Ban Ki-moon souligne que le référendum dans le Sud-Soudan doit être crédible et transparent et refléter les aspirations de la population
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BAN KI-MOON SOULIGNE QUE LE RÉFÉRENDUM DANS LE SUD-SOUDAN DOIT ÊTRE CRÉDIBLE ET TRANSPARENT ET REFLÉTER LES ASPIRATIONS DE LA POPULATION
Il assure que la communauté internationale est disposée à assister davantage
pour le bon déroulement des référendums dans le Sud-Soudan et dans la région d’Abyei
On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors du débat du Conseil de sécurité sur le Soudan, le 16 novembre:
Je vous remercie, Monsieur le Président, de cette occasion qui m’est offerte de m’adresser au Conseil en ce moment d’une importance cruciale pour le peuple soudanais et la sous-région. Dans moins de deux mois, le peuple du Sud-Soudan va exercer son droit de vote et se prononcer sur l’avenir du Sud, conformément à l’Accord de paix global de 2005 et avec l’appui du Conseil et de la communauté internationale.
Le processus d’inscription sur les listes électorales dans la perspective du référendum a commencé sur tout le territoire du Sud-Soudan, ainsi que dans 165 localités dans le Nord et huit pays étrangers. Je félicite la Commission du référendum du Sud-Soudan de cette avancée. Le début de ce processus indique que le référendum suit le calendrier prévu.
Pour que le référendum se déroule sans heurt et que le peuple soudanais en accepte pacifiquement les résultats, il est indispensable que le processus soit crédible et transparent, et reflète les aspirations de la population.
Je reste préoccupé par les retards dans les préparatifs, dus en partie à la nette insuffisance du financement national. Il faut lever tous les obstacles qui subsistent pour que la Commission du référendum puisse financer ses opérations; nommer, former et déployer le personnel nécessaire et prendre les décisions essentielles sans tarder.
La communauté internationale, y compris le système des Nations Unies, les organisations non gouvernementales et les donateurs, est disposée à apporter une assistance supplémentaire. La Mission des Nations Unies au Soudan continue d’apporter une assistance technique et logistique à la Commission du référendum du Sud-Soudan et déploie actuellement du personnel supplémentaire pour appuyer ce processus. L’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) apportera une contribution sous forme de moyens aériens, tandis que le Programme des Nations Unies pour le développement et l’Organisation internationale pour les migrations apportent leur aide pour l’achat du matériel et le vote à l’étranger.
Par ailleurs, j’ai constitué un groupe dirigé par l’ancien Président de la Tanzanie, M. Benjamin Mkapa, qui sera chargé d’observer les référendums au Sud-Soudan et dans la région de l’Abyei. Le groupe se trouve actuellement dans le pays pour observer comment se déroule la première semaine du processus d’inscription sur les listes électorales. J’appelle les parties soudanaises à tirer au maximum profit de sa présence.
Outre cet appui direct au processus, la communauté humanitaire a conçu un plan d’urgence pour être en mesure d’apporter rapidement son assistance dans l’éventualité où le référendum donnerait lieu à des violences. Environ 63 millions de dollars sont nécessaires pour déployer de manière préventive l’aide humanitaire à proximité de possibles points chauds. Nous devrons également assurer l’accès aux zones frontalières contestées. L’appui du Conseil à ces efforts serait le bienvenu.
Indépendamment de la bonne volonté et du soutien de la communauté internationale, les référendums sont des processus soudanais. L’engagement de la communauté internationale ne saurait remplacer la disposition des parties à s’acquitter de leurs responsabilités. Le Gouvernement soudanais, le Gouvernement du Sud-Soudan et les Commissions des référendums doivent être à la hauteur et relever ce défi.
Les parties à l’Accord de paix global ont réaffirmé à plusieurs occasions qu’il leur incombait non seulement d’organiser et de conduire les référendums, mais aussi d’assurer la sécurité et de mettre en place un climat propice à l’exercice des droits civiques et politiques. À cet égard, la protection des Sud-Soudanais qui vivent dans le Nord et des nordistes qui vivent dans le Sud est un sujet de grande préoccupation, de même que la possibilité d’un retour aux souffrances et aux pertes en vies humaines ayant caractérisé la longue guerre qui a opposé le Nord au Sud.
Je me félicite que des ministres du Gouvernement soudanais et du Gouvernement du Sud-Soudan aient récemment déclaré que la reprise des hostilités n’était pas envisageable. Pourtant, nous avons également entendu des déclarations publiques hostiles et des accusations de violations du cessez-le-feu, qui risquent d’attiser les craintes et de provoquer des incidents de sécurité isolés susceptibles de dégénérer en un conflit de plus grande ampleur. Le risque de retomber dans un conflit sans le vouloir est particulièrement élevé dans l’Abyei, où les Misseriya vont prochainement effectuer la transhumance annuelle vers le sud du pays. Les sensibilités sont à fleur de peau et peu de progrès ont été accomplis dans la recherche d’une solution pour sortir de l’actuelle impasse politique.
Nous envisageons, en coopération avec les deux parties, des possibilités d’augmenter les effectifs de l’ONU pour renforcer la sécurité durant et après le référendum ainsi que notre capacité de vérifier et de nous tenir informés d’éventuelles violations du cessez-le-feu et de protéger la population civile dans toute la zone d’opérations de la Mission. Cependant, la présence de forces des Nations Unies ne suffira pas à empêcher un retour à la guerre en cas d’hostilités généralisées. Le seul moyen de maintenir la paix est que les parties s’engagent clairement à s’abstenir de se lancer dans des diatribes enflammées, respectent les mécanismes de cessez-le-feu prévus dans l’Accord de paix global et rassurent la population quant à leur volonté de travailler ensemble.
À cet effet, les négociations sur les accords postréférendaires sont essentielles pour apaiser les craintes de la population soudanaise. Cela est encore plus nécessaire dans l’Abyei, où la confusion et les appréhensions concernant les questions portant sur l’après-référendum, notamment la citoyenneté, les droits de pacage, l’accès aux points d’eau et la répartition des revenus pétroliers, contribuent à miner la situation politique et à menacer la sécurité.
J’estime encourageantes les discussions sur ces questions et d’autres problèmes qui ont actuellement lieu entre les parties à l’Accord de paix global dans le cadre de négociations facilitées par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine. Je les exhorte à sortir de l’impasse sur la question de l’Abyei, à s’employer à organiser un référendum crédible dans le Sud-Soudan et à bâtir un avenir paisible et prospère aussi bien dans le nord que dans le sud du Soudan en garantissant la protection et la sécurité des groupes minoritaires, quels que soient les résultats du référendum.
J’en viens maintenant à la situation au Darfour, où il demeure urgent de parvenir à un règlement global et complet. Le Médiateur en chef conjoint Union africaine-ONU pour le Darfour, avec l’appui du Gouvernement qatari et d’autres partenaires, a réalisé des progrès. Il organise des consultations avec les parties pour envisager d’éventuels compromis sur les questions en suspens, la plus importante étant la question du statut administratif du Darfour.
Le processus de paix de Doha a été conçu de telle manière que d’autres mouvements –en particulier le Mouvement pour la justice et l’égalité et l’Armée de libération du Soudan/Abdul Wahid– puissent se joindre aux pourparlers. M. Bassolé poursuit ses consultations avec ces mouvements en vue de les associer au processus de négociation. Je salue les efforts déployés par le Mouvement pour la justice et l’égalité pour se joindre aux pourparlers ainsi que la présence d’un de ses dirigeants à Doha.
Malheureusement, de nouveaux accrochages ont régulièrement lieu sur le terrain entre les Forces armées soudanaises et le Mouvement pour la justice et l’égalité et les affrontements se poursuivent entre les Forces armées soudanaises et l’Armée de libération du Soudan/Abdul Wahid dans le Djebel Marra.
Je suis profondément préoccupé par l’impact que ces affrontements ont sur les civils innocents, une situation totalement inacceptable, et j’insiste de nouveau sur la nécessité de garantir l’accès à l’est du Djebel Marra, où la situation humanitaire est, selon certaines informations, catastrophique. J’invite instamment les membres du Conseil à se joindre à moi pour exiger des parties qu’elles lèvent toutes les restrictions imposées à la liberté de circulation des forces de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour et du personnel humanitaire. La poursuite de ces combats laisse craindre que les parties ne sont toujours pas prêtes à déposer les armes.
C’est pourquoi je voudrais soumettre quatre requêtes particulières au Conseil.
Je lui demande, premièrement, d’encourager le Gouvernement et les mouvements à faire preuve de souplesse au moment où le Médiateur en chef conjoint recherche des compromis en consultation avec eux. Pour pouvoir être accepté au Darfour, tout accord doit tenir compte des causes profondes du conflit et mettre fin à la marginalisation de la région. À cette fin, des concessions importantes devront être faites en ce qui concerne le partage du pouvoir et des richesses, et des efforts sincères devront être déployés pour résoudre les questions relatives à la justice nationale et internationale ainsi qu’à la recherche de la vérité et de la réconciliation.
Deuxièmement, d’encourager les mouvements qui ne participent pas à ce processus à prendre des engagements et à démontrer, par des mesures concrètes, leur attachement au processus de paix. Il est particulièrement important d’exhorter le Gouvernement et le Mouvement pour la justice et l’égalité à conclure un nouvel accord pour mettre fin aux hostilités et à négocier les conditions d’un cessez-le-feu.
Troisièmement, d’appuyer les conclusions du processus de Doha et les mesures ultérieures visant à faire accepter l’accord de paix à l’ensemble de la population.
Quatrièmement, d’encourager le Gouvernement soudanais à prendre des mesures concrètes pour répondre aux attentes des habitants du Darfour qui ont besoin de sécurité, en particulier eu égard à la criminalité et l’impunité, de voir respecter leurs droits politiques et civils et d’une aide économique pour reconstruire leur vie et retourner dans leurs foyers s’ils le souhaitent. À cette même fin, j’exhorte le Soudan à se conformer à la décision du Conseil figurant dans la résolution 1593 (2005).
Les prochains mois seront probablement difficiles pour la population du Soudan et la communauté internationale présente dans le pays. Le référendum peut changer l’avenir du pays et avoir des répercussions considérables dans l’ensemble de la région. La communauté internationale et les parties à l’Accord de paix global, qui ont souligné ces cinq dernières années combien il était important de promouvoir l’unité, doivent à présent respecter la volonté de la population du Sud-Soudan.
À l’avenir, nous ne devons pas oublier que ce référendum, aussi crucial qu’il soit, est l’un des éléments d’un accord qui a mis fin à une horrible guerre. Ce même accord a également ouvert la voie à un renforcement du processus de démocratisation et de développement au Soudan et a contribué à la stabilisation de la région. Les parties soudanaises doivent admettre que la vision d’un Soudan nouveau, dont les grandes lignes sont définies dans l’Accord de paix global, reste tout aussi réaliste aujourd’hui qu’il y a 10 ans, quelle que soit l’issue du référendum.
Si la confiance obtenue en 2005 est rétablie, les parties pourront mettre au point des modèles d’association et de coopération constructifs, ce qui influera aussi de façon décisive et favorable sur l’action menée en vue de parvenir à un règlement définitif du conflit au Darfour.
Le rôle du Conseil demeure essentiel. J’exhorte ses membres à établir des passerelles entre le nord et le sud et, dans le même esprit, à faire en sorte de remédier aux profonds déséquilibres qui alimentent le conflit dans d’autres parties du Soudan afin d’associer le Darfour à un avenir stable, prospère et équitable au Soudan.
Je compte continuer à coopérer étroitement avec le Conseil de sécurité à l’approche de la tenue des référendums et au moment où nous nous efforçons d’aider le Soudan à relever ces défis majeurs.
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