En cours au Siège de l'ONU

FEM/1723

PAS DE PARTAGE ÉGAL DES RESPONSABILITÉS ENTRE HOMMES ET FEMMES SANS TRAITEMENT DES CAUSES STRUCTURELLES DES INÉGALITÉS

6/03/2009
Conseil économique et socialFEM/1723
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-troisième session

9e et 10e séances – matin et après-midi


PAS DE PARTAGE ÉGAL DES RESPONSABILITÉS ENTRE HOMMES ET FEMMES SANS TRAITEMENT DES CAUSES STRUCTURELLES DES INÉGALITÉS


Le secteur privé reste à la traîne s’agissant de la représentativité des femmes aux postes de direction


Les femmes et les hommes ne partageront les responsabilités de manière égale que lorsque les politiques publiques traiteront des causes structurelles des inégalités et se concentreront sur l’autonomisation tant sociale qu’économique des femmes et des filles, a affirmé cet après-midi, la représentante d’Israël devant la Commission de la condition de la femme, qui poursuivait son débat général sur le thème prioritaire « le partage égal des responsabilités entre les hommes et les femmes, y compris les soins dispensés dans le contexte du VIH/sida ».


Pour la représentante israélienne, il ne s’agit pas d’une question de prérogatives culturelles mais d’un choix conscient sur les droits et opportunités offerts aux femmes.  Les programmes et déclarations, adoptés à l’échelle internationale, en faveur de la promotion de la femme ne sauraient suffire.  Il faut, a estimé la représentante du Gabon, opérer un changement fondamental des paradigmes traditionnels de la société sur la répartition des rôles entre hommes et femmes.  Il faut, a-t-elle insisté, que les générations futures inscrivent le partage des responsabilités dans leurs préoccupations et même leur plan de vie.


Comme lors des précédentes sessions, de nombreuses délégations ont présenté les mesures institutionnelles prises dans leurs pays en faveur de la promotion de la femme.  Ainsi, la représentante du Népal a affirmé que les récentes transformations politiques « historiques » qui ont lieu dans son pays, ont permis l’adoption de mesures visant à abolir la structure patriarcale de la société et offert des possibilités d’égalité pour les femmes.


Beaucoup d’orateurs ont également défendu leurs mesures pour promouvoir un meilleur partage des responsabilités domestiques entre hommes et femmes.  La représentante du Royaume-Uni a mentionné un allongement de la durée du congé-maternité, la création de congé-paternité et en cas d’adoption, ou encore la mise en place de modalités de travail souples pour les parents.  Le représentant de la Chine a cité l’élection en partenariat avec les médias « d’hommes de notre temps » qui illustrent ce nouveau partage des responsabilités. 


Après la table ronde consacrée jeudi dernier à l’impact de la crise économique et financière sur l’égalité entre les sexes, les délégations ont moins abordé le sujet.  Toutefois, expliquant que la crise actuelle touche avant tout les secteurs dominés par les hommes, alors même que le pays a besoin d’étendre son secteur social, le représentant du Danemark a vu dans la situation actuelle une « opportunité sans précédent » de transférer la main-d’œuvre masculine actuellement inemployée vers ce secteur social très féminisé, et de modifier ainsi la perception traditionnelle des rôles et responsabilités au bénéfice de la société et des familles.


Lorsqu’il s’agit de la représentativité des femmes aux postes de direction, le secteur privé reste à la traîne, a conclu la Commission, après le dialogue qu’elle a tenu aujourd’hui sur la participation égale des femmes et des hommes aux processus de prise de décisions.  Cette situation a conduit la représentante des États-Unis à proposer à la Commission, dont les travaux s’achèvent le 13 mars prochain, de soumettre au prochain Sommet du G-20, le 2 avril à Londres, un document sur la place des femmes dans l’économie mondiale, en particulier dans le secteur privé et dans le contrôle des capitaux et des marchés. 


Pour ce qui est de la sphère publique, les intervenants ont commenté les résultats mitigés des systèmes de quotas.  Selon un avis partagé, il faudra encore attendre de 18 à 22 ans pour que les femmes occupent de manière proportionnelle aux hommes les postes de direction, même si 2008 a été une « année record » avec un taux d’une femme haut responsable pour cinq hommes.


Pour favoriser l’ascension des femmes, la décentralisation a été vue comme un instrument efficace parce que les femmes tendent à s’impliquer davantage au niveau local compte tenu de l’étroitesse du champ d’action et de la proximité des institutions locales par rapport à leur foyer.  Mais outre les systèmes de quotas, c’est un changement de mentalité qui a été jugé nécessaire, lequel exige des pressions en aval et en amont. 


La Commission de la condition de la femme poursuivra son débat général lundi 9 mars à partir de 10 heures.  Depuis le 2 mars, un total de 84 États se sont exprimés.  Cet après-midi, les pays suivants ont pris la parole: Nouvelle-Zélande; Paraguay; Cuba; Maroc; Burkina Faso; Thaïlande, Royaume-Uni; Congo; Népal; Turquie; Israël; Algérie; Samoa; Gabon; Estonie, au nom du Comité consultatif de l’UNIFEM; Portugal; Japon; Palaos; Danemark; Malte; Chine; Qatar; El Salvador et Tonga.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »: RÉALISATION DES OBJECTIFS STRATÉGIQUES, MESURES À PRENDRE DANS LES DOMAINES CRITIQUES ET NOUVELLES MESURES ET INITIATIVES : ÉVALUATION DES PROGRÈS RÉALISÉS DANS LA MISE EN ŒUVRE DES CONCLUSIONS CONCERTÉES SUR LA PARTICIPATION DES FEMMES ET DES HOMMES SUR UN PIED D’ÉGALITÉ AUX PROCESSUS DE PRISE DE DÉCISIONS À TOUS LES NIVEAUX ( E/CN.6/2009/2 , E/CN.6/2009/3 ET E/CN.6/2009/12 )


Dialogue interactif


L’imposition de quotas pour favoriser l’ascension des femmes à des postes de direction dans le secteur public a produit des résultats mitigés, a d’emblée indiqué la Conseillère principale pour la paix et la sécurité du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), ANNE MARIE GOETZ, au cours du dialogue qui a aussi bénéficié de l’expertise de FRANCISCO COS-MONTIEL, du Centre de recherche du Canada pour le développement international.


Bien que 2008 ait été « une année record pour la visibilité des femmes aux postes de direction, avec une présence d’une femme pour cinq hommes, il faudra encore attendre 18 à 22 ans pour que les femmes occupent de manière proportionnelle aux hommes de hautes fonctions politiques aux niveaux national et local, a-t-elle déclaré.  Le rapport de l’UNIFEM a révélé que seulement 30 pays ont un taux de plus de 35% de femmes responsables politiques.  Sur ce nombre, 21 pays ont atteint ces taux grâce à un système de quotas.


En dépit des quotas, les femmes ne participent pas encore pleinement aux décisions qui régissent leur vie, comme l’accès à l’éducation, à l’emploi et à l’égalité salariale.  Alors que 200 millions de femmes sont entrées dans le marché du travail au cours de la décennie écoulée, les différences de salaires entre hommes et femmes restent très élevées. 


Au cours du dialogue, le sentiment général a été que la participation des femmes à des postes de direction a foncièrement amélioré la gouvernance.  Des intervenants ont observé que nombre de patrons dont les pratiques ont provoqué l’actuelle crise financière mondiale sont des hommes.  Les propos de Nicolas Kirstoff, Éditorialiste au New York ont été repris.  Il se demandait si nous en serions là si la société « Lehman Brothers » avait été « Lehman Sisters » ou « Lehman Brothers and Sisters ».


La décennie écoulée a vu une véritable progression du système de quotas.  La Colombie a adopté, en 2000, une loi qui réserve 30% des postes publics aux femmes.  La Belgique dispose d’une loi de parité depuis 2002, qui a permis de dépasser la masse critique de 30% de femmes responsables, avec un taux de 36% aujourd’hui.  Au Sud, un pays comme la Zambie compte bientôt atteindre un taux de 30% de femmes dans les postes de décisions.


Néanmoins, l’Indonésie, qui n’a pas vraiment adopté de système de quotas, s’est présentée comme un des meilleurs exemples d’intégration des femmes dans les processus de prise de décisions en terre d’islam d’Indonésie.  Avec quatre femmes aux portefeuilles des finances, du commerce, de l’autonomisation des femmes et de la santé publique, le pays a fait des progrès considérables.  « Si vous voulez voir comment la démocratie et les femmes progressent en pays d’islam, venez en Indonésie », a déclaré la représentante indonésienne, en citant la Secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, lors de sa visite dans le pays.


Pour favoriser l’ascension des femmes aux postes de décisions, Francisco Cos-Montiel, du Centre de recherche du Canada pour le développement international, a vu dans la décentralisation un instrument efficace.  Les femmes, a-t-il expliqué, tendent à s’impliquer davantage au niveau local, car le champ d’action est réduit et les institutions locales plus près de leur foyer.  L’expert a néanmoins admis que même à ce niveau, les femmes sont souvent ignorées ou reléguées à des tâches subalternes.  Il a donc estimé que des « conditions minimales » comme les quotas sont absolument nécessaires pour atteindre un équilibre et obtenir un nombre minimal de femmes dans les domaines tels que les finances ou le budget.  La représentante de Cuba, dont le pays a utilisé le système de quotas, s’est montrée dubitative. 


En revanche, la déléguée de l’Union des femmes actives dans le monde arabe s’est érigée contre la mauvaise application du système de quotas dans sa région, ce qui ne l’a pas empêché de se demander si les chiffres présentés dans les évaluations officielles sont réellement représentatifs de la présence effective des femmes dans la vie publique.  La représentante de la Turquie a illustré ce même problème à partir des réponses à une enquête auprès des hommes turcs.  À la question de savoir s’ils appuient une participation accrue de la femme dans les processus de prise de décisions, ils ont répondu oui, mais ont dit non à ce que leurs épouses participent à la vie politique.  Avec ses collègues du Sénégal et du Maroc, entres autres, elle a appelé à un changement de mentalité et pour ce faire, à une pression en aval et en amont. 


En matière de représentativité des femmes aux postes de direction, le secteur privé a été mis au ban des accusés.  La représentante de la Nouvelle-Zélande s’est interrogée sur la manière de remédier à cette situation, alors que celle des États-Unis a suggéré à la Commission de soumettre au prochain Sommet du G-20, prévu le 2 avril à Londres, un document sur la place des femmes dans l’économie mondiale, s’agissant notamment du rôle du secteur privé et du contrôle des capitaux et des marchés. 


Quant à la place qu’il faut accorder aux femmes dans le domaine de la paix et la sécurité internationales, la Conseillère de l’UNIFEM a indiqué que grâce aux femmes, une jurisprudence a été établie pour lutter contre les crimes de guerre, entre autres.  La Suisse a plaidé pour que les femmes soient représentées en grande nombre dans les processus de négociation et de maintien de la paix.


Le débat s’est également attardé sur la forte pression que les femmes subissent une fois arrivées à des postes de décision.  Souvent, elles sont contraintes d’abandonner leur carrière, soit en raison de la résistance de leurs pairs ou des chefs communautaires, soit parce qu’aucune structure d’aide ne leur permet de mener de front leurs responsabilités publiques et privées.


Suite du débat général


Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIC, Présidente du Comité d’experts de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), a rappelé que la Convention compte désormais 186 États parties et que 96 sont également parties au Protocole facultatif.  Elle a invité les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les deux instruments.  Elle a remercié l’Assemblée générale pour avoir accordé au Comité davantage de temps pour examiner les rapports nationaux en attente.  Elle a exhorté les 20 États parties qui n’ont pas encore présenté leurs rapports initiaux de le faire dans le délai fixé, faute de quoi le Comité examinera quand même la situation dans leur pays sans un rapport.  Cette mesure, a-t-elle expliqué, a permis d’obtenir de nombreux rapports initiaux.


Expliquant les méthodes de travail du Comité, elle a expliqué qu’il s’est doté d’une procédure de suivi qui lui permet de demander aux États parties de fournir dans un délai de un à deux ans des informations sur la mise en œuvre de mesures spécifiques épinglées dans les observations que fait le Comité sur la base des rapports périodiques.  Cette méthode sera évaluée dans deux ans, a-t-elle précisé.  La Présidente a remercié le Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, dont dépend son Comité depuis 2008, pour l’appui fourni.  Elle a précisé que le Comité continue de travailler en coordination étroite avec divers autres organes de traités.  Elle a exhorté la Commission de la condition de la femme à réfléchir à la manière dont elle pourrait mieux participer à ces activités.  Mme Šimonovic a décrit certaines réalisations récentes du Comité CEDAW, en citant notamment l’adoption d’une recommandation générale sur les travailleuses migrantes, et a précisé qu’il travaillait actuellement sur deux autres recommandations générales, relatives aux femmes âgées et aux conséquences économiques du divorce.


Mme SHENAGH GLEISNER, Ministère des affaires féminines de la Nouvelle-Zélande, a réaffirmé que le Programme d’action de Beijing, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et le Programme d’action de la Conférence sur la population et le développement, restent les instruments importants de l’amélioration des conditions de vie des femmes du monde entier.  La Nouvelle-Zélande, a-t-elle confié, se heurte à des défis dans la réalisation des objectifs qui y sont fixés, en particulier dans le domaine de l’élimination de la violence à l’égard des femmes, mais elle continue à s’y employer avec toute son énergie.  Évoquant la récession mondiale qui sévit actuellement, la représentante a estimé qu’il ne fallait pas s’en servir comme prétexte pour freiner ou ralentir les progrès visant la pleine participation de la femme dans tous les secteurs de la société et de l’économie.  Au contraire, les défis économiques font qu’il est encore plus vital pour les nations d’optimiser les talents des femmes.  Nous sommes, a poursuivi la représentante, pleinement conscients des risques sans commune mesure encourus par les femmes et les fillettes du fait de cette situation et de son impact sur la pleine réalisation de l’égalité entre les sexes.


De plus en plus de Néo-Zélandaises entrent sur le marché de l’emploi, et 42% des postes de direction dans le secteur public sont désormais occupés par elles.  Mais, a reconnu la représentante, le secteur privé a encore beaucoup de chemin à parcourir dans la voie de la parité.  Le Gouvernement néo-zélandais est en négociation avec ce secteur pour qu’il accroisse la représentativité des femmes au sein des conseils d’administration.  La représentante a exprimé le souhait de son pays de profiter de nouvelles idées et expériences sur les efforts tendant à impliquer davantage les hommes dans le tissu social des sociétés. 


Mme TERESITA SILVERO (Paraguay) a souligné que le nouveau Gouvernement de son pays préserve la volonté politique en matière de sexospécificité et de respect des droits de l’individu.  Ceci est d’autant plus important dans le contexte des soins liés au VIH/sida et de la vulnérabilité des femmes à cette maladie.  Un programme intégré a été créé avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) pour réduire les maladies sexuellement transmissibles (MST) et la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  L’objectif du Gouvernement est d’intégrer la dimension sexospécifique dans les projets municipaux et provinciaux.  Par exemple, le dépistage du VIH/sida est désormais gratuit pour les femmes enceintes.  Pour ce qui est de l’accès aux postes de responsabilité, les femmes sont surtout limitées par leur charge de travail, ce qui exige qu’une attention particulière soit accordée au partage des responsabilités avec les hommes.


Rappelant que le VIH/sida reste un problème de santé mondial, Mme ILEANA NUÑEZ MORDOCHE (Cuba) a estimé que le manque de services publics de soins et de personnel médical, ou encore l’impossibilité dans les pays pauvres d’accéder à des traitements, a provoqué une aggravation des inégalités dont les premières victimes sont les femmes et les filles.  Elle a expliqué que son pays avait assuré des progrès dans de nombreux domaines, rappelant que Cuba a été le premier pays à signer la Convention CEDAW.  Elle a toutefois estimé qu’il restait de gros défis à relever à Cuba, notamment dans le domaine des préjugés et des stéréotypes.  Malgré les difficultés économiques de Cuba, dues à son statut de pays en développement, mais aussi au blocus imposé par les États-Unis et à un ordre économique mondial injuste, la représentante a rappelé que son pays entretient depuis plusieurs dizaines d’années une importante coopération technique avec de nombreux pays, notamment dans le domaine de la santé.  Elle a attiré l’attention de la Commission sur le refus des États-Unis, depuis plus de 10 ans, d’octroyer des visas aux femmes cubaines pour leur permettre de rendre visite à leurs maris, « injustement détenus ».  Elle a demandé que ces visas soient octroyés et que les cinq détenus en question soient libérés.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a estimé que les conséquences du partage inégal des responsabilités entre les femmes et les hommes ne sont plus à démontrer.  La sous-représentation des femmes dans tous les domaines de la vie publique affecte négativement la croissance économique et la lutte contre la pauvreté.  La crise alimentaire que connaît aujourd’hui le monde est aussi une claire illustration des risques liés au partage inégal des responsabilités, en matière de soins dispensés dans le contexte du VIH/sida, a insisté le représentant en arguant que cette situation contraint le plus souvent les femmes et les plus âgées d’entre elles à abandonner leurs activités productives, aggravant ainsi l’insécurité alimentaire du ménage.


Conscient que le développement humain durable passe inéluctablement par l’intégration de la dimension genre dans toutes les politiques et programmes nationaux, le Maroc s’emploie actuellement à travers des actions coordonnées et proactives, et grâce au soutien des institutions internationales, à plaider en faveur d’un partage égal des responsabilités dans toutes les sphères du développement économique et social.  L’adoption par le Maroc d’une stratégie nationale pour l’équité et l’égalité entre les sexes, ainsi que l’intégration de la dimension genre dans l’élaboration et l’analyse des budgets nationaux, dont la teneur et la portée ont été salués par tous, permettent de mieux cerner les enjeux et les défis en perspective afin de garantir aux femmes un accès égal à la vie publique et aux chances, a-t-il ajouté. 


Il a précisé que 34 femmes siègent au parlement, que sept femmes occupent des ministères clefs et qu’un certain nombre de femmes sont ambassadrices.  Cette dynamique a permis la mise en œuvre d’un vaste chantier de réformes dont la réforme du Code de la famille en 2004 enrichie, en 2007, par une importante réforme du Code de la nationalité.  D’autre part, la récente révision du Code du travail a des implications significatives dans de nombreux domaines, avec l’introduction pour la première fois du principe de non-discrimination en matière d’emploi; l’incrimination du harcèlement sexuel sur le lieu de travail, désormais considéré comme une faute grave; et l’allongement de la durée du congé de maternité à 14 semaines au lieu de 12.  Le pays a également supprimé toutes dispositions privant la femme mariée de la pratique d’activités commerciales sans l’accord de son mari.


Mme ISABELLE B. DIALLO (Burkina Faso) a déclaré que la séroprévalence du VIH/sida dans son pays est estimée à 0,8% et que la majorité des personnes atteintes, dont le nombre se stabilise, sont des femmes.  Le Gouvernement, a-t-elle rappelé, a placé la lutte contre ce fléau au centre des activités liées à la célébration de la Journée internationale de la femme en 2008, voulant ainsi attirer l’attention de chacun sur la nécessité de prendre en compte la sexospécificité dans les traitements du VIH/sida.  Affirmant que son Président a accordé une place importante au VIH/sida dans les priorités du Gouvernement, elle a souligné que la prise en compte de la sexospécificité est clairement affirmée dans la Stratégie nationale de lutte contre ce fléau.  Les femmes participent activement tant aux activités de prévention qu’aux soins et au soutien aux malades.  


Mme KANDA VAJRABHAYA (Thaïlande) a attiré l’attention sur le partage des responsabilités entre hommes et femmes en matière de soins liés au VIH/sida.  La Thaïlande participe aux efforts visant à augmenter le niveau de responsabilité des hommes dans les foyers, par le biais notamment de sa politique de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, a indiqué la représentante, ajoutant que le pays connaissait de ce fait une baisse du taux de transmission qui est passé de 6,4% en 2003, à 1,3% en 2006.  Elle a aussi parlé du Plan thaïlandais de développement des femmes dont une des plus grandes priorités est de faire changer les stéréotypes et les idées préconçues sur les rôles des hommes et des femmes. 


Pour ce faire, a-t-elle expliqué, ce plan promeut des attitudes positives sur l’égalité des sexes et sur la dignité égale des personnes, en essayant d’atteindre en particulier les enfants et les jeunes.  En ce qui concerne l’objectif de participation égale dans les processus de prises de décisions, les résultats sont encore modestes, avec moins de 20% de femmes participant aux niveaux national et local, a regretté Mme Vajrabhaya.  Elle a par ailleurs donné des détails sur le système de collecte et d’analyse de données sur le genre, qui permet de surveiller l’application des accords internationaux.  Ce système devrait aussi permettre de mieux connaître les effets de la crise financière sur les femmes, celles-ci constituant la plus grande part des employés des industries très touchées du textile et de la production alimentaire. 


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a mentionné les changements qu’ont connus les femmes dans son pays au cours des dernières décennies, citant par exemple l’écart de salaires qui est passé de 28% à 12,8% depuis 1982.  Les femmes constituent maintenant 45,8% de la population active, alors que ce chiffre était de 40,5% en 1982, a-t-elle ajouté, avant de noter les progrès également accomplis dans le monde en développement.  Afin d’arriver à un meilleur partage du travail au foyer, le Gouvernement britannique a pris un certain nombre de mesures comme l’allongement de la durée du congé de maternité, couplé avec un doublement de l’indemnité de maternité.  La représentante a cité en outre les congés de paternité et d’adoption, le droit à des heures de travail souples pour les parents, ainsi qu’un investissement de 25 millions de livres sterling dans les services destinés aux enfants. 


Mme Pierce a aussi indiqué que le Gouvernement a investi dans l’aide et les soins aux personnes vivant avec le VIH/sida, tout en soutenant des programmes au niveau international visant l’accès universel à la prévention, aux soins et aux traitements.  Elle a souligné que les effets du climat économique actuel ajoutent des défis supplémentaires à la démarche de promotion de l’égalité entre les sexes.  Pour y faire face, a-t-elle noté, le Royaume-Uni a pris diverses mesures et, notamment, la mise en place de crédits d’impôts liés aux enfants qui permettent de couvrir 80% des frais de la crèche ou de la garderie.


Mme JEANNE FRANÇOISE LECKOMBA LOUMETO, Ministre de la promotion et de l’intégration de la femme du Congo, a indiqué que son pays s’attachait à l’affirmation des principes concernant le respect des libertés et des droits fondamentaux de chaque être humain, sans distinction d’âge, de sexe ni d’origine.  Dans cet esprit, la Constitution du 20 janvier 2002 garantit les mêmes droits, tant à l’homme qu’à la femme.  La participation des femmes et des hommes à la promotion du partage égal des responsabilités paraît si essentielle, qu’elle est un atout pour prévenir et éliminer toutes les formes de discrimination fondées sur le sexe, favoriser une articulation plus harmonieuse dans le cadre familial et social ou encore promouvoir une participation équilibrée des femmes et des hommes à la prise de décisions politique, économique et sociale, a estimé la Ministre congolaise. 


L’égalité entre les sexes devrait être aussi manifeste en matière d’aide et de soins dans le contexte du VIH/sida, mais les inégalités affectent également la santé et l’accès à des services de soins de qualité, a-t-elle indiqué, en précisant que son gouvernement a mis en place un Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), organe de mise en œuvre de la politique multisectorielle et de décentralisation des actions de réduction de la vulnérabilité au VIH et à l’impact du sida.  Le nouveau Cadre stratégique 2009-2013 bénéficie, comme le précédent, de l’appui de partenaires bilatéraux et multilatéraux, privés, associatifs et confessionnels.  D’autre part, en 2007, le Gouvernement a annoncé la gratuité du test de dépistage, des antirétroviraux, du bilan biologique ainsi que la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida.     


Mme BINDRA HADA BHATTARAI (Népal) a rappelé que l’égalité entre les hommes et les femmes exige la promotion d’un partage égal des responsabilités, ce qui permettrait aux deux sexes d’être à la fois acteurs et bénéficiaires du changement.  Or, a-t-elle rappelé, les femmes continuent de s’occuper à hauteur de 90% des soins dans le domaine du VIH/sida.  Les grands textes, résolutions et plans d’actions internationaux sont certes des jalons dans la réalisation de l’égalité entre hommes et femmes, qui ont permis beaucoup de progrès, mais il reste beaucoup à faire pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Les dernières transformations politiques « historiques » au Népal, a-t-il affirmé, ont créé des possibilités pour les femmes.  Ainsi, la Constitution intérimaire du Népal consacre les droits des femmes, et des mesures ont été adoptées pour garantir l’égalité dans divers domaines, y compris le droit de propriété.  Les femmes occupent un tiers des sièges dans les organes élus et elles sont représentées partout, y compris dans l’armée, a déclaré Mme Bhattarai.  Elle a ajouté que des mesures sont prises pour tenter d’abolir la structure patriarcale de la société et lutter contre les violences faites aux femmes.  À cette fin, des centres destinés spécialement aux femmes et aux enfants victimes de violences domestiques ont été créés.


Toutefois, la représentante a ajouté que son pays a besoin de la coopération et de l’appui technique des agences des Nations Unies pour que ces concepts puissent devenir réalités.  Elle s’est prononcée en faveur d’une architecture efficace de la promotion de la femme au sein des Nations Unies, mais aussi aux plans régional et national.  La communauté internationale devrait investir encore davantage dans l’autonomisation des femmes des pays les moins avancés (PMA) et en particulier, ceux qui sortent d’un conflit, a-t-elle conclu.


Mme LEYLA COSKUN, Directorat général de la condition de la femme au Cabinet du Premier Ministre de la Turquie, a appelé à un redoublement des efforts pour traduire dans les faits les recommandations du Secrétaire général.  Les femmes actives ont des responsabilités multiples, qui sont aggravées par les soins qu’elles doivent prodiguer dans le contexte du VIH/sida.  Ces soins jouent un rôle social clef qui exige une approche multidimensionnelle et multisectorielle, s’agissant notamment du partage des responsabilités.  L’État est chargé de veiller à ce que l’égalité entre les sexes devienne effective, a-t-elle dit, en soulignant que dans son pays les conventions internationales ont la primauté sur la législation nationale, en particulier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. 


Mme MAZAL RENFORD (Israël) a rappelé que le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes est inscrit dans l’acte de naissance d’Israël qui, a-t-elle rappelé, a compté des femmes parmi ses plus hauts dirigeants.  Elle a présenté plusieurs mesures prises ces dernières années dans le domaine de l’égalité et de la lutte contre la discrimination.  En Israël, a-t-elle affirmé, toute nouvelle législation doit faire l’objet d’un examen sous l’angle de la sexospécificité.  Le Gouvernement a, par exemple, institué un comité chargé de réviser les programmes scolaires en vue de promouvoir dès le plus jeune âge l’égalité entre les sexes.  En la matière, il s’efforce aussi d’impliquer davantage les hommes afin qu’ils deviennent un facteur de changement dans leur propre communauté.


Revenant sur la déclaration de la délégation palestinienne plus tôt dans la semaine, la représentante a estimé que la situation actuelle n’est favorable ni aux femmes de Palestine ni à celles d’Israël, et s’est étonnée que la représentante palestinienne n’ait pas mentionné le terrorisme.  Les femmes et les hommes ne partageront des responsabilités égales que lorsque les politiques publiques traiteront des causes structurelles des inégalités et se concentreront sur l’autonomisation des femmes et des filles, tant socialement qu’économiquement, a affirmé la représentante.  Il ne s’agit pas de prérogatives culturelles mais d’un choix conscient sur les droits et opportunités offerts aux femmes, a-t-elle conclu.


Mme YOUSRIA BERRAH (Algérie) a indiqué que son pays poursuit activement ses efforts pour faire en sorte que l’égalité des droits entre les hommes et les femmes dans les sphères politique, économique, éducative et culturelle, qui est déjà tangible, se traduise par de nouvelles avancées.  Les femmes algériennes sont un vecteur puissant et déterminant du changement qui, au bout du compte, bénéficie à la société tout entière.  Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, elles représentent plus de 50% de l’effectif universitaire, plus de 60% des personnels médicaux, plus de 30% des magistrats et plus de 25% des journalistes, ce qui est une source d’optimisme.  Elle a aussi signalé des progrès constants en matière de participation de la femme aux processus de prise de décisions et son accès aux fonctions supérieures de l’État.  Au plan normatif, outre les avancées introduites dans les Codes de la famille et de la nationalité, dont l’attribution de la nationalité algérienne à tout enfant né d’une mère algérienne, l’Algérie a levé sa réserve sur l’article 9 alinéa 2 de la Convention CEDAW. 


Ces acquis, a-t-elle, augurent de la poursuite vigoureuse et résolue par le Gouvernement d’une politique de lutte contre les inégalités et de la valorisation de l’apport précieux des femmes à la vie politique, économique et sociale ainsi que sa détermination à continuer d’investir davantage d’efforts et de ressources pour maintenir et intensifier cet élan.  Situant les actions entreprises par son pays dans le cadre plus vaste de l’Union africaine, elle a estimé, que s’il est une région où la situation de la femme a atteint un niveau de gravité insoutenable à tous les égards, c’est bien l’Afrique où la femme est la première à subir les contrecoups des problèmes tels que la pauvreté, les conflits armés et la pandémie de VIH/sida.  Il a cité en particulier deux décisions de l’Union africaine à applaudir à cet égard: à savoir l’adoption de la politique de genre et la décision de déclarer 2010-2020 Décennie de la femme africaine. 


Mme LUAGALAU ELISA FOISAGAASINA ETEUATI SHON (Samoa) a expliqué que son pays a mis en place une politique qui repose sur un concept inspiré de sa culture visant à ce que le développement communautaire soit la principale priorité quinquennale.  Le Ministère de la femme, de la communauté et du développement social a établi un modèle de programme utilisé dans des domaines comme la protection des enfants contre le VIH/sida.  Il s’agit d’encourager la communauté à une solidarité dans l’amélioration de l’environnement et du cadre de vie au profit de tous.  Ces points forts permettent de prendre conscience des difficultés devant le partage égal des responsabilités collectives et privées et confirment que la femme est celle qui a le plus de responsabilités à tous les égards. 


Ces défis sont pris en compte dans la politique nationale des soins dispensés dans le contexte du VIH/sida.  D’autre part, les programmes de prévention et de lutte contre la violence domestique s’inspirent des instruments des Nations Unies.  S’agissant de l’aide publique au développement (APD), la représentante a considéré qu’il incombe aux pays de voir comment en tirer le meilleur parti pour le bénéfice de la communauté et l’égalité totale entre hommes et femmes.


Mme BERNADETTEBIYOGHE NKOUELE (Gabon) a réaffirmé les engagements de son pays à mettre en œuvre les programmes internationaux en faveur de la promotion et de l’autonomisation de la femme.  Toutefois, a-t-elle ajouté, ces textes ne sauraient suffire, et il faut inscrire l’action en faveur d’une responsabilité mieux partagée dans la conscience  collective.  Ce n’est pas facile car il faut opérer un changement fondamental des paradigmes traditionnels de la société sur la répartition des rôles entre hommes et femmes, a-t-elle reconnu.  Mais il faut que les générations futures inscrivent le partage des responsabilités dans leurs préoccupations et même leur plan de vie, a-t-elle ajouté.  Le Gabon a engagé une politique d’égalité et d’équité en faveur des femmes avec l’aide des Nations Unies et notamment du FNUAP, a précisé la représentante.  Elle a fait observer que la crise économique et financière fait peser des menaces sur les projets d’autonomisation des femmes, mais elle s’est voulue optimiste sur le maintien de l’élan actuel


Mme TINA INTELMANN (Estonie), au nom du Comité consultatif de l’UNIFEM, a jugé que toutes les conditions n’étaient pas encore réunies pour une parité réelle entre les femmes et les hommes.  Au plan mondial, la fourniture des soins dans le contexte du VIH/sida est assumée à hauteur de 90% par les femmes et leur vulnérabilité s’en voit renforcée, notamment celle des fillettes, des jeunes, des personnes âgées, des veuves et des orphelins.  Une telle situation a impliqué un changement radical dans les responsabilités entre générations puisque les grands-mères ou les filles se voient obligées d’assumer les soins, souvent aux dépens de la scolarisation.  La participation des hommes est encore perçue, par les deux sexes, comme une attitude s’écartant des traditions.  Pour remédier à ce déséquilibre, il est impératif de reconnaître en premier le rôle joué par les femmes et les filles, reconnaissance à laquelle l’UNIFEM s’emploie sans cesse. 


Parmi les mesures recommandées, elle a cité la mise en place de mécanismes de protection, de systèmes et services médicaux d’appui aux dispensateurs de soins, de mécanismes des droits de l’homme et le recours à une approche intégrée et multisectorielle ainsi que des ressources adéquates aux fins de soutenir ceux qui dispensent les soins, à domicile notamment, et les programmes de soins communautaires.  Elle a souligné qu’il importe de diffuser des informations pertinentes aux fournisseurs de soins, en particulier dans les secteurs de la santé et les secteurs sociaux.  Elle a conclu que le Comité consultatif de l’UNIFEM continuera à s’atteler à sa tâche, conformément au mandat que lui a confié l’Assemblée générale, en fournissant des directives à l’UNIFEM pour ses activités d’appui à la parité et à l’autonomisation des femmes.


M. JOSE FILIPE MOREAS CABRAL (Portugal) a indiqué qu’au cours des années écoulées, son pays a fortement investi dans les politiques de promotion de la femme, ce qui est reflété dans le budget national 2007-2013, qui alloue environ 83 millions d’euros à de telles politiques.  Cela représente un accroissement de presque 65% par rapport aux années précédentes.  Parmi les nombreux projets approuvés dans ce cadre, il a mis l’accent sur les plans de l’administration locale et l’administration centrale pour l’égalité entre les sexes, ainsi que sur les plans pour les entreprises privées et ce, aux fins de garantir une conciliation entre la vie professionnelle et la vie de famille.


Il a ajouté que la violence à l’égard des femmes représente l’une des principales préoccupations du Gouvernement en ce qu’elle a un profond impact sur les droits des femmes et l’égalité entre les sexes.  Suite à la Campagne lancée par le Secrétaire général de l’ONU, le Portugal a lancé en novembre une campagne à l’échelle nationale en direction des adolescents et des jeunes adultes, centrée sur la « prévention de la violence dans les relations amoureuses ».  Le matériel de sensibilisation jouit d’un grand succès et provoque d’ores et déjà des changements d’attitudes et de valeurs chez les jeunes, a-t-il indiqué. 


D’autre part, des données récentes ont révélé que plus de femmes portent plainte auprès de la police pour des violences domestiques, ce qui montre une confiance accrue dans les mécanismes de protection et de pénalisation des auteurs de cette violence.  Le Portugal a également mis en place un Observatoire de contrôle de la traite des êtres humains et a ratifié la Convention pertinente du Conseil de l’Europe.  Un programme d’action a été par ailleurs adopté en vue de la lutte contre les mutilations génitales féminines, punies dans le nouveau Code pénal.   


Mme YORIKO MEGURO (Japon) a affirmé que les inégalités dans le partage des responsabilités entre les hommes et les femmes amenuisent les chances de ces dernières de travailler et donc d’acquérir des revenus et de devenir plus indépendantes.  Au Japon, a-t-elle révélé, les femmes passent, par jour, sept fois plus de temps que les hommes dans les tâches domestiques, a-t-elle déclaré, en assurant que son gouvernement entend se pencher sur les questions du travail excessif et du congé parental.  La représentante a affirmé que son pays veille aussi à diffuser les connaissances sur le VIH/sida.  Le Japon est également touché par la crise économique et financière, a souligné Mme Meguro, en disant qu’elle se traduit par le licenciement de nombreux travailleurs en situation irrégulière et une hausse du chômage.  Avant même la crise, plus de la moitié des travailleuses au Japon étaient en situation irrégulière et avaient donc déjà un statut très précaire et de très bas revenus.  


Mme IMELDA BAI NAKAMURA, Conseillère juridique et Directrice exécutive de « Voices » de Palau, a expliqué que la structure traditionnelle de son pays, qui reposait sur l’égalité entre les hommes et les femmes, a été lentement mais inéluctablement érodée au cours des dernières 80 années écoulées en raison de la colonisation.  Toutefois, en 2008, le peuple de Palau a voté en faveur d’une mesure spéciale de reconnaissance du patrimoine social et culturel, qui a renforcé le rôle des femmes trop souvent victimes de la stigmatisation sociale.  Aujourd’hui, trois femmes ont été élues gouverneures, deux sont membres du Cabinet et deux autres sont ministres; le but étant de voir les femmes occuper au moins 30% des sièges dans les structures et institutions nationales. 


À ce jour, le pays compte cinq personnes mortes du sida et trois personnes infectées.  Le risque de transmission dans l’État insulaire est très important et une attention particulière est accordée à la sensibilisation des jeunes.  Le Gouvernement et les organisations régionales et internationales doivent reconnaître la qualité et le poids des soins prodigués par les femmes dans le contexte du VIH/sida.  La représentante a appelé à l’intégration de la dimension sexospécifique dans toutes les structures de gouvernance politique et économique qui doivent avoir des ressources adéquates pour pouvoir mener à bien leur tâche.  Elle a finalement attiré l’attention sur les effets des changements climatiques sur les États insulaires comme le sien.  


Comment se fait-il qu’en 2009 aussi peu de femmes aient la maîtrise de leur corps ou si peu le droit de participer au développement économique et social de leur société, s’est demandé M. CARSTEN STAUR (Danemark).  Les femmes devraient avoir accès à l’information et à des services préventifs pour pouvoir choisir librement leur sexualité en préservant leur santé, a-t-il ajouté.  C’est une question d’autant plus essentielle que ces inégalités contribuent à nourrir la pandémie de sida, a poursuivi M. Staur, pour qui il est très important de reconnaître le lien entre VIH/sida et les droits des femmes.  Plus des deux tiers des jeunes de 15 à 24 ans atteints du VIH/sida sont des femmes, a-t-il rappelé, avant d’en rendre responsables les discriminations, les restrictions sociales, le manque de sécurité financière et le manque d’accès à l’éducation et à l’emploi.  M. Staur a rappelé que les femmes et les jeunes filles sont aussi les principales prestataires des soins.  


Il a annoncé que son pays maintenait son objectif de consacrer 1 milliard de couronnes danoises à la lutte contre le VIH/sida d’ici à 2010.  Il a ajouté que son pays avait doublé entre 2008 et 2010 son soutien financier aux programmes d’égalité entre les hommes et les femmes et d’autonomisation.  Il a par ailleurs déclaré que le Danemark travaille activement à inclure les aspects sexospécifiques dans le processus de préparation de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP15), qui aura lieu à Copenhague en décembre, car les hommes et les femmes sont affectés différemment par les changements climatiques. 


Au Danemark, a-t-il dit, nous avons la chance de voir un partage égal des responsabilités que ce soit dans la vie publique ou à la maison.  Il a expliqué que de moins en moins de femmes ont un travail partiel, du fait d’un important secteur social public, qui offre par exemple des garderies pour les enfants et autres personnes dépendantes.  Il a affirmé que la crise actuelle touche avant tout les secteurs dominés par les hommes.  En même temps, le pays a besoin d’élargir son secteur social.  Cette évolution représente une opportunité sans

précédent de transférer la main d’œuvre masculine actuellement inemployée dans d’autres secteurs d’activité, par exemple dans le secteur social actuellement dominé par les femmes, a déclaré le représentant, pour qui un tel changement permettrait de modifier la perception traditionnelle des rôles et responsabilités et bénéficierait aussi bien à la société qu’aux familles.


M. CLAUDE BONELLO (Malte) a précisé que concernant le libellé utilisé dans la Déclaration de l’Union européenne sur la santé sexuelle et reproductive, aucune position ou recommandation ne devrait créer une obligation pour les États de reconnaître l’avortement en tant que forme légitime du droit à la santé et aux services génésiques et reproductifs.  Il a ajouté que la législation nationale considère l’interruption de grossesse suite à procédure comme un avortement et donc un acte illégal.  La législation ne reconnaît pas non plus l’avortement comme mesure de planification familiale.  Malte, a-t-il rappelé, a constamment fait part de ses réserves quant à l’utilisation de termes tels que « droits reproductifs », « services reproductifs » et « contrôle de la fertilité », y compris dans le contexte du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (1994), du Programme d’action de Beijing (1995) et de la CEDAW.  Tout en exprimant son soutien à ces programmes et instruments, Malte réitère et maintient ses réserves, a conclu le représentant. 


M. LIU ZHENMIN (Chine) a présenté diverses initiatives prises dans son pays pour mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing et les autres déclarations internationales, et ce, a-t-il ajouté, malgré les difficultés climatiques, le séisme du Sichan et la crise économique et financière.  Le Gouvernement a lancé un projet d’apprentissage à distance, destiné aux femmes en milieu rural.  Il a en outre amélioré différents services comme les allègements fiscaux ou l’accès aux microcrédits.  Le Gouvernement a aussi publié un texte sur la prévention des violences domestiques.  Nous encourageons également les hommes, a affirmé le représentant, à prendre davantage de responsabilités au foyer.  Pour illustrer cette nouvelle répartition des rôles, l’élection de « l’homme de notre temps » a été instituée, en collaboration avec les médias. 


En réaction au VIH/sida, la Chine a élaboré une étude pour mieux protéger les enfants en milieu rural et surtout ceux qui sont délaissés par les travailleurs migrants.  Par ailleurs, la reconstruction consécutive au séisme qui a frappé le Sichan durant l’été 2008 inclut des programmes d’assistance économique et psychologique pour les femmes.  Le représentant a rappelé qu’une conférence aura lieu à Beijing ce printemps sur la dimension sexospécifique dans l’atténuation des conséquences des catastrophes naturelles.  Il a proposé d’approfondir la coopération internationale, mais dans le respect des solutions spécifiques et voies de développement choisies par chaque pays pour mettre en œuvre le Plan d’Action de Beijing.  Il a aussi souhaité qu’on prenne en compte les conséquences de la crise économique et financière sur les questions de l’égalité entre les sexes et qu’on inclue davantage les femmes dans les forums de discussion.


Mme ALYA AL-THANI (Qatar) a indiqué que la volonté politique de son gouvernement a ouvert la voie à la création d’un environnement propice à l’émancipation de la femme.  La sexospécificité est intégrée dans la politique de la population, a dit la représentante, en soulignant que son pays est conscient du rôle vital d’un partenariat harmonieux entre les époux.  Pour les aider dans les différents aspects de leur vie, le Gouvernement a adopté une approche holistique.  La loi ne contient aucune discrimination en matière d’emploi et de logement.  Le Conseil des ministres a même prévu des mesures particulièrement favorables aux


femmes en matière de logement.  En outre, des mécanismes sont à l’étude pour créer des crèches sur le lieu de travail.  Conformément aux dispositions du Mouvement des non-alignés sur la femme, la représentante a déploré, en concluant, la crise que vivent les femmes palestiniennes et a appelé à l’aide de la communauté internationale.  


Mme CARMEN MARIA GALLARDO DE HERNANDEZ (El Salvador) a dit que son pays accorde une grande importance au partage des responsabilités entre les hommes et les femmes, y compris dans le domaine des soins aux malades du VIH/sida et de la prise en charge des enfants et des personnes âgées de la famille.  Une répartition inégale des responsabilités a un impact sur la capacité des femmes à étudier, donc à travailler et à contribuer au développement social et économique de leur pays, a-t-elle souligné, en jugeant tout de même essentiel qu’on tienne compte et qu’on évalue le travail domestique.  Cette notion de partage des responsabilités est inscrite dans le Code de la famille du Salvador, a affirmé Mme Gallardo.  La famille étant le lieu de socialisation de l’être humain et de l’adoption des différents comportements sociaux, le partage des responsabilités au sein de la famille est essentiel, a insisté la représentante, qui est aussi revenue sur les efforts de son pays dans la lutte contre le VIH/sida.


Mme POLOTU FAKAFANUA-PAUNGA, Ministère des femmes, de la communauté et du développement social de Tonga, a indiqué que son pays s’est embarqué dans un train de changements politiques et législatifs relatifs aux droits des femmes.  C’est ainsi que la Royal Land Commission, nommée pour une période de trois ans, est entre autres, chargée de se pencher sur la question du droit à l’héritage des femmes lorsqu’il n’y a pas de descendants masculins.  En 2007 le Nationality Amendment Act a ajouté des dispositions en faveur de l’octroi de la nationalité par la mère ou le père.  À Tonga, les femmes célibataires ou mariées peuvent travailler dans l’armée alors qu’une unité chargée de la violence domestique a été établie en 2007.  Une fois déposées, les plaintes ne peuvent en aucun cas être retirées. 


Le Gouvernement a aussi fait analyser la CEDAW qui a été traduite dans la langue nationale.  Il s’efforce également d’établir un plan national pour la prévention du VIH/sida et l’amélioration des services de santé, bien que le pays ne connaisse pas une prévalence importante.  Plusieurs domaines requièrent une amélioration, a-t-elle dit, en citant l’amélioration des infrastructures, notamment dans les zones rurales, la collecte de données ventilées par sexe et l’élaboration d’indicateurs sexospécifiques.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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