Rappelant que 600 journalistes ont été tués en 10 ans, M. Jan Eliasson appelle le Conseil de sécurité à s’opposer à la suppression de la liberté des médias
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RAPPELANT QUE 600 JOURNALISTES ONT ÉTÉ TUÉS EN 10 ANS, M. JAN ELIASSON APPELLE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ
À S’OPPOSER À LA SUPPRESSION DE LA LIBERTÉ DES MÉDIAS
On trouvera ci-après la déclaration faite par le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, lors du débat public du Conseil de sécurité sur « la protection des civils en période de conflit armé: la protection des journalistes », le 17 juillet:
Je vous remercie, Madame la Présidente, d’avoir convoqué cet important débat qui tombe à point nommé. Je tiens également à vous féliciter d’avoir invité aujourd’hui au Conseil de sécurité des représentants de premier plan du monde du journalisme ayant l’expérience du terrain.
La liberté d’expression est un droit fondamental garanti par l’Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle constitue un pilier essentiel de toute société dynamique. Elle dépend et se nourrit de médias indépendants et pluralistes, qui constituent la force vitale de tout débat démocratique et éclairé.
Au cours des 10 dernières années, plus de 600 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur rôle essentiel au service de la société. Il y a tout juste 10 jours, le journaliste de télévision somalien, Liban Abdallah Farah, a été tué en rentrant chez lui. Son assassinat a été condamné par tous. L’assassinat de Liban n’est pas un cas isolé. Le débat d’aujourd’hui est consacré à la protection des civils, un accent particulier étant mis sur la protection des journalistes en période de conflit armé.
Mais n’oublions pas que les journalistes courent également de grands risques dans nombre de situations non conflictuelles à travers le monde. Cependant, dans les situations de conflit armé, ces représentants essentiels du quatrième pouvoir sont particulièrement vulnérables. L’an dernier, en Syrie, 41 journalistes, dont des utilisateurs des médias sociaux, ont été tués. En Iraq et en Afghanistan, 108 journalistes ont été tués depuis 2006. La majorité des victimes sont des journalistes locaux et des représentants des médias. Dans de nombreux cas, les journalistes assassinés couvrent des sujets liés à la corruption et à d’autres activités illégales. Dans la plupart des cas, ces journalistes reçoivent des menaces avant d’être assassinés.
Les attaques visant les journalistes prennent également la forme d’enlèvements, de prises d’otages, de harcèlement, d’intimidation et d’arrestations illégales. Les femmes journalistes sont de plus en plus victimes d’harcèlement sexuel et de viol.
Rappelons-nous qu’à chaque fois qu’un journaliste est tué par des extrémistes, des cartels de la drogue ou même des forces gouvernementales, c’est une voix en moins qui ne peut plus s’exprimer au nom des victimes de conflits, de crimes et de violations des droits de l’homme. Chaque journaliste tué ou intimidé pour qu’il garde le silence est un observateur de moins des efforts visant à faire respecter les droits et à garantir la dignité humaine. Le moins que nous puissions faire quand un journaliste est assassiné est de veiller à ce que son décès fasse l’objet d’une enquête rapide et que justice soit rendue. Il est choquant, et inacceptable, de constater que plus de 90 % des assassinats de journalistes demeurent impunis.
Le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité a été lancé pour créer un climat de liberté et de sécurité pour les médias dans les situations de conflit et en l’absence de conflit. Il a été approuvé en avril 2012 par le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, l’UNESCO jouant le rôle de chef de file. Le principe essentiel est que la protection des médias libres est une condition préalable indispensable à la liberté d’expression et à la démocratie. Leur protection est également importante pour la recherche de paix et de sécurité, ainsi que pour le développement.
Il convient de noter que la garantie de la liberté d’expression et de l’accès aux médias indépendants et à l’information était mise en avant dans le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau chargé d’étudier le programme de développement pour l’après-2015. Ces valeurs et ces principes sont essentiels si nous voulons garantir l’état de droit et des institutions efficaces. Des institutions honnêtes et fonctionnelles sont essentielles pour le développement et la prospérité.
La première phase du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité comprend la mise en œuvre dans certains pays. Je voudrais cependant souligner que cela est tout aussi nécessaire dans de nombreux autres pays. Le Plan d’action est fondé sur une approche multidimensionnelle faisant appel à différents acteurs. Il est tributaire de la participation et de l’appui des gouvernements, en particulier par l’intermédiaire des Ministres de l’information ainsi que des médias locaux, de la société civile et des milieux universitaires. Toutes les entités des Nations Unies sont également encouragées, dans le Plan d’action, à fournir des informations qui permettent de renforcer la sécurité des journalistes et des représentants des médias.
Le Conseil de sécurité peut lui aussi jouer un rôle important en réagissant et en s’opposant à la suppression de la liberté des médias où que ce soit et à tout moment. Quand des journalistes sont tués, des informations sur des menaces à la paix et à la sécurité internationales sont souvent enterrées. Dans le cadre de l’examen des situations inscrites à son ordre du jour, le Conseil voudra peut-être s’intéresser en particulier à la prise pour cible de journalistes et à d’autres menaces à la liberté d’expression.
Je terminerai en citant le Secrétaire général s’exprimant en mai à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse: « Tous les journalistes, dans tous les médias, doivent pouvoir faire leur travail. Quand on peut s’exprimer en toute sécurité, le monde entier en profite ».
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