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FEM/1715

COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: DES EXPERTS PROPOSENT DES MOYENS D’IMPLIQUER L’HOMME DANS LES TÂCHES DOMESTIQUES MAIS SOULIGNENT LE POIDS DES STÉRÉOTYPES

3/03/2009
Conseil économique et socialFEM/1715
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante-troisième session

3e et 4e séances – matin et après-midi


COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: DES EXPERTS PROPOSENT DES MOYENS D’IMPLIQUER L’HOMME DANS LES TÂCHES DOMESTIQUES MAIS SOULIGNENT LE POIDS DES STÉRÉOTYPES


Réunie autour de deux tables rondes, au deuxième jour de sa cinquante-troisième session, la Commission de la condition de la femme a invité une dizaine d’experts de tous les coins du monde à commenter le thème prioritaire de la session qui est le « partage, dans des conditions d’égalité, des responsabilités entre les femmes et les hommes, y compris des soins dispensés dans le contexte du VIH/sida ».


La première table ronde qui portait, en particulier, sur les politiques dudit partage a débattu des questions de la valorisation des tâches domestiques, de l’aménagement du temps de travail, de la comptabilisation du travail non rémunéré ou encore de la compensation financière pour les soins apportés aux enfants et aux personnes âgées ou malades au sein de la famille.  Des tendances, initiatives et politiques examinées, il a été clairement établi qu’il reste difficile de collecter des données ventilées par sexe sur le temps consacré au bon fonctionnement du foyer.  La représentante de la Zambie s’y est tout de même risquée en déclarant que dans son pays, qui connaît un taux de prévalence élevé du VIH/sida, une évaluation a montré que la valeur réelle des soins dispensés par les femmes au foyer dépasse largement le budget total du pays en matière de santé publique.


Si la question de savoir comment calculer cet apport à l’économie nationale, a beaucoup occupé les esprits, elle ne doit pas pour autant occulter, ont dit les participants, le lien entre les droits fondamentaux de chacun des membres de la famille tant de ceux qui dispensent les soins que ceux qui en bénéficient.  Ce souci de protection les droits de chacun est d’autant plus important que, dans de nombreux pays ravagés par la pandémie de VIH/sida, de plus en plus d’enfants, fillettes et garçons, survivent à leurs parents victimes de la maladie ou prennent soin de leurs parents malades.


À l’occasion d’une autre table ronde consacrée à la prise en compte systématique de l’égalité des sexes dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et programmes de partage des responsabilités, certains panélistes ont mis en lumière plusieurs paradoxes.  Ainsi, alors qu’on incite les hommes à prendre des responsabilités plus grandes envers les enfants, de nombreuses structures ne sont pas adaptées pour les recevoir et ils ne seraient pas forcément jugés à leurs places dans certaines fonctions, comme les gardes d’enfants.  En outre, le recours par les femmes à certaines facilités mises en place pour qu’elles puisent mieux concilier leurs vies professionnelle et familiale non seulement nuit à leur carrière, mais tend aussi à renforcer une répartition stéréotypée des rôles entre la femme s’occupant des enfants alors que l’homme assure par son travail l’essentiel du revenu du foyer.


La Commission, qui achèvera ses travaux le 13 mars 2009, poursuivra son débat général demain 4 mars à partir de 10 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »:


Table ronde d’experts: R éalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et nouvelles mesures et initiatives: partage, dans des conditions d’égalité, des responsabilités entre les femmes et les hommes, en particulier des soins dispensés dans le contexte du VIH/sida (E/CN.6/2009/2, E/CN.6/2009/3 et E/CN.6/2009/12)


Exposés et dialogue


Toutes les politiques envisagées pour un partage égal des responsabilités entre femmes et hommes doivent s’inscrire dans la promotion et la protection des droits de l’homme et de l’égalité entre les sexes.  C’est l’une des conclusions majeures de cette table ronde qui a réuni des experts tels que Mme Patricia Espinosa Torres du Ministère du travail et du bien-être social du Mexique; Mme Marilyn Waring de l’AUT University d’Auckland en Nouvelle-Zélande; M. Joseph Aimé Bidiga du Conseil national de lutte contre le VIH/sida (CNLS) du Burkina Faso; et Mme Shahrashoub Razavi de l’Institut de recherche des Nations Unies sur le développement social (IRDS).


Les experts ont répondu aux multiples questions des délégations.  Quels sont les meilleurs moyens de modifier le cadre normatif national, comme les Codes de la famille ou la législation du travail?  Quelles sont la qualité et la valeur des tâches effectuées par les femmes et les hommes à la maison?  Comment comptabiliser ce temps de travail?  Faut-il intégrer la valeur économique du travail non rémunéré dans les statistiques nationales voire dans le produit intérieur brut (PIB)?  Beaucoup de ces questions sont restées sans réponse, preuve, s’il en faut, que dans le domaine du partage des responsabilités à la maison, tout reste à inventer, aux plans national et international.


Plusieurs initiatives pour encourager les hommes à prendre une plus grande part aux tâches au foyer ont été présentées, notamment celle de la Malaisie ou la « zakat » au Soudan, concernant la mise sur pied d’un système permettant aux hommes de faire une contribution volontaire au travail de leur épouse au foyer. 


Lentement mais sûrement, ont observé les participants à la table ronde, de plus en plus d’hommes acceptent l’idée de participer davantage aux tâches ménagères et soutiennent l’épanouissement professionnel des femmes.  Aussi, plusieurs pays ont-ils adopté des programmes compensatoires, tant au foyer que sur le lieu de travail, en collaboration avec les employeurs.  Encourager les hommes à mettre la main à la pâte c’est bien mais il faut aussi aider les femmes à sortir de chez elles.


Au Gabon, un système de « halte garderies » a vu le jour en milieu urbain, tandis que les zones rurales accueillaient des « cases communautaires » dotées de cantine pour les petits enfants.  En Israël, une unité spécialement chargée de la lutte contre les attitudes négatives et discriminatoires tant à l’égard des femmes que des hommes a été créée.


Alors pourquoi le travail au foyer est-il systématiquement non comptabilisé dans les données et statistiques?  Parce que ce sont des technocrates qui se consacrent à ces études, a constaté le Professeur de politique publique à l’AUT University, qui a recommandé des études plus approfondies pour recueillir des données sur l’emploi du temps qui ne « soient pas influencées et qui soient clairement évaluées ».


Tâche difficile, ont rétorqué plusieurs participants en arguant des interprétations diverses, parfois contradictoires, du rôle des femmes et des hommes, ainsi que des perceptions d’ordre culturel stigmatisant les hommes qui assument les tâches ménagères, l’éducation des enfants ou la dispense de soins de santé aux membres de leur famille. 


Dans un pays comme le Burkina Faso, a indiqué, le représentant du Conseil national de lutte contre le VIH/sida, les 60 groupes ethniques et plus traduisent la complexité du concept du genre car « chacun a sa propre définition ».


À titre d’exemple, il a expliqué que les termes « paaga », « debo » et « muso » signifient la femme dans les trois principales langues burkinabè.  « Paaga » a une connotation de problème alors que « muso » celle de la soumission, de l’endurance et de la passivité.  Cette dernière connotation est renforcée par l’interprétation de la religion qui veut que la femme doive soumission et obéissance à son mari.


Le défi est de taille, comme l’a affirmé la délégation de la Zambie qui connaît un taux de prévalence élevé du VIH/sida, et où une évaluation de la valeur réelle des soins dispensés par les femmes au foyer a révélé qu’elle dépasse largement le budget total du pays en matière de santé publique.


À l’instar de ce que dit le Secrétaire général dans son rapport pertinent (E/CN.6/2009/2), les quatre experts invités ainsi que les représentants de 22 pays et de cinq organisations non gouvernementales (ONG) ont convenu que la reconnaissance, l’ampleur et l’évaluation des soins apportés par les femmes aux membres de leur famille devraient être considérablement améliorées.  Ils ont appelé à faire preuve de créativité dans la conception de programmes et d’initiatives visant à rééquilibrer la répartition des tâches entre les femmes et les hommes.


Le Modérateur de la table ronde, Ara Margarian, de l’Arménie, a annoncé que la synthèse de la table ronde sera affichée sur le site de la Division de la promotion de la femme du Département des affaires économiques et sociales.


Table ronde d’experts: Renforcement des capacités de prise en compte systématique de l’égalité de l’égalité des sexes, dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et programmes nationaux de partage, dans des conditions d’égalité, des responsabilités entre les femmes et les hommes, y compris des soins dispensés dans le contexte du VIH/sida (E/CN.6/2009/4, E/CN.6/2009/5 , E/CN.6/2009/6 , A/HRC/10/42-E/CN.6/2009/7 , A/HRC/10/43-E/CN.6/2009/10 , E/CN.6/2009/11 , A/63/38 , E/CN.6/2009/CRP.1 et E/CN.6/2009/CRP.2)


Exposés et dialogue


Les stéréotypes sur les différences entre les hommes et les femmes sont si puissants qu’ils jouent aussi parfois contre les hommes qui souhaiteraient s’impliquer davantage dans la vie familiale et le partage des responsabilités domestiques, a expliqué l’un des experts, Gary Barker du Centre international de recherche sur les femmes (ICRW), basé à Washington.  Citant des cas en Amérique latine, M. Barker a parlé d’hommes qui « tirent les rideaux pour ne pas être vus de leurs copains quand ils s’occupent des enfants ».  Au-delà de cette crainte du regard des autres, il s’est aussi demandé si les sociétés étaient prêtes, où que ce soit, à accorder aux hommes qui le souhaitent des responsabilités dans les domaines des soins à apporter aux enfants.  La plupart des travailleurs sociaux et de santé sont des femmes, qui occupent des emplois peu rémunérés, mais accepte-t-on par exemple que des hommes soient gardes d’enfants, s’est-il interrogé.


Autre panéliste, Bafana Khumalo, de Sonke Gender Justice Projet de l’Afrique du Sud, a fait un constat semblable, affirmant qu’en Afrique, on prétend inciter les hommes à participer aux soins alors que les services de santé ne sont même pas prêts à les accueillir.  De même, les femmes n’apprécient pas toujours que les hommes s’immiscent dans leur cuisine, pièce traditionnellement du domaine des femmes.  Toujours dans le même sens, le représentant de ICRW a observé que si en Amérique du Sud, on voit parfois, dans les classes moyennes, des pères qui souhaitent assister à l’accouchement de leur compagne, ils ne savent pas vraiment comment se comporter et, surtout, ils ne sont pas toujours bienvenus, par exemple dans des salles d’accouchement où sont présentes plusieurs femmes à la fois. 


Or, a-t-il estimé, il faut éduquer les hommes pour qu’ils participent à la vie de famille et notamment pour qu’ils exercent leurs responsabilités parentales au plus tôt, dès l’accouchement si possible.  Le spécialiste a mentionné une forme de « formation en paternité » dès l’école pour les garçons.  Les différences de comportement entre les hommes et les femmes restent énormes.  En moyenne, les femmes passent trois à quatre fois plus de temps avec leurs enfants que les hommes, a-t-il insisté.  Il s’est même demandé si les stéréotypes ne s’imprégnaient pas jusqu’aux campagnes de sensibilisation, pourtant jugées essentielles par de nombreux intervenants.  Ainsi, a-t-il observé, les campagnes qui mettent l’accent sur la santé de la famille s’adressent d’abord et avant tout aux femmes, confortant du même coup l’idée que cette activité relève principalement de leurs responsabilités.


Les panélistes ont fait observer que de tels stéréotypes existent dans toutes les sociétés, développées ou en développement, et affectent toutes les femmes quel que soit leur statut.  Heisoo Shin de la Women’s University (EWHA) à Séoul a rappelé qu’ils entraînent des inégalités telles qu’on accorde une valeur différente aux hommes et aux femmes, ce qui, dans certaines sociétés, conduit à une préférence nette pour les garçons voire à des avortements ou des infanticides des fillettes.  Pour lutter contre ces stéréotypes et encourager le partage égal des responsabilités, il faudrait reconnaître la valeur du travail au foyer, ont fait remarquer divers intervenants. 


Mme Shin a en outre rappelé que la Convention des Nations Unies sur la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), qui célèbre cette année ses 30 ans, considère la maternité comme une fonction sociale, obligent les États parties à fournir les services sociaux et de soutien aux femmes et affirme que l’éducation des enfants est une responsabilité commune des hommes et des femmes.  Mais les politiques menées doivent être cohérentes, coordonnées et globales, et inclure des mécanismes d’évaluation des résultats obtenus.  En outre, la budgétisation de ces politiques nationales doit tenir compte des questions de parité, alors que, trop souvent, les programmes en faveur de l’égalité hommes-femmes dépendent de financements extérieurs. 


Les spécialistes ont cité comme un bon exemple le cas de l’Inde où tous les ministères doivent consacrer au moins 30% de leur budget aux femmes.  La représentante de la Belgique a aussi expliqué comment les questions de genre étaient prises en compte dans l’élaboration du budget national dans son pays.  Il faut donner aux femmes le pouvoir financier, a renchéri la représentante de la Zambie, avant que Giedre Purvaneckiene de l’Université de Vilnius ne rappelle que le développement économique d’un pays suppose le recours aux capacités de tous les citoyens, donc des hommes comme des femmes.  Cela dit, il est vrai que les femmes sont par tradition plus impliquées dans les problèmes de la famille.  Il faut donc adopter des mesures pour concilier les vies privée, familiale et professionnelle, en multipliant, par exemple, les services sociaux tels que les garderies et les structures pour handicapés ou personnes âgées. 


Mme Purvaneckiene a aussi rappelé que quatre fois plus de femmes que d’hommes travaillent à temps partiel.  Ceci peut paraître positif dans la mesure où les facilités offertes permettent de concilier vie familiale et vie professionnelle.  Mais, a-t-elle mis en garde, le recours au temps partiel nuit à la carrière professionnelle des femmes et finit par conforter le stéréotype d’une division du travail entre femme au foyer et homme pourvoyeur de revenus.  En effet, a-t-elle expliqué, si une femme prend de longs congés parentaux ou se limite à un travail à temps partiel, ses revenus finissent par apparaître comme un appoint au salaire principal du foyer.  Dans ce cadre, le cas du Premier Ministre norvégien qui a pris un congé parental a été mentionné à plusieurs reprises.


On ne peut toutefois réduire la persistance du déséquilibre dans les responsabilités domestiques au simple fait que l’homme rapporterait l’essentiel du revenu du ménage, ont admis les participants à la table ronde.  Aux États-Unis, 70% des pertes d’emplois dues à la crise économique et financière touchent des hommes, a affirmé le représentant d’ICRW.  Mais, a-t-il relevé « on ne les a pas vus se précipiter dans leur foyer pour s’occuper des enfants ».  La représentante du Kenya s’est d’ailleurs demandée comment on pouvait vérifier qu’un homme qui prend un congé parental consacre effectivement son temps au foyer et aux enfants.


La table ronde était modérée par Enna Park de la République de Corée.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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