L’ANNÉE 2009 SERA CRUCIALE POUR LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX, AFFIRME LE SECRÉTAIRE GENERAL ADJOINT, ALAIN LE ROY
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Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
Session de fond de 2009
206e & 207e séances – matin & après-midi
L’ANNÉE 2009 SERA CRUCIALE POUR LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX, AFFIRME LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT, ALAIN LE ROY
Devant le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, les États demandent le respect des principes de base présidant à de telles missions
« Les opérations de maintien de la paix sont actuellement utilisées au maximum de leurs possibilités, et l’année 2009 sera pour elles une année cruciale. Elles sont exposées à des risques si importants qu’on ne saurait écarter la possibilité d’un échec pour certaines d’entre elles », a affirmé ce matin le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Alain Le Roy, à l’ouverture de la session de fond de 2009 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Il a en outre invité les États à réfléchir à des moyens autres que les opérations de maintien de la paix pour prévenir les conflits, notamment lorsqu’il n’y a en réalité pas de paix à maintenir dans les régions où on envisage de déployer une telle mission.
Reprenant les éléments du rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Comité spécial*, M. Le Roy a affirmé qu’une nouvelle étude interne au Secrétariat intitulée « Nouveaux horizons » vise non pas à remplacer, mais à renforcer, à la lumière des nouvelles exigences et menaces auxquelles font face les opérations de maintien de la paix, le programme « Opérations de paix 2010 » et le rapport Brahimi. Depuis l’adoption, il y a 10 ans, du rapport Brahimi qui a établi le socle des opérations de maintien de la paix, les effectifs des opérations de maintien de la paix sont passés de moins de 14 000 personnes à près de 112 000 personnes en 2009, réparties dans 18 missions, avec un budget de plus de 7 milliards de dollars, a déclaré M. Le Roy. Alors que le rapport Brahimi envisageait un Département des opérations de maintien de la paix capable de créer une nouvelle opération de maintien de la paix par an, ce rythme a été largement dépassé, a-t-il fait observer.
Les opérations de maintien de la paix sont victimes de leur succès, a déclaré M. Le Roy, qui a mentionné parmi les difficultés actuelles le nombre considérable des demandes et « l’écart immense » entre la demande et l’offre de personnel qualifié. « Ne serait-il pas plus prudent de limiter les mandats des opérations de maintien de la paix qui deviennent trop étendus et inclusifs, comme le recommandait le rapport Brahimi », s’est interrogé M. Le Roy. La communauté internationale devrait aussi examiner la possibilité de recourir à d’autres outils, notamment diplomatiques et militaires, quand il y a peu ou pas de paix à garantir, a-t-il encore ajouté.
La Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, Mme Susana Malcorra, a rappelé que son Département avait un mandat très limité qui fait sa force. Ce mandat, a-t-elle précisé, consiste à fournir un appui aux missions sur le terrain en recevant une orientation stratégique de la part du Département des opérations de maintien de la paix et du Département des affaires politiques. Estimant qu’un renforcement de la capacité d’appui ne sera possible qu’au moyen d’un dialogue continu et ouvert avec les États Membres, Mme Malcorra a ajouté qu’elle engagerait le plus rapidement possible avec eux des discussions portant sur sa vision des aspects de l’appui. Outre les problèmes de sécurité, qui resteront très importants, elle a notamment cité parmi les facteurs à prendre en compte les effets de la crise économique et financière qui pèseront sur la disponibilité des ressources, ou encore des préoccupations d’ordre environnemental qui auront des conséquences sur les politiques concernant les opérations et l’équipement.
Lors du débat général, de nombreuses délégations, notamment le Maroc, qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, et le Mexique, au nom du Groupe de Rio, ont affirmé que les opérations de maintien de la paix devaient respecter les principes de consentement des parties, de non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et d’impartialité, et qu’elles devaient respecter l’indépendance politique, la souveraineté et l’intégrité des États hôtes. Créer des missions qui s’appuient sur un mandat précis et qui ne sont pas déployées dans une situation de vide ou de conflit constitue en outre le meilleur moyen de protéger efficacement le personnel des Nations Unies, a estimé la représentante du Maroc.
De nombreuses délégations ont rappelé que le Comité spécial était le seul organe compétent pour traiter de tous les aspects des opérations de maintien de la paix. Tout en s’associant à ce point de vue, le représentant de la République tchèque a soutenu, au nom de l’Union européenne, les initiatives prises récemment par le Conseil de sécurité et quelques États Membres concernant l’avenir des opérations de maintien de la paix. Le représentant de l’Égypte a quant à lui rejeté toute ingérence du Conseil de sécurité dans le choix des pays fournisseurs de contingents dans les opérations de maintien de la paix. Les délégations ont insisté sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales en matière de maintien de la paix, notamment l’Union africaine. Toutefois, elles ont aussi rappelé que c’est aux Nations Unies qu’incombe au premier chef le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ainsi, le représentant de l’Algérie a souligné que la vocation des organisations régionales est d’agir en soutien et en complémentarité de l’action des Nations Unies.
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Nigéria, Égypte, Indonésie, Chine, Jordanie, Fédération de Russie, Kazakhstan, Bangladesh, Viet Nam, République-Unie de Tanzanie, Turquie, Thaïlande, Fidji, Kenya, Bénin et Nouvelle-Zélande (au nom de CANZ). L’observateur de l’Union interparlementaire est également intervenu.
En début de séance, le Comité avait élu à sa présidence Mme Joy Ogwu(Nigéria), ainsi que son Bureau. Outre Mme Ogwu, celui-ci est constitué de MM. Henri-Paul Normandin (Canada), Diego Limeres (Argentine), et Tetsuya Kimura (Japon) ainsi que du colonel Zbigniew Szlek (Pologne), Vice-Présidents. M. Amr El-Sherbini (Égypte) a été élu Rapporteur. M. Normandin est par ailleurs président du Groupe de travail plénier du Comité spécial. Le Comité avait ensuite adopté son programme de travail pour la présente session.
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix poursuivra son débat général demain, mardi 24 février, à 10 heures.
Débat général
M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé que le succès d’une opération de maintien de la paix dépend du soutien à la fois de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, du Secrétariat et du pays hôte et sa population.
Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies se trouvent à un tournant décisif, a-t-il ajouté. Elles représentent un des principaux étendards des Nations Unies, un outil sur lequel les Nations Unies s’appuient de plus en plus pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies atteignent, cependant aujourd’hui, leurs limites, a-t-il fait remarquer. Il devient ainsi de plus en plus difficile de trouver les effectifs pour des opérations, aux mandats de plus en plus complexes et exigeants, qui doivent être mis en œuvre dans un environnement souvent hostile.
Rappelant que le monde actuel est très différent de celui existant au moment des premières opérations de maintien de la paix, M. Le Roy a estimé que les opérations de maintien de la paix se sont révélées un outil flexible, ajoutant que le Comité spécial a joué un rôle essentiel dans l’évolution des opérations. Depuis l’adoption du rapport Brahimi et la remise à plat des opérations de maintien de la paix qui s’est ensuivie, le Comité spécial a pris part, activement, au débat, a-t-il rappelé.
Le Secrétaire général adjoint a rappelé que, dans l’année qui a suivi l’adoption du rapport Brahimi, les effectifs des opérations de maintien de la paix sont passés de moins de 14 000 personnes à presque 40 000. Aujourd’hui, a-t-il indiqué, les effectifs atteignent près de 112 000 personnes réparties dans 18 opérations de maintien de la paix. En janvier, un nouveau mandat a été adopté pour le Tchad. Nous en sommes encore à la phase de déploiement au Darfour et préparons un renforcement dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-il ajouté. Le Conseil de sécurité a validé le soutien à l’AMISOM, la Mission de l’Union africaine en Somalie, et exprimé son intention d’envisager éventuellement une opération de maintien de la paix en Somalie, a déclaré M. Le Roy. Le rapport Brahimi, a-t-il fait observer, envisageait un Département des opérations de maintien de la paix capable de créer une nouvelle opération de maintien de la paix par an. Pendant de nombreuses années, nous avons largement dépassé ce rythme.
Les opérations de maintien de la paix sont victimes de leur propre succès, a estimé M. Le Roy. Le maintien de la paix offre des qualités uniques de légitimité, de partage du fardeau et d’une relative souplesse. La paix est toujours fragile après un conflit, et il faut donc faire preuve de prudence quant au succès, a-t-il recommandé, tout en reconnaissant que les missions de maintien de la paix des Nations Unies dans des pays comme la Sierra Leone, le Timor-Leste, le Libéria, Haïti et le Kosovo, ont clairement fait une grande différence. Ces missions ont assuré les premiers éléments de sécurité et prévenu les crises, elles ont soutenu les institutions politiques ou aidé à reconstruire les pays, a-t-il affirmé. En outre, les opérations de maintien de la paix ont fourni à la communauté internationale une plate-forme commune sur laquelle s’organise la transition postconflit et la consolidation de la paix.
Parmi les nouvelles questions et les nouveaux risques auxquels les opérations de maintien de la paix sont confrontées figure l’ampleur des sollicitations, a déclaré le Secrétaire général adjoint. Il existe un écart immense entre la demande et l’offre de personnel, a-t-il affirmé, citant en exemple l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) qui, plus d’un an après sa création, manque toujours cruellement des capacités nécessaires à la mise en œuvre de son mandat de protection.
Certains États doutent que les Nations Unies disposent des informations suffisantes pour mener à bien des missions dotées de mandats robustes, tout en assurant la sécurité du personnel, a noté M. Le Roy. Mais, même en cas d’équipement adéquat, il faut déterminer avec précision ce que doit être un mandat robuste, a-t-il ajouté. Rappelant que les opérations de maintien de la paix reposent toujours sur un nombre limité de pays fournisseurs de contingents, il s’est demandé si l’ONU pouvait, à long terme, s’acquitter de ses responsabilités sans être contrainte de faire appel à un plus grand nombre de fournisseurs de contingents.
M. Le Roy a également rappelé que les Nations Unies disposent de capacités de réserve limitées pour répondre à des crises extrêmes, citant le cas de la RDC à la fin de 2008. Soulignant que huit des missions ont un mandat de protection des civils, dont trois dans des pays où les conflits perdurent, le Secrétaire général adjoint a rappelé que, de plus en plus, ces opérations se déroulent dans un environnement peu favorable, marqué par un risque de rupture de la paix et une autorité de l’État hôte fragile, voire inexistante. Il a noté qu’a la fin de 2008, la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC) s’est trouvée confrontée à une « forte contradiction » dans son mandat, qui prévoit à la fois de protéger les civils et de soutenir les Forces armées de la RDC dans leurs opérations, alors même que ces dernières mettaient en péril les civils.
M. Le Roy s’est demandé si les mandats des opérations de maintien de la paix ne deviennent pas trop larges et trop inclusifs, et s’il ne conviendrait pas de les limiter. Comme le recommande le rapport Brahimi, a estimé M. Le Roy, il faudrait examiner la possibilité de recourir à d’autres outils, notamment diplomatiques et militaires, quand il y a peu ou pas de paix à garantir.
Rappelant que le budget des opérations de maintien de la paix dépasse actuellement largement les 7 milliards de dollars, et compte tenu de la crise financière internationale, M. Le Roy a jugé légitimes les demandes faites au Secrétariat pour augmenter l’efficacité des opérations, et il a estimé que ces dernières ne sont pas toujours bien servies par les règles administratives en vigueur.
L’architecture de la paix et de la sécurité internationales concernant les opérations de maintien de la paix évolue aussi du fait du partenariat croissant sur le terrain avec des organisations régionales comme l’Union européenne et l’Union africaine, a déclaré M. Le Roy. Il a également rappelé que les Nations Unies sont appelées à coordonner un nombre croissant de donateurs bilatéraux et multilatéraux en Afghanistan.
Le Secrétariat a commencé une étude interne, intitulée « Nouveaux horizons », qui vise à réexaminer le rapport Brahimi et le programme « Opérations de paix 2010 », à la lumière des nouvelles exigences et menaces, a déclaré M. Le Roy. Il s’agit de renforcer le rapport Brahimi et le programme « Opérations de paix 2010 », et non de les remplacer, a-t-il précisé, ajoutant que l’étude n’était actuellement qu’à un stade préliminaire. Affirmant qu’il y a 10 ans, le rapport Brahimi a dessiné le socle des opérations de maintien de la paix, il a ajouté: « Notre espoir est de contribuer avec le Comité spécial à relever les défis des opérations de maintien de la paix ».
M. le Roy a affirmé que le Comité spécial recevrait « au cours des deux prochains jours » un rapport sur la mise en œuvre de la résolution 61/279 de l’Assemblée générale relative au renforcement des capacités des opérations de maintien de la paix. La réforme a déjà porté ses fruits, mais il reste encore beaucoup de travail dans les 18 mois à venir, a-t-il indiqué, avant de fournir des indications sur la restructuration en cours.
M. Le Roy a notamment expliqué que la première phase du renforcement du Bureau des affaires militaires est pratiquement achevée. La seconde, qui porte sur le renforcement des effectifs, permettra d’améliorer les capacités stratégiques du Bureau et de faire le lien avec les pays fournisseurs de contingents, a-t-il affirmé.
Concernant le programme « Opérations de paix 2010 », M. Le Roy a assuré que le renforcement institutionnel se poursuit dans différents domaines clefs. Il a rappelé que le Secrétariat a préparé des propositions de réforme pour améliorer la capacité de l’Organisation à attirer, recruter, former et déployer du personnel qualifié. « En intégrant mieux le personnel des opérations de maintien de la paix à l’ONU, nous offrirons davantage de mobilité et plus de perspectives pour le personnel des opérations de maintien de la paix », a-t-il estimé.
Le Secrétaire général adjoint a rappelé que dans les 18 opérations de maintien de la paix actuelles se trouvent des composantes de police, chargées d’un rôle traditionnel de maintien de l’ordre, mais aussi du renforcement des capacités nationales en la matière, institutionnelles de maintien de l’ordre. « Étant donné le rôle croissant des opérations de police dans les opérations de maintien de la paix, nous avons besoin d’une analyse complète de ce type d’activité », a ajouté M. Le Roy. Il a estimé que la capacité permanente de police mise en place a montré son utilité, notamment pour établir, en 2007-2008, la composante de police de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT). Rappelant qu’un Groupe d’experts avait publié, au début de l’année, un rapport prônant un renforcement de cette capacité de police permanente, le Secrétaire général adjoint s’est prononcé en faveur de la mise en place, dans le même esprit, d’une capacité permanente dans le domaine de la justice et de l’état de droit, avec des experts dans les différents systèmes juridiques. M. le Roy a également estimé qu’il faudrait augmenter la participation des femmes dans les effectifs militaires et de police, non seulement pour assurer la parité entre les sexes, mais également pour obtenir la confiance des populations féminines dans les pays en conflit, où les femmes sont particulièrement victimes.
M. Le Roy a rappelé que le Secrétariat avait élaboré un mécanisme permettant de faire un rapport sur les cas disciplinaires, notamment en matière d’abus et d’exploitation sexuels, afin qu’ils soient sanctionnés. Il a noté en ce sens qu’un « effort considérable » a été fait, tant par le Secrétariat que par les États Membres, et a affirmé qu’ils continueront, afin que de tels comportements ne viennent pas ternir les opérations de maintien de la paix et la grande majorité du personnel qui y travaille avec dévouement.
Faisant remarquer que les opérations de maintien de la paix sont utilisées au maximum de leurs possibilités, M. Le Roy a estimé que 2009 sera pour ces opérations une année cruciale. Les missions sont exposées à des risques si importants qu’on ne saurait écarter un risque d’échec de certaines missions. Rappelant que les opérations de maintien de la paix sont une entreprise commune, il a salué les différentes évaluations menées, en posant certaines questions clefs, par exemple: quel est le type de mandat le plus approprié pour des opérations de maintien de la paix? Quels autres moyens devrait-on mettre à la disposition de la communauté internationale pour résoudre les conflits? Comment évaluer les succès des opérations de maintien de la paix? Comment préparer la transition vers l’édification de la paix à long terme? Comment faire face aux défis du déploiement rapide sur des théâtres lointains et difficiles? Comment satisfaire la demande en terme d’effectifs de qualité? Comment répartir les rôles et organiser l’interopérabilité entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales?
« Si nous pouvons répondre ensemble à ces questions, nous serons sur la bonne voie pour servir les millions de personnes pour qui les opérations de maintien de la paix des Nations Unies représentent leur espoir de paix et de prospérité », a conclu M. Le Roy.
Mme SUSANA MALCORRA, Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, a rappelé que son Département avait pour objectif de fournir un appui aux missions sur le terrain, recevant à cet égard une orientation stratégique de la part du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et du Département des affaires politiques (DPA). Le Département d’appui aux missions (DAM) a un mandat extrêmement limité, ce qui, a-t-elle dit, en fait une de ses forces. La Secrétaire générale adjointe s’est félicitée de l’excellente collaboration entre le DOMP et le DAM, à la fois au niveau opérationnel et au niveau de la gestion. Le Département d’appui aux missions a concentré ses efforts dans deux domaines essentiels, a-t-elle dit, citant la nécessité d’avoir une visibilité et une meilleure compréhension des domaines d’appui afin que les États Membres puissent être mieux informés des décisions stratégiques à prendre, ainsi que le besoin de se concentrer sur les aspects spécifiques de la fourniture des services d’appui requis pour gérer et soutenir les opérations de maintien de la paix.
La Secrétaire générale adjointe a estimé qu’un renforcement de la capacité d’appui ne sera possible qu’au moyen d’un dialogue continu et ouvert avec les États Membres. Les États Membres ont un rôle capital à jouer pour assurer un succès conjoint, a-t-elle dit, mettant l’accent sur la difficulté de trouver un équilibre entre les énormes exigences opérationnelles et la nécessité de disposer du temps requis pour réfléchir à la façon de fournir les meilleurs services.
Mme Malcorra a ajouté qu’elle engagerait, le plus rapidement possible, avec les États Membres des discussions portant sur sa vision des aspects de l’appui. Le Département œuvre à développer une stratégie d’appui, a-t-elle ainsi souligné. Cette stratégie, a-t-elle expliqué, repose sur l’identification des moyens de fournir des services d’appui aux opérations sur le terrain -à toutes les étapes, jusqu’à leur liquidation-, de fournir les meilleures ressources humaines, de renforcer les organisations qui offrent un soutien à long terme et d’optimiser l’impact sur les milieux locaux, en développement, par exemple, des partenariats avec des institutions locales.
Mme Malcorra a par ailleurs indiqué que plusieurs hypothèses étaient envisagées pour le développement de cette stratégie d’appui. En premier lieu, a-t-elle affirmé, les impacts de la crise économique et financière continueront pendant la période considérée par la stratégie, c’est-à-dire trois ou quatre ans, et des effets se feront sentir sur les coûts, la disponibilité des ressources et les statuts des contributeurs. De même, des préoccupations d’ordre environnemental, liées par exemple à l’eau ou au carburant, se poursuivront et auront des conséquences sur les politiques concernant les opérations et l’équipement. Les problèmes de sécurité seront toujours très importants dans toutes les zones d’opérations, a-t-elle ajouté. Des exigences en faveur d’opérations plus rapides, plus larges, dotées de ressources limitées, nécessiteront de même une démarche intégrée avec d’autres acteurs sur le terrain. Les forces continueront de demander un soutien et un équipement plus important, tandis qu’une surveillance accrue des opérations sera nécessaire, a-t-elle poursuivi.
La Secrétaire générale adjointe a ajouté que dans cet environnement complexe, le Département d’appui aux missions se concentrait sur une professionnalisation de sa capacité à fournir des services. À cet égard, a-t-elle précisé, la résolution 63/250 de l’Assemblée générale, approuvée en décembre dernier, constitue une occasion excellente. Le Secrétaire général a proposé une réforme complète, en partie approuvée, et qui comprend, a-t-elle expliqué, l’établissement de trois types de contrat pour les personnels de l’Organisation, une unification des conditions de travail au Siège et sur le terrain, une harmonisation partielle avec les institutions spécialisées, les fonds et les programmes, et des incitations financières à la mobilité. La pression est énorme, a-t-elle fait remarquer, s’interrogeant sur les moyens à mettre en œuvre pour mieux gérer les ressources et en améliorer la qualité. La meilleure façon de réussir est de travailler en partenariat avec les États Membres, a-t-elle souligné avant de conclure.
Mme SOUADEL ALAOUI (Maroc), au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que les États Membres devraient continuer de se conformer aux principes directeurs du Département des opérations de maintien de la paix, à savoir: l’accord des parties pour une opération de maintien de la paix et le non-recours à la force sauf pour l’autodéfense et impartialité. Rappelant le principe du respect de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale de tous les États, ainsi que de la non-intervention, elle a affirmé que les opérations de maintien de la paix ne doivent pas se substituer à l’examen des causes profondes des conflits.
Estimant que les efforts actuels sont freinés par des défis qui limitent les capacités de l’Organisation en général, comme la crise financière internationale, mais aussi par des difficultés dues à la manière dont les déploiements sont organisés, en particulier en l’absence de paix, la représentante a déclaré que l’Organisation doit revoir le processus de planification opérationnelle des missions, afin d’assurer plus de cohésion dans leurs buts et objectifs. Elle a souligné la nécessité d’établir une meilleure coopération entre le Secrétariat, les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité.
Les États membres du Mouvement des pays non alignés accueillent la quasi-totalité des opérations de maintien de la paix, fournissent plus de 80% des contingents et ont fait partie de presque toutes les opérations de maintien de la paix depuis 1948, a rappelé Mme El Alaoui. Elle a donc estimé que ces pays devraient être davantage consultés sur les opérations de maintien de la paix. Le Mouvement des pays non alignés estime que la meilleure protection du personnel des Nations Unies consiste en des missions qui s’appuient sur un mandat précis et qui ne sont pas déployées dans une situation de vide ou de conflit.
Les pays fournisseurs de contingents assument le principal fardeau et sont souvent seuls à faire face au flot de critiques en cas de difficultés, a affirmé Mme El Alaoui, qui a demandé une meilleure coordination des pays fournisseurs de contingents avec le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Les pays en développement, et en particulier tous les États membres du Conseil de sécurité, doivent partager le fardeau du maintien de la paix et engager des troupes sur le terrain sous le commandement et le contrôle des Nations Unies, a affirmé la représentante.
C’est aux Nations Unies qu’incombe la responsabilité première du maintien de la sécurité mondiale, a rappelé la représentante, tout en insistant sur l’importance du renforcement des capacités de maintien de la paix des pays africains. À cet égard, elle a invité les États à respecter les engagements pris en la matière, en 2005.
La représentante a regretté que le rapport du Secrétaire général sur la restructuration des opérations de maintien de la paix n’ait pas encore été publié et ne puisse donc être examiné par le Comité spécial lors de la présente session. Elle a réaffirmé la primauté du rôle de l’Assemblée générale dans l’élaboration des concepts politiques en matière d’opérations de maintien de la paix, par le biais du Comité spécial.
M. MICHAEL H. MILLAR (Nouvelle-Zélande), qui s’exprimait également au nom de l’Australie et du Canada (CANZ), a souligné la nécessité de poursuivre la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies afin que cet outil fondamental de la paix et de la sécurité internationales puisse être utilisé de manière efficace. Il a, à cet égard, accueilli avec satisfaction la nouvelle initiative prise par le Secrétariat de mener une analyse des défis des futures opérations de maintien de la paix, et a dit attendre avec impatience d’en examiner les résultats. Le représentant a également souligné la nécessité d’améliorer rapidement l’interaction entre le Conseil de sécurité, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et les pays contributeurs de troupes lors de la formulation des mandats de maintien de la paix, afin de s’assurer que ces mandats adoptés par le Conseil de sécurité puissent être réalisés, et que les capacités des pays fournisseurs de contingents puissent être en mesure de satisfaire les exigences requises.
Le représentant a en outre reconnu que la protection des civils constituait un élément essentiel de huit des mandats du Conseil de sécurité. Il a ainsi souligné l’importance d’une approche intégrée au sein des missions de maintien de la paix des Nations Unies. Il est essentiel, a-t-il ajouté, que les questions de protection soient traduites dans des directives opérationnelles claires et réalistes pour les acteurs militaires et civils sur le terrain. De même, outre les efforts déployés par le Secrétariat en vue d’assurer la sécurité de leur personnel, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de poursuivre les auteurs d’attaques contre le personnel des Nations Unies et le personnel associé et de faire en sorte qu’ils soient traduits en justice. À cet égard, le CANZ exhorte tous les États Membres, qui ne sont toujours pas parties à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et personnel associé, à la ratifier.
M. MARTIN PALOUŠ (République tchèque), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a rappelé que l’Union européenne avait depuis longtemps établi un partenariat avec les Nations Unies et que la gestion des crises était réalisée dans l’esprit d’un appui à l’Organisation. Cette coopération a été finalisée dans la première Déclaration conjointe Union européenne-Nations Unies, signée le 24 septembre, a-t-il dit, notant que les deux organisations avaient œuvré étroitement, côte à côte, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie ou dans les Balkans. Les États membres de l’Union européenne participent activement aux missions de maintien de la paix et contribuent à hauteur de plus de 40% au budget de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il précisé. Comme beaucoup d’autres États Membres de l’ONU, l’Union européenne demeure préoccupée par les questions soulevées sur l’efficacité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de traiter de manière approfondie des problèmes croissants rencontrés dans des missions telles que la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE), la MINUAD, la MONUC ou la MINURCAT. Tandis que l’Union européenne estime que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix constitue le premier forum des Nations Unies pour examiner la question des opérations de maintien de la paix dans tous ses aspects, l’Union européenne appuie les initiatives récentes prises par le Conseil de sécurité et quelques États Membres concernant l’avenir des opérations de maintien de la paix, a-t-il déclaré.
Le représentant s’est félicité du renforcement et de la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et de la création du Département de l’appui aux missions (DAM) en vue de consolider les capacités de planification et de contrôle des missions. L’Union européenne suggère que le Secrétariat examine les options de l’établissement, sur une base provisoire, d’une cellule de mission qui se consacrerait, en liaison avec les équipes intégrées opérationnelles, au démarrage des missions lorsqu’il s’agit d’envisager des opérations complexes. L’Union européenne plaide, a-t-il également dit, en faveur d’une amélioration de la coopération entre les pays contributeurs de contingents militaires ou de police, le DOMP et le Département de la sûreté et de la sécurité (DSS), et invite le Secrétariat à renforcer ses efforts concernant l’évaluation de la situation. L’Union européenne recommande également que le Secrétariat améliore la qualité du flux d’informations, qu’il organise par exemple des réunions régulières avec les pays contributeurs de troupes et de police dans les délais requis avant les consultations du Conseil de sécurité, et qu’il leur remette des rapports réguliers sur les situations politique et militaire de chaque opération de maintien de la paix.
Le représentant a par ailleurs indiqué que l’Union européenne soutenait une approche globale et multidimensionnelle du maintien de la paix. En matière de gestion des capacités et des instruments, les Nations Unies devraient, en outre, mettre l’accent sur un soutien politique crédible aux processus de paix et déployer rapidement des efforts de consolidation de la paix postconflit, notamment dans les domaines de la police, de l’état de droit ou de la démobilisation, désarmement et réintégration (DDR). Il a ajouté que l’Union européenne attachait une grande importance à la protection des civils qui, a-t-il dit, doit rester au cœur de toutes les opérations de maintien de la paix. La protection des civils, a-t-il encore dit, doit faire partie intégrante des opérations de maintien de la paix, les Nations Unies devant renforcer leurs capacités dans ce domaine. La sécurité du personnel de l’ONU fait également l’objet de la plus haute priorité, a-t-il assuré, en condamnant fermement les récentes attaques. L’Union européenne soutient toutes les mesures de protection, y compris l’utilisation de technologies avancées, a-t-il souligné.
M. CLAUDE HELLER (Mexique), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a noté que le nombre des opérations de maintien de la paix, la complexité croissante de leur mandat et la limitation des ressources représentent les principaux défis auxquels il faut faire face. Il a rappelé le rôle fondamental du Comité spécial en tant qu’unique instance chargée de débattre de la question.
Le représentant s’est félicité de l’amélioration de la coordination entre le Secrétariat, le Comité spécial, les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité. Toutefois, il a estimé que cette coordination devrait avoir lieu avant que les décisions concernant le mandat des opérations de maintien de la paix ne soient prises. Les pays fournisseurs de contingents, qui sont à 80% des pays en développement, sont trop peu consultés, alors que leurs contributions pourraient être précieuses pour définir les caractéristiques d’une opération de maintien de la paix, a estimé le représentant.
Le processus de réforme du Département des opérations de maintien de la paix, avec la création du Département d’appui aux missions, continue d’être la pièce maîtresse du processus de perfectionnement actuel, a rappelé M. Heller, qui a regretté que le rapport du Secrétaire général sur la question ne soit toujours pas disponible. M. Heller a réaffirmé l’engagement du Groupe de Rio en faveur d’une tolérance zéro face aux mauvaises conduites dans les opérations de maintien de la paix. S’il a estimé que des progrès considérables ont été obtenus, il a regretté cependant que les documents concernant la stratégie d’appui aux victimes de tels abus en soient encore au stade de l’élaboration.
Le représentant a rappelé que les opérations de maintien de la paix doivent continuer à respecter scrupuleusement l’esprit de la Charte et être conformes au principe de consentement des parties, de non-recours à la force sauf pour légitime défense et d’impartialité. Il a demandé que le Secrétariat étudie des modalités pratiques pour le remboursement des pays fournisseurs de contingents, tout en traitant de manière équitable les différentes missions existantes.
Affirmant que le Groupe de Rio accorde une importance particulière à la formation du personnel des opérations de maintien de la paix, M. Heller s’est dit satisfait de la publication de la stratégie de formation en matière d’opérations de maintien de la paix. Il a cependant souhaité que les publications des opérations de maintien de la paix soient traduites et diffusées en espagnols et en portugais. M. Heller s’est prononcé en faveur d’un renforcement de la perspective stratégique, globale et coordonnée de la présence des Nations Unies sur le terrain qui inclut, outre les opérations de maintien de la paix, les travaux de reconstruction des institutions nationales et les efforts de développement. Il a suggéré d’établir de meilleurs contacts entre les divers organes compétents, y compris la Commission de consolidation de la paix (CCP).
M. BUKUN-OLU ONEMOLA (Nigéria) a estimé que la détérioration et la prolifération des conflits à la fois entre et à l’intérieur des États exigeaient des approches plus actives en matière de prévention, de gestion et de résolution des conflits. Le représentant a ainsi mis l’accent sur le besoin de développer de nouveaux outils, concepts et réponses, et de compter sur un engagement politique et des ressources accrues de la part des États Membres, y compris d’autres organes, fonds et programmes des Nations Unies, afin de s’attaquer de manière plus efficace aux défis renouvelés du maintien de la paix. Le maintien de la paix et de la sécurité internationales devrait englober toutes les considérations politiques, sociales et humanitaires, a-t-il affirmé. Le représentant a par ailleurs réaffirmé la décision des dirigeants du monde telle que reflétée dans le Document final du Sommet mondial de 2005, selon laquelle, le développement d’une capacité africaine du maintien de la paix devrait être l’objectif central des Nations Unies au cours de la prochaine décennie. L’Union africaine et d’autres organisations sous-régionales telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont efforcées, dans le cadre de leurs ressources disponibles, à renforcer la contribution africaine aux efforts mondiaux en vue de promouvoir la paix et la sécurité internationales. Des efforts soutenus, en particulier dans les domaines de la logistique ou de la prévisibilité des fonds, renforceraient la confiance de l’Afrique dans les opérations de maintien de la paix. Sa délégation, a-t-il ajouté, espère voir le résultat des travaux du Comité, lors de cette session, contribuer de manière significative à la réalisation de cet objectif.
Le représentant du Nigéria a réitéré, par ailleurs, le soutien de son pays aux équipes opérationnelles intégrées comme moyen d’assurer une coordination horizontale et une intégration des processus dans les Départements des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions. Il s’est dit néanmoins préoccupé par l’exception que constitue, de l’avis de sa délégation, l’équipe opérationnelle intégrée au Darfour, qui n’est pas pleinement opérationnelle. S’agissant des cas de mauvaise conduite, il a exprimé, de même, la satisfaction de sa délégation concernant les mesures mises en place par le Secrétariat pour rétablir l’image et la crédibilité des missions de maintien de la paix et celles des pays contributeurs de contingents. Le Nigéria demeure engagé à la pleine mise en œuvre de la politique de tolérance zéro du Secrétaire général sur l’exploitation et les abus sexuels, a-t-il ajouté. Le représentant a enfin plaidé en faveur d’une coopération renforcée et transparente entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat.
M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a rappelé que les opérations de maintien de la paix avaient subi de considérables changements depuis le début de la présente décennie. Constatant l’énorme différence entre le budget régulier des Nations Unies (4,2 milliards de dollars pour l’exercice biennal) et le budget des opérations de maintien de la paix, qui dépasse désormais les 7 milliards de dollars, il a souligné qu’il était essentiel de fixer des stratégies claires pour mettre fin aux missions, quand leurs objectifs sont atteints, et de tenter de prévenir les conflits. On pourrait ainsi consacrer l’argent épargné à investir en faveur du développement dans les zones de crise, a-t-il estimé.
Le représentant a souhaité que les pays fournisseurs de contingents et l’Assemblée générale, représentée par le Comité spécial, travaillent avec le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions, en coordination avec le Conseil de sécurité. Il a aussi demandé que soit mise en œuvre la recommandation du Secrétaire général exprimée dans son dernier rapport sur le travail de l’Organisation, selon laquelle on ne devrait déployer une opération de maintien de la paix que lorsqu’il existe une paix à maintenir.
M. Abdelaziz a demandé qu’on tienne mieux compte de l’expérience et de l’expertise des pays fournisseurs de contingents. Estimant que le Comité spécial demeure le cadre le mieux approprié pour traiter de ces problèmes, il a rejeté toute ingérence du Conseil de sécurité dans le choix des pays fournisseurs de contingents dans les opérations de maintien de la paix, ce qui, a-t-il dit, constituerait un changement injustifiable. Il a souhaité, par ailleurs, une meilleure coordination et une intégration accrue du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions. À cet égard, il a déclaré attendre avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale sur la restructuration du Département d’appui aux missions. Sa délégation, a-t-il assuré, appuie les efforts des Nations Unies pour renforcer les capacités de l’Union africaine en matière de maintien de la paix. Le représentant a déclaré attendre avec intérêts les conclusions du Groupe d’experts sur le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine. Ces organisations, a-t-il rappelé, ne doivent pas cependant remplacer les Nations Unies, qui ont la responsabilité principale dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a estimé que les opérations de maintien de la paix représentaient, aujourd’hui, un des principaux instruments à la disposition des Nations Unies pour préserver la paix et la sécurité internationales. Elle a ainsi rappelé que son pays contribuait depuis leur début, c’est-à-dire depuis la fin des années 40, aux opérations de maintien de la paix. Pour faire face aux défis que représentent l’augmentation significative des opérations de maintien de la paix dans le monde et des budgets qu’elles requièrent, la représentante a plaidé en faveur de mandats clairs et réalisables, tout en mettant l’accent sur la nécessité d’apporter un soutien politique aux processus de paix. Dans le même temps, a-t-elle ajouté, des efforts doivent être entrepris pour élargir la base des pays contributeurs de troupes et de police. S’appuyant par ailleurs sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), à laquelle le Brésil participe depuis 2004, elle a fait remarquer qu’aucune paix n’était durable sans un renforcement mutuel des dimensions du développement et de la réconciliation politique.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) s’est félicité de l’initiative des Secrétaires généraux adjoints du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions de maintien de la paix de l’ONU visant à améliorer le partenariat triangulaire qui existe entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat des Nations Unies. Il a estimé que cette relation fondamentale devrait être renforcée, et qu’il était temps pour ces trois acteurs de travailler étroitement à l’analyse de l’environnement actuel des missions de la paix, en prenant en compte les risques et défis auxquels ils sont confrontés, et en explorant les voies et moyens pour renforcer ces missions de paix. « Nous attendons de recevoir des propositions concrètes à ce sujet », a-t-il dit.
Évoquant plus en détail ce partenariat, le délégué a estimé que les efforts à fournir devraient permettre une amélioration des méthodes de travail du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34), et renforcer les échanges de vues, afin de formuler des recommandations mieux ciblées. M. Natalegawa a indiqué que les documents internes du DOMP et du DAM qui guident le fonctionnement des missions et touchent aux droits et obligations des contingents nationaux déployés sur le terrain, devraient d’abord faire au préalable l’objet d’un examen par les États Membres. Le représentant de l’Indonésie a soutenu qu’il était impératif que l’on examine avec prudence les mandats multidimensionnels assignés aux personnels militaire et de police, qui vont bien au-delà de leur formation et de leur capacité à exercer leur rôle essentiel de manière efficace. Il a continué en déclarant que la communauté internationale avait l’obligation de porter assistance aux États en développement qui concourent au renforcement des capacités des opérations de paix. Il a rappelé que l’Indonésie était un contributeur de troupes pour les opérations de maintien de la paix depuis 1956, et qu’il participait actuellement à sept de ces opérations. En outre, il a souligné la nécessité de recourir à un personnel qualifié, ainsi que de respecter la représentation géographique équitable du personnel des Nations Unies opérant dans le cadre des missions de la paix. Il a estimé, avant de conclure, qu’il était important pour le Comité des 34 de souligner le processus de planification et d’évaluation des activités de maintien et de consolidation de la paix de manière coordonnée, afin que les organes pertinents du système des Nations Unies travaillent de façon cohérente et intégrée.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré que les opérations de maintien de la paix devenaient de plus en plus complexes. La crise économique internationale ne cesse de s’aggraver, tandis que les missions de la paix connaissent de nombreux défis, a-t-il dit. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de procéder à une réforme. Le mandat des opérations de maintien de la paix ne devrait pas changer, a-t-il estimé. Les principes fondamentaux doivent être respectés, comme l’accord du pays hôte. Il a jugé que l’exigence de la protection des civils pouvait être raisonnable dans certains cas isolés, mais il convient de tenir compte des conditions particulières de chaque pays, a-t-il souligné. Toute nouvelle doctrine de maintien de la paix doit être acceptée par tous les États Membres et faire l’objet d’un consensus, a-t-il dit.
Le représentant a espéré que le Secrétariat informera les États Membres sur tout les progrès accomplis, et entendra leurs vues pour faire progresser les réformes dans ce domaine. Le Conseil de sécurité et le Secrétariat devraient, a-t-il proposé, procéder à une évaluation objective des capacités des opérations de maintien de la paix, et faire en sorte que chaque mission dispose des ressources nécessaires pour sa mise en œuvre. Le représentant a également plaidé en faveur d’un renforcement de la coopération stratégique avec les organisations régionales. Il a également souligné la nécessité de s’attaquer aux causes des conflits, notamment aux conditions économiques et sociales. Le représentant a plaidé en faveur de l’élaboration d’une stratégie intégrée visant à éliminer les causes des conflits.
M. ADI KHAIR (Jordanie) a insisté sur le respect des principes qui doivent présider aux opérations de maintien de la paix -consentement des parties, non-recours à a force sauf en cas de légitime défense et impartialité-, ainsi que sur le respect de l’indépendance politique, de la souveraineté et de l’intégrité des États hôtes.
Le représentant a demandé que soit assurée l’allocation des ressources financières, logistiques et humaines nécessaires pour assurer le succès des opérations de maintien de la paix. Toute réduction du soutien à cet aspect du maintien de la paix constituerait un revers pour les Nations Unies, a-t-il estimé. Le représentant a jugé prioritaire l’amélioration de la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix, et a demandé que celles-ci soient dotées d’un mandat clair et bien planifié, en coopération avec les pays fournisseurs de contingents. Il a également demandé une bonne préparation et formation des troupes. Il a enfin souhaité qu’on évite de déployer les opérations de maintien de la paix dans des zones géographiques trop vastes, afin de garantir leur efficacité et la sécurité du personnel.
Le représentant a souhaité une amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité, et en particulier une meilleure coopération entre ce dernier et les pays fournisseurs de contingents. Il a rappelé que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est le seul organe responsable de l’examen des opérations de maintien de la paix dans tous leurs aspects. À la lumière de la nature changeante des opérations de maintien de la paix, et notamment du rôle de la police, il a souligné qu’il était nécessaire de doter la Division de la police de l’ONU de moyens suffisants. Il a en outre rappelé que son pays, pourtant un pays fournisseur de contingents, n’est toujours pas représenté dans les instances des Départements des opérations de maintien de la paix et d’appui aux missions, malgré sa disponibilité.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que l’évolution des activités de maintien de la paix des Nations Unies et le manque de ressources financières et de soutien logistique rendaient nécessaires un examen des pratiques de maintien de la paix en vigueur, ainsi que la formulation d’une stratégie intégrée pour leur planification et leur mise en œuvre. Il est important, a-t-il dit, que les réformes se fassent en conformité avec la Charte des Nations Unies et les normes du droit international, tout en respectant le principe de la responsabilité première du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le représentant a souligné également la nécessité de travailler au sein du Conseil de sécurité à l’amélioration des mandats en collaboration avec les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat, y compris dans la phase de planification.
Le représentant a également estimé qu’une attention spéciale devrait être accordée à la nécessité d’assurer le niveau requis d’expertise militaire pour les activités de maintien de la paix des Nations Unies. Il a ainsi rappelé que son pays avait, à plusieurs reprises, demandé de revitaliser le Comité d’état-major du Conseil de sécurité. Le représentant a aussi souligné la responsabilité du Secrétariat dans l’amélioration de la planification intégrée des missions et la coordination entre le Siège et le terrain, et a exprimé son appui aux initiatives du Secrétariat dans ce domaine. Il a également souligné le rôle important que jouent les organisations régionales. L’expérience a montré, a-t-il dit, que les organisations régionales pourraient parfaitement apporter leur contribution si elles agissaient en conformité avec les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies, et si leurs relations avec l’ONU, en particulier avec le Conseil de sécurité, sont définies sur les bases du Chapitre VIII de la Charte. De bonnes perspectives pour développer des partenariats dans le domaine de maintien de la paix apparaissent à la lumière de l’établissement de capacités de maintien de la paix de l’Organisation du Traité de sécurité collective, a-t-il ainsi expliqué. Il a par ailleurs souligné la nécessité de poursuivre les efforts en vue d’améliorer la qualité de la formation du personnel sur le terrain.
Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a estimé que les opérations de maintien de la paix se sont révélées un outil important et très efficace du respect du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Les conflits en cours, a-t-elle dit, ont montré la nécessité impérieuse de renforcer l’autorité des Nations Unies et du Conseil de sécurité dans ce domaine. Il faut donc renforcer les capacités des Nations Unies en matière de maintien de la paix, mais en respectant les principes de base des Nations Unies et des opérations de maintien de la paix, a ajouté Mme Aitimova, qui a jugé extrêmement importante l’élaboration de la doctrine des opérations de maintien de la paix.
Les opérations de maintien de la paix ont évolué pour répondre à la nature changeante des conflits et sont devenues plus complexes, a constaté Mme Aitimova. La demande d’opérations de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies a connu une hausse sensible, a-t-elle fait remarquer, tout en ajoutant que le nombre de pays fournisseurs de contingents augmente peu. Tout en se félicitant de l’amélioration de l’efficacité des opérations de maintien de la paix et des efforts pour maintenir une unité de commandement, elle a demandé que ces opérations soient dotées de mandats clairement définis et basés sur une évaluation réaliste de la situation. Il est important que les organisations et accords régionaux contribuent à la paix et la sécurité internationales sur la base du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, a déclaré la représentante, qui a assuré que le Kazakhstan appuyait pleinement les efforts tendant à développer de tels partenariats plus étroits.
M. IBRAHIM JAMAL (Bangladesh) a dit apprécier les efforts fournis par le Secrétariat en vue de procéder à des réformes, de développer des doctrines, d’effectuer des recrutements et de développer des plans logistiques d’appui aux missions, afin de soutenir les activités opérationnelles du Département des opérations de maintien de la paix. Le représentant a dit défendre l’idée d’un dialogue fréquent et constant avec le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat. Il a réitéré la position de son pays en faveur d’opérations de maintien de la paix qui respectent les objectifs et les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies. Ces principes fondamentaux doivent être scrupuleusement observés, a-t-il dit.
Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de combler les vacances de postes provoquées par la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions, le plus rapidement possible, et de la manière la plus transparente. Il a ainsi rappelé que son pays fournissait environ 10% du total des Casques bleus dans les missions de maintien de la paix depuis plus d’une décennie, et qu’il était aussi actuellement le plus important contributeur de contingents de police. Il a ainsi proposé que le Bangladesh devienne l’un des chefs de file des pays fournisseurs de contingents, espérant une présence proportionnelle et juste de ses nationaux parmi les effectifs, en particulier aux postes de prise de décisions au DOMP, au DAM et sur le terrain. Il a également exprimé la forte position de son pays à l’égard des normes de discipline. Il a précisé que tous les cas connus de mauvaise conduite avaient jusqu’ici été réglés par son pays. Le succès des opérations de maintien de la paix repose sur leur image et l’acceptation spontanée des personnels de l’ONU par la population locale, a—t-il estimé.
M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a souligné que le contexte des opérations de maintien de la paix devient de plus en plus complexe et dangereux, et que les Casques bleus sont souvent appelés à assumer des tâches plus lourdes. Le succès de ces opérations passe, a-t-il souligné, par le strict respect des dispositions de la Charte des Nations Unies, l’accord des parties, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et l’impartialité, ainsi que par le respect des principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.
Constatant l’écart croissant entre la demande et la diversification des mandats des opérations de maintien de la paix d’une part, et les ressources disponibles d’autre part, le Viet Nam appuie pleinement les efforts déployés en vue d’améliorer l’efficacité et l’impact de ces opérations. Toute initiative s’inscrivant dans ce cadre devrait aller dans le sens de l’unité de commandement, l’intégration des efforts, ainsi que la sécurité du personnel de l’ONU, a-t-il ajouté. Rappelant que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est le seul organe des Nations Unies chargé de l’évaluation globale de la question de maintien de la paix, M. Hoang Chi Trung a souhaité voir plus d’interaction entre le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, les autres organes des Nations Unies, les États Membres, les organisations régionales et les pays contributeurs de troupes. Il a également souhaité que ce Comité prenne mieux en compte leurs suggestions et préoccupations. Ajoutant que les opérations de maintien de la paix ne sauraient être la panacée aux problèmes de la paix et de la sécurité internationales, ni se substituer au processus politique local qui devrait être renforcé par des efforts de réconciliation nationale, le représentant a également souligné que l’objectif principal d’une opération de maintien de la paix n’est pas la reconstruction du pays hôte, rappelant qu’il existe d’autres organes qui devraient s’acquitter plus efficacement de cette tâche. Il a fait remarquer que sans s’attaquer aux causes profondes d’un conflit, il n’est pas possible de parvenir à une paix durable. Cela suppose que toutes les parties concernées doivent participer au processus de réconciliation, a-t-il ajouté.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a estimé que la croissance permanente de la demande pour de nouvelles opérations de maintien de la paix ou l’élargissement de celles existantes, ainsi que le fait que le système atteint les limites de ses capacités, surtout dans un conseil économique et financier incertain, représentent les défis principaux auxquels il faut aujourd’hui faire face.
Le représentant a estimé qu’il faudrait renforcer les actions préventives. Le Conseil de sécurité doit établir des mandats clairs, crédibles et réalisables aux opérations de maintien de la paix, ce qui suppose, a-t-il dit, un renforcement de la coopération entre le Conseil et les États Membres dès la phase de préparation ou d’élargissement d’une mission. Il a souhaité un déploiement rapide des forces de maintien de la paix et la mise en place d’une stratégie de soutien logistique aux opérations de maintien de la paix lancées sous mandat onusien.
Le représentant a plaidé en faveur d’une allocation de ressources suffisantes aux opérations de maintien de la paix, estimant qu’il faut en priorité assurer un financement prévisible, flexible et durable tant pour les organisations mandatées par le Conseil de sécurité que pour celles placées sous la responsabilité d’organisations régionales. Il a salué en ce sens le « rapport Prodi » sur le soutien des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine. Il a souhaité une réforme et une adaptation des pratiques et procédures au sein du Secrétariat, et a demandé qu’on réfléchisse à un programme d’entraînement et de formation adapté à la nature multidimensionnelle des tâches. Il a demandé que soit identifiées les capacités de consolidation de la paix dès le début de la phase de maintien de la paix, voire avant cette phase.
M. Benmehidi a demandé qu’on assure une meilleure complémentarité entre l’ONU et les organisations régionales, dont il a jugé vitale la contribution pour la réalisation des objectifs des opérations de maintien de la paix. Il doit être entendu que leur vocation est d’agir en soutien et en complémentarité de l’action des Nations Unies, a-t-il précisé. Il a enfin souhaité que le maintien de la paix ne détourne pas les efforts de la communauté internationale en faveur du développement.
Mme JOYCE C. KAFANABO (République-Unie de Tanzanie) a souligné que son pays avait toujours cru dans le règlement pacifique des conflits, tel que stipulé dans la Charte des Nations Unies. Les 60 années d’opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont démontré l’importance des efforts multilatéraux et de la nécessité, en particulier, de partenariats avec les organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité. La représentante a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer les capacités africaines en matière de maintien de la paix, et notamment, a-t-elle précisé, grâce à la mise en œuvre du plan décennal sur les capacités de l’Union africaine. Il convient, a-t-elle ajouté, de se concentrer sur le long terme pour permettre à l’Union africaine de se doter d’une capacité permanente, a-t-elle dit, faisant état en particulier du processus actuel visant à créer une force africaine en attente, avec une capacité de déploiement de 75 000 hommes d’ici à 2010. La représentante s’est par ailleurs félicitée des efforts entrepris actuellement par le Secrétariat des Nations Unies en vue de restructurer le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions. Elle a néanmoins plaidé en faveur de la mise en œuvre d’une représentation géographique plus équilibrée, y compris pour les postes de responsabilités.
M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a rappelé que son pays participait à diverses opérations de maintien de la paix de l’ONU, mais aussi à des opérations de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), ou encore de l’Union européenne, et a rappelé qu’il avait fourni 257 officiers de police dans différentes opérations de maintien de la paix. De ce fait, a-t-il affirmé, la Turquie connaît bien les difficultés des opérations de maintien de la paix, dont il faut renforcer l’efficacité par une meilleure préparation, planification, évaluation et surveillance. En ce sens, la Turquie encourage l’initiative franco-britannique présentée, le mois dernier, au Conseil de sécurité.
Les difficultés économiques actuelles signifient que les contraintes vont augmenter dans les années à venir, a estimé le représentant. Pour éviter les doubles emplois et renforcer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, les Nations Unies devraient renforcer des arrangements efficaces avec diverses organisations régionales comme l’Union européenne, l’Union africaine ou l’OTAN, a-t-il estimé. Le représentant s’est félicité des recommandations du Secrétaire général sur les moyens de renforcer la coopération avec l’Union africaine et de renforcer les opérations de maintien de la paix de cette organisation. Les Nations Unies devraient aussi s’efforcer d’utiliser plus efficacement les moyens en cours, et il a suggéré de réduire les effectifs des forces dans les missions où la sécurité est bien assurée afin de renforcer celles où la situation est plus tendue.
M. Çorman a souhaité un renforcement de la coopération entre tous les partenaires intéressés par les opérations de maintien de la paix, et notamment entre le Conseil de sécurité, qui décide des opérations, et les pays fournisseurs de contingents exposés sur le terrain. Il a regretté que de nombreux pays fournisseurs de contingents, y compris la Turquie, ne soient pas représentés au sein des départements concernés du Secrétariat, par exemple dans les services de planification.
M. NOPADON MUNGKALATON (Thaïlande) a fait remarquer que, d’un point de vue stratégique, les opérations de maintien de la paix étaient confrontées à des problèmes de mandats trop étendus et de la réduction des ressources du fait de la crise économique et financière mondiale, alors même qu’elles sont déployées dans des situations de conflit de plus en plus complexes et dangereuses. Il a également constaté que ces opérations sont souvent déployées dans des situations où, de fait, il n’y a pas de paix à maintenir, soit parce qu’il n’existe pas d’accord de paix effectif, soit parce qu’il y a un manque de volonté politique de la part des parties prenantes à respecter un tel accord. Compte tenu de ce constat, la Thaïlande demande au Comité spécial des opérations de maintien de la paix de se pencher sur ces problèmes d’ordre stratégique, et d’en tenir compte dans le cadre de son évaluation du processus de maintien de la paix. Elle encourage les Nations Unies à renforcer sa coopération avec les organisations régionales, en vue d’établir des partenariats stratégiques dans les domaines de la prévention et du règlement des conflits, de la consolidation de la paix et de la reconstruction postconflit. Le succès des opérations pluridimensionnelles de maintien de la paix passe par une stratégie commune claire qui permette de guider les efforts des partenaires externes et des équipes de pays des Nations Unies, a affirmé M. Mungkalaton, ajoutant que l’efficacité de ces opérations est renforcée par le système d’activité intégré qui permet la coopération, la coordination et la consultation entre toutes les parties prenantes.
M. MASON F. SMITH (Fidji) a réitéré l’appui de son pays aux travaux du Comité spécial de maintien de la paix qui, a-t-il souligné, demeure l’organe principal des Nations Unies ayant mandat pour examiner la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. À l’instar d’autres intervenants, il a estimé que l’état actuel des opérations de maintien de la paix avait mis en lumière l’écart entre le mandat, les ressources humaines et le matériel à leur disposition. Cet écart continue de s’élargir avec l’augmentation du nombre des opérations de maintien de la paix à travers le monde. La recherche des ressources à mettre à la disposition de la MINUAD illustre bien cette situation, a indiqué le représentant de Fidji. Les Nations Unies sont arrivées à leur limite, a-t-il estimé, faisant remarquer qu’à moins que les pays du Nord ne fournissent des ressources et des équipements, elles devront revoir à la baisse les mandats de leurs opérations de maintien de la paix, et leurs attentes ». Sa délégation a-t-il déclaré, appelle à plus de concertation entre les Nations Unies et les États Membres lors de la planification et du déploiement des missions de la paix.
Le représentant de Fidji a par ailleurs expliqué que pour son pays, la politique contenue dans le document dit « Autorité, commandement et contrôle dans les opérations multidimensionnelles de maintien de la paix des Nations Unies » s’appliquait uniquement aux opérations de maintien de la paix ayant été autorisées par le Conseil de sécurité, fonctionnant sous la direction du Secrétaire général des Nations Unies et sous l’autorité du Département des opérations du maintien de la paix, et dirigées chacune sur le terrain par un chef de mission civil ou par un représentant spécial du Secrétaire général. Il a également souhaité certaines clarifications concernant ce document lors de sa révision, prévue en mars 2009.
Concernant la question de la protection des civils dans le cadre des mandats des missions de paix, M. Smith a souhaité avoir une claire définition de la notion de « protection de civils sous la menace imminente de violence physique », ainsi qu’un éclaircissement sur les contraintes auxquelles font face les missions de la paix sur le terrain. Faisant remarquer que la formation à la prévention au VIH/sida et autres maladies connexes est un énorme défi à relever, le représentant de Fidji a souligné la nécessité pour les acteurs impliqués dans ce domaine de procéder à un partage des enseignements et expériences. Il a conclu sa déclaration en se félicitant de l’initiative prise par la Division de la police de conduire une revue stratégique des opérations de police des Nations Unies, de façon holistique et en évaluant les besoins d’effectifs actuels et futurs de la police des Nations Unies, y compris le recrutement, le maintien des spécialistes de haute qualité et le renforcement des liens avec les systèmes judicaires, juridiques et pénitentiaires.
Mme GRACE WAMBUI CERERE (Kenya) a indiqué que son pays soutenait fermement l’approche multilatérale du règlement des conflits et réitérait son engagement à appuyer les organisations régionales, en particulier l’Union africaine. Le Kenya, a-t-elle dit, encourage le renforcement de partenariats entre l’Union africaine et les Nations Unies dans le domaine de la coopération politique et technique. De même, le Kenya soutient-il les efforts fournis en faveur du renforcement des capacités de maintien de la paix de l’Union africaine par le biais du plan décennal pour la création d’une capacité avec l’Union africaine. En raison de la multiplicité des parties prenantes impliquées directement ou indirectement dans la capacité de maintien de la paix de l’Union africaine, il convient, a-t-elle estimé, de développer une coordination cohérente et efficace incluant la participation de donateurs.
Par ailleurs, la représentante s’est dite préoccupée par le fait que son pays, qui a toujours contribué aux opérations de maintien de la paix, n’était pas représenté à sa juste valeur dans les différents niveaux de responsabilité et de prise de décisions au sein du système des Nations Unies. Elle a ainsi demandé à ce que le Kenya fasse l’objet de plus d’attention lors du pourvoi des postes vacants, en particulier au Bureau des affaires militaires. En outre, la représentante a mis l’accent sur la nécessité et l’urgence de respecter pleinement les normes des Nations Unies en matière de conduite et de discipline. La question de l’exploitation et des abus sexuels dans les missions de maintien de la paix demeure une grave source d’inquiétude, a-t-elle déclaré, soutenant à cet égard les résolutions 1325 (2000) et 1820 (2008) du Conseil de sécurité.
M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a jugé nécessaire d’accorder une attention accrue aux efforts visant la prévention des conflits. Une telle démarche est recommandable pour maintes bonnes raisons, la plus évidente, a-t-il précisé, étant que de tout temps la prévention coûte moins cher que le règlement. Il a, à cet égard, souligné l’importance de promouvoir le renforcement des structures régionales opérationnelles. Leurs interventions sont souvent plus promptes et mieux adaptées que les opérations de maintien de la paix, a-t-il ajouté, notant qu’elles permettaient aussi de circonscrire les crises et de les rendre moins éprouvantes en termes de souffrances et de pertes de vies humaines pour les pays pauvres et moins avancés.
Le représentant a également recommandé que les forces de maintien de la paix de l’ONU soient conçues et déployées avec des capacités de réserve et de mobilité adéquates pour pouvoir faire face aux contingences du terrain, surtout lorsqu’il s’agit d’assurer la protection des civils et de contenir des situations explosives aux conséquences prévisibles. Il a en outre estimé important de s’attaquer résolument à l’élimination des causes profondes des conflits en faisant jouer l’autorité de la communauté internationale dans la mise en œuvre des mesures convenues par les parties. Une telle approche requiert, a-t-il dit, le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et l’Assemblée générale, en tirant pleinement profit des possibilités qu’offre la Commission de consolidation de la paix.
M. ALESSANDRO MOTTER, Observateur de l’Union parlementaire (UIP), a affirmé que son organisation œuvrait pour sensibiliser les parlementaires et les opinions publiques nationales sur les discussions qui ont lieu tant au Conseil de sécurité qu’au Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Il a rappelé le rôle des parlements nationaux dans les opérations de maintien de la paix, précisant que ce sont eux qui approuvent les envois de forces dans des opérations de maintien de la paix et les crédits à cette fin. Les parlements nationaux peuvent donc contribuer aux opérations de paix, a-t-il affirmé. M. Motter a rappelé qu’en novembre 2008, une réunion ONU-UPI sur cette question avait rassemblé plus de 200 parlementaires de 60 pays à New York. Il a encouragé les parlements à s’engager davantage sur les aspects conceptuels et opérationnels de maintien de la paix.
Documentation
Rapport du Groupe d’experts Union Africaine-ONU sur les modalités d’appui des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine (A/63/666–S/2008/813)
Le Groupe d’experts a été constitué le 12 septembre 2008, à la suite de la résolution 1809 (2008) du Conseil de sécurité concernant la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales qui accueillait favorablement une proposition du Secrétaire général tendant à charger un groupe d’experts Union africaine-ONU d’examiner de manière approfondie les modalités d’appui aux opérations de maintien de la paix sous mandat des Nations Unies. Le rapport analyse la relation stratégique entre l’ONU et l’Union africaine, et fait un certain nombre de recommandations pour renforcer les liens entre les deux organisations et leur permettre de coopérer plus efficacement.
Le Groupe d’experts rappelle qu’en matière de maintien de la paix, c’est l’Afrique qui a les besoins les plus importants, mais aussi le plus de difficultés à mobiliser des moyens à la hauteur de sa volonté d’agir. Il en conclut que la solution la plus rationnelle pour la communauté internationale est de mettre en place un dispositif d’appui au maintien de la paix en Afrique, sans vouloir nécessairement le généraliser ou en faire un précédent applicable à d’autres régions.
Afin de rendre plus prévisible, plus durable et plus souple le financement des opérations de maintien de la paix entreprises par l’Union africaine sous mandat des Nations Unies, le Groupe d’experts recommande de créer deux nouveaux mécanismes de financement. Le premier permettrait de financer des opérations de maintien de la paix spécifiques à l’aide de contributions mises en recouvrement par l’ONU. Cet appui serait décidé au cas par cas, pour une période ne dépassant pas six mois, pour des opérations de maintien de la paix menées par l’Union africaine et autorisées par le Conseil de sécurité. Il serait versé principalement, dans un premier temps du moins, en nature. Le deuxième mécanisme, un fonds d’affectation spéciale « multidonateurs », alimenté par des contributions volontaires, servirait à financer, d’une manière plus générale, le renforcement des capacités de prévention et de règlement des conflits et le renforcement des institutions. Il serait conçu de manière à attirer les donateurs existants et de nouveaux donateurs, et serait à terme pris en main par l’Afrique.
Le Groupe d’experts recommande aussi que l’Union africaine envisage de mettre en place ses propres capacités logistiques et de recourir à de nouvelles modalités comme les marchés conclus avec des prestataires capables de fournir des services d’appui logistique diversifiés. Enfin, le Groupe d’experts recommande de créer un groupe de travail Union africaine-ONU qui serait chargé d’étudier en détail les mesures à prendre pour mettre en œuvre ses recommandations.
Informations de base
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a été établi par la résolution 2006 (XIX) de l’Assemblée générale, le 18 février 1965. Le Comité spécial a reçu pour mandat d’entreprendre une étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Il rend compte de ses travaux à l’Assemblée générale par l’intermédiaire de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission). Les États membres qui font partie du Comité spécial sont au nombre de 100, pour la plupart des anciens ou actuels contributeurs en personnel aux opérations de maintien de la paix. D’autres États membres et organisations participent également aux travaux du Comité spécial en tant qu’observateurs.
Dans le cadre de la présente session, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est saisi de plusieurs rapports. Outre le rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Comité spécial déjà mentionné, il est saisi du rapport du Groupe d’experts Union africaine-ONU sur les modalités d’appui des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine**, et d’un rapport du Groupe de travail informel sur l’amélioration des capacités de déploiement rapide***.
*** A/AC.121/2009/1
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