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« L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ne sont pas seulement justes mais également “essentielles” à la réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté », déclare Asha-Rose Migiro

25/03/2010
Vice-Secrétaire généraleDSG/SM/497
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Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

« L’ÉGALITÉ DES SEXES ET L’AUTONOMISATION DES FEMMES NE SONT PAS SEULEMENT JUSTES MAIS ÉGALEMENT “ESSENTIELLES”

À LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ », DÉCLARE ASHA-ROSE MIGIRO


On trouvera ci-après le texte de l’intervention faite par la Vice-Secrétaire générale, Mme Asha-Rose Migiro, à la Conférence sur l’autonomisation et l’emploi des femmes (troisième Objectif du Millénaire pour le développement) à Copenhague, le 25 mars:


C’est un plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui.  Je vous remercie de vous être réunis ici pour formuler des recommandations dans la perspective de la réunion plénière de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui doit avoir lieu à New York en septembre prochain.


Je me félicite que M. l’Ambassadeur [Carsten] Staur, qui est parmi nous aujourd’hui et qui est l’une des deux personnes qui animent avec beaucoup de compétence le processus préparatoire intergouvernemental du sommet de septembre, ait accepté de porter ces recommandations à l’attention des États Membres au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York.


Je voudrais remercier le Gouvernement danois d’avoir organisé cette conférence et saluer la créativité de sa campagne « Champion Torch » lancée pour promouvoir le troisième Objectif du Millénaire pour le développement.  C’est un honneur pour moi d’avoir été désignée porte-flambeau de la cause de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.


Lors de la prochaine réunion plénière de haut niveau en septembre, l’Assemblée générale examinera les progrès accomplis dans la réalisation de l’ensemble des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Cette réunion vise à galvaniser toutes les parties prenantes : gouvernements, société civile, fondations, entreprises, mouvements sociaux et religieux, ainsi que l’Organisation des Nations Unies elle-même.


Alors qu’il ne reste que cinq ans avant l’échéance de 2015, cette réunion sera une occasion privilégiée de réajuster les actions entreprises, de pointer les insuffisances, de s’engager sur un programme d’action concret, et de tracer la voie à suivre pour accélérer les progrès.


Dans les jours qui viennent, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, doit constituer un groupe de personnalités éminentes, qui auront pour mission de mobiliser la planète pour que s’intensifient les efforts menés en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire.


Tenir la promesse que nous avons faite aux milliards de personnes défavorisées et vulnérables du monde entier est autant une nécessité pratique qu’un impératif moral.


Cette réunion sera également une occasion importante de renouveler notre engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.


Ce sont là deux questions qui ne doivent pas être envisagées uniquement sous l’angle du troisième Objectif du Millénaire mais qui doivent être appréciées au regard de tous les autres objectifs du même nom.


Il est indispensable que cette démarche imprègne les discussions qui auront lieu à la réunion de haut niveau en septembre.  Réaliser les droits et les perspectives des femmes est non seulement juste et équitable mais également essentiel si l’on veut atteindre tous les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Il n’y aura de véritable développement que si l’on réalise des progrès notables dans les domaines du respect des droits des femmes et de la lutte contre ce fléau qu’est la violence à l’égard des femmes et des filles.


Le renforcement de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes n’est pas qu’un moyen d’accélérer la croissance et le développement.  C’est aussi une fin en soi, car il permet aux femmes et aux filles d’exercer la plénitude de leurs droits et a pour ultime corollaire de stabiliser l’économie et de consolider la société.


Ce principe, qui vous paraîtra sans doute évident, reste malheureusement largement inappliqué.


L’Organisation des Nations Unies œuvre en faveur de l’autonomisation des femmes de multiples manières.  Je voudrais vous faire part d’un exemple qui a marqué le Secrétaire général lors d’un récent voyage.


Situé en Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso est l’un de ces pays qui est en proie à de graves difficultés économiques et sociales.  Dans les zones rurales, se répète une même scène, que l’on peut d’ailleurs observer à peu près partout en Afrique: celle de filles et de femmes en train de broyer du grain dans un tronc d’arbre creux.


Long et éreintant, ce travail reste nécessaire, car la plupart des 8 000 villages ruraux que compte le Burkina Faso n’a pas l’électricité.


Au cours de ces cinq dernières années cependant, l’ONU a fait entrer un appareil révolutionnaire dans 200 villages du pays.


Cet appareil, qui répond au nom de « plate-forme multifonctionnelle », est une sorte de moteur alimenté au diesel ou au biocarburant.  Il permet de pomper l’eau et de moudre le grain ou broyer noix et graines en quelques minutes; il fait ainsi gagner des heures de travail.


Cet appareil peut aussi servir à produire de l’électricité, à alimenter du matériel de soudure et à recharger les batteries de téléphones portables et d’ordinateurs.


Il libère du temps –du temps que les filles peuvent utiliser pour aller à l’école et les mères pour se rendre au dispensaire, réfléchir aux moyens d’écouler leurs produits agricoles ou encore s’accorder un repos bien mérité.

Et il permet aux femmes qui l’exploitent –à celles qui en sont propriétaires– de recevoir une formation aux affaires, de percevoir un revenu et de se tailler une nouvelle place dans la société.


C’est l’autonomisation en action.  C’est grâce à ce genre d’initiatives que nous pouvons améliorer le sort de centaines de millions de personnes.


Comme en témoigne cet exemple, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont indissociables du développement.  Aussi doit-on les envisager au regard de l’ensemble des Objectifs du Millénaire et non seulement du troisième objectif.


Dans le cadre de l’examen de la réalisation des Objectifs du Millénaire au niveau national, les pays devraient s’efforcer d’intégrer des données et des analyses ventilées par sexe afin de pouvoir dresser un tableau complet de la situation.  Il faudrait aussi que la dimension hommes-femmes soit systématiquement prise en compte dans les rapports nationaux sur les Objectifs du Millénaire.


Les pays auront ainsi à leur disposition les renseignements statistiques qui leur permettront de définir des objectifs et des indicateurs nationaux spécifiques, un moyen éprouvé de donner une plus grande visibilité et une plus grande place à la dimension hommes-femmes de tous les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Les progrès accomplis pour réaliser ces objectifs sont inégaux.


On observe de réelles avancées dans de nombreux domaines: lutte contre la pauvreté extrême et la faim, amélioration de la scolarisation et de la santé des enfants, accès à l’eau potable, lutte contre le paludisme et la tuberculose, accès au traitement du VIH.


Entre 1999 et 2004, en Afrique subsaharienne, le nombre de décès dus à la rougeole a ainsi connu un recul historique.  C’est également dans cette région que le taux de scolarisation dans le primaire a enregistré la croissance la plus rapide, passant de 58% à 74% en 10 ans.


Ces progrès ont été accomplis dans certains des pays les moins avancés, ce qui montre bien que les Objectifs du Millénaire sont réalisables dès lors que les politiques sont adaptées, les investissements suffisants et le soutien international au rendez-vous.


Mais si l’on ne redouble pas d’efforts, plusieurs Objectifs du Millénaire ne seront pas atteints dans de nombreux pays.


En ce qui concerne l’objectif no 1, la tendance encourageante que l’on observait depuis le début des années 90 dans le domaine de la lutte contre la faim s’est inversée en 2008 sous l’effet principalement de l’augmentation des prix alimentaires.  Et les enfants sont les premiers à faire les frais de ce renversement.  Plus du quart des enfants des régions en développement présentent une insuffisance pondérale, ce qui réduit leurs perspectives de survie, de croissance et de développement à long terme.


Pour ce qui est de l’objectif no 5, les progrès réalisés dans le domaine de la santé maternelle sont très lents, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie méridionale.  Chaque année, ce sont plus de 500 000 femmes qui continuent de mourir en couches ou des suites de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.


Si les progrès sont insuffisants, ce n’est pas parce que les Objectifs du Millénaire sont irréalisables.


Non, si on en est là, c’est parce que les engagements ne sont pas respectés, que les ressources sont insuffisantes et que la mobilisation et la responsabilité font défaut, autant d’éléments qui ne permettent pas de réunir les fonds, les services, l’appui technique et les partenariats nécessaires.  Et cette situation est encore aggravée par les crises alimentaire et économique mondiales.


Aujourd’hui, nous savons ce qui marche.


D’abord, il faut que le soutien financier soit adapté, constant et prévisible.  Il faut également élargir et approfondir les partenariats et les cadres internationaux dans les domaines de l’allégement de la dette, du commerce, de la fiscalité, des technologies, de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à ses effets.


En 2010, l’aide aux pays en développement devrait atteindre un niveau record, après avoir augmenté de 35% depuis 2004.  Mais le montant de cette aide restera inférieur à ce que les principaux bailleurs de fonds avaient promis il y a cinq ans au sommet de Gleneagles et au Sommet du Millénaire +5.


Ensuite, et c’est tout aussi important, il faut que les politiques adoptées, aux niveaux tant national qu’international, soient cohérentes et prévisibles.


C’est avec un grand intérêt que j’ai écouté les débats qui ont eu lieu aujourd’hui.  Et c’est riches de nombreuses réflexions et d’excellents conseils que nous repartons.


Le Secrétaire général et moi-même sommes fermement résolus à faire en sorte que l’ONU apporte tout l’appui possible aux gouvernements et à la société civile afin de donner réalité à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.


L’ONU met actuellement en place une nouvelle entité composite chargée des questions liées à la problématique hommes-femmes, qui sera chargée de centraliser les travaux de l’Organisation dans ce domaine.  Cela permettra d’améliorer la cohérence de l’action de l’ONU à deux égards.


D’une part, la nouvelle entité apportera un soutien renforcé à l’Assemblée générale, au Conseil économique et social et à la Commission de la condition de la femme.


D’autre part, elle renforcera les moyens dont dispose l’ONU pour aider les États Membres à agir au niveau national.


Ce que nous souhaitons, c’est élargir les perspectives de vie des femmes et des filles dans les pays en développement.


Elles doivent avoir les moyens de faire leurs propres choix.


Elles doivent pouvoir avoir l’espoir d’une vie professionnelle épanouissante.


Enfin, elles doivent aussi avoir les mêmes chances que les hommes d’accéder aux responsabilités et de construire un monde meilleur pour tous.


Je vous remercie sincèrement toutes et tous de votre participation.


Il ne fait pas de doute que les conclusions de la conférence d’aujourd’hui viendront irriguer les débats de haut niveau qui se tiendront à New York en septembre prochain.


Je me réjouis à la perspective de collaborer avec tous les partenaires concernés en vue d’accélérer la promotion de l’égalité des sexes et d’atteindre tous les Objectifs du Millénaire pour le développement en 2015.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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