Ban Ki-moon place les changements climatiques, le désarmement nucléaire et la lutte contre la pauvreté au cœur de l’action des Nations Unies
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BAN KI-MOON PLACE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES, LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ AU CŒUR DE L’ACTION DES NATIONS UNIES
Vous trouverez ci-après le texte de l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’ONU à l’ouverture du débat général de la soixante-quatrième session l’Assemblée générale, le 23 septembre 2009:
Monsieur le Président, je vous présente mes sincères félicitations à l’occasion de votre entrée en fonctions.
Je vous souhaite plein succès et tiens à vous assurer que mon soutien vous est acquis.
Chaque année, en septembre, nous nous retrouvons pour ce rite solennel.
Nous nous réunissons pour réaffirmer notre foi dans notre charte fondatrice, dans les principes fondamentaux que sont la paix, la justice, les droits de l’homme et l’égalité des chances pour tous.
Nous évaluons l’état du monde, échangeons des vues sur les grandes questions du jour, exposons notre vision de l’avenir.
Cette année, l’ouverture du débat général de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale nous invite à nous montrer à la hauteur d’une situation exceptionnelle.
En cette période de crises -crise alimentaire, crise de l’énergie, récession et pandémie de grippe, qui frappent simultanément- le monde attend de nous des réponses.
Le moment est venu de redonner vigueur au multilatéralisme, de mener une action véritablement collective au sein de l’Organisation des Nations Unies.
C’est maintenant ou jamais.
Il est temps de restaurer l’unité des Nations Unies.
Leur unité de but. Leur unité d’action.
Premièrement, faisons de cette année celle où nous, nations unies, avons pris à bras le corps le plus grave problème qui se pose à l’humanité, la menace de changements climatiques catastrophiques.
Hier, 100 chefs d’État et de gouvernement ont tracé les prochaines étapes du parcours vers Copenhague.
Ils ont affirmé la nécessité d’un accord que toutes les nations puissent accepter, qui corresponde aux capacités de chacune, qui réponde aux impératifs dictés par la science et repose sur des « emplois verts » et « une croissance verte », notre ligne de sauvetage pour le XXIe siècle.
La route qui mène à Copenhague passe par un rapprochement des positions. Je crois fermement que ce rapprochement est possible.
Deuxièmement, faisons de cette année celle où les nations se sont unies pour débarrasser le monde des armes nucléaires.
Depuis trop longtemps, cette noble cause est en souffrance.
C’est pourquoi, en octobre dernier, j’ai proposé un plan en cinq points visant à remettre le désarmement à l’ordre du jour de la communauté internationale.
Et maintenant, le climat international change.
La Fédération de Russie et les États-Unis se sont engagés à réduire leurs arsenaux nucléaires.
En mai prochain, à la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, nous aurons l’occasion de faire de réels progrès.
Le sommet historique du Conseil de sécurité –qui se tiendra demain et sera présidé par le Président des États-Unis, parmi nous pour la première fois– sera l’occasion de prendre un nouveau départ.
Si nous agissons maintenant, nous obtiendrons les ratifications nécessaires à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
Ensemble, faisons de cette année celle de l’élimination de la bombe.
Troisièmement, dans notre combat contre la pauvreté, faisons de cette année celle des laissés-pour-compte.
Certains parlent des « pousses vertes de la reprise », mais nous voyons plutôt un voyant rouge qui clignote.
Notre récent rapport, intitulé « La voix des populations vulnérables », met en exergue une crise nouvelle.
Les quasi-pauvres rejoignent les rangs des pauvres.
Une centaine de millions de personnes risquent de tomber sous le seuil de pauvreté cette année.
Les marchés rebondissent, mais ce n’est le cas ni des revenus ni des emplois.
La colère gronde. Les gens se disent que dans l’économie mondiale, ils sont perdants d’avance.
C’est pourquoi nous avons proposé un Pacte mondial pour l’emploi qui favoriserait une croissance équilibrée et durable.
C’est aussi pourquoi nous mettons en place un Dispositif mondial d’alerte vulnérabilités et impacts, qui nous permettra d’obtenir et d’analyser en temps réel des données sur la situation socioéconomique dans le monde.
Nous devons savoir qui est en difficulté, et où, pour pouvoir intervenir au mieux.
C’est encore pourquoi, l’année prochaine à cette époque, nous convoquerons un sommet extraordinaire sur les objectifs du Millénaire pour le développement.
À cinq ans de la date butoir, fixée à 2015, nous devons faire un dernier gros effort.
Nous donnons, comme de juste, la priorité aux femmes et aux enfants.
D’après l’UNICEF, la mortalité de l’enfant a baissé de 28% ces 20 dernières années. Nous pouvons espérer des progrès semblables en ce qui concerne la santé et la mortalité maternelles.
La prévention de la violence sexuelle à l’égard des femmes doit être une priorité absolue.
Soyons bien d’accord: cette violence est abominable. Les dirigeants de tous les pays sont personnellement responsables lorsque de tels crimes sont commis sur leur territoire.
Lorsque les femmes meurent en couches, ou lorsque le viol devient une arme de guerre et que les victimes ne peuvent espérer aucun secours, l’ONU ne peut fermer les yeux.
C’est pourquoi, récemment, vous avez décidé de créer un organisme chargé de toutes les questions touchant les femmes.
Nous n’avons jamais eu autant de moyens de renforcer le pouvoir d’action des femmes.
L’Assemblée générale a aussi réaffirmé la responsabilité de protéger.
À notre époque, aucun pays, petit ou grand, ne peut en toute impunité violer les droits fondamentaux de ses citoyens.
Là où il y a conflit, il doit y avoir justice et responsabilité.
C’est pourquoi les travaux de la Cour pénale internationale sont si importants. Nous espérons que le mandat de cet organe sortira renforcé de la conférence d’examen qui doit se tenir en mai à Kampala.
La paix, la sécurité et la justice sont indispensables à la réalisation de nos nobles objectifs.
Au Darfour, les progrès récents doivent être consolidés et nous devons nous acquitter de notre mandat. À la fin de l’année, notre taux de déploiement sera de 90%. Mais nous manquons toujours de matériel critique, notamment de moyens de transport tels que des hélicoptères.
Par ailleurs, nous devons continuer à tout faire pour stabiliser le Soudan et la région, et pour consolider la paix résultant de l’accord global conclu avec le Sud-Soudan.
La Somalie ne doit pas être oubliée, qu’il s’agisse de soutenir les soldats de la paix africains et le Gouvernement, ou la lutte internationale contre la piraterie.
Au Sri Lanka, nous continuerons d’œuvrer en faveur de la réinstallation, de la réconciliation et du respect du principe de responsabilité.
Nous nous félicitons que le Gouvernement se soit engagé à permettre aux déplacés de rentrer chez eux d’ici à la fin janvier, comme il l’a réaffirmé la semaine dernière à mon envoyé.
Nous ferons tout notre possible pour promouvoir la liberté et la démocratie au Myanmar. Le fait que certains prisonniers politiques aient été libérés la semaine passée ne suffit pas.
Nous demandons aux amis et voisins du Myanmar d’en faire plus, beaucoup plus, dans l’intérêt du Myanmar et de son peuple.
Pour que les élections qui doivent se tenir l’an prochain puissent être considérées comme crédibles et ouvertes à tous, il faudra que tous les prisonniers politiques soient libérés, y compris Daw Aung San Suu Kyi.
Nous nous sommes efforcés de mettre fin aux effusions de sang à Gaza. Pourtant, la population continue de souffrir. Les questions de la justice et de la responsabilité doivent être étudiées.
Nous devons relancer les négociations pour parvenir à un règlement prévoyant deux États, et à une paix globale au Moyen-Orient. Nous appuyons les efforts déployés par les États-Unis pour que reprennent les pourparlers de paix, et nous nous emploierons au sein du Quatuor à ce qu’ils aboutissent.
En Afghanistan, les conditions sont difficiles. Les élections qui se sont tenues récemment ont fait apparaître de sérieux problèmes. Mais n’oublions pas les progrès accomplis, des progrès sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour la suite.
Nous sommes déterminés à aider les Afghans à sortir du tunnel. Nous resterons à leurs côtés.
Nous nous engageons aussi à rester aux côtés du peuple pakistanais.
Nous avons accompli des progrès considérables au Timor-Leste, en Haïti, en Sierra Leone et au Népal. Les choses changent doucement en Iraq, et de nouvelles occasions se présentent à Chypre.
Le moment est venu de dresser le bilan et d’avancer.
Pour terminer, permettez-moi de vous inviter à regarder autour de vous.
À la fin de cette session de l’Assemblée générale, le bâtiment du Secrétariat sera vide.
Notre personnel sera dispersé aux quatre coins de la ville.
L’ONU va être entièrement rénovée.
Notre ambition commune est de faire de cette rénovation extérieure le symbole d’un renouveau intérieur.
C’est pourquoi nous mettons tellement l’accent sur l’édification d’une ONU plus forte pour un monde meilleur.
Nous avons progressé vers l’unité d’action.
Nous nous sommes efforcés d’améliorer notre travail de « consolidation de la paix », afin que les pays qui sortent d’un conflit ne replongent pas dans la guerre.
Nous avons affûté nos outils de médiation et d’action diplomatique pour pouvoir éviter que les crises ne dégénèrent et n’aboutissent à de coûteuses tragédies.
Nous avons créé le Département de l’appui aux missions et sommes en train de mettre au point la stratégie des « nouveaux horizons » pour que nos activités de maintien de la paix soient plus souples et plus efficaces.
Dans tous ces domaines, nous avons besoin que les États Membres nous soutiennent fermement, tout comme nous avons besoin de leur appui pour assurer la sécurité des courageux fonctionnaires en poste dans des lieux dangereux, qui sont trop nombreux à avoir donné leur vie pour les causes que nous servons.
Cette année, j’ai voyagé des glaces de l’Arctique aux steppes de la Mongolie. J’ai vu de mes propres yeux les effets que les changements climatiques ont sur notre planète et sur ses habitants.
En République démocratique du Congo, j’ai rencontré une fille de 18 ans qui avait été violée par des soldats. Pour elle, l’espoir d’une vie nouvelle, c’est l’Organisation des Nations Unies.
Aux sommets de la Trinité-et-Tobago, de Londres et de L’Aquila, j’ai parlé d’une chose plus que de toutes les autres.
L’ONU est la voix de ceux qui n’en n’ont pas, le défenseur des sans-défenses.
Pour vraiment donner espoir à ceux qui n’en n’ont pas, pour vraiment surmonter la crise économique, nous devons inclure toutes les nations et tous leurs citoyens.
Ensemble, nous pouvons faire beaucoup.
Ensemble, nous sommes ici pour prendre des risques, pour prendre nos responsabilités, pour nous montrer à la hauteur d’une situation exceptionnelle, pour entrer dans l’histoire.
Cette année, nous ne pouvons faire moins.
Car les Nations Unies, c’est nous.
Nous sommes le meilleur espoir de l’humanité.
C’est maintenant ou jamais.
Je vous remercie.
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