CNUCED XII: LES RECETTES VARIENT, MAIS LES INGRÉDIENTS DE BASE D’UNE BONNE POLITIQUE D’INVESTISSEMENT SONT LES INFRASTRUCTURES PHYSIQUES ET UNE MAIN-D’ŒUVRE QUALIFIÉE
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Après-midi
CNUCED XII: LES RECETTES VARIENT, MAIS LES INGRÉDIENTS DE BASE D’UNE BONNE POLITIQUE D’INVESTISSEMENT SONT LES INFRASTRUCTURES PHYSIQUES ET UNE MAIN-D’ŒUVRE QUALIFIÉE
(Publié tel que reçu)
Accra, GHANA, 22 avril –- Quelles sont les meilleures pratiques pour l’élaboration des politiques d’investissement? Ministres et spécialistes ont répondu à cette question dans le cadre d’une table ronde organisée, cet après-midi, par la douzième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XII), qui se tient à Accra, au Ghana, jusqu’au 25 avril. S’ils se sont refusé à vanter leur propre recette, les ministres et spécialistes se sont accordés pour dire que les ingrédients de base d’une bonne politique d’investissement sont les infrastructures de transport et de communications et la mise à disposition d’une main-d’œuvre abordable et compétente répondant aux besoins de l’économie mondiale.
Après le débat de haut niveau qu’elle a tenu hier*, la CNUCED XII a donc organisé aujourd’hui un autre forum de discussion sur la création d’un environnement propice à l’investissement étranger direct (IED). Ces flux d’investissements, qui charrient chaque année entre trois à quatre trillions de dollars (trois à quatre mille milliards de dollars), ne se résument pas à un simple afflux de capitaux. Ils donnent accès à la technologie, à des compétences et à de nouveaux marchés. L’IED créé aussi des emplois et dégage des recettes fiscales tout en renforçant les capacités productives qui permettent aux pays d’optimiser leurs chances de tirer parti de la mondialisation**.
Les pays en développement, et en particulier ceux de l’Afrique qui, en 2007, n’ont reçu que 0,8% de cette manne financière, ont compris l’intérêt d’intégrer les politiques d’investissement dans les stratégies de développement. La concurrence en matière d’IED a fait que tous les pays sont désormais parties à un accord international d’investissements au moins. Quelque 2 600 accords bilatéraux, 2 700 conventions de double imposition, et près de 300 accords internationaux incluant des composantes « libre-échange » et « intégration régionale » ont été signés.
Outre les infrastructures et une main-d’œuvre qualifiée, quels sont les autres ingrédients des différentes recettes? Les avis des experts, partagés par tous les participants à la table ronde, n’ont pas divergé. Aussi, le représentant des États-Unis s’est-il félicité que l’IED soit reconnu par tous comme une source importante de financement du développement. Les recettes se valent car elles correspondent aux spécificités de chaque pays. Ce qui est important, a-t-il ajouté, c’est la productivité des entreprises.
L’exemple de la Slovénie, a renchéri Mart Laanemae, Sous-Secrétaire d’État estonien à l’économie et au développement, montre qu’en matière d’IED, la politique nationale est souveraine. D’ailleurs, a dénoncé, Myriam Vander Stichele, du Centre for Research on Multinational Corporations, c’est le manque d’aide versée aux agriculteurs, au profit du secteur des services, qui a été à l’origine de la crise alimentaire. Ceci est un exemple de la nécessaire réévaluation du type d’investissements à réaliser à l’avenir dans les pays en développement, a-t-elle dit.
Les Ministres et spécialistes ont décrit leurs stratégies d’investissement.
Imagination et souplesse, a ainsi prôné le Ministre en charge du développement des exportations et du commerce international du Sri Lanka, Gamini Lakshman Peiris. Il revient à chaque pays, s’est-il expliqué, de faire appel à l’imagination pour surmonter ses faiblesses. Malgré le conflit qui secoue certaines parties du pays, les IED ont été très importants chez nous, parce que le Sri Lanka a su jouer de sa situation géographique, permettant ainsi à l’investisseur de toucher tout le sous-continent d’Asie du Sud. La Constitution, qui garantit les investissements, facilite non seulement le rapatriement des bénéfices qu’engrangent les investisseurs, mais permet aussi d’éviter des interventions excessives de la Banque centrale. En outre, le Sri Lanka n’impose aux investisseurs aucune relation de collaboration avec le secteur privé national.
Liberté, transparence, recours aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) et simplification de la fiscalité; tel est la recette de la Tunisie. Le Ministre tunisien du développement et de la coopération internationale, Mohamed Nouri Jouini, a, à cet égard, souligné que dans tous les secteurs de l’économie, la liberté est la règle, et l’autorisation, l’exception. En Tunisie, la transparence a été introduite partout pour rassurer les investisseurs locaux et étrangers. Dès 1991, la Tunisie a libéralisé le commerce extérieur, les prix et les investissements. La stratégie a aussi consisté à créer un e-gouvernement pour faciliter les démarches des investisseurs. Dans le domaine de la fiscalité, le pays qui pouvait parfois imposer près de 50% d’impôts indirects a réduit ce taux à 3% voire moins, a indiqué le Ministre tunisien.
L’identification des domaines d’investissement est primordiale, a préconisé le Vice-Ministre et Secrétaire général au commerce de l’Espagne qui a précisé que son pays a élaboré un plan stratégique de 3 ans à cette fin. Alfredo Bonet Baiget a expliqué que, depuis son adhésion à l’Union européenne, l’Espagne est devenue le huitième pays au monde en matière d’investissement grâce à une identification des forces et des faiblesses de son environnement pour rendre celui-ci plus attractif aux yeux des investisseurs.
Renforcement du cadre juridique, a pour sa part prôné le Vice-Ministre du commerce de la Chine. Fin 2007, a indiqué Yi Xiaozhun, le montant total de l’IED absorbé par la Chine s’est élevé à 763 milliards de dollars. Alors que les entreprises étrangères ne représentent que 3% des entreprises basées en Chine, elles génèrent néanmoins 58% des exportations du pays. Un tel résultat est à mettre au compte des efforts du Gouvernement chinois dans l’établissement d’un environnement juridique favorable à l’IED, que ce soit par la signature de traités bilatéraux avec 121 pays et régions, ou par l’adoption de législations favorables à l’investissement.
Il faut mettre l’accent sur le confort des investisseurs, a dit le Secrétaire d’État aux affaires étrangères et au commerce de la Jamaïque, Ronald Robinson, qui a d’abord mis en avant la qualité des infrastructures et de la main-d’œuvre de son pays. Compte tenu de cette situation favorable, les efforts se dirigent, a-t-il dit, vers l’amélioration du bien-être et de l’efficacité des investisseurs. Aujourd’hui, s’est-il félicité, la Jamaïque est le pays des Caraïbes, qui a connu le plus grand essor, devenant une véritable « zone tampon » entre les milieux d’affaires et le secteur bancaire.
Ce tableau ne doit pas faire oublier les problèmes de l’Afrique qui ont été rappelés par le Ministre des finances, du plan et du développement économique de l’Ouganda. Semakula Kiwanuka a d’abord souligné que quels soient les paramètres, l’accumulation des richesses tirées des investissements demeure difficile dans une région fragilisée par l’instabilité, voire les conflits. Au titre d’autres problèmes, le Ministre a cité le manque de capitaux nécessaires aux investisseurs locaux; à la mise en place des cadres juridique, réglementaire et fiscal inspirant la confiance aux investisseurs; et à la construction des infrastructures requises. Compte tenu des coûts, en particulier ceux des transactions, la solution passe par l’intégration régionale, a estimé le Ministre.
La politique régionale en matière de concurrence, tout en demeurant un instrument indispensable pour la promotion d’une économie de marché, occupera, dans les prochaines années, une position centrale parmi les instruments essentiels des économies modernes, a affirmé Alhadji Mohammed B. Daramy, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette politique est aussi incontournable pour la réussite de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest, qui passe par la création d’un marché unique ouvert et concurrentiel, et par celle d’un environnement juridique rationalisé et harmonisé pour la promotion des investissements.
Après que le Ministre ougandais se fut félicité de l’aide apportée aux pays en développement par la CNUCED et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Sous-Secrétaire d’État du Ministère allemand de l’économie, Dagmar G. Wöhrl, a annoncé la décision de son pays de soutenir activement les efforts de la CNUCED en apportant son appui financier à un projet pluriannuel portant sur les meilleures pratiques dans la création d’un environnement propice à l’investissement et au développement. Elle a cité les conditions à réunir que sont la mise en place de structures administratives stables, de marchés sains et de cadres juridiques transparents, ou encore l’adoption de mesures de protection de la propriété privée. Les accords bilatéraux, a-t-elle dit, constituent un bon exemple de la souplesse dont ont besoin les pays en développement et des garanties juridiques réclamées par les investisseurs.
Fernando Sedano, représentant de l’Agence de l’investissement pour le développement de l’Argentine, a appelé la CNUCED à réfléchir aux moyens de renforcer les implications des nombreuses multinationales argentines dans la création d’un environnement institutionnel fiable, alors que Marek Belka, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et ancien Premier Ministre de la Pologne, a expliqué que l’importance de l’IED dans l’Union européenne est précisément attribuable à un tel environnement.
Un gouvernement qui veut améliorer son environnement institutionnel doit savoir qu’il devra prendre en compte des domaines connexes qui ne sont pas immédiatement liés aux réformes qu’il met en œuvre, comme la question des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (APIC), a prévenu Mario Amano, Secrétaire général adjoint de l’OCDE. À ce propos, la représentante du Centre du commerce international (CCI) a souligné que compte tenu de l’importance des changements climatiques, les milieux d’affaires et les entreprises se sont lancés dans une révolution technologique de façon à maîtriser les risques.
Demain, mercredi, le 23 avril, à partir de 10 heures, la CNUCED XII tiendra une table ronde intitulée « le renouveau des produits de base au XXIe siècle ».
* TAD/2038
** TD/426
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