« LE TIMOR-LESTE EST AUJOURD’HUI EN PAIX », AFFIRME SON PRÉSIDENT, M. JOSÉ RAMOS-HORTA, DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ
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Conseil de sécurité
6085e séance – matin
« LE TIMOR-LESTE EST AUJOURD’HUI EN PAIX », AFFIRME SON PRÉSIDENT, M. JOSÉ RAMOS-HORTA, DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ
Le Secrétaire général et les délégations saluent les progrès réalisés par le peuple et le Gouvernement timorais dans l’édification de leur jeune nation
Un an tout juste après avoir échappé à la mort dans des attaques qui visaient également son Premier Ministre, le Président du Timor-Leste, M. José Ramos-Horta, est venu ce matin au Conseil de sécurité témoigner des efforts intenses entrepris par son jeune pays sur la voie de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement, tout en présentant les défis auxquels celui-ci est encore confronté.
Lors du débat qui a suivi l’intervention du prix Nobel de la paix, tant le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, que les représentants des États Membres, ont salué les progrès réalisés par le peuple et le Gouvernement timorais dans la phase de redressement engagée depuis la crise de 2006 et le retour à la normalité à la suite des événements du 11 février 2008. « Aujourd’hui, le Timor-Leste est en paix », a déclaré M. Ramos-Horta, après avoir rappelé, qu’il y a un an tout juste, il se trouvait dans cette « zone sombre entre la vie et la mort ». Le Président timorais a ainsi énuméré les résultats obtenus depuis deux ans dans les domaines de la sécurité, politique et économique. Des défis subsistent, notamment dans le secteur de la justice, où les capacités demeurent encore insuffisantes, ou en matière de lutte contre la pauvreté. Sur ce dernier point, il s’est dit néanmoins convaincu que le Timor-Leste était bien placé pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015 si le Gouvernement et les partenaires en développement du pays poursuivaient « leur travail main dans la main en consolidant leur appui au développement rural, à la création d’emplois, à la santé publique et à l’éducation ».
S’agissant de la question des personnes déplacées, « un calme tangible et un sentiment de sécurité ont permis au pays d’obtenir des succès dans sa Stratégie nationale de redressement », a expliqué M. Ramos-Horta, précisant notamment que 58 des 60 camps de 2006-2007 étaient désormais fermés. Le Président a assuré qu’il ferait de son mieux pour alléger le fardeau de la communauté internationale et mériter la confiance de son peuple. « Je suis ici pour témoigner de ce que nous, les Timorais, devons aux Nations Unies pour notre existence », a-t-il dit.
« L’année 2009 commence sous les meilleurs auspices », a déclaré pour sa part M. Ban Ki-moon, pour qui le Timor-Leste est à présent en mesure de se « concentrer sur la mise en œuvre des efforts nécessaires à la stabilité et à la prospérité durables ». M. Ban a estimé que la présence au Conseil de sécurité de M. Ramos-Horta symbolisait « la capacité de résilience de sa jeune nation, qui a répondu de manière responsable à la tentative d’assassinat du 11 février ».
Le Secrétaire général a également mis l’accent sur l’importance pour le Gouvernement de mener à bien la réforme du secteur de la sécurité, cela avec l’appui de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) et alors que la Police nationale entame la nouvelle phase de son développement. M. Ban a souligné qu’une présence internationale, par le biais de partenariats bilatéraux, devrait être maintenue, au-delà de l’expiration du mandat de la MINUT, notamment pour poursuivre l’effort de formation de la police et du personnel militaire.
Dans son dernier rapport* sur la MINUT, le Secrétaire général juge « essentiel » de proroger le mandat de la mission « pour une période de 12 mois, dans sa composition et ses effectifs actuels ». Il recommande également à la MINUT de « fournir le soutien logistique, la sécurité et les ressources humaines nécessaires » à l’organisation des élections locales de 2009.
La trentaine de délégations qui avaient pris part au débat ont appuyé ces recommandations du Secrétaire général. Le représentant du Japon a rappelé que, depuis 1999, les Nations Unies représentaient le principal point d’appui de l’assistance internationale à « ce jeune pays ». « La MINUT a été établie pour aider ce pays à retrouver la stabilité après la crise de 2006 », a-t-il ajouté, se félicitant, à l’instar des autres délégations, des progrès réalisés par le Gouvernement et le peuple timorais en matière de sécurité et de stabilité.
Le représentant de l’Indonésie a loué les résultats obtenus en matière de réconciliation et de démocratie, notant que tous les partis politiques continuaient de travailler de manière constructive au Parlement. Il a également jugé essentiel que la MINUT continue d’aider le Timor-Leste dans ses efforts en vue de consolider ses institutions.
De nombreux représentants ont attiré l’attention sur la nécessité de mener à bien la réforme du secteur de la sécurité, se penchant ainsi sur l’un des défis les plus pressants, à savoir le transfert des responsabilités vers la Police nationale. Le délégué de l’Australie a jugé que la présence de la Police de l’ONU était vitale pour assurer le maintien de l’ordre public durant toute la période nécessaire au renforcement et à la formation des forces de la Police nationale.
Par le biais de l’action de la Force internationale de stabilisation, l’Australie, forte du soutien de la Nouvelle-Zélande, du Gouvernement timorais et de la MINUT, continuera d’œuvrer en faveur d’une situation sécuritaire durable, a-t-il signalé.
Son homologue de la Nouvelle-Zélande a, quant à elle, salué la réintégration pacifique des pétitionnaires et la fermeture de la plupart des camps de réfugiés au Timor-Leste au cours de l’année écoulée. Elle a, de même, souligné l’importance du renforcement de la gouvernance démocratique, par le biais notamment du règlement, au sein du Parlement, des divers différends politiques.
Plusieurs délégations, comme celles de la République tchèque, qui intervenait au nom de l’Union européenne, ou de Cuba, ont aussi exprimé leur préoccupation face à la situation sociale et économique du pays.
* S/2009/72
LA SITUATION AU TIMOR-LESTE
Rapport du Secrétaire général sur la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste pour la période allant du 9 juillet 2008 au 20 janvier 2009
Dans ce rapport, le Secrétaire général se félicite de la stabilité de la situation en matière de sécurité au Timor-Leste, avec un faible niveau de grande criminalité, ce qui démontre combien le pays est déterminé à continuer d’établir les conditions favorisant la paix, la stabilité et le développement à long terme. Le Secrétaire général note que la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT), appuyée par les forces internationales de sécurité, a joué un rôle essentiel en contribuant à la stabilité et à la sécurité dans le pays.
Il estime cependant que cette stabilité demeure fragile, les problèmes qui ont contribué à la crise de 2006 -à savoir la pauvreté, le chômage, l’exode rural massif, l’inefficacité des régimes foncier et de propriété, la faiblesse du système judiciaire et des institutions de sécurité- n’ayant pas été réglés. Le Secrétaire général préconise ainsi d’aider les autorités nationales à promouvoir l’investissement dans les infrastructures et à améliorer les services publics pour réduire la pauvreté. Il souligne aussi la nécessité de poursuivre le dialogue en vue de garantir l’unité d’action sur les questions d’intérêt national, en vue notamment des élections locales qui se tiendront en 2009.
Le Secrétaire général estime que la sécurité et la stabilité à long terme seront tributaires de la capacité des institutions timoraises de sécurité de fonctionner de façon transparente, impartiale, responsable et efficace, en respectant l’état de droit et les droits de l’homme, mais aussi de la confiance et du soutien de la population. Il relève qu’à la suite de la levée de l’état d’exception, le Gouvernement a accordé une attention accrue à la réforme du secteur de la sécurité, ce qui implique qu’il faudra attribuer un rôle significatif aux Falintil-Forças de Defesa de Timor-Leste (F-FDTL) en temps de paix et clarifier leurs relations avec la police nationale.
En outre, il appelle à une vision claire de l’action future pour faciliter la coordination de l’appui de la communauté internationale, notamment des partenaires bilatéraux qui apportent une contribution essentielle au succès à long terme de la réforme du secteur de la sécurité. À cet égard, il est important que la MINUT aide le Gouvernement à établir des mécanismes permettant de tenir compte des conclusions de l’examen du secteur de la sécurité pour en assurer le développement, note encore le Secrétaire général.
Toujours au plan de la sécurité, le Secrétaire général suggère de mettre l’accent sur l’application de critères qui garantissent l’intégrité du processus de reprise du maintien de l’ordre et permettent, en cas de crise future, d’éviter que la police ne connaisse d’autres échecs. Il estime nécessaire, pour l’heure, de maintenir une forte présence de la police de la MINUT dans le pays, notamment les unités de police constituées, à la fois pour appuyer la reprise de ces responsabilités et pour continuer d’assurer l’ordre public pendant ce processus. À cette fin, il engage le Gouvernement à continuer de collaborer avec la MINUT pour renforcer le cadre de reprise des responsabilités de maintien de l’ordre et veiller à ce que la police nationale soit équipée de manière appropriée.
Pour ce qui est de l’administration de la justice, le Secrétaire général juge que ce secteur demeure particulièrement faible, ce qui porte préjudice au système de l’état de droit dans son ensemble, y compris le maintien de l’ordre. Il estime que si le Gouvernement mène à bien avec fermeté une évaluation indépendante d’ensemble des besoins du secteur de la justice, il sera possible d’envisager de façon coordonnée et réfléchie une réforme de ce secteur qui préciserait davantage quel type d’appui la communauté internationale pourrait apporter.
Enfin, le Secrétaire général appelle à l’adoption des valeurs et principes de gouvernance démocratique durable et adhésion à ceux-ci dans toutes les institutions de l’État et la société, pour renforcer davantage la culture institutionnelle de gouvernance démocratique et, partant, de permettre l’avènement d’une économie saine, sans exclusive et viable qui favorise la solidarité sociale et offre aux Timorais des possibilités réelles de subvenir à leurs besoins et de s’épanouir afin de mener une vie plus productive.
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la présence au Conseil de sécurité du Président Ramos-Horta symbolisait la capacité de résilience de sa jeune nation, qui a répondu de manière responsable à la tentative d’assassinat du 11 février. Le Secrétaire général a expliqué que depuis la crise de 2006, l’ordre avait été rétabli, la situation en matière de sécurité stabilisée et que des élections avaient été tenues pour permettre un transfert sans heurts du pouvoir. Il a ajouté qu’en 2008, la grande majorité des personnes déplacées étaient retournées vivre dans leurs communautés d’origine et que les pétitionnaires étaient enfin parvenus à un accord avec le Gouvernement.
L’année 2009 commence sous les meilleurs auspices, a encore dit Ban Ki-moon, expliquant que le Timor-Leste était à présent en mesure de se concentrer sur la mise en œuvre des efforts nécessaires à la stabilité et à la prospérité durables. Il a mis l’accent sur l’importance, pour le Gouvernement, de mener à bien la réforme du secteur de la sécurité, cela avec l’appui de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) et alors que la police nationale entame la nouvelle phase de son développement. M. Ban Ki-moon a souligné qu’une présence internationale, par le biais de partenariats bilatéraux, devrait être maintenue, au-delà de l’expiration du mandat de la MINUT, notamment pour poursuivre l’effort de formation de la police et du personnel militaire.
Le Secrétaire général de l’ONU s’est ensuite félicité des progrès économiques réalisés par Timor-Leste, notant que le Parlement avait voté récemment un budget destiné à soutenir en priorité l’investissement dans le renforcement des infrastructures. Il a cependant estimé qu’une telle action ne pouvait aller sans un affermissement de l’État de droit et l’instauration d’une réelle gouvernance démocratique. M. Ban a salué à cet égard la participation accrue de l’opposition et des femmes dans le débat parlementaire.
M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président du Timor-Leste, a affirmé qu’il y a exactement un an, le 11 février 2008, il se trouvait dans cette « zone sombre entre la vie et la mort ». Il a renouvelé ses remerciements au Secrétaire général pour son attention, ainsi que le Conseil de sécurité pour avoir organisé une séance d’urgence à la suite des attentats dont le Premier Ministre, M. Xanana Gusmao, et lui-même avaient été victimes. Le Président s’est ensuite livré à un bref historique de la situation au cours des deux dernières années au Timor-Leste. Il a ainsi rappelé sa présence au Conseil de sécurité, le 5 mai 2006, lorsqu’il l’avait appelé à prendre une action décisive pour éviter le pire, alors que le pays semblait à nouveau sombrer. Il a ajouté qu’à son retour au Timor-Leste, il avait entamé des efforts intenses pour ramener le dialogue et empêcher le pire de se produire. Il a indiqué avoir rencontré tous les acteurs du pays afin de surmonter les divisions, et régulièrement informé la communauté internationale de l’évolution de la situation. En août 2006, a-t-il dit, le Conseil de sécurité établissait la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT), dotée d’une solide composante de police, mais sans force de maintien de la paix. M. Ramos-Horta s’est félicité de l’intention du Conseil de sécurité de renouveler le mandat de la MINUT jusqu’en février 2010. Il a estimé, en outre, que la Force de stabilisation internationale, comprenant l’Australie et la Nouvelle-Zélande, devrait être maintenue en même temps que le mandat propre à la MINUT.
Aujourd’hui, le Timor-Leste est en paix, a déclaré M. Ramos-Horta, précisant notamment que les incidents violents avaient enregistré une baisse significative depuis 2007. De même, l’économie se porte bien avec une croissance supérieure à 10% à la fin 2008, a-t-il ajouté, déclarant s’attendre à un taux à deux chiffres en 2009, et ce, en dépit de la crise financière internationale. M. Ramos-Horta a également expliqué que la crise alimentaire en 2007-2008 avait alerté tout le monde. La crise alimentaire a ainsi incité le Gouvernement à porter son attention sur le secteur de l’agriculture. Il n’y a pas de raccourci pour parvenir au développement, il n’y a pas de formule miracle, a encore dit le Président du Timor-Leste, indiquant qu’il avait demandé à son Premier Ministre de prendre des mesures vigoureuses, audacieuses ainsi que des risques.
S’agissant de la question des personnes déplacées, un calme tangible et un sentiment de sécurité ont permis au pays d’obtenir des succès dans Sa stratégie nationale de redressement, a-t-il souligné, précisant notamment que 58 des 60 camps de 2006-2007 étaient désormais fermés. Le Ministère social de la solidarité, avec l’assistance des Nations Unies, continue de répondre aux besoins des personnes déplacées et des communautés d’accueil, a-t-il affirmé. M. Ramos-Horta a ajouté avoir fait de la réforme de la sécurité, de la police nationale et des forces de défense une priorité de sa présidence. Il a affirmé qu’aujourd’hui, il pouvait dire avec un certain degré de confiance, que les divisions au sein des deux institutions étaient résolues, même si un long chemin reste à parcourir vers la professionnalisation et la modernisation des deux forces de sécurité. Il s’est dit convaincu que les objectifs les plus ambitieux fixés dans ce domaine seraient réalisés d’ici à 2012. Dans le secteur de la justice, un certain nombre de défis clefs ont subsisté en 2008, a-t-il également noté, citant des capacités insuffisantes. Des progrès ont néanmoins été accomplis, a-t-il précisé, faisant en particulier état d’un projet de loi en matière de protection des témoins, de l’établissement d’une commission anticorruption, et de l’adoption prochaine d’un code pénal. Des efforts ont été entrepris pour renforcer la coopération entre les magistrats et la police, a-t-il ajouté. En matière de lutte contre la pauvreté, le Président a souligné qu’une enquête menée par la Direction nationale des statistiques, et analysée par la Banque mondiale, avait relevé une augmentation significative de la pauvreté entre 2001 et 2006, de 36,3% à 49,9%. La prochaine étude similaire démontrera l’impact des politiques gouvernementales actuellement conduites, a-t-il dit. M. Ramos-Horta s’est dit convaincu que le Timor-Leste restera sur la voie pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015 si le Gouvernement et les partenaires en développement du pays poursuivent leur travail main dans la main en consolidant leur appui au développement rural, à la création d’emplois, à la santé publique et à l’éducation. Le Président a assuré qu’il ferait de son mieux pour alléger le fardeau de la communauté internationale et mériter la confiance de son peuple. « Je suis ici pour témoigner de ce que nous, les Timorais, devons aux Nations Unies pour notre existence », a-t-il conclu.
M. MAYR-HARTING (Autriche) a indiqué que son pays était fier d’avoir pu contribuer aux efforts nécessaires à l’indépendance du Timor-Leste, au travers notamment du dialogue politique initié par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan. Reprenant les informations contenues dans les principaux points du rapport, le représentant s’est ensuite félicité de ce que, depuis la crise de 2006, les pétitionnaires aient été réinsérés dans la vie civile et que les camps de réfugiés aient été progressivement fermés. Nous saluons les efforts déployés par le Gouvernement timorais dans les domaines économique et politique, a-t-il encore dit, en se félicitant que ces efforts aient été appuyés par le rôle important joué par les éléments de la MINUT, et en particulier ceux de sa police, en vue de stabiliser durablement le pays et permettre un transfert souple de l’autorité aux structures locales. Le représentant autrichien s’est également réjoui de ce que le Gouvernement du Timor-Leste ait fait du respect des droits de l’homme et du renforcement de l’état de droit une priorité de sa stratégie de développement à moyen terme. C’est effectivement à l’aune des progrès accomplis dans ces domaines que nous pourrons évaluer les avancées faites par le Timor-Leste vers la démocratie, a ajouté le représentant. Il a également demandé que le Parlement timorais aille plus loin en matière de lutte contre les violences sexuelles et contre l’impunité des auteurs de crimes récents et anciens.
M. NEVEN JURICA (Croatie) s’est dit encouragé par l’évaluation faite par le Secrétaire général dans son rapport, tout en ajoutant que la fragilité de l’élan actuel au Timor-Leste ne doit pas être sous-estimée. Si aucun incident majeur n’est survenu depuis les événements du 11 février 2008, ces derniers, a-t-il rappelé, ont mis en lumière la nécessité de traiter les causes profondes de la crise de 2006, qui exigent le renforcement du dialogue et de la réconciliation politiques, la consolidation de la paix, de la démocratie et de l’état de droit, ainsi qu’un développement économique et social durable.
Le représentant a estimé que la MINUT s’est révélée utile pour faciliter un processus plus inclusif et participatif à tous les niveaux de la société pour traiter des questions politiques et de sécurité. Il a salué les bons offices exercés par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Atul Khare, pour promouvoir un dialogue renforcé, ainsi que le rôle du Président Ramos-Horta. Il a estimé que les élections locales de 2009 constitueront une étape importante dans la marche du pays vers une culture de dialogue politique et de gouvernance démocratique. Il a jugé essentiel l’examen et la réforme du secteur de la sécurité, en insistant sur la nécessité de bien distinguer les fonctions de la force de sécurité nationale et de celle de la police. Il a dit apprécier le rôle central joué par la MINUT dans ce domaine.
Une consolidation durable de la paix ne peut s’obtenir sans un environnement viable pour le développement d’un système judiciaire et pénal dominé par la règle de droit et ne laissant pas de place pour l’impunité, notamment pour les auteurs des crimes graves commis en 1999 et 2006, a déclaré le représentant. Il a jugé encourageant la reconnaissance par les Timorais de cette nécessité, et a salué la volonté du Gouvernement timorais de traiter deux des conséquences de la crise de 2006: la question des « pétitionnaires » des forces de sécurité et celle des déplacés. En même temps, a-t-il ajouté, le secteur de la justice aura besoin de ressources, donc d’un soutien international durable. La Croatie soutient fermement la recommandation du Secrétaire général de proroger d’un an le mandat de la MINUT à son niveau actuel, a conclu le représentant.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a déclaré que M. Ramos-Horta incarnait notamment la capacité du peuple timorais à se rassembler pour se bâtir un avenir pacifique et démocratique. Les événements d’il y a un an n’ont pas compromis les efforts de développement du pays, des progrès ayant été accomplis sur le plan économique et dans le domaine de la justice, s’est félicité M. Ripert. Il a notamment estimé que la cohésion dont a fait preuve le peuple timorais autour d’objectifs politiques précis était remarquable. Ceci est à mettre au crédit de la population et des dirigeants timorais eux-mêmes, a-t-il ajouté. Mais l’atteinte de ces objectifs n’aurait pas été possible sans l’action de la communauté internationale, a estimé le représentant de la France, soulignant en particulier le rôle joué par les pays voisins, comme l’Australie, l’Indonésie ou la Nouvelle-Zélande. Le représentant a souligné l’importance de la réforme de la justice et de la lutte contre l’impunité. Il a soutenu le renouvellement pour 12 mois, du mandat de la MINUT, ce mandat devant s’inscrire, a-t-il dit, dans la conduite de tâches de consolidation de la paix. M. Ripert a souhaité en ce sens que le Timor-Leste devienne un laboratoire d’idées, et que son expérience prouve que les Nations Unies sont capables d’excellence.
M. ZHANG YESUI (Chine) s’est réjoui de ce que depuis les attentats de février 2008, le retour à la normale au Timor-Leste ait permis d’envisager un avenir meilleur pour le peuple timorais. Le règlement de la situation des pétitionnaires et la fermeture de la majorité des camps de déplacés, ont notamment ouvert la voie à la stabilité et au renforcement du dialogue politique, a encore dit le représentant. Il a estimé que la coopération entre les principales forces politiques en présence avait toujours permis au pays de dépasser les querelles inutiles et de repartir dans le sens de la construction et du renforcement de la démocratie et du développement. Il a salué le choix qu’a fait le Gouvernement timorais d’axer ses efforts, au courant de l’année 2009, sur le renforcement des infrastructures en vue de relancer le développement rural et la création d’emplois pour les jeunes. Le représentant a en outre dit que sa délégation était convaincue que, dans un tel cadre, la MINUT devait continuer d’appuyer les efforts du Gouvernement timorais, et notamment ceux destinés à renforcer les capacités de gouvernance autonome et à améliorer la formation de la Police nationale. Il a donc demandé la prorogation du mandat de la Mission, ajoutant que la Chine poursuivrait son assistance au développement socioéconomique du Timor-Leste, qui est un « pays frère » de la région Asie-Pacifique.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a félicité la MINUT pour son action au Timor-Leste, en particulier pour les activités conduites dans le cadre de son mandat visant à aider à maintenir la paix, à appuyer la stabilité et à promouvoir le développement, ainsi que les activités en vue de renforcer les capacités institutionnelles du pays, à travers la formation, l’amélioration de la participation des citoyens, le renforcement des fonctions de contrôle parlementaire et la réforme du secteur de la sécurité. Le représentant s’est aussi dit encouragé par le large accord conclu par le Gouvernement du Timor-Leste et la MINUT au sujet du transfert à la police des responsabilités en matière de sécurité et de maintien de l’ordre. Maintenant que le processus de paix et de développement est entre les mains du peuple du Timor-Leste, la sécurité et la stabilité du pays à long terme sont tributaires des efforts du Gouvernement et de l’ensemble de la population, a-t-il estimé. Le représentant a ainsi appelé toutes les parties concernées au Timor-Leste à participer activement au dialogue en cours et à contribuer à réaliser les défis du pays, le premier d’entre eux étant les élections locales de 2009.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a déclaré que la MINUT avait tenu un rôle vital dans la stabilisation du Timor-Leste, en contribuant au renforcement du secteur de la sécurité et en promouvant le développement des institutions politiques. Il a estimé que, conformément au souhait du Secrétaire général, il faudrait maintenir la MINUT en vue d’affermir l’état de droit au Timor-Leste, qui constitue, selon lui, la base de la mise en œuvre transparente et efficace des programmes de réduction de la pauvreté et de lutte contre le chômage et les violences sexuelles. M. Heller a appelé le Gouvernement timorais à ratifier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, et à coopérer pleinement avec la Commission indépendante d’enquête pour lever l’impunité dont continuent de jouir des auteurs de crimes commis lors de la crise de 2006. Il a également souhaité qu’en vue des élections de 2009, l’accent soit mis sur la formation des cadres municipaux. Il a indiqué que son pays se tenait prêt à apporter son aide dans ce domaine.
M. OMAR IBRAHIM DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) s’est félicité des progrès réalisés au Timor-Leste, en particulier dans les domaines de la sécurité et du traitement des personnes déplacées. Il a salué également l’accord conclu entre le Gouvernement et la MINUT sur le transfert de responsabilités à la Police nationale du Timor-Leste. Ceci constituera une contribution considérable à l’amélioration des capacités de la Police nationale du Timor-Leste, sur le long terme, a-t-il souligné. Il a mis l’accent sur la nécessité pour la police de continuer à jouer son rôle de contrôle et de surveillance. Il s’est félicité de la Stratégie à moyen terme du Gouvernement et de la proposition du Secrétaire général de maintenir les effectifs actuels de la MINUT. Il a dit que sa délégation appuyait les recommandations du Secrétaire général figurant dans le rapport, en particulier celles portant sur la fourniture d’un appui logistique pour l’organisation des élections locales de 2009, et celles relatives à la prorogation du mandat de la MINUT jusqu’en février 2010.
M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a estimé que la stabilité au Timor-Leste est d’abord et avant tout tributaire des progrès dans le secteur de l’ordre public. Il a donc appelé à la multiplication des efforts pour développer la capacité de la police timoraise et renforcer ses institutions. Le représentant s’est ensuite félicité de la finalisation de la Stratégie du développement à moyen terme, en insistant sur le fait que sa mise en œuvre exigera l’engagement de toutes les parties, dont la communauté internationale. Il a conclu en jugeant raisonnable la recommandation du Secrétaire général visant une prorogation du mandat de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste pour une nouvelle période d’un an.
Mme SUSAN RICE (États-Unis) s’est félicitée des progrès réalisés au cours de l’année écoulée. Le peuple timorais et ses dirigeants ont fait preuve d’un courage exemplaire alors que le sang venait de couler, a-t-elle dit, saluant le rôle essentiel de l’ONU pour le succès du processus de paix et de stabilisation du pays. Demandant à son tour la prorogation d’un an du mandat de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste avec ses effectifs actuels, Mme Rice a souligné la nécessité que la Mission aide les autorités timoraises à clarifier le rôle de chaque composante policière et militaire. Développement et sécurité vont de pair, a encore noté la représentante des États-Unis, qui s’est dite inquiète quant à la situation des plus pauvres et des plus vulnérables. Elle a estimé que le Gouvernement timorais, appuyé par ses partenaires bilatéraux de la communauté internationale, axe son action sur le développement des zones rurales et la création d’emplois. Mme Rice a mis l’accent sur l’importance d’établir un système judiciaire fort et indépendant afin de réduire rapidement le nombre d’affaires en suspens et accompagner l’affermissement de la gouvernance démocratique et le dialogue politique. Elle a conclu en disant que le peuple timorais, confronté à de nombreux défis et épreuves, y compris l’organisation des élections locales qui auront lieu cette année, « n’était pas seul ».
M. PAUL ROBERT TIENDREBEOGO (Burkina Faso) s’est félicité du calme qui prévaut actuellement au Timor-Leste, qu’il a attribué à une politique courageuse et à un encouragement ferme des autorités nationales à assurer un respect effectif de la Constitution et de l’État de droit. Il a souhaité que ce climat de relative stabilité soit mis à profit pour consolider les mécanismes consultatifs et promouvoir le dialogue et la réconciliation nationale. Il a estimé que les acteurs politiques timorais avaient une responsabilité historique à assumer, et il les a invités à la modération et à la plus grande retenue.
Le représentant a rappelé que le jeune État de Timor-Leste doit encore faire face à des défis de tout genre, dont celui de la sécurité. Il s’est donc félicité des mesures prises pour renforcer les institutions de ce secteur et a souhaité que le Gouvernement accueille favorablement la disponibilité exprimée par la MINUT pour fournir conseils et soutien opérationnel. Soulignant que les domaines du droit et de la justice étaient essentiels, il a salué les « progrès notables » enregistrés sur le front social et a encouragé les « efforts » réels menés dans la lutte contre l’impunité.
M. Tiendrebeogo a jugé encourageant que le Gouvernement ait pris la mesure des enjeux et difficultés dans le domaine socioéconomique. Il a souhaité que la communauté internationale apporte au Timor-Leste l’assistance requise, en particulier en finançant le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement 2009-2013 signé en août 2008, et la Stratégie nationale de relèvement du Gouvernement en cinq volets destinée à aider les personnes déplacées. Il a à cet égard salué l’élaboration par les Nations Unies d’une stratégie à moyen terme qui jouit de la pleine adhésion du Gouvernement. Il a enfin invité les pays de la sous-région à continuer de soutenir le Timor-Leste dans son œuvre d’édification d’un État démocratique et prospère.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie), tout en saluant les efforts fournis à ce jour par le Gouvernement et le peuple timorais, a mis l’accent sur la nécessité pour le pays de renforcer ses institutions d’État, des organes assurant la sécurité et l’ordre public, de réformer le secteur de la justice, d’éliminer la pauvreté et de créer des emplois. La réalisation de ces défis ne sera possible que si l’ensemble de la population et la société civile coopèrent, a-t-il dit. Le représentant a dit attacher une grande importance aux prochaines élections locales. Le mandat de la MINUT joue une fonction importante, notamment en matière d’aide à la formation d’une force nationale robuste et moderne qui soit en mesure de maintenir l’ordre de manière autonome, a-t-il déclaré. M. Churkin a également appuyé la recommandation du Secrétaire général en faveur d’une prorogation du mandat de cette Mission pour une nouvelle période de 12 mois.
M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a estimé que la stabilité et le développement au Timor-Leste dépendaient de la solidité du cadre démocratique timorais et de l’achèvement de la réforme de la sécurité. Le calme doit régner pour que le pays progresse sur la voie du développement, a-t-il dit, expliquant que dans ce contexte, il était essentiel que les forces de Police nationale puissent assumer pleinement leurs fonctions. Sur ce dernier point, il a indiqué que l’appui à l’autonomisation du pays exigeait la prorogation d’un an du mandat de la MINUT ainsi que la définition d’une vision politique commune pour l’avenir du pays. Concernant les élections locales de 2009, le représentant a estimé qu’il s’agirait d’un jalon crucial dans le processus démocratique du Timor-Leste.
M. BAKI ILKIN (Turquie) a reconnu les progrès enregistrés au Timor-Leste, en particulier dans le domaine de la sécurité. Il a aussi mis en lumière les défis qui restent à relever comme la pauvreté, le sous-emploi, le manque de contrôle des migrations, l’absence d’un régime foncier et la faiblesse du système judiciaire. Il a estimé que pour relever ces défis, le Timor-Leste doit privilégier le dialogue et l’unité, et articuler des plans et stratégies clairs. La transparence et la reddition des comptes dans le processus de prise de décisions sont aussi des éléments clefs, a-t-il ajouté.
Soulignant, dans ce cadre, l’importance de l’appui qu’apportent la Mission et l’Équipe de pays de l’ONU, le représentant a estimé que les deux domaines que doit privilégier la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste sont la facilitation du dialogue politique et l’appui à la réforme du secteur de la sécurité. S’agissant de ce dernier domaine, il s’est félicité que le transfert des responsabilités à la Police nationale timoraise ne soit pas fondé sur des calendriers artificiels. Il a donc appuyé la prorogation du mandat de la Mission pour une nouvelle période d’un an.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) a souligné la nécessité pour le Timor-Leste de poursuivre ses efforts sur la voie d’une meilleure compréhension de ce qui constitue la gouvernance démocratique et d’élaborer les cadres juridiques pour la renforcer. Le représentant a, à cet égard, jugé essentiel le travail des organismes électoraux ou des partis politiques. Il s’est dit satisfait par les gains réalisés en matière de respect des droits de l’homme, ainsi que des mesures prises pour lutter contre la violence sexuelle ou sexiste. Il a, de même, salué les efforts en vue de bâtir un système judiciaire pour accompagner les progrès relatifs au maintien de la sécurité et des droits de la personne. Concernant la situation sociale, il s’est déclaré préoccupé par l’augmentation de la pauvreté et du chômage. Le représentant a notamment espéré que les mesures prises en vue de faciliter l’accès aux biens de base contribueront à faire baisser les taux de pauvreté.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a rappelé que, depuis 1999, les Nations Unies représentaient le principal point d’appui de l’assistance internationale à « ce jeune pays ». La MINUT a été établie pour aider ce pays à retrouver la stabilité après la crise de 2006, a-t-il ajouté, saluant les progrès réalisés par le Gouvernement et le peuple timorais en matière de sécurité et de stabilité, une avancée qui démontre les capacités de résilience des institutions nationales. M. Takasu s’est également réjoui du règlement de deux problèmes majeurs, la réintégration pacifique des pétitionnaires et le retour massif des réfugiés dans leur foyer. Il a ensuite attiré l’attention sur les défis qui attendent le Gouvernement et le peuple timorais, à commencer par la poursuite de la réforme du secteur de la sécurité. L’établissement d’une institution robuste en matière de sécurité est fondamental, a-t-il dit, soulignant la nécessité de mener à bien un transfert de l’autorité basé sur l’évaluation réaliste des capacités opérationnelles de la Police nationale du Timor-Leste.
M. Takasu a ensuite estimé que pour que les efforts de maintien de la paix soient un succès durable, il était indispensable de consolider la paix à moyen terme, le Gouvernement timorais aidé par la communauté internationale devant prendre en main les stratégies pertinentes. C’est ainsi qu’il a appelé au renforcement des secteurs de la sécurité et de l’administration de la justice ainsi que des programmes de réduction de la pauvreté, de création d’emplois et de relance du développement rural. Notant que la population timoraise était l’une des plus jeunes au monde, il a salué le fait que les autorités aient fait de l’éducation une priorité pour 2009. Il a conclu en demandant que le Conseil de sécurité appuie le projet de résolution élaboré par le Japon qui, la semaine prochaine, proposera la prorogation du mandat de la MINUT pour une nouvelle période d’un an, un rouage essentiel, selon lui, pour la stabilisation de Timor-Leste.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a attiré l’attention sur le dynamisme de la coopération bilatérale qui illustre les liens étroits existant entre son pays et le Timor-Leste. Elle s’est déclarée encouragée par les progrès enregistrés dans la normalisation de la situation politique et sécuritaire au Timor-Leste, en se félicitant en particulier de la levée de l’état d’urgence décrété après les évènements du mois de février 2007. Les efforts faits par le Président et le Premier Ministre pour renforcer le dialogue politique sont essentiels pour l’édification d’une culture de coopération au nom de l’intérêt commun, s’est-elle aussi félicitée. Elle a également salué les progrès accomplis dans d’autres domaines, en citant par exemple le retour des personnes déplacées et la situation des « pétitionnaires ».
La représentante s’est cependant déclarée préoccupée par l’ampleur des défis qui restent à relever. Elle a estimé que le Cadre d’assistance au développement couvrant la période 2009-2013 et la décision du Gouvernement timorais de proclamer 2009, l’« année des infrastructures, du développement rural et du renforcement des capacités », fournissent la base d’une entreprise commune entre les Timorais et la communauté internationale. Poursuivant son intervention sur les progrès accomplis dans le domaine de la sécurité, la représentante a néanmoins averti, que bien qu’il faille faire en sorte que l’évolution des choses sur le terrain se reflète dans la composition et le mandat de toute mission, le Conseil de sécurité ne peut cependant se permettre de réduire de manière précoce les effectifs de la MINUT au Timor-Leste, car ceci risquerait à terme de se révéler intenable. Elle a conclu en exprimant son « émotion » face à la décision du Parlement timorais de créer « le prix Sergio Vieira de Mello pour les droits de l’homme ».
Mme LESLIE B. GATAN (Philippines) a déclaré qu’au Timor-Leste, la communauté internationale devrait accorder la priorité à trois domaines clefs à savoir: la sécurité, le développement socioéconomique et la réforme judiciaire. Elle l’a appelée à appuyer la Mission de l’ONU dans les efforts qu’elle mène pour transférer progressivement les responsabilités en matière de sécurité publique à la Police nationale timoraise et pour la mettre à niveau. Dans ce contexte, Mme Gatan a déclaré que sa délégation appuyait donc la prorogation du mandat de la MINUT pour une nouvelle période d’un an.
La représentante a déclaré qu’elle était heureuse de pouvoir annoncer que 99 étudiants timorais sont arrivés aux Philippines le 13 janvier dernier pour y suivre des cours dans un certain nombre d’universités. Ces étudiants sont les premiers d’un contingent encore plus nombreux qui devrait arriver dans les années à venir. Mme Gatan a aussi annoncé que le Ministre philippin de l’agriculture conduira une mission d’investissement au Timor-Leste le 22 février prochain, pour y explorer les possibilités qui s’offrent dans le domaine de la promotion de la sécurité alimentaire, et auxquelles les Philippines pourraient contribuer.
M. ROBERT HILL (Australie) a salué les efforts de la MINUT qui, aux côtés du Gouvernement, contribue au maintien d’un environnement stable permettant aux autorités timoraises d’aller de l’avant. Il a cependant noté que beaucoup restait à faire pour parvenir au développement durable du Timor-Leste, la situation exigeant un plein engagement des Nations Unies et des partenaires bilatéraux. Il a ensuite attiré l’attention sur la nécessité de mener à bien la réforme du secteur de la sécurité sur la base d’une évaluation claire des fonctions devant incomber aux différentes composantes policières et militaires nationales. Il a jugé que la présence de la Police de l’ONU était vitale pour assurer le maintien de l’ordre public durant toute la période nécessaire au renforcement et à la formation des forces de la police nationale. L’Australie restera à la pointe des efforts internationaux d’assistance à la stabilisation et à l’essor de ce pays ami et voisin qu’est le Timor-Leste, a annoncé M. Hill. Par le biais de l’action de la Force internationale de stabilisation, l’Australie, forte du soutien de la Nouvelle-Zélande, du Gouvernement timorais et de la MINUT, continuera d’œuvrer au maintien de l’environnement sécuritaire, a-t-il signalé. Il a ajouté que son pays poursuivrait également son appui aux programmes économiques en cours, en particulier ceux destinés à la relance de l’emploi des jeunes et de fourniture des services publics.
M. MARTIN PALOUŠ (République tchèque), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne avait suivi de près les évolutions récentes de la situation au Timor-Leste. Depuis 1999, a-t-il expliqué, l’Union européenne a fourni au peuple timorais près de 327 millions d’euros sous forme d’aide au développement et d’assistance humanitaire. L’Union européenne s’est engagée à poursuivre son aide au Gouvernement et au peuple timorais dans les secteurs publics les plus cruciaux et sensibles. Pour la période 2008-2013, l’Union européenne apporte une aide de 81 millions d’euros pour le renforcement des capacités institutionnelles du pays, le développement rural, la santé et la sécurité alimentaire, a précisé M. Palouš. Le représentant a notamment salué les faits positifs intervenus dans la situation sécuritaire de Timor-Leste, tout en reconnaissant les progrès significatifs réalisés en vue de régler les questions des « pétitionnaires » et du retour des personnes déplacées. Il a, de même, appuyé sans réserve le rôle de la MINUT, et en particulier celui joué par son contingent de police. Il a souligné la nécessité d’intensifier les activités de formation, y compris dans le domaine des droits de l’homme, destinées à la Police nationale du Timor-Leste. Le représentant a exprimé par ailleurs la préoccupation de l’Union européenne face à la situation socioéconomique du pays, malgré les résultats obtenus en matière de croissance. Il a indiqué que l’Union européenne suivrait avec un grand intérêt les élections locales de 2009, étape importante, a-t-il dit, du processus démocratique du pays. M. Palouš a indiqué que l’Union européenne appuyait la recommandation du Secrétaire général préconisant la prorogation du mandat de la MINUT pour une nouvelle période de 12 mois.
M. PAUL KAVANAGH (Irlande) a rappelé l’importance de l’appui militaire constant apporté par son pays durant tout le processus de démocratisation du Timor-Leste depuis 1999. Il a ajouté que l’Irlande restait pleinement engagée, au travers de la présence d’une mission à Dili, dans l’aide à la reconstruction postconflit du pays et dans le maintien et la consolidation de la paix, par le biais notamment du partage des leçons apprises au cours du processus de paix en Irlande du Nord. Le représentant a en outre estimé que le renforcement du secteur de la sécurité au Timor-Leste, conformément au souhait exprimé par le Secrétaire général dans son rapport, était effectivement crucial pour la paix et la stabilité. Il a à cet égard fait savoir que l’Irlande comptait bientôt lancer au Timor-Leste un système d’alerte et de réponse rapide, développé en collaboration avec la société civile. Le représentant a aussi estimé que la définition du rôle de la Police nationale timoraise était un processus devant être mené avec précaution, en s’appuyant notamment sur l’appui des experts spécialisés dans la réforme du secteur de la sécurité, et exerçant au sein du Département des opérations de maintien de la paix.
Mme MONA JUUL (Norvège), tout en se félicitant des progrès réalisés au Timor-Leste, a estimé que la stabilité du pays demeurait fragile. Les défis actuels doivent être relevés, a-t-elle dit, citant la pauvreté croissante, des institutions sécuritaires encore instables et la faiblesse du système judiciaire. Elle a aussi estimé que le développement économique contribuerait à la stabilité nationale, précisant que la Norvège continuerait d’aider le Gouvernement et les Nations Unies à bâtir un État démocratique et à lutter contre la pauvreté. La représentante s’est dite préoccupée par le fait que le Parlement timorais ait une nouvelle fois reporté son débat sur les recommandations de la Commission pour la réception, la vérité et la réconciliation sur l’occupation indonésienne. Elle a espéré qu’une nouvelle date serait fixée le plus tôt possible. L’impunité, a-t-elle dit, fait courir le risque de saper la confiance du public dans l’état de droit, a-t-elle en particulier souligné. La représentante a enfin affirmé que son pays appuyait un renouvellement du mandat de la MINUT pour une période de 12 mois, dans sa composition et ses effectifs actuels.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a salué la réintégration pacifique des pétitionnaires et la fermeture de la plupart des camps de réfugiés au Timor-Leste au cours de l’année écoulée. Elle a ajouté que l’accent devrait être mis sur le renforcement de la gouvernance démocratique, par le biais notamment du règlement, au sein du Parlement, des divers différends politiques. Les élections locales de 2009 font partie de ce processus, a-t-elle dit, et devraient, à ce titre, être soutenues par la MINUT et les autres partenaires. La représentante a estimé que le défi le plus pressant était le transfert des responsabilités vers la Police nationale sur la base de l’évaluation en cours menée conjointement par le Gouvernement du Timor-Leste et la MINUT. Elle a estimé que si les critères retenus étaient appliqués correctement, les autorités locales pourraient rapidement assumer pleinement leurs fonctions de maintien de l’ordre. La représentante a fait savoir que son pays pilotait avec succès des projets communautaires dans les localités de Becora et Suai.
M. GIULIO TERZI DI SANT’AGATA (Italie) a déclaré que son pays était attaché à aider le Timor-Leste dans sa quête de paix, de démocratie et de développement. Il s’est félicité des progrès réalisés, notamment dans le domaine de la sécurité. Il s’est néanmoins déclaré convaincu que le processus de renforcement de la sécurité au Timor-Leste durerait plusieurs années, la MINUT ayant, à cet égard, un rôle essentiel à jouer. Il s’est ainsi dit favorable à la recommandation du Secrétaire général de proroger de 12 mois le mandat de la MINUT dans sa composition et ses effectifs actuels. Le représentant s’est dit convaincu que la coopération régionale et la pleine inclusion du Timor-Leste dans le processus d’intégration et de coopération dans la région d’Asie du Sud-Est, qui sont en cours, contribueraient à consolider les institutions du pays, en renforçant à long terme leur crédibilité, leur durabilité et leur stabilité. Il a ainsi émis l’espoir que le Timor-Leste soit en mesure de rejoindre d’ici à 2012 les rangs de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE).
M. JOSÉ FILIPE MENDES MORAES CABRAL (Portugal) a appuyé d’emblée la prorogation d’un an de la MINUT avec ses effectifs actuels, afin que l’ONU puisse continuer d’aider le Timor-Leste à relever les défis en matière de sécurité et d’administration de la justice, de réduction de la pauvreté et de sous-emploi. Le dialogue est essentiel à cette fin, a dit le représentant, avant d’estimer que la sécurité et la stabilité durables dépendraient de la capacité des institutions timoraises à fonctionner de manière efficace, responsable et transparente. Il a de plus demandé le renforcement de la coordination entre les différentes composantes policières et militaires ainsi qu’entre les partenaires bilatéraux de la communauté internationale impliqués dans l’aide à Timor-Leste. Le représentant a ensuite indiqué que le Portugal souhaitait que le Gouvernement timorais continue de travailler aux côtés de la MINUT au processus de reprise des responsabilités de maintien de l’ordre. Il s’est déclaré en faveur du maintien de la présence de la police de la MINUT à travers le pays, à la fois pour accompagner le transfert de responsabilités et pour garantir la sécurité publique tant que durera le processus de démocratisation.
M. ABELARDO MORENO (Cuba) a salué les progrès notables réalisés depuis 2006 par le Timor-Leste en matière de sécurité, même si, a-t-il précisé, beaucoup reste à faire. Le pays a manifesté une grande capacité de relèvement après les attentats du 11 février 2008, a-t-il en particulier estimé. Le peuple et les dirigeants du Timor-Leste ont manifesté une forte volonté pour pouvoir continuer à lutter et à créer des conditions favorables à la paix, à la stabilité et au développement à long terme, a-t-il observé. Le représentant a également affirmé que la MINUT avait joué un rôle important au Timor-Leste, en y apportant son aide dans différents domaines. Il a par ailleurs estimé qu’une grande attention devrait être accordée aux problèmes sociaux et économiques structurels, et que la communauté internationale devrait apporter une aide encore plus importante au pays. L’élimination de la pauvreté et du sous-développement est une garantie essentielle pour l’instauration de la paix et de la stabilité durables au Timor-Leste, a-t-il déclaré.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a déclaré que, sur le plan politique, son pays trouvait encourageants les progrès réalisés en matière de réconciliation nationale par le biais, notamment, des réunions tenues dans le cadre du Comité de coordination de haut niveau, du Forum de coordination trilatérale et grâce aux bons offices du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Atul Khare. Le représentant a également salué la manière pacifique avec laquelle le Gouvernement timorais avait appréhendé les questions difficiles des réfugiés et des pétitionnaires. L’Afrique du Sud souligne l’importance d’une approche complète pour conduire efficacement la réforme du secteur de la sécurité, a encore dit M. Sangqu, qui a en outre insisté sur le besoin de clarifier les rôles et les responsabilités des forces de police et militaires. Le représentant a estimé que le Gouvernement et le peuple timorais devraient maintenant s’engager plus avant dans le processus de développement économique durable du pays. Il ne peut y avoir de sécurité sans développement, a-t-il rappelé, soulignant que la communauté internationale devait s’engager à long terme à accompagner la paix et la prospérité au Timor-Leste. Il est également crucial que les partenaires bilatéraux et multilatéraux continuent d’aider le pays à renforcer ses institutions et ses capacités dans divers domaines prioritaires, a conclu M. Sangqu.
M. CHIRACHAI PUNKRASIN (Thaïlande), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), s’est félicité des progrès remarquables réalisés par le Gouvernement et le peuple du Timor-Leste dans les nombreux défis qu’ils ont rencontrés pour édifier leur nation et à la suite des attentats du 11 février 2008. Il s’est dit également convaincu de la nécessité d’agir dans une démarche intégrée pour garantir que le Timor-Leste parvienne avec souplesse à maintenir la paix, la sécurité et le développement. La paix, le développement, l’état de droit et la bonne gouvernance sont intimement liés et se renforcent mutuellement, a-t-il déclaré. Il s’est dit fermement convaincu que l’appropriation nationale doit continuer d’être le principe qui oriente la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste, mais aussi l’objectif vers lequel doit tendre la communauté internationale. Le représentant a appuyé la recommandation du Secrétaire général de proroger pour une nouvelle période de 12 mois le mandat de la MINUT dans sa composante et ses effectifs actuels. Il a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’investir davantage dans le développement social et économique du pays. Le représentant a réitéré l’appui de l’ANASE à l’action des Nations Unies au Timor-Leste. L’ANASE, a-t-il ajouté, continuera pour sa part d’être solidaire du peuple et du Gouvernement timorais afin de les aider dans leur processus d’édification de leur nation.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) s’est félicité, à son tour, des progrès enregistrés au Timor-Leste, en particulier ceux concernant les personnes déplacées et les pétitionnaires. Il a salué les dirigeants et le peuple timorais qui, avec l’assistance de la Mission intégrée de l’ONU et des autres partenaires internationaux, ont réussi à maintenir la paix et la stabilité dans le pays. La situation en matière de sécurité augure bien, a-t-il estimé, du transfert des responsabilités à la Police nationale timoraise, lequel transfert représente une étape importance dans la réhabilitation du secteur de la sécurité au Timor-Leste.
Ce processus, a-t-il toutefois mis en garde, doit être mené avec précaution et se fonder sur une approche qui souligne la nécessité pour les unités de la police de remplir les critères mutuellement agrées par le Gouvernement timorais et la Mission intégrée de l’ONU et qui ne soit pas assortie de délais arbitraires. Aux côtés de la réforme du secteur de la sécurité, le représentant a jugé tout aussi importantes la stratégie à moyen terme de l’ONU s’agissant du développement socioéconomique et la promotion d’une culture de gouvernance démocratique et de dialogue. Le Timor-Leste a toujours besoin d’une présence robuste de la Mission, a-t-il conclu, en plaidant pour une prorogation de son mandat.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a rappelé qu’en tant que pays voisin le plus proche du Timor-Leste, l’Indonésie suivait de près l’évolution de sa situation. Il s’est, à cet égard, félicité des événements positifs au Timor-Leste au cours de la période couverte par le rapport du Secrétaire général. Il a en particulier estimé que la Stratégie nationale de relèvement pour faire face aux conséquences de la crise avait prouvé son efficacité et son succès. Le représentant a également salué les progrès obtenus en matière de réconciliation et de démocratie, notant que tous les partis politiques continuaient de travailler de manière constructive au Parlement. Le Président Ramos-Horta a fait des efforts louables en vue de créer des opportunités pour l’opposition pour qu’elle contribue aux questions d’intérêt national. Le représentant a également jugé essentiel que la MINUT continue d’aider le Timor-Leste dans ses efforts en vue de consolider ses institutions afin que les institutions d’État puissent fonctionner efficacement. Il a indiqué que l’Indonésie et le Timor-Leste entretenaient un excellent niveau de collaboration bilatérale. Il a assuré que son pays continuait d’œuvrer en faveur d’un renforcement de cette coopération bilatérale dans différents domaines, reconnaissant que le Timor-Leste était devenu un partenaire précieux.
Le représentant a estimé que la mise en œuvre d’une stratégie à moyen terme, telle que proposée en annexe du rapport du Secrétaire général, devrait permettre au Timor-Leste de prendre en mains les tâches qui sont actuellement assurées par la MINUT. Son pays, a-t-il dit, continuera à appuyer la Mission dans l’accomplissement de son mandat en vue de permettre au peuple et au Gouvernement du Timor-Leste de réaliser cet objectif. L’Indonésie reconnaît la nécessité pour la communauté internationale de continuer d’appuyer les efforts du Timor-Leste sur la voie de la sécurité et de la prospérité et c’est pourquoi, elle appuie la recommandation du Secrétaire général visant la prorogation du mandat de la MINUT pour une nouvelle période d’un an, a-t-il conclu.
M. ATUL KHARE, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste et chef de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT), a remercié les membres du Conseil de sécurité pour l’appui qu’ils ont apporté à la Mission. Il a rappelé qu’au cours de la séance, le Président du Timor-Leste, M. José Ramos-Horta, avait fait référence à une étude démontrant le fort taux de popularité dont jouissait la MINUT dans le pays. Il a de même indiqué que le processus de transfert des responsabilités de police à la Police nationale de Timor-Leste (PNTL) serait graduel. À la fin de cette année, a-t-il dit, la MINUT procèdera à une évaluation du processus et recommandera des critères de référence, au cas où il conviendrait d’ajuster les effectifs de police de la MINUT.
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