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SG/SM/12970 - DEV/2804

Ban Ki-moon à la Conférence de presse du lancement du rapport sur les OMD: répondre aux besoins des plus vulnérables aujourd’hui pour un avenir viable et prospère demain

23/06/2010
Secrétaire généralSG/SM/12970
DEV/2804
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BAN KI-MOON À LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU LANCEMENT DU RAPPORT SUR LES OMD: RÉPONDRE AUX BESOINS DES PLUS VULNÉRABLES AUJOURD’HUI POUR UN AVENIR VIABLE ET PROSPÈRE DEMAIN


On trouvera, ci-après, le texte de la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à la conférence de presse de lancement du rapport 2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, tenue à New York le 23 juin:


Bonjour, Mesdames et Messieurs, et merci d’être parmi nous.


Nous présentons aujourd’hui le rapport 2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il fait la synthèse des analyses et des données les plus récentes communiquées par plus de 25 organismes du système des Nations Unies et institutions internationales du monde entier.


Il montre que, malgré la crise financière, la crise alimentaire et la crise du pétrole, la pauvreté continue de reculer.  Plus lentement certes, mais les faits sont là: le taux mondial de pauvreté devrait tomber à 15% d’ici à 2015.  Autrement dit, quelque 920 millions de personnes vivront au-dessous du seuil de pauvreté international.  C’est la moitié du chiffre de 1990.


Oui, c’est en Asie que la diminution est la plus nette.  Mais le rapport indique aussi que les plus grands progrès dans l’instruction primaire ont été enregistrés en Afrique subsaharienne.  Et les choses se sont beaucoup améliorées en Amérique latine et dans les Caraïbes au chapitre de la santé des enfants et de l’égalité des sexes.


Mais il faut parler aussi des mauvaises nouvelles.  Ainsi, les progrès ont été inégaux selon les objectifs et les régions du globe.  À certains égards, on observe même un recul.  Prenons la pauvreté, par exemple.  Avant même les crises alimentaire et financière, la faim et la malnutrition étaient en augmentation en Asie du Sud, et nous étions donc déjà mal partis.  Des disparités tenaces persistent entre les riches et les pauvres, entre les ruraux et les citadins, entre les hommes et les femmes.


Comme le montre le rapport,  le risque de non-scolarisation est 3,5 fois plus élevé pour les filles des familles les plus pauvres que pour celles des familles les plus riches.  Et si les filles ne vont pas à l’école, l’économie ne peut pas décoller.  C’est seulement l’un des nombreux points développés dans le rapport.  Mais il illustre une réalité bien plus générale, à savoir que la réalisation des Objectifs du Millénaire ne se limite pas au développement.  En fin de compte, elle vise à produire de la croissance – la croissance de l’économie mondiale.


Et là, nous devons constater une chose très simple: dans le monde d’aujourd’hui, le dynamisme économique se trouve dans les pays émergents.  La reprise économique mondiale passe plus que jamais par le décollage des pays en développement.  C’est la raison pour laquelle je me rendrai à trois reprises en Afrique ce mois-ci et j’y plaiderai la nécessité pour nous tous d’atteindre les Objectifs du Millénaire.


Je vais porter ce message de développement humain au Sommet du G-20 à Toronto dans quelques jours.  Nous devons intensifier notre action dans trois domaines: les dossiers prioritaires, la volonté politique et les partenariats.


Commençons tout d’abord par nous occuper de l’emploi.  Le taux de chômage mondial bat aujourd’hui tous les records.  Quelque 211 millions de personnes sont sans travail – et il faudra créer 470 millions d’emplois dans les 10 prochaines années rien que pour que le chiffre n’augmente pas.


Il est temps aussi de s’intéresser à la question du travail décent, non seulement dans les pays riches, mais partout dans le monde.  Il faut autrement dit investir dans les emplois verts, donner des perspectives économiques aux femmes et aider davantage la plus grande catégorie d’actifs de la planète, à savoir les petits paysans.  La reprise ne peut être durable sans reprise de l’emploi.


Nous devons de même mettre l’accent sur la sécurité alimentaire, en commençant par tenir les engagements pris à L’Aquila.  Nous devons aussi profiter de la crise pour planter les graines de la reprise verte en investissant dans les énergies renouvelables non polluantes.


Deuxième point, nous avons besoin d’une volonté politique plus ferme.  La réussite commence chez soi – et les pays en développement doivent prendre l’initiative d’établir des plans nationaux pour réaliser les objectifs du développement.  Mais ce n’est pas tout.  Les grandes puissances ont promis de doubler leur aide publique au développement en faveur de l’Afrique.  Avec des investissements intelligents et sûrs, on peut faire bouger les choses.


Or, les investissements dans la santé maternelle et infantile sont particulièrement payants.  Au Canada, j’exhorterai donc les dirigeants à appuyer notre plan d’action mondial pour la santé des femmes et des enfants.  Il est inadmissible qu’au XXIe siècle des femmes meurent encore en couches.


Troisième point, les partenariats.  Nous devons élargir notre coalition axée sur l’action.  C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui la création du Groupe d’action en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement, qui réunira des politiques et des intellectuels engagés dans la lutte contre la pauvreté, sous la coprésidence du Président rwandais Paul Kagamé et du Premier Ministre espagnol José Luis Rodríguez Zapatero.


Le Groupe comptera les personnalités suivantes: Muhammad Yunus du Bangladesh; Stine Bosse du Danemark; l’ex-Présidente du Chili Michelle Bachelet; Philippe Douste-Blazy de France; Hiromasa Yonekura du Japon; Wangari Maathai du Kenya; Dho Young-Shim de la République de Corée; Julio Frenk du Mexique; Akin Adesina du Nigéria; Sheikha Mozah Bint Nasser du Qatar; Jan Eliasson de Suède; Graça Machel d’Afrique du Sud et du Mozambique; et des États-Unis Ray Chambers, Bill Gates, Ted Turner et le professeur Jeffrey Sachs.  D’autres sommités de diverses nationalités (Chine, Inde, Japon et Royaume-Uni) se joindront au Groupe.  Comme vous le voyez, un aréopage de choc pour vaincre la pauvreté.


À la clôture du Sommet de septembre sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, nous devrons avoir en mains des plans d’action nationaux concrets pour atteindre les objectifs.  Les membres du Groupe peuvent nous y aider, en mobilisant les bonnes volontés politiques et en lançant un grand mouvement populaire mondial de soutien des OMD.  Le Premier Ministre Zapatero les accueillera le mois prochain à Madrid pour leur première réunion, et je serai des leurs.


Pour résumer, le rapport montre que l’incertitude économique ne peut être une excuse pour relâcher nos efforts en faveur du développement.  Elle doit nous inciter au contraire à hâter le pas.


En investissant dans les OMD, nous investissons dans la croissance mondiale.  En nous concentrant sur les besoins des plus vulnérables, nous jetons les bases d’un avenir plus viable et plus prospère pour tous.


Je vous remercie de votre attention.  Le rapport sera à votre disposition.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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