En cours au Siège de l'ONU

AG/PKO/200

LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ACHÈVE SON DÉBAT GÉNÉRAL

24/02/2009
Assemblée généraleAG/PKO/200
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial des opérations

de maintien de la paix

Session de fond de 2009                                    

208e & 209e séances – matin & après-midi


LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ACHÈVE SON DÉBAT GÉNÉRAL


En dépit des succès, plusieurs États Membres s’interrogent sur la pertinence des buts et principes des opérations de maintien de la paix


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a achevé aujourd’hui le débat général qu’il a entamé hier, à l’ouverture de sa session de fond de 2009.  Ce débat a été l’occasion pour certains pays de rappeler que les missions de maintien de la paix, même si elles se révèlent un outil performant, ne constituent pas pour autant une panacée ou un objectif en soi.


Le représentant de l’Afrique du Sud s’est ainsi demandé si les principes des opérations de maintien de la paix étaient toujours pertinents ou s’ils servaient plutôt d’excuse pour éviter toute action.  « Nous devons nous poser cette question difficile, a-t-il dit: sommes-nous suffisamment équipés et avons-nous la volonté politique de contribuer à régler ces conflits? »


« Il ne peut y avoir de déploiement de ces opérations en l’absence d’un processus de paix crédible », reposant sur des résultats déjà acquis et une « évaluation honnête », par le Conseil de sécurité, des efforts de paix entrepris avant le déploiement, a estimé son homologue de la Suisse.


Les délégués de la République islamique d’Iran, de la République arabe syrienne, de Cuba ou de la Tunisie ont, pour leur part, fait observer que les Nations Unies devraient toujours garder à l’esprit que leurs opérations de maintien de la paix ne seraient pas fructueuses si l’on n’abordait pas de façon précise les causes profondes des conflits.  « Les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas se substituer à une solution réelle des conflits, elles ne constituent qu’une solution transitoire en attendant la solution définitive », a précisé le représentant de la République arabe syrienne.


« La ligne entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix est de plus en plus floue, compliquant ainsi le travail des Casques bleus », a noté le délégué du Rwanda.  Le représentant a ainsi plaidé en faveur de la création d’un « mécanisme clair » qui établirait « une stratégie de sortie pour les agents de la paix et une transition vers la consolidation de la paix ».


Son homologue du Népal a proposé de « revoir le processus de planification des missions » afin que celles-ci puissent être déployées « dans les délais et avec des mandats clairs et réalistes ».  Des pays contributeurs de contingents, comme le sien, sont prêts à fournir les troupes additionnelles nécessaires, mais manquent de matériel et d’équipement adéquats, a ajouté le représentant du Népal, suggérant la mise en place d’un « pool d’équipement » à la disposition de l’ONU pour un déploiement rapide.


Premier pays fournisseur de contingents aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies depuis 2003, comme l’a rappelé son représentant, le Pakistan assure chercher aussi à « promouvoir la prévention des conflits, traiter de leurs causes profondes et contribuer à la consolidation de la paix postconflit », autant de « composantes essentielles de la stratégie en vue d’une paix durable et de la stabilité ».  Toutefois, a jugé le délégué du Pakistan, « les institutions et les outils ne suffisent pas pour parvenir à des résultats », et les États Membres doivent « faire preuve d’une plus grande volonté politique, œuvrer en faveur d’un plus large consensus sur les objectifs à atteindre et établir une véritable coopération ». 


Pour le Costa Rica, un des aspects les plus complexes de la mise en œuvre des mandats des opérations de maintien de la paix est la protection des civils, une question abordée depuis maintenant 10 ans par le Conseil de sécurité dans ses résolutions.  Son représentant s’est ainsi associé à la déclaration faite hier par le Mexique, au nom du Groupe de Rio, soulignant la nécessité pour le Comité spécial de traiter de toutes les questions opérationnelles des mandats des opérations de maintien de la paix, y compris les aspects liés à la protection.  Il a déclaré attendre avec intérêt les résultats de l’étude conjointe actuellement menée par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur la mise en œuvre du mandat de protection des civils.


Le Burkina Faso, la République arabe syrienne, la République islamique d’Iran ou le Soudan ont également mis l’accent sur la nécessité pour toutes les opérations de maintien de la paix de respecter rigoureusement les principes du maintien de la paix, à savoir le consentement préalable de l’État hôte, le non-recours à la force à l’exception des cas de légitime défense et l’impartialité.


Par ailleurs, plusieurs pays, comme l’Inde, les Philippines, l’Afrique du Sud, Israël ou El Salvador ont insisté sur la nécessité d’augmenter le nombre de femmes aux postes des différentes composantes des opérations de la paix. 


Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Honduras, Jamaïque, Ukraine, États-Unis, Norvège, Kirghizistan, République de Corée, Liban, Singapour, Japon, Éthiopie, Bolivie, Pérou, Uruguay et République populaire démocratique de Corée (RPDC).


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix tiendra sa prochaine séance plénière à une date qui sera annoncée dans le Journal des Nations Unies. 



Débat général (suite)


M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a déclaré que les opérations de maintien de la paix jouent un rôle vital dans la réduction des tensions et contribuent à la création d’un climat propice à la consolidation de la paix.  Il a rappelé que la première opération de maintien de la paix avait eu lieu au Moyen-Orient, en 1948.  Les Nations Unies continuent, aujourd’hui encore, de jouer leur rôle dans cette région du monde, a-t-il ajouté, saluant notamment les forces qui travaillent à éliminer les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions dans le Sud-Liban.  Notant que les mandats des opérations de maintien de la paix sont plus diversifiés que jamais, M. Taleb a insisté pour que ces opérations s’en tiennent strictement au mandat défini dans la résolution qui les crée.  Ces mandats, a-t-il ajouté, doivent être réalistes.  Ils doivent aussi respecter la souveraineté des États, leur intégrité territoriale et leur indépendance politique, ce qui suppose le consentement préalable des États hôtes pour les missions.  Il a qualifié de fondamentaux les principes de consentement des parties, de non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et d’impartialité. 


L’augmentation du nombre des opérations ou leur réduction ne signifie aucunement une modification de ces principes historiques qu’il faut préserver.  En tout état de cause, l’évolution de ces concepts devrait se faire passer par un dialogue intergouvernemental dans le cadre de l’Assemblée générale, a affirmé le représentant.  Le fait de compter sur des sociétés de sécurité privées pour protéger les sièges des Nations Unies risque de porter atteinte aux principes des Nations Unies et d’altérer le message de paix des opérations de maintien de la paix, a estimé M. Taleb.  Les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas se substituer à une solution réelle des conflits, elles ne constituent qu’une solution transitoire en attendant la solution définitive, a affirmé M. Taleb.  Il faut donc traiter réellement les causes profondes des conflits, a-t-il ajouté, estimant que l’augmentation constante des opérations de maintien de la paix devrait pousser le Comité spécial à réfléchir aux questions de maintien de la paix et à leurs implications politiques.  Il a estimé qu’il faudrait renforcer les mécanismes des opérations entre les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat et le Conseil de sécurité, ainsi qu’une plus grande transparence dans le dialogue.


M. MADHU RAMAN ACHARYA (Népal) a noté que de nombreuses opérations de maintien de la paix sont actuellement déployées dans des régions/pays où il y a peu d’espoir de parvenir à une paix durable.  Le nombre des victimes civiles et celui des personnes déplacées ne cessent d’augmenter, a-t-il ajouté, tout en faisant remarquer que la protection des civils fait désormais partie des mandats de ces opérations.  Il a également déploré que le déploiement de nouvelles missions reste un processus long et compliqué, comme l’illustre, a-t-il dit, le manque d’effectifs en République démocratique du Congo, au Tchad et au Darfour.  Cela remet en question la mise en œuvre effective des mandats de telles missions, a-t-il affirmé.  Fort de ce constat, il a invité les États Membres à réfléchir au-delà de la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions, du programme « Opérations de paix 2010 » et du rapport Brahimi.  Réaffirmant le soutien du Népal à l’étude « Nouveaux Horizons », il a souhaité cependant que la réflexion ne se limite pas à ce qui reste à faire dans la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi, mais qu’elle porte aussi sur les moyens de relever les nouveaux défis dans leur ensemble. 


Définir les nouveaux paramètres et les nouvelles normes de la doctrine de maintien de la paix suppose notamment une participation plus large des États Membres, une coopération triangulaire renforcée entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, coopération qui devrait être élargie à tous les membres de l’Assemblée générale, a poursuivi M. Acharya.  Il faut revoir le processus de planification des missions pour pouvoir les déployer dans les délais et avec des mandats clairs et réalistes, a-t-il poursuivi.  Soulignant que certains pays contributeurs de troupes, comme le Népal, sont prêts à fournir les troupes additionnelles nécessaires mais manquent de matériel et d’équipement adéquats, il a proposé qu’on mette en place un « pool d’équipement » à la disposition de l’ONU pour un déploiement rapide, afin de pallier à cette situation.  Même si la restructuration a permis d’améliorer l’efficacité du Département des opérations de maintien de la paix, M. Acharya a estimé qu’il faudrait en outre renforcer la coordination et la cohérence organisationnelle entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions pour ce qui est des aspects logistique et opérationnel.  L’utilité réelle des équipes opérationnelles intégrées reste également à prouver et le système de remboursement doit être amélioré, a-t-il poursuivi.  M. Acharya a réaffirmé la volonté de son pays de continuer à participer activement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, rappelant que le Népal est actuellement impliqué dans 12 missions sur 18, avec 3 900 Casques bleus sur le terrain.


M. ALFRED NDABARASA (Rwanda) a déclaré qu’au niveau politique, la volonté de créer un environnement propice au déploiement de Casques bleus manquait toujours.  Un appui politique solide aux opérations de maintien de la paix est nécessaire pour dissuader les menaces auxquelles se heurtent les agents de la paix, a-t-il dit.  Dans le domaine opérationnel, la ligne entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix est de plus en plus floue, a-t-il également souligné, notant que cet état de fait compliquait le travail des Casques bleus.  Le représentant a ainsi plaidé en faveur d’un mécanisme clair permettant d’établir une stratégie de sortie pour les agents de la paix et une transition vers la consolidation de la paix.  Le représentant a également affirmé que le Gouvernement du Rwanda s’était engagé à appuyer le maintien de la paix de l’ONU, en se fondant sur l’expérience traumatique qu’a connue le pays en 1994.  Il a précisé que le Rwanda participait actuellement à six missions de maintien de la paix en Afrique et maintiendrait ce niveau de contribution à la paix et à la sécurité internationales.


Mme ILEANA B. NÚÑEZ MORDOCHE (Cuba) a rappelé que les opérations de maintien de la paix sont non seulement de plus en plus nombreuses, mais aussi de plus en plus complexes.  Les défis sont plus nombreux.  Les Nations Unies doivent donc les créer dans le strict respect des principes fondamentaux de la Charte et de ceux des opérations de maintien de la paix, a-t-elle affirmé.  La création de nouvelles opérations de maintien de la paix ne peut être un objectif en soi et ne peut servir que de moyen transitoire pour préparer et faciliter un traitement des causes profondes des conflits, a-t-elle ajouté.  Face à cette évolution, le rôle du Comité spécial devient de plus en plus pertinent, a estimé Mme Núñez Mordoche, d’autant plus qu’il est le seul organe apte à traiter de la question.  Toute directive du Secrétariat concernant les opérations de maintien de la paix doit passer auparavant par un processus de négociation intergouvernemental, a ajouté la représentante.  Les opérations de maintien de la paix doivent en outre disposer de mandats réalistes et d’une stratégie de sortie claire.  Il faut établir un meilleur dialogue avec les pays fournisseurs de contingents, ce qui n’est pas le cas actuellement, a affirmé la représentante, qui a fait observer qu’actuellement, la majorité des principaux pays fournisseurs de contingents sont des pays en développement.


La représentante a regretté que le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du processus de restructuration des opérations de maintien de la paix n’ait pas encore été publié.  Elle a par ailleurs regretté que le rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Comité spécial des opérations de maintien de la paix utilise des termes non reconnus, parlant parfois « d’opérations de maintien de la paix » et parfois « d’opérations de paix ».  Elle a en outre réaffirmé que la principale responsabilité pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales repose sur les Nations Unies.  Les accords avec des organisations régionales doivent se faire en pleine conformité avec le Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, a-t-elle ajouté.


Mme CARMEN MARĺAGALLARDO HERNÁNDEZ (El Salvador) a souligné le rôle capital que joue, à ses yeux, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, seule instance où l’on peut discuter de cette activité importante des Nations Unies.  La représentante a souhaité qu’au sein du Comité se tiennent des débats en vue de renforcer les mandats à la base des opérations de maintien de la paix.  Si l’on veut relever les défis auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix, il est essentiel, a-t-elle dit, d’améliorer la coordination entre les différentes entités intéressées, à savoir le Secrétariat, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité.


La représentante a également recommandé la création d’un centre d’opérations conjoint.  Elle a par ailleurs plaidé en faveur de l’égalité entre les sexes, recommandant l’intégration de davantage de femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité de soutenir les victimes des abus sexuels, et a défendu la politique de tolérance zéro.  Il est important, a-t-elle estimé, de prendre des mesures pour prévenir les cas d’abus sexuels.  La représentante a enfin exprimé l’engagement politique de son pays qui souhaite poursuivre sa contribution au succès des opérations de maintien de la paix des Nations Unies grâce à ses forces armées et de police dans les missions.  


M. VENANCIO CERVANTES SUAZO (Honduras) a rappelé que les opérations de maintien de la paix représentent actuellement le principal instrument dont dispose l’ONU pour réinstaurer la paix dans des pays ravagés par la guerre.  C’est pourquoi, le Honduras a fourni des contingents depuis la création des premières opérations de maintien de la paix, continue de le faire et souhaite accroître sa participation dans ces opérations.  L’ONU doit tenir compte de l’expérience des troupes que son pays met à sa disposition, a-t-il insisté.  Le Honduras a signé aujourd’hui même un mémorandum d’accord avec les Nations Unies, a ajouté le représentant. 


M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque), soulignant le rôle important des organisations régionales pour ce qui est de la prévention des conflits, a appelé le Secrétariat à trouver des moyens pour renforcer leurs capacités en vue de mieux répondre aux différentes crises dans leurs régions respectives, grâce à la médiation, la négociation et autres mesures.  La restructuration de la Division de la police de l’ONU demeure, a-t-il estimé, une autre priorité.  Il faut fournir les moyens nécessaires à cette Division afin de faire face à la demande croissante des composantes « police » des missions sur le terrain.  L’impact de la crise financière mondiale sur la capacité des États Membre à s’acquitter de leurs obligations financières vis-à-vis de l’ONU, et en particulier du Département des opérations de maintien de la paix, risque d’entraver la bonne marche des opérations en cours et à venir, a-t-il poursuivi. 


Les Nations Unies doivent cependant continuer de jouer leur rôle clef dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, mais comment faire face à ce nouveau défi? s’est interrogé le représentant.  Le maintien de la paix n’est pas une entreprise statique, a fait remarquer M. Wolfe.  Il a voulu savoir si les nouvelles structures du DOMP ont réellement amélioré l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Quel a été l’impact du Département d’appui aux missions sur les plans opérationnel et stratégique?  Il est important de répondre à toutes ces questions et de faire une évaluation globale des activités de maintien de la paix avant de pouvoir s’engager dans une nouvelle réorganisation ou restructuration, a-t-il souligné avant de conclure. 


M. DANIEL CARMON (Israël) a souligné la nécessité d’évaluer de façon réaliste la situation sur le terrain et d’établir des priorités en tenant compte des ressources disponibles.  Affirmant que des risques graves pesaient contre le personnel des Nations Unies, il a indiqué que son pays condamnait vigoureusement les attaques récentes dont il a été victime.  Il a également jugé inacceptable la confiscation de biens matériels et d’équipements des missions et l’emploi à mauvais escient de l’emblème des Nations Unies.  Soulignant le rôle croissant de la composante de police dans les opérations de maintien de la paix, le représentant s’est félicité du rapport du Groupe d’experts qui met l’accent sur la nécessité de renforcer la capacité permanente de police.  Pour relever les défis, notamment celui des interventions plus rapides pour répondre aux situations d’urgence, il faudrait revoir les moyens qu’on applique actuellement pour renforcer cette capacité, a-t-il affirmé. 


Il a par ailleurs défendu la politique de tolérance zéro à l’égard des auteurs d’abus et d’exploitation sexuels.  De même, il a mis l’accent sur la nécessité d’incorporer la composante sexospécifique dans les opérations de maintien de la paix.  Le représentant a exprimé l’appréciation de son pays face au travail accompli par la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui œuvre, a-t-il dit, avec un mandat plus robuste depuis la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité.  Il a félicité les pays qui y ont contribué avec dévouement.  Il a toutefois dit sa préoccupation face à la situation le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban, le Hezbollah continuant, a-t-il précisé, de s’organiser, de se réarmer, en violation flagrante de la résolution 1701.  De même, les actions du Hezbollah constituent un défi de longue date à la FINUL, a-t-il estimé.  Le représentant s’est en outre félicité des efforts fournis depuis 1974 par la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD).


M. ABDULLAH HUSSEIN HAROON (Pakistan) a rappelé que son pays avait, depuis 2003, toujours été le premier pays fournisseur de contingents aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et que ses contingents militaires et de police atteignent actuellement plus de 11 000 personnes dans 13 missions.  Le Pakistan a aussi accueilli une des premières opérations de maintien de la paix -le Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies en Inde et au Pakistan (GOMNUIP)- et plus de 100 Pakistanais sont morts alors qu’ils servaient comme Casques bleus, a-t-il ajouté.  S’il a une grande expérience des opérations de maintien de la paix, le Pakistan œuvre aussi pour promouvoir la prévention des conflits, traiter de leurs causes profondes et contribuer à la consolidation de la paix postconflit, qui sont des composantes essentielles de la stratégie en vue d’une paix durable et de la stabilité, a rappelé M. Haroon.  Toutefois, les institutions et les outils ne suffisent pas pour parvenir à des résultats, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi les États Membres doivent faire preuve d’une plus grande volonté politique, œuvrer en faveur d’un plus large consensus sur les objectifs à atteindre et établir une véritable coopération.  En même temps, il a demandé le plein respect de la Charte de l’ONU et des principes contenus dans les mandats des opérations de maintien de la paix.  Il faut aussi comprendre la nature changeante des conflits et savoir s’y adapter, a-t-il ajouté. 


Le maintien de la paix est une des plus grandes entreprises des Nations Unies, a affirmé le représentant, qui a rappelé que les Nations Unies dépendaient du partenariat des États Membres.  Il faut aussi une grande coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.  Le cas échéant, il est très important d’établir un partenariat avec les organisations régionales.  Aucun organe et aucun pays ne peut s’approprier le monopole de l’élaboration des politiques, a estimé le représentant, qui a appelé à l’adoption d’une approche plus inclusive.  Il a estimé que le Comité spécial est la meilleure instance pour discuter de ces questions, et a souhaité que le rapport du Secrétaire général soit plus substantiel.  Il a estimé qu’il faudrait réexaminer le concept des missions intégrées, estimant qu’une trop grande intégration pouvait aussi être source de complications.  M. Haroon a rappelé que son pays considère que le Bureau des affaires militaires du Secrétariat ne dispose pas de ressources adéquates.  Il a estimé que les Nations Unies devraient s’assurer que les opérations de maintien de la paix soient dotées de ressources adéquates.  En tant que pays fournisseur de contingents, le Pakistan est opposé à toute différenciation entre les missions en termes de structures opérationnelles ou mécanismes de commandement et de contrôle, a indiqué son représentant.  Les pays fournisseurs de contingents, a-t-il dit, doivent être pris en compte dans les structures pertinentes du Secrétariat.  Il a souhaité que sur la base des expériences passées, le Secrétariat réexamine le concept de mission hybride, y compris en terme d’efficacité.  Il a également souhaité une interaction plus étroite entre le Comité spécial et la Commission de consolidation de la paix.


M. JOSÉ J.P. MORALES (Philippines), s’associant à la déclaration faite hier par le Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que les opérations de maintien de la paix avaient évolué, passant de leur rôle traditionnel d’interposition entre les belligérants, à celui de soutien à la reconstruction de sociétés postconflit.  Le délégué a ensuite estimé que si les États Membres croyaient en la capacité des Nations Unies à jouer le rôle premier dans le maintien de la paix et de la sécurité dans les États où sévissent des conflits, nombre d’entre eux devraient s’engager dans ce processus.  « La responsabilité de contribuer aux troupes ne devrait pas incomber à une poignée d’États, particulièrement les pays en développement, mais plutôt à l’ensemble des pays, et surtout les pays développés », a-t-il soutenu.


Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays partageait la nécessité de procéder à la mise à jour des politiques et structures qui encadrent les opérations de maintien de la paix, en prenant en compte l’évolution des mandats des missions et les diverses dimensions de ces opérations.  Son pays a-t-il poursuivi, accueille avec satisfaction, l’étude « Nouveaux horizons » du Département des opérations de maintien de la paix, mais estime que celle-ci ne doit en aucune manière remplacer le Programme « Opérations de paix 2010 ».  Faisant référence au Bureau des affaires militaires, il a fait part de la reconnaissance de son pays pour le recrutement de deux officiers philippins dans cette entité, tout en souhaitant voir aussi des ressortissants des Philippines intégrer la Division de la police de l’ONU, compte tenu de la contribution de son pays aux opérations de maintien de la paix.  De même, M. Morales a souligné la nécessité d’augmenter le nombre de femmes aux postes des différentes composantes des opérations de la paix.  Il a conclu en réaffirmant l’attachement de son pays à la protection et à la sécurité des soldats de la paix.  À ce sujet, il a indiqué que les Philippines estiment qu’il est inacceptable de perdre des soldats de la paix en raison de l’incompétence et de la négligence de la personne sensée assurer leur protection et celle d’autres soldats de la paix. 


M. VASYL MARMAZOV (Ukraine), s’associant à la déclaration faite hier par la République tchèque, au nom de l’Union européenne, s’est félicité des progrès significatifs accomplis dans le cadre de la reforme des opérations de maintien de la paix, ces dernières années.  « Grâce aux efforts communs déployés par les États Membres et le Secrétariat des Nations Unies, nous assistons au renforcement des potentialités des opérations de maintien de la paix, à travers la réforme des structures au sein du Secrétariat et l’élaboration de nouvelles approches », a-t- il dit.  Il a en outre estimé que toutes les initiatives visant cette réforme doivent être prises en conformité avec la Chatre des Nations, le droit international, et placées sous la responsabilité du Conseil de sécurité.  Par ailleurs, prenant en compte la création d’une équipe opérationnelle intégrée, le délégué de l’Ukraine a dit attendre la mise en place de ce concept, y compris une meilleure communication avec les États Membres.


M. Marmazov a reconnu le rôle croissant de la police dans les opérations de maintien de la paix, et a fait part du soutien de son pays à la Division de la police de l’ONU.  Il a également partagé les inquiétudes de certains États Membres concernant l’absence de transparence et la lourdeur bureaucratique constatées dans le cadre des procédures de recrutement pour les vacances de postes au sein des Départements des opérations de maintien de la paix et d’appui aux missions.  « Pour s’acquitter de cette tâche importante et sensible, la priorité doit être donnée à un personnel hautement qualifié, bien formé, expérimenté et provenant des pays contributeurs de troupes », a souligné M. Marmazov.  Le représentant de l’Ukraine s’est montré également inquiet de l’augmentation des menaces à l’encontre du personnel des opérations de maintien de la paix, du personnel associé et du personnel humanitaire.  À cet égard, il a estimé que la protection de ces personnels devrait être l’élément central de toutes les opérations de maintien de la paix.


M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a affirmé que l’Organisation des Nations Unies, en tant qu’organe universel ayant la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, était l’entité internationale dotée du mandat et de la légitimité nécessaires pour répondre de manière efficace aux situations exigeant des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a estimé que les Nations Unies devraient toujours garder à l’esprit que leurs opérations ne seraient pas fructueuses si l’on n’abordait pas de façon précise les causes profondes des conflits.  Le représentant a estimé que toutes les opérations de maintien de la paix devaient être déployées avec l’autorisation des Nations Unies et sous leur direction, leur commandement et leur contrôle.  Afin de garantir le succès des missions de maintien de la paix, toutes les mesures devraient être prises pour établir une communication avec toutes les parties respectives, en particulier les pays contributeurs de troupes, afin de profiter au mieux de leur expérience et de leurs vues pour améliorer le travail des opérations de maintien de la paix. 


Les Nations Unies, guidées par la Charte, devraient toujours agir comme le principal organe international dans les situations de conflit ou postconflit, a-t-il déclaré.  Il a en outre mis l’accent sur la nécessité pour toutes les opérations de maintien de la paix de respecter rigoureusement les principes du maintien de la paix, à savoir l’assentiment des parties, le non-recours à la force à l’exception des cas de légitime défense et l’impartialité.  Il a, de même, défendu les principes d’égalité, de souveraineté, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale de tous les États et de non-ingérence.  Le représentant a enfin rappelé que l’Assemblée générale était l’organe principal des Nations Unies chargé de formuler des concepts, des politiques et des budgets liés aux opérations de maintien de la paix et d’examiner les impacts politiques, juridiques et financiers de ces nouvelles notions et idées.


M. PETER MAURER (Suisse) a rappelé que, si les opérations de maintien de la paix se révèlent un outil performant avec certains avantages comparatifs, elles ne constituent pas une panacée.  Il ne peut y avoir de déploiement de ces opérations en l’absence d’un processus de paix crédible, a-t-il estimé, ajoutant que cette crédibilité supposait que le processus ait porté des fruits préalablement au lancement d’une nouvelle mission.  À cet égard, il a souligné qu’il était nécessaire pour le Conseil de sécurité de faire une évaluation honnête des efforts de paix entrepris avant le déploiement, évaluation qui soit, en outre, basée sur une analyse précise des avantages comparatifs des autres parties du système.  En contrepartie, les institutions spécialisées, les fonds et programmes des Nations Unies concernés doivent se montrer ouverts et prêts à prendre en considération les impératifs posés par l’établissement d’une mission dans le respect de leur mandat respectif, a ajouté M. Maurer.  Il a également souhaité que les mandats des futures opérations de maintien de la paix contiennent des références claires aux questions de réforme du secteur de la sécurité. 


Il a été très difficile de discuter au sein de ce Comité spécial de la question de la protection des populations civiles en période de conflits armés, a déclaré M. Maurer.  Pourtant, a-t-il ajouté, il suffit d’examiner le mandat de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC) pour réaliser que cette protection est au cœur des activités de certaines opérations de maintien de la paix.  Or, dans bien de cas, le fossé entre des mandats exigeants et des moyens restreints a donné lieu à une mise en œuvre problématique sur le terrain, a-t-il ajouté.  Il a rappelé que la Suisse finance actuellement une étude du Département des opérations de maintien de la paix et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur cette question.


Favorable à une utilisation optimale des ressources disponibles, le représentant a apporté son soutien à l’idée des pôles d’appui susceptibles de fournir des services logistiques et administratifs à plusieurs missions.  Il a suggéré, dans le même sens, une régionalisation des ressources militaires coûteuses, comme la mise à disposition d’hélicoptères, ainsi qu’une meilleure utilisation des listes de personnel par les différentes missions.  Une utilisation optimale des ressources passe aussi par un renforcement du dialogue entre les différentes parties du système des Nations Unies, a ajouté le représentant.  Rappelant que le Conseil de sécurité avait commencé en janvier 2009 à traiter de la question, il a souhaité une valorisation de toutes les contributions aux opérations de maintien de la paix, à savoir les pays fournisseurs de contingents militaires ou de policiers et les principaux contributeurs financiers.  Il a enfin rappelé l’importance dans un tel dialogue du Comité spécial, seul forum intergouvernemental ouvert à un cercle élargi d’États Membres qui permette des discussions substantielles sur les opérations de maintien de la paix.  Il a souhaité que le Comité réfléchisse à la manière d’améliorer le dialogue avec divers organes décisionnels, et notamment la Cinquième Commission (chargée des questions administratives et budgétaires).


M. NOUFOU BEREMWOUDOUGOU (Burkina Faso) a rappelé qu’en tant qu’instruments de résolution et de gestion des conflits, les opérations de maintien de la paix ont permis à beaucoup de pays qui étaient en crise de retrouver le chemin de la paix, de la sécurité et du développement.  Toutefois, certaines opérations ont été des échecs, et il faut en tenir compte pour l’avenir, a-t-il ajouté.  La nature changeante des conflits dans plusieurs régions, ainsi que les activités variées prévues dans le cadre des mandats nécessitent pour la gestion des opérations de maintien de la paix une approche multidimensionnelle des Nations Unies, a ajouté le représentant, qui a salué les résultats déjà obtenus par la réforme et le programme « Opérations de paix 2010 ».  M. Kafando a rappelé que toutes les opérations de maintien de la paix doivent respecter la souveraineté des États, leur intégrité territoriale et leur indépendance politique, et être conduites avec le consentement du pays hôte dans un esprit de totale impartialité.  Il a rappelé que le Burkina Faso participe à de telles opérations depuis 1993, et renforcera prochainement sa contribution avec l’envoi de troupes au Darfour. 


Malheureusement, a-t-il ajouté, comme plusieurs pays, le Burkina Faso n’a pas toujours pu contribuer à la hauteur de ses ambitions, en raison d’un manque de moyens financiers et logistiques.  Les Nations Unies doivent résoudre cette question épineuse afin de permettre au plus grand nombre de participer à l’œuvre collective de recherche de la paix et de la sécurité, a-t-il affirmé.  Jugeant capital qu’on veille à la protection de civils, ainsi qu’à la sécurité du personnel des Nations Unies déployé, M. Kafando a demandé que les missions disposent d’un mandat clair et d’un équipement approprié.  Le représentant a estimé que la collaboration entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents doit toujours guider le travail de planification des Nations Unies, de même que l’implication des organisations régionales qui ont une meilleure connaissance des réalités locales.  Toutefois, il faut avant tout œuvrer à l’éradication des causes profondes des conflits et mettre l’accent sur la prévention et renforcer les capacités de médiation des Nations Unies, a-t-il ajouté.


Le représentant de la République dominicaine a pris la parole pour apporter une précision à une déclaration faite par un État Membre qu’il n’a pas cité.  L’événement de 1965 auquel il est fait allusion, a-t-il dit, fut une intervention unilatérale avalisée par la suite par l’Organisation des États américains (OEA).  Les Nations Unies n’ont jamais approuvé cette opération contre la souveraineté de la République dominicaine, a-t-il rappelé.


Mme SUSAN E. RICE (États-Unis) a rappelé que la transition d’une douzaine de pays d’Afrique vers la paix et le développement dépend fortement du succès des opérations de maintien de la paix qui y sont déployées, et a affirmé que « le renforcement des chances de succès de telles opérations figure parmi les plus grandes priorités de la nouvelle Administration Obama aux Nations Unies ».  Les États-Unis sont conscients que le maintien de la paix est une entreprise collective et mondiale qui ne peut réussir sans l’appui et la coopération des plus de 100 pays représentés ici à l’ONU, a-t-elle ajouté.  « Les défis sont nombreux et nous avons beaucoup d’occasions d’améliorer le processus de prise de décisions », a affirmé Mme Rice.  Elle a cité en ce sens la question de la qualité et de la précision des informations sur la base desquelles le Conseil de sécurité prend ses décisions, et la disponibilité d’experts militaires et de police quand les questions les concernant sont examinées.  De nombreux pays fournisseurs de contingents font de leur mieux pour que les moyens disponibles répondent aux exigences des mandats, mais de nombreuses procédures ne correspondent pas assez aux besoins opérationnels, a affirmé la représentante. 


Les demandes de ces pays ne doivent pas être ignorées, ni leurs contributions considérées comme acquises, a-t-elle rappelé.  Les pays apportant une contribution financière font également face à de nombreuses difficultés, du fait de la baisse de leurs moyens et de la hausse des coûts des opérations.  Ils doivent pouvoir rassurer leurs contribuables sur l’existence de mécanismes de contrôle pour éviter gaspillage et abus.  « Nous devons veiller à ce que le Secrétariat, à qui des missions de plus en plus complexes sont confiées, dispose des moyens et de la latitude d’exécution nécessaires pour les mener à bien », a souligné Mme Rice.  Elle a estimé que les nouvelles responsabilités et contraintes tant des responsables au Siège de l’ONU que du personnel sur le terrain ne sont pas toujours comprises.  Enfin, les régions, pays et citoyens des pays où sont déployées des opérations de maintien de la paix souhaitent avoir la certitude que les Casques bleus seront prêts à répondre à leurs besoins immédiats, mais aussi disposés à respecter les coutumes, traditions et aspirations et leur dignité, a ajouté la représentante.  Les États-Unis sont fiers de jouer un rôle moteur dans le soutien à la mise en place de capacités de maintien de la paix, notamment par le biais des programmes militaires et de police, a affirmé Mme Rice.  Sa délégation, a-t-elle assuré, est disposée à étudier de nouvelles approches concernant les mandats et budget de telles opérations.


M. MORTEN WETLAND (Norvège) a expliqué que les opérations de maintien de la paix d’aujourd’hui impliquaient une multitude d’acteurs, aussi bien des parties prenantes au système des Nations Unies que d’autres organisations telles que l’Union africaine, l’Union européenne, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), les organisations non gouvernementales (ONG) et des États.  Il a ensuite déclaré que son pays soutenait la tendance actuelle consistant en un partage de la responsabilité entre les organisations régionales et d’autres acteurs.  À cet égard, il a appelé l’ONU à continuer à renforcer son dialogue et sa coopération avec les partenaires pertinents.  « Ceci est nécessaire pour répondre aux demandes de plus en plus nombreuses d’opérations de maintien de la paix », a-t-il souligné.  Le représentant a ensuite appuyé l’initiative franco-britannique visant à améliorer les opérations de maintien de la paix.  Compte tenu de la difficulté de rassembler les ressources nécessaires, il a souhaité que l’on explore des modèles alternatifs d’opérations de maintien de la paix, à l’image de la Commission militaire conjointe dans les montagnes de Nouba, au Soudan.  « Celle-ci est un exemple de mission non armée, où la forte appropriation par les parties a permis un fonctionnement avec des ressources limitées », a-t-il soutenu.  Il a aussi souhaité voir plus de pays impliqués dans les opérations de maintien de la paix, et a annoncé que la Norvège allait fournir davantage de troupes et qu’elle se préparait à la mise en place d’un hôpital de terrain, dans le cadre de la Mission des Nations en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT).


Le représentant a également souligné la nécessité de veiller à la protection des populations civiles dans le contexte des opérations de la paix et de prévenir les cas d’exploitation et d’abus sexuels.  Il a par ailleurs insisté sur l’importance de procéder au recrutement de personnels civils, et a souhaité voir l’ONU s’appuyer sur la liste des professionnels africains dressée par l’AFDEM (African Civilian Standby Roster For Humanitarian And Peace Building Missions).  M. Wetland a également demandé le renforcement des capacités d’analyse au sein du Secrétariat de l’ONU.  Il a souhaité aussi que le Conseil de sécurité mette l’accent sur les compétences plutôt que sur le nombre du personnel, quand il décide du niveau des forces.  En outre, le délégué norvégien a estimé qu’il faudrait renforcer la Division de la police et l’appui à la formation des unités de police au Département des opérations de maintien de la paix.


M. ANUPAM RAY (Inde) a affirmé qu’il était de la responsabilité des États Membres de fournir des instructions claires au Département des opérations de maintien de la paix, au Département d’appui aux missions et aux Casques bleus, et de leur octroyer les ressources et l’autorité nécessaires pour qu’ils puissent mener à bien leur mission.  Les mandats des missions, les ressources disponibles et les structures de commandement et de gestion des opérations ne devraient pas devenir eux-mêmes des fardeaux, a-t-il ajouté.  La première étape de ce processus est de faire en sorte que les pays fournisseurs de contingents, qui assument la plus grande partie des contributions humaine et matérielle des opérations de maintien de la paix, se voient attribuer un rôle clairement défini, a-t-il expliqué, préconisant à cet égard des consultations entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat, à une phase suffisamment précoce et de manière structurée. 


Le représentant a par ailleurs rappelé que son pays était favorable pour l’intégration de davantage de femmes dans les opérations de maintien de la paix, encourageant le Département des opérations de maintien de la paix à être plus actif dans ce processus.  Il a en outre indiqué que l’Inde était favorable à la politique de tolérance zéro à l’égard des auteurs d’abus et d’exploitation sexuels.  Le représentant a enfin estimé que jamais la pression pesant sur l’institution ou les États Membres n’avait été aussi intense.  Aussi, si les États Membres ne répondent pas au besoin de modernisation des structures des Nations Unies et des principes de la Charte, l’Organisation risque d’être confrontée à une crise qui constituera un obstacle à sa capacité à assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix dans le monde au cours des années et des décennies à venir, a-t-il conclu.


M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan) a souhaité qu’au cours de la session actuelle, les décisions qui seront prises par les membres du Comité spécial des opérations de maintien de la paix répondent aux attentes des populations du monde entier.  À cet égard, il s’est dit convaincu par la nécessité de réformer les Nations Unies et, en particulier les aspects liés aux opérations de maintien de la paix, et d’œuvrer au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Pour contribuer à cette entreprise, le Kirghizistan a annoncé qu’il comptait proposer sa candidature à un siège de membre non permanent au sein du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013.  Le représentant a rappelé que le Kirghizistan était le seul pays d’Asie centrale à participer largement aux efforts de maintien de la paix dans plusieurs des missions de l’ONU.  Outre des militaires, la délégation a précisé que son gouvernement était prêt à déployer d’autres catégories de personnels, tels que des médecins et des ingénieurs.


M. PARK IN-KOOK (République de Corée), rappelant que son pays était actuellement le dixième plus important contributeur aux opérations de maintien de la paix, a dit reconnaître les progrès substantiels réalisés en matière d’opérations de maintien de la paix.  Il a néanmoins estimé qu’il restait des défis à relever.  Le rythme de création d’une nouvelle opération de maintien de la paix par an, envisagé par le rapport Brahimi, est aujourd’hui très nettement dépassé, a-t-il fait remarquer, tout en reconnaissant les efforts consentis par le Département des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a toutefois jugé nécessaire de trouver des solutions de remplacement durables à de telles opérations.  Il faudrait renforcer le système de gestion du Département des opérations de maintien de la paix et revoir les procédures de travail, a-t-il souligné, en adhérant aux propositions du Secrétaire général.


Le succès des opérations de maintien de la paix dépend d’un déploiement rapide des forces, a déclaré le représentant, qui a souhaité le renforcement des capacités de déploiement rapide.  Il a prôné également des partenariats solides avec les organisations régionales.  Il a dit attacher une importance particulière au renforcement des capacités de maintien de la paix de l’Union africaine et des pays africains, puisque l’essentiel des conflits se déroulent sur ce continent.  Il a en outre mis l’accent sur des consultations régulières avec les États Membres, et en particulier les pays fournisseurs de contingents potentiels.


Mme CAROLINE ZIADE (Liban) a affirmé que compte tenu de la complexité du concept de maintien de la paix et de règlement des conflits, il était indispensable de renforcer la coordination des efforts et la transparence de l’action.  La représentante a rappelé la longue histoire vécue par son pays en matière de maintien de la paix, retraçant brièvement ces faits jusqu’au renforcement de la FINUL dans la résolution 1701 (2006).  Elle a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 1701, notant l’engagement à cet égard du Gouvernement et de l’armée libanaise.  Les forces de la FINUL partagent avec les citoyens libanais l’héritage ignoble des mines laissées par Israël et le prix payé par les civils et les membres des équipes de déminage, a-t-elle par ailleurs ajouté.  La représentante a fustigé le refus d’Israël de livrer les cartes indiquant la localisation de ces mines.  Elle a enfin exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël pour respecter les principes de la Charte des Nations Unies et la légalité internationale, en particulier de la résolution 1701. 


M. SIM TIONG KIAN (Singapour) a estimé que le Comité spécial était bien placé pour contribuer au processus de restructuration des opérations de maintien de la paix.  Il a suggéré que le rapport du Comité des 34 se concentre cette année sur quelques thèmes majeurs, au lieu de l’approche qui a prévalu par le passé.  Le représentant a même évoqué la possibilité d’envisager un rapport biennal au lieu d’un rapport annuel, dans la mesure où la mise en œuvre de la plupart des initiatives importantes pour le Comité des 34 prend du temps.  Plus que jamais, a-t-il poursuivi, les États Membres doivent œuvrer de concert à relever les défis innombrables du maintien de la paix, et le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes à renforcer leur relation triangulaire.  La délégation a fait observer la persistance d’un déséquilibre majeur à cet égard, soulignant que les pays occidentaux occupaient un nombre de sièges disproportionné au sein du Conseil, ainsi qu’à la tête du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions, alors que 80% des Casques bleus sont issus de pays en développement.  Il a ensuite regretté que lorsqu’une mission échoue dans son rôle de protection de la population civile, les Casques bleus et les pays qu’ils représentent soient systématiquement blâmés dans les médias, alors que le problème réside souvent dans un manque de directives claires.  Le Comité se doit d’agir à cet égard, a recommandé M. Kian.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a déclaré que, de plus en plus souvent, des situations mettent en évidence l’écart entre les mandats des missions et leur mise en œuvre sur le terrain.  Il a attribué cet écart à un manque de moyens, à l’absence de formation adéquate et à une méconnaissance des implications des mandats de la part des différents acteurs concernés.  M. Urbina a estimé qu’il était très important de réduire de tels écarts.  En tant que membre du Conseil de sécurité, le Costa Rica s’est efforcé de promouvoir des réunions plus fréquentes et de meilleure qualité entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingent, a-t-il affirmé.  M. Urbina a souhaité que l’initiative présentée conjointement par la France et le Royaume-Uni ait pour conséquence un engagement du Conseil de sécurité.


Un des aspects les plus complexes de la mise en œuvre des mandats des opérations de maintien de la paix est la protection des civils, a affirmé M. Urbina.  Depuis 10 ans, les mandats d’au moins 10 opérations de maintien de la paix ont inclus la protection des civils, et le Conseil de sécurité, dans sa résolution 1674, a accordé la priorité à la protection des civils dans les décisions concernant l’utilisation des capacités et ressources disponibles, a rappelé M. Urbina.  Insistant sur le fait qu’il y a 10 ans, le Conseil de sécurité avait abordé la question dans ses résolutions, le représentant a affirmé qu’on ne pouvait pas volontairement dissimuler le problème.  Sa délégation s’associe à la déclaration faite hier par le Mexique au nom du Groupe de Rio, en particulier en ce qui concerne la nécessité pour le Comité spécial de traiter de tous les aspects des mandats des opérations de maintien de la paix, y compris en matière de protection.  M. Urbina a prévenu que si le Comité spécial évitait de traiter de cette question clef, il se condamnerait à perdre de l’importance.  Dans ce contexte, le représentant a déclaré attendre avec intérêt les résultats de l’étude conjointe actuellement menée par le Département des opérations de maintien de la paix et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur la question de la mise en œuvre du mandat de protection des civils.


M. NORIHIRO OKUDA (Japon) a d’abord souligné l’importance de la coopération régionale et sous-régionale.  Il a ainsi rappelé que le Conseil de sécurité avait, dans sa résolution 1863, demandé au Secrétaire général de fournir à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) un ensemble de mesures d’appui logistique.  Ceci, a-t-il estimé, constituera une bonne occasion d’initier d’autres discussions sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales en vue d’améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Ensuite, le représentant a abordé la question de la crédibilité des opérations de maintien de la paix, qui est essentielle, a-t-il dit, pour garantir le succès de la mise en œuvre des mandats.  Le représentant a également souligné la nécessité de développer des capacités en matière de maintien de la paix.  Le Japon, a-t-il poursuivi, est déterminé à faire en sorte que son personnel ait un niveau d’intégrité très élevé, les compétences et la discipline requises avant même le déploiement des missions.  Le représentant a par ailleurs mis l’accent sur l’importance d’une interaction fructueuse entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat des Nations Unies, ainsi que d’autres parties prenantes, comme les principaux contributeurs financiers.  


M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan) a insisté sur la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de respecter les principes de la Charte des Nations Unies et ceux des directives applicables aux opérations de maintien de la paix, en particulier le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  Rappelant que le rapport Brahimi a été publié il y a près de 10 ans, il a affirmé qu’il était temps que les Nations Unies accordent davantage d’attention à la diplomatie préventive, à la consolidation de la paix et au développement des capacités régionales.


Le représentant a estimé que le programme « Opérations de paix 2010 » doit prévoir des consultations avec les États Membres.  Affirmant que son pays collabore avec l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), il a insisté sur le fait qu’il faudrait, pour déployer une opération de maintien de la paix, qu’il y ait une paix à maintenir.  Il a insisté sur la collaboration entre les opérations de maintien de la paix et leur pays hôte. 


M. PETRUS SIPHO SEAKAMELA (Afrique du Sud) a estimé que, malgré leurs faiblesses et les défis auxquelles elles doivent faire face, les opérations de maintien de la paix contribuent de manière importante au maintien de la paix et de la sécurité internationales, souvent dans des situations difficiles.  Elles apportent l’espoir à des millions de personnes dans les zones de conflits, a-t-il ajouté.  Rappelant que la nature des conflits change et que, le plus souvent, ces conflits ne sont pas interétatiques mais des conflits internes impliquant de nombreux acteurs, le représentant a estimé que cette évolution doit amener les Nations Unies à revoir les principes et mécanismes existants des opérations de maintien de la paix.  « Nous utilisons notre incapacité à traiter les conflits actuels comme excuse pour différer nos actions dans des conflits comme la Somalie.  Nous continuons d’affirmer qu’il n’y a pas de paix à maintenir conformément aux principes des opérations de maintien de la paix, et pourtant le conflit persiste.  En Même temps, nous sommes pourtant prompts à recommander une action alors que les mêmes principes ne sont pas applicables, comme au Tchad », a fait remarquer M. Seakamela.  Il s’est donc demandé si les principes en vigueur sont toujours pertinents ou s’ils servent plutôt d’excuse pour ne pas agir. 


« Nous devons nous poser cette question difficile, a-t-il ajouté: sommes-nous suffisamment équipés et avons-nous la volonté politique de traiter ces conflits? »  Le représentant a estimé que la question de savoir s’il y a une limite à la notion d’opérations de maintien de la paix robustes, posée hier par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Alain Le Roy, était bienvenue.  « On ne peut prétendre au succès sans s’adapter aux nouveaux défis », a-t-il dit.  Le représentant a salué la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix intervenue l’an passé, ajoutant que le défi consistait à déployer dans les missions des professionnels compétents, qu’il s’agisse de police, de militaires ou de civils.  Ajoutant que les valeurs des Nations Unies sont compromises quand des membres du personnel en mission se comportent mal, il a salué les efforts en matière de discipline, ajoutant qu’il souhaitait aussi discuter du rapport sur le repos des personnels déployés, un thème très important.  Il a par ailleurs souhaité un renforcement de la sécurité du personnel sur le terrain et s’est dit encouragé par les efforts permanents en ce sens.  Il a souhaité qu’on accorde plus de place aux femmes dans les opérations de maintien de la paix car, a-t-il souligné, c’est aussi un moyen de s’assurer que les besoins et préoccupations des femmes des pays concernés sont pris en compte dans les missions.


M. RETA ALEMU NEGA (Éthiopie) a rappelé le vif contraste entre le nombre croissant de demandes de nouvelles opérations de maintien de la paix et la capacité à y répondre.  C’est ensemble qu’il faut traiter les défis auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, a-t-il affirmé.  Il a jugé très important le processus d’examen interne du travail du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions dans le contexte du programme « Opérations de paix 2010 ».  Il a insisté sur l’importance du rapport Brahimi, qu’il a estimé toujours pertinent, 10 ans après sa publication.  M. Nega s’est dit très conscient des difficultés rencontrées par les deux Départements des opérations de maintien de la paix et d’appui aux missions pour déployer des missions lointaines dans des milieux hostiles.  Il a souhaité qu’on examine tous les moyens permettant de déployer rapidement des missions dans de telles régions.


L’Afrique cherche à mettre fin aux conflits et autres différends sur le continent en utilisant ses propres instruments de prévention et de gestion, a déclaré le représentant.  Des structures et moyens ont été mis en place durant les dernières années, a-t-il ajouté.  Ces structures récentes et dotées de moyens encore faibles doivent être appuyées par les Nations Unies, a-t-il fait remarquer, en souhaitant que les partenariats stratégiques entre les Nations Unies et l’Afrique soient encore renforcés dans les années à venir.  Il s’est félicité en ce sens des dernières décisions du Conseil de sécurité pour renforcer l’AMISOM, tout en soulignant que la solution à long terme consiste dans le remplacement de l’AMISOM par une opération de maintien de la paix des Nations Unies.  Il a invité le Conseil de sécurité à avancer rapidement en ce sens.  M. Nega a rappelé que le personnel des opérations de maintien de la paix fait de plus en plus l’objet d’attaques, et a condamné la récente attaque d’extrémistes contre le contingent burundais de l’AMISOM.  Il a souhaité de nouveaux mécanismes pour protéger le personnel des Nations Unies dans l’exercice de ses fonctions.


M. ERIC YOSHIDA CÉPEDES (Bolivie) a affirmé son attachement au processus des opérations de maintien de la paix dans le cadre du mandat des Nations Unies.  Il a assuré que son pays rejetait toute guerre d’agression comme instrument de règlement des conflits entre les États.  Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est l’enceinte la plus importante pour lancer des initiatives dans l’intérêt des personnels sur le terrain, a-t-il également dit.  Le représentant a ainsi espéré que le processus de réforme occuperait une place centrale dans les débats et les mesures proposées à l’avenir.  Par ailleurs, il a dit souhaiter que le processus de sélection visant à pourvoir les différents postes vacants se fasse de façon transparente, en fonction des compétences requises et en tenant compte de la répartition géographique équitable.  Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de prendre en compte la crise financière internationale dans le cadre de la planification et dans les mémorandums d’accord qui prévoient une augmentation des budgets des opérations de maintien de la paix.  Il faut veiller à des paramètres équitables pour toutes les missions, a-t-il notamment souligné. 


M. HABIB MANSOUR (Tunisie) a réitéré l’importance que son pays attachait au renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, notamment en matière de renforcement de ses capacités institutionnelles.  Il a ajouté que la Tunisie n’avait cessé de mettre en exergue le lien étroit entre la paix et le développement, soulignant toujours que la pauvreté et le sous-développement demeuraient parmi les facteurs majeurs des conflits.  Le maintien de la paix ne saurait se substituer à la recherche d’une solution définitive aux conflits ou au traitement de leurs causes profondes, a-t-il expliqué, estimant que le concours des efforts de toutes les institutions régionales et internationales spécialisées et leur implication respective dans les différentes phases du traitement d’un conflit ou d’une situation postconflit seraient à même d’assurer une réussite permanente au travail des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a enfin mis l’accent sur la nécessité de préserver les réussites des opérations de maintien de la paix, de les consolider et d’assurer que les mandats des missions des Nations Unies soient gérés le plus efficacement possible, en tendant à garantir aussi bien la sécurité et la sûreté du personnel des Nations Unies que celles des civils, et de faire adapter ces missions à la nature de plus en plus complexe de leurs mandats et aux climats instables dans lesquels elles évoluent.


M. LUIS ENRIQUE CHÁVEZ (Pérou), qui a rappelé que son pays avait déployé des contingents en Haïti dans quatre pays africains et à Chypre, a déclaré que les opérations de maintien de la paix doivent tenter de résoudre les conflits dans le plein respect de la souveraineté des États et des normes et principes des opérations de maintien de la paix.  Ces opérations font partie intégrante des instruments grâce auxquels les Nations Unies et les États Membres font face aux exigences du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a ajouté le représentant.  Il faut les considérer comme un élément d’un ensemble, aux côtés de la médiation, de la prévention des conflits, des bons offices et des activités de consolidation de la paix, a-t-il estimé.  M. Chávez a déclaré qu’il ne faudrait pas créer d’opérations de maintien de la paix quand elles ne sont pas nécessaires, et notamment quand il n’y a pas de paix à préserver.  Il a souhaité que les membres du Conseil de sécurité entendent les préoccupations légitimes des pays fournisseurs de contingents, n’oublient pas les leçons tirées du passé et définissent des mandats réalistes pour ne pas créer d’espoirs infondés.  Il a cité comme un exemple réussi en ce sens la résolution 1840 du Conseil de sécurité relative à la MINUSTAH, dans laquelle le Conseil a adopté une démarche globale.


Le représentant a estimé que le Comité spécial permet de maintenir un dialogue politique et stratégique de poids avec le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.  Il est de la responsabilité du Comité spécial que ses discussions et travaux soient plus substantiels, a ajouté M. Chávez, et ce, dans tous les domaines.  Le Comité spécial permet également aux États d’exprimer leurs préoccupations sur les doctrines élaborées par le Secrétariat, a-t-il affirmé, rappelant que l’objectif commun est d’avoir une organisation crédible dans son rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  À cette fin, il a souhaité notamment une chaîne de commandement claire, une gestion cohérente des opérations, et la nécessité de disposer d’une capacité de réponse plus rapide face à l’apparition constante d’exigences nouvelles.  Il a aussi souhaité une discipline très stricte sur le terrain et des sanctions contre ceux qui commettent des fautes dans l’exercice de leurs fonctions, notamment en matière d’exploitation ou d’abus sexuels.  Il s’est prononcé pour une meilleure formation des personnels déployés.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a affirmé que son pays, important contributeur de contingents, accordait une grande valeur aux travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Il a salué les différents efforts déployés à divers niveaux pour tenter de régler les problèmes liés aux opérations de maintien de la paix.  Ainsi, tout scénario d’analyse ou de révision de ce processus devait tenir compte de la vision des pays fournisseurs de contingents qui, a-t-il précisé, sont essentiellement des pays en développement.  Le représentant a également jugé crucial d’accroître la participation des pays contributeurs de contingents dans les différentes étapes du déploiement, notamment dans la phase de planification.  En tant que deuxième pays contributeur de contingents à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), l’Uruguay, a indiqué son représentant, souhaite voir le Gouvernement d’Haïti assumer davantage un rôle de chef de file.  Il a en outre dit attendre avec impatience les résultats de la Mission que doit mener, en mars prochain dans le pays, le Conseil de sécurité.  Le représentant a enfin jugé opportun qu’au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix soient abordées les questions opérationnelles liées à la protection des civils.


M. YUN YONG IL (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que, malgré l’augmentation du nombre d’opérations de maintien de la paix et l’élargissement de leurs mandats, on continue d’assister à des conflits.  En outre, des attaques visent le personnel des Nations Unies sur le terrain.  Cela, a-t-il affirmé, démontre qu’un certain nombre de choses doivent être modifiées dans de telles opérations.  Il a notamment affirmé que jamais la paix et la sécurité ne seront durables si les causes profondes des conflits ne sont pas éradiquées.  Il a estimé que certaines de ces causes sont les résultats d’un état d’esprit hérité de la guerre froide.


Les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes de la Charte des Nations Unies et ceux des directives qui leur sont applicables, en particulier le consentement préalable des États hôtes, le respect de leur souveraineté et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, a rappelé le représentant.  De l’avis de sa délégation, les opérations ne feront qu’aggraver les conflits si elles sont décidées pour servir les intérêts d’un nombre réduit de pays ou si elles sont utilisées comme un moyen pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’un État.  Il a demandé la fermeture des opérations de maintien de la paix qui ne contribuent pas au règlement des conflits ou continuent d’exister quand elles ne sont plus nécessaires.  Il a en ce sens demandé le démantèlement immédiat du « Commandement des Nations Unies » en Corée du Sud, qu’il a considéré comme étant totalement hors de contrôle des Nations Unies.  Pour le représentant, ce « Commandement des Nations Unies » n’est en fait qu’un commandement américain qui sert à justifier la présence permanente des États-Unis en Corée du Sud et de dissimuler sa nature agressive en abusant de l’emblème de l’ONU.


Droits de réponse


Le représentant de la République de Corée, exerçant son droit de réponse, a déclaré vouloir rectifier ce qu’il a qualifiée de déclaration volontairement erronée faite par le représentant de la République populaire démocratique de Corée, et a réaffirmé que le « Commandement des Nations Unies » avait été créé par les Nations Unies.


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a réaffirmé que le Conseil de sécurité, dans sa résolution 84, n’avait pas fourni de dispositions pour créer un tel commandement.  En outre, adoptée sans la présence du représentant de l’ex-Union soviétique, cette résolution n’a pas de validité juridique, a-t-il affirmé.  Quant au « Commandement des Nations Unies », il ne reçoit ni ordre ni ressources des Nations Unies et n’a pas lieu d’être.


Le représentant de la République de Corée a réaffirmé que la résolution 84 avait clairement autorisé le « Commandement des Nations Unies » à utiliser le drapeau des Nations Unies.  Il a jugé regrettable que le représentant de la République populaire démocratique de Corée parle à tort de cette question au sein de ce Comité.


Reprenant la parole, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a réaffirmé que la résolution 84 du Conseil de sécurité est contraire à la Charte des Nations Unies et n’est donc pas valide.  Le « Commandement des Nations Unies » a donc été créé illégalement.  Quant au Comité spécial, il peut traiter de tous les aspects des opérations de maintien de la paix, a-t-il ajouté.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.