Plaidoyer passionné devant l’Instance autochtone en faveur de l’enseignement et de la préservation des langues et cultures autochtones
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Instance permanente sur les questions autochtones
Douzième session
3e et 4e séances - matin et après-midi
PLAIDOYER PASSIONNÉ DEVANT L’INSTANCE AUTOCHTONE EN FAVEUR DE L’ENSEIGNEMENT
ET DE LA PRÉSERVATION DES LANGUES ET CULTURES AUTOCHTONES
Un véritable cri d’alarme a maintes fois retenti, aujourd’hui, au deuxième jour de la Douzième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, en faveur de l’enseignement des langues autochtones et d’un enseignement bilingue interculturel respectueux de l’histoire et de la diversité des cultures de tous les peuples autochtones de la planète.
La sauvegarde des langues autochtones par l’enseignement est d’autant plus urgente qu’une langue disparaît à jamais de la surface de la Terre tous les 15 jours, alors que l’identité culturelle repose sur la langue, ont plaidé des intervenants devant l’Instance. Celle-ci entamait l’examen de la suite donnée aux recommandations qu’elle avait prises aux termes de ses sessions antérieures, et qui étaient relatives à la préservation et à la promotion de l’éducation et de la culture des populations autochtones.
La séance de la matinée a été ouverte par une oraison funèbre traditionnelle chantée à la mémoire de la centaine de victimes causées par la tornade qui s’est abattue hier sur l’État de l’Oklahoma. Parmi les victimes, on compte beaucoup d’autochtones, de femmes et d’enfants.
Le débat sur l’éducation s’est déroulé autour d’un panel composé de M. Edward John, membre de l’Instance, de Mme Lilikala Kame’eleihiwa, de l’Université de Hawaï, de M. Tuomas Juuso, représentant du Gouvernement de la Finlande, et de M. Mark Walthan, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Plusieurs intervenants ont formé l’espoir que les États Membres fassent en sorte que leur système d’éducation englobe les dimensions spirituelles, mentales, émotionnelles, physiques, traditionnelles, culturelles et linguistiques des peuples autochtones.
Fortes de leurs expériences respectives sur le terrain, les organisations autochtones ont formulé une série de recommandations tendant au renforcement de celles qui ont d’ores et déjà été faites par l’Instance et mettant l’accent sur la préservation de la diversité linguistique et culturelle. Certains intervenants ont dénoncé, dans ce contexte, la tendance des législations nationales de nombreux États à imposer « une intégration forcée » aux enfants autochtones par l’éducation, alors que d’autres ont dénoncé la privatisation de l’enseignement qui rend l’éducation hors de portée des populations marginalisées. Des propositions ont été faites favorisant la création de chaînes de télévision autochtones. De nombreux intervenants ont en outre fait observer que les enfants et les jeunes autochtones ont encore un long chemin à parcourir, étant donné le « caractère colonial et commercial de l’éducation » dans la plupart des pays. Certains orateurs ont en particulier dénoncé la « falsification de l’histoire dans les manuels didactiques ».
Parmi les représentants d’États Membres qui ont pris part au débat, la Vice-Première Ministre de la Fédération de Russie a fait état de la création d’une école internationale de l’Arctique, pour « mieux prendre en considération les modes de vie nomade et les besoins spécifiques aux étudiants autochtones migrants ».
Citant les dispositions de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, sur le droit à l’éducation et au respect de la diversité culturelle, nombre d’orateurs ont toutefois salué les progrès normatifs nationaux, régionaux et internationaux accomplis au cours de la dernière décennie, en particulier dans les législations relatives aux droits de l’homme.
Le représentant de la Namibie a indiqué que son pays a établi un programme de développement du peuple San, premier habitant du territoire, placé sous la houlette du cabinet du Premier Ministre, alors que la délégation des États-Unis a rappelé la tenue, l’année dernière, de la Conférence de la Maison blanche pour les nations tribales, laquelle, selon la représentante américaine, a permis des « discussions franches » sur toute une série de questions, dont le logement l’éducation et l’énergie.
Le deuxième panel, tenu dans l’après-midi, portait sur la culture, et était composé des experts suivants: Mme Bertie Xavier, membre de l’Instance, Mme Agnes Leina, de l’II’l Community Concerns, M. Carlos Aleman, du Gouvernement du Nicaragua et M. Philippe Kridelka, représentant de l’UNESCO.
Le développement culturel et la protection de l’environnement où vivent les peuples autochtones sont intimement liés, a-t-il été souligné, et à cet égard, des orateurs ont demandé aux États de signer et de pleinement mettre en œuvre la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Convention de l’UNESCO sur le patrimoine culturel immatériel.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a été sollicitée, quant à elle, afin de mener une étude comparative sur l’état de santé des populations autochtones et les incidences sanitaires des activités de développement sur ces populations.
Pour étayer la discussion, l’Instance était saisie de plusieurs études conduites par l’un ou l’autre de ses 15 membres ou avec le concours d’universités autochtones, comme notamment, l’étude sur « la manière dont les systèmes de savoir autochtones et l’histoire et les circonstances sociales contemporaines des peuples autochtones sont pris en compte dans les programmes scolaires » (1), présenté par Mme Mirna Cunnimgham Kain.
Outre unrapport d’analyse, les autres études traitaient respectivement de « la situation des enfants autochtones en Amérique latine et dans les Caraïbes »(2), qui a étéprésentée par M. Alvaro Esteban Pop Ac; de la « participation accrue des peuples autochtones au processus de réduction des risques de catastrophe »(3), introduite par Mme Paimaneh Hasteh; et du thème: « résilience, savoir traditionnel et renforcement des capacités dans les communautés arctiques et subarctiques d’éleveurs de rennes » (4), présenté par Mme Anna Naikanchina.
L’Instance poursuivra ses travaux demain, mercredi 22 mai à 10 heures pour aborder les questions relatives aux droits de l’homme.
(1) E/C.19/2013/17
(2) cote de ce rapport non disponible
(3) E/C.19/2013/14
(4) E/C.19/2013/19
Étude réalisée avec les concours d’universités autochtones sur la manière dont les systèmes de savoir autochtones et l’histoire et les circonstances sociales contemporaines des peuples autochtones sont pris en compte dans les programmes scolaires (E/C.19/2013/17)
À sa précédente session, l’Instance permanente sur les questions autochtones a chargé deux de ses membres, Mme Myrna Cunningham et M. Álvaro Pop, d’entreprendre une étude sur la manière dont les connaissances, l’histoire et les circonstances sociales contemporaines des peuples autochtones sont intégrées dans les programmes scolaires.
Des disparités entre les autochtones et le reste de la population dans l’accès à l’éducation en tant que droit fondamental sont encore manifestes, et l’étude procède à une analyse de tous les aspects du problème, en s’intéressant notamment à l’accessibilité culturelle.
Les disparités se manifestent par l’exclusion du système ou la difficulté d’accès à celui-ci; et par le fait que les contenus et stratégies pédagogiques en général ne font aucune place à la diversité culturelle, ni aux particularités, est-il stipulé dans l’étude.
De nos jours, les autochtones se distinguent du reste de la société précisément par le fait qu’ils gardent leurs pratiques culturelles et leur mode de vie fondés sur leur savoir traditionnel, leur vision du monde et leur spiritualité.
Dans les recommandations, les auteurs de l’étude préconisent la ratification de la recommandation, procédant de l’article 31 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, selon laquelle l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et les États doivent prendre des mesures efficaces pour reconnaître le droit des peuples autochtones à protéger leur propriété intellectuelle.
Il est recommandé, en outre, que les gouvernements et les organismes de l’ONU définissent des mesures précises pour soutenir les universités autochtones interculturelles et communautaires dans leurs processus académique, organisationnel, financier et d’accréditation, est-il stipulé dans l’étude.
Dans le même ordre d’idées, il faudrait œuvrer à la diffusion des meilleures pratiques et à l’échange d’initiatives dans le domaine de l’éducation et de la recherche autochtone interculturelle en renforçant les réseaux entre universités autochtones et programmes universitaires apparentés.
Note du Secrétariat intitulée « Étude sur la participation accrue des peuples autochtones au processus de réductions des risques de catastrophe » (E/C.19/2013/14)
Préparée par M. Paimaneh Hasteh, membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, l’étude sur la participation accrue des peuples autochtones au processus de réduction des risques de catastrophe dans le respect de leurs pratiques linguistiques et culturelles, en péril, se propose de stimuler les discussions sur la réduction des risques de catastrophe au sein des communautés autochtones du monde entier et de servir de catalyseur à la mise en commun des données d’expérience et des connaissances.
Elle souligne que les 370 millions d’autochtones répartis dans 90 pays environ de par le monde sont en butte à une discrimination systématique et ont été victimes, en tant que peuples, de modèles de développement appliqués sans discernement et qui ont eu des conséquences désastreuses pour leurs communautés qui sont à présent menacées de disparition.
En introduction, M. Hasteh rappelle que, depuis des millénaires, les capacités, les pratiques, les connaissances et les traditions enracinées dans leur environnement naturel ont aidé les peuples autochtones à faire face aux catastrophes naturelles et à prospérer dans des zones à risque.
Présentant les enjeux actuels, l’étude montre comment la disparition de ces pratiques, en raison de changements sociaux, politiques ou économiques, a exacerbé la vulnérabilité de ces populations, phénomène qui ne cesse de s’aggraver avec les changements climatiques.
L’étude reprend les 10 points des cinq priorités du Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015, qui pourraient aussi être utilisées par les peuples autochtones pour renforcer leurs résiliences face aux catastrophes.
Il s’agit notamment de concevoir des mesures d’encouragement culturellement adaptées, à l’intention des individus et des collectivités autochtones; de ventiler les données par sexe et par appartenance ethnique; de réfléchir aux infrastructures traditionnelles mises en place par les peuples autochtones en matière de prévention; ou encore d’utiliser les sources de savoirs traditionnels pour la conception des programmes et mesures d’adaptation aux changements climatiques; et d’intégrer les pratiques traditionnelles aux systèmes d’alerte.
Dans les conclusions de l’étude, il est recommandé d’intensifier,d’urgence, le dialogue entre les pouvoirs publics, les institutions et les peuples autochtones pour recenser les connaissances autochtones et les incorporer dans tous les projets et programmes de réduction des risques de catastrophe.
L’attention est également appelée sur le fait que, compte tenu du danger omniprésent de la commercialisation, il faille chercher à prévenir toute possibilité d’exploitation des savoirs durant le transfert des connaissances autochtones.
Il est enfin recommandé que les questions formulées par les peuples autochtones eux-mêmes soient prises en compte dans la planification et les textes qui seront issus de la quatrième session du Dispositif mondial pour la réduction des risques de catastrophe en 2013, de la Conférence mondiale des Nations Unies sur les peuples autochtones en 2014, et de la troisième Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophe en 2015.
Déclarations liminaires
M. EDWARD JOHN, membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a salué le rapport portant sur l’éducation des enfants et des populations autochtones, qui souligne l’importance d’une éducation maternelle, primaire, secondaire et universitaire en langue autochtone et qui prenne en compte la perception qu’ont les autochtones de la vie et du monde. Il a souligné l’importance du rapport publié sous la cote E/C.19/2013/19, en appelant les délégations à prendre conscience que les trois domaines que sont l’éducation, la culture et la santé ont des liens entre eux. Il a souligné la nécessité de mettre en place des programmes innovants pour que les étudiants autochtones restent à l’école. Il a indiqué que l’Instance a produit 42 recommandations sur l’éducation, dont 34 ont été mises en œuvre ou sont sur le point de l’être.
Mme LILIKALA KAME’ELEIHIWA, Professeur de l’Université de Hawaï, a présenté les efforts visant à transformer l’université d’Hawaï pour qu’elle puisse mieux servir les peuples autochtones de cet État. Elle a indiqué que le Conseil Puko’a a pu obtenir 114 postes permanents dans les 10 facultés de l’Université de Hawaï. Elle a cité la pétition signée par des milliers d’Hawaïens il y a un siècle pour s’opposer à l’annexion américaine d’Hawaï. Elle a précisé que les autochtones représentaient 25% de la population des îles hawaïennes et 14% des étudiants de l’Université, avant de souligner la difficulté qu’ont les autochtones en ce qui concerne le financement de leurs études. Elle a cité 38 cours mis en place sur les savoirs ancestraux et a mis l’accent sur l’importance de cours intensifs en langue hawaïenne, qui est la « voix des ancêtres ».
M. TUOMAS JUUSO (Finlande) a parlé de l’éducation du peuple Sámi en Finlande en se félicitant de la qualité de l’enseignement général finlandais qui figure parmi les meilleurs au monde. Il a dit que les trois langues sámi étaient en grand danger, deux d’entre elles n’étant parlées que par 600 personnes. Il a dit l’importance que revêt un enseignement immersif pour les jeunes autochtones dès le plus jeune âge. C’est le seul moyen de redonner vie à la langue et à la culture sámi, a-t-il estimé. Il a évoqué la difficulté qu’il ya à trouver des enseignants formés en langue sámi alors que peu de jeunes sámi ont encore cette langue comme langue maternelle. M. Juuso a précisé que les municipalités qui fournissent un enseignement en langue sámi doivent adopter un programme scolaire spécifique aux Sámi. Alors que 65% des Sámi de moins de 18 ans résident en dehors des territoires sámi, il a noté la difficulté qu’il y a d’assurer un enseignement en langue sámi à ces Sámi vivant hors du territoire du peuple autochtone Sámi. Si des progrès ont été réalisés en matière de droits des Sámi, le principal obstacle reste que les politiques d’éducation et les programmes scolaires n’ont pas suivi au niveau national l’évolution des droits des peuples autochtones, a relevé M. Juuso, Il a regretté que l’article 14 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones n’ait pas encore été intégré au droit finlandais.
M. MARK WALTHAN (UNICEF) a cité les efforts déployés par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour garantir les droits des petits garçons et des petites filles partout dans le monde. Il a rappelé qu’au titre de la Convention internationale sur les droits de l’enfant, l’éducation primaire doit être obligatoire et gratuite pour tous, et elle doit être mise en place dans le respect de la culture, de la langue et de l’identité des enfants. Il a mis l’accent sur les chevauchements entre les droits des autochtones et les termes de la Convention internationale sur les droits de l’enfant en rappelant que l’enseignement est le premier moteur de développement. Il a indiqué que chaque année d’enseignement supplémentaire donné à un enfant peut plus tard contribuer à générer un point supplémentaire du PIB d’un pays. Il a remarqué que les femmes éduquées se marient plus tard que les autres et sont moins touchées par la mortalité infantile et maternelle, et a ajouté qu’il y a un lien direct entre éducation, stabilité sociale, et démocratie. Même si l’adoption des OMD relatifs à la scolarité primaire gratuite pour tous et à la parité entre hommes et femmes à tous les niveaux de l’enseignement ne seront pas atteints en 2015, ces objectifs ont galvanisé les États Membres et permis que 52 millions d’enfants supplémentaires aient accès à l’éducation dans le monde, a noté M. Walthan. Il a mis l’accent sur la qualité de l’éducation en notant que 250 millions d’enfants ne savent ni lire ni écrire après avoir passe 4 ans à l’école
Le représentant de l’UNICEF a précisé que la moitié des enfants qui ne vont pas à l’école sont originaires de seulement 12 pays, dont huit sont en Afrique subsaharienne. Il a précisé que le Nigéria comptait à lui seul 16% des enfants n’ayant pas accès à l’éducation primaire. Notant que les enfants apprennent toujours mieux dans leur langue maternelle, même minoritaire, il a jugé indispensable que les communautés soient impliquées dans l’organisation des programmes scolaires. Il a parlé des initiatives lancées par l’UNICEF pour promouvoir un enseignement bilingue et interculturel mettant l’accent sur la langue minoritaire.
États Membres
Mme NUVIA M. MAYORGA DELGADO, Directrice générale de la Commission nationale pour le développement des peuples autochtones du Mexique, a rappelé que le nouveau Gouvernement mexicain a procédé à une réforme de la loi générale sur l’enseignement en vue du renforcement de la qualité et de la garantie du droit des peuples autochtones à un enseignement de qualité dans leurs langues respectives, ceci dans le plein respect de leur savoir, us et coutumes, traditions, vision du monde, diversité linguistique et culturelle. Elle a estimé que l’inclusion devrait figurer au cœur des efforts déployés par les Nations Unies à tous les égards et en particulier en ce qui concerne l’éducation. Elle a souhaité que l’initiative mondiale du Secrétaire général « L’éducation d’abord » prenne dûment en compte l’éducation interculturelle en tant que pilier d’un développement équitable et durable. Mme Mayorga Delgado a souligné que son pays a fourni un appui aux 12 universités interculturelles dont il s’est doté et, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Mexique a également conçu l’indice du développement éducatif des peuples autochtones qui tend à mesurer l’écart en termes de résultats éducatifs entre les autochtones et les non autochtones. Ces résultats seront présentés en marge de la Douzième session de l’Instance.
Membres de l’Instance
Mme DALEE SAMBO DOROUGH, Membres de l’Instance permanente, a fait le point sur la situation des peuples Inuits en Alaska et souligné que les jeunes de la région sont confrontés à de nombreuses difficultés car il faut, entre autres, atteindre un seuil de fréquentation pour que les établissements d’enseignement destinés aux autochtones ne soient pas fermés. C’est un problème très grave car, souvent, pour ces jeunes, pour avoir accès à l’enseignement, il faut se déplacer. Il s’agit d’un élément clef à prendre en considération, que ce soit à Hawaï, pour les aborigènes d’Australie, ou pour les Inuits d’Alaska.
M. TIA OROS, États-Unis, a rappelé que des centaines de millions d’autochtones du monde possèdent des méthodologies pédagogiques et des méthodes d’apprentissage dynamiques qui sont la clef de voûte de la continuité de leur culture et de leur mode de vie. Il a ajouté que leurs langues contiennent la conscience des centaines de générations de sagesse et que ces langues « résonnent avec les vibrations de la Terre ». Notre histoire orale, a-t-il ensuite relevé, détient des formules de survie, un atout majeur en ces temps de changements climatiques et de chaos social. Il a en outre affirmé que les systèmes d’éducation des peuples autochtones sont des modèles d’autonomisation qui ont servi les autochtones pendant des millénaires. M. Oros a également regretté que les systèmes d’éducation imposés par la colonisation aient contribué à l’assimilation forcée des peuples autochtones du monde entier. Mettre en place ces systèmes d’éducation, en excluant la vision du monde et les connaissances épistémologiques des autochtones relève de la violence infligée à nos peuples, a-t-il décrié, tout en condamnant « ces stratégies de lavage de cerveau et de conditionnement mental » qui détachent les jeunes autochtones de leur culture et de leur identité. Il a par la suite réaffirmé que le soutien que peuvent apporter les systèmes d’éducation interculturels et intergénérationnels sont importants de nos jours pour la mise en œuvre de la compréhension et du respect mutuels. Il a aussi plaidé pour que l’Instance permanente travaille avec tous les États afin que les autochtones victimes de handicap puissent avoir un plein accès à l’éducation.
Les organisations « Tonatierra, Maya Vision, Centro Cultural Techantit », « Seventh Generation Fund » et le Comité Abya Yala, dans une contribution commune, ont souhaité que les peuples autochtones puissent connaître et utiliser les terminologies langagières historiquement utilisées par leurs ancêtres pour nommer leurs territoires respectifs. Les trois organisations se sont, dans ce contexte, interrogées sur le nom que portait le continent africain avant l’arrivée de la colonisation. Ils ont ensuite invité la communauté internationale à mener une étude globale internationale sur l’impact de la « doctrine de la découverte », qui consistait, pour les puissances européennes notamment, à prendre possession des territoires non christianisés qu’elles conquéraient et soumettaient à leur joug. Ces organisations ont ensuite recommandé que l’instance permanente sur les questions autochtones puisse prendre en compte les travaux d’éducation et de sensibilisation du groupe de réflexion dénommé Abya Yala qui œuvre au démantèlement de la doctrine de la découverte.
M. BONI ROBERTSON, s’exprimant au nom du Consortium sur l’éducation supérieure des Nations autochtones du monde, plus connu sous son acronyme anglais WINHEC, a rappelé d’emblée que cette réunion se déroule sur les terres ancestrales de la nation Onondaga, appelées aujourd’hui New York. Il a relevé que la durabilité culturelle et sociale des peuples autochtones permettra que les générations présentes et futures puissent être éduquées dans le respect de leurs droits humains, de leur manière d’être et de faire, et dans le respect de leurs aînés et ancêtres qui ont consenti d’énormes sacrifices pour créer un avenir culturel pérenne pour leurs descendants. Il a indiqué qu’en 2012, le WINHEC a mis au point un programme de formation universitaire qui a conduit à la mise sur pied de l’Université mondiale des peuples autochtones, basée sur un programme de formation en ligne qui tienne compte des approches méthodologiques traditionnelles de transmission des savoirs. Il a ensuite annoncé que cette université mondiale virtuelle sera lancée en février prochain avec des programmes de formation, qui vont comprendre à la fois les connaissances des peuples autochtones, ainsi que celles des programmes modernes du modèle occidental.
M. JOHN SCOTT, Secrétaire exécutif du Secrétariat de la Convention sur la biodiversité, a fait état de la onzième Conférence des États parties à cet instrument international, tenue en octobre 2012 en Inde, et de questions d’intérêts divers pour les peuples autochtones. Il a notamment cité une nouvelle composante du travail liée à l’utilisation coutumière durable de la diversité biologique (Article 10 alinéa c) de la Convention. Les États sont convenus, par ailleurs, d’une série de tâches en vue d’accélérer l’application de l’article 8, alinéa j) sur le savoir endogène, que d’aucuns attribuent à la mise en œuvre concrète du Protocole de Nagoya, a dit M. Scott. À cet égard, il a annoncé des progrès dans l’adhésion audit Protocole et s’est dit convaincu que celui-ci entrera en vigueur avant la douzième Conférence des États parties à la Convention, prévue en octobre 2014 en République de Corée.
États Membres
M. FERNANDEZ DE SOTO, Représentant de la Colombie, a fait lecture d’un message de solidarité aux victimes de la tornade survenue lundi dans l’État de l’Oklahoma. Il a indiqué que son pays avait mis en place une nouvelle structure institutionnelle pour pallier aux effets préjudiciables sur les populations autochtones du conflit avec les groupes armés qui perdure en Colombie. Des plans de sauvegarde ont aussi été mis en place pour protéger les Us et coutumes des autochtones, ce qui n’a pas manqué d’avoir des incidences sur les programmes scolaires, a indiqué M. Soto. En concertation permanente avec les autochtones, des programmes d’éducation multilingue de qualité ont été adoptés, et différents projets pilotes ont été mis en œuvre, à partir de modèles spécifiques. Cet exercice de réforme a permis une amélioration du système d’enseignement ciblant les autochtones, en prenant en compte leurs besoins réels, a-t-il souligné. Il a indiqué que les institutions éducatives colombiennes sont en passe d’être adaptées aux changements apportés par cette réforme.
Caucus
Mme SERETEKI MACANAWAI, du Caucus mondial des jeunes handicapés a déclaré que ces jeunes doivent souvent aller dans des établissements spécialisés, et a réclamé le droit pour ces enfants de fréquenter les écoles publiques. Les États et les donateurs aux programmes de développement sont encouragés à mettre en œuvre l’article 42 sur la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, a dit Mme Macanawai. Elle a également recommandé d’être à l’écoute des priorités et des besoins des personnes vivant avec un handicap.
M. ELOY FRANK GOMEZ (Nicaragua) a indiqué qu’au Nicaragua, l’enseignement est un droit humain fondamental qui consolide l’identité nationale fondée sur le respect de l’identité des citoyens. Il a dit que le système d’enseignement autonome régional a pour axe fondamental l’interculturalité. Il a cité le lancement, au milieu des années 80, d’un enseignement bilingue interculturel, créé par les associations autochtones et repris par le Gouvernement. Nous avons formé des enseignants autochtones, développé du matériel pédagogique approprié et créé de nouveaux programmes en langues autochtones pour les écoles de formation d’instituteurs, a dit le représentant du Nicaragua. Il a aussi parlé des efforts faits par le Nicaragua pour préserver des langues autochtones qui ne sont plus parlées que par quelques dizaines de locuteurs.
Mme TIA OROS PETERS, du Global Indigenous Women’s Caucus, a souligné la nécessité que l’éducation englobe les dimensions spirituelles, mentales, émotionnelles, physiques, traditionnelles, culturelle et linguistiques des peuples autochtones et a formulé plusieurs recommandations. Elle a jugé prioritaire la mise en œuvre de la recommandation faite, en 2011, par l’Instance permanente sur les questions autochtones, qui appelait les États à inclure dans le programme didactique une discussion de la doctrine de la « découverte », qui est en réalité la dépossession imposée aux autochtones par les conquérants, ceci du point de vue des peuples autochtones. Elle a parlé des manifestations contemporaines de cette doctrine, qui se manifeste en particulier dans les législations foncières et les politiques d’expulsion. Mme Gomez a en outre appuyé la recommandation de l’Instance visant à encourager les États Membres à faciliter la création d’organisations de la société civile autochtones centrées sur la préservation et la protection du patrimoine culturel autochtone, y compris les organisations féminines.
M. Gomez a aussi exprimé son soutien à la recommandation faite par la troisième session de l’Instance, qui est relative à l’appui, par les bailleurs de fonds, de stratégies orientées vers la prévention interculturelle et l’élimination de la violence à l’égard des femmes autochtones. De telles stratégies, a-t-elle déclaré, devraient être conçues et exécutées avec la participation d’organisations féminines autochtones. Finalement, la représentante du Global Indigenous Women’s Caucus a appelé de ses vœux l’adoption et la pleine mise en œuvre de politiques d’éducation nationales autochtones qui reposeraient sur une participation des femmes autochtones, et sur celle des parents des membres des communautés autochtones dans tout processus de prise de décisions.
Mme FEODOSIYA GABYSHEVA (Fédération de Russie), a cité la création d’une école internationale de l’Arctique en Fédération de Russie. Elle a mis l’accent sur les efforts déployés par la Fédération de Russie pour prendre en compte la réalité des modes de vie nomade et les besoins particuliers des étudiants autochtones migrants. Elle a dit que la création d’une nouvelle école, où puissent s’épanouir les autochtones, est conforme aux normes internationales d’enseignement. Elle a dit qu’elle est persuadée que cette école permettra de former des experts hautement qualifiés qui permettront de promouvoir le développement économique et social futur des territoires arctiques et du Nord de la Fédération de Russie en garantissant les droits des peuples autochtones du Nord, de la Sibérie et de l’extrême Orient.
Mme ANNA NAYKANCHINA, Membre de l’Instance, a regretté que les programmes scolaires soient trop souvent élaborés sans prendre en compte les modes de vie et les attentes des autochtones. Elle a souhaité que tout programme d’éducation prenne en compte le principe de consentement libre préalable et éclairé des autochtones. Nous ne savons pas dans quelles mesures les autochtones pourront participer au projet d’école internationale de l’Arctique en Fédération de Russie, a-t-elle dit.
Rappelant qu’une langue autochtone disparait toutes les deux semaines Mme BABA FESTUS, du Caucus Afrique, a demandé la prise de mesures urgentes pour préserver les langues et les cultures autochtones et garantir la transmission intergénérationnelle des langues et des savoirs traditionnels. Nous recommandons l’introduction d’une éducation en langue maternelle le plus tôt possible. À la lumière des OMD et de l’article 28 de la Convention sur les droits de l’enfant, nous souhaitons que soit garantit le droit de chaque enfant d’accéder à une école dans sa langue maternelle, a dit la représentante. Elle a encouragé les États Membres à mettre en œuvre un cadre réglementaire visant à mettre en œuvre les recommandations de l’Instance s’agissant de l’éducation en langue maternelle.
M. JEROBEAM SHAANIKA, de la Namibie, a dressé un tableau sombre de l’invasion coloniale en Namibie, les colons ayant usurpé les terres du peuple San, dont les ressortissants sont les premiers habitants du pays. Il s’en est suivi que le peuple San a été acculé, repoussé vers des régions inhospitalières, et forcé à survivre de chasse et de cueillette. À l’indépendance en 1990, le Gouvernement namibien a hérité de nombreux problèmes et de conditions socioéconomiques dramatiques, avec un profond fossé entre les différentes communautés. L’Article 95 de la Constitution namibienne oblige les pouvoirs publics à promouvoir activement le bien-être de tous les citoyens en veillant à ce que tous les Namibiens aient un accès raisonnable aux infrastructures et aux services publics. Le Gouvernement a ainsi établi un programme de développement du peuple San placé sous la houlette du cabinet du Premier Ministre. Le programme vise à l’intégration des San, Ovatue et Ovatjimba dans l’économie nationale, au même titre que le reste de la population. Depuis sa conception, le programme a accompli des progrès remarquables dans la mise à disposition des terres, de logements, de bétail, ainsi que dans les domaines de l’éducation et de la sensibilisation de l’opinion publique aux droits de ces communautés. Plusieurs projets visent à leur autonomisation et à l’amélioration de leur niveau de vie. M. Shaanika a assuré que le Gouvernement de la Namibie fera tout ce qui est en son pouvoir pour persévérer dans cette politique d’inclusion. D’autre part, la politique d’éducation doit être façonnée comme un outil primordial d’auto-développement des peuples autochtones, a-t-il opiné.
Le représentant du Caucus des jeunes a appelé les États à accepter une définition de l’éducation fondée sur les valeurs et les priorités des peuples autochtones. Il a dit que l’éducation et la souveraineté linguistiques sont une question fondamentale, avant d’exhorter les États Membres à mettre en œuvre l’article 14 de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones. Il a ajouté que l’autodétermination à tous les niveaux est essentielle à l’avenir des jeunes et des enfants autochtones.
Mme TERRI ROBL (États-Unis) a mis l’accent sur les initiatives des États-Unis en faveur des autochtones. Elle a cité la tenue, en 2012, de la Conférence de la Maison blanche pour les nations tribales, qui a permis des discussions franches sur toute une série de questions, dont le logement, l’éducation et l’énergie. Elle a cité l’élaboration par le Gouvernement américain d’un rapport intitulé « Poursuite des progrès dans les communautés autochtones ». Elle a souligné les efforts de son pays pour préserver les langues autochtones tout en soulignant l’importance d’une bonne utilisation de la langue anglaise. Depuis son arrivée au pouvoir en 2009, le Président Barack Obama a traité 1 000 dossiers émanant des populations autochtones. Il a dit que le Gouvernement américain a rendu 200 000 acres de terres aux tribus amérindiennes depuis 2009. En 2012, le service national des parcs (NPS) et d’autres services fédéraux ont signé différents accords avec les tribus notamment pour permettre le retour de bisons génétiquement purs sur leurs terres d’origine.
M. JULIUS CESAR DAGUITAN, de l’Asia Pacific Indigenous Youth (APIYN), a indiqué que la position de son organisation émanait d’une réunion tenue du 18 au 25 avril 2013 à Baguio, aux Philippines. Elle était conjointement organisée avec l’ONG « Land is Life », et des représentants d’organisations autochtones de l’Amérique latine et de l’Afrique y ont aussi pris part. Il a mis l’accent sur l’Article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui consacre le droit de tous à l’éducation, de même que sur le programme « Éducation pour tous » de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Il a cependant fait observer que pour les jeunes autochtones, le chemin à parcourir est encore bien long du fait du caractère colonial et commercial de l’éducation dans la plupart des États du monde. Il a dénoncé la falsification de l’histoire dans les manuels didactiques en Asie et l’absence des traditions remarquables et de la culture autochtones des programmes scolaires du secteur public. Il a également mis le doigt sur la privatisation de l’enseignement et donc sur sa commercialisation en Asie, et sur le manque d’appui gouvernemental au secteur de l’éducation publique. Ce phénomène est reproduit dans l’enseignement supérieur, trop onéreux et inabordable pour la majorité des jeunes, y compris les autochtones. D’autre part, au Népal, au Bangladesh et aux Philippines, les institutions éducatives sont très éloignées des villages des communautés autochtones, et les élèves doivent parcourir de très longues distances à pied pour aller à l’école, a-t-il déploré. Il s’est aussi inquiété de la militarisation croissante des communautés, et de l’utilisation des établissements scolaires comme casernes, ce qui perturbe la vie des autochtones, le programme scolaire, et la performance des enfants et des jeunes autochtones. En conséquence, il a sollicité des États asiatiques qu’ils mettent fin aux coupes budgétaires dans le secteur éducatif, et allouent en revanche 6% de leur PNB à l’éducation, conformément à la Déclaration de Dhaka.
États
Mme KGOMOTSO RAHLAGA (Afrique du Sud) s’est félicitée des avancées normatives relatives aux droits des autochtones tant à l’échelle nationale que régionale et internationale. Partant de l’expérience de son pays en matière de lutte contre la discrimination, elle a affirmé que la Constitution sud-africaine stipule l’égalité des droits pour tous, y compris les droits religieux et culturels. Le Gouvernement a entériné une loi sur le multilinguisme et mis en place des projets pilotes en langue Nana dans la région où se trouve ce peuple, a indiqué la représentante. Elle a exprimé sa préoccupation face à la difficulté de trouver des enseignants dans cette langue. Outre la gratuité de l’école, des programmes alimentaires ont été mis en place pour les enfants autochtones et un livre de recettes autochtones a été publié et distribué afin de montrer les bienfaits de la culture autochtone pour la santé. Des projets et des recherches sur la médecine traditionnelle sont en cours. Plusieurs problèmes exigent une attention accrue, notamment pour ce qui a trait à l’état de santé de certains peuples autochtones d’Afrique du Sud.
M. GISLAIN PICARD, a fait lecture d’une déclaration conjointe du Conseil des Premières Nations sur l’éducation (Canada) et d’autres organisations. Il a recommandé à l’Instance permanente de déclarer qu’aucun État ne doit adopter de loi sur l’intégration par l’éducation sans le consentement préalable, libre et informé des peuples concernés par cette législation, et de veiller à la participation de ces peuples à la prise de décisions concernant l’application de ce type de lois. Il a demandé à l’Instance d’exhorter le Canada à mettre en œuvre les dispositions de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, à commencer par celles liées à l’éducation. Il a dénoncé certaines pratiques qui ont cours au Canada et qui entravent l’éducation des enfants autochtones, et s’est élevé contre certaines formes d’intégration forcée des autochtones à la société canadienne.
Mme YVONNE PEARSON (Guyana) a parlé des efforts déployés par son pays pour permettre à tous les enfants autochtones d’avoir accès à l’éducation. Elle a cité l’organisation de systèmes de transport pour permettre aux enfants autochtones des zones les plus enclavées d’accéder à l’enseignement. Elle a cité la création de cantines scolaires comme moyen d’améliorer le cadre d’enseignement des enfants autochtones.
M. LUIS FERNANDO SARANGO, du Groupe autochtone équatorien, a dénoncé la volonté du Gouvernement de l’Équateur d’assimiler les populations autochtones. Il l’a accusé de mettre en place un processus de « néo-colonisation sous prétexte de renforcement de la qualité de l’éducation ». Il a dit que la création d’une université autochtone interculturelle est le seul moyen de lutter contre l’assimilation et l’imposition de normes scolaires eurocentriques aux populations autochtones.
M. BOLITO RAMOS (Guatemala) a précisé que 40% des 14 millions d’habitants du Guatemala étaient des autochtones. Pour préserver les 24 langues autochtones du pays, le Gouvernement du Guatemala a lancé ce 20 mai 2013, une nouvelle politique d’enseignement bilingue, a-t-il précisé. Il a indiqué que 47 000 des 135 000 enseignants du primaire étaient des enseignants bilingues. Parmi eux, 13 000 ont reçu le certificat de bilinguisme, dont 6 000 ont suivi un programme de mise à jour. Il a indiqué que la nouvelle politique d’enseignement bilingue est fondée sur six grands axes: la formation des enseignants, la planification, la conception de matériel pédagogique, l’accompagnement scolaire, l’évaluation et le soutien à la communauté des enseignants. Le représentant a dit que l’objectif du Guatemala était de permettre à tous les jeunes autochtones d’accéder à un enseignement bilingue et culturel pertinent dès le plus jeune âge. « Il y a encore du racisme dans le secteur de l’enseignement et nous essayons d’éradiquer cette intolérance à la diversité linguistique », a dit le représentant du Guatemala.
M. ANDRÈS FIALLO (Équateur) a dit que son pays a intégré le concept du « bien vivre » dans ses politiques publiques. Il a regretté que « le Secrétariat des Nations Unies empêche certains autochtones de participer aux travaux de l’Instance permanente », en rappelant que ces autochtones étaient les principaux acteurs de ces travaux. Il a parlé des efforts déployés par le Conseil de développement des nationalités et des peuples de l’Équateur pour s’assurer que la diversité des cultures et des traditions soit reflétée dans les programmes d’éducation.
Présentations des experts
M. BERTIE XAVIER, membre de l’Instance permanente des peuples autochtones, a expliqué que les traditions autochtones peuvent jouer un rôle positif pour faire avancer la condition des hommes et des femmes. La culture est un des éléments clefs permettant d’atteindre les OMD, a-t-il noté. Il a rappelé que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones reconnaît le droit de ces populations de préserver leur culture et leur propriété intellectuelle sur un tel patrimoine. Il a mentionné les recommandations de l’Instance sur la culture, relatives aux domaines de l’éducation, de l’environnement, de la santé, et des droits de l’homme, qui affirment que la culture est un élément essentiel de la survie des populations autochtones.
« Les femmes sont les gardiennes du patrimoine culturel », a souligné Mme AGNES LEINA, de « II’l Community Concerns », citant les différents moyens de le transmettre, comme les histoires, les contes et les chants. Elle a également expliqué que les femmes permettent la socialisation des enfants. En outre, elles s’occupent de l’alimentation, de l’allaitement, du logement, de l’enseignement de la langue et d’autres activités essentielles à la vie des communautés. Elles produisent aussi des objets et des vêtements. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, les femmes transmettent leur religion à leurs enfants par la pratique de la prière. « On pense d’ailleurs, dans les coutumes autochtones, que Dieu est une femme », a-t-elle précisé. La représentante a aussi parlé des compétences artistiques (poterie, fabrication de bijoux) et techniques (construction de huttes, utilisation des plantes médicinales) que maîtrisent les femmes. Elle a demandé à l’UNESCO de créer une cartographie pour célébrer cette diversité. Il faut aussi que les nations et les institutions reconnaissent les avantages des pratiques culturelles, a-t-elle préconisé. Elle a également demandé que des terres soient réservées pour la célébration des fêtes culturelles autochtones et d’autres pour l’élevage. Enfin, elle a recommandé que les Nations Unies établissent une « journée du patrimoine culturel ».
M. CARLOS ALEMAN (Nicaragua) a présenté les garanties offertes aux peuples autochtones dans son pays, ainsi que les efforts visant à y renforcer la culture nationale. Plusieurs langues autochtones ont été déclarées langues officielles nicaraguayennes dans les zones autochtones, a-t-il indiqué. En application de la Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, adoptée en 2005, le Gouvernement a adopté un programme de développement culturel de la côte caribéenne du Nicaragua. Cela a permis de dresser un inventaire de 2 314 ressources culturelles existant dans les différentes communautés, au terme d’un long processus de participation collective. Nous avons maintenant une base de données mise à jour, s’est-il félicité. En outre, il a indiqué que ces efforts avaient permis de revitaliser ces communautés. Il existe aussi une loi qui requiert le consentement par écrit des autochtones avant la conduite de toute activité prospective en matière d’exploitation de la biodiversité, conformément à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies. Au titre de ses recommandations, il a demandé que le niveau de participation des communautés autochtones soit renforcé et que les pratiques culturelles soient revitalisées. Il a aussi plaidé pour un renforcement des échanges culturels.
M. PHILIPPE KRIDELKA (UNESCO) a rappelé que la culture est un moteur pour le développement, car elle crée des emplois. En Équateur, par exemple, les activités culturelles contribuaient au PIB à hauteur de 5% en 2010, avec 2,6% de la population active travaillant dans ce secteur, dont 60% de femmes. Il a rappelé qu’avec le don de 100 millions de dollars que lui a fait le Gouvernement espagnol, l’UNESCO avait lancé huit projets basés sur la culture. En Amérique latine, la priorité était de combattre les inégalités économiques, a-t-il indiqué, citant notamment la politique de parité homme/femme mise en place en Équateur et l’aide au développement fournie au Costa Rica et au Honduras. En Afrique, les projets menés par l’UNESCO ont permis de promouvoir des pratiques traditionnelles de gestion agricole, a indiqué le représentant. Il a aussi parlé du patrimoine immatériel des peuples autochtones, qui est pris en compte et permet la reconnaissance des rituels des communautés autochtones. Plus de 70 pays ont bénéficié des activités de l’UNESCO pour le renforcement des capacités autochtones, a-t-il indiqué. La Chine a accueilli la semaine dernière un congrès pour la culture, a-t-il aussi signalé. Il a enfin annoncé le débat thématique sur la diversité culturelle prévu à l’Assemblée générale le 12 juin prochain.
États
Mme JOSÉE TOUCHETTE, Vice-Ministre principale aux affaires autochtones et de développement du nord Canada, a déclaré que l’amélioration des résultats scolaires des élèves autochtones est une responsabilité partagée des gouvernements, des collectivités, des éducateurs et des familles. Pour cette raison, le Gouvernement canadien a travaillé à un certain nombre d’ententes tripartites afin d’appuyer une réforme de l’éducation des Premières Nations. Par ailleurs, le Gouvernement et l’Assemblée des Premières Nations ont instauré, en 2011, un panel national, qui a publié en février 2012 un certains nombre de recommandations sur la réforme de l’éducation.
Par la suite, le Gouvernement canadien s’est engagé, dans le budget 2012, à collaborer avec des partenaires motivés pour déposer une loi sur l’éducation de ces Nations qui serait en place d’ici à 2014. Plus de 300 millions de dollars sont investis chaque année pour aider les étudiants inscrits et membres d’une Première Nation, ainsi que les étudiants Inuits, à fréquenter des établissements supérieurs. Des efforts sont également en cours en vue de la réconciliation entre Canadiens autochtones et non autochtones. Le Gouvernement canadien a favorisé la création de nouveaux partenariats avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les collectivités et organisations autochtones, et les secteurs privé et non lucratif, dans le but de faire progresser les priorités et les objectifs communs, a-t-elle conclu.
M. MANDEVILLE PABLO, Coordonnateur Résident du Programme des Nations Unies pour le développement au Nicaragua, a présenté le Programme de revitalisation culturelle, qui est vital, dans la préservation des pratiques culturelles des peuples autochtones de la côte caribéenne du Nicaragua. Des fonds de crédits de recherches culturelles ont été créés dans le cadre du programme, dont l’expérience acquise serait susceptible d’être élargie à d’autres pays.
Mme DONNA CAMVEL, du Caucus du Pacifique, a fait lecture de huit recommandations issues de la réunion du Caucus, dont l’une invitant le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones à se rendre dans la région du Pacifique pour se rendre compte de la situation des autochtones. Elle a appelé l’UNESCO, le PNUD et toutes autres organisations et agences travaillant sur des questions affectant les autochtones à prendre en considération les besoins de ces peuples. Mme Camvel a salué le vote de l’Assemblée générale tendant à inclure les îles polynésiennes de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes. Elle a d’autre part appelé les États-Unis à prendre une décision rapide conduisant à l’autodétermination des autochtones d’Hawaï.
M. JOSEPH ELU (Australie) s’est inquiété des conséquences de la disparition des langues autochtones. « Si les langues traditionnelles disparaissent, nous allons perdre une grande partie de notre identité et de nos connaissances », a dit le représentant de l’Australie. Il a appelé à la protection des territoires traditionnels avant de mettre l’accent sur l’importance de l’industrie et de l’artisanat traditionnels qui génèrent des millions de dollars chaque année en Australie. Il a cité des initiatives en faveur du maintien et du développement des langues du Détroit de Torres en appelant à préserver le droit des populations à revitaliser, préserver et transmettre leur histoire, langue et tradition.
La représentante du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a annoncé l’adoption, en novembre 2012, d’orientations politiques du PNUE en direction des populations autochtones. Elle a annoncé un événement organisé pour la présentation de ces orientations le 23 mai à 18 h 30, au Siège de l’ONU à New York. Elle a rappelé que les questions environnementales sont mieux gérées quand la participation des populations concernées est assurée. Notant l’importance croissante de la coopération Sud-Sud, elle a annoncé que le PNUE organisera une exposition sur la coopération Sud-Sud, à Nairobi, du 28 octobre au 1er novembre 2013 sur le thème « construire une économie verte inclusive ». Elle a invité les populations autochtones à venir présenter leurs initiatives en matière de développement durable et de protection et gestion de l’environnement.
Le représentant du Caucus arctique, s’est particulièrement inquiété que la culture, aujourd’hui en danger, représente la fondation sur laquelle les populations s’épanouissent. Il s’est particulièrement inquiété de la situation des cultures inuites et sámi, touchées par les conséquences du développement industriel et les activités des industries extractives. Il a dit l’importance de tenir compte du consentement libre, préalable et éclairé des populations concernées. Il est particulièrement important de favoriser l’utilisation de nos langues dans l’enseignement, les affaires et le secteur public, a-t-il préconisé. Il s’est inquiété de la disparition rapide des langues autochtones inuites et sámi.
Mme EUFROSINE CRUZ MENDOZA (Mexique) a mis l’accent sur l’élaboration de politiques publiques pour mettre en œuvre la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones. Nous voulons développer les cultures autochtones et soutenir les initiatives autochtones en matière de préservation des langues autochtones, a-t-elle indiqué. La diversité est à la base de notre richesse sociale, a-t-elle dit en ajoutant que la vision de l’univers des populations autochtones est une source de fierté pour le Mexique. Sans culture autochtone, les pays ne pourront aller de l’avant, ni éradiquer la pauvreté, a-t-elle conclu.
MmeTRISHA REIDVde l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) a déclaré que le programme de formation visant à l’amélioration de la prévention des conflits et le renforcement des capacités d’édification de la paix des représentants des peuples autochtones a été développé en 2000 à la demande des ces derniers. Dans le cadre de ce programme, les classes de simulation ont été centrées sur les principaux problèmes auxquels se heurtent ces peuples: leur marginalisation dans les processus politique et économique, les litiges fonciers, et les conflits autour des ressources naturelles. L’UNITAR a activement recherché la participation et la contribution des femmes autochtones à la fois en tant que personnes-ressources et en tant que participantes, ce qui fait que les ateliers étaient composés de 40% de femmes.
M. ZUKURI XUKURI, du Caucus africain, a pris note avec une grande préoccupation de la manière dont l’urbanisation accélérée affecte la préservation des langues autochtones. Les États Membres sont appelés à mettre en œuvre les instruments internationaux pertinents, notamment la Convention sur la diversité biologique, le Protocole de Nagoya sur les ressources génétiques, et la Convention de l’UNESCO sur la diversité culturelle, a-t-il indiqué. Il a exhorté les États à reconnaître la corrélation entre la diversité culturelle et l’environnement, en soulignant que l’UNESCO et d’autres institutions universitaires ont publié un document reconnaissant une telle corrélation. Il a demandé aux Nations Unies d’organiser une journée annuelle d’exposition des produits artisanaux autochtones.
Mme FEODOSIYA GABYSHEVA (Fédération de Russie) a estimé que la langue et la diversité culturelle sont des composantes très importantes de l’identité des peuples. Elle a cité les actions à mener pour assurer la survie des populations autochtones: l’appui aux activités culturelles et à la préservation de l’héritage des peuples de la Sibérie et des régions orientales de la Russie. Des concours, séminaires, manifestations culturelles et folkloriques sont organisés pour veiller à la sauvegarde du patrimoine autochtone, tout en veillant en outre à la protection de la propriété intellectuelle de ces peuples, a-t-elle souligné. Un symposium et des séminaires sur la protection des connaissances et de l’identité culturelle des peuples autochtones dans un contexte de mondialisation ont aussi été organisés sous l’égide du Gouvernement russe, a précisé la représentante.
Mme OTILLITA LUX DE COTI, du Caucus des femmes autochtones, a reconnu, à son tour, le besoin essentiel de pouvoir préserver la diversité des cultures, dont les femmes sont généralement détentrices. Les femmes autochtones ont un rôle majeur en tant que gardiennes de leurs cultures respectives, a-t-elle insisté, en établissant un lien entre les patrimoines culturel et naturel. L’Instance permanente devrait encourager tous les pays à signer la Convention sur le patrimoine immatériel, a-t-elle préconisé. Elle a recommandé aux Gouvernements de respecter les directives visant à l’autonomisation des femmes et à l’égalité entre les sexes.
Mme MARIANNE LYKKE THOMSEN (Danemark) a cité l’existence d’une école pour enfants sourds autochtones au Groenland depuis 1975. Elle a souligné l’importance de la langue et de la culture pour l’autodétermination des populations autochtones. Elle a dit que la langue du Groenland autochtone était la seule langue officielle du Groenland. Elle a précisé que le cinquième parlement des jeunes du Groenland a tenu sa session sur le thème « Avons-nous mis l’accent sur les qualifications dont nous avons besoin? » 57 000 personnes parlent le groenlandais, et l’accent a été mis sur cette langue parlée au centre et dans la région occidentale pour la définition du support écrit y afférent. Les élections législatives du mois de mars 2013, ont porté pour la première fois une femme à la tête du Groenland, qui a décidé de faire de la question linguistique un thème privilégié du Gouvernement du territoire.
Le représentant du Caucus mondial des autochtones a indiqué que le Caucus s’est réuni le 18 mai pour s’entendre sur des recommandations sur la culture en défendant les articles 11 et 12 de la Déclaration de l’ONU sur les droits des populations autochtones. Il a mis l’accent sur le droit de partager la culture au-delà des frontières avant d’appeler l’Instance à demander aux États Membres de mettre fin à la commercialisation des ressources autochtones. « Il faut éviter la bio-piraterie et protéger les connaissances culturelles autochtones de toute exploitation », a-t-il ajouté. Il a appelé l’Instance à demander aux États Membres de défendre la culture des populations autochtones en aidant ces populations à créer leurs propres médias et contrôler leur contenu. Il a appelé à faire passer le message que sans le consentement libre, préalable et éclairé des populations autochtones pour tout ce qui les concerne n’est pas négociable.
Mme KGOMOTSORAHLAGA (Afrique du Sud) a jugé indispensable l’avènement de la convention internationale sur le patrimoine culturel immatériel. Elle a cité la contribution de la Commission de restitution des terres d’Afrique du Sud, qui a pour but de résoudre les litiges fonciers entre l’État et les autochtones par le biais de la négociation.
NICK COOPER, de la « Salamanca High School, Model UNFII », de New York, a demandé à l’Instance de créer des programmes favorisant l’accès des jeunes aux Nations Unies. Il sera le premier de sa famille à entrer à l’université, a-t-il indiqué. Les jeunes ont besoin de formation et d’aide, a-t-il plaidé. D’autre part, les peuples autochtones doivent se remettre physiquement et mentalement des abus qu’ils ont subis, a-t-il poursuivi, en exhortant à la fourniture de bourses pour les jeunes autochtones, sans lesquelles ils ne seront pas en mesure de s’extraire de la pauvreté et de la marginalisation. Le traumatisme qu’ont vécu les autochtones est considéré comme normal au sein de la communauté, qui devrait pourtant se libérer du poids de la colonisation qui a eu lieu dans son histoire et ouvrir une nouvelle ère moderne sur la base de nouveaux mécanismes permettant de déboucher sur l’autonomisation, a-t-il conclu sous des applaudissements nourris.
M. ANDRES TIOLO (Équateur) a également indiqué que ce n’est qu’au terme de cinq siècles d’oppression et de négation des cultures et des traditions autochtones que le monde a commencé à assister à une réémergence et à une reconnaissance des autochtones. Il convient de protéger le patrimoine culturel, partie indivisible du patrimoine national équatorien, a-t-il préconisé, en déclarant qu’en Équateur, cela se concrétise par une économie en pleine expansion avec des partenariats entre acteurs publics et privés. En outre, un plan plurinational a été mis en place pour en finir avec toutes les formes de discrimination. La lutte contre les problèmes des autochtones va de pair avec un processus d’identification, et le lancement d’une campagne nationale pour répertorier et recueillir des données ventilées des divers groupes autochtones du pays est en cours.
Mme ANDREA LAUNDRY, Représentante du Caucus mondial des jeunes autochtones, a exhorté les États Membres à élaborer des politiques en faveur des jeunes autochtones en rappelant que les cultures, habitudes et modes vestimentaires et modes de vie traditionnels doivent être honorées. Il faut donner aux populations autochtones déplacées la possibilité de retourner sur leurs terres. Les populations autochtones doivent être consultées sur toutes les initiatives touchant à leur territoire. L’Instance permanente doit garantir la participation des jeunes autochtones à tous les processus de prise de décisions, a-t-elle dit en souhaitant que les représentants des jeunes autochtones soient nommés par les autochtones et non par les États. Elle a appelé le Mécanisme d’experts de garantir que la question des modes de vie sera étudiée. « Nous sommes la jeunesse autochtone, et nous voulons garantir que nos langues et cultures seront toujours là pour les générations futures », a-t-elle conclu.
La représentante des populations autochtones d’El Salvador a appelé l’Instance à demander au Gouvernement salvadorien de ratifier la Convention 169 de l’OIT. Elle a exhorté l’Instance à demander à El Salvador de modifier l’article 62 de sa Constitution afin que l’espagnol ne soit plus la seule langue officielle. Elle a appelé à la création d’une commission d’enquête pour clarifier les massacres de populations autochtones afin que les responsables soient condamnés.
La représentante du Conseil national des premières nations d’Australie a invité l’Instance à demander à tous les États Membres de mettre en œuvre les recommandations de l’Instance sur l’éducation, la culture et la santé. Elle a invité l’Instance à demander à l’OMS de mener une étude comparative sur la santé des populations autochtones et les incidences sanitaires du développement sur les personnes autochtones.
Le représentant du Conseil foncier aborigène du Pacifique a invité l’Instance à demander aux États Membres de mettre en œuvre la Convention de l’UNESCO sur le patrimoine culturel immatériel, à intégrer les langues autochtones dans leur constitution, et à développer un réel enseignement bilingue.
M. OREN LYONS, Chef de la nation Onondaga, de l’actuel État de New York, a réitéré la recommandation faite par l’Instance lors de sa neuvième session, et qui demandait aux Gouvernements du Canada et des États-Unis de mettre en œuvre l’article 36 de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, en résolvant au plus tôt les conflits existant par une réunion avec les chefs traditionnels des peuples respectifs de la région frontalière. Les deux Gouvernements doivent poursuivre des relations avec la nation Onondaga sans interférence et dans le respect des traditions et de la culture de ce peuple.
La représentante du Programme de formation pour six régions du monde, a demandé à l’Instance permanente de réitérer son appel relatif aux objectifs du développement dans la période de l’après-2015. Elle a salué l’UNICEF pour son travail innovant qui vient en appui de l’enseignement bilingue en Amérique latine, et souhaité que l’UNICEF et les autres agences tirent des leçons des programmes d’éducation bilingue.
La représentante de la communauté assyrienne d’Iraq a appelé le Gouvernement iraquien à mettre en œuvre un Département pour la culture assyrienne. Elle a demandé que la langue assyrienne soit reconnue comme une des langues officielles de l’Iraq. Cette langue parlée par 240 000 personnes en Iraq est menacée d’extinction, a-t-elle dit en citant pour cause les déplacements de populations qui ont eu lieu en raison des conflits, ce qui n’a fait qu’aggraver la situation de la langue assyrienne.
M. MOHAMMED AL-NAQSHABANDI (Iraq) a indiqué que l’Iraq faisait de son mieux pour fournir des soins de santé et d’éducation à toutes les populations iraquiennes quelles que soient leurs origines ethniques, linguistiques ou religieuses. Il a dit que les Assyriens étaient représentés au Parlement iraquien.
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