Pour engager la Somalie sur la voie de la paix, il faut consolider les avantages militaires, fournir une aide humanitaire et réaliser des progrès politiques
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POUR ENGAGER LA SOMALIE SUR LA VOIE DE LA PAIX, IL FAUT CONSOLIDER LES AVANTAGES
MILITAIRES, FOURNIR UNE AIDE HUMANITAIRE ET RÉALISER DES PROGRÈS POLITIQUES
On trouvera ci-après la déclaration que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a faite, aujourd’hui, lors du débat public du Conseil de sécurité sur la situation en Somalie:
Je remercie l’Ambassadeur Li Baodong, de la Chine, d’avoir convoqué la présente séance et d’avoir rallié la communauté internationale à la cause de la Somalie en cette période critique. Je lui souhaite plein succès dans ses fonctions de président du Conseil de sécurité. J’apprécie son leadership.
Je voudrais également remercier S. E. M. Mohamed Abdullahi Mohamed, Premier Ministre de la Somalie, de sa participation à la présente séance. Je salue également la participation de S. E. le Ministre Henry Bellingham, du Royaume-Uni, ainsi que celle de M. Boubacar Diarra, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie, que je remercie de toutes ses contributions.
Je me réjouis que la présente séance ait pu se tenir avec la participation de mon Représentant spécial, M. Augustine Mahiga, qui y participe par visioconférence depuis la Somalie. Je lui suis reconnaissant, ainsi qu’au personnel du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie, d’œuvrer à la poursuite du processus politique. Je remercie également les membres du personnel de l’Office des Nations Unies à Nairobi et du Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) de leur travail inlassable et de l’aide qu’ils ont fournie pour l’évacuation médicale des membres des contingents, en particulier au cours des dernières semaines.
La situation en Somalie requiert une attention urgente. Les avantages militaires du Gouvernement fédéral de transition et de l’AMISOM sont fragiles. La situation humanitaire est catastrophique, et la violence continue de faire rage. Étant donné les revendications de bonne gouvernance et de vie décente exprimées en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les attentes du public risquent de croître également en Somalie. Si nous agissons maintenant, nous pouvons consolider les acquis récents et engager la Somalie sur la voie d’un avenir plus prometteur.
Au cours de violents combats survenus il y a peu, des dizaines de vaillants soldats de la paix burundais et ougandais de l’AMISOM ont accompli l’ultime sacrifice au service de la paix. On dénombre également de plus en plus de victimes civiles. Je me suis entretenu avec les Présidents Nkurunziza et Museveni, et leur ai exprimé ma gratitude pour leur engagement constant en Somalie. J’ai également présenté mes condoléances aux familles des victimes.
Le Gouvernement fédéral de transition et l’AMISOM sont parvenus à étendre la ligne de contrôle à Mogadiscio. Le Gouvernement fédéral de transition et son allié, Ahlu Sunnah Wal Jama’a, ont ouvert de nouveaux fronts dans le sud de la Somalie et ont pris le contrôle de villes importantes qui étaient auparavant aux mains des groupes insurgés. Nous devons les aider à conserver ces avantages afin de restaurer la sécurité et de fournir des services de base, de l’aide humanitaire ainsi qu’un appui au relèvement et à la reconstruction. Ces progrès, qui bénéficient à la population somalienne et aux milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays, sont essentiels pour conserver les avantages militaires chèrement obtenus.
L’AMISOM et les forces du Gouvernement fédéral de transition obtiennent des résultats sur le front militaire. L’AMISOM serait encore plus efficace avec davantage de ressources, notamment des hélicoptères, et avec une aide en matière de renseignements, de surveillance et de reconnaissance. La communauté internationale se doit d’honorer ses engagements. Il existe de sérieuses lacunes dans le dispositif d’appui de l’ONU à l’AMISOM, ainsi que des pénuries importantes de biens et d’équipements militaires. J’exhorte les États Membres à augmenter leurs contributions au Fonds d’affectation spéciale pour l’AMISOM, et à rembourser le matériel appartenant aux contingents et les pays fournisseurs de contingents.
Nous devons également permettre à l’AMISOM d’atteindre son déploiement maximum d’effectif autorisé. La mise en place d’une force viable ressortit tout autant au nombre de militaires qu’aux moyens dont ils disposent. Cela permettrait au Gouvernement fédéral de transition de contrôler un territoire plus vaste, de favoriser des liens directs entre le Gouvernement et ses citoyens, et de promouvoir le dialogue politique et la réconciliation. Cela aiderait en outre les Nations Unies à renforcer leur présence en Somalie.
Dans le même temps, les Institutions fédérales de transition doivent se montrer à la hauteur de la situation en matière politique et dans le domaine de la gouvernance, et s’agissant de l’instauration de la stabilité. Des objectifs politiques clairs doivent encadrer les objectifs militaires. Les Institutions fédérales de transition ont, collectivement, la possibilité de renforcer leur autorité dans les régions qu’elles contrôlent, mais cette situation favorable pourrait ne pas durer. Les Institutions fédérales de transition doivent donc définir une vision commune. Cet esprit doit être l’élément moteur des pourparlers sur l’issue de la période de transition actuelle et sur le nouveau chapitre qui s’ouvre pour la Somalie. Des désaccords concernant la transition pourraient avoir des effets négatifs sur la situation en matière de sécurité et sur les efforts de stabilisation, y compris sur le devenir des membres nouvellement formés des forces somaliennes.
Par ailleurs, toute prorogation de la période de transition doit se mériter. Il convient de se concentrer sur l’accomplissement des tâches en suspens concernant la transition, notamment le processus constitutionnel. La rédaction d’une constitution est primordiale car celle-ci constitue une plate-forme de réconciliation nationale. Le processus permettrait en définitive aux Somaliens de choisir leur propre destin, leur propre structure de gouvernance, et leurs propres dirigeants. Ce processus se doit d’être ouvert et sans exclusive. Mon Représentant spécial, M. Mahiga, s’emploie à faciliter la réalisation d’un consensus sur ces questions. Il collabore également étroitement avec les divers chefs de clans et les chefs religieux afin d’élargir le processus de réconciliation, comme stipulé dans les Accords de Djibouti.
La piraterie au large des côtes somaliennes demeure une menace sérieuse qui s’intensifie. La communauté internationale s’est mobilisée en vue d’éradiquer la piraterie et d’en traduire les auteurs en justice. Je me félicite de l’amélioration de la coordination et du partage d’informations, ainsi que du déploiement d’un important dispositif militaire et d’autres moyens. Néanmoins, les attaques se multiplient, et les pirates étendent leur terrain d’action. Le récent rapport de mon Conseiller spécial pour les questions juridiques liées à la piraterie au large des côtes somaliennes, M. Jack Lang, souligne la nécessité d’agir d’urgence. Nous devons élaborer une réponse intégrée fondée sur trois piliers: la dissuasion, le développement et la sécurité.
Le Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie, en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et l’Organisation maritime internationale, a récemment procédé à la revitalisation du processus de Kampala, un mécanisme de dialogue qui rassemble le Gouvernement fédéral de transition, le Somaliland, le Puntland et d’autres autorités régionales somaliennes. J’espère que cet important forum continuera de se réunir tout au long de l’année.
Je suis également préoccupé par la sécheresse qui sévit en Somalie. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) indique que la sécheresse a entraîné le déplacement de près de 50 000 personnes au cours des deux derniers mois. Un grand nombre de personnes vont chercher de l’aide dans les centres urbains. Dans la région Hiraan, dans le centre de la Somalie, la crise touche 70% de la population. La nourriture n’y a pas été distribuée depuis que le Programme alimentaire mondial s’est vu forcé de suspendre ses activités en janvier 2010.
Outre la sécheresse, les hostilités forcent la population à fuir leurs foyers et villages. Selon le HCR, ces dernières semaines, environ 2 500 Somaliens ont été enregistrés chaque semaine, dans les camps déjà surpeuplés de Dadaab, au Kenya. Avant les combats et la sécheresse, ce nombre était inférieur à 400. Mogadiscio a franchi un terrible jalon l’année dernière lorsque l’on a dénombré 7 600 personnes blessées par des armes – un record depuis plus de 10 ans. Cette tendance alarmante s’est poursuivie cette année, avec plus de 1 000 personnes blessées par des armes signalées dans les hôpitaux de la ville depuis le mois de janvier.
L’appel humanitaire pour la Somalie de cette année visait à rassembler 529 millions de dollars pour des besoins urgents. Le mois dernier, seul un quart de cette somme était financé. Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour les secours d’urgence a alloué 15 millions de dollars provenant du Fonds central pour les interventions d’urgence. Cinquante millions de dollars supplémentaires provenant de fonds communs ont été débloqués pour faire face à la sécheresse. Mais si les longues pluies traditionnelles ne tombent pas en avril, la situation se détériorera encore davantage. L’insuffisance de fonds n’est pas l’unique obstacle; il y a également le manque d’accès aux zones de conflit et d’insécurité où les besoins sont les plus grands.
La Somalie a d’urgence besoin de notre aide. Elle est aux prises avec des niveaux de violence, des conditions climatiques dévastatrices et une insécurité qui ébranleraient même de puissants pays. L’AMISOM et le Gouvernement fédéral de transition ont enregistré quelques progrès, mais ils ont besoin d’un plus grand appui. Si nous consolidons les avantages militaires, fournissons des secours humanitaires et parvenons à réaliser des progrès sur le plan politique, nous pouvons engager la Somalie sur la voie d’une plus grande stabilité et de la paix. Si nous échouons, nous risquons une aggravation de la crise humanitaire, une détérioration de la situation sur le plan de la sécurité, et l’intensification de la menace à la paix et à la stabilité régionales.
Je salue la décision du Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement de contingents supplémentaires en Somalie et de concentrer aujourd’hui ses travaux sur la situation dans le pays. Les besoins de l’AMISOM et du Gouvernement fédéral de transition vont toutefois au-delà d’une augmentation du niveau des effectifs militaires. Ils ont besoin de contingents, d’équipements et de capacités renforcées sur le terrain. Le peuple somalien a également besoin de constater que des progrès réels et concrets sont accomplis. Il a besoin d’aide humanitaire, de stabilité politique et d’un processus constitutionnel porteur d’espoir.
Nous devons tout mettre en œuvre pour faire en sorte que cela soit possible. En œuvrant de concert et en voyant au-delà de l’immédiat, nous pouvons créer les conditions nécessaires pour que les Somaliens puissent mettre fin à la violence et édifier un avenir à l’abri du besoin et de la crainte.
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