En 2015, au moins 51 membres du personnel de l’ONU ont été tués lors d’attaques délibérées contre des missions de maintien de la paix
Le Comité permanent du Syndicat du personnel demande la création d’un comité d’examen de haut niveau
(Adapté de l’anglais)
Au moins 51 membres du personnel des Nations Unies et personnel associé ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions en 2015, selon le Comité permanent sur la sécurité et l’indépendance de la Fonction publique internationale du Syndicat du personnel de l’ONU.
Vingt-sept Casques bleus, dont 2 officiers de police, et 24 civils, dont des agents contractuels, ont été tués dans des attaques délibérées perpétrées aux moyens d’engins explosifs improvisés, de tirs de roquettes et d’artillerie, d’obus de mortier, de mines, de grenades, d’attentats-suicide, d’assassinats ciblés et d’embuscades armées.
Les incidents découlant de « tirs amis » ne sont pas inclus dans ce décompte. Quatre Casques bleus rwandais ont été tués par un membre de leur propre contingent le 8 août à Bangui, en République centrafricaine. Ces quatre dernières années, au moins 207 membres du personnel des Nations Unies ont trouvé la mort dans des attaques délibérées.
Appel pour un comité d’examen de haut niveau
Alors que le personnel travaille dans des environnements de plus en plus à risque, marqués par un nombre croissant d’attaques délibérées, le Comité permanent demande respectueusement au Secrétaire général de créer un comité de haut niveau en vue d’examiner les menaces émergentes et évolutives contre l’Organisation. Ce comité devrait également déterminer si les mécanismes actuels d’encadrement de la sécurité et de surveillance répondent aux besoins du personnel. Il examinerait en outre l’adéquation des compensations fournies aux familles des personnes mortes pour l’Organisation, en particulier Louis James Maxwell, Jr., ressortissant américain tué dans l’exercice de ses fonctions en Afghanistan en 2009.
Le Comité permanent note que le nombre d’attaques mortelles aurait pu être plus élevé sans le professionnalisme et le dévouement du personnel chargé de la sécurité et du maintien de la paix des Nations Unies déployé dans des zones à risque. À Bamako, au Mali, le 20 novembre 2015, 11 membres des Nations Unies, arrivés en premier sur les lieux aux côtés d’autres forces de sécurité, ont repoussé les terroristes armés qui avaient attaqué l’Hôtel Radisson Blu et pris des otages, empêchant le bilan de s’alourdir.
Tendances
En 2014, au moins 61 membres du personnel des Nations Unies ont perdu la vie: 33 Casques bleus, 16 membres du personnel civil, 9 agents contractuels et 3 consultants. En 2013, au moins 58 membres onusiens ont été tués dans des attaques délibérées: 33 Casques bleus et 25 civils et membres du personnel associé. En 2012, le bilan s’élevait à 37,20 civils et 17 soldats de la paix, dont 2 policiers.
Pour la deuxième année consécutive, l’incident qui a fait le plus de victimes a eu lieu au Mali, où au moins 25 personnes, dont 11 soldats de la paix, 14 civils et membres du personnel associé, ont été tués dans des embuscades, par des détonations d’engins explosifs improvisés ou lorsque leurs véhicules ont sauté sur des mines. L’incident le plus meurtrier s’est produit le 2 juillet, lorsque des assaillants à bord de véhicules ont pris en embuscade une escorte de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), tuant 6 soldats et blessant gravement 6 autres. Quatre agents contractuels de la MINUSMA ont trouvé la mort le 7 août dans l’attaque d’un hôtel.
Enlèvements
Pour la deuxième année consécutive, le Soudan du Sud est en tête de la liste des pays qui enregistrent les nombres les plus élevés de détention, d’enlèvement et de disparition de fonctionnaires. Quatre d’entre eux, dont un membre disparu depuis 2014, sont aujourd’hui présumés morts.
Le 26 janvier, six ressortissants bulgares ont été arrêtés par l’Armée de libération du peuple du Soudan-Nord lorsque leur hélicoptère affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) a dû faire un atterrissage d’urgence en raison de tirs. L’équipage a été libéré une semaine plus tard.
Au Darfour, au Soudan, deux agents contractuels russes travaillant pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) ont été enlevés le 2 janvier avant d’être libérés le 7 juin. Le 21 juillet, un membre du personnel de la MINUAD a été enlevé par des hommes armés avant d’être libéré cinq jours plus tard.
Des enlèvements en nombre plus important ont été signalés en République centrafricaine, au Yémen, en Iraq et en République démocratique du Congo (RDC). Au Yémen, une consultante française de la Banque mondiale a été enlevée le 24 février alors qu’elle était à bord d’une voiture en compagnie de son interprète yéménite. Si l’interprète a été libérée en mars, la consultante n’a été libérée que cinq mois plus tard.
Le 26 avril, un agent de liaison avec le gouvernorat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) a été enlevé alors qu’il était à bord de sa voiture par des hommes armés à Baqouba. Son sort reste inconnu.
Trois consultants sont enlevés, le 23 Avril, au Nord-Kivu, en RDC.
Incidents mortels
Liste non exhaustive des incidents les plus graves, établie par le Comité permanent sur la sécurité et l’indépendance de la Fonction publique internationale du Syndicat du personnel de l’ONU.
- 17 janvier: Le sous-lieutenant Ahmat Adam Adoum, du Tchad, est tué lors d’une attaque au camion piégé contre un camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Kidal, qui blessera également quatre autres Casques bleus tchadiens.
- 27 janvier: au Mali, le caporal Noma Adamou, du Niger, décède suite à l’explosion d’une mine.
- 28 janvier: le caporal Francisco Javier Soria Toledo, membre du contingent espagnol de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), est tué dans un échange de tirs de roquette qui s’est produit au nord de Maysat, dans la zone d’opération de la Force de l’ONU.
- 14 avril: un sergent de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Rodrigo Andres Sanhueza Soto, du Chili, succombe à ses blessures après avoir subi des tirs de la part de manifestants, la veille, Ouanaminthe, dans le nord-est d’Haïti.
- 17 et 20 avril: trois consultants pour la MINUSMA sont tués à Gao, au Mali, à la suite d’attaques contre leur convoi.
- 20 avril: quatre employés du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) sont tués dans l’explosion d’un bus à Garoowe, dans la région autonome du Puntland (nord-est), en Somalie. Il s’agit de Woki Munyui, experte en éducation; Stephen Oduor, agent administratif; Brenda Kyeyune, spécialiste de la communication en matière d’éradication de la polio; et Payenda Gul Abed, qui s’occupait de la coordination des campagnes de vaccination contre la polio à Garoowe.
- 26 avril: invoquant des raisons de sécurité, les services de sécurité soudanais refusent une évacuation médicale pour un Casque bleu de la Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine sur place. Le soldat Mehari Baraki, de l’Éthiopie, décède le jour même.
- 5 mai: deux Casque bleus de la MONUSCO, John Léonard Mkude, 34 ans, et Private Juma Ally Khamis, 31 ans, sont tués dans une embuscade à Béni, en RDC.
- 24 mai: au Soudan, Sheiklehdeen Abuelkhajrat, personnel civil de l’ONU est tué à bout portant alors qu’il se rend au travail.
- 25 mai: la MINUSMA, au Mali, perd Shri Nilkanto Hajong, du Bangladesh, victime de tirs alors qu’il se déplace en véhicule à Bamako. Un second Casque bleu du Bangladesh, le soldat Hajong, est blessé et décède peu de temps après.
- 2 juillet: un convoi de la MINUSMA est pris en embuscade au sud-ouest de Tombouctou. Six soldats de la paix du Burkina Faso sont tués: le caporal Ousmane Compaore, l’adjudant Sylvestre Diendere, le caporal Saidou Ilboudo, le caporal Abdoul Rachid Napon et les soldats Dieudonné Ouedraogo et Appolinaire Sawadogo.
- 7 août: quatre consultants pour la MINUSMA sont tués dans un hôtel à Sévaré, au Mali: Raju Bhandari (Népal), Roelof Janse van Rensburg (Afrique du Sud) Illia Sukhodolsky et Fedir Zolotikov (Ukraine).
- 26 septembre: au Soudan, le soldat Toto Tom Malashe est tué à la suite d’une embuscade.
- 7 octobre: le Casque bleu de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) Japhet Itangishaka, du Burundi, est tué dans l’attaque d’un convoi.
- 12 octobre: en Afghanistan, une employée de l’ONU, Toorpakai Ulfat, est tuée alors qu’elle se rend au travail.
- 16 novembre: un consultant de Service de la lutte antimines, Mahdi Hussein Macow, est tué en Somalie par des hommes armés.
- 24 novembre: Dramane Hamadou, qui travaille pour la MINUSMA, au Mali meurt dans l’explosion d’un convoi.
- 28 novembre: au Mali, deux Casques bleus de la MINUSMA, le colonel Marwane Diallo et le caporal Jacob Loua, de Guinée, ainsi qu’un consultant, meurent après une attaque au mortier, à Kidal. On compte aussi 20 blessés, dont certains grièvement.
- 29 novembre: En RDC, sous le drapeau de la MONUSCO, le sergent Dyson Mayao, du Malawi, meurt à la suite d’un tir à la suite d’un affrontement avec un groupe rebelle.
- 14 décembre: deux membres du personnel des Nations Unies, dont une employée du Haut-Commissariat aux réfugiés, Amina Noor Mohamed, sont tués à Mogadiscio en Somalie.
- 30 décembre: en Haiti, deux femmes inspecteurs de police, Lillian Mukansonera et Aimee Nyiramudakemwa, sont retrouvées tuées par balle dans leur résidence.
De nombreux autres membres du personnel des Nations Unies ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.