions politiques dans la région.

Daech continuera de prospérer à moins que les causes profondes du conflit syrien ne soient réglées par le biais d’un processus politique global et crédible, comme prévu par la résolution 2254 (2015).  Les acquis en matière de sécurité contre les groupes terroristes en Libye, en Iraq et ailleurs peuvent s’avérer réversibles si nous n’accélérerons pas la reconstruction et la reprise économique.

Je loue les pays d’accueil des réfugiés pour leur générosité.  Il faut, de toute évidence, s’attaquer aux causes profondes des déplacements.  Nous devons également nous attaquer à la montée inquiétante de la xénophobie et de la discrimination à l’encontre des réfugiés, des migrants et des minorités.  Il en va de notre responsabilité à tous.  Il est essentiel de rétablir l’intégrité du régime de protection des réfugiés des deux côtés de la Méditerranée et de mettre en œuvre davantage de programmes de réinstallation.  La traite d’êtres humains ne doit pas être isolée du trafic de biens culturels, de stupéfiants, d’armes et de pétrole, qui profite aux milices, aux terroristes et aux groupes armés.

Le régime de sanctions concernant la Libye restreint les mouvements d’armes et de matériel connexe à destination et en provenance de la Libye.  Les Groupes d’experts sur la Libye et le Soudan enquêtent sur le financement des groupes armés.  Avec le rétablissement récent du régime de sanctions concernant le Mali, j’espère que ces outils permettront d’aider les gouvernements et les régions à œuvrer en faveur de transitions pacifiques.

Bien trop souvent, les réponses aux problèmes de sécurité en Méditerranée sont menées essentiellement ou uniquement par le biais d’arrangements de sécurité traditionnels ou de solutions ponctuelles.  De telles approches risquent de prolonger un statu quo inacceptable ou d’aggraver la situation si elles ne sont pas accompagnées par des efforts visant à s’attaquer aux causes profondes. 

L’action que nous menons pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a un rôle important à jouer à cet égard.  La Méditerranée est un carrefour mondial de cultures, de sociétés et d’économies qui s’enrichissent les unes les autres.  Pourtant, la violence et la haine menacent ce dynamisme au détriment du monde entier. 

Nous devons faire tout notre possible pour résoudre les crises les plus graves de la région afin qu’elle puisse continuer à contribuer ce qu’elle a de meilleur.  Je compte sur les pays de la Méditerranée et au-delà pour réaffirmer leur fière tradition d’ouverture et de solidarité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.