LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EXHORTE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ À PRENDRE DES MESURES POUR METTRE UN TERME À L’IMPUNITÉ DES AUTEURS DE VIOLATIONS GRAVES À L’ÉGARD D’ENFANTS DANS LES CONFLITS
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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EXHORTE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ À PRENDRE DES MESURES POUR METTRE UN TERME À L’IMPUNITÉ DES AUTEURS DE VIOLATIONS GRAVES À L’ÉGARD D’ENFANTS DANS LES CONFLITS
On trouvera ci-après le texte intégral des remarques faites par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, devant le Conseil de sécurité lors de son débat sur les enfants et les conflits armés, le 29 avril:
Je voudrais vous remercier, Madame la Présidente, de participer au débat important d’aujourd’hui et de l’avoir organisé. Vous vous êtes résolument engagée en faveur de cette question, notamment en tant que Présidente du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés.
Avant de faire mes observations, je voudrais dire combien je suis rassuré et encouragé par ce que vous venez de dire sur la propagation de la grippe porcine. Comme cette grippe porcine s’est propagée dans de nombreuses parties du monde, y compris aux États-Unis, elle constitue désormais un nouveau défi mondial, qui exige une coordination et un appui à l’échelon mondial.
En ma qualité de Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, je tiens à signaler que tous les organismes des Nations Unies mobilisent actuellement leurs ressources pour jouer un rôle de chef de file, sous la direction de Mme argaret Chan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). J’ai également dit quelle était ma position en tant que Secrétaire général. Nous nous réunissons maintenant avec des groupes pilotes sous la direction de la Vice-Secrétaire générale, en étroite collaboration avec l’OMS.
Les États Membres bénéficient de l’appui inconditionnel de l’ONU, et j’espère sincèrement qu’avec la pleine participation et l’appui de tous à l’échelon mondial, nous réussirons à vaincre et à combattre la grippe porcine, qui est aujourd’hui pour nous un défi important à relever. En plus de la crise financière, des changements climatiques et des crises énergétique et alimentaire, nous sommes confrontés à cette très grave pandémie. Elle exige la coopération de la communauté internationale tout entière, et je compte sur la volonté politique et l’adhésion non seulement des États membres du Conseil, mais de l’ensemble de la communauté internationale.
Je reviens maintenant au thème du débat d’aujourd’hui.
La vérité, dit-on, est la première victime de la guerre. Et les victimes les plus jeunes y laissent d’abord leur enfance. Les combats ne démolissent pas que les infrastructures; ils détruisent les principes précieux consacrés par la Convention relative aux droits de l’enfant. À mesure que les bombes ravagent les écoles, les hôpitaux et les familles, les enfants perdent leurs droits à l’éducation, aux soins de santé et à l’amour. Trop nombreux sont ceux qui perdent même le droit à la vie.
J’ai été le témoin de scènes de souffrances insupportables. Je n’ai jamais été aussi indigné que lorsque, récemment, j’ai parlé avec des filles qui avaient été victimes de sévices sexuels pendant le conflit en République démocratique du Congo.
Aussi douloureuse que soit la description de ces atrocités, le silence ne sert qu’à protéger les auteurs et perpétuer leurs crimes. Le témoignage des victimes –leur dignité même après des violations aussi choquantes– ont renforcé plus que jamais ma volonté de faire entendre ma voix pour dénoncer leurs souffrances et exiger des actes.
La présente séance rappelle une fois de plus que la situation des enfants pris dans des zones de conflits constitue une menace pour la paix et la sécurité. Depuis 1998, le Conseil a adopté six résolutions visant à faire cesser le recrutement d’enfants soldats, le meurtre, la mutilation et le viol d’enfants, les enlèvements, les attaques contre des écoles et des hôpitaux, et à éliminer les obstacles à l’accès humanitaire.
Le Conseil n’a pas fait qu’adopter des résolutions. Il a mis en place un Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, ainsi qu’un mécanisme de surveillance qui fait rapport à ce Groupe sur les violations graves commises contre des enfants se trouvant dans des situations préoccupantes. J’ai, quant à moi, demandé à ma Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés d’intensifier encore ces efforts.
Dans le courant de la présente séance, les membres du Conseil écouteront Grace Akallo, une ancienne enfant-soldat. Si, après tout ce qu’elle a enduré, elle peut encore venir devant le Conseil défendre la paix, les membres du Conseil se doivent de répondre à son courage et à sa force intérieure par des actes.
Ainsi, je voudrais axer mes prochaines observations sur ce que, à mon avis, le Conseil doit faire. Mon appel s’adresse également aux conflits et à l’ensemble de la communauté internationale.
Le Conseil est saisi de mon dernier rapport sur les enfants et les conflits armés (S/2009/158). Ses annexes citent 56 parties, dont des États et des acteurs non étatiques, qui recrutent des enfants soldats et commettent d’autres violations graves. Dix-neuf de ces parties sont des auteurs de violations répétées qui figurent dans nos listes depuis plus de quatre ans.
J’exhorte le Conseil à envisager de prendre des mesures pour lutter contre cette impunité et empêcher ces auteurs de violations de continuer à faire des victimes parmi les enfants. Il faut renforcer le cadre de protection. Je recommande au Conseil d’envisager, pour le moins, d’élargir les critères pour que l’on puisse inscrire sur les annexes de mon rapport les parties qui commettent des viols et d’autres actes de violence sexuelle graves à l’encontre d’enfants dans les conflits armés.
L’année dernière, le Conseil de sécurité a adopté une résolution historique, la résolution 1820 (2008), axée expressément sur la violence sexuelle et sexiste. Cette mesure a été cruciale, mais elle ne prendra tout son sens que lorsque ses dispositions seront traduites en actes. J’exhorte le Conseil à élargir le champ d’action du mécanisme de surveillance et de communication de l’information afin d’y inclure la violence sexuelle et, si possible, le meurtre et la mutilation d’enfants. C’est une première mesure cruciale pour que les auteurs de ces crimes odieux répondent de leurs actes.
Nous devons également tout mettre en œuvre pour veiller à ce que, quelle que soit la gravité des conflits, les écoles soient toujours protégées. Nous devons appuyer les efforts déployés par nos partenaires humanitaires pour que les écoles continuent à fonctionner en temps de crise et pour préserver le droit à l’éducation. J’appelle toutes les parties à des conflits à faire en sorte que les écoles restent des zones de sécurité pour les garçons comme pour les filles.
Tous les pays et tous les groupes doivent mettre la protection des enfants dans des situations de conflits armés au-dessus des questions de politique. J’exhorte les États Membres à autoriser des contacts entre l’ONU et les parties non étatiques en vue de garantir la protection des enfants vulnérables. Nous devons travailler avec ces parties pour élaborer des plans d’action en vue de faire cesser le recrutement et l’utilisation d’enfants. Nous devons prendre langue avec elles afin qu’elles prennent des engagements précis pour remédier aux violations graves commises contre des enfants.
J’exhorte également tous les États qui n’ont pas ratifié le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant à le faire sans plus tarder. Nous avons 193 parties à la Convention –un chiffre impressionnant– mais seules 127 d’entre elles ont ratifié le Protocole. Cet instrument doit être universel.
Les donateurs ont également un rôle particulier à jouer. Les Principes directeurs relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés (Principes de Paris) préconisent une approche globale pour la réinsertion des enfants dans leurs communautés, et cela pourra se faire grâce aux contributions des donateurs.
Je demande instamment aux parties à des conflits de respecter le droit international humanitaire relatif à la protection des enfants et de tous les civils. Enfin, je tiens à souligner le rôle du Conseil pour veiller à ce que les auteurs de violations répondent de leurs actes. Nous devons signaler avec force au monde entier que les auteurs de crimes odieux contre des enfants pris dans des situations de conflit seront traduits en justice.
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