COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT: LE MONDE POURRAIT COMPTER 9 MILLIARDS D’HABITANTS EN 2045, SELON UN RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
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Commission de la population et du développement
Quarante-deuxième session
5e et 6e séances – matin et après-midi
COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT: LE MONDE POURRAIT COMPTER 9 MILLIARDS D’HABITANTS EN 2045, SELON UN RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
La population mondiale, estimée aujourd’hui à 6,8 milliards de personnes, pourrait atteindre les 9 milliards en 2045 si les taux de fécondité continuent de baisser dans les pays en développement, a indiqué aujourd’hui, devant la Commission de la population et du développement, le Département des affaires économiques et sociales (DESA), qui présentait le rapport du Secrétaire général sur les tendances démographiques mondiales*.
La Commission a, par ailleurs, achevé le débat général de sa quarante-deuxième session, consacré à « l’expérience des pays dans le domaine de la population » dans le cadre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) pour atteindre les objectifs de développement convenus à l’échelon international.
Le rapport du Secrétaire général examine les tendances et les perspectives démographiques mondiales, y compris pour les différents groupes de développement et les principales zones. Il porte également sur les changements concernant la taille de la population et sa croissance, la fécondité et la contraception, la mortalité, les migrations internationales, et sur les politiques démographiques relatives à ces changements
Le Directeur adjoint de la Division de la population de DESA, M. Thomas Buettner, qui présentait ce rapport, a expliqué que les prévisions de croissance démographique variaient considérablement d’un pays à l’autre. On s’attend en effet à une croissance démographique élevée dans plusieurs pays en développement, alors que la croissance démographique des pays développés augmentera peu ou pas du tout. Les différences entre les taux de fécondité sont la cause de ce phénomène, a-t-il affirmé.
En outre, dans la plus grande partie du monde, la longévité continue d’augmenter, a précisé M. Buettner. L’espérance de vie est estimée à 67,2 ans dans le monde entier. Elle se situe en moyenne à 76,5 ans dans les pays développés et à 65,4 ans dans les pays en développement. Dans les pays les moins avancés (PMA), dont les deux tiers de la population sont gravement touchées par la pandémie de VIH/sida, l’espérance de vie est d’à peine 54,6 ans.
M. Buettner a également noté qu’en 2008, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la population urbaine avait dépassé la population rurale dans le monde entier. D’ici à 2050, il est probable que 70% de la population mondiale se trouvera dans les zones urbaines, a-t-il souligné.
La Division de la population de DESA a également présenté le rapport du Secrétaire général sur l’exécution du programme et le bilan des activités de la Division menées dans le domaine de la population en 2008**, ainsi que le projet de programme de travail de la Division de la population pour 2010/2011***.
La prochaine séance publique de la Commission de la population et du développement aura lieu demain, jeudi 2 avril à 10 heures. La Commission entendra, notamment, la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Sylvie Lucas.
*** E/CN.9/CRP.1
EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: CONTRIBUTION DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT CONVENUS À L’ÉCHELON INTERNATIONAL, NOTAMMENT LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
Suite et fin du débat général
Mme OLGA RODIONOVA (Fédération de Russie) a affirmé que, malgré la dégradation de la situation économique mondiale, son pays avait pris toutes les mesures possibles pour renforcer les résultats positifs concernant la situation démographique obtenus au cours de ces dernières années. Ces mesures ont permis d’aider matériellement les familles avec enfants. Les allocations familiales seront prochainement augmentées afin de tenir compte de l’inflation. Les familles ayant deux enfants ou plus pourront obtenir des aides pour rembourser les prêts hypothécaires auxquels elles ont souscrit pour acquérir un logement. La représentante a souligné qu’en 2005, la population russe diminuait en moyenne de 816 000 personnes. Elle a ajouté que la Fédération de Russie comptait stabiliser sa population dans les années à venir.
Après avoir réaffirmé son engagement à l’égard du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), M. PEDRO COSTA PEREIRA (Portugal) a fait part de l’expérience de son pays dans le domaine de l’éducation où il a organisé une bonne coordination entre les Ministères de la santé, de l’éducation, de l’emploi et de la solidarité sociale. Le taux d’éducation supérieure, pour les étudiants âgés entre 18 et 22 ans, est passé de 15,1% en 1994/1995 à 28,1% en 2007/2008. Dans l’enseignement supérieur, les femmes représentent 34% des étudiants. Le représentant a rappelé que l’éducation peut être améliorée par le biais de la promotion de l’autonomisation des femmes et d’une bonne démocratie. En matière de santé génésique, le Portugal a mis l’accent sur la santé des mères et sur la lutte contre le VIH/sida. Des dépistages sont organisés dans les centres de planification familiale, a indiqué le représentant. Pour assurer l’égalité entre les sexes, des mesures ont été prises pour s’attaquer notamment à la violence basée sur le sexe, en mettant en place des abris et des lignes de téléphone disponibles 24 heures sur 24 à l’intention des femmes victimes de la violence. Le représentant a aussi parlé d’une banque de données qui regroupe des statistiques liées au sexe avec des données ventilées. Le Portugal a élaboré divers plans d’action pour mettre en œuvre la CIPD, a-t-il encore déclaré. Enfin, il a appelé à renforcer les efforts de coopération au niveau mondial, en évoquant à cet égard les programmes de coopération entre son pays et des pays africains lusophones. La pauvreté et la lutte contre le VIH/sida figurent parmi les domaines prioritaires d’intervention, a-t-il précisé.
M. SHIGESATO TAKAHASHI (Japon) a affirmé que son pays avait toujours mis l’accent sur les deux concepts importants de la coopération internationale, à savoir la lutte contre la pauvreté et la faim et la sécurité humaine. Cette approche participative implique l’engagement de toutes les parties prenantes pour atteindre une croissance économique durable par le biais de l’appropriation par les pays en développement. Le Gouvernement du Japon, a-t-il ajouté, a annoncé qu’il accordait à l’Afrique une somme de 4 milliards de dollars sous forme de prêts sur 5 ans destinés à soutenir les pays du continent en matière de développement, d’éducation, de santé, d’eau et d’assainissement. Deux milliards de dollars supplémentaires seront débloqués sous forme de programmes d’assistance technique, a-t-il précisé. Le représentant a indiqué qu’un montant de 17 milliards de dollars au titre de l’aide publique au développement (APD) sera accordé à l’Asie, qui représente un gros potentiel, avec 40% de la population mondiale.
M. EDUARDO RIOS-NETO (Brésil) a fait part de la baisse du taux de fécondité dans son pays, qui est passé de 4,4 enfants par femme en 1980 à 2,3 en 2000. Il a cependant constaté que les bénéfices de cette évolution ne sont que partiels. En l’absence de politique sociale adaptée et de stabilisation des conditions macroéconomiques, on risque de laisser passer les opportunités qui se présentent avec la baisse de la croissance démographique, a-t-il souligné. Au Brésil, plusieurs conseils consultatifs ont été créés pour mettre en œuvre le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement. Un secrétariat spécial des politiques concernant les femmes a également été créé pour mettre notamment en œuvre le second plan national, axé sur le rôle des femmes. Le pays lutte aussi contre la violence à l’égard des femmes, a expliqué le représentant, et a adopté une loi en ce sens en 2006. Ce texte permet de faire mieux respecter les dispositions visant la protection juridique des femmes, en alourdissant les sanctions infligées aux auteurs de violences dont elles sont victimes.
Le Ministère brésilien de la santé est aussi chargé d’améliorer la santé maternelle et infantile, a poursuivi M. Rios-Neto. La planification familiale est considérée comme un choix personnel et les droits sexuels et génésiques peuvent être exercés pleinement. Le Brésil est bien connu pour ses politiques pionnières en faveur des personnes vivant avec le VIH/sida, a-t-il rappelé. La prévalence du VIH/sida a d’ailleurs commencé à se stabiliser dans le pays. En dépit de ces progrès, le Brésil est encore confronté au problème des maladies sexuellement transmissibles, en particulier du VIH/sida, a-t-il signalé. Le Gouvernement a mis en place des mécanismes de suivi pour lutter contre l’épidémie et fournit des préservatifs gratuits, y compris des préservatifs féminins.
M. BELHACHMI EL HOUSSINE (Maroc) a déclaré que les principes politiques de population mis en œuvre au Maroc étaient « en parfait accord » avec ceux de la Déclaration du Millénaire et des recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement. Il a indiqué que différentes stratégies de lutte contre la pauvreté avaient été adoptées au Maroc, notamment le lancement, en 1995 de l’Initiative nationale pour le développement humain. Le représentant a également expliqué que le seuil national de pauvreté était passé de 15,3% en 2001 à 9% en 2007, et que la plupart des personnes affectées vivaient en milieu rural. Cette amélioration du niveau de vie masque, néanmoins une rigidité dans la répartition sociale des fruits de la croissance, a-t-il signalé. Aussi, la part du cinquième le plus pauvre de la population dans la consommation finale était restée immuable depuis 1990. Cette situation risque d’entraver ces acquis en raison de la persistance de déficits importants dans les domaines sociaux, particulièrement en milieu rural, surtout compte tenu du contexte mondial actuel marqué par la crise économique et financière, a-t-il dit. Abordant ensuite la question de l’éducation de base, le représentant du Maroc a indiqué que le taux de scolarisation chez les filles vivant en milieu rural avait presque quadruplé entre 1990/91 et 2006/07, faisant cependant remarquer que d’une manière générale, les taux de préscolarisation et d’abandon risquaient d’estomper les acquis enregistrés. Un plan d’urgence a donc été lancé au début de l’année scolaire 2008-2009 pour consolider la généralisation de l’enseignement et améliorer sa qualité.
En matière de santé, le représentant a signalé qu’en dépit de l’amélioration de l’espérance de vie, le niveau de mortalité maternelle restait assez élevé, notamment dans les campagnes. Il a indiqué que le Maroc s’était attelé à poursuivre une stratégie visant, entre autres, à faciliter l’accès aux soins pour les plus démunis, améliorer la réactivité du système de santé et à réduire le coût des soins et des médicaments. Le représentant a également expliqué que les accouchements étaient gratuits dans les hôpitaux publics et que la vente de la contraception d’urgence avait été autorisée. S’agissant de la promotion de la femme, le représentant a ensuite signalé l’adoption de plusieurs textes législatifs concernant la condition de la femme, ainsi que d’une stratégie nationale pour l’équité et l’égalité des sexes.
M. EDWARD SAMBILI (Kenya) a affirmé que son pays avait élaboré et mis en œuvre une stratégie ambitieuse de relèvement économique visant à créer des richesses et de l’emploi. Le succès de cette stratégie a permis d’améliorer la croissance, passée de 0,5% en 2002 à 7% en 2007, ainsi que la qualité de la vie, tandis que les taux de pauvreté ont été réduits de 56% à 46% au cours de la même période. Après avoir évoqué plusieurs mesures prises par le Gouvernement en matière de population et d’environnement, en faveur de la parité entre les sexes, de l’autonomisation des femmes et des familles, le représentant a indiqué que le Kenya avait connu ces dernières années une croissance démographique très élevée. La population kényenne comprend de nombreux jeunes dont le Gouvernement tient compte pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Par ailleurs, il a souligné que les taux de morbidité et de mortalité, en particulier concernant les femmes et les enfants, étaient très élevés au Kenya. La malnutrition représente 54% des décès des enfants de moins de 5 ans, tandis que le taux de prévalence du VIH/sida était de 7,4% en 2007. Pour tenter de relever ces défis, le Gouvernement du Kenya a élaboré un Plan national stratégique de santé (2005-2010), une Stratégie communautaire sanitaire et a créé un Conseil national de contrôle du VIH/sida, a-t-il ajouté.
M. WILBERFORCE KISAMBA MUGERWA (Ouganda) a indiqué que la population de son pays a été multipliée par cinq en 50 ans, étant passée de 4,9 millions en 1948 à 24,3 millions en 2002. Avec une croissance annuelle de 3,2%, la population est maintenant estimée à 30 millions d’habitants, dont 56% ont moins de 15 ans. Le taux de fécondité est de sept enfants par femme et 25% des mères sont encore des adolescentes. Quant à l’utilisation de la contraception moderne, elle est encore faible (18,5%), a ajouté le représentant. Il a reconnu que l’Ouganda connaît encore des niveaux inacceptables d’analphabétisme (30%), de mortalité infantile (76‰), de mortalité maternelle (435‰) et de prévalence du VIH/sida (6,4%). Malgré des améliorations au cours des 10 dernières années, on constate encore des inégalités entre les femmes et les hommes contre lesquelles l’Ouganda continue de lutter. Le pays met en place diverses mesures pour appliquer le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, a assuré le représentant.
Le Gouvernement met en œuvre un plan d’éradication de la pauvreté qui est révisé tous les 3 ans, a expliqué M. Mugerwa. L’éducation primaire universelle a augmenté de presque 100%, mais 78% des enfants scolarisés abandonnent l’école au niveau du primaire. La participation des femmes au Parlement est de 31% et de 40% dans les emplois publics au niveau local. Le Gouvernement ougandais a aussi adopté une feuille de route pour réduire les taux de mortalité maternelle et néonatale. En ce qui concerne le VIH/sida, le représentant a précisé que son pays avait adopté une approche plurisectorielle et avait pu ainsi réduire le taux de prévalence, qui est passé de 29% à 6,4%. Le VIH/sida est un des facteurs les plus importants à prendre en compte pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il estimé. Il a enfin appelé les donateurs à financer davantage les programmes de son pays en matière de population et de santé reproductive.
M. SAVIOUR F. BORG (Malte) a affirmé que toute recommandation ou décision prise par la Commission de la population et du développement ou tout autre organe des Nations Unies chargé des questions sur l’autonomisation des femmes ou l’égalité entre les sexes dans le cadre des activités sur la population et le développement, ne devrait en aucune façon créer une obligation pour toute partie à considérer l’avortement comme une forme légale de planification familiale, de droits de santé reproductive ou de services dans ce domaine. La législation nationale de Malte qualifie d’illégale l’interruption de la grossesse par un avortement, a-t-il dit. Malte, a-t-il ajouté, ne reconnaît pas l’avortement comme une mesure de planification familiale. Par ailleurs, le représentant a indiqué que l’éducation représentait un aspect important du développement de la population. Le Gouvernement de Malte déploie des efforts pour promouvoir et assurer une éducation et un apprentissage de qualité pour tous.
M. HASSAN IBRAHIM AL MOHANNADI (Qatar) a indiqué que la « Vision nationale pour le Qatar 2030 » mettait la priorité sur le développement humain et que des avancées notables dans le domaine de la population et du développement avaient permis à son pays d’être promu au trente-quatrième rang de l’Index mondial du développement humain. Il a notamment expliqué que le secteur de la santé avait enregistré une augmentation de l’espérance de vie, ainsi qu’une chute du taux de mortalité maternelle et infantile. Le représentant s’est également félicité de l’augmentation du taux d’alphabétisme dans le pays, pour ensuite signaler que les femmes représentaient 33% de la force de travail du Qatar. Après avoir indiqué que la protection de l’environnement était une des priorités du Gouvernement, M. Al Mohannadi a expliqué que le Qatar ambitionne de créer une société qui aura pour fondement la « coexistence positive » entre « l’authenticité » du peuple qatarien musulman et les « exigences de la modernité », en mettant l’accent sur la solidarité entre les générations ainsi que sur la tolérance entre les différentes « races, religions et cultures ».
Le représentant a ensuite indiqué que le Qatar appuyait des projets de développement dans de nombreuses parties du monde et que la tenue en 2008, à Doha, de la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement témoignait de la volonté du Qatar d’établir un cadre global sur la base de la coopération entre les différentes entités de la communauté internationale. Il a également expliqué que le Gouvernement qatarien avait créé plusieurs institutions spécialisées dans les questions liées à la population et au développement, ainsi qu’un Ministère de la coopération internationale.
M. TOMAS M. OSIAS (Philippines), s’associant à la déclaration faite par le Groupe des 77 et la Chine, a expliqué que les Philippines, comme le reste du monde, n’échappent pas à la crise financière qui pèse sur la plupart des économies de la planète. Mais, parce que leur audacieux objectif est de figurer parmi les États développés en 2015, les Philippines prennent des mesures pour freiner l’impact de cette menace globale, a affirmé M. Osias. Cette crise, a-t-il poursuivi, n’a pas atteint la détermination du pays à mettre fin à la pauvreté. « Nous sommes optimistes quant à nos chances de réaliser notre objectif d’éliminer la pauvreté d’ici à 2015, a t-il ajouté. Le délégué a expliqué que la baisse du taux de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté a été réalisée grâce notamment à la priorité accordée à la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté dans les plans de développement des Philippines, citant en exemple, le programme intitulé « Accelerated Hunger Mitigation Program (AHMP).
Le représentant a par ailleurs reconnu qu’il y avait un lien entre la population croissante et la pauvreté dans son pays, c’est pourquoi, a-t-il expliqué, le Gouvernement avait intégré une composante « planification de la population » dans son programme phare de lutte contre la pauvreté. Il a en outre expliqué que pour améliorer l’accès aux services de santé reproductive et de planification familiale, les unités gouvernementales locales avaient été mandatées pour assurer la fourniture de ces servies. Il a également assuré que son pays était engagé à atteindre l’objectif de l’éducation de base pour tous. M. Osias a également reconnu que l’utilisation efficace et optimale des ressources humaines des Philippines était une des clefs de leur développement. L’intégration d’un chapitre sur le travail et l’emploi dans le plan de développement national, démontre la prise en compte de cette réalité, par le responsable du pays, a-t-il précisé. Les Philippines ont toujours reconnu le droit à la reproduction comme étant un droit fondamental, et c’est pourquoi elles sont engagées à assurer à tous les citoyens les services et informations adéquats à cet effet. Il a conclu en mettant l’accent sur les progrès accomplis dans la réforme du statut de la femme, marquée par une meilleure participation de celle-ci, dans la vie publique et politique et dans le domaine de l’éducation.
Mme ILEANA NÚÑEZ MORDOCHE (Cuba) a expliqué que, depuis la révolution cubaine il y a 50 ans, le Gouvernement cubain a mis en œuvre un programme de développement économique et social qui a permis d’aligner les indicateurs sociaux et démographiques du pays sur ceux des pays développés. Cuba a atteint de bons résultats dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, ainsi que dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement. L’espérance de vie à la naissance est de 78 ans, tandis que la mortalité infantile et la mortalité des enfants de moins de 5 ans sont respectivement de 4,7 et 6,2 pour 1 000 naissances. La mortalité maternelle est de 30,2 pour 100 000 naissances. Ce sont des exemples des progrès accomplis dans les domaines de la santé et de la santé reproductive, a expliqué Mme Núñez Mordoche. Elle a aussi indiqué que le taux de fécondité est de 1,4/1,5 enfant par femme, ajoutant que 70% des femmes en âge de procréer utilisent des contraceptifs efficaces.
La représentante a ensuite cité diverses politiques adoptées par le Gouvernement cubain en vue d’atteindre les OMD. Par exemple, une politique en matière d’emploi permet à toute la population d’accéder à un emploi et le taux de chômage du pays est seulement de 1,6%. Elle a aussi indiqué que le taux d’analphabétisme est de 0,2% et celui de scolarisation primaire de 99%. Le taux de prévalence du VIH/sida est un des plus faibles de l’Amérique latine (0,1%), a fait remarquer la représentante, soulignant que son gouvernement assurait la gratuité des services de soins pour tous. L’eau potable est disponible pour 95% de la population totale, a-t-elle ajouté. Mme Núñez Mordoche a aussi mentionné la vocation solidaire du peuple cubain qui accueille de nombreux étudiants étrangers, provenant en majorité des pays en développement.
M. MODEST J. MERO (République-Unie de Tanzanie) a affirmé que son pays était confronté à des défis liés à la croissance démographique. Le pays comptait 40,7 millions d’habitants en 2002 et devrait atteindre les 63,5 millions d’habitants en 2025. Il a précisé que l’espérance de vie était en moyenne de 48 ans, précisant qu’elle était de 47 ans pour les hommes et de 49 ans pour les femmes. La pauvreté reste un des principaux obstacles à la réalisation des objectifs de développement définis à la fois sur le plan national et sur le plan international, a-t-il expliqué, précisant que la pauvreté était surtout concentrée, en Tanzanie, dans les zones rurales. Le représentant a indiqué que son pays avait enregistré des progrès significatifs en matière d’éducation primaire, de promotion de l’égalité entre les sexes, d’autonomisation des femmes et d’amélioration de la durabilité de l’environnement, grâce à l’accès à l’eau et à l’assainissement. Il a également souligné que la Tanzanie avait réussi à réduire les taux de mortalité infantile (68 pour les enfants et 112 pour les enfants de moins de 5 ans), un résultat obtenu notamment par les efforts fournis en matière de lutte contre le paludisme. Si le taux de prévalence du VIH/sida, qui était autour de 12% dans les années 90, est passé aujourd’hui à moins de 7%, la maladie n’en représente pas moins une catastrophe nationale, a-t-il fait remarquer. Elle représente 30% des décès, faisant d’elle la principale cause de décès en Tanzanie (30%) et constitue une menace pour la santé de 84% de la population, a-t-il ajouté.
M. SAMU’ILA DANKO MAKAMA (Nigéria) a indiqué avoir adopté en 1988 une politique démographique pour promouvoir une meilleure santé des mères et des enfants et pour arriver à une croissance démographique plus faible. La mise en œuvre de cette politique contribue à la réalisation des OMD, en regroupant ces questions avec celles, notamment, de la lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme, le VIH/sida et autres maladies sexuellement transmissibles. Cependant, a-t-elle noté, la croissance démographique de 3,2% par an représente un grand défi pour parvenir à ces objectifs. Le Gouvernement a fait des progrès dans le domaine de la santé de la reproduction, avec l’adoption d’un plan national et d’un plan d’investissement dans ce domaine. Le Nigéria s’est aussi doté d’une nouvelle stratégie intégrée concernant la santé néonatale, maternelle et infantile. Avec l’aide de ses partenaires au développement, le pays a adopté des lois interdisant certaines pratiques traditionnelles qui sont préjudiciables pour la santé. En outre, a mentionné le représentant, un plan national de lutte contre le VIH/sida a été adopté, qui vise à prévenir sa propagation auprès des jeunes. Ce plan a été intégré dans les politiques et programmes de chaque État fédéré, a-t-il précisé. Le représentant a reconnu que les questions de population, de santé de la reproduction et de l’égalité des hommes et des femmes sont des éléments centraux du développement. Le Nigéria s’engage à renforcer sa Commission démographique nationale et les autres organismes qui sont chargés de la collecte de données permettant de suivre les progrès accomplis dans les domaines de la santé maternelle et de l’accès universel à la santé reproductive.
Mme NABIHA GUEDDANA (Tunisie) a affirmé que son pays avait placé, depuis plusieurs décennies, la politique des droits des femmes et celle des droits en matière de planification familiale et de reproduction au cœur des questions de droits de l’homme et de celles relatives au développement. Grâce aux progrès enregistrés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, la Tunisie se place aujourd’hui parmi les pays les plus développés du continent africain, a-t-elle dit. En vue d’éliminer l’extrême pauvreté, les efforts fournis par la Tunisie lui ont permis d’atteindre en 2007 un taux de pauvreté de 3,8% et d’espérer un niveau inférieur à 2% en 2015. S’agissant de l’objectif d’une éducation primaire pour tous, le taux de scolarisation, de 97,3% en 2007, devrait atteindre 99% en 2015, a-t-elle ajouté. La représentante a en outre évoqué les succès obtenus par son pays en matière de santé maternelle et infantile, de réduction du taux de mortalité maternelle, de santé reproductive, de promotion de l’égalité et de l’autonomisation des femmes ou de développement durable. Elle a en particulier mis l’accent sur la riche expérience de la Tunisie dans le domaine de la santé en matière de procréation, et ce, grâce au développement de programmes innovants en faveur des hommes et des jeunes dans les zones les plus reculées, qui s’appuient sur les médias, la société civile et la religion.
M. FELIX VÉLEZ FERNÁNDEZ VARELA (Mexique) a indiqué que le taux de fécondité a baissé dans son pays grâce à un meilleur accès à une gamme complète de services de santé sexuelle et de santé reproductive. Le pays est ainsi passé de six enfants par femme en 1974 à 2,2 en 2006. Le taux des utilisatrices de la contraception parmi les femmes en âge de procréer est passé de 30% en 1976 à 70,9% en 2006. Mais plus le taux de fécondité est faible, plus la marge de manœuvre pour modifier les comportements est réduite et c’est plus coûteux, a-t-il fait remarquer. Le représentant a mentionné qu’on constate une augmentation des demandes non satisfaites en contraception chez les adolescentes. Il a aussi indiqué que la proportion de jeunes filles déjà en couple, âgées entre 15 et 19 ans, n’était plus que de 11,6% en 2006, alors qu’elle était de 15,2% en 1997. Le Conseil national de la population élabore des études spécifiques et des modèles de prévalence pour les femmes en couple et les femmes actives sur le plan sexuel, a aussi indiqué le représentant. S’agissant de la diminution de la mortalité de la mère, c’est un des objectifs les plus complexes au Mexique. Il faut pouvoir obtenir des données fiables et, à cette fin, le Gouvernement du Mexique a lancé en 2002 une recherche sur les causes de la mortalité maternelle, a expliqué son représentant.
Mme SARAH FLOOD-BEAUBRUN (Sainte-Lucie) a affirmé que le capital humain était une grande ressource pour son pays, la population constituant le moteur de son développement économique. Elle a fait remarquer que Sainte-Lucie comptait le plus grand nombre au monde de lauréats du prix Nobel par habitant. Sainte-Lucie met l’accent sur l’importance de la lutte contre la pauvreté, de l’investissement dans l’éducation et le développement des ressources humaines, a-t-elle dit. Investir dans les ressources humaines, a-t-elle estimé, signifie qu’il faut prendre des mesures pour éliminer la discrimination raciale ou sexuelle, et des mesures en faveur de l’éducation, de l’autonomisation des femmes et de l’environnement.
M. EASTON WILLIAMS (Jamaïque) a expliqué que les objectifs et principes du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) avaient contribué de manière significative à l’amélioration de la législation et des institutions de son pays. Cependant, les progrès dans leur mise en place demeurent relatifs. Pour éradiquer la pauvreté, la Jamaïque, a dit son représentant, a adopté une stratégie multidimensionnelle en faveur des pauvres. Un fonds d’investissement social a été spécialement mis en place dans ce cadre. Selon les dernières estimations, les pauvres représentent environ 10% de la population, ce qui est bien en-dessous des niveaux des années 90, a-t-il affirmé.
Concernant le domaine de la santé, la Jamaïque connaît une réduction des taux de mortalité maternelle et infantile. Face au VIH/sida auquel fait face le pays depuis 1982, il a indiqué qu’une stratégie de lutte nationale intégrée avait été mise en place. Au cours de ces cinq dernières années, la Jamaïque a commencé à bénéficier des résultats de cette stratégie, a-t-il révélé. Le délégué a par ailleurs mis l’accent sur l’assistance que le Fonds des Nations pour la population apporte à son pays dans la mise en place d’une stratégie destinée à répondre aux besoins des jeunes et adolescents, en matière de santé reproductive. Le représentant a conclu en soulignant la promotion de l’égalité entre les sexes et le renforcement des capacités des femmes. En 1994, la Jamaïque avait déjà mis fin à la disparité entre garçons et filles au niveau de l’éducation primaire, a-t-il dit, avant d’ajouter qu’en dépit des succès constatés dans le domaine de l’éducation, bien d’autres restaient à accomplir, notamment la représentation des femmes aux postes de direction des entreprises privées et des institutions publiques.
M. ILAN FLUSS (Israël) a rappelé les conséquences des changements climatiques sur la population et le développement. La crise économique mondiale va aggraver davantage cette situation, a-t-il aussi relevé. Israël connaît une forte croissance démographique et une très grande immigration. Le cas d’Israël est unique, a-t-il signalé, dans la mesure où il absorbe des immigrés d’origines ethnique, culturelle, raciale et socioéconomique très diverses, comme des personnes venant d’Éthiopie, d’Amérique du Nord et d’Amérique latine ou encore d’Europe de l’Ouest. Au cours des 15 dernières années seulement, a-t-il précisé, environ un sixième de la population d’Israël, soit un peu plus d’un million d’immigrants, est issu de l’ex-Union soviétique. Il est donc très important de maintenir de bons services sanitaires et sociaux pour qu’ils bénéficient aussi à ces groupes minoritaires, a-t-il dit. Israël s’est promulgué des lois et a établi des programmes pour améliorer les services de santé pour les générations futures, a poursuivi M. Fluss. « Nous travaillons aussi à éduquer la population à l’égalité entre hommes et femmes. » Le représentant a souligné qu’Israël met l’accent sur la santé publique, avec une obligation légale de souscrire une assurance maladie pour les femmes et les enfants.
En ce qui concerne la santé maternelle, le représentant a indiqué que 99% des accouchements sont accompagnés par un personnel médical compétent. Le taux de mortalité maternelle est de 4‰, tandis que le taux de mortalité infantile est de 4‰. M. Fluss a aussi indiqué que des cliniques financées par le Gouvernement fournissent gratuitement des soins prénataux et assurent la vaccination des enfants. Il a ajouté qu’Israël coopère avec le Ghana, en l’aidant à intégrer les programmes de santé néonatale dans ses programmes de développement. Israël a actuellement un taux de fécondité de trois enfants par femme, ce qui est assez élevé pour un pays développé. C’est le résultat des valeurs culturelles et religieuses dominantes dans le pays, a expliqué M. Fluss. Il a aussi indiqué que les femmes sont de plus en plus actives dans la vie économique et sociale du pays. Le vieillissement de la population est une question qui préoccupe le Gouvernement, notamment pour le paiement des retraites, a-t-il fait remarquer.
M. MIKKO KINNUNEN (Finlande) a estimé que la croissance démographique, lorsqu’elle était associée à des modes de production ou de consommation intenables, menaçait les capacités de la planète. La lutte contre la pauvreté, qui relève des Objectifs du Millénaire pour le développement, est une entreprise difficile lorsque la croissance démographique est élevée, a-t-il dit. Le représentant a souligné que son pays s’était concentré, même à une époque où sa population dépendait de la petite agriculture, sur l’égalité entre hommes et femmes, l’éducation universelle et la santé pour tous. Le représentant a ajouté que la Finlande avait enregistré des résultats positifs dans le domaine de la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs. Une action coordonnée et un engagement politique clair ont permis cependant de s’attaquer à ces défis. Il a ainsi mis l’accent sur les bénéfices obtenus par l’éducation sexuelle, une attention portée à la jeunesse et l’accès aux services de santé sexuelle et génésique dans des centres de santé locaux.
M. HARALD FRIES (Suède) a réaffirmé son ferme engagement en faveur du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, afin de mettre en pratique le Programme d’action dans les activités nationales. Il a souligné à cet égard l’importance pour chaque pays d’intégrer dans ses politiques nationales les objectifs du Programme d’action adopté au Caire en 1994 et de développer ses capacités nationales à cette fin, conformément à la Déclaration de Paris et au Programme d’action d’Accra. M. Fries a ensuite noté combien les crises financière et alimentaire aggravent les problèmes que rencontrent les populations pauvres, en particulier les femmes. Il a considéré que diverses stratégies doivent être offertes aux personnes en matière de santé reproductive et que les politiques doivent être centrées sur ce choix. Tout individu doit avoir accès à un large éventail de services de santé de la reproduction, y compris les contraceptifs, a-t-il estimé.
S’intéressant à la migration comme partie intégrante de son programme d’action pour le développement et la lutte contre la pauvreté, le représentant a indiqué que cette question est une des six priorités dans les mesures à prendre pour atteindre l’objectif de développement mondial équitable et durable. Il faut retirer tous les avantages possibles de la migration internationale et minimiser les conséquences négatives, a-t-il suggéré. Il a notamment appelé à adopter des mesures politiques cohérentes en matière de population, pour créer des communautés solides sur les plans social, économique et écologique. La Suède s’intéresse également de près à la réalisation des OMD quant à la santé maternelle, et considère que l’accès universel à la santé de la reproduction constitue un jalon très important. Le représentant a estimé que cet objectif contribue à la réalisation de l’objectif plus général de la réduction de la pauvreté. Il a ensuite fait le lien entre les avortements à risque et le droit à la santé de la reproduction. Il a aussi invité à accroître l’égalité entre les hommes et les femmes, qui est un des éléments de lutte contre le VIH/sida. M. Fries a enfin réaffirmé son soutien au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) qui joue, selon lui, un rôle central au sein du système des Nations Unies pour développer une approche centrée sur l’aspect culturel.
Mme NURY BAUZAN DE SENES (Uruguay) a affirmé que dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD, des mesures avaient été prises dans son pays en matière de santé sexuelle et de reproduction. Ainsi, deux programmes de santé sexuelle et de reproduction ont été lancés avec l’appui du FNUAP, a-t-elle dit. La représentante a en outre mis l’accent sur une réforme du système de santé en Uruguay, avec la mise en place de programmes relatifs à la santé des femmes, des jeunes et à la lutte contre le VIH/sida. De même, l’Uruguay a lancé des campagnes d’information et de sensibilisation à l’épidémie de VIH/sida, a-t-elle dit.
M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a rappelé que son pays a modifié sa législation de 1989 sur la population, après avoir adopté en 1994 le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD). Des unités de la population ont été créées dans les ministères et les administrations provinciales. Elles fournissent des informations techniques utiles lors de l’élaboration des politiques de développement. En Zambie, outre la restructuration des centres de santé existants, de nouveaux centres ont été construits, a-t-il ensuite indiqué. Il y a aussi des mesures de fidélisation du personnel, a-t-il ajouté. Grâce à toutes les mesures prises, le taux de mortalité maternelle est passé de 729 pour 100 000 en 2001/2002 à 591 pour 100 000 en 2007. On s’attache aussi à former des sages-femmes, pour pallier la fuite des cerveaux. Le Gouvernement de la Zambie est convaincu que la planification familiale a un impact sur la mortalité maternelle et la croissance démographique, a poursuivi le représentant. « Pour garantir un meilleur accès aux contraceptifs, nous avons mis en place un nouveau système plus efficace », a-t-il expliqué. Le représentant a appelé la communauté internationale à assister son pays pour réduire davantage le coût des fournitures.
Le représentant a aussi indiqué que le taux de prévalence du VIH/sida parmi la population âgée de 15 à 49 ans est passé de 16% en 2001/2002 à 14% aujourd’hui, grâce à une réponse multisectorielle. La prévention de la transmission de la mère à l’enfant passe par un programme sanitaire mis en place dans tout le pays. En outre, le Gouvernement étend le dépistage et l’accès aux traitements antirétroviraux. M. Kapambwe a aussi parlé de la violence sexuelle qui fait l’objet de plus grandes sanctions pénales et d’une plus grande protection des victimes en Zambie.
Mme MUDITHA HALLIYADDE (Sri Lanka) a affirmé que son pays n’avait ménagé aucun effort pour réaliser, au cours de la décennie écoulée, et sur la base de ses propres priorités de développement et de ses contraintes, les objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le développement. Malgré ces contraintes, le Sri Lanka a pu effectivement réduire les taux de fertilité, achever une transformation historique du modèle reproductif de sa population, et faciliter le progrès social et l’amélioration des conditions de vie de ses habitants. Tout en appliquant la planification familiale, le Sri Lanka a fait des efforts pour mettre en œuvre les Objectifs du Millénaire pour le développement en vue de promouvoir une éducation libre, de réduire la pauvreté et d’assurer le développement, a déclaré la représentante.
Mme ESTHER Y. APEWOKIN (Ghana) a rappelé que son pays était parmi les États présents à la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994. Elle a ensuite expliqué que l’amélioration de la qualité de vie des Ghanéens a toujours été la première préoccupation du Gouvernement, comme on pouvait le constater dans les différentes structures de développement du pays. Par exemple, a-t-elle dit, l’un des objectifs du Plan 2020 du Ghana est d’atteindre cette qualité de vie, à travers l’éradication de la pauvreté et l’élévation du niveau de vie qui passe par l’amélioration de la santé publique. En 2004, a-t-elle aussi indiqué, le Ghana a aligné ses stratégies de développement sur les priorités établies par le Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD) et les Objectifs du Millénaire pour le développement. Elle a soutenu que leur réalisation était liée à ceux du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement. Le Ghana, a dit Mme Apewokin, a accompli des progrès dans la mise en œuvre de ce Programme d’action de la CIPD, citant le plan de développement septennal, en pleine finalisation et qui intègre les questions de population.
La représentante a, par ailleurs, affirmé la détermination du Ghana dans la promotion de l’égalité du genre et le renforcement des capacités des femmes. Sur le plan sanitaire, elle a fait mention de la mise en place de politiques et programmes visant à améliorer la fourniture des services de santé en général, et des services gratuits offerts aux femmes enceintes, en particulier. La représentante a fait remarquer aussi que son gouvernement devrait faire face à divers défis posés par l’urbanisation, en indiquant qu’il organisait la tenue d’un Forum cette année pour débattre, entre autres, de cette problématique et proposer les moyens d’y faire face.
À la lecture des documents préparatoires à la session de la Commission, a relevé Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, on pourrait percevoir les populations comme des obstacles à un plus grand développement social et économique, plus que comme des contributeurs à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). On a l’impression que l’on a donné la priorité au contrôle de la population plutôt qu’aux objectifs en matière d’éducation, de santé, d’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’emploi, a-t-il noté. Malgré le ralentissement de la croissance démographique qui a eu lieu depuis 15 ans, on constate que la production alimentaire augmente et permet de soutenir une population mondiale plus importante, a fait remarquer le représentant. Cette production est même détournée pour produire des combustibles.
En ce qui concerne l’Afrique, il a indiqué que l’augmentation du nombre de naissances, selon les experts, permet de réduire le taux de dépendance des personnes âgées et donne au continent un avantage économique. Il a donc appelé ces pays à consacrer davantage d’aide économique et d’investissements dans le capital humain et les infrastructures. Dès lors, les programmes de financement qui se concentrent sur la réduction démographique, au lieu de favoriser un environnement favorable au développement, vont ralentir la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il averti. Lorsque l’on traite du développement mondial, il faudrait d’abord se concentrer sur les mesures qui favorisent le développement personnel et social, a-t-il encore proposé. À cet égard, il a donné l’exemple des bureaux du Saint-Siège qui continuent à être au premier plan de la lutte contre la pauvreté dans le monde, en fournissant notamment des soins de santé et des services d’éducation. Le Saint-Siège sert ainsi de modèle pour une approche axée sur les êtres humains, a expliqué Mgr Migliore. Il a aussi réaffirmé sa conviction que l’avortement n’est pas une forme légitime de droit et de service de santé sexuelle et procréative.
M. MS PURI (Inde) a expliqué que la promotion du développement et d’une croissance inclusive était l’objectif du onzième plan quinquennal du pays lancé en 2007/08. L’emploi est une des armes clefs de lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté, pour ensuite expliquer que le Gouvernement indien mettait actuellement en œuvre un plan national concernant l’emploi dans les zones rurales qui garantit 100 journées de travail à chaque ménage. Il a également signalé que la Mission nationale pour la santé rurale, qui a été lancée en 2005, avait permis d’améliorer les services de soins dont dépendent plus de 600 millions de personnes, et qu’elle portait une attention particulière à la santé reproductive et juvénile. Après avoir rappelé que le Programme indien de planification familiale était l’un des plus vieux au monde, M. Puri a expliqué que des programmes de lutte contre le VIH/sida avaient été intégrés aux services de santé reproductive dans les établissements de soins de base du pays.
Passant ensuite à l’éducation, le représentant a indiqué qu’une campagne d’éducation pour tous, intitulée Sarva Siksha Abhiyan, avait été lancée en 2000 pour garantir l’universalité de l’éducation primaire. Il a également signalé que le Gouvernement indien comptait allouer 6% de son PIB (produit intérieur brut) à l’éducation. Après avoir expliqué que suite à deux amendements constitutionnels, un tiers des sièges des institutions gouvernementales locales étaient réservés aux femmes, M. Puri s’est dit préoccupé par le rapport du Secrétaire général sur les ressources financières devant contribuer à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2009/5). Il s’est notamment inquiété du fait que les donateurs aient réduit leur aide aux programmes de planification familiale. Alors qu’elle était de 55% en 1995, elle n’est plus que de 5% en 2007. Les effets négatifs de la crise économique qui touche principalement les pays en voie de développement, ne doivent pas être aggravés par des solutions aux tendances protectionnistes, a-t-il également estimé.
M. LULA DALL’OGLIO, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a affirmé qu’un degré solide de solidarité entre les pays d’origine et de destination était nécessaire pour que les migrants et leurs familles puissent continuer à profiter des avantages émanant des migrations et du partenariat de développement. En facilitant la coopération technique et l’échange de bonnes pratiques sur l’intégration, l’OIM, a-t-il dit, participe à tous les efforts qui sont faits pour que la crise économique ne se traduise pas par une aggravation des conditions de vie pour les migrants, avec un accès limité aux services sociaux et de santé.
M. JYOTI SHANKAR SINGH, Partners in Population and Development, a fait part des conclusions et recommandations d’un forum qu’avait tenu en novembre 2008 cette organisation non gouvernementale créée en 1994 pour œuvrer en faveur de la coopération Sud-Sud. Ce forum avait souligné que le financement de la planification familiale a perdu sa place centrale dans la budgétisation, ainsi que dans les stratégies de réduction de la pauvreté et les politiques de santé reproductive. Ces services, a-t-il rappelé, sont nécessaires pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. C’est pourquoi, il est important d’encourager l’utilisation des moyens contraceptifs et les inégalités entre les sexes. Le représentant a noté la baisse de l’aide internationale en faveur de la planification familiale, qui est passée de 55% en 1995 (723 millions de dollars) à 5% en 2007 (338 millions de dollars). « Cette réduction, a-t-il fait remarquer, entrave les efforts visant à atteindre l’OMD concernant l’accès universel aux services de santé de la reproduction », a-t-il averti. Il a invité à garder à l’esprit que, s’il existe des liens étroits entre les objectifs de la CIPD et les objectifs de développement en général, ces objectifs permettent aussi d’améliorer la santé des femmes et de respecter le droit fondamental des femmes et des hommes de décider librement du nombre de leurs enfants et de l’espacement des naissances.
M. WERNER OBERMEYER, Organisation mondiale de la santé (OMS), a affirmé que l’Organisation demeurait engagée à fournir un appui technique aux pays pour l’élaboration de politiques, la mise en œuvre de stratégies de développement fondées sur des expériences éprouvées et le suivi des progrès. L’OMS, a-t-il ajouté, travaille en étroite collaboration avec l’UNICEF, le FNUAP, la Banque mondiale et huit autres partenaires pour maximiser l’utilisation des ressources, qui sont rares, et minimiser les doubles emplois, a-t-il souligné.
Au nom des 152 associations de la Fédération internationale de la planification familiale (IPPF), Mme GILL GREER a affirmé que la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement était cruciale pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Elle a aussi appelé les États Membres à travailler de façon intelligente avec les partenaires que sont la société civile, les parlementaires ou encore le secteur privé, mais aussi à exécuter les promesses qu’ils avaient déjà faites au Caire. Par-dessus tout, a-t-elle estimé, il faut faire des progrès pour réduire la mortalité et la morbidité maternelles, mais également pour assurer l’effectivité des droits de la reproduction des personnes vivant avec le VIH/sida, et particulièrement les droits des plus jeunes qui, de plus en plus, sont les premières victimes de cette pandémie. Elle a en outre soutenu que les femmes étaient le moteur du développement et déclaré que la violence à l’égard des femmes sous toutes ses formes, continuait à les priver de leur juste place.
La représentante a plaidé pour une revalorisation de la planification familiale, afin d’assurer aux femmes leur droit fondamental. Pour cela, il est nécessaire d’accroître les financements relatifs à l’éducation sexuelle, à l’offre de services en faveur des jeunes, en particulier l’accès de ces derniers aux méthodes contraceptives qui aident à la prévention des grossesses non désirées, des maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida. La représentante de la Fédération internationale de la planification familiale, a regretté le peu d’intérêt qui est accordé au Programme d’action du Caire et à l’Objectif nº5 du Millénaire pour le développement dans les diverses réunions qui ont trait au renforcement des systèmes de santé, à la croissance économique et aux nouveaux mécanismes de l’aide.
Mme LAURA VILLA (IPAS) a expliqué que cette organisation non gouvernementale œuvrait pour prévenir les complications résultant d’avortements à risques et pour permettre aux femmes d’exercer leurs droits de santé génésique. Elle a rappelé que 19 millions de femmes se font avorter chaque année sans assistance médicale, et la moitié d’entre elles ont moins de 25 ans. Elles subissent souvent des complications, en particulier celles vivant en milieu rural et dans les régions pauvres. Elle a aussi dénoncé les discriminations et les violences dont sont victimes ces femmes, ainsi que les divisions sociales sur les questions de santé de la reproduction. Il y a maintenant de nouvelles procédures pour l’avortement médical à faible coût qui permettent de pratiquer ces interventions dans de meilleures conditions, a-t-elle signalé. La représentante a aussi appelé à briser les tabous qui entourent la légalisation de l’avortement.
Mme REBECCA AUSTIN, World Youth Alliance, a estimé que le temps était venu d’investir dans le capital humain afin que les décisions au sein de la famille et de la société soient prises librement et d’axer les efforts sur les besoins fondamentaux de la personne humaine, à savoir l’alimentation, l’éducation, le logement, la santé et l’assainissement. Elle a invité la communauté internationale à faire des véritables besoins de la personne humaine une priorité au moment où l’on tente d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. HILDE KROES, Fondation mondiale pour la population, a déclaré qu’une démarche axée sur les droits fondamentaux devrait être le fondement d’une bonne santé sexuelle et reproductive. Il a expliqué que cette approche reconnaissait à toute personne le droit d’obtenir des informations correctes, d’avoir accès à des services de soins et aux contraceptifs, ainsi qu’à des programmes d’éducation. Il a ensuite signalé que les jeunes d’aujourd’hui sont davantage touchés par des problèmes de santé sexuelle liés, notamment, aux grossesses précoces, aux avortements effectués dans de mauvaises conditions, aux maladies sexuellement transmissibles et au VIH/sida, ainsi qu’aux abus sexuels. Une bonne santé reproductive et sexuelle commence avec la prévention, a-t-il notamment déclaré, en insistant de nouveau sur l’importance de l’accès aux soins, aux contraceptifs et aux avortements effectués dans de bonnes conditions. De l’avis du représentant, il importe de toute urgence de permettre aux jeunes gens d’obtenir dès le plus jeune âge une éducation sexuelle, afin de leur permettre de prendre soin de leur santé sexuelle, de faire des choix et d’avoir un comportement sexuel consensuel. Le représentant a ensuite averti que depuis 1995, les gouvernements de la planète s’étaient accordés à cinq reprises sur la nécessité de fournir une éducation sexuelle et des soins aux jeunes, faisant remarquer que ces promesses n’avaient pas été tenues. Investir dans la santé sexuelle et reproductive des jeunes et la prévention revient moins cher que de financer des problèmes de santé, a-t-il signalé avant de conclure.
Mme JESSICA FRANK LÓPEZ, AARP, a indiqué que son organisation servait de principale source d’informations sur les questions concernant les personnes âgées. Elle organise notamment des débats sur les politiques les concernant et publie les statistiques et les résultats de la recherche démographique. Le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait tripler d’ici à 2050, a-t-elle indiqué. Elle a relevé que cela pose de nouveaux défis économiques et sociaux, faisant remarquer que la pauvreté touche de plus en plus cette catégorie de la population et, en particulier, les femmes âgées. L’AARP reconnaît que chaque pays a ses propres problèmes, mais considère qu’il faut aller de l’avant pour adopter des politiques adaptées aux personnes âgées. La représentante a rappelé que depuis 1999, qui avait été proclamée par les Nations Unies « Année internationale des personnes âgées », son organisation reste engagée à travailler avec l’ONU pour créer une société pour tous les âges.
M. LYNN BROWN, Député britannique et représentant du Forum parlementaireintereuropéensur la population et le développement (IEPFPD),a déclaré que le Forum qu’il représente estime que la promotion des droits des femmes, de la santé sexuelle et reproductive, tout comme celle de l’égalité de genre, est absolument fondamentale dans la lutte contre la pauvreté dans le monde et pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a par ailleurs soutenu que des progrès avaient été accomplis dans cette réalisation, en indiquant notamment que, désormais, beaucoup d’enfants étaient maintenant scolarisés dans les pays en développement. Mais il y a encore beaucoup à faire, a-t-il insisté, en relevant notamment le fait qu’en dépit des traitements et des stratégies de prévention existants, des femmes continuaient à mourir des suites des complications liées à leurs grossesses et à l’accouchement.
« Si nous voulons arriver à la réalisation des OMD, nous devons réaffirmer notre engagement », a souligné le représentant du Forum parlementaire intereuropéen qui a, par ailleurs, indiqué que l’Union européenne était le plus grand donateur de l’aide publique au développement, à travers le monde. Relevant l’impact de la crise financière, M. Brown a affirmé que le monde est actuellement confronté à une situation économique extraordinairement difficile. « Nous devons, cependant, maintenir les niveaux actuels de l’aide », a-t-il insisté. C’est dans ce contexte qu’il a annoncé que ses collègues et lui allaient bientôt entamer une campagne auprès de leurs gouvernements en faveur, notamment, de l’intégration de l’Objectif nº5 des OMD dans les plans nationaux de santé.
Mme SARA COUMANS, Action Canada pour la population et le développement, a plaidé en faveur de l’autonomisation des jeunes, grâce à une éducation sexuelle informée, et a revendiqué leur droit d’avoir accès à des services de planification familiale efficaces et à l’avortement sûr. Elle a appelé les États Membres à aller au-delà de la rhétorique des objectifs et des cibles définis et à prendre des mesures concrètes. Elle a encouragé les gouvernements à se conformer aux engagements pris et à assumer leurs responsabilités en répondant aux besoins des jeunes dans le projet de résolution que la Commission de la population et du développement adoptera, à la clôture de sa présente session.
Mme LILIAN ABRACINSKAS, Réseau de santé des femmes de l’Amérique latine et des Caraïbes, a signalé que, 15 ans après le consensus qui a permis à 179 États d’approuver le Programme d’action sur la population et le développement adopté à la Conférence du Caire, l’Amérique latine continue d’être la région qui connaît la plus grande inégalité. On ne dispose toujours pas de la volonté nécessaire des gouvernements pour allouer les ressources financières suffisantes à l’application du Programme d’action de la CIPD, a-t-elle regretté. Elle a souhaité qu’une résolution « de qualité » soit adoptée par la Commission à l’issue de la session, qui encourage la réalisation des objectifs d’autonomisation des femmes et d’égalité entre les personnes. La représentante a demandé notamment de renforcer les efforts pour garantir de bonnes conditions pour l’exercice des droits sexuels et pour un meilleur accès à la santé reproductive. Il faut aussi reconnaître les adolescentes en tant que sujets de droits ayant accès à toutes les méthodes contraceptives disponibles, a-t-elle proposé.
Mme SUSAN ANDERSON, Action de population internationale, a déclaré que des millions de femmes à travers le monde continuaient de ne pas bénéficier des moyens contraceptifs dont elles ont besoin pour assurer la santé procréative. Elle a affirmé que si ces besoins étaient satisfaits, 52 millions de grossesses non désirées seraient évitées chaque année. Le soutien des donateurs aux pays en développement ou en difficulté économique diminue ou, au mieux, stagne, a-t-elle déploré. Elle a mis l’accent sur la nécessité de répondre aux besoins de santé de reproduction dans les situations d’urgence et de fournir une éducation sexuelle aux jeunes, aux femmes et aux hommes.
EXÉCUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRÉTARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION ( E/CN.9/2009/6 , E/CN.9/2009/7 ET E/CN.9/2009/CRP.1)
Déclarations liminaires et débat général
Présentant le rapport du Secrétaire général sur les tendances démographiques mondiales (E/CN.9/2009/6), M. THOMAS BUETTNER, Directeur adjoint de la Division de la population de l’ONU, a indiqué que la population mondiale est estimée à 6,8 milliards de personnes. Elle devrait atteindre les 9 milliards en 2045 si les taux de fécondité continuent à baisser dans les pays en développement. Il a précisé que la croissance démographique prévue varie considérablement d’un pays à l’autre. On s’attend en effet à une croissance démographique élevée dans plusieurs pays en développement, alors que la croissance démographique des pays développés augmentera peu ou pas du tout. Les différences entre les taux de fécondité sont la cause de ce phénomène, a signalé M. Buettner. Actuellement, 86 pays, dont 53 pays développés, connaissent des taux de fécondité en deçà du seuil de remplacement, et 42 pays en développement, dont la plupart font partie des pays les moins avancés, ont des taux de fécondité supérieurs à quatre enfants par femme.
Dans la plus grande partie du monde, la longévité continue à augmenter, a précisé M. Buettner. L’espérance de vie est estimée à 67,2 ans dans le monde entier. Elle se situe en moyenne à 76,5 ans dans les pays développés et à 65,4 ans dans les pays en développement. Dans les pays les moins avancés, dont les deux tiers sont gravement touchés par la pandémie du VIH/sida, l’espérance de vie se situe en moyenne à peine à 54,6 ans. À l’avenir, a-t-il ajouté, la population sera plus âgée et plus urbanisée qu’elle ne l’est aujourd’hui. À l’échelle mondiale, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans va pratiquement tripler, pour atteindre 2 milliards en 2050. En 2008, pour la première fois dans l’histoire, la population urbaine a dépassé la population rurale dans le monde entier. La croissance démographique devrait, à l’avenir, être surtout concentrée dans les zones urbaines des pays en développement. D’ici à 2050, il est probable que 70% de la population mondiale se trouveront dans les zones urbaines. M. Buettner a, enfin, indiqué que la Division de la population de l’ONU a mené régulièrement des enquêtes sur les politiques en matière de population. Elle a récemment lancé sa dixième enquête et attend les réponses des délégations.
M. ARMINDO MIRANDA, de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DESA), qui présentait le rapport du Secrétaire général sur l’exécution du programme et le bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2008 de la Division (E/CN.9/2009/7), a rappelé, comme l’indique le cadre stratégique pour la période 2008-2009, que le sous-programme relatif à la population avait pour objet de permettre à la communauté internationale de mieux comprendre et de traiter efficacement, aux niveaux national et international, les problèmes de population contemporains ou prévisibles et les dimensions démographiques du développement.
Au nombre des réalisations escomptées, figure, a-t-il dit, la facilitation concrète de l’examen, par les États Membres, des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD et des textes issus de la vingt et unième session extraordinaire de l’Assemblée générale. Une autre réalisation attendue est une sensibilité accrue aux questions démographiques nouvelles et émergentes et des connaissances plus approfondies et une meilleure compréhension des problèmes au niveau national, en particulier dans les domaines de la fécondité, de la mortalité, des migrations, du VIH/sida, de l’urbanisation, de l’accroissement de la population et du vieillissement. Il faudrait améliorer l’accès aux informations et données démographiques que les États Membres, la société civile et les universités pourraient utiliser et les mettre à jour. M. Miranda a ensuite décrit quelques-unes des activités de la Division en matière de fécondité et de planification familiale, de mortalité et de santé, de migrations internationales, de projections démographiques mondiales, de politiques démographiques, de population et de développement. Il a également présenté le projet de programme de travail de la Division de la population pour 2010-2011 (E/CN.9/CRP.1).
Mme AIDA ALZHANOVA (Kazakhstan) a relevé que les pays en développement cherchaient les moyens de réduire leur population par le biais de la contraception, afin d’alléger le fardeau démographique qui pèse sur l’environnement et la société, pendant que les pays développés s’inquiètent du fort déclin de leur fécondité qui entraîne une diminution de la main-d’œuvre et des conséquences négatives pour la situation économique et sociale. Elle a aussi remarqué que les programmes visant à réduire la fécondité sont davantage soutenus que ceux qui tendent à améliorer cette fécondité. Elle a donc appelé à apporter une assistance technique aux pays en transition, pour qu’ils adoptent des politiques en matière de population qui soient conformes avec leurs intérêts et leur culture. La représentante a salué les travaux de la Division de la population de l’ONU et demandé que les documents et bases de données qu’elle produit soient traduits dans toutes les langues officielles des Nations Unies. Elle a aussi suggéré à la Division d’impliquer des experts nationaux dans ses groupes de travail, ce qui permettrait d’améliorer la qualité des données recueillies et d’éviter des écarts entre les chiffres de la Division et les données nationales, comme dans le cas du Kazakhstan. La représentante a d’ailleurs demandé de réviser ces données pour que cela n’affecte pas l’image du pays.
Mme NINA SARDJUNANI (Indonésie) a affirmé que son pays s’était engagé à mettre en œuvre des programmes nationaux qui favorisent la planification familiale. Elle a mis l’accent sur la nécessité pour l’Indonésie et les pays en développement de bénéficier d’un partenariat global dans ce domaine. La représentante a exhorté la communauté internationale à renforcer son engagement en faveur de la planification familiale, dont l’objectif est d’assurer un développement positif et durable de la population. Dans cet esprit, elle a appelé la Commission à formuler des stratégies et des politiques qui mobilisent l’appui souhaité et qui s’appliquent sur la base des valeurs stratégiques de partenariat, reposant sur le principe de responsabilité commune mais différenciée.
M. ROBERT HAGEN (États-Unis) a apprécié le travail accompli par la Division de la population de l’ONU en ce qui concerne l’analyse des tendances démographiques et de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement. Il a considéré que cette Division joue un rôle important et produit des documents qui sont des points de référence pour beaucoup d’acteurs et de chercheurs dans le domaine de la population. Sur les questions de la fécondité et de la planification familiale, la Division produit trois indicateurs sur le taux d’incidence des contraceptifs, le taux de fécondité des adolescentes et les besoins non satisfaits en contraception, a-t-il rappelé. La Division a participé activement à la coordination des efforts entrepris pour réduire la mortalité infantile des enfants de moins de 5 ans, a aussi rappelé le représentant américain. Il a remercié la Division pour le travail remarquable de préparation de la présente session, ce qui a permis à la Commission de disposer d’une vue d’ensemble de la situation démographique dans le monde. Il a estimé par ailleurs que le programme de travail du prochain exercice biennal de la Commission est très complet. « Nous attendons avec intérêt de pouvoir examiner toute la documentation élaborée dès qu’elle sera publiée ».
M. HELGE BRUNBORG (Norvège) a lui aussi remercié la Division de la population pour la qualité de ses rapports. Il a constaté peu de progrès dans la réduction de la mortalité maternelle mais a jugé bon que les États concernés en soient informés avant d’agir efficacement. Le représentant a aussi apprécié les efforts menés pour fournir des données aux utilisateurs, notamment sur la mortalité dans le monde, tout en espérant que les mêmes résultats soient obtenus en ce qui concerne la fécondité. La base de données devrait être disponible gratuitement, en ligne, a-t-il suggéré.
Exprimant également son appréciation quant au travail accompli par la Division de la population, M. EDOUARDO RIOS-NETO (Brésil) s’est félicité qu’elle donne les tendances démographiques mondiales. Ces données sont essentielles pour l’analyse comparative entre pays d’une même région, a-t-il observé. Il a aussi mentionné les travaux utiles de la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) et la CELADE dans sa région. En 2009, seulement 11 pays avaient plus de 100 millions d’habitants, comme le Brésil et les États-Unis. Le taux de fécondité au Brésil est en 2009 de 1,5 enfant par femme et il est intéressant de prévoir la transition démographique du pays grâce aux données comparatives, a-t-il souligné.
Mme KEIKO OSAKI, Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a rappelé que la commission régionale de l’ONU jouait un rôle pivot dans la région Asie-Pacifique face aux défis posés par la démographie. Elle a indiqué qu’avec la croissance de la population constatée dans cette région, les gouvernements devraient s’atteler à fournir aux jeunes une éducation de qualité, la sécurité des revenus et une meilleure qualité de vie. C’est dans ce contexte d’ailleurs que la CESAP a organisé une réunion du Groupe d’experts en 2009, durant laquelle ont été explorés les moyens de faire face à cette situation. Concernant la mortalité maternelle dans la région, elle a indiqué qu’en collaboration avec d’autres entités, la CESAP avait organisé un séminaire régional portant sur les aspects médicaux et non médicaux de cette question. Elle a aussi rappelé que la CESAP avait mené un certain nombre d’activités pour emmener à la compréhension des liens entre la morbidité humaine et le développement. S’agissant de la diffusion des informations, Mme Osakia expliqué que la CESAP avait publié diverses publications sur les domaines de la santé et de la population.
M. DIRK JASPERS-FAIJER, (Centre latino-américain et des Caraïbes de démographie (CELADE), a parlé des activités du CELADE qui est la Division de la population de la CEPAL. Il a indiqué notamment qu’elle a élaboré le chapitre du panorama social 2008 traitant des avantages de la situation démographique en tant qu’opportunité pour avancer en matière d’éducation. Le Centre a également continué de travailler sur un projet concernant le transfert intergénérationnel et la protection sociale. « En dépit des progrès réalisés en matière de mortalité et de fécondité dans la région, nous restons préoccupés par la situation des adolescents », a-t-il indiqué. La CELADE a continué d’apporter un appui technique aux pays, a-t-il précisé, citant l’aide apportée au Brésil dans l’organisation d’une réunion de suivi de la Déclaration de Brasilia de 2007. Il a aussi mentionné la tenue de plusieurs séminaires régionaux, citant notamment un séminaire sur le traitement de données de base pour les Caraïbes.
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