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CS/9615

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DEMANDE AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL UN RAPPORT SUR LES MOYENS DE SOUTENIR L’UNION AFRICAINE DANS SES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

18/03/2009
Conseil de sécuritéCS/9615
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6092e séance – matin et après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DEMANDE AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL UN RAPPORT SUR LES MOYENS DE SOUTENIR L’UNION AFRICAINE DANS SES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX


M. Ban Ki-moon se dit encouragé par les progrès accomplis dans le renforcement du partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine


Le Conseil de sécurité, à l’issue d’une réunion consacrée à la paix et à la sécurité en Afrique, a prié, aujourd’hui, le Secrétaire général de lui soumettre, au plus tard le 18 septembre 2009, un « rapport sur les moyens pratiques de soutenir efficacement l’Union africaine lorsqu’elle mène des opérations de maintien de la paix autorisées par l’ONU ».


Dans une déclaration présidentielle, le Conseil demande en outre au Secrétaire général, que son rapport soit « assorti d’une évaluation détaillée des recommandations figurant dans le rapport du Groupe d’experts Union africaine-ONU, en particulier les recommandations se rapportant au financement, ainsi que celles concernant la création d’une équipe commune Union africaine-ONU ».


Lors du débat, auquel ont pris part, outre les membres du Conseil, 16 délégations, les deux principales propositions du rapport liées au financement de l’architecture africaine de paix et de sécurité ont été les éléments les plus discutés.  Si l’idée d’un fonds d’affectation spéciale alimenté par des contributions volontaires a fait l’objet d’un large accord de principe, la proposition tendant à faire financer certaines opérations de maintien de la paix de l’Union africaine par les contributions obligatoires des États Membres des Nations Unies a suscité de vives réserves.


Le Secrétaire général, Ban Ki-moon, s’est dit « encouragé » par les progrès déjà accomplis pour le renforcement du partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine dans la résolution des conflits sur le continent africain. 


M. Ban a affirmé qu’au centre de l’analyse du rapport du Groupe d’experts se trouve la « relation stratégique entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine », relation soutenue par celle liant le Secrétariat de l’ONU à la Commission de l’Union africaine, en vue de promouvoir la paix et la sécurité en Afrique.  Dans les deux cas, a-t-il observé, « cette relation a été renforcée, mais il reste encore à mettre au point une capacité de réponse qui permettrait à l’ONU et à l’Union africaine de travailler ensemble à la prévention des conflits, plutôt que de simplement réagir à ceux-ci ».


Le Groupe d’experts dont le rapport était examiné par le Conseil de sécurité, a été constitué à la suite de l’adoption par le Conseil, le 16 avril 2008, de sa résolution 1809 (2008) dans laquelle il reconnaissait qu’il « faut rendre plus prévisible, durable et souple le financement des organisations régionales lorsqu’elles entreprennent des missions de maintien de la paix sous mandat des Nations Unies ».


Si les termes de référence du Groupe d’experts étaient de nature technique, il a été clair, dès le début, que le travail qui lui était confié aurait de fortes implications politiques, a expliqué le Président du Groupe, M. Romano Prodi.  Selon lui, certaines recommandations peuvent être mises en œuvre rapidement, notamment celles qui concernent le renforcement de la coopération politique.  En revanche, a-t-il ajouté, d’autres nécessiteront une analyse plus détaillée.


C’est le cas des recommandations relatives au financement, que le Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, M. Ramtane Lamamra, a jugées « d’une importance toute particulière ».  Selon lui, la prise en charge du défi du financement relève d’une « responsabilité partagée » entre l’Afrique et la communauté internationale.


Lors du débat, le représentant du Costa Rica a averti que le financement de l’architecture africaine de paix et de sécurité constituerait, sans doute, le volet de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine le plus difficile à résoudre.  De fait, plusieurs délégations ont estimé que les propositions du rapport devaient maintenant être analysées de manière approfondie, et discutées plus avant sur la base du rapport à venir du Secrétaire général.  Comme l’ont fait remarquer, entre autres, les représentants du Nigéria et du Congo, il s’agit là d’un processus.


Plusieurs délégations ont donné raison à M. Prodi, qui affirmait avoir noté une « attitude globalement positive » face à sa proposition de créer un fonds d’affectation spéciale « multidonateurs », alimenté par des contributions volontaires, chargé de financer le renforcement des capacités de prévention et de règlement des conflits de l’Union Africaine.  Au nom de l’Union européenne, le représentant de la république tchèque a soutenu l’idée; son homologue de la France a parlé de « piste prometteuse »; celle des États-Unis a invité tous les États à contribuer à un tel fonds; tandis que le délégué du Royaume-Uni a rappelé que son pays avait jadis fait une suggestion en ce sens.


En revanche, la suggestion d’un mécanisme permettant de financer, à l’aide des contributions obligatoires des États Membres des Nations Unies mises en recouvrement, des opérations de maintien de la paix menées par l’Union africaine avec un mandat du Conseil de sécurité, s’est heurtée à des réticences plus ou moins ouvertes. 


Le représentant de la France a fait part de l’hostilité de son pays au caractère obligatoire d’un tel mécanisme.  Le délégué du Japon a déclaré que l’autorisation accordée par le Conseil à de telles opérations ne donnait pas droit automatiquement à un soutien financier, et que les dépenses devaient se faire suivant les principes de la Charte.  Tout en estimant qu’une telle utilisation des contributions obligatoires des États Membres ne pourrait se faire qu’au cas par cas, le représentant de la Norvège a toutefois relevé que le Conseil avait donné son feu vert pour financer, par cette méthode, un paquet logistique au profit de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Cette autorisation accordée par la résolution 1863 (2009) pourrait avoir valeur de test, a-t-il souligné.


PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE


Rapport du Groupe d’experts Union africaine-ONU sur les modalités d’appui des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine (S/2008/813)


Le Groupe d’experts a été constitué le 12 septembre 2008, à la suite de la résolution 1809 (2008) du Conseil de sécurité concernant la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, qui accueillait favorablement une proposition du Secrétaire général tendant à charger un groupe d’experts Union africaine-ONU d’examiner de manière approfondie les modalités d’appui aux opérations de maintien de la paix sous mandat des Nations Unies.  Le rapport analyse la relation stratégique entre l’ONU et l’Union africaine et fait un certain nombre de recommandations pour renforcer les liens entre les deux organisations et leur permettre de coopérer plus efficacement.


Le Groupe d’experts rappelle qu’en matière de maintien de la paix, c’est l’Afrique qui a les besoins les plus importants, mais aussi le plus de difficultés à mobiliser des moyens à la hauteur de sa volonté d’agir.  Il en conclut que la solution la plus rationnelle pour la communauté internationale est de mettre en place un dispositif d’appui au maintien de la paix en Afrique, sans vouloir nécessairement le généraliser ou en faire un précédent applicable à d’autres régions.


Afin de rendre plus prévisible, plus durable et plus souple le financement des opérations de maintien de la paix entreprises par l’Union africaine sous mandat des Nations Unies, le Groupe d’experts recommande de créer deux nouveaux mécanismes de financement.


Le premier permettrait de financer des opérations de maintien de la paix spécifiques à l’aide de contributions mises en recouvrement par l’ONU.  Cet appui serait décidé au cas par cas, pour une période ne dépassant pas six mois, pour des opérations de maintien de la paix menées par l’Union africaine et autorisées par le Conseil de sécurité.  Il serait versé principalement, dans un premier temps du moins, en nature.


Le deuxième mécanisme, un fonds d’affectation spéciale « multidonateurs », alimenté par des contributions volontaires, servirait à financer, d’une manière plus générale, le renforcement des capacités de prévention et de règlement des conflits et le renforcement des institutions.  Il serait conçu de manière à attirer les donateurs existants et de nouveaux donateurs, et serait à terme pris en main par l’Afrique.


Le Groupe d’experts recommande aussi que l’Union africaine envisage de mettre en place ses propres capacités logistiques et de recourir à de nouvelles modalités comme les marchés conclus avec des prestataires capables de fournir des services d’appui logistique diversifiés.


Enfin, le Groupe d’experts recommande de créer un groupe de travail Union africaine-ONU qui serait chargé d’étudier en détail les mesures à prendre pour mettre en œuvre ses recommandations.


Déclaration liminaire


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que le rapport soumis aujourd’hui à l’examen du Conseil de sécurité contenait plusieurs idées pour renforcer le partenariat établi entre les Nations Unies et l’Union africaine dans la résolution des conflits sur le continent africain.  Rappelant le rôle indispensable que jouent les organisations régionales dans les travaux du Conseil, il s’est dit encouragé par les progrès accomplis, à cet égard, avec la Commission de l’Union africaine.  L’Union africaine continue de développer ses capacités de maintien de la paix avec l’appui du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), a dit Ban Ki-moon.  Le rapport du Groupe d’experts fait des recommandations spécifiques à cet égard, en tirant les leçons du passé, tout en examinant les possibilités d’une relation renforcée à l’avenir.  Au centre de l’analyse, se trouve la relation stratégique entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui est soutenue par celle liant le Secrétariat de l’ONU à la Commission de l’Union africaine en vue de promouvoir la paix et la sécurité en Afrique.  Dans les deux cas, a fait observer M. Ban, cette relation a été renforcée, mais il reste encore à mettre au point une capacité de réponse qui permettrait à l’ONU et à l’Union africaine de travailler ensemble à la prévention des conflits plutôt que de simplement agir de manière réactive. 


« Le Département des affaires politiques a organisé une série de réunions interservices avec des représentants de l’Union africaine et j’espère que nous pourrons nous appuyer sur cette initiative pour forger une approche plus complète à l’avenir », a souhaité le Secrétaire général.  De nombreux défis continuent de se poser à l’Union africaine, comme ceux qui résultent des difficultés à sécuriser les ressources nécessaires au déploiement de ses troupes et à son développement de long terme, a-t-il souligné.  C’est dans ce contexte que le Groupe d’experts a fait des recommandations qui auront des incidences durables et qui exigeront un examen attentif.  Mais il s’agit d’une première étape permettant un partenariat plus efficace.  La retraite à laquelle prendront part les membres du Conseil de sécurité ce weekend devrait leur offrir l’occasion de réfléchir plus étroitement aux moyens de renforcer l’interaction entre le Conseil de sécurité, les États membres de l’Union africaine, les pays contributeurs de troupes et les autres parties prenantes, a estimé Ban Ki-moon.  Le développement de l’architecture de paix et de sécurité en Afrique est crucial à l’adoption d’une approche efficace, sur le long terme, de prévention et de résolution des conflits.


Présentations


M. ROMANO PRODI, Président du Groupe d’experts Union africaine-ONU sur les modalités d’appui des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, a présenté le rapport élaboré par le Groupe, en rappelant que, bien que les termes de référence du Groupe soient essentiellement de nature technique, il a été clair, dès le début, que le travail qui lui était confié aurait de fortes implications politiques.


M. Prodi a affirmé que les responsabilités des acteurs régionaux en ce qui concerne la promotion de la paix et de la sécurité dans leur propre région sont indiscutables.  Cela ne signifie pas pour autant que l’Union africaine ou les communautés économiques régionales doivent remplacer les Nations Unies.  Il faut renforcer les principes de la Charte et développer un cadre pour notre action collective, a-t-il ajouté.  D’énormes progrès ont été réalisés, tant par l’Union africaine que par les communautés économiques régionales de l’Afrique, mais ils doivent encore être consolidés afin que l’Union africaine puisse pleinement contribuer à la sécurité mondiale et jouer un rôle de premier plan dans le déploiement des efforts internationaux destinés à apporter la paix sur le continent africain, a poursuivi M. Prodi.


L’Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) ne peut opérer de manière isolée, a déclaré M. Prodi, pour qui il est important d’adopter une « vision partagée » entre les Nations Unies et l’Union africaine.  En ce sens, le Groupe d’experts souhaite encourager un échange plus régulier entre les deux entités, au travers duquel une telle continuité d’approche pourra être entretenue, a ajouté M. Prodi, en estimant qu’il reste encore de grandes marges de progrès à combler.


Limiter le soutien opérationnel à des missions spécifiques peut sembler logique, mais ne promeut pas nécessairement une coopération soutenue, a ajouté M. Prodi.  C’est pourquoi, le Groupe d’experts a recommandé la mise en place d’un mécanisme en vertu duquel les organisations respectives pourraient échanger plus régulièrement leurs points de vue, a indiqué M. Prodi.  Divers modèles existent à cette fin, ce qui veut dire qu’il n’est pas besoin de créer de nouvelles structures, a-t-il relevé.


Améliorer la coordination n’est pas suffisant et doit aller de pair avec la construction d’une capacité institutionnelle à travers laquelle l’Afrique pourra se prendre en charge, a poursuivi M. Prodi.  Cela suppose un renforcement des capacités actuelles.  On pense d’abord aux capacités militaires, mais cela ne suffit pas, a encore noté M. Prodi.  Concrétiser la « vision commune » exige des ressources énormes, a-t-il ajouté.  Le Groupe d’experts a, à cet égard, examiné diverses possibilités, a-t-il rappelé, notamment celle de contributions mises en recouvrement par l’ONU, ou encore la création d’un fonds d’affectation spéciale « multidonateurs », qui serait alimenté par des contributions volontaires.


Le Groupe d’experts estime que le moment est venu pour les Nations Unies d’approfondir toutes les questions relatives au rôle de l’Union africaine, a affirmé M. Prodi, qui a noté que l’occasion se présente de rompre avec les approches traditionnelles et d’adopter des idées plus novatrices.  Si un tel fonds d’affectation spéciale est créé, comme le recommande le Groupe d’experts, sa complexité sera telle que le Groupe d’experts suggère aussi que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en assume initialement la gestion depuis Addis-Abeba, avec l’idée que l’Union africaine prendra rapidement la relève.  M. Prodi a affirmé avoir observé de la part des États une « attitude globalement positive » face à cette proposition.


Certaines recommandations du Groupe d’experts peuvent être mises en œuvre rapidement, notamment celles qui concernent le renforcement de la coopération politique, a indiqué M. Prodi.  D’autres nécessiteront une analyse plus détaillée, a-t-il ajouté.  Le Groupe d’experts a travaillé à un moment où les conséquences de la crise économique actuelle ne se faisaient pas encore sentir, a poursuivi M. Prodi, qui a estimé que cette crise ne devrait pas empêcher une augmentation des ressources et du soutien à l’Union africaine.  Il est évident qu’il n’y aura pas de développement sans paix.  Mais il faut savoir que tout autant qu’elle est importante pour l’Afrique, la paix sur ce continent aura une influence positive sur notre avenir à tous, a-t-il conclu. 


M. RAMTANE LAMAMRA, Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, a affirmé qu’au cours des dernières années, les arrangements régionaux ont fait preuve d’un dynamisme toujours plus grand dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans leurs régions respectives, et nulle part plus qu’en Afrique où, sur la base de la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, une architecture continentale de paix et de sécurité a vu le jour.  Parallèlement à cette structure, l’Union africaine est quotidiennement engagée dans des efforts de prévention, de gestion et de règlement des conflits.  Les défis à relever sont certes énormes, mais il existe une volonté forte de faire face à ces difficultés, a jouté M. Lamamra.


M. Lamamra a rappelé que l’expérience africaine en matière de déploiement d’observateurs et d’unités militaires s’est développée dans des conditions particulièrement difficiles, citant à cet égard le Burundi, et aujourd’hui le Soudan et la Somalie.  Les actions que lance l’Union africaine le sont au titre de ses responsabilités politiques propres et de la solidarité africaine.  Elles sont aussi menées au nom de la communauté internationale dans son ensemble, et notamment du Conseil de sécurité, a ajouté le Commissaire.  C’est dans ce contexte que l’Union africaine a demandé que les Nations Unies examinent, dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, la possibilité de financer, au travers de contributions obligatoires, les opérations de maintien de la paix entreprises par l’Union africaine sous l’autorité et avec le consentement du Conseil de sécurité.  C’est le processus initié à la suite de cette demande qui a abouti au rapport du Groupe d’experts Union Africaine-ONU sur les modalités d’appui des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine présenté ce jour, a indiqué M. Lamamra.


Ce rapport marque indiscutablement une étape importante dans les efforts d’ensemble visant à renforcer les capacités de l’Union africaine à faire face aux défis auxquels le continent est confronté dans les domaines de la paix et de la sécurité, ainsi qu’à mobiliser un appui plus important auprès de la communauté internationale, a ajouté M. Lamamra.  Il a jugé « d’une importance toute particulière » les recommandations relatives au financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.  La prise en charge du défi du financement s’impose en toute équité comme relevant d’une responsabilité partagée, au moment où l’Afrique s’est dotée d’une architecture complète de paix et de sécurité, dont la Force africaine en attente doit être l’instrument d’action rapide, efficace et dynamique, a ajouté le Commissaire.  Il a estimé important que le « rapport Prodi » marque une « étape qualitative décisive » dans cette direction.


Mme NKOSAZANA DLAMINI ZUMA, Ministre des affaires étrangères de l’Afrique du Sud, a déclaré que le renforcement de la relation entre les Nations Unies et les organisations régionales était plus que jamais nécessaire.  Nous sommes encouragés par l’amélioration de celle qui existe entre l’ONU et l’Union africaine, a-t-elle dit.  Cependant, cette coopération ne doit pas exonérer le Conseil de sécurité des responsabilités qui lui ont été confiées par la Charte des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-elle fait observer.  Saluant les recommandations audacieuses contenues dans le rapport du Groupe d’experts, la Ministre sud-africaine a indiqué qu’elles reflétaient aux yeux de son gouvernement une première étape, et ne donnaient pas de réponses décisives sur la nécessité, pour l’Union africaine, de se doter de ressources nécessaires et prévisibles pour financer les opérations de maintien de la paix qu’elle déploie.  En particulier, la délégation sud-africaine se félicite de la recommandation relative à l’usage des ressources approuvées par les Nations Unies, a dit Mme Dlamini Zuma.  La question du financement des opérations de maintien de la paix régionales demeure centrale dans le renforcement et l’élargissement de la relation entre les Nations Unies et l’Union africaine, a-t-elle ajouté.  La recommandation évoquée constitue pour l’Afrique du Sud une mesure importante pour surmonter les obstacles qui limitent la capacité de l’Union africaine à résoudre les conflits sur le continent africain.  Le renforcement des capacités institutionnelles de l’Union africaine est tout aussi important, a ajouté la Ministre, qui a salué, à cet égard, les efforts entrepris par l’Union européenne dans le développement du mécanisme de réponse rapide et de médiation africaine.  Elle a également soutenu le point de vue du Groupe d’experts, qui préconise d’établir une équipe conjointe Nations Unies/Union africaine pour examiner les modalités de mise en œuvre des recommandations du rapport.


M. IGOR SHCHERBAK (Fédération de Russie) a estimé que le rapport du Groupe d’experts proposait des idées fortes pour resserrer la relation entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Cette organisation régionale a besoin de ressources internationales, a-t-il fait observer, en particulier à l’appui du renforcement de l’architecture de paix et de sécurité mise en place sur le continent africain.  Dans ce contexte, un rôle clef doit revenir aux Africains eux-mêmes dans les missions de médiation, en vue de garantir la stabilité de leur continent, a dit le représentant.  Il a dit que sa délégation était en accord avec le Groupe d’experts en ce qui concerne la reconnaissance de la complexité du maintien de la paix à l’heure actuelle.  Cette complexité fait qu’aucune organisation régionale ou internationale n’est en mesure de répondre seule aux menaces et aux défis actuels.  Une telle situation exige donc une coopération accrue sur la base du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, a souligné le représentant russe.  Il a également relevé l’importance de mettre au point une stratégie d’appui à la paix et à la stabilité en Afrique.  Toutes ces recommandations, a-t-il fait observer, nécessitent que les États Membres des Nations Unies apportent à l’Union africaine une aide technique et matérielle, et elles méritent d’être examinées par l’Assemblée générale.  Le représentant a rappelé en conclusion la participation importante de Casques bleus russes aux opérations de maintien de la paix en Afrique.


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a déclaré que de nombreux conflits en cours sur le continent africain s’étaient aggravés du fait de la manière inadéquate avec laquelle ils avaient été appréhendés en premier lieu.  Prévenir les conflits est essentiel pour sauver des vies et réduire le coût d’une éventuelle intervention, a ajouté le représentant.  Il a ainsi salué la décision prise par les dirigeants africains à Durban, en 2002, de doter l’Union africaine d’un mandat clair en matière de prévention des conflits.  En 2004, ces dirigeants sont allés plus loin en établissant le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui est chargé de résoudre les conflits en Afrique, a rappelé M. Rugunda, qui a qualifié d’« immense » la contribution à la paix et à la sécurité de ce Conseil.  Pour le représentant, l’Afrique a développé sa propre capacité de réponse aux crises, et l’Union africaine a joué un rôle pivot dans la résolution des conflits aux Comores, au Libéria, en Sierra Leone et au Burundi. 


M. Rugunda a ensuite souhaité, à la lumière du rapport du Groupe d’experts, que soit respecté le principe de responsabilité partagée entre les Nations Unies et l’Union africaine en ce qui concerne l’exécution des missions de maintien de la paix et la promotion de la sécurité.  Il a demandé en ce sens un renforcement des relations entre le Conseil de sécurité de l’ONU et celui de l’Union africaine, ainsi qu’entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine, ces organes devant réfléchir ensemble aux mandats des missions, et en particulier à la composition des forces et aux règles d’engagement et de comportement.  Le représentant ougandais a en outre souligné la nécessité que la communauté internationale honore ses engagements financiers, afin de donner à l’Union africaine les moyens de répondre efficacement aux crises.  Il a, à ce propos, jugé que la proposition de créer un fonds d’affectation spéciale devait être discutée de manière approfondie.  Selon M. Rugunda, il faut d’abord que les États Membres assument collectivement leurs responsabilités envers l’Union africaine, qui agit au nom du Conseil de sécurité de l’ONU, et cela conformément au Chapitre VII de la Charte. 


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que son pays a toujours soutenu le partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine, qui permet à ces organisations de faire plus ensemble que seules, de manière individuelle.  Par le passé, les partenariats entre les Nations Unies et diverses organisations régionales africaines ont permis de profiter au mieux des capacités de chacune de ces entités, a noté Mme Rice.  Les besoins de l’Afrique sont importants, mais les contributions à la paix apportées par les Africains, parfois au-delà de leur continent, le sont tout autant, a ajouté Mme Rice.  Elle a salué l’Union africaine pour la décision qu’elle a prise de déployer, en premier, des troupes dans la région à risque du Darfour.  Elle a dit que les États-Unis appréciaient les sacrifices consentis par les Gouvernements de l’Ouganda et du Burundi, qui jouent un rôle clef dans la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), et a exhorté les autres États à renforcer leur soutien ou leurs contributions à l’AMISOM.


Nous devons œuvrer ensemble au renforcement des capacités du secrétariat de l’Union africaine, a déclaré Mme Rice.  Les États-Unis appellent en outre les secrétariats des Nations Unies et de l’Union africaine à partager le fardeau de l’organisation des opérations conjointes de maintien de la paix.  Mais les opérations de maintien de la paix ne sont pas toujours la meilleure solution à un conflit, a rappelé la représentante, qui a cité, à cet égard, l’importance de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix et de la gestion des crises.  Mme Rice s’est félicitée que le Groupe d’experts ait recommandé la création d’un fonds d’affectation spéciale « multidonateurs », et a encouragé toute donation en ce sens


Mme Rice a mentionné le risque de voir l’efficacité des opérations de maintien de la paix en Afrique sapée par un manque de ressources.  Les États-Unis ont déjà joué un rôle de chef de file pour renforcer les capacités de l’Afrique en matière de maintien de la paix, dès les années 80, a-t-elle ajouté, en citant divers programmes de soutien, appuyés par son pays.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a affirmé que ce débat renforçait la conviction de son pays sur l’importance qu’il y a à maintenir une relation étroite et constante entre les deux organisations en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Tout en reconnaissant au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le représentant a estimé, qu’aujourd’hui, la complexité des conflits et des menaces à la paix exigeait une réponse collective fondée, c’est-à-dire les Nations Unies ensemble avec les autres organisations internationales.  Le représentant a plaidé pour l’étude de voies et de moyens permettant de renforcer les capacités institutionnelles de l’Union africaine en matière de maintien de la paix et de lui apporter tout soutien nécessaire à la mise en place de l’architecture africaine de paix et de sécurité, ainsi qu’à la constitution d’une capacité permanente à même de donner des réponses urgentes aux conflits.


Le représentant a également plaidé pour une meilleure interaction entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, afin de rendre plus efficace leurs actions respectives.  M. Kafando a salué les recommandations formulées par le Groupe d’experts, notamment en faveur d’un renforcement des relations d’ordre stratégique entre l’ONU et l’Union africaine, de la mise en place de nouveaux mécanismes de financement et de la nécessité pour l’Union africaine de poursuivre ses efforts internes pour mettre en place ses propres capacités logistiques.


M. NEVEN JURICA (Croatie) a reconnu le rôle clef du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Cependant, a-t-il estimé, cette tâche serait sans doute assumée de manière plus efficace si la relation entre cet organe et les organisations régionales pertinentes était renforcée.  La question qui se pose, c’est de savoir comment optimiser cette relation et, à cet égard, le rapport du Groupe d’experts offre des pistes intéressantes, a poursuivi le représentant.  Il s’est dit d’accord avec l’idée selon laquelle il faut renforcer la capacité de prévention des conflits de l’Union africaine en mettant en place un système d’alerte rapide.  Il a également salué la proposition de créer un fonds d’affectation volontaire « multidonateurs » à l’appui des capacités institutionnelles de l’Union africaine, qui a besoin de ressources durables et prévisibles.


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a estimé que le rapport du Groupe d’experts arrivait à point nommé alors que le Conseil de sécurité avait entamé l’examen de questions clefs liées aux opérations de maintien de la paix et au moment où les ressources pour de telles opérations manquent.  Le renforcement des capacités de l’Union africaine est une condition préalable pour que celle-ci puisse assurer une part plus importante du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique, a-t-il dit.  Pour le représentant, les propositions du Groupe d’experts permettraient d’éviter les lacunes en matière de financement et de renforcer le partenariat entre l’Union africaine et les Nations Unies.  Toutes les possibilités visant à soutenir les opérations de maintien de la paix menées par l’Union africaine sous mandat des Nations Unies doivent être examinées, a-t-il observé, ajoutant néanmoins que toute opération était unique et que les mesures d’appui devaient être distinctes à chaque fois.  Il a dit vouloir attendre l’évaluation faite par le Secrétaire général sur les différentes possibilités d’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine afin de poursuivre les débats sur la base d’un rapport de ce dernier. 


M. BAKI ILKIN (Turquie) a déclaré que dans un environnement volatile comme celui d’aujourd’hui, il était devenu indispensable pour les Nations Unies de renforcer leurs capacités de maintien de la paix en établissant des partenariats et de nouvelles coalitions.  Il a dit qu’il soutenait les conclusions « visionnaires » du rapport du Groupe d’experts visant à renforcer la relation entre l’ONU et l’Union africaine, en particulier dans les domaines de la prévention et de la reconstruction postconflit.  En tant que pays contributeur de troupes important, la Turquie suit attentivement l’examen entrepris par les Nations Unies pour améliorer l’efficacité de leurs opérations de maintien de la paix et qui fera l’objet d’une discussion ce weekend lors de la retraite du Conseil de sécurité.  Une des questions fondamentales est celle du financement, l’Union africaine ayant besoin de ressources sûres et prévisibles pour renforcer ses capacités de maintien de la paix, a fait observer le représentant.  Les recommandations du Groupe d’experts devraient donc être prises pleinement en compte dans l’examen dans lequel se sont lancées les Nations Unies, a estimé M. Ilkin, qui a préconisé qu’une équipe conjointe ONU-Union africaine soit établie pour mettre en œuvre lesdites recommandations, a-t-il ajouté en conclusion.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a qualifié le rapport du Groupe d’experts de « contribution importante ».  Il est important de tenir compte de la dimension régionale des conflits, a-t-il ajouté.  Cette coopération avec les organisations régionales est particulièrement fructueuse lorsqu’elle relève du domaine de compétence des organisations régionales, a-t-il dit, en insistant sur le fait que, selon les régions, les organisations ont différents objectifs.  M. Heller a souligné que la responsabilité partagée des Nations Unies et de l’Union africaine pour atteindre les objectifs de règlement pacifique des conflits, de respect des droits de l’homme et du droit international et de renforcement de l’état de droit était indiscutable.


Le représentant a insisté sur la nécessité d’une vision stratégique partagée entre les deux organisations.  Il a suggéré un renforcement des liens entre l’Union africaine et le Conseil de sécurité, par exemple par la présentation périodique de rapports sur les opérations de maintien de la paix régionales menées sur le continent.  Il s’est dit favorable à l’examen d’un mécanisme permettant de renforcer les capacités de l’Union africaine.  Toute solution pérenne aux conflits exige des mesures efficaces qui s’attaquent à leurs causes profondes, a rappelé M. Heller.  Il a émis l’espoir que le Conseil de sécurité puisse rapidement alimenter son débat sur la base d’un rapport du Secrétaire général sur la question.


M. YUKIO TAKASU (Japon) a jugé satisfaisant de voir l’Union africaine jouer un rôle de plus en plus important dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent africain.  Il a aussi salué les efforts entrepris par les États africains eux-mêmes.  Il est important que les Nations Unies fassent plein usage de la force et des atouts des organisations régionales, conformément aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies, a déclaré M. TAKASU.  Plus spécifiquement, a t-il ajouté, la coopération entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine doit être renforcée, de même que doit être promue la coopération entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a également souligné la nécessité de tenir compte du rôle principal du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le délégué du Japon a par ailleurs estimé que le Conseil de sécurité devait encourager la communauté internationale et mobiliser les donateurs à poursuivre leur soutien au renforcement des capacités institutionnelles africaines, aux missions de paix de l’Union africaine et aux États contributeurs de troupes.  Le Japon a t-il soutenu, continuera à fournir son assistance aux centres de formation des personnels de maintien de la paix existant en Afrique.


Tout en se satisfaisant des initiatives prises par les organisations régionales pour veiller au maintien de la paix et de la sécurité internationales, le représentant a estimé que l’autorisation accordée par le Conseil de sécurité pour de telles opérations était importante et ne donnait pas droit automatiquement à un soutien financier.  Pour le japon a-t-il maintenu, il est nécessaire de clarifier les aspects pratiques, juridiques, administratifs de tout financement.  Poursuivant sur la question budgétaire, il a estimé que les dépenses devaient se faire suivant les principes de la Charte, et notamment le processus prévu en son Article 17.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a déclaré que le système de sécurité collective international ne serait pas pleinement efficace sans la participation active des organisations régionales et sous-régionales.  L’histoire a montré l’intérêt de la participation des mécanismes régionaux au règlement pacifique des conflits, comme ce fut le cas au Kosovo, au Cambodge ou encore au Kenya, a rappelé le représentant.  Outre leur importance dans le règlement des conflits, ces organisations peuvent aussi jouer un rôle en amont, dans le domaine de la prévention.  De nouveaux modèles de coopération entre les Nations Unies et ces organisations doivent donc être mis au point, a préconisé le représentant, citant l’exemple de la relation actuelle entre l’ONU et l’Union africaine, qui, a-t-il dit, doit être renforcée.  Le Costa Rica est persuadé que la coopération entre les deux organisations doit aller bien au-delà d’un appui matériel, elle doit aussi revêtir un aspect stratégique en définissant les modalités de cette coopération, a-t-il expliqué.  Saluant le rapport du Groupe d’experts, M. Urbina a souligné la nécessité de s’appuyer sur les expériences et les leçons apprises.  Le volet de la coopération financière sera le plus difficile à résoudre, a-t-il cependant prévenu, ajoutant qu’il attendait maintenant les recommandations du Secrétaire général.


M. ZHANG YESUI (Chine) a déclaré que la paix et la sécurité en Afrique représentaient un des plus importants défis auquel le monde demeurait confronté.  Le Conseil de sécurité, qui, a-t-il rappelé, a la responsabilité principale du maintien de la paix et la sécurité internationales, a investi une énergie considérable en Afrique, laquelle représente plus de 60% des questions examinées par le Conseil et des opérations de maintien de la paix qui y sont liées.  Le représentant s’est dit favorable à un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, qui est également un souhait de l’Afrique, a-t-il précisé, et a préconisé une approche souple accordant plus d’attention aux avis de l’Union africaine sur des questions telles que celles du Soudan, du Darfour ou de la Somalie.  Les Nations Unies et l’Union africaine ont des avantages respectifs et doivent renforcer leur coopération sur cette base et dans un respect commun, a-t-il ajouté.


Le représentant s’est aussi dit favorable à la recherche de moyens de financement des opérations de maintien de la paix plus fiables.  Les recommandations du Groupe d’experts en ce sens méritent une étude approfondie, a-t-il estimé.  Il a plaidé en faveur d’un renforcement des capacités de maintien de la paix de l’Union africaine, et a invité les pays donateurs à agir en ce sens.  Ce renforcement permettra, a-t-il dit, de consolider l’efficacité du maintien de la paix et offrira, en outre, à l’Afrique, le sentiment de mieux contrôler les opérations sur le continent.


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a rappelé que le Conseil de sécurité jouait un rôle essentiel pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Toutefois, étant donné la prévalence des conflits en Afrique, le renforcement du lien entre les Nations Unies et l’Union africaine demeure indispensable, a-t-il dit.  En adoptant la résolution 1809, le Conseil a démontré sa volonté de renforcer son partenariat avec l’Union africaine, a-t-il ajouté.  Le représentant a affirmé que l’évolution récente des conflits montrait qu’il restait encore beaucoup à faire pour améliorer cette relation.  Comme le rapport du Groupe d’experts l’indique, le principe de l’appropriation par l’Afrique du maintien de la paix sur le continent doit être privilégié.  Il s’est dit convaincu du fait que pour définir le partage indispensable des responsabilités, il soit accordé à l’Union africaine un rôle plus important.


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a déclaré que, face au nombre croissant et à la complexité toujours plus grande des opérations de maintien de la paix menées au cours des dernières années, les Nations Unies avaient joué leur rôle, tandis que les organisations régionales avaient aussi apporté leur contribution.  Parmi elles, aucune n’a fait plus que l’Union africaine, a–t-il ajouté.  L’Union africaine a beaucoup à faire pour permettre le respect de l’état de droit en Afrique, a également observé le représentant, qui a cité le cas du Madagascar, où il a estimé que la situation actuelle était le fruit de la violence et non de l’ordre constitutionnel. 


Le Royaume-Uni joue son rôle pour améliorer l’architecture africaine de paix et de sécurité, a également déclaré le représentant.  Ainsi, le Royaume-Uni a déjà débloqué 5 millions de livres sterling au profit de l’AMISOM.  Rappelant les termes de la résolution 1809 (2008), le représentant a souhaité un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, tout en ajoutant que le Conseil de sécurité restait le principal responsable de la paix et de la sécurité internationales.  Il s’est prononcé en faveur d’une approche pragmatique pour renforcer les capacités de l’Union africaine.  Il a salué les conclusions du « rapport Prodi », tout en estimant que les questions abordées appelaient un débat approfondi sur la base d’un rapport du Secrétaire général.  Il a estimé que le fonds d’affectation spéciale « multidonateurs » préconisé dans le rapport pourrait constituer une solution acceptable du fait de sa nature volontaire, et a rappelé que son pays avait déjà fait des suggestions en ce sens par le passé.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a rappelé l’engagement de la France et de l’Union européenne pour aider l’Union africaine à relever les défis qui se posent dans le domaine du maintien de la paix.  Premier partenaire de l’Union africaine, l’Union européenne a versé près de 440 millions de dollars depuis 2004, et prévoit d’en accorder 300 millions de plus dans les trois ans à venir, a-t-il précisé, soulignant l’engagement de l’Union européenne et celui de son pays dans la constitution d’une architecture de paix et de sécurité en Afrique.  La France, a-t-il précisé, soutient par ailleurs une vingtaine de centres de formation régionaux répartis sur le continent.  M. Ripert a en outre estimé que la montée en puissance de la politique étrangère de l’Union européenne en matière de défense et de sécurité en faisait un partenaire fiable autant pour les Nations Unies que pour l’Union africaine. 


Le représentant français a également estimé que le rapport du Groupe d’experts constituait la première étape d’un processus auquel il faudra intégrer une approche générale, sur la base des recommandations que doit faire maintenant le Secrétaire général.  Par ailleurs, a poursuivi M. Ripert, dans le cadre du soutien à l’AMISOM, il faut se féliciter des propositions du Secrétaire général concernant la création d’un fonds fiduciaire, ainsi qu’un paquet de soutien logistique à cette mission dirigée par l’Union africaine.  Il faut désormais concrétiser ces mesures rapidement, a-t-il dit.  Il a, de même, souligné la nécessité de tenir compte les concertations entre son gouvernement et celui du Royaume-Uni sur le maintien de la paix.  Alors que le nombre de Casques bleus ne cesse d’augmenter, a-t-il dit, les Nations Unies doivent réfléchir aux moyens d’articuler prévention, maintien de la paix et consolidation de la paix.  En l’attente des recommandations du Secrétaire général, M. Ripert a jugé que, dans le domaine politique, il ne pouvait y avoir de partage des rôles à priori, sous peine de conduire à une régionalisation de la gestion des conflits, le Conseil de sécurité ayant la responsabilité d’agir à chaque fois qu’il l’estime nécessaire.  De plus, dans le domaine financier, les Nations Unies ont la responsabilité d’assurer un soutien à l’Union africaine, a-t-il affirmé, notant que la France, pour sa part, était hostile au caractère obligatoire des contributions des États Membres.  La création d’un fonds fiduciaire global financé par des partenaires multiples constitue en revanche une piste prometteuse, a conclu M. Ripert.


M. MOHAMED SHALGHAM (Jamahiriya arabe libyenne) a jugé le débat du jour particulièrement important, d’autant que les opérations de maintien de la paix dans leur ensemble sont confrontées à de graves défis, et celles de l’Union africaine plus que tout autre.  Il a constaté une augmentation des demandes en opérations de maintien de la paix face à un manque croissant de personnel, lié, selon lui, à un manque de financement.  Il a rappelé que nombre de pays africains seraient prêts à contribuer en personnel à des opérations de maintien de la paix dès lors qu’ils disposeraient des moyens de les équiper selon les normes des Nations Unies.


Le continent africain a besoin de l’appui de la communauté internationale pour promouvoir la paix et assurer son développement, a ajouté le représentant.  Affirmant que le montant des dépenses militaires dans le monde représentait « cent fois » les besoins de l’Afrique, il a fait part de sa déception face au manque d’appui apporté aux contingents africains de l’AMISOM, malgré les promesses faites.  Il a souhaité que les Nations Unies créent rapidement leur propre opération de maintien de la paix en Somalie.  Le représentant a souhaité que M. Prodi continue de participer au processus qui aboutira à la mise en œuvre des recommandations du Groupe d’experts qu’il a présidé. 


M. ABELARDO MORENO (Cuba), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non  alignés, a rappelé que les États membres du Mouvement, dont les pays africains, procuraient 80% des personnels des opérations de maintien de la paix.  Le Mouvement, a-t-il dit, insiste sur la mise en œuvre du plan d’action conjoint de soutien des Nations Unies au renforcement des capacités de maintien de la paix de l’Union africaine.  Le Mouvement des pays non alignés souhaite que soit clarifiée la relation stratégique entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, sur la base d’un partenariat plus efficace.


Il faut absolument éviter de créer l’impression que les Nations Unies sous-traitent le maintien de la paix en Afrique à l’Union africaine, a déclaré M. Moreno.  L’objectif doit, au contraire, être de maximiser les capacités de l’Union africaine en matière de prévention et de médiation, ou encore de maintien de la paix, en conformité avec le Chapitre VIII de la Charte.  Le Mouvement des pays non alignés estime que des ressources prévisibles, durables et souples doivent être mises à disposition des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, et constate la nécessité de renforcer les capacités institutionnelles de l’Union africaine.  Il insiste sur la nécessité de recourir à des mécanismes innovants pour assurer le soutien financier et logistique des besoins de l’Union africaine au plan continental.  Il insiste également sur une collaboration étroite entre tous les partenaires et donateurs qui soutiennent l’accroissement des capacités de maintien de la paix de l’Union africaine.  Le Mouvement réaffirme, en outre, la nécessité de mettre en place, en Afrique, une base logistique pour soutenir les opérations de maintien de la paix des Nations Unies sur le continent.


M. Moreno a rappelé que, pour le Mouvement des pays non alignés, la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales relevait des Nations Unies, et que le rôle des arrangements régionaux devait être conforme avec le Chapitre VIII de la Charte, et en aucun cas se substituer à celui des Nations Unies ou éluder les principes directeurs des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  En ce sens, l’extension de telles opérations sur la base d’une prolongation d’un mandat déjà existant doit observer strictement les principes de la Charte et de telles opérations, et notamment ceux du consentement des parties, du non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et de l’impartialité, a-t-il ajouté.  Les opérations de maintien de la paix ne doivent pas non plus être utilisées comme des substituts au traitement des causes profondes des conflits, a ajouté M. Moreno.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a rappelé que la coopération entre l’Union africaine et les Nations Unies était régie par le chapitre VIII de la Charte.  Elle a pris note des propositions du Groupe d’experts en vue d’établir des mécanismes de financement des opérations de maintien de la paix, propositions qui devraient faire l’objet d’un examen de la part du Conseil de sécurité, mais aussi de la Cinquième Commission et du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  En l’absence des capacités nécessaires, a fait observer la représentante, les opérations ne seront pas en mesure de s’acquitter des tâches qui leur ont été confiées. 


Par ailleurs, le Brésil soutient pleinement l’observation des experts selon laquelle une paix durable ne pourra être réalisée au travers du seul déploiement des troupes sur le terrain.  C’est la raison pour laquelle la délégation est convaincue que le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine doit aussi se faire dans les domaines du développement durable et de la consolidation des institutions locales.  La représentante a ajouté que l’Union africaine occupait une position unique pour fournir une expertise et s’approprier les processus de résolution des conflits sur le continent.  Pour sa part, le Brésil, outre la coopération Sud-Sud, examine à l’heure actuelle les possibilités d’améliorer sa coopération dans le domaine du maintien de la paix avec l’Union africaine et les pays africains directement, en tenant compte de ses limitations budgétaires.


M. MARTIN PALOUŠ (République tchèque), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a affirmé que celle-ci attachait une grande importance au développement du partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine, et soutenait activement les efforts en ce sens.  Il a rappelé que l’Union européenne elle-même avait construit un tel partenariat avec les Nations Unies et a fait état de nombreuses opérations menées par l’Union européenne sous mandat onusien, notamment en Afrique.  L’Union européenne, a-t-il dit, appuie donc activement tout dialogue entre le Conseil de sécurité et les organisations internationales, régionales et sous-régionales.  Il est bien connu que de nombreux défis à la paix et la sécurité internationales sont aujourd’hui institués en Afrique, a déclaré le représentant.  Il a rappelé que neuf des 19 opérations de maintien de la paix actuelles étaient établies sur ce continent, comme diverses autres missions politiques, et que 70% des Casques bleus et 73% du budget des opérations de maintien de la paix étaient consacrés à l’Afrique.  La coopération entre organes pertinents des Nations Unies et de l’Union africaine doit être développée, a ajouté M. Palouš.  L’Union européenne reconnaît les efforts de l’Union africaine pour contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales sur le contient et l’appuie en ce sens, que ce soit au Darfour ou en Somalie.  Elle soutient également les efforts en vue de la création d’une force africaine de réserve en attente. 


L’Union européenne estime qu’un soutien en matière de formation et de logistique est essentiel à long terme, a-t-il poursuivi.  Elle appuie la création d’un fonds d’affectation spéciale « multidonateurs » pour financer l’accroissement à long terme des capacités de l’Union africaine et comprend qu’il est nécessaire que les financements soient prévisibles et durables.  En revanche, le représentant a estimé qu’il faudrait davantage de discussions sur la proposition d’utiliser des fonds des Nations Unies issus de contributions obligatoires pour financer des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité.  L’Union européenne attend l’évaluation qui sera présentée par le Secrétaire général dans son futur rapport.  Rappelant que l’Union européenne était le premier contributeur à l’aide au développement de l’Afrique, M. Palouš a estimé que la paix était une condition préalable au développement.  Parmi les nombreux exemples de partenariat entre l’Union européenne et l’Union africaine, il a cité la Stratégie commune Afrique-Union européenne, signée en 2007.   


M. EDOUARD AHO-GLELE, Président du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, a rappelé l’importance que revêtent les partenariats entre le Secrétariat de l’ONU et l’Union africaine et entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA.  Il a félicité le Groupe d’experts pour avoir produit un rapport susceptible de permettre de prendre des décisions pertinentes.  Il n’est pas question d’entamer un plaidoyer en faveur du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, a poursuivi le Président, Mais plutôt d’encourager le Conseil de sécurité à prendre les dispositions qui s’imposent dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales pour renforcer le « rôle secondaire » de l’Union africaine à cet égard sur le continent.  Il a toutefois regretté l’absence de réaction du Conseil de sécurité dans plusieurs situations, notamment celle qui prévaut actuellement au Soudan, au sujet de laquelle l’Union africaine avait demandé au Conseil, l’an dernier, de surseoir à l’action « inappropriée » de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Président du Soudan, un appel resté sans réponse.  Il a donc lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il reste davantage à l’écoute de l’Union africaine.


M. GIULIO TERZI DI SANT’AGATA (Italie) a rappelé que son pays était le premier contributeur de contingents de l’Union européenne aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le neuvième au plan mondial et le sixième contributeur au budget de ces opérations.  Il a estimé que les acteurs régionaux avaient une meilleure compréhension des dynamiques internes dans leur zone et jouissaient d’une plus grande légitimité auprès des gouvernements et des populations concernées.  L’autonomisation de l’Union africaine doit être consolidée dans l’esprit de la Stratégie de Lisbonne entre l’Afrique et l’Union européenne, a-t-il ajouté.  Il s’est dit convaincu que cette dimension régionale devrait être affirmée, et donc la voix de l’Afrique entendue, dans un Conseil de sécurité réformé.  À cette fin, a poursuivi M. Terzi di Sant’Agata, une réforme devrait veiller à ce que les décisions du Conseil de sécurité concernant une crise régionale tiennent davantage compte du rôle des États Membres qui appartiennent à la région touchée.  C’est dans ce contexte qu’il s’est félicité de la proposition visant à une collaboration plus étroite entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et à mieux structurer les relations entre le Secrétariat des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine.   


Le rapport du Groupe d’experts met l’accent sur deux points essentiels, a déclaré M. Terzi di Sant’Agata: la formation et la logistique.  L’efficacité et la sécurité des Casques bleus dépendent de leur équipement, d’une formation adéquate et de normes professionnelles, a-t-il ajouté.  Les centres de formation existants doivent être améliorés et correctement soutenus.  En ce sens, le rapport doit mettre l’accent sur la nécessité d’une meilleure relation entre l’Union africaine et la base logistique des Nations Unies de Brindisi, en Italie, ainsi que sur un rôle possible pour le centre logistique régional des Nations Unies d’Entebbe, en Ouganda.  Le représentant a déclaré soutenir le projet de fonds d’affectation spéciale « multidonateurs », destiné à accroître les capacités.  Concernant l’utilisation des contributions obligatoires des États Membres des Nations Unies, il a dit refuser tout automatisme, tout en se déclarant ouvert à la discussion dans la perspective d’une prise en charge rapide par les Nations Unies des opérations de l’Union africaine ainsi financées.


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a expliqué que les activités relatives au maintien de la paix avaient connu une croissance exponentielle, particulièrement en Afrique, et que cela exigeait l’exploration de nouvelles voies pour soutenir les efforts régionaux dans ce domaine.  Ceci devant se faire, à travers un système fonctionnant sur les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies.  L’étude du Groupe d’experts constitue une étape sur le chemin du renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, et du soutien aux activités africaines de maintien de la paix.  Constatant l’augmentation de la demande en matière d’opérations de maintien de la paix, la faiblesse des ressources financières et le maque de troupes, le représentant a estimé qu’il fallait procéder à la redynamisation du rôle des organisations régionales.


M. Abdelaziz a également rappelé que son pays avait soumis, en 2006, une proposition visant au renforcement de la coopération entre l’Union africaine et les Nations Unies.  Cette initiative irait dans le sens du renforcement de cette coopération sur trois niveaux: entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine; entre les organes du Secrétariat des Nations Unies liées aux activés du maintien de la paix et la Commission africaine; et enfin, entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine.


Procédant à l’analyse du rapport, le représentant a en outre estimé que le renforcement des capacités institutionnelles africaines devait s’opérer en complémentarité de l’action du Conseil de sécurité à qui incombe la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Puis, il a souligné la nécessité d’établir une relation stratégique et plus effective entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a aussi appelé à la dynamisation de la relation entre les organes du Secrétariat des Nations Unies liés aux activés du maintien de la paix et la Commission africaine, ceci sur le modèle existant dans la coopération entre l’ONU et l’Union Européenne, et qui est marqué par l’échange de personnels et d’expertise.


Mme HEIDI HULAN (Canada) a rappelé que, depuis longtemps, son pays était engagé en faveur des initiatives de l’Union africaine dans les domaines de la paix et de la sécurité, notamment en matière de formation des contingents militaires, civils et policiers.  En outre, le Canada demeure déterminé à soutenir le développement des capacités de maintien de la paix de l’Afrique, en particulier en mettant en œuvre les engagements pris dans le cadre du G-8.  Jugeant encourageants les progrès accomplis par l’Union africaine, le Canada s’est cependant dit conscient de la nécessité d’un soutien accru des donateurs pour conserver et consolider les résultats obtenus jusqu’à présent.  À la lumière de la récente mission de l’Union africaine au Soudan et de celle en Somalie, il apparait de plus en plus évident qu’un mécanisme de financement ponctuel n’est ni suffisant ni assorti de la prédictibilité et de l’obligation de rendre des comptes, requises pour continuer à le considérer comme le modèle durable d’une coopération future.  Le rapport du Groupe d’experts, a indiqué la représentante, ouvre la porte à plusieurs possibilités qui méritent une étude plus approfondie avant de déterminer une stratégie à l’avenir. 


La représentante s’est ensuite montrée favorable à l’établissement d’une relation stratégique efficace entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Les efforts, a-t-elle souligné, devraient viser à maximiser les atouts de l’Union africaine, d’une part, et à forger une meilleure compréhension mutuelle et adopter des approches communes sur divers enjeux, dont l’amélioration continue de la transition des opérations de maintien de la paix, d’autre part.  En conclusion, la représentante a recommandé que toutes les missions soient examinées régulièrement afin de déterminer les progrès réalisés dans des domaines où les Nations Unies pourraient réduire leur présence et préserver ainsi leur capacité globale de répondre à de nouvelles crises nécessitant une action urgente.


M. SERGE RAYMOND BALÉ (Congo) a rappelé que c’est par ce qu’il n’y avait pas de développement durable sans paix que l’Union africaine s’employait à bâtir une architecture africaine de paix et de sécurité.  Cette quête de paix, a-t-il ajouté, trouve son expression dans la Mission de l’Union africaine au Soudan qui a précédé l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), et dans l’AMISOM qui, a-t-il fait observer, attend un appui conséquent, et sa relève, par les Nations Unies.  Des efforts similaires ont été déployés au niveau des sous-régions, a ajouté M. Balé, pour qui l’engagement politique de l’Afrique à s’investir dans la paix et la stabilisation du continent est une réalité. 


Malheureusement, cet engagement se heurte à l’inadéquation des ressources et à la faiblesse des capacités, a poursuivi le représentant.  Il a donc lancé, une nouvelle fois, un appel à la communauté internationale pour qu’elle continue de s’engager auprès de l’Union africaine et des organisations régionales du continent dans leurs efforts concertés pour bâtir une architecture africaine de paix et de sécurité.  Il a vu dans les récentes décisions du Conseil de sécurité concernant la République démocratique du Congo (RDC), la Côte d’Ivoire, la République centrafricaine et la Somalie des « perspectives prometteuses qui attendent d’être concrétisées ».  M. Balé a souhaité une coopération plus dynamique et mieux coordonnée avec l’ensemble du système des Nations Unies qui mette l’accent sur le renforcement des efforts complémentaires des Nations Unies et de l’Union africaine dans les domaines de la consolidation de la paix et de la diplomatie préventive.  Il a estimé que les recommandations du rapport du Groupe d’experts éclairent sur la voie à suivre, tout en ajoutant qu’il s’agissait là d’un processus qui devait être poursuivi par un examen approfondi. 


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a indiqué que l’Union africaine, de par sa fonction d’organe fédérateur, avait investi des ressources importantes dans l’optique d’assumer une partie du fardeau de la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région.  Mais au regard des multiples défis que l’Afrique doit relever, les besoins sont considérables et la mobilisation des rares ressources disponibles au niveau continental n’est pas de nature à y faire face, a fait observer le représentant.  Cela soulève donc la question du choix que les pays africains doivent faire entre les besoins croissants du développement et l’exigence de la prévention des conflits et du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique, qui absorbent près de 90% du budget de l’Union africaine.  Dans ce contexte, l’Algérie se félicite des recommandations du Groupe d’experts, en particulier les deux propositions de mécanismes de financement, et de l’appui témoigné aujourd’hui par les intervenants à la nécessité d’assurer un financement prévisible, stable et flexible aux opérations de soutien à la paix conduites par l’Union africaine. 


Le représentant a par ailleurs attiré l’attention du Conseil sur la complexité des modalités de prise de décisions administrative et financière au sein de l’ONU et sur le dispositif, relativement lourd, de contrôle auquel sont soumises ces décisions.  La transposition de ces modalités dans le contexte africain fait encourir le risque d’alourdir inutilement les procédures en vigueur au sein de l’Union africaine et d’affecter négativement l’avantage comparatif lié à la capacité de réaction rapide aux situations de crises, même en l’absence de tous les éléments requis, a conclu le représentant.


M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) a déclaré que les menaces à la paix et à la sécurité en Afrique étaient diverses et que les initiatives pour les combattre devaient l’être tout autant.  Selon lui, elles devraient consister dans la promotion de conditions pour le développement et la sécurité à long terme, le renforcement des capacités d’alerte rapide des institutions africaines, ainsi que de leurs capacités de prévention, de gestion et de résolution des crises.  Les solutions devraient aussi inclure un engagement en faveur des priorités du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a préconisé le représentant.  Il a ensuite estimé que des progrès tangibles avaient été accomplis par les pays africains dans la stabilisation de la situation dans la région des Grands Lacs et dans la corne de l’Afrique.  Le Kenya a enfin salué l’adoption de la résolution 1863 (2009) qui fournit, a-t-il dit, un paquet de soutien logistique à la mission de l’Union africaine en Somalie, sur la base des contributions mises en recouvrement et l’établissement d’un fonds d’affectation spécial pour financer les besoins de la force.


M. MORTEN WETLAND (Norvège) a apporté son soutien à la proposition d’établissement d’un fonds d’affectation spéciale « multidonateurs » destiné à financer les capacités à long terme de l’Union africaine.  Il a toutefois estimé qu’une difficulté consisterait à différencier des autres les projets qui relèvent de l’aide publique au développement.  M. Wetland a en revanche estimé que l’utilisation des contributions obligatoires versées aux Nations Unies pour financer des Opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité devrait se faire au cas par cas.  En ce sens, le feu vert donné par le Conseil pour financer un paquet logistique au profit de l’AMISOM, en utilisant de telles contributions, pourrait constituer un test intéressant, a ajouté le représentant.  M. Wetland a en outre souligné la nécessité de mettre au point des mécanismes de financement des besoins institutionnels de l’Union africaine, ainsi que ses capacités de gestion.  La Norvège appuie ainsi l’idée d’une équipe conjointe Nations Unies-Union africaine pour examiner en détail les recommandations du Groupe d’experts.  Il faut en priorité définir les relations stratégiques entre les deux organisations, a ajouté le représentant.  Il a en outre jugé important le rôle d’autres organisations régionales comme l’Union européenne et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui pourraient, autant que des pays particuliers, jouer un rôle dans l’amélioration des capacités africaines.


M. Wetland a par ailleurs noté que, s’il était important que des organisations régionales assument davantage de responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la responsabilité première de celui-ci devait échoir au Conseil de sécurité.  Les opérations menées par de telles organisations dans le cadre du Chapitre VIII doivent être approuvées par le Conseil.  La Norvège est donc d’accord avec le Groupe d’experts sur la nécessité de clarifier la collaboration entre l’Union Africaine et les Nations Unies concernant la paix et la sécurité.  Le représentant a déclaré soutenir l’architecture de paix et de sécurité que l’Union Africaine entend développer.  Mais il a aussi rappelé que les capacités militaires devaient s’appuyer sur des composantes de police et civiles, afin de bâtir une paix durable.  Il a fait observer qu’à cette fin, et depuis 14 ans, son pays et une série de partenaires africains menaient un programme de formation pour policiers et personnel civil, nommé « Training For Peace ».


M. BUKUN-OLU ONEMOLA (Nigéria) a déclaré que, si la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales relevait du Conseil de sécurité, l’Union africaine et plusieurs organisations régionales africaines avaient assumé leurs responsabilités en la matière avec le plus grand sérieux.  Pour assumer efficacement ses responsabilités, l’Afrique a besoin d’un soutien robuste à son architecture de paix et de sécurité.  C’est pourquoi le Nigéria soutient pleinement les conclusions du Groupe d’experts, a ajouté le représentant.  Si elles ne traitent pas de tous les défis que posent les opérations de maintien de la paix en Afrique, les recommandations représentent un point de départ très utile, une base concrète pour une action immédiate et une fondation pour l’avenir, a-t-il estimé.  Elles reflètent le besoin d’une action plus importante des Nations Unies, la nécessaire autosuffisance des opérations de maintien de la paix africaines et le développement des capacités de gestion des conflits internes dans le contexte des responsabilités partagées.


Les propositions en matière de financement constituent une panacée, a affirmé le représentant.  Il a demandé au Conseil de sécurité de relever dans un « délai raisonnable » le défi de la mise en œuvre des recommandations du Groupe d’experts, et il a souhaité une coopération plus stratégique entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi qu’entre le Secrétariat des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine.


M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a déclaré qu’il partageait, dans une large mesure, les réflexions du Groupe d’experts, dont la démarche prospective et réaliste invalide l’approche de sous-traitance des opérations de maintien de la paix par l’Union africaine, au profit d’une approche de subsidiarité conforme au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Une telle approche suppose que les cas dépassant les capacités en construction de l’Union africaine puissent être rapidement pris en charge par l’ONU, a souligné M. Zinsou, qui a appuyé l’idée qu’une opération de maintien de la paix initiée par l’Union africaine, se prolongeant au-delà de six mois, passe sous commandement des Nations Unies.  Dans cette optique, le financement de ces opérations par le recours à la mise en recouvrement de contributions par l’ONU pour les appuyer pendant six mois au plus se justifie pleinement, a estimé le représentant.  Il a ensuite soutenu la proposition du Groupe d’experts de mettre en place un fonds d’affectation spéciale « multidonateurs » pour l’appui à l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui devrait accorder une attention particulière à la formation d’une capacité logistique permanente.  M. Zinsou a enfin soutenu le principe du renforcement des capacités des mécanismes complémentaires de l’Union africaine dans le domaine de la prévention de conflits.


M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) a estimé que le rapport du Groupe d’experts présentait de nombreuses recommandations pertinentes.  Il a estimé que la prévention des conflits était plus importante que le déploiement des opérations de maintien de la paix, et qu’il fallait donc renforcer les capacités de prévention de l’Union africaine.  Il a souhaité que soient optimisés les avantages présentés par les organisations régionales.  Il a jugé que les questions de financement devaient faire l’objet d’une analyse approfondie par les instances appropriées des Nations Unies.


M. ANDREW GOLEDZINOWSKI (Australie) a déclaré que, sachant que l’Afrique accueillait 40% des opérations de maintien de la paix actuellement déployées dans le monde, il fallait renforcer la capacité de l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix.  Avec plus de 70% du personnel militaire des Nations Unies et plus de 50% des personnels de police sur place, il est également nécessaire de renforcer la relation stratégique entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Pour sa part, le Gouvernement australien est décidé à renforcer son engagement aux côtés de l’Afrique et de l’UA et à coopérer avec les États membres de cette organisation pour relever les défis qui se posent sur le continent. 


Le représentant a ainsi souligné qu’au cours de sa récente visite à Addis-Abeba, le Ministre des affaires étrangères de l’Australie avait annoncé que des postes seraient réservés à des officiers désignés par l’Union africaine pour des formations dispensées par les Forces de défense australiennes sur les compétences militaires essentielles en vue d’accroître l’efficacité des missions de paix.  En outre, l’Australie organisera prochainement, conjointement avec l’ONU et l’Union africaine, un symposium sur le maintien de la paix en Afrique, afin de faciliter l’échange d’expertises et d’expériences.  Enfin, le Gouvernement australien contribue activement aux initiatives des Nations Unies visant à renforcer la relation entre l’Union africaine et l’ONU et à développer des mécanismes de prévention des conflits en Afrique, que ce soit au niveau régional ou sous-régional, a conclu le représentant.


Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a salué le rôle complémentaire des organisations régionales, soulignant toutefois qu’elles ne devaient pas se substituer aux Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a ajouté qu’il fallait à tout prix éviter de donner l’impression que l’ONU sous-traite le maintien de la paix à l’Union africaine.  La représentante a ajouté que l’Union africaine devait disposer des ressources suffisantes au développement de ses capacités institutionnelles et à la mise en œuvre de ses mandats.  Rappelant l’attachement du Bangladesh, important pays contributeur de troupes, à la sécurité des personnels déployés sur le terrain, elle a salué les mesures prises par le Secrétariat pour renforcer la protection des Casques bleus.  Mais il faut faire davantage, a souligné Mme Jahan, pour qu’un nombre approprié de troupes soient déployées pour permettre à chaque mission de s’acquitter de son mandat.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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