Travailler pour l’ONU est devenu plus dangereux que jamais en 2014: l’Organisation a perdu 61 membres de son personnel dans des attentats au cours de cette année
(Adapté de l’anglais)
Travailler pour l’ONU est devenu plus dangereux que jamais en 2014, comme le prouve le nombre de fonctionnaires, au moins 61, qui ont perdu la vie, victimes d’attaques délibérées l’an dernier, contre 58 en 2013 et 37 en 2012. Selon le Comité permanent sur la sécurité et l’indépendance de la Fonction publique internationale du Syndicat du personnel de l’ONU, 33 Casques bleus, 16 membres du personnel civil, 9 agents contractuels et 3 consultants ont été tués en 2014 dans l’exercice de leurs fonctions.
L’incident qui a fait le plus de victimes a eu lieu dans le nord du Mali, où 9 Casques bleus ont été tués dans une embuscade survenue le 3 octobre 2014. Cette région a été, sur toute l’année, la plus meurtrière pour le personnel des Nations Unies, 28 Casques bleus y ayant trouvé la mort entre juin et octobre. Gaza a été pour sa part le lieu le plus meurtrier en ce qui concerne le personnel civil, avec 11 morts en juillet et août.
Quant au Soudan du Sud, c’est le pays qui a connu le plus grand nombre de détentions ou d’enlèvements de membres du personnel national onusien. Ainsi, au mois de mai, des membres présumés des Forces de sécurité du Soudan du Sud ont agressé et détenu illégalement deux membres du personnel local de l’ONU au cours d’incidents séparés survenus à Juba. Le 26 août, le Service de sécurité nationale du Soudan du Sud a mis en détention deux membres du personnel national onusien. Plus tard, le 16 octobre, huit hommes armés en civil ont arrêté un membre du personnel du Programme alimentaire mondial (PAM) à l’aéroport de Malakal et l’ont conduit vers un lieu inconnu.
Un nombre important de membres du personnel des Nations Unies et du personnel associé ont été victimes de prises d’otage et d’enlèvements. Les pires incidents ont eu lieu sur le plateau du Golan où, entre le 28 août et le 11 septembre, 44 Casques bleus fidjiens ont été arrêtés et détenus par des éléments armés de l’opposition. D’autres membres du personnel des Nations Unies ont été enlevés au Yémen, au Pakistan, au Soudan (Darfour) et au Soudan du Sud. Un agent contractuel international venu de l’Inde, qui travaillait pour l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), a quant à lui été libéré le 12 juin après 94 jours de captivité.
Les agents contractuels travaillant aux côtés du personnel des Nations Unies ont été également ciblés. Ainsi, un agent démineur, ainsi que deux civils, ont été tués en Afghanistan le 7 mars par un engin explosif improvisé installé sur une moto. Le 11 mars, c’était trois agents chargés de conduire un programme de vaccination qui étaient tués en Afghanistan après que leur véhicule eut heurté un engin explosif improvisé. En outre, le 1er mai, un pilote des Nations Unies a été enlevé en République centrafricaine et retrouvé mort quelques heures plus tard. Un agent des Nations Unies travaillant dans le domaine de la prévention de la poliomyélite a aussi trouvé la mort, le 7 octobre, au Pakistan, dans l’explosion d’un engin explosif improvisé.
Lors de la cérémonie commémorative qui a eu lieu au Siège des Nations Unies le 8 janvier, M. Ian Richards, Président du Comité de coordination des syndicats internationaux du personnel de l’ONU, a souligné les risques accrus qu’encourent les membres du personnel des Nations Unies et a appelé l’Assemblée générale à faire davantage pour protéger leur vie.
« On nous demande de travailler dans certains endroits qui sont les plus difficiles et dangereux au monde », a déclaré M. Richards. « Le travail est enrichissant, et nous le faisons volontiers », a-t-il aussi relevé en demandant néanmoins à l’ONU de faire tout son possible pour protéger les membres de son personnel, s’occuper de leurs familles, et tenir responsables tous ceux qui les attaquent, y compris les gouvernements.
Il a expliqué avoir présenté au Secrétaire général une proposition visant à mettre en place un médecin légiste (coroner) indépendant des Nations Unies qui serait chargé d’enquêter sur la mort de chaque collègue, et de publier les résultats de ces enquêtes et examens, afin de tirer les leçons de l’expérience et de sauver des vies. Il a aussi souligné la nécessité d’informer au mieux les familles sur les circonstances de la mort de leurs proches.
Liste des incidents les plus graves
- Le 17 janvier 2014, un attentat-suicide perpétré dans un restaurant de la capitale afghane, Kaboul, a tué 21 personnes, dont les 4 membres du personnel de l’ONU dont les noms suivent: Bassorah Hassan, des États-Unis , spécialiste de la nutrition au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF); Nasreen Khan, du Pakistan, spécialiste de la santé à l’UNICEF; Wabel Abdallah, du Liban, Représentant résident du Fonds monétaire international (FMI); et Vadim Nazarov, de la Fédération de Russie, Agent politique principal à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). Les Taliban ont revendiqué la responsabilité de l’attaque.
- Le 5 février, Hamza Ntuba Katsambya, membre du personnel national de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a été abattu par un inconnu alors qu’il allait travailler à Beni, dans la province du Nord Kivu.
- Le 7 avril, deux consultants internationaux travaillant pour l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Simon Davies, du Royaume-Uni; et Clément Gorrissen, de la France, ont été abattus par des inconnus à l’aéroport de Galkayo, dans l’État du Puntland en Somalie, alors qu’ils débarquaient d’un avion.
- Le 27 avril, Daphna Beerdsen, 31 ans, des Pays-Bas, consultante sur des projets liés aux changements climatiques pour ONU-Habitat, a été retrouvée morte dans son domicile à Phnom Penh, au Cambodge, après avoir reçu six coups de couteau. Sa petite fille de 19 mois, Dana, a été trouvée dans un état critique après avoir été poignardée à plusieurs reprises. Sa mort a malheureusement été annoncée le 8 mai.
- Le 24 mai, une équipe de la MINUAD assistait à une réunion de médiation entre des ressortissants de l’ethnie Four et des milices arabes dans la localité de Kabkabiya, dans le nord du Darfour. Les éléments de la milice sont devenus hostiles à l’égard des Casques bleus et ont commencé à tirer sur eux, contraignant les Casques bleus à riposter. Au cours de ces affrontements, quatre Casques bleus rwandais ont été atteints et blessés, et l’un d’eux, Vincent Murangwa, a succombé à ses blessures.
- Le 11 juin, une attaque à la voiture piégée sur le camp Aguelhok de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a entraîné la mort de quatre Casques bleus du contingent du Tchad: -Alyo Gabriel, Paque Tordalbaye Berangar, Maguemadji Innocent Kemsolbaye et Bassiri Madjima Tchompika– tandis que six autres ont été blessés.
- Le 30 juin, un Casque bleu du Burkina Faso servant à la MINUSMA, Christian Sawadogo, a été tué, et six autres ont été blessés, lorsque leur véhicule a été atteint par un engin explosif improvisé à environ 30 kilomètres à l’ouest de Tombouctou, dans le nord du Mali.
- Entre le 20 juillet et le 3 août, 11 membres civils de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont été tués durant l’opération menée par les forces israéliennes à Gaza: il s’agit de Fatma A. Rahim Abu Amouna, 54 ans, enseignante; Inas Shaban Derbas, 30 ans, enseignante; Mohammed A. Raouf Al-Dadda, 39 ans, enseignant; Ismail A. El-Qader Kujk, 53 ans, expert en santé et environnement; Farid Mohammed Ahmed, 50 ans, enseignant; Ahmed Mohammed Ahmed, 51 ans, directeur d’école; Munir Ibrahim Hajjar, travailleur social; Medhat Ahmed Al Amoudi, 53 ans, ouvrier; Abdullah Naser Fahajan, 21 ans, employé d’école; Adel Abu Qamar, gardien; et Hazem Abu Hellal, lui aussi gardien.
- Le 16 août, deux Casques bleus burkinabés au service de la MINUSMA, Moussa Konaté et Innocent Rouamba, ont été tués tandis que sept autres ont été blessés, lors d’un attentat-suicide commis à Ber, dans la région de Tombouctou.
- Le 26 août, trois Russes, membres d’équipage d’un hélicoptère utilisé par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) –le capitaine Andrei Berdnikov, âgé de 50 ans, l’ingénieur de vol Tuktasyn Ishmetov, 57 ans, et le steward Alexey Sazontov, 33 ans– ont été tués dans un accident à environ 10 kilomètres au sud de Bentiu, au Soudan. Une enquête initiale a indiqué que l’hélicoptère, qui effectuait un vol de fret de routine, a été abattu.
- Le 2 septembre, cinq Casques bleus tchadiens de la MINUSMA -Toidengar Merci Djasna, Abdoulaye Saïd Zakaria, Abba Maina Koumaba, Mahamath Moukou Djorogo et Adama Djerbo Macky- ont été tués lorsque leur véhicule a été touché par une charge explosive sur une route entre Aguelhok et Kidal.
- Le 14 septembre, une attaque contre un véhicule militaire de la MINUSMA circulant dans les environs d’Aguelhok, dans la région de Kidal, a entraîné la mort d’un Casque bleu tchadien, Florent Djimtoloum Miambaye, et a causé des blessures à quatre autres soldats de la paix.
- Le 18 septembre, cinq Casques bleus tchadiens de la MINUSMA -Ousmane Bouye, Mahamat Sougoy Iga, Hisseine Ali Hisseine, Issakh Zakaria Hassane et Saria Sylvestre- ont été tués, et trois autres blessés, lorsque leur véhicule a été frappé par un engin explosif sur une route entre Aguelhok et Tessalit.
- Le 3 octobre, neuf Casques bleus nigériens de la MINUSMA -Jacob Soumaila Cherif, Issoufou Seydou, Massaoudou Koula Moutari, Yacouba Issa Yagi, Oumarou Djibo, Edwi Wayfan, Sanoussi Mamane Issa, Harouna Salamou et Ahmed Mohamed- ont été tués lorsque leur convoi a été pris en embuscade alors qu’ils se rendaient de Ménaka à Ansongo, dans la région de Gao, située dans le nord-est du Mali.
- Le 7 octobre, un Casque bleu sénégalais de la MINUSMA, Birane Wane, a été tué, tandis qu’un autre a été blessé, lorsque des assaillants non identifiés ont tiré environ six obus explosifs sur le camp de la Mission, situé dans la ville de Kidal située dans le Nord du Mali.
- Le 9 octobre, Fahad Iftikhar, un Casque bleu pakistanais au service de la Mission de stabilisation multidimensionnelle intégrée des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA), a été tué, tandis que huit autres ont été blessés, dans une attaque lancée par des inconnus contre leur convoi à la périphérie de Bangui, en République centrafricaine.
- Le 16 octobre, des hommes armés non identifiés ont attaqué une patrouille de soldats éthiopiens de la MINUAD qui gardaient un forage d’eau à Korma, dans le nord du Darfour, tuant deux Casques bleus, Abiyot Amajo et Worku Weldeyes, et blessant grièvement un autre, Wudu Tawye, qui est décédé par la suite à Khartoum.
De nombreux autres membres du personnel des Nations Unies ont payé de leur vie leurs services pour le compte de l’Organisation en raison d’accidents et d’autres causes. Trois d’entre eux sont morts en essayant de lutter contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola.
En outre, Glenn Thomas, du Royaume-Uni, Porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), est à compter parmi les 298 personnes tuées dans le crash d’un appareil de la Malaysia Airlines survenu le 17 juillet 2014, dans l’est de l’Ukraine. Il se rendait à Melbourne pour participer à une conférence mondiale sur le sida.