COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: L’ÉDUCATION EST LE MOYEN LE PLUS EFFICACE DE LUTTER CONTRE LES STÉRÉOTYPES SUR LA PLACE DE LA FEMME ET DE L’HOMME DANS LA SOCIÉTÉ
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Commission de la condition de la femme
Cinquante-troisième session
7e et 8e séances – matin et après-midi
COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: L’ÉDUCATION EST LE MOYEN LE PLUS EFFICACE DE LUTTER CONTRE LES STÉRÉOTYPES SUR LA PLACE DE LA FEMME ET DE L’HOMME DANS LA SOCIÉTÉ
Selon les experts, la crise financière est l’occasion de mettre en place des politiques économiques plus favorables aux femmes
L’éducation à l’égalité des sexes est le moyen le plus efficace de lutter contre les stéréotypes sur la place de la femme et de l’homme dans la société, ont affirmé aujourd’hui le Canada, Kiribati, la Jamaïque, l’Australie, le Botswana, la Syrie, la Grèce et les Philippines. Ces pays résumaient ainsi un sentiment unanimement partagé par les dizaines de délégations qui ont pris la parole depuis le premier jour du débat ministériel de la Commission de la condition de la femme, le 2 mars dernier.
La Commission, qui a choisi comme thème prioritaire de sa cinquante-troisième session « le partage égal des responsabilités entre les femmes et les hommes, y compris dans les soins dispensés dans le contexte du VIH/sida », a aussi tenu une table ronde aujourd’hui sur « une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes dans la crise financière ». Selon les experts, cette crise offre l’occasion de mettre en place des politiques économiques plus favorables aux femmes parce que l’évolution de leurs revenus a une influence directe sur le bien-être général de la famille.
La Commission avait commencé ses travaux par la commémoration de la Journée internationale de la femme, placée, cette année, sous le signe de l’union des femmes et des hommes pour mettre fin à la violence sexiste. Cette violence, ont dit les participants au débat ministériel, se nourrit des stéréotypes qui ne sauraient être éliminés si l’on ne donne pas aux gens, dès leur plus jeune âge, une éducation à l’égalité entre les sexes.
La suppression de ces stéréotypes est une condition préalable au respect des droits de la femme et à la véritable parité entre les sexes, a souligné la représentante de la Grèce. Cette conviction a été particulièrement relayée par la représentante du Botswana dont le pays a créé des structures spéciales pour « institutionnaliser » les changements de comportement.
Les participantes au débat ministériel ont jugé d’autant plus important d’accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, qu’elles ont dit craindre que les incidences de la crise financière ne viennent compromettre les acquis. Il est du devoir des États de veiller à ce que les femmes ne soient pas victimes de discrimination en temps de restructuration ou de récession économique, a souligné la Ministre canadienne de la condition féminine.
Justement au cours de la table ronde qui a suivi le débat ministériel et auquel ont également pris part l’Union interparlementaire (UIP), Israël et l’Iran, dans l’exercice de leur droit de réponse, les experts ont confirmé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et notamment ceux qui touchent à la réduction de la pauvreté et à la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, seront fortement menacés par la crise financière. S’ils ont reconnu qu’on ne pouvait pas encore prendre toute la mesure de l’impact de la crise, ils ont néanmoins prévenu que la situation empire très rapidement, risquant de détériorer les relations entre hommes et femmes.
Certains intervenants ont toutefois vu dans cette crise une occasion de mettre en place des politiques économiques novatrices qui donneraient la priorité aux femmes, car l’évolution de leurs revenus influe davantage sur le bien-être général de la famille. En ce sens, le maintien voire l’élargissement de l’accès des femmes au microcrédit a été largement évoqué.
La Commission dont les travaux s’achèveront le 13 mars 2009 poursuivra son débat général demain, vendredi 6 mars, à partir de 15 heures. Elle commencera sa journée par un dialogue visant à évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des conclusions concertées sur la participation des femmes aux processus de prise de décisions.
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »
Suite du débat général
Mme PIA CAYETANO, Union interparlementaire (UIP), a fait part des discussions ayant eu lieu hier, au cours d’une réunion organisée par l’UIP, à laquelle ont participé plus de 100 parlementaires, provenant de 45 pays différents. Les parlementaires, a-t-elle dit, qui adoptent les budgets et tentent de changer les mentalités par la force de la loi, ont une contribution à apporter dans le sujet traité par la Commission. Parmi les domaines prioritaires définis par l’UIP, elle a cité la nécessité de reconnaître la valeur du travail non rémunéré. Nous devons utiliser les processus budgétaires pour mieux prendre en compte ce travail. En ce qui concerne la lutte contre les stéréotypes, a-t-elle aussi précisé, elle doit passer par l’éducation et s’appliquer en politique. Nous avons examiné certaines réformes visant à équilibrer les tâches des femmes avec leur engagement en politique, mais les exemples sont rares, a-t-elle encore indiqué. Elle a prévenu que la réduction des dépenses publiques peut avoir un effet négatif sur le travail au foyer.
Mme HELENA GUERGIS, Ministre d’État (Condition féminine) du Canada, s’est interrogée sur les répercussions du ralentissement économique sur la condition de la femme active. Le Gouvernement canadien s’emploie à forger des alliances avec d’autres, notamment les entreprises privées et les organisations sans but lucratif, pour que les femmes continuent de contribuer à la croissance économique. Le devoir des États est de faire en sorte que les femmes ne soient pas victimes de discrimination en temps de restructuration ou de récession économique. Le Plan d’action économique du Canada, adopté au début de cette année, ne se limite d’ailleurs pas à des stimulants économiques, mais prévoit aussi des mesures de soutien socioéconomique pour les groupes les plus vulnérables de la société. Pour créer des conditions favorables au succès professionnel des femmes tant au Canada qu’à l’étranger, le pays, a indiqué la Ministre d’État, a adopté une approche reposant sur trois piliers à savoir: la sécurité économique des femmes, l’élimination de la violence à l’égard des femmes et leur participation accrue au pouvoir.
La Ministre d’État a indiqué qu’en 2006, la présence des femmes canadiennes dans la population active était l’une des plus fortes des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques en Europe (OCDE) et des pays du G-7. Il reste néanmoins, a-t-elle concédé, beaucoup à faire pour assurer un partage égal des responsabilités entre les femmes et les hommes. En ce qui concerne la prestation de soins dans le contexte du VIH/sida, le Gouvernement canadien a lancé l’initiative fédérale de lutte contre la pandémie, axée sur la collaboration entre les gouvernements fédéral et provinciaux, la société civile et le milieu de la santé. Le but de cette initiative est d’améliorer la qualité de vie des femmes et des hommes vivant avec le VIH/sida, notamment d’offrir un appui à ceux qui les aident, a-t-elle expliqué, en relevant que le partage égal des responsabilités est étroitement lié à la participation des femmes aux processus de prise de décisions à tous les niveaux. La Ministre a indiqué qu’à l’issue des élections fédérales d’octobre 2008, les femmes représentent près de 30% des ministres fédéraux, ce qui est un pourcentage record dans l’histoire du pays.
M. AMBEROTI NIKORA, Ministre de l’intérieur et des affaires sociales de Kiribati, a indiqué que dans son pays de 90 000 habitants, le travail de la Commission de la condition de la femme est très important au regard d’une population jeune et du taux élevé de la migration masculine. Ce sont les femmes qui s’occupent de la pêche, des enfants et du ménage. Elles jouent un rôle essentiel au sein de la communauté et de la famille. Concernant les processus de prise de décisions, il a indiqué que son pays compte trois femmes parlementaires et plusieurs ministres. Des statistiques fiables étant importantes pour lutter contre la violence à l’égard des enfants et des femmes, le Gouvernement envisage de prendre des initiatives après avoir mené une étude sur les responsabilités des femmes et des hommes.
Mme FAITH WEBSTER (Jamaïque) a assuré que son gouvernement s’efforce de renforcer les mesures et programmes visant l’autonomisation de la femme, aux niveaux international, national et régional. Malgré ces efforts, les femmes et les filles continuent à supporter la plus grande part de responsabilité dans la prise en charge du foyer, a-t-elle constaté, en ajoutant que la pandémie de VIH/sida a accentué encore les responsabilités des femmes et des filles à la maison. Les filles sont bien souvent contraintes d’abandonner l’école et de travailler, tout en gérant les tâches domestiques. Mme Webster a parlé des lois sur la propriété de 2004 visant au partage équitable des biens après un divorce, et des mandats du Bureau national des affaires féminines pour améliorer l’image des hommes en tant que pères et prestataires de soins.
Mme Tanya PLIBERSEK, Ministre de la condition de la femme de l’Australie, a souligné que son pays a progressé au cours des 10 dernières années en matière de renforcement de la législation et d’accroissement des financements pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes, y compris au sein des communautés autochtones. Des juges ont été formés et des lignes vertes ont été créées. Nous devons faire beaucoup plus en tant que nation pour combattre cette violence car une femme sur trois connaît la violence familiale en Australie et une sur cinq a subi des abus sexuels dans sa vie. Elle a souligné la nécessité d’un plan national à long terme, fondé sur les preuves, sur des recherches élargies sur les homicides domestiques et sur les attitudes qui favorisent la violence. La ministre a comparé ce plan à celui utilisé par son pays pour combattre l’alcoolisme et ses conséquences sur la circulation routière. La politique australienne en matière de violence à l’égard de la femme se résume en deux mots: « tolérance zéro », a-t-elle déclaré. Aucune vie ne doit être brisée par des abus sexuels, a conclu la Ministre.
Mme SEGAKWENG TSIANE (Botswana) a appelé à l’accélération de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Elle a indiqué que, dans ce cadre, son pays a procédé à des amendements de la Constitution et du Code pénal. Pour les personnes vivant avec le VIH/sida, des directives ont été finalisées pour améliorer les soins, alors que des efforts ont été déployés pour mieux répondre aux besoins et poser les jalons des politiques à venir. Le Gouvernement a entamé un examen de la législation nationale en vue d’un partage des responsabilités entre femmes et hommes et pour que les femmes aient le même pouvoir de décision au sein du ménage. Des structures et institutions mixtes ont été créées pour institutionnaliser un changement de comportement, mais une évaluation récente a révélé que ce sont encore les femmes qui sont les plus actives à la maison.
Mme WARIF HALABI (République arabe syrienne) a estimé que la réalisation de l’objectif visant le partage équitable des responsabilités entre les hommes et les femmes exige la participation de toute la société. Elle a indiqué que son gouvernement a déployé tous les efforts pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et moderniser la législation nationale afin de la rendre conforme aux dispositions de la CEDAW. Il faut aussi éliminer les stéréotypes, a-t-elle rappelé, expliquant que l’éducation doit être utilisée en ce sens. Ainsi, a mentionné la représentante, le Ministère concerné a revu les programmes scolaires sur la Syrie et le Golan occupé. Elle a aussi signalé l’existence de nombreux comités de femmes en Syrie. La promotion des femmes dans tous les domaines de la vie relève d’un processus participatif, a-t-elle ajouté, avec des efforts concertés à tous les niveaux et notamment ceux des Nations Unies.
Mme EUGENIA TSOUMANI, Secrétaire générale pour l’égalité entre les sexes de la Grèce, a appuyé le Secrétaire général de l’ONU pour qui le partage équitable des responsabilités entre femmes et hommes est un préalable à la parité entre les sexes, qui à son tour est partie intégrante des droits fondamentaux de l’homme, du développement économique et de la cohésion sociale. En Grèce, a-t-elle dit, le plan d’action national en matière de parité comporte une stratégie globale et intégrée conforme à l’engagement international et européen. Il couvre tous les domaines du Programme d’action de Beijing et accorde la priorité à l’intégration sociale des catégories vulnérables telles que les migrantes, les handicapées et les victimes de la traite humaine. Le Gouvernement a veillé à la mise en place de quotas dans les listes électorales et dans les commissions publiques, scientifiques et locales. Il a aussi pris des mesures pour permettre la conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle, en accordant une attention particulière aux mères de familles monoparentales, à l’adoption et aux mères porteuses. L’éducation est au cœur de la stratégie de lutte contre le VIH/sida pour éliminer les barrières sociales et les stéréotypes. Le Gouvernement a également investi dans des services de soins abordables et de qualité.
Mme ALICIA BALA (Philippines) a indiqué que le partage égal des responsabilités entre les hommes et les femmes est un des objectifs poursuivis par son pays, de même que la recherche d’un équilibre entre les tâches domestiques et la vie professionnelle. Dans le cadre de la lutte contre les stéréotypes, les Philippines ont lancé des programmes destinés aux pères ainsi qu’un mouvement intitulé « MOVE », qui s’occupe de la lutte contre la violence sexiste. Malgré des progrès en faveur des femmes, celles-ci sont encore au deuxième plan pour les postes politiques, a mentionné Mme Bala. Elle a ensuite indiqué que son pays connait un faible taux de prévalence du VIH/sida, grâce à la législation nationale. Elle a parlé d’un programme de conseil avant le mariage, qui encourage les hommes à avoir une attitude responsable en matière de santé reproductive. Mme Bala a aussi signalé l’existence de séminaires sur le VIH/sida destinés aux travailleurs migrants. Récemment, le Gouvernement a adopté un plan économique qui aide les femmes, a-t-elle encore signalé. Nous avons aussi beaucoup investi sur le plan social, a-t-elle ajouté.
Droits de réponse
La représentante d’Israël a réagi à la déclaration faite, hier, par sa collègue d’Iran, qui a utilisé le terme « génocide ». Jugeant « abusive » l’utilisation de ce terme, la représentante a argué que vu son histoire de déni de l’Holocauste, la délégation iranienne est mal placée pour tenir ce genre de propos. Elle s’est aussi dite étonnée d’une telle déclaration compte tenu de la mauvaise performance de l’Iran dans le domaine des droits de femmes. Au XXIe siècle, des femmes y sont enterrées jusqu’au cou et lapidées, a-t-elle dénoncé, en espérant que le débat de la Commission restera axé sur les questions inscrites à l’ordre du jour.
Dans sa réplique, la représentante de l’Iran a expliqué qu’elle voulait tout simplement insister sur le droit de toutes les femmes, y compris les Palestiniennes. En Iran, a-t-elle affirmé, les femmes ont les mêmes droits que les hommes et nous ne pouvons pas séparer la situation des femmes du Moyen-Orient de celles des autres régions du monde. Toutes les femmes méritent d’être défendues, a-t-elle conclu.
Table ronde d’experts sur le thème: « Démarche soucieuse d’égalité entre les sexes dans la crise financière »
Les objectifs de réduction de la pauvreté seront fortement menacés par la crise financière, ont estimé les panélistes, et ce, même s’ils sont tombés d’accord pour dire qu’on ne peut encore prendre toute la mesure de son impact. Ce qui est sûr, c’est que la situation empire très rapidement, que les victimes en seront en priorité les plus pauvres et les plus vulnérables et que les relations entre hommes et femmes en seront affectées, ont relevé les panélistes. Certains intervenants ont toutefois vu dans cette crise une opportunité pour mettre en place des politiques qui sont à l’opposé de ce qui a été fait face aux crises qui avaient frappé l’Amérique latine ou l’Asie dans les années 80 et 90.
Selon des estimations de la Banque mondiale, 53 millions de personnes supplémentaires seront plongées dans la pauvreté, a rappelé Sakiko Fukuda-Parr; Professeur à la New School Graduate of international affairs. Elle a estimé que les 15 milliards de dollars que le Président de la Banque mondiale a demandés aux pays développés pour alimenter le Fonds de vulnérabilité représentent un montant sans doute très insuffisant. Mais, a-t-elle ajouté, la question est moins celle du montant du financement que celle du type de programmes à financer.
Au-delà des pertes d’emploi proprement dites, les crises économiques ont des répercussions complexes. La représentante de la New School Graduate of International affaires, a rappelé que même si une population tout entière peut tirer profit d’une expansion économique, des divisions surgissent en son sein dès qu’il y a crise. Les panélistes ont aussi relevé que généralement le secteur de la santé est particulièrement touché par la réduction des politiques sociales. Comme les femmes sont plus impliquées dans ce secteur, ce sont elles qui sont les plus touchées. Mayra Buvinic, de la Banque mondiale, a estimé que la crise affectera davantage les femmes mais aussi les fillettes.
Rappelant les estimations sur une augmentation de la mortalité infantile de 200 000 à 400 000 cas par an si la crise persiste, elle a affirmé que « tout indique » que la majorité des victimes seront des fillettes, plus touchées que les garçons en cas de crise. Lors des discussions, auxquelles ont participé environ 25 orateurs, plusieurs intervenants ont évoqué d’autres risques, notamment une hausse de la violence domestique, déjà observée lors de crises précédentes, ou encore de la traite des êtres humains, qui menace les personnes vulnérables, dont le nombre va augmenter.
Elizabeth Eilor,Consultante spécialisée dans les questions d’égalité entre les sexes et de politique macroéconomique, a fait part de sa préoccupation face à la chute déjà perceptible de l’aide publique au développement (APD), dont dépendent beaucoup de pays pauvres, notamment en Afrique. En outre, Mme Eilor a fait observer que, l’APD tendant à se concentrer sur les secteurs de santé et d’éducation, sa baisse aurait des conséquences très graves, en particulier sur les femmes. Face aux inquiétudes et demandes de nombreux représentants de pays en développement, le représentant de la République tchèque a assuré, au nom de l’Union européenne, qu’il n’était pas question de réduire cette aide. Le représentant des États-Unis a affirmé que son pays est bien conscient de la nécessité de relancer le flux de crédit et a promis qu’il travaillera avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale pour dégager les fonds nécessaires à l’aide aux pays les plus menacés.
Rappelant que le prochain Sommet du G-20 doit discuter d’une nouvelle architecture financière mondiale, il a toutefois observé que les femmes y seront peu nombreuses. Or, comme ont relevé plusieurs panélistes et intervenants, des discussions comme celles-ci ne servent pas à grand-chose si les femmes restent absentes des vraies instances de décisions, à l’exception d’une ou deux « présences alibi ». Les solutions proposées par les panélistes pour faire face à la crise sont toutes allées dans le sens d’une préservation sinon d’un renforcement des politiques sociales et en faveur des femmes.
La représentante de la New School Graduate of International affairs a insisté sur le maintien des budgets d’aide au développement et sur des politiques macro-économiques qui permettent la relance de la croissance, soit l’opposé des politiques d’ajustement structurel pratiquées lors des crises latino-américaines des années 1980 et de la crise asiatique des années 1997-98. Stéphanie Seguino,Professeur d’économie à l’Université du Vermont, qui s’est prononcée pour une réorientation de l’activité des banques centrales au profit de la création d’emplois plutôt que du contrôle de l’inflation,a estimé que les pays pauvres n’auraient pas les moyens de pratiquer par eux-mêmes les politiques de relance budgétaire. Il est donc juste que les pays riches les aident, a-t-elle ajouté, puisqu’ils sont responsables de la crise actuelle, dont elle a qualifié les racines de « très anciennes et ancrées dans l’accroissement des inégalités au sein même des pays développés ».
Il faut veiller à augmenter les revenus des femmes, a affirmé la représentante de la Banque mondiale, qui a expliqué que l’évolution de leurs revenus, à la hausse ou à la baisse, a à long terme, plus d’impact que ceux des hommes sur le bien-être de tout le ménage, et notamment des enfants. Plusieurs panélistes ont insisté sur la nécessité de préserver l’accès au microcrédit. La représentante de la Banque mondiale a rappelé qu’en 2006, 85% des 93 millions de clients les plus pauvres de ces organismes financiers étaient des femmes et la représentante de l’Université du Vermont a rappelé que les femmes pauvres avaient un taux élevé de remboursement des prêts accordés.
Shamika Sirimanne, de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a estimé que les États devaient pousser les banques commerciales qui financent le microcrédit et qui pourraient être tentés d’en réduire l’accès, à, au contraire, renforcer ce mode de financement. La représentante de l’Université du Vermont a estimé que les États qui renflouent les banques privées en difficultés pourraient imposer des conditions en ce sens. Celle de la CESAP a aussi plaidé pour des politiques en faveur de l’agriculture et s’est un peu méfiée des solutions prônées par la représentante de l’Université du Vermont, qu’elle a jugées trop centrées sur la macroéconomie.
De nombreux intervenants ont demandé s’il n’y avait pas moyen aussi de tirer parti de la crise financière pour repenser les relations entre hommes et femmes, y compris dans le travail. La Consultante sur les questions d’égalité entre les sexes a estimé qu’un autre défi à relever, celui des changements climatiques devait inciter à offrir aux femmes l’occasion de travailler dans des « emplois verts » en faveur desquels Mme Seguino a également plaidé. La représentante de la CESAP a souhaité que la crise devienne une occasion pour les États de développer une « économie intelligente », dont l’égalité entre hommes et femmes est un élément. Elle a en particulier insisté sur un meilleur accès des femmes à l’emploi et à l’éducation, qui représente à terme un moteur de croissance. La représentante de la New School Graduate of international affairs a demandé qu’on prenne désormais plus au sérieux les principes de solidarité internationale, qui sont souvent demeurés au stade des concepts et des déclarations, et qu’on mette en œuvre les engagements pris en matière de droits économiques, sociaux et culturels, qui sont bien des droits et non de simples aspirations.
Nous sommes à un tournant; le moment est venu d’agir. Nous sommes prêts depuis des années, nous comprenons les causes, nous connaissons les solutions. Il faut les mettre en œuvre, a lancé la représentante de l’Université du Vermont.
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