LA COMMISSION ACHÈVE SON DÉBAT GÉNÉRAL PAR UN PLAIDOYER EN FAVEUR DE « L’ARMÉE SILENCIEUSE » DES DISPENSATRICES DE SOINS À DOMICILE
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Commission de la condition de la femme
Cinquante-troisième session
11e & 12e séances – matin et après-midi
LA COMMISSION ACHÈVE SON DÉBAT GÉNÉRAL PAR UN PLAIDOYER EN FAVEUR DE « L’ARMÉE SILENCIEUSE » DES DISPENSATRICES DE SOINS À DOMICILE
De vibrants plaidoyers en faveur de la reconnaissance du travail non rémunéré que les femmes effectuent lorsqu’elles prennent soin des membres de leur famille ont été faits aujourd’hui à la Commission de la condition de la femme, qui achevait le débat général de sa cinquante-troisième session sur le thème prioritaire du « partage égal des responsabilités entre les hommes et les femmes, y compris les soins dispensés dans le contexte du VIH/sida ».
Il faut apprécier à sa juste valeur cette « armée silencieuse » de donneurs de soins sans salaire, dans laquelle les femmes comptent pour 90%, s’est exclamée la représentante des « Femmes œcuméniques », qui a réclamé des politiques novatrices tenant compte de cette réalité. Il importe, a renchéri la représentante de la Colombie, d’octroyer des ressources à celles qui prennent soin des membres de leur famille.
L’Union européenne a d’ailleurs reconnu la nécessité de traiter du partage des responsabilités en tant que moteur social des soins apportés aux personnes affectées pour le VIH/sida, a indiqué la représentante de la Commission européenne. Compte tenu du coût de ces soins, le Caucus des femmes africaines a appelé à l’adoption d’un instrument international pour obtenir de l’industrie pharmaceutique un plus grand accès aux traitements, y compris par la production de génériques.
Parmi les 43 orateurs, nombreux ont dit craindre de voir la crise financière et économique actuelle aggraver les discriminations à l’égard des femmes. En période de crise financière et économique, les femmes ne doivent en aucune manière servir de « variable d’ajustement », a souligné le représentant de la France.
La viabilité de certains progrès sociaux est menacée, a acquiescé le représentant du Costa Rica, qui a préconisé une profonde réflexion sur la restructuration du système financier international, dont une refonte du système des institutuons Bretton Woods et une meilleure prise en compte de la parité entre les sexes dans les solutions à la crise.
Au total 112 États Membres ont participé au débat général depuis son ouverture, le 2 mars, en présence de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Asha-Rose Migiro. Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a présidé une manifestation spéciale, le 5 mars, sur la lutte contre la violence faite aux femmes à l’occasion de la Journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars de chaque année depuis sa proclamation en 1977.
La Commission, dont la session s’achève le 13 mars, poursuivra jusqu’au 11 mars ses travaux en séance privée. Elle organisera, le 12 mars, une table ronde d’experts sur la mise en œuvre des objectifs et des engagements en matière de santé publique, dans une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes.
La Commission commencera ensuite à se prononcer sur ses projets de proposition.
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE
Suite et fin du débat général
Mme KHIEU SEREY VUTHEA, Directrice générale chargée du développement social du Cambodge, a indiqué, qu’attaché à une politique d’égalité entre les sexes, le Cambodge a inscrit cette dimension dans sa Constitution et dans sa législation; l’organe de mise en œuvre étant le Ministère de la femme. Le pays promeut le concept de partage des responsabilités, y compris dans le contexte des soins liés au VIH/sida. Les progrès sont considérables, mais la majorité des femmes restent confinées dans l’économie informelle et ses faibles moyens de subsistance. La migration augmente et aggrave la vulnérabilité des femmes. Sur le front de l’éducation, le nombre de garçons scolarisés est toujours supérieur à celui des filles. S’agissant de la santé, l’espérance de vie a augmenté alors que le taux de fertilité a diminué. En revanche, le taux de mortalité infantile reste encore trop élevé. Des progrès ont été enregistrés en matière de VIH/sida, mais le taux de transmission périnatale est toujours élevé. C’est pourquoi, a précisé l’intervenante, des programmes ont été lancés en vue de sensibiliser les femmes.
M. RANDALL GONZÁLEZ (Costa Rica) a estimé que pour corriger le déséquilibre qui demeure dans le partage des responsabilités entre hommes et femmes, il faut d’abord modifier le statu quo qui perpétue ces inégalités et lutter contre les préjugés, les stéréotypes, les normes et les coutumes qui entravent l’autonomisation des femmes. Le coût économique et social de l’exclusion et de la violence contre les femmes a été clairement mis en lumière, a reconnu le représentant. Aujourd’hui, la crise financière et la hausse des prix des produits de base viennent encore aggraver la situation des plus pauvres, dont la majorité est constituée de femmes et d’enfants. La viabilité de certains progrès sociaux est menacée, a prévenu le représentant, en appelant à une réflexion sur la restructuration du système financier international. Cela suppose, a-t-il précisé, la refonte du système issu des institutions de Bretton Woods, mais aussi une meilleure prise en compte de la parité entre hommes et femmes dans les solutions à apporter à la crise.
M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a indiqué que dans le secteur de la justice et du droit, davantage de femmes ont été nommées à des postes de haut niveau. L’adoption de la loi sur l’égalité des chances a en effet permis des avancées significatives. Il n’y a, néanmoins, qu’une seule femme députée sur 119, mais des efforts seront consentis pour améliorer la situation dans ce domaine. Le pays entend recourir à la section 101 de la Constitution pour remédier à ce problème, en nommant trois femmes députées. Les nouvelles parlementaires désignées à la majorité absolue à l’issue de ce processus bénéficieront des mêmes privilèges que les autres parlementaires, mais elles ne pourront bloquer le budget national ni participer à un vote sur une motion de censure, a expliqué le représentant. Commentant le thème prioritaire de la session, il a indiqué que son pays appuie toutes dispositions relatives à la création d’une base de données ventilées par sexe sur cette question.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a estimé que les normes et traditions qui régissent le partage des responsabilités de manière trop précise posent un réel problème. Le Gouvernement du Guyana applique donc une politique qui tend à effacer les stéréotypes sur le partage des tâches, en particulier des tâches domestiques, a-t-il expliqué, avant de citer un programme de soutien matériel aux familles monoparentales. Le tribut de plus en plus lourd payé au VIH/sida et la féminisation de l’épidémie dans certaines régions du monde ont des conséquences sur le partage des responsabilités entre hommes et femmes, a reconnu le représentant. Le Gouvernement a lancé des campagnes d’information et de prévention qui ont permis de réduire la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant, et prend actuellement des mesures pour lutter contre la violence sexuelle et mieux en protéger les victimes. Au plan international, les mesures prises restent insuffisantes, a estimé le représentant, qui a affirmé que le nombre des fillettes contraintes de quitter l’école augmente. Or, les progrès dans l’autonomisation des femmes sont essentiels pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui constituent eux-mêmes un moyen de faciliter l’émancipation des femmes. M. Talbot a demandé une véritable coopération internationale pour réaliser les OMD en 2015.
M. MAFIROANE E. MOTANYANE (Lesotho) a fait part des expériences, lacunes et défis auxquels se heurte son pays dans la voie de l’égalité entre les sexes. Le Lesotho a entrepris une série d’efforts en vue d’un partage égal des responsabilités, y compris dans le contexte du VIH/sida, car l’inégalité en la matière est un grand défi pour l’autonomisation des femmes. Une loi sur la pénalisation de la violence contre les femmes a été adoptée. Une autre loi sur les femmes mariées a aussi été adoptée et des efforts sont en cours pour y aligner le droit coutumier. Sur le front politique, le pays compte aujourd’hui plus de 30% de femmes dans les instances publiques. Le pays entend améliorer le taux de 23,2% de représentation des femmes au Parlement, à l’issue des élections de 2012. Pour l’heure, la présidence du Parlement, la direction de la police et d’autres postes clefs sont désormais occupés par des femmes.
Les soins dispensés pour le VIH/sida reposant largement sur les épaules des femmes et des filles, le Gouvernement s’est efforcé de résoudre cette disparité en formant les soigneurs traditionnels dans les villages, qui sont en majorité des hommes. Un appui leur est en outre fourni pour qu’ils deviennent à leur tour des formateurs. S’agissant de la sensibilisation, des centres pour la jeunesse ont été créés dans tous les districts.
Mme HADJA MAFOULA SYLLA, Ministre des affaires sociales, de la promotion féminine et de l’enfance de Guinée, a affirmé que le nouveau gouvernement de son pays s’est engagé à œuvrer en faveur de la réalisation des OMD, et notamment, en faveur de l’élimination des disparités entre hommes et femmes. Elle a notamment précisé que 73% des filles sont scolarisées dans le primaire, contre 83% des garçons. Tout en développant le système des soins de santé primaire, le gouvernement a pris une série de mesures pour lutter contre le VIH/sida, dont la prévalence atteint 1,9% chez les femmes de 15 à 49 ans, contre 0,9% chez les hommes de la même tranche d’âge.
M. JOEL NHLEKO (Swaziland) a indiqué que son pays a promulgué une série de lois sur le mariage, l’héritage ou encore la propriété foncière. Il s’emploie en particulier à remédier aux déséquilibres dans le partage des tâches entre les femmes et les hommes. Des efforts sont ainsi déployés pour que les dirigeants communautaires contribuent à la lutte contre les stéréotypes en la matière. Les femmes portent, en effet, le plus gros du fardeau d’un travail dur du point de vue physique et émotionnel. Avec le VIH/sida, le pays est confronté à d’énormes besoins, a reconnu le représentant.
M. LUIS ENRIQUE CHÁVEZ (Pérou) a déclaré que son pays a pris une série de mesures pour faciliter un partage mieux équilibré des tâches entre hommes et femmes et pour éliminer les violences domestiques. Un plan quinquennal existe en ce sens, a-t-il précisé, ajoutant que des observatoires locaux de la femme veillent à la mise en œuvre des mesures prises. Un plan de prévention de la violence familiale et sexuelle a été mis en place en 2008, a ajouté le représentant. Il s’est en outre dit convaincu que l’éducation reste un des principaux moyens de promouvoir l’égalité entre hommes et femmes. Un projet d’éducation nationale à horizon 2020 vise à éliminer toutes les discriminations entre garçons et filles dans le domaine de l’éducation, notamment dans les populations rurales reculées, a ajouté M. Chávez. Les disparités entre hommes et femmes dans les salaires sont importantes, a reconnu le représentant, en indiquant que l’État met en œuvre des programmes, notamment dans les zones rurales très pauvres, pour faciliter le travail des femmes. Il a aussi mentionné la création de garderies pour les enfants de moins de trois ans, destinées à soulager et à libérer les mères.
Mme LORENA GIMÉNEZ-JIMÉNEZ (Venezuela) a indiqué que la crise économique et financière actuelle pose des défis qui vont bien au-delà de ce qu’on pouvait imaginer il y a neuf ans, lors de l’adoption des OMD. Les experts prévoient, en effet, un revers pour le développement qui nous ramènera aux niveaux de 1998, a-t-elle averti, en insistant sur le fait que les plus affectés seront les pauvres, et parmi eux les femmes et les fillettes. Elle a ajouté que l’Organisation internationale du Travail (OIT) a fourni des chiffres préoccupants sur le chômage, montrant 6,3% pour les femmes contre 5,3% pour les hommes au niveau mondial. En 2008, les femmes constituaient 40,5% de la main-d’œuvre, contre 39,9% en 1998. C’est l’échec du système capitaliste qui, pendant si longtemps, a mis le gain mercantile au-dessus du développement humain. Jusqu’à présent, la mondialisation n’a servi qu’à mondialiser les échecs des pays qui ont imposé leur modèle de développement, sans distinction de frontières, de sexes, de croyances ou de races.
Il ne faut pas que cette situation se prolonge, a-t-elle souligné, en lançant un appel pour l’instauration d’un nouveau système économique à visage humain. Elle a souligné « avec orgueil » les chiffres de l’élimination de la pauvreté dans son pays, présentés récemment dans le rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), et qui met en relief le fait que le taux de pauvreté est passé de 51% en 2002 à 28% aujourd’hui; et qu’entre 2002 et 2007, celui du chômage est passé de 11 à 7,2%. Le Gouvernement accorde 14% du budget national à l’investissement social, dont 50% vont à l’éducation, ce qui place le Venezuela au premier rang du développement humain en Amérique latine. L’inégalité reste pourtant flagrante dans les chances économiques et politiques. En la matière, la violence est le phénomène le plus insidieux. Le programme de lutte contre cette violence inclut des projets pour traiter les 19 formes de violence identifiées.
M. TOMMO MONTHE (Cameroun) a déclaré que le projet démocratique de son pays favorise la participation égale des hommes et des femmes à la vie publique et familiale. Dans le domaine de la santé, il a affirmé qu’il existe des programmes, notamment en matière de santé reproductive, qui visent à informer sur le VIH/sida, mais aussi à lutter contre des pratiques traditionnelles préjudiciables telles que les mutilations génitales féminines. Le Gouvernement a mis en place un plan sectoriel « femme-famille » dans le contexte d’une féminisation du VIH/sida, puisqu’on compte 170 femmes infectées pour 100 hommes. Le plan est mis en œuvre sur plusieurs axes, tels que le conseil, le dépistage volontaire et la promotion des préservatifs; la prévention de la transmission de la mère à l’enfant; le renforcement des interventions ciblant des groupes tels que les camionneurs, les femmes célibataires, les prostituées, les militaires et les familles pauvres; la reconversion professionnelle des prostituées par la réintroduction dans le cycle scolaire, etc. Des activités de formation et de sensibilisation ont également été mises en place pour les jeunes filles pendant les vacances scolaires, a expliqué M. Monthe. Le représentant a toutefois cité un certain nombre d’obstacles et de pesanteurs, dont l’organisation patriarcale de la société; les coutumes et stéréotypes défavorables aux femmes; la persistance de la pauvreté des femmes, surtout dans les mariages polygamiques; la connaissance insuffisante des droits de la femme; ou le faible niveau d’éducation des femmes et des filles.
Mme SANJA ŠTIGLIC (Slovénie) s’est dite convaincue qu’il fallait traiter et promouvoir les droits de la femme de manière globale et intégrée. Ils sont en effet interdépendants et touchent à tous les aspects de la vie quotidienne, a-t-elle ajouté. Mme Štiglic a déclaré que la Constitution slovène garantit les droits des femmes à décider librement du nombre d’enfants qu’elles veulent avoir. Des politiques ont été mises en place pour assurer le libre choix en matière de sexualité, de santé reproductive et de mode de vie, a-t-elle expliqué. De même, le Gouvernement considère qu’il faut garantir les mêmes droits économiques et sociaux aux femmes. Mme Štiglic a rappelé à cet égard que son pays a une longue tradition d’une forte représentation des femmes sur le marché du travail. Le fait d’avoir des enfants n’affecte pas les taux d’emploi chez les femmes.
Ainsi, la Slovénie est le seul pays de l’Union européenne (UE) où le taux d’emploi des mères d’enfants de moins de 12 ans est plus élevé que celui des femmes sans enfants. Ce taux est rendu possible grâce à des systèmes de congé parental pleinement compensés, un accès aisé aux soins de santé et des mesures globales et coordonnées visant tant les hommes que les employeurs et destinées à mieux équilibrer le travail et la vie privée, a expliqué la représentante. Mme Štiglic a toutefois reconnu que les stéréotypes sur les rôles sociaux assignés aux hommes et aux femmes réduisent les choix et opportunités des uns comme des autres. Il nous faut donc transformer les institutions et les systèmes, afin qu’ils ne reposent plus sur des paradigmes de pouvoir et des modes de vie déterminés par les hommes, a-t-elle conclu.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a indiqué que la répartition des tâches est liée aux politiques de l’emploi, de la protection sociale, de l’éducation et de la culture, ainsi qu’aux droits et aux libertés fondamentales des femmes, auxquels la Colombie accorde une attention prioritaire. Aujourd’hui, les femmes sont plus présentes dans la vie publique, et le Gouvernement a reconnu les difficultés auxquelles elles se heurtent lorsqu’il s’agit de leur pleine inclusion dans le marché du travail. Le 6 mars, 12 associations nationales d’entreprises ont signé le programme pour l’égalité sur le marché du travail, qui prévoit, entre autres, des horaires de travail souples. De son côté, le Congrès a promulgué le congé-paternité. Le système national des statistiques a été amélioré pour disposer de données ventilées par sexe sur les tâches et les responsabilités des femmes et des hommes. Aujourd’hui, la participation féminine aux postes de direction dans les ministères est de 48%, de 32% au Sénat et de 28% à la Chambre des représentants. Il s’agit maintenant de progresser dans les provinces et les conseils départementaux et municipaux. Une nouvelle loi permet aussi de garantir la protection des droits de la femme et de prévenir et lutter contre la violence à leur égard.
M. JEAN-DANIEL VIGNY (Suisse) s’est dit convaincu qu’un partage équitable des responsabilités et du travail, rémunéré et non rémunéré, contribue à améliorer la position des femmes dans la société. En même temps, il s’est dit conscient que l’analyse économique a longtemps négligé les activités non rémunérées de dispense de soins. En Suisse, plusieurs études sur l’économie de soins ont démontré que l’encadrement des enfants et la prise en charge des adultes tributaires de soins sont assurés principalement dans le cadre d’activités non rémunérées, et pour plus des deux tiers, par des femmes, a déclaré M. Vigny. On estime que la valeur ajoutée des activités non rémunérées de soins directs en faveur des enfants ou adultes dépendants, et fournies par des femmes, est 3,5 fois plus élevée que les recettes fiscales suisses des entreprises, a ajouté le représentant.
De même, les études montrent que les familles monoparentales, et notamment les femmes qui élèvent seules leurs enfants, sont plus exposées à la pauvreté, car les femmes dans cette situation ont des besoins financiers supérieurs pour couvrir leurs dépenses, alors même que leurs possibilités de travail sont plus faibles. La conciliation entre travail et famille est cruciale pour progresser sur le chemin de l’égalité, a ajouté le représentant. C’est pourquoi, la Suisse promeut activement l’égalité des chances dans le travail par des campagnes d’information et de sensibilisation « fairplay at work » et « fairplay at home » pour gommer les stéréotypes sur la répartition des rôles entre hommes et femmes.
La Suisse soutient aussi un service spécialisé de la société civile, qui a mis en place un label applicable aux organisations et entreprises dotées d’une politique favorable à la famille, a ajouté M. Vigny. Il a affirmé que son pays s’est attaché, ces dernières années, à assurer un développement permanent de son système d’accueil extrafamilial des enfants, et a ajouté que le Gouvernement envisage de réformer en profondeur sa fiscalité du couple et de la famille, pour réduire la charge fiscale des familles ayant des enfants. Il a conclu en estimant qu’il faut inscrire la dimension sexospécifique de la crise économique et financière à l’ordre du jour de la session de la Commission de la femme. Il a en effet dit partager l’inquiétude générale sur l’impact disproportionné que la crise peut avoir sur les femmes et les filles à travers le monde.
Mme SARAH FLOOD-BEAUBRUN (Sainte-Lucie) a souligné que la problématique du VIH/sida revêt une importance particulière pour la région des Caraïbes, où sévit la pandémie. Étant un petit pays, la fourniture de soins constitue un lourd fardeau pour les familles et les communautés. Le pays a mis au point un programme de dépistage pour les mères et leurs nouveaux-nés. Le pays a aussi connu, au fil des ans, une modification des attitudes, puisque les hommes se montrent plus disposés à prendre soin des personnes affectées par le VIH/sida dans leur famille. Le plan stratégique national se fonde sur quatre priorités à savoir: le plaidoyer; la politique et le développement; le renforcement de la prévention et de la lutte contre le VIH/sida; le financement; et l’amélioration des capacités nationales en vue d’une fourniture efficace, coordonnée et multisectorielle des soins et services de santé. À la demande de Sainte-Lucie, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et la Banque mondiale (BM) contribuent à l’évaluation des besoins du plan stratégique national 2010/2014, a indiqué la représentante, avant d’appeler à la création d’un mouvement mondial pour un partage plus équilibré des responsabilités entre les hommes et les femmes.
Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a déclaré que les femmes continuent d’assumer l’essentiel des travaux domestiques, du fait de la persistance des stéréotypes sur le partage des tâches. Toutefois, face à la montée de la demande en soins, il faudra aussi développer les structures de santé publique financièrement accessibles, a-t-elle ajouté, en reconnaissant que les hommes tendent à assumer un peu plus de responsabilités familiales. Les femmes et fillettes, a-t-elle poursuivi, seront sans doute les plus touchées par la crise économique et financière, a estimé Mme Jahan, qui a jouté qu’on pouvait déjà observer le phénomène dans plusieurs secteurs économiques dominés par des emplois peu qualifiés et tournés vers l’exportation. Elle a plaidé en faveur de mesures pour la création d’emplois qui soient équitables en terme de répartition entre hommes et femmes. Elle a demandé davantage d’investissements dans l’agriculture, des mesures de soutien au microcrédit et le maintien des flux d’aide internationale en faveur de la promotion des femmes.
Mme KIRAN CHADHA (Inde) a attribué à la réalité culturelle le fait que les femmes et les fillettes prennent soin des membres de leur famille. Il faudrait en conséquence leur faciliter la tâche face aux défis multiples, surtout quand les familles sont affectées par le VIH/sida. Il est important que ce travail soit reconnu, apprécié, voire rémunéré et que des ressources soient attribuées à ceux qui fournissent ces soins à domicile. La crise financière, a poursuivi la représentante, pose un défi à tous les pays, et ses implications négatives affectent en premier lieu les groupes les plus vulnérables, dont les femmes sont parties intégrantes. Les pays développés doivent continuer à accroître leur contribution aux programmes bilatéraux et multilatéraux. Les femmes étant des agents du changement social, il est inévitable de les soutenir et de les autonomiser. En Inde, 2 millions de groupes de femmes ont été fondés, au niveau des communautés, en vue d’une autonomisation économique dans tout le pays.
M. WAHEED ABDULWAHAB AHMED AL-SHAMI (Yémen) a estimé que, malgré les progrès réalisés du fait des nombreuses décisions prises au niveau international, de nombreuses inégalités demeurent entre hommes et femmes. La crise économique et financière aggravant les choses, il faut redoubler d’efforts. Étant donné ses traditions culturelles islamiques, le Yémen garantit les droits des femmes, a ajouté M. Al-Shami, qui a précisé que son pays a ratifié la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, en 1984. Récemment, l’âge légal du mariage a été augmenté à 17 ans, a poursuivi le représentant. Le Yémen cherche à garantir la participation des femmes à tous les niveaux de la vie politique et sociale, et en l’occurrence, le partage des responsabilités entre hommes et femmes en matière de soin est essentiel.
Mme ASEIL AL-SHUHAIL (Arabie saoudite) a indiqué que son pays a créé des unités et des sections dans tous les ministères pour accroître les services en faveur de la femme dans les politiques sociales et économiques. Au cours de ces dernières années, les femmes ont pénétré de nouveaux domaines et occupé de nouveaux postes de décision. En effet, le Gouvernement a adopté une stratégie de développement spécifique de la femme en tant que partie intégrante de la société. En conséquence, huit femmes ont été nommées au Sénat et une femme est devenue présidente d’université, ce qui met en lumière les efforts déployés en vue de sa participation effective dans toutes les sphères de la vie publique, a souligné l’oratrice.
L’économie permet au pays de garantir un emploi décent pour tous, a-t-elle précisé, en affirmant que 50% des femmes ont un emploi. Celles-ci font aussi partie des Chambres de commerce du pays et, en collaboration avec le secteur privé, des programmes et facilités leur sont offerts. Des recherches sont en cours sur la situation des personnes vivant avec le VIH/sida. En attendant les conclusions, le dépistage prénuptial a été rendu obligatoire. Aujourd’hui, les taux de prévalence sont de 3% chez les hommes et 1% chez les femmes.
M. MOHAMMED AL-ALLAF (Jordanie) a déclaré que son pays s’est engagé en faveur des programmes d’action internationaux de promotion de la femme. Les engagements pris nous obligent tous à abolir les politiques discriminatoires, a-t-il ajouté. Ils nous obligent aussi à lutter contre les stéréotypes et à mettre en place des structures et politiques publiques qui favorisent la promotion de la femme. Le représentant a rappelé que son pays avait récemment annulé certaines de ses réserves sur des dispositions de la CEDAW concernant la liberté de domiciliation et de déplacement des femmes. Il a jugé que la coopération entre son pays et le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) est un modèle à suivre. Les hommes et les femmes doivent partager les responsabilités familiales, a insisté le représentant, avant de mentionner diverses mesures en faveur des femmes qui travaillent, comme le congé-maternité. Il a aussi cité des mesures de promotion des femmes dans le secteur public, politique, diplomatique ou judiciaire.
INGRID SABJA (Bolivie) a indiqué que dans son pays, les femmes souffrent de discrimination et de ségrégation sociale, alors que la Constitution compte 25 articles sur les principes de la parité. Plus de 50% des femmes ont participé à son processus d’élaboration, y compris des femmes autochtones. L’accent est mis sur le droit à une existence sans violence et sur l’égalité des chances en matière d’éducation et de santé. D’autre part, la valeur économique du travail des femmes et des hommes doit désormais être quantifiée dans le budget national. La féminisation du VIH/sida est un autre aspect de la situation de la femme. Une nouvelle loi a été adoptée sur la prévention et les soins aux malades. Elle définit les responsabilités de chacun, dont celles de l’État.
Mme ANI KOCHARYAN (Arménie) a expliqué qu’une loi a été adoptée par référendum, en 2005 dans son pays, pour garantir la liberté de choix et la protection de la maternité. Un programme pluriannuel vise, en outre, à promouvoir la condition des femmes, réduire la pauvreté et lutter contre la traite des êtres humains. Les dernières recommandations du Comité CEDAW seront intégrées dans la politique future, a-t-elle assuré. Elle a estimé que les femmes n’étaient pas encore assez présentes au niveau des processus de prise de décisions, même si elles sont plus nombreuses aux échelons intermédiaires de l’administration ou encore dans le secteur privé et la société civile. Elle a ajouté qu’un système de lutte contre la traite et d’aide à ses victimes a été mis en place notamment avec la société civile, bien que, a-t-elle affirmé, le problème ne soit pas très aigu dans le pays.
M. STEPHEN HOMASI (Tuvalu) a indiqué que la part des femmes dans les emplois rémunérés a considérablement augmenté ces 20 dernières années, mais que leur représentativité aux postes de décision n’a pas suivi. Les soins restent leur attribut, et dans le contexte du VIH/sida, si les hommes y participent, ils le font souvent en cachette en raison des préjugés sociaux. Compte tenu des rôles culturellement acceptés, la femme et la jeune fille sont fréquemment dans une position subalterne lorsqu’il s’agit de leur vie sexuelle. Dans une petite péninsule vulnérable telle que Tuvalu, il faut prendre en considération l’impact des changements climatiques, qui constituent une menace pour la sécurité mondiale et la survie de l’humanité. Il est essentiel d’inclure, de façon transversale, les changements climatiques en tant que problème émergeant dans les plates-formes internationales sur les droits des femmes, la parité et le VIH/sida.
Mme AMAL AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a affirmé que son pays est très sensible à la question de l’égalité entre hommes et femmes. Les Émirats arabes unis ont intégré des aspects relatifs à la promotion de la femme dans tous les programmes de développement du pays, a-t-elle ajouté. Elle a déclaré que les filles représentent dans son pays 70% des diplômés de l’enseignement supérieur, 22,4% de la main-d’œuvre nationale et 30% des postes de décision et de direction dans le secteur privé. La représentante a ajouté qu’il existe un programme ministériel pour améliorer les ressources financières des familles à revenu limité dont les femmes ne peuvent pas travailler à l’extérieur. Le Gouvernement a en outre mis en place des programmes et infrastructures pour permettre aux femmes de travailler à l’extérieur, tout en incitant les hommes à assumer une plus grande part de responsabilités à domicile. Elle a en revanche estimé que le VIH/sida ne constitue pas un fardeau socioéconomique grave aux Émirats arabes unis.
Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a noté que le partage des responsabilités entre les hommes et les femmes représente un défi majeur. Au Nicaragua, les efforts de promotion de la femme mettent l’accent sur les femmes rurales, les plus touchées par la pauvreté. Des programmes novateurs visent aussi les femmes des familles monoparentales. Un programme « Hambre Cero » a consisté à offrir des bons alimentaires. Un autre programme « Usura Cero » a pour but de fournir des crédits aux femmes à un taux d’intérêt favorable. Depuis le lancement de ce programme, plus de 80 895 crédits ont été accordés. Par ailleurs, grâce à la campagne nationale d’alphabétisation, le taux d’analphabétisme est passé à 6,82% et la gratuité de l’éducation a permis un taux de scolarisation de 94% en 2008.
La mortalité maternelle a été notablement réduite et le Gouvernement a investi dans des programmes de garderies pour soulager les femmes qui travaillent. Aujourd’hui, la sécurité est aux mains des femmes, puisque tous les hauts responsables des ministères de la défense, de l’intérieur, de la police nationale et de la migration, ainsi que des affaires étrangères sont des femmes. Pour lutter contre la violence domestique, la police nationale dispose de 32 commissariats pour la femme et l’enfant, ce qui a permis de mieux cerner la problématique de la violence familiale.
Mme ANNALISA SACCÁ, Saint-Siège, a applaudi le choix du thème prioritaire qui vient à point nommé, car les soins constituent un aspect fondamental de la vie humaine. La fourniture de soins inclut des décisions liées aux programmes et politiques et des décisions d’ordre budgétaire. La première idée à inculquer dans le cadre du VIH/sida est celle de la solidarité avec autrui. Il faut lutter contre la marginalisation liée à cette maladie et reconnaître la valeur des soins dispensés au sein de la famille. Souvent les soins sont dispensés dans le secret, à la maison, et ceux qui les prodiguent connaissent bien plus de stress que le personnel médical. Il est alors impératif de lever les obstacles auxquels les femmes concernées sont confrontées. L’appui à une formation professionnelle est crucial.
M. LUCAS DALL’OGLIO, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré que les pays d’origine des travailleurs migrants sont de plus en plus dépendants des revenus envoyés par ces derniers, ajoutant qu’on estime à 283 milliards de dollars, en 2008, les transferts effectués par les travailleurs migrants. Il a fait observer que cet argent peut aider les enfants restés au pays à aller à l’école, mais a ajouté que l’absence prolongée d’un parent peut aussi miner les ressources des familles qui se retrouvent monoparentales et augmente la charge de travail et la responsabilité du parent qui reste. Le départ du mari à l’étranger peut aussi faciliter une certaine autonomisation des femmes restées aux pays, mais le retour des hommes signifie souvent un retour à la répartition traditionnelle des tâches. En outre, quand le père travaille à l’étranger, les fillettes sont davantage exposées aux abus sexuels de la part de membres de la famille élargie, et ont souvent l’obligation de prendre soin de leurs frères et sœurs, ce qui les empêche de suivre une scolarité régulière.
M. Dall’oglio a insisté ensuite sur le problème de la fuite des cerveaux, affirmant par exemple que 23% des médecins formés en Afrique subsaharienne travaillent dans les pays développés où ils trouvent de meilleures conditions de salaire et de travail. Depuis les années 70, il y a davantage d’infirmières philippines aux États-Unis ou au Canada qu’aux Philippines et il y a plus de médecins béninois en France qu’au Bénin, a encore affirmé l’orateur. Il a aussi mis l’accent sur le statut inférieur des migrants dans le pays d’accueil, et en particulier des femmes migrantes qui se trouvent dans le secteur informel, où elles demeurent socialement invisibles. Elles sont particulièrement vulnérables à toute forme d’abus, comme les abus sexuels, mais aussi l’exploitation dans le travail.
Mme BELINDA PYKE, Commission européenne, a indiqué que l’Union européenne (UE), qui a adopté un programme d’horaires de travail plus souples, a présenté en octobre 2008 un paquet d’initiatives sur la conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle. Mais en dépit des progrès dans plusieurs domaines, des fossés subsistent, notamment dans l’égalité salariale. La représentante a aussi souligné la nécessité de traiter l’égalité entre les sexes en tant que moteur social des soins pour le VIH/Sida; le Programme 2007-2011 sur le VIH/sida étant le socle de cette politique. Mettant l’accent sur un autre problème, elle a indiqué que la Commission s’emploie à trouver les moyens de corriger les déséquilibres dans la représentativité des femmes dans tous les organes de l’Union européenne.
Mme XENIA VON LILIEN-WALDAU, Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a déclaré que le partage des tâches entre hommes et femmes en milieu rural concerne toutes les activités, y compris le travail dans les champs, les corvées d’eau ou la préparation de la nourriture. Elle a considéré les soins pour les malades du VIH/sida comme un défi particulièrement grand pour les communautés rurales. En effet, durant les 10 dernières années, la pandémie s’est étendue rapidement en milieu rural du fait que bien souvent les personnes infectées retournent dans leur village quand elles tombent malades. Mme von Lilien-Waldau a cité des projets soutenus par le FIDA, qui cherchent à combiner les opportunités de développement économique avec la prévention, les soins et le traitement du VIH/sida en Afrique. Elle a pointé le doigt sur une hausse de 70% de la participation des hommes dans des associations de personnes vivant avec le VIH/sida, un résultat qu’elle a jugé important compte tenu de la réticence traditionnelle des hommes à déclarer leur séropositivité et à consulter de telles associations.
La représentante a salué le projet à long terme de la Commission, et son souhait de consacrer en 2012 son programme prioritaire aux femmes rurales. Rappelant que la crise alimentaire de 2008 a mis en évidence le rôle central des agriculteurs des pays pauvres et notamment des femmes, elle a suggéré que la Commission traite, à cette occasion, du lien entre autonomisation des femmes rurales et sécurité alimentaire. Mme von Lilien-Waldau a enfin rappelé qu’en début d’année, le FIDA, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Banque mondiale (BM) ont publié « Gender in Agriculture Sourcebook », un livre qui contient plus de 300 contributions pour mieux comprendre les questions sexospécifiques liées au monde rural.
Mme JANE HODGES, Directrice du Bureau de la parité entre les sexes de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé l’adoption de la Déclaration de 2008 sur une mondialisation juste qui met l’égalité entre les sexes au centre de toutes les activités de l’OIT. Celles-ci couvrent la création d’emplois et la croissance économique, la protection sociale, le dialogue social et les principes et droits du travail. La représentante a prévenu que le chômage atteindra plus de 7,4% chez les femmes, contre 7% pour les hommes à la fin de 2009. D’autre part, les responsabilités au sein de la famille figurent parmi les principaux facteurs qui forcent les femmes à accepter toutes sortes d’emplois informel ou à temps partiel. Du Paraguay aux Philippines, les exemples de bonnes pratiques surgissent, a-t-elle annoncé.
En Inde, par exemple, des organisations volontaires se rendent sur les sites de construction, qui sont largement féminisés dans ce pays. Environ 13 000 centres mobiles suivent ainsi les chantiers de construction. Au Paraguay, les efforts sont tripartites impliquant employeurs, employés et État et le pays vient de ratifier la Convention 156 de l’OIT. En Nouvelle-Zélande, des efforts de sensibilisation sont déployés sur le lieu de travail. Parmi ses recommandations, l’OIT encourage les gouvernements à accorder des congés parentaux et à promouvoir l’application des Convention 156 et 153.
Mme LISE-MARIE DÉJEAN (Haïti) a rappelé que son pays comprend 52% de femmes et que les moins de 21 ans constituent 55% de la population. Les femmes haïtiennes, a-t-elle indiqué, ont gravi les échelons de la scène politique depuis les années 50, et ont occupé les plus hautes fonctions, y compris la présidence, et aujourd’hui la direction du Gouvernement. Elle a rappelé que son pays a présenté, le 27 janvier, son rapport sur la mise en œuvre de la CEDAW, et a affirmé que les observations finales et les recommandations du Comité viennent soutenir la volonté d’Haïti de renforcer les politiques déjà mises en œuvre. Des propositions sur une politique d’égalité des sexes ont été présentées au Conseil du Gouvernement le 20 janvier, a déclaré Mme Déjean, en reconnaissant toutefois la nécessité de transformer les mentalités. Le pays a donc adopté des mesures concrètes pour modifier l’éducation et extirper des manuels scolaires les images et mots qui entretiennent les stéréotypes liés au sexe.
Avec une séroprévalence de 3,1% en moyenne et de 3,3% chez les femmes, Haïti connait une féminisation de la pandémie de VIH, a poursuivi la représentante, qui a rappelé que le taux des personnes infectées était d’une femme pour 7 hommes en 1982 et de 3 femmes pour un homme en 2006. Elle a jugé en outre préoccupant la hausse du taux de mortalité maternelle, passée entre 2003 et 2006, de 523 décès à 630 décès pour 100 000 naissances. L’État a pris des engagements pour améliorer le système de santé, et la lutte contre le VIH/sida s’inscrit dans la lutte contre la pauvreté, les inégalités sociales et les inégalités entre les sexes, a-t-elle précisé. Des mesures sont prises pour améliorer la qualité de vie des personnes infectées et affectées, a ajouté Mme Déjean, qui a cité la collaboration entre le Gouvernement et plusieurs agences des Nations Unies, dont ONUSIDA. Elle a aussi cité la création de la Coalition haïtienne sur les femmes et le sida, une coalition d’associations de la société civile, et notamment de femmes infectées, qui fait du plaidoyer et sensibilise la population, et notamment les femmes, aux mesures de protection. Mme Déjean a également appelé à la solidarité internationale pour que la crise économique et financière ne mette pas en cause les progrès réalisés, ni la réalisation des OMD.
M. MAX-OLIVIER GONNET (France) a indiqué que chaque année, son pays consacre 360 millions d’euros à la lutte contre le VIH/sida, versés pour l’essentiel dans un cadre multilatéral. Second contributeur au Fonds mondial et premier donateur à laFacilité internationale d’achat de médicaments (UNITAID), la France, par ses deux initiatives, a contribué de façon décisive à l’augmentation exponentielle du nombre des personnes ayant accès aux traitements antirétroviraux, notamment en Afrique. Le représentant a estimé que la lutte contre cette pandémie doit aller bien au-delà de l’accès aux traitements et englober des politiques de prévention et de lutte contre les discriminations. Il a estimé qu’un certain nombre d’initiatives doivent être prises pour faire prendre conscience de l’impact du VIH et du sida et du poids disproportionné des soins supportés par les femmes et les filles. Il s’agit entre autres de mettre en exergue le travail non rémunéré effectué par les femmes en matière de soins, en présentant les coûts et leur impact socioéconomique pour leur famille et la société.
Les gouvernements, les décideurs nationaux et internationaux, les familles et les ménages sont invités à reconnaître la nécessité urgente de développer et d’élargir la protection sociale et l’appui aux dispensatrices de soins aux niveaux des familles et des ménages. Il s’agit par ailleurs de plaider pour un changement dans la répartition des travaux domestiques au niveau des ménages et pour un partage équitable de la responsabilité des soins. Au titre de ses politiques nationales, la France favorise la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle par des aides à la reprise d’activités après la naissance ou l’adoption d’un enfant. Elle octroie un soutien financier aux entreprises qui engagent des dépenses pour aider leurs salariés à concilier leurs responsabilités.
Elle a aussi créé un « label égalité » qui distingue les entreprises agissant concrètement pour assurer l’égalité entre leurs salariés masculins et féminins, et a développé une large palette de garde des enfants. Le représentant a ensuite abordé la question de la participation des femmes au processus de prise de décisions, singulièrement dans les situations de conflits ou postconflits. Il a attiré l’attention sur plusieurs initiatives directement liées à la mise en œuvre par l’Union européenne des résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité. Il a prévenu qu’en période de crise financière et économique, les femmes ne doivent en aucune manière servir de « variable d’ajustement ». Au contraire, il faut agir plus que jamais pour qu’elles occupent toute leur place sur le marché du travail.
Mme HOUDA MEJRI, Commission économique pour l’Afrique (CEA), au nom des cinq commissions régionales de l’ONU, a recommandé une approche plus complète dans le partage des responsabilités entre les hommes et les femmes. Au niveau national, le rôle du secteur privé est crucial pour créer un environnement propice au travail. Il faudrait, dans les lieux de travail, des arrangements souples pour ne pas pénaliser la carrière et la promotion des femmes comme des hommes. En Afrique, a-t-elle dit, des enquêtes sont en cours pour mieux apprécier le coût effectif des soins dispensés dans le cadre du VIH/sida; le but étant de pouvoir incorporer la dimension sexospécifique dans tous les aspects de la vie. La réunion d’examen de la CEA sur la Conférence de Beijing, qui se tiendra les 13 et 14 juillet 2009 à Genève, constituera une plate-forme d’échange autour des nouvelles pratiques novatrices du secteur privé afin de faciliter la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle pour les femmes et les hommes.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, les ministres se sont réunis à Quito, du 6 au 9 août 2007, et les hauts responsables des mécanismes nationaux de promotion de la femme sont convenus de deux thèmes stratégiques pour cette région, à savoir: la participation politique et la parité entre les sexes dans les processus de prise de décisions à tous les niveaux, ainsi que la contribution des femmes à l’économie et à la protection sociale, en particulier pour ce qui a trait au travail non rémunéré. La conférence régionale a décidé de mettre en avant la notion de responsabilité conjointe au sein de la famille et dans la vie active.
Mme SHUWEN HE, Caucus Asie-Pacifique, a déclaré que les cadres juridiques, combinés à des comportements sociaux fondés sur la culture et les traditions, limitent les droits des femmes et des filles. De tels stéréotypes limitent aussi la participation effective des hommes aux soins et amènent les femmes séropositives à en recevoir moins que les hommes contaminés. En outre, ce sont souvent des femmes qui fournissent les soins aux malades. Mme Shuwen He a demandé que les États créent un climat dans lequel hommes et femmes pourraient partager la responsabilité des soins et transformer la vie des femmes pour le meilleur. Parmi les nombreuses mesures qu’elle a incité les États à prendre figurent la création de programmes qui affirment l’engagement des hommes dans la fourniture des soins de santé; un partage équitable des responsabilités dans le secteur privé comme dans le secteur public; des mesures pour éviter que les femmes ne soient affectées de manière disproportionnée par la crise économique et financière; des législations facilitant une présence accrue des femmes dans les sphères politiques; et la promotion des partenariats avec la société civile.
Mme MAMA KOITE, Caucus des femmes africaines, a noté avec préoccupation que la vulnérabilité croissante des femmes et des jeunes filles à diverses formes de violence, telles que les abus sexuels, la traite des êtres humains, les mariages forcés et précoces, les mutilations génitales et l’accès limité aux traitements, constitue la cause principale de la propagation du VIH/sida. Elle a également noté que cette situation était accentuée par le fardeau que les femmes et les filles portent en matière de fourniture de soins au niveau de la famille et de la société en général aux personnes infectées et affectées par le VIH/sida. Elle a exhorté les Gouvernements à renforcer les mandats et les capacités des cadres institutionnels, et a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre, aux niveaux national et local, les engagements internationaux relatifs à la prévention, à l’accès universel aux traitements du VIH/sida, notamment par l’application de la Déclaration d’Abuja de 2000 et du Protocole de Maputo de 2003 qui les engagent à consacrer au moins 15% de leurs budgets nationaux aux dépenses de santé.
La représentante a demandé également aux gouvernements de veiller à ce que la mise en œuvre des OMD intègre pleinement l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Aux des pays développés, elle a réclamé la réalisation de l’engagement consistant à consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD), car cet engagement ne devrait pas être compromis par la crise économique et financière actuelle. Elle a notamment appelé à l’élaboration et à l’adoption d’un instrument international pour faciliter la disponibilité et l’accès aux traitements et la production des génériques.
Mme FACIA HARRIS, au nom des « Femmes œcuméniques », a parlé d’une « armée silencieuse » de donneurs de soins non rémunérés dans laquelle les femmes comptent pour 90%. Cette disproportion doit être reconnue, a-t-elle insisté, car elle prive les femmes des moyens d’assurer leur subsistance, créant ainsi un cycle tragique de pauvreté et de vulnérabilité. Elle a réclamé des politiques et des mesures innovantes qui tiennent compte de cette réalité. Mme Harris a demandé qu’on tienne également compte de la féminisation de la pandémie de VIH/sida, et a exhorté les États à adopter des solutions novatrices pour rémunérer les pourvoyeurs de soins, à allouer des ressources aux secteurs sociaux les plus importants et à assurer la distribution de médicaments génériques.
Mme AZZA KAMEL, Caucus d’Asie occidentale, s’est inquiétée de la dégradation de la condition économique des femmes, notamment dans le contexte de la crise économique et financière actuelle qui risque de plonger de nombreuses femmes dans la prostitution et donc de les exposer encore davantage au VIH/sida. Elle s’est également inquiétée de l’absence de lois pour protéger les femmes contre les violences et du manque de ressources allouées aux programmes de prévention, d’éducation et de traitement sur le VIH/sida. Elle s’est enfin inquiétée de l’absence, dans de nombreux pays, de données précises sur les femmes infectées par le VIH/sida et de législations pour protéger les droits, les conditions de travail et la représentativité des dispensatrices bénévoles de soins. Mme Kamel a exhorté les États de l’Asie occidentale, notamment arabes, et les Nations Unies à adopter des plans d’actions, des politiques et des mécanismes permettant de promouvoir l’égalité des sexes et à supprimer les législations et mesures nationales qui s’y opposent. Les femmes séropositives devraient être traitées dignement, a-t-elle ajouté, rejetant les stigmates sociaux associés à la séropositivité. Elle a également demandé aux gouvernants de protéger les femmes contre la violence.
Mme JAN RACHEL REYES, Human Rights Advocates, a rappelé que 60 ans après la Déclaration universelle des droits de l’homme, de nombreuses femmes continuent de lutter pour la protection de leurs droits les plus fondamentaux. Elle a recommandé aux gouvernements d’œuvrer de concert pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, en modifiant les lois discriminatoires actuelles et en prenant des mesures appropriées en vue de la suppression de toutes les formes de traite et d’exploitation sexuelle des femmes. Elle a également plaidé en faveur du droit des femmes de choisir leur nationalité et de pouvoir la transmettre à leurs enfants. Elle a appelé à des mesures visant à protéger la santé des femmes, en élargissant l’accès à la santé et aux soins, y compris la planification familiale et les soins néo et postnataux. Du point de vue économique, elle a invité les gouvernements à élargir l’accès aux crédits. Au même titre que les hommes, les femmes, y compris les femmes rurales, doivent pouvoir participer à des activités de loisir, sportives et culturelles. Il est important de répondre à leurs besoins spécifiques, en particulier en matière de formation et d’emploi, a conclu la représentante.
Mme ALEXANDRA JACHANOYA DOLEZELOVA, Lobby des femmes européennes, a affirmé que les femmes de l’Union européenne n’accepteront pas que la crise économique et financière soit utilisée comme prétexte pour réduire les programmes de santé. Au contraire, a-t-elle estimé, le moment est venu de mettre en place une politique de santé qui place au premier plan l’égalité entre hommes et femmes. La santé n’est pas un problème de femmes mais un problème qui touche l’ensemble de la société, a souligné Mme Dolezelova, qui a ajouté qu’il faut se soucier d’un partage égal des charges et des soins entre hommes et femmes, notamment au regard de la pandémie de sida.
L’oratrice a souhaité un engagement au plus haut niveau des Nations Unies en faveur du droit à la santé. Selon elle, la réforme institutionnelle en cours, et en particulier le projet d’une nouvelle architecture de l’égalité entre les sexes doit aboutir à l’augmentation, au sein du système des Nations Unies, des ressources pour faciliter les transformations sur le terrain. Au niveau de l’Union européenne, Mme Dolezelova a réclamé une confirmation des objectifs définis en 2002 à Barcelone en matière de santé de l’enfant, et leur extension à la fourniture de soins à d’autres personnes dépendantes, comme les personnes âgées ou celles ayant des besoins spécifiques, y compris les personnes atteintes du VIH/sida. Au niveau des États, elle a réclamé des dispositions budgétaires claires. Elle a enfin estimé qu’il fallait combattre les stéréotypes fondés sur le sexe dès le plus jeune âge.
Mme JANINE DE BOCCARD, International Network of Liberal Women, a réaffirmé l’attachement du Réseau à la Déclaration du Millénaire et aux OMD, notamment en ce qui concerne la lutte contre le VIH/sida. Elle a exigé l’accélération de la mise en œuvre des engagements pris en matière de prévention et de lutte contre le VIH/sida; l’intégration du partage des soins dans tous les programmes et politiques; l’amélioration de la visibilité des organisations non gouvernementales (ONG) dans ce travail; et des financements accrus.
Mme MARCIA CAMPOS PEREIRA, Fédération internationale démocratique des femmes, a affirmé que la crise économique et financière touche doublement les femmes dans le monde. Elle a attribué cette situation au fait que les femmes coûtent plus cher aux employeurs, du fait des congés-maternité par exemple. Elle a reproché aux entreprises de ne pas créer de garderies. Elle a aussi dénoncé l’augmentation de l’âge de la retraite et a réclamé des mécanismes de contrôle de l’emploi et des salaires, ainsi que le maintien du crédit à la production et à la consommation. Elle s’est également élevée contre le chantage aux licenciements pratiqué notamment par les multinationales. L’heure est venue, a-t-elle dit, de baisser les taux d’intérêt et d’investir dans les salaires et la création de banques de développement pour prêter aux producteurs. Elle a cité en ce sens diverses mesures prises en Chine ou au Brésil, et a estimé que tous les pays pourraient prendre de telles initiatives, tant dans l’intérêt des citoyens que du développement.
Mme LATHA. K, Fédération internationale des femmes juristes, a estimé que les États pourraient lutter contre la discrimination sexuelle en adoptant de nouvelles lois ou en abolissant des textes qui facilitent cette discrimination. Les gouvernements doivent veiller à ce que les hommes et les femmes aient les mêmes droits dans la vie politique. Elle a notamment demandé que les États prennent des mesures pour que les femmes ne changent pas automatiquement de nationalité par le mariage et ne risquent pas de devenir apatrides. Elle a demandé des mesures d’appui aux femmes rurales et a rappelé que les gouvernements ont l’obligation de prendre des mesures positives pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Mme KHANYISILE SARAH TSIANE et M. CHARL DOMINGO, Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice et VIDES International, ont, dans une déclaration conjointe, indiqué que leur réseau qui travaille avec des personnes infectées ou affectées par le VIH/sida, dispense des soins dans des centres créés à cet effet ou le cas échéant, dirige les patients vers les spécialistes. Le réseau milite aussi pour l’élargissement de l’accès aux traitements antirétroviraux et apporte une aide pour les soins à domicile. Il forme également les pères et les jeunes à conseiller la population sur les choix de vie saine. Le réseau offre des programmes d’alphabétisation, d’autonomisation économique et une assistance à la création de microentreprises. Les organisations du réseau ont une longue expérience de travail en Afrique subsaharienne, où il a été prouvé que l’éducation est essentielle dans le combat contre la pandémie de VIH/sida. Le réseau traite également des cas d’exploitation sexuelle et des victimes de la traite.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel