À l’heure des bilans, Ban Ki-moon estime que 2010 a été une année importante pour les Nations Unies et le multilatéralisme
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À L’HEURE DES BILANS, BAN KI-MOON ESTIME QUE 2010 A ÉTÉ UNE ANNÉE IMPORTANTE
POUR LES NATIONS UNIES ET LE MULTILATÉRALISME
Vous trouverez, ci-dessous, le texte intégral des remarques faites, aujourd’hui, par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture de sa conférence de presse mensuelle:
Pour commencer, je parlerai de la Côté d’Ivoire.
Depuis ce matin, la situation a dangereusement évolué.
Je vais être clair et direct : toute tentative visant à entraver les opérations des Nations Unies ou à bloquer l’hôtel du Golf est absolument inacceptable.
Toute attaque contre les forces des Nations Unies sera une attaque contre la communauté internationale.
Qu’on se le dise: tous ceux qui seront responsables de la perte de vies humaines auront à répondre de leurs actes.
Dans les circonstances présentes, il est essentiel que les deux parties s’abstiennent de toute provocation et évitent une nouvelle escalade de la violence.
La réaction de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et de l’Union africaine montre que le continent est uni dans sa détermination à voir respecter l’ordre constitutionnel et la volonté du peuple ivoirien.
Tel est également notre message: les résultats de l’élection sont connus. Il y a un vainqueur incontestable. Un partage du pouvoir n’est pas envisageable.
Les efforts déployés par Laurent Gbagbo et ses partisans pour se maintenir au pouvoir au mépris du peuple sont inadmissibles.
Je l’exhorte à se retirer et à laisser son successeur élu prendre ses fonctions sans entrave.
Tel est le message que la communauté internationale doit clairement faire entendre.
Toute autre solution reviendrait à bafouer la démocratie et l’état de droit.
Cette conférence de presse étant la dernière de l’année, permettez-moi de prendre quelques minutes pour partager quelques réflexions avec vous.
2010 a été une grande année pour le multilatéralisme et une grande année pour l’Organisation des Nations Unies.
Nous avons adopté un plan d’action tourné vers l’avenir sur les objectifs du Millénaire pour le développement.
Nous avons mobilisé 40 milliards de dollars pour la Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants. Et nous venons de créer une commission de haut niveau sur la responsabilité pour assurer le suivi des engagements pris et la réalisation des résultats.
Nous avançons dans la lutte contre le paludisme.
Après des années d’efforts, nous avons créé ONU-Femmes et engagé une personnalité dynamique pour la diriger, Michelle Bachelet.
À Nagoya, nous avons accompli des progrès sur la question de la biodiversité.
À Cancún, les gouvernements ont pris des mesures décisives pour bâtir un avenir à faibles émissions de carbone, à l’épreuve des changements climatiques.
Ils se sont mis d’accord sur un ensemble équilibré de mesures qui matérialise les actions d’atténuation promises par tous les pays et renforce la responsabilité dans ce domaine. Ils ont fait des progrès dans le domaine de la protection des forêts, du financement, de l’adaptation et des technologies de la lutte contre le changement climatique. C’est sur cette base que nous travaillerons jusqu’à la dix-septième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra en Afrique du Sud.
Nous avons mené à bien la Conférence décennale des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et nous avons réussi à faire avancer mon plan en cinq points sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires.
Nous avons apporté notre concours à des élections très délicates en Afghanistan et en Iraq.
Nous avons renforcé les capacités de diplomatie préventive et de médiation de l’ONU.
Au total, nous avons appuyé 34 efforts de médiation, de facilitation et de concertation cette année.
Le travail sans relâche des émissaires de l’ONU a notamment permis de désamorcer la crise au Kirghizistan et de maintenir la transition démocratique sur les rails en Guinée. La semaine prochaine, la Vice-Secrétaire générale assistera à l’investiture du nouveau président civil élu de Guinée.
Nous avons avancé dans la lutte contre l’impunité en renforçant la Cour pénale internationale.
Nous avons continué à aider les États Membres à résoudre des problèmes difficiles et à mener des enquêtes impartiales sur des sujets sensibles, de l’incident de la flottille au Tribunal spécial pour le Liban en passant par la Commission Bhutto.
Nous avons amélioré l’efficacité de notre action sur le terrain grâce à la mise en œuvre inédite d’une stratégie globale d’appui aux missions, qui concentre l’appui aux différentes missions de maintien de la paix au sein de centres régionaux uniques plus efficaces.
Nous avons réagi aux séismes dévastateurs qui ont frappé Haïti et le Chili ainsi qu’aux inondations au Pakistan. Nous nous sommes fait l’écho des personnes vulnérables, de ces milliards de personnes dans le monde victimes de l’insécurité économique mondiale.
À l’avenir, notre tâche première est de continuer à avancer.
Les ressources sont plus limitées. Ce qu’on attend de l’ONU ne cesse de s’amplifier. Il nous faut donc privilégier davantage encore la prévention, la préparation, l’anticipation, la persévérance, le tout dans la transparence et la responsabilité.
J’en aurai beaucoup plus à vous dire sur notre programme pour 2011 le mois prochain.
Voici déjà ce que je peux vous dire : nous continuerons de suivre de près la situation en Côte d’Ivoire.
Pour ce qui est du Soudan, je suis vivement préoccupé par les récents affrontements au Darfour. Dans quelques semaines, les habitants du sud du Soudan exerceront leur droit à l’autodétermination et décideront de leur avenir.
L’Organisation des Nations Unies est déterminée à appuyer les parties à l’Accord de paix global et la tenue du référendum, le 9 janvier. Nous nous efforcerons d’aider les deux parties à résoudre les problèmes qui pourraient surgir entre elles par la suite.
Nous chercherons à faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient et à donner effet à la solution des deux États, malgré l’absence de pourparlers directs.
J’exhorte une fois de plus les parties à s’engager véritablement à négocier et à débattre franchement des questions de fond.
Une réunion des représentants officiels du Quatuor est prévue au début de l’année prochaine.
Nous continuerons de nous attacher à améliorer les conditions de vie à Gaza. Je le répète: Israël doit s’acquitter de ses obligations et geler toutes les implantations, y compris à Jérusalem-Est.
S’agissant du Myanmar, malgré de graves irrégularités, les élections et la libération de Mme Aung San Suu Kyi constituent une évolution appréciable, sur lesquels le Myanmar doit faire fond.
Notre stratégie est un engagement global à long terme. Nous continuerons de nous efforcer d’aider le Myanmar à atteindre ses objectifs, à savoir la réconciliation nationale, la transition démocratique et le respect des droits de l’homme.
Nous chercherons également à résoudre plusieurs problèmes qui se posent de longue date, tels que la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne ou la question nucléaire iranienne et nous apporterons notre concours à la formation d’un gouvernement stable en Somalie et à la réunification de Chypre.
S’agissant de Chypre, nous nous sommes employés à donner un nouvel élan aux pourparlers et j’ai l’intention de rencontrer les dirigeants en janvier à Genève. D’ici là, j’espère qu’ils continueront de trouver un terrain d’entente commun, comme je les en avais priés, en novembre, à New York.
Enfin, pour finir, quelques mots sur Haïti.
Je suis préoccupé par les allégations de fraude au cours des récentes élections. Un deuxième tour est prévu pour la mi-janvier.
Nous voulons des élections libres et équitables qui reflètent la volonté du peuple haïtien. J’exhorte tous les candidats et leurs partisans à rester calmes et à s’abstenir de toute violence.
Pour ce qui est du problème du choléra, notre première priorité est de continuer à sauver des vies. Nous nous employons à assurer à la population qu’on peut maîtriser la maladie grâce à un traitement précoce et à des mesures simples et claires.
Il est essentiel de faire passer le message, haut et fort.
Nous avons besoin de crédits supplémentaires. La stratégie de lutte contre le choléra que nous avons lancée en novembre n’a été financée qu’à hauteur de 21 %. Haïti a besoin de toute urgence de plus de médecins, d’infirmiers, de fournitures médicales.
Comme vous le savez, il existe plusieurs théories sur les origines de l’épidémie du choléra en Haïti. Les rapports ne parviennent pas tous aux mêmes conclusions. La MINUSTAH et le Gouvernement haïtien ont procédé à plusieurs tests qui sont jusqu’à présent tous négatifs.
Certaines questions et préoccupations légitimes demeurent, auxquelles il faut apporter la meilleure réponse que la science puisse offrir.
C’est pourquoi, en étroite consultation avec Mme Margaret Chan, qui dirige l’Organisation mondiale de la Santé, j’annonce aujourd’hui la création d’un groupe scientifique international pour enquêter sur l’origine de l’épidémie de choléra en Haïti.
Ce groupe sera pleinement indépendant et aura accès à toutes les installations et à l’ensemble du personnel des Nations Unies. Des précisions seront données dès que le groupe aura été constitué.
Nous ferons tout pour aller au fond de cette affaire et trouver les réponses que le peuple haïtien attend.
Pour entreprendre une véritable action de portée mondiale, il faut mobiliser un appui, nouer de vastes alliances et fédérer les énergies.
Dans la quête de solutions, le progrès ne s’accompagne pas d’une explosion assourdissante mais survient à la suite de petits pas réguliers, et déterminés.
C’est la somme de ces petits pas qui est la véritable mesure du progrès et qui prépare la voie à des changements de grande envergure – et aux percées de l’avenir.
Nous vivons une avancée sans précédent de multilatéralisme – un monde qui change de la façon la plus spectaculaire depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
L’Organisation des Nations Unies ne doit pas être à la traîne.
Nous avons accompli des progrès cette année. Mais nous pouvons en accomplir davantage et il faut continuer.
Je vous remercie. Je serais heureux de répondre à vos questions.
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