Le Secrétaire général exhorte les parties aux conflits à œuvrer avec l’ONU pour protéger les enfants, les « ressources les plus précieuses » des pays
On trouvera ci-après la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, lors du débat du Conseil de sécurité tenu aujourd’hui sur le sort des enfants en temps de conflit armé:
Je souhaiterais tout d’abord remercier le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, M. Jean-Yves Le Drian, pour l’organisation du présent débat d’une importance vitale autour de la question des enfants et les conflits armés.
Le rapport (S/2017/821) dont est saisi le Conseil aujourd’hui indique qu’en 2016, les enfants ont continué d’être affectés par les décisions et les actions des dirigeants politiques et militaires, et ce de différentes manières.
Partout dans le monde les enfants pâtissent énormément et de façon inacceptable des conflits, ce qui devrait faire honte au monde entier. La période couverte par mon rapport a vu un niveau de violations alarmant. Nous voyons des groupes armés qui forcent des filles et des garçons à se faire kamikazes.
Nous voyons des enfants stigmatisés pour avoir été recrutés et utilisés par les groupes armés. Nous voyons des enfants tenus pour pénalement responsables d’actes qu’ils ont été forcés de commettre. Et nous voyons des parties à un conflit entraver souvent une aide qui pourrait sauver la vie d’enfants.
Au cours de la période couverte par mon rapport, nous avons vu le nombre d’enfants tués le plus élevé qui ait jamais été enregistré par les Nations Unies en Afghanistan; nous avons vu les cas avérés de recrutement et d’utilisation d’enfants doubler en Syrie et en Somalie; et nous avons vu les violences sexuelles à l’encontre d’enfants se généraliser au Nigéria, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud et ailleurs.
Des dizaines de millions d’enfants dans le monde ont été aussi arrachés à leurs foyers par les combats – leurs familles souvent séparées, leur enfance perturbée, leur avenir compromis.
Malgré ce sombre bilan, certains progrès ont été faits. Des changements apportés cette année au processus de présentation des rapports ont permis une prise de contact plus profonde avec les parties à un conflit pour encourager la mise en œuvre de mesures visant à mieux protéger les enfants. De nombreuses entités prennent maintenant de telles mesures, comme mon rapport le souligne. J’ai demandé à ma Représentante spéciale d’œuvrer étroitement avec les parties pour amplifier leurs efforts aux fins d’épargner aux enfants les horreurs de la guerre.
En 2016, des mesures pour mieux protéger les enfants ont été mises en place par cinq forces de sécurité gouvernementales et quatre groupes armés – allant de mesures spécifiques comme la libération d’enfants détenus en Somalie à des mesures de fond affectant des opérations complexes, comme celles menées par la coalition constituée pour rétablir la légitimité au Yémen sous la direction de l’Arabie saoudite.
Il y a eu certes des progrès, mais l’ampleur et l’intensité de certaines des crises d’aujourd’hui nous obligent à redoubler d’efforts et adopter des approches novatrices. Les aspects transfrontaliers du conflit s’accroissent d’année en année. Nous devons, pour y remédier, renforcer notre concertation avec les acteurs régionaux et sous-régionaux.
Nous devons aussi encourager d’autres engagements juridiques et politiques pour protéger les enfants, ainsi que d’autres mesures que ma Représentante spéciale est en train d’élaborer. Je demande aux États Membres de fournir des ressources pour appuyer ces initiatives.
En 2016, des milliers d’enfants ont été libérés des rangs des groupes armés et des forces armées, mais seulement la moitié d’entre eux ont pu être réintégrés dans leurs familles et communautés, surtout par l’UNICEF et ses partenaires. Il nous faut faire davantage pour financer et renforcer les programmes qui offrent une éducation, une formation à l’emploi, des conseils et la réunification des familles.
Le cadre juridique destiné à protéger les enfants en temps de conflit armé est en place. Je demande à toutes les parties à un conflit de respecter ce cadre dans les situations de conflit. Il nous faut aussi appliquer le principe de responsabilité pour les crimes odieux et les violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Si nous laissons la génération qui vient traumatisée et obsédée par ses sujets de plainte, nous aurons trahi ceux que nous servons et nous-mêmes.
Je demande à toutes les parties à un conflit d’œuvrer avec les Nations Unies, sur le terrain et ici à New York, pour assurer la protection des membres les plus vulnérables de leur population et les ressources les plus précieuses de leur pays, c’est-à-dire leurs enfants. Et j’invite le Conseil de sécurité à appuyer énergiquement cette action alors que nous nous efforçons ensemble d’assurer la paix, la stabilité et le développement à long terme.