« Soyons clairs: le Yémen s’effondre sous nos yeux et nous ne pouvons rester les bras croisés », prévient le Secrétaire général
On trouvera ci-après la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen:
Ces derniers jours, nous avons tous suivi avec une profonde préoccupation l’évolution de la situation au Yémen. Comme le Conseil de sécurité le sait, je rentre d’un voyage en Arabie saoudite et dans les Émirats arabes unis. La nécessité de prévenir une guerre civile au Yémen a été le principal sujet de mes discussions avec les dirigeants de ces deux pays.
Je me suis entretenu avec le Serviteur des deux saintes mosquées, S. M. le Roi Salman bin Abdulaziz Al-Saud; le Vice-Président et Premier Ministre des Émirats arabes unis, S. A. le cheik Mohammed Bin Rashed Al Maktoum; le Secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, M. Abdul Latif Al Zayani, et de nombreuses autres personnalités. Ils se sont tous déclarés vivement préoccupés que la situation au Yémen pourrait se détériorer considérablement si nous ne prenons pas des mesures plus résolues et concertées. Ils ont, en particulier, demandé qu’un message ferme et sans équivoque soit envoyé à toutes les parties, pour leur signifier que d’autres actes visant à saboter la transition ne seraient pas tolérés. Je leur ai fait le point des derniers efforts déployés par mon Conseiller spécial pour le Yémen, M. Jamal Benomar. Nous avons convenu de renforcer davantage notre coopération. Je voudrais saisir cette occasion pour féliciter vivement M. Benomar pour son esprit d’initiative, son zèle et sa détermination à faciliter les négociations politiques dans des circonstances très dangereuses.
Soyons clairs: le Yémen s’effondre sous nos yeux. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Le pays se heurte à de nombreux problèmes. Une crise politique dangereuse se poursuit à Sanaa. Le Président Abdrabuh Mansour Hadi Mansour, le Premier Ministre Khaled Bahah et les autres ministres et représentants de l’État doivent être libres de se déplacer.
Je suis préoccupé par les informations signalant l’emploi excessif de la force pour disperser des manifestants pacifiques, et l’arrestation et la détention arbitraires de militants de la société civile et de journalistes. Je lance un appel pour que les droits de l’homme soient protégés, en particulier les droits de réunion pacifique et la liberté d’expression.
Les attaques généralisées et meurtrières menées par Al-Qaida dans la péninsule arabique se sont multipliées, et les hostilités entre ce groupe et les Houthis dans différentes provinces au sud de Sanaa, notamment à Dhamar et à Al Baydah, ne cessent de s’intensifier.
Les tendances séparatistes se multiplient dans le sud et la crise humanitaire est très grave. Il est stupéfiant que 61% de la population –soit 16 millions de personnes– a désormais besoin d’une aide humanitaire au Yémen. Cette situation menace la paix et la sécurité régionales et internationales.
Compte tenu de cette situation inquiétante, nous avons tous l’obligation solennelle d’honorer les engagements auxquels nous avons souscrit en vertu de la Charte des Nations Unies. Nous devons faire tout notre possible pour aider le Yémen à s’éloigner du précipice et à remettre le processus politique sur les rails.
Une feuille de route approuvée existe pour la transition au Yémen. Toutes les parties doivent se conformer au cadre commun tel que défini dans l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et son Mécanisme de mise en œuvre, le document final de la Conférence de dialogue national et l’Accord pour la paix et un partenariat national. J’espère que les parties s’abstiendront de commettre tout autre acte de provocation et mettront en œuvre ces accords dans leur intégralité et sans plus tarder. À cette fin, mon Conseiller spécial facilite les négociations avec toutes les parties en vue de trouver un moyen consensuel et pacifique de progresser, dans des conditions opérationnelles très difficiles. Toutes les parties yéménites doivent prendre part aux négociations et coopérer de bonne foi.
J’appelle également les membres du Conseil de sécurité à appuyer de manière soutenue et à l’unisson les efforts de facilitation de mon Conseiller spécial. J’exhorte également tous les membres à travailler en coopération étroite avec le Conseil de coopération du Golfe et d’autres partenaires internationaux afin de prendre des mesures de confiance avec les parties yéménites pour désamorcer les tensions et ouvrir la voie à un processus pacifique de négociations politiques.
D’abord et avant tout, notre priorité doit être d’aider le peuple yéménite à rétablir l’autorité du Gouvernement légitime dans les meilleurs délais. En cette période de crise, j’appelle également les États Membres à contribuer davantage au plan d’aide humanitaire pour 2015. Un tel appui sera plus que jamais nécessaire, et de toute urgence. Cela sera essentiel pour prévenir une escalade du conflit et jeter les bases d’un retour à une transition politique pacifique, qui, j’en suis convaincu, est la seule voie à suivre.