En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/16470-SC/11741-DEV/3161

Le programme de développement durable pour l’après-2015 est l’occasion de renforcer l’interdépendance entre le développement, la paix et les droits de l’homme, souligne le Secrétaire général

On trouvera ci-après le discours du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, au débat que le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui sur la manière dont le développement sans exclusion peut promouvoir la paix et la sécurité:

Je remercie le Chili, ainsi que vous, Madame la Présidente, d’avoir organisé le débat de ce jour sur un thème central à la mission de l’ONU, à savoir comment un développement sans exclusion peut promouvoir la paix et la sécurité.

Puisqu’il s’agit de ma première participation à une séance du Conseil de sécurité cette année, je tiens à souhaiter une bonne année à tous les membres du Conseil, ainsi qu’à tous les États Membres qui participent à la présente séance.

Je saisis cette occasion pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux membres – l’Angola, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne et la République bolivarienne du Venezuela.  Je compte sur leur leadership et leur détermination dans l’examen des questions relatives à la paix et la sécurité mondiales.  Je voudrais également remercier les membres sortants –l’Argentine, l’Australie, le Luxembourg, la République de Corée et le Rwanda– de leur contribution.

Je remercie de nouveau la Présidente Bachelet Jeria de présider le Conseil à l’occasion du présent débat, ainsi que de l’engagement et de la détermination dont elle a fait montre en tant que première Directrice exécutive d’ONU-Femmes, poste auquel elle a réussi à sensibiliser le monde entier à la question des droits de la femme.  Et je remercie Mme Leymah Gbowee, prix Nobel de la paix, de sa contribution au débat de ce jour.

L’Organisation des Nations Unies repose sur trois piliers : la paix et la sécurité, le développement, et les droits de l’homme.  Lorsque nous nous attaquons aux défis énormes et complexes que chacun de ces piliers présente, nous ne nous focalisons parfois pas suffisamment sur leur interdépendance.  Mais les fondateurs de l’ONU avaient bien compris que, si nous négligeons l’un des piliers, nous mettons les deux autres en danger.  Nous devons cesser de compartimenter notre réflexion et œuvrer ensemble dans ces trois domaines simultanément.  C’est pourquoi je me félicite véritablement que le Conseil de sécurité se penche aujourd’hui sur la question d’un développement sans exclusion.

L’année 2015 est une année consacrée au développement durable.  Nous nous efforçons d’achever les travaux relatifs aux objectifs du Millénaire pour le développement, de lancer un nouveau programme de développement durable pour l’après-2015 et d’atteindre un accord sur les changements climatiques.

Je constate avec satisfaction que, dans les délibérations qu’ils ont tenues jusqu’ici, les États Membres ont accordé une attention considérable à la paix et à la sécurité, ainsi qu’aux droits de l’homme.  Au sein du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable, les États Membres ont insisté sur l’importance d’une croissance sans exclusion et d’un emploi décent pour construire un avenir meilleur.  Ils ont appelé à réduire les inégalités et à garantir un accès universel aux services de base, notamment la santé et l’éducation.  Ils ont surtout explicitement associé la paix à l’inclusion sociale et à l’accès à la justice pour tous, et appelé à un processus décisionnel sans exclusion et représentatif.

Ma propre contribution au présent débat souligne l’importance que revêt la justice pour instaurer des sociétés pacifiques et sans exclusion, en promouvant des institutions solides et efficaces, comme le reflète le rapport de synthèse (A/69/700) que j’ai présenté à l’Assemblée générale le mois dernier.  L’ouverture ce matin des négociations avec la participation de l’ensemble des d Membres de l’ONU nous donne une occasion importante d’élargir le programme de travail relatif au développement et de mettre en exergue l’importance fondamentale de sociétés sans exclusion pour construire un monde plus pacifique. 

Tous les pays et toutes les sociétés peuvent bénéficier d’un développement durable et sans exclusion, qu’ils soient riches ou pauvres, développés ou en développement, en situation de conflit ou en paix.  On s’accorde de plus en plus sur le fait que les niveaux d’inégalité élevés que nous avons observés ces dernières décennies sont nuisibles du point de vue tant social que politique et environnemental.  Un développement qui exclut une partie de la population peut avoir un effet corrosif sur la société.  Il peut contribuer à la criminalité et créer un sentiment de désespérance et d’aliénation – autant de conditions qui sont un terreau fertile pour l’extrémisme.  Les inégalités peuvent avoir pour effet de concentrer le pouvoir entre les mains de quelques-uns, ce qui érode la démocratie.  Et elles peuvent se traduire par l’exploitation sauvage des ressources naturelles, dégradant ainsi davantage l’environnement.

Malgré ce consensus, l’exclusion et les inégalités persistent.  Dans de nombreux pays, les pauvres, les migrants, les personnes handicapées, les groupes autochtones et les personnes âgées n’ont guère, ou pas du tout, accès aux services de base et ne peuvent pas prendre part au dialogue politique.

La discrimination à l’encontre des femmes est une injustice flagrante, en ce qu’elle leur interdit de certaines possibilités dans les domaines de l’éducation, de la santé et d’autres services, ainsi que d’occuper certains emplois et postes à responsabilités, entravant par là-même leur propre développement et celui de leurs communautés et sociétés. 

Les prestations de sécurité sociale sont désespérément insuffisantes dans le monde entier.  Plus de la moitié de la population mondiale ne bénéficie d’aucune protection sociale – aucune retraite, aucun filet de sécurité en cas de maladie ou de chômage.  Les sociétés qui sortent d’un conflit en particulier doivent en priorité éliminer l’exclusion sociale, économique et politique si elles veulent pouvoir ne serait-ce qu’espérer restaurer la confiance entre leurs communautés.  L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont une condition indispensable de la participation des femmes dans les processus de réconciliation et de reconstruction.

Même dans les pays en paix, le développement sans exclusion ne se fera pas par hasard.  Les gouvernements, le secteur privé et la société civile doivent faire montre de leur attachement à l’éducation, à la santé, à la création d’emplois et à d’autres mesures importantes.  Les institutions de gouvernance et de représentation politique font partie des fondements essentiels du développement sans exclusion.  Les peuples ont besoin de moyens efficaces et adaptés pour exprimer leurs vues et soumettre leurs griefs et leurs inquiétudes.  Le système des Nations Unies est prêt à renforcer son appui aux pays en vue de promouvoir le développement sans exclusion.  La Commission de consolidation de la paix apporte un appui international coordonné aux pays qui sortent d’un conflit.  L’examen en cours du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies devrait permettre de consolider et d’assouplir cet appui.

Le programme de développement durable pour l’après-2015 est l’occasion idéale de renforcer l’interdépendance entre le développement, la paix et la sécurité, et les droits de l’homme.  J’exhorte tous les membres du Conseil de sécurité à jouer le rôle qui leur incombe pour faire en sorte que ce message soit entendu dans la poursuite des négociations ainsi qu’au moment de l’accord final.

 

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