CONSEIL DE SÉCURITÉ: 2009 POURRAIT ÊTRE L’ANNÉE DE TOUTES LES RÉUSSITES OU DE TOUS LES DANGERS AU SOUDAN, PRÉVIENT LE CHEF DE LA MISSION DE L’ONU DANS CE PAYS
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Conseil de sécurité
6079e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: 2009 POURRAIT ÊTRE L’ANNÉE DE TOUTES LES RÉUSSITES OU DE TOUS LES DANGERS AU SOUDAN, PRÉVIENT LE CHEF DE LA MISSION DE L’ONU DANS CE PAYS
L’Accord de paix global entre le Nord et le Sud-Soudan est central, mais il est fragile, a prévenu, aujourd’hui, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission des Nations Unies dans ce pays (MINUS). Au cours d’une réunion d’information tenue, ce matin, par le Conseil de sécurité, Ashraf Jehangir Qazi a averti que l’année 2009 pourrait être celle au cours de laquelle « ça passe, ou ça casse », celle de toutes les réussites ou de tous les dangers.
Le climat de ces deux dernières années de transition, prévues par l’Accord de paix global, risque d’être difficile et complexe, a-t-il insisté. Parmi les défis à relever, il a cité la fin de la démarcation de la frontière, le redéploiement complet des troupes, le recensement et l’acceptation de ses résultats, l’organisation d’élections à plusieurs niveaux et la conduite du processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR). Qu’il décide de l’unité ou de la séparation entre le Nord et le Sud-Soudan, le référendum, prévu en 2011, n’apportera la paix que si les piliers essentiels de cette paix sont mis en place, a d’autre part prévenu le Représentant spécial. L’unité devra faire l’objet d’arrangements constitutionnels, et il faudra pour cela que les parties gagnent la confiance des uns et des autres et aient la volonté politique de travailler ensemble.
Dans ce contexte, le Représentant spécial a estimé important d’étudier l’impact de la décision de la Cour pénale internationale (CPI) sur l’Accord global de paix et la situation au Darfour. Le but de l’Accord est de maintenir la paix et la sécurité au Soudan, car sans elles, aucune justice ne sera possible, a-t-il souligné.
Les défis qui se posent au Soudan sont accentués par l’incertitude qui plane du fait de la reprise des hostilités au Darfour et de la décision qui est attendue de la part de la Cour pénale internationale, a dit le Représentant spécial.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN
Exposé
Présentant le dernier rapport du Secrétaire général, M. ASHRAF JEHANGIR QAZI, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), a prévenu que l’Accord global de paix est arrivé à un carrefour critique. Le climat de ces deux dernières années de transition risque d’être difficile et complexe. Il a cité comme défi à relever la fin de la démarcation de la frontière, le redéploiement complet des troupes, le recensement et l’acceptation de ses résultats, l’organisation des élections à plusieurs niveaux et le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR). La feuille de route d’Abyei, a-t-il poursuivi, doit jouir de l’adhésion la plus large possible, y compris l’acceptation de la décision de la Cour permanente d’arbitrage.
Le maintien de l’unité du peuple du Sud-Soudan, qui doit faire l’objet d’un référendum en 2011, doit rester la principale préoccupation des parties et de la communauté internationale, au cours des deux prochaines années, a préconisé le Représentant spécial. Pour préserver le caractère pacifique du référendum, a-t-il précisé, la conclusion d’un accord sur le partage des richesses et les revenus pétroliers est une condition incontournable qui doit être remplie.
L’Accord de paix global est central et il est fragile, a prévenu le Représentant spécial, en prévenant que 2009 pourrait être l’année où « ça passe ou ça casse ». Aux termes de l’Accord, a-t-il rappelé, les élections devraient avoir lieu au mois de juillet prochain. Mais compte tenu des retards pris dans l’adoption de la loi électorale et dans la mise en place de la Commission électorale, les deux parties pourraient être amenées à revoir cette date, a-t-il estimé.
Du point de vue politique, la situation générale en matière de sécurité demeure un obstacle à la tenue des élections, tout comme les retards dans la loi relative au cadre juridique agréé et dans la démarcation de la frontière, ainsi que les différends qui pourraient surgir concernant les résultats du recensement. À ces facteurs, le Représentant spécial a ajouté l’impact de la décision de la Cour pénale internationale (CPI).
Il a indiqué que la situation à Abyei demeure calme mais tendue. La MINUS et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) viennent d’organiser une conférence des donateurs au cours de laquelle l’Administration d’Abyei a présenté ses plans et ses besoins. Le redéploiement hors d’Abyei des Forces armées soudanaises et de la police militaire du Sud-Soudan est pratiquement terminé, a-t-il aussi indiqué. Les unités mixtes intégrées ont presque terminé leur déploiement, mais elles s’efforcent encore d’être réellement mixtes et véritablement intégrées, a ajouté le Représentant spécial. Les unités de police mixtes et intégrées doivent, quant à elles, commencer leur redéploiement en dehors d’Abyei.
À ce jour, la MINUS ne peut accéder qu’à la zone définie dans la feuille de route d’Abyei. L’accès aux zones Nord de la feuille de route lui est toujours interdit, a regretté le Représentant spécial, en espérant que ces restrictions seront bientôt levées par le Nord et le Sud-Soudan. Dans le Kordofan méridional, il a noté des progrès, dont l’intégration des zones qui étaient contrôlées par le Mouvement de libération du peuple soudanais (SPLM) dans l’Administration de l’État. Toutefois, la quantité d’armes, les frustrations face à l’absence de dividendes de la paix et les affiliations tribales et politiques, continuent de fragiliser la situation politique.
Le Représentant spécial a aussi indiqué que le processus de DDR commencera le 10 février avec un projet pilote dans l’État du Nil Bleu, qui sera suivi d’une opération dans le Kordofan méridional conformément à l’approche dénommée: « les trois zones d’abord ». Les Gouvernements du Nord et du Sud ont affecté une somme totale de 45 millions de dollars au processus de DRR, alors que les coûts sont estimés à 430 millions de dollars pour la réintégration, et à 200 millions pour la démobilisation, a noté M. Qazi. Le Représentant spécial a donc annoncé la tenue d’une conférence à Juba le 12 février prochain, en espérant que les donateurs débloqueront la somme requise de 80 millions de dollars.
Le Soudan, a-t-il conclu, est un pays vaste et complexe. Depuis son indépendance en 1956, il a connu deux guerres civiles entre le nord et le sud, et une autre à l’est, plus celle qui a lieu à l’ouest. Le Darfour et l’est du Soudan font politiquement partie du Nord-Soudan. Les coûts humanitaires des conflits au Soudan ont été énormes, a déploré le Représentant spécial. Les gens sont pleins d’amertume et ne se font pas confiance, a-t-il relevé. L’infrastructure institutionnelle et politique est toujours en train d’être mise en place, et le pays a deux Gouvernements et deux armées.
Qu’il décide de l’unité ou de la séparation entre le Nord et le Sud-Soudan, le référendum n’apportera la paix, a prévenu le Représentant spécial, que si les piliers essentiels de la paix sont mis en place. L’unité ne sera attirante que si elle fait l’objet d’arrangements constitutionnels. Il faudra pour cela, de la part des parties, une volonté de se faire mutuellement confiance et de travailler ensemble. C’est une tâche nécessaire et, compte tenu des alternatives, qui seraient désastreuses, c’est une tâche essentielle.
Dans ce contexte, a prévenu le Représentant spécial, l’impact de la décision que prendra la CPI sur l’Accord de paix global et la situation au Darfour devra être examiné. Le but de l’Accord de paix global est de maintenir la paix et la sécurité au Soudan, car sans elles aucune justice ne sera possible. Il revient aux parties soudanaises et à la communauté internationale de se concentrer sur la pleine mise en œuvre de l’Accord. Le Représentant spécial a aussi demandé au Conseil de sécurité d’examiner les menaces potentielles qui pèsent sur les opérations de la MINUS, sur celles de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et sur la sécurité de leur personnel.
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