Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU:15 juin 2015
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon:
Secrétaire général au Yémen
Le Secrétaire général est sur le chemin du retour sur New York. Il arrive de Genève où il a rencontré, ce matin, des représentants du Gouvernement du Yémen. Il espérait tenir une réunion avec les parties yéménites aujourd’hui, mais cela n’a pas pu se faire pour des raisons logistiques. Il a indiqué que les autres parties participant aux consultations sur le Yémen étaient en chemin pour Genève.
Dans les remarques qu’il a faites à la presse avant de quitter Genève, le Secrétaire général a averti que, depuis mars dernier, les combats au Yémen avaient fait plus de 2 600 morts, dont la moitié était des civils. Aujourd’hui, a-t-il dit, l’existence même du Yémen est littéralement en jeu. Pendant que les parties se querellent, le Yémen brûle, a-t-il dit.
Dans le cas du Yémen, le Secrétaire général a prévenu que le tic-tac de l’horloge n’était pas un problème d’horlogerie mais une bombe à retardement. Affirmant que la région ne pouvait pas se retrouver avec une autre plaie ouverte comme la Syrie et la Libye, il a appelé à trouver un moyen de mettre fin à la souffrance et de commencer le long chemin de la paix.
Parmi les autres mesures préconisées, il a appelé à faire une nouvelle pause humanitaire pour permettre aux Yéménites dans le besoin de recevoir une aide essentielle et pour donner un répit à la population pendant le mois sacré du Ramadan qui débute.
Le Secrétaire général a également été interrogé sur le mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI) pour l’arrestation du Président du Soudan, M. Omar al-Bachir, accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Il a déclaré aux journalistes que c’était une question qu’il prenait très au sérieux. Le Secrétaire général a ajouté que l’autorité de la CPI devait être respectée et qu’il fallait exécuter ses décisions. La transcription de ses propos est disponible depuis hier au Bureau du Porte-parole.
Turkménistan
Pendant le week-end, le Secrétaire général a achevé sa visite en Asie centrale avec un arrêt au Turkménistan. Il a parlé, samedi, à l’Université internationale de sciences humaines et de développement à Achgabat. Il s’est dit très impressionné par les progrès qu’il a constatés dans les rues depuis sa dernière visite en Asie centrale, il y a cinq ans, mentionnant les nouveaux bâtiments, une croissance renouvelée et de nouvelles possibilités. En même temps, il a dit avoir entendu s’exprimer des préoccupations concernant la détérioration de certains aspects des droits de l’homme et le rétrécissement de l’espace démocratique.
Le Secrétaire général a remarqué que la limitation des libertés pouvait créer l’illusion de la stabilité sur le court terme. Les choses peuvent sembler calmes en surface et on peut éviter des manifestations dans les rues. Mais nier la liberté d’expression conduit à faire bouillir ce qui est en dessous et, au final, laisse un terrain fertile pour les idéologies extrémistes.
Plus tard, après avoir rencontré le Président du Turkménistan, le Secrétaire général a déclaré qu’il était encouragé par l’initiative du Gouvernement de créer un bureau de l’Ombudsman pour protéger et promouvoir les droits de l’homme dans le pays. Il a ajouté que l’ONU était prête à fournir toute l’assistance possible. Sa déclaration est disponible en ligne.
Syrie
L’Envoyé spécial pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, a commencé une visite à Damas sur invitation du Gouvernement syrien. M. de Mistura attend avec intérêt de rencontrer de hauts responsables syriens, souhaitant leur donner l’occasion d’exprimer leurs propres points de vue sur les consultations de Genève, qui ont commencé début de mai et se poursuivront en juillet. À cet égard, M. de Mistura réitère son intention de soumettre un rapport au Secrétaire général sur la façon de rendre opérationnels tous les aspects du Communiqué de Genève.
Lors de sa visite, M. de Mistura a l’intention de soulever la question de la protection des civils avec le Gouvernement syrien, pour souligner une fois de plus l’utilisation inacceptable de bombes de baril d’explosifs et le devoir incontestable de tout gouvernement, en toutes circonstances, de protéger ses civils, en vertu du droit international humanitaire. M. de Mistura espère également discuter de la situation humanitaire actuelle en Syrie et des moyens d’élargir l’accès aux communautés assiégées et touchées par le conflit. Lors de ses entretiens, l’Envoyé spécial prévoit de faire part aux responsables syriens, une fois de plus, de sa profonde conviction qu’aucune solution au conflit syrien ne peut être imposée par la force et qu’un règlement politique inclusif et mené par les Syriens est urgent.
Droits de l’homme
À Genève aujourd’hui, à la vingt-neuvième session du Conseil des droits de l’homme, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, a souligné qu’en dépit des progrès considérables réalisés dans la protection et la promotion des droits de l’homme au cours des 70 dernières années, beaucoup de gens continuent d’être privés de leurs droits économiques et sociaux, faisant aussi face à une discrimination et à une répression graves et généralisées.
Le Haut-Commissaire a exhorté la communauté internationale à montrer l’exemple en respectant le droit et en faisant preuve d’humilité. À propos des critiques adressées à l’ONU au cours des dernières semaines sur la façon dont elle a traité les allégations de maltraitance effroyable commise en République centrafricaine, il s’est félicité de la décision du Secrétaire général de prévoir un examen externe en assurant que son Bureau en accepterait les résultats et respecterait ses conclusions. Nous devons tous rendre des comptes, sans aucune exception, a-t-il ajouté.
Le Haut-Commissaire a aussi pris la parole au cours d’un dialogue interactif sur les droits de l’homme des migrants, pour exprimer son inquiétude croissante face à l’incapacité de la communauté internationale de protéger les droits des migrants. Le texte intégral de ses remarques est disponible en ligne.
Rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI)
Le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, M. Atul Khare, a salué aujourd’hui le rapport d’évaluation publié par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sur la question de l’exploitation et des abus sexuels commis par le personnel de l’ONU dans les opérations de maintien de la paix. Il a déclaré que le rapport donnait des indications supplémentaires sur la façon dont est mise en œuvre la politique de tolérance zéro du Secrétaire général concernant l’exploitation et les abus sexuels, un domaine où des progrès ont été réalisés mais où il existe encore des difficultés.
M. Khare a ajouté que le Département de l’appui aux missions (DAM) était déterminé à appliquer la politique de tolérance zéro et à mettre en œuvre les recommandations formulées dans le rapport annuel du Secrétaire général. Il a dit que toute allégation de violence sexuelle était choquante. Des exploitations et abus sexuels qui seraient commis par ceux qui sont censés protéger sont vraiment répugnants.
Bien que des difficultés demeurent, il a invité à ne pas perdre de vue les résultats obtenus jusqu’à présent grâce aux nombreux efforts déployés par l’Organisation et les États Membres, au cours d’une période qui a connu une augmentation des déploiements et des efforts supplémentaires pour dénoncer les allégations d’abus et d’agressions sexuels.
Soudan - Soudan du Sud
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) indique qu’environ 14 000 Sud-Soudanais, en majorité des femmes et des enfants, ont fui vers le Soudan au cours du week-end, décrivant la situation comme une urgence au cœur même d’une situation d’urgence. Le HCR a enregistré près de 160 000 réfugiés au Soudan depuis que les combats ont éclaté au Soudan du Sud en décembre 2013.
Une grande priorité pour la communauté humanitaire est de se préparer pour la saison des pluies, qui doit commencer dans les prochaines semaines et qui va encore compliquer les opérations. Il est également crucial d’augmenter le nombre des interventions pour fournir de l’eau, ainsi que des services d’assainissement et d’hygiène, car les pluies vont accroître le risque de contamination par des maladies transmises par l’eau, comme la dysenterie et le choléra.
Jusqu’à présent, seulement 10% des 152 millions de dollars demandés pour aider les réfugiés sud-soudanais au Soudan ont été versés. Pendant ce temps, la situation humanitaire au Soudan du Sud s’est considérablement détériorée au cours des deux derniers mois avec l’intensification des opérations militaires dans les États du Haut-Nil et de l’Unité. On estime que, d’ici juillet, quelque 4,6 millions de personnes pourraient se retrouver dans une situation de grave insécurité alimentaire, soit le plus grand nombre depuis le début de la crise.
Travail des enfants
Un nouveau guide a été publié par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la prévention du travail des enfants dans le secteur de l’agriculture. Un grand nombre d’enfants dans le monde sont impliqués dans les travaux agricoles. Selon la FAO, environ 100 millions d’enfants font un travail qui n’est pas acceptable en ce qu’il interfère avec leur scolarité ou parce qu’il est dangereux ou nuisible à leur santé.
Tableau d’honneur
La Colombie est devenue le quatre-vingt-dix-neuvième État Membre à avoir payé intégralement sa contribution au budget ordinaire de l’ONU.
Conférence de presse
Cet après-midi, à 16 h 30, M. Mogens Lykketoft, du Danemark, parlera aux journalistes au centre de presse de l’entrée est (près de l’entrée des délégués), à la suite de son élection officielle comme Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale.
Demain, ce sera le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, nommé par le Secrétaire général en octobre dernier, qui a maintenant terminé son examen. Le Groupe d’experts, présidé par l’ancien Président du Timor-Leste, M. José Ramos Horta, soumettra le rapport demain matin au Secrétaire général. M. Ramos Horta, ainsi que la Vice-Présidente du Groupe, Mme Ameerah Haq, informeront la presse sur le rapport à 13 h 30, dans la salle de conférence de presse.
Le Secrétaire général a créé ce Groupe indépendant pour examiner l’état actuel des opérations de paix des Nations Unies, tant les opérations de maintien de la paix que les missions politiques spéciales. Ce Groupe est aussi chargé de proposer des recommandations sur les améliorations à faire afin de mieux répondre aux défis actuels et futurs d’un monde en pleine mutation.