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SG/SM/12234-SC/9656-PAL/2115

Israéliens et Palestiniens doivent être assurés que les engagements pris seront des engagements contrôlés et respectés, affirme Ban Ki-moon

11/05/2009
Secrétaire généralSG/SM/12234
SC/9656
PAL/2115
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ISRAÉLIENS ET PALESTINIENS DOIVENT ÊTRE ASSURÉS QUE LES ENGAGEMENTS PRIS SERONT DES ENGAGEMENTS CONTRÔLÉS ET RESPECTÉS, AFFIRME BAN KI-MOON


On trouvera, ci-après, le texte de la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban-Ki moon, lors de la réunion ministérielle du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, aujourd’hui:


Le Conseil se réunit à la veille de quelques semaines très importantes pour la cause de la paix au Moyen-Orient.  À cet égard, je salue et apprécie la participation de nombreux ministres, et je me félicite de l’initiative prise par la présidence russe.


À la suite des résultats peu probants des négociations tenues l’année dernière et de l’épanchement de sang à Gaza, il n’y a eu ces trios derniers mois pratiquement aucun progrès sur les deux résolutions clefs –1850 (2008) et 1860 (2009)– adoptées récemment par le Conseil.  J’espère que la présente séance aidera à donner orientation et élan au processus.


Très prochainement, le Président des États-Unis, M. Obama, recevra à Washington les dirigeants israélien et palestinien, ainsi que les principales parties de la région.  J’espère que le Quatuor se réunira rapidement et tiendra d’intenses consultations avec les membres de la Ligue des États arabes.  La difficulté est de commencer à mettre en œuvre des changements transformatifs sur le terrain et de relancer un processus irréversible en vue d’un accord israélo-palestinien.  L’objectif final reste la création d’un État palestinien indépendant, démocratique et viable vivant aux côtés d’Israël dans la paix et la sécurité, et la réalisation d’une paix juste, durable et globale dans la région.   


Le règlement du conflit israélo-palestinien est fondamental pour le bien-être des deux peuples, de la région et du monde.  Le Conseil, le Quatuor, les États de la région, l’ensemble de la communauté internationale et moi-même, en ma qualité de Secrétaire général, devons chacun assumer pleinement notre rôle.  Les résolutions du Conseil de sécurité, les obligations et accords précédents et l’Initiative de paix arabe nous fournissent le cadre nécessaire.  Nous devons être aussi déterminés que nous sommes patients, aussi insistants que secourables; et nous devons être aussi attachés aux principes que compréhensifs face aux préoccupations bien réelles des deux parties.  Les parties doivent être assurées que le processus tiendra compte de leurs intérêts fondamentaux.  Et, pour cela, elles doivent être sûres que les engagements pris seront des engagements contrôlés et des engagements respectés. 


À ce sujet, je crois qu’il existe une crise profonde de confiance parmi la population sur le terrain, et ce, pour de bonnes raisons.  Les Palestiniens continuent de voir des actions unilatérales inacceptables menées à Jérusalem-Est et ailleurs en Cisjordanie : démolition de maisons, intensification des activités de peuplement, actes de violence commis par les colons et restrictions oppressives à la liberté de circulation imposées par un système de permis, de points de contrôle et la barrière de séparation, qui sont en rapport étroit avec les colonies de peuplement.  Il est temps qu’Israël procède à un changement fondamental de ses politiques en la matière, ce qu’il n’a cessé de promettre sans pour autant le faire.  Israël donnera la preuve véritable de son engagement en faveur de la solution des deux États en prenant des mesures sur le terrain et en étant sincèrement prêt à négocier sur toutes les questions clefs, dont Jérusalem, les frontières et les réfugiés, sur la base des engagements existants d’Israël. 


L’Israélien de la rue continue de vouloir être assuré qu’un futur État palestinien garantira son droit à vivre dans la paix et la sécurité.  À cet égard, les tirs aveugles de roquettes qui ont fait des morts et provoqué des souffrances parmi les civils et des dégâts matériels en Israël sont non seulement totalement inacceptables, mais sont aussi contreproductifs et doivent cesser.  L’Autorité palestinienne doit poursuivre ses efforts en vue de consolider les progrès réalisés dans la mise en place et le déploiement d’une structure de sécurité efficace et des institutions opérationnelles d’un futur État, et Israël doit faciliter cette tâche.  Pour sa part, Israël doit se retenir de recourir à une force excessive qui fait des morts et des blessés parmi les civils, comme cela a été le cas lors du récent conflit survenu à Gaza et dont les conséquences ont été si catastrophiques.  Il est indispensable que toutes les parties respectent pleinement et fermement le droit international humanitaire.


Le commencement de l’autonomie palestinienne a été une réalisation clef des efforts déployés l’année dernière, et elle ne doit pas être mise en péril par la crise financière à laquelle l’Autorité palestinienne est confrontée.  Je lance un appel aux donateurs, notamment ceux de la région, pour qu’ils s’acquittent au plus tôt des engagements pris, y compris pour ce qui est de l’appui budgétaire et de la reconstruction de Gaza.


Je reste extrêmement préoccupé par la situation qui règne à Gaza et alentour, caractérisée par des divisions palestiniennes internes et des tensions entre Israël et le Hamas qui enferment la population civile dans un tourbillon de désespoir.  L’Organisation des Nations Unies continue d’appuyer pleinement les efforts déployés par l’Égypte pour parvenir à la réconciliation entre les groupes palestiniens et elle est prête à engager des pourparlers avec un gouvernement qui unisse la bande de Gaza et la Cisjordanie dans le cadre de l’Autorité palestinienne légitime.  À titre provisoire, nous nous féliciterions également de la création de mécanismes pragmatiques qui pourraient aider les Palestiniens de la bande de Gaza à se concentrer sur la reconstruction, les questions de sécurité et les préparatifs en vue des élections. 


Je suis persuadé que la politique de bouclage constant de la bande de Gaza n’affaiblit nullement les adversaires d’Israël à Gaza, mais cause au contraire des dommages incommensurables au tissu social dans la population civile.  Près de quatre mois après le conflit, au cours duquel 3 800 maisons et deux centres de soins de santé ont été détruits, et 34 000 logements, 15 hôpitaux, 41 centres de soins de santé et 282 écoles ont subi des dommages à des degrés divers, nous ne pouvons acheminer rien d’autre que de la nourriture et des médicaments dans la bande de Gaza pour aider une population qui a vécu au milieu d’une zone de guerre.  C’est totalement inacceptable. 


J’invite Israël à répondre de manière positive aux appels répétés visant à permettre l’acheminement de verre, de ciment et de matériaux de construction dans la bande de Gaza.  Au lendemain de la guerre, et compte tenu de l’importance des souffrances humaines qui est aujourd’hui évidente sur le terrain, je demande à tous les membres de ce Conseil et au Quatuor de soutenir les efforts de l’Organisation des Nations Unies dans la bande de Gaza.  Nous sommes prêts à travailler avec des hommes d’affaires locaux pour aider à prendre des mesures visant à réparer et à reconstruire les maisons, les écoles et les centres de santé.  Je peux assurer à tous les membres du Conseil que nous allons continuer de garantir la pleine intégrité des programmes et des projets.


En effet, les dispositions de la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité –un cessez-le-feu durable et pleinement respecté, la prévention du trafic d’armes illicite à Gaza, la réouverture des points de passages, conformément à l’Accord réglant les déplacements et le passage, et les progrès accomplis en vue de la réconciliation entre Palestiniens sous l’égide de l’Autorité palestinienne légitime– doivent être respectées.  Des efforts sur ces éléments, ainsi qu’un échange de prisonniers, restent les seuls moyens de modifier efficacement et pour le mieux la dynamique sur le terrain.


Enfin, je voudrais souligner l’importance du contexte régional.  Les pays arabes ont réaffirmé leur attachement à l’Initiative de paix arabe, qui offre à Israël la possibilité de l’acceptation et de la sécurité dans la région sur la base du principe de l’échange de territoires contre la paix.  Cela reste un cadre essentiel autour duquel peut et doit s’articuler une approche globale de la paix.  Je continue de croire fermement dans le potentiel de la mise en œuvre du volet régional du processus de paix, à côté d’un volet palestinien revitalisé, notamment entre Israël et la République arabe syrienne, sur la base du principe de l’échange de territoires contre la paix.  Je suis favorable à la convocation d’une conférence internationale à Moscou.  Je me tourne également vers les pays arabes et les pays de la région pour jouer un rôle positif au regard de la situation palestinienne interne en exhortant toutes les parties à renoncer à la violence et à l’acquisition d’armes et à se tourner vers la réunification, sous l’égide d’une seule Autorité palestinienne attachée au respect des principes de l’Organisation de libération de la Palestine et, de fait, à l’Initiative de paix arabe elle-même.


Comme une bicyclette qui tombe lorsqu’on la laisse à l’arrêt, la situation sur le terrain pourrait facilement se dégrader si l’on ne donne pas une bonne direction et si on n’insuffle pas rapidement un véritable élan.  La violence et la terreur ne donneront aux Palestiniens ni un État ni la dignité, et l’expansion des colonies de peuplement et les bouclages n’apporteront ni la paix ni la sécurité à Israël.  Et aucune solution à deux États ne pourra être trouvée si la situation entre la bande de Gaza et le sud d’Israël poursuit son cours actuel de destruction, ou si les Palestiniens sont en permanence divisés.


J’invite les parties à respecter tous les accords existants et les engagements antérieurs et à poursuivre leurs efforts de façon irréversible vers la solution à deux États, notamment en mettant pleinement en œuvre les engagements sur le terrain.  Je crois aussi que la crédibilité de la communauté internationale est en jeu.  Nous sommes loin du stade où nous nous espérions être aujourd’hui lorsque nous avons lancé une nouvelle initiative en faveur de la paix il y a de moins de deux ans.  Toutefois, je me réjouis du profond consensus qui existe sur l’ampleur de la tâche et l’importance qu’il y a à la mener à bien.  Avançons avec confiance et détermination, en sachant que, si nous assumons nos responsabilités, nous aiderons également les parties à assumer les leur.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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