LE POUVOIR DU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME TIENT À SA CRÉDIBILITÉ ET NON À LA FORCE, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
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LE POUVOIR DU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME TIENT À SA CRÉDIBILITÉ ET NON À LA FORCE, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
On trouvera ci-après le texte intégral de la déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à l’occasion de l’ouverture de la septième session du Conseil des droits de l’homme:
Je suis honoré d’être parmi vous au début de cette septième session. Cette année sera déterminante pour les droits de l’homme partout dans le monde. Nous allons chercher à renforcer l’action du Conseil et célébrer le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Ces 60 dernières années, des avancées remarquables, voire triomphales, ont été accomplies dans le domaine des droits de l’homme.
Nous avons aussi appris que pour faire des droits de l’homme une réalité pour tous –c’est-à-dire pour faire appliquer et respecter ces droits là où cela importe– il nous faut prendre des engagements clairs et établir clairement la responsabilité des uns et des autres pour ces engagements. Cette responsabilité est fonction des efforts collectifs des organisations internationales et des gouvernements ainsi que de la société civile. Elle exige des systèmes de contrôle et de contrepoids et une surveillance sans relâche afin d’éviter que ces droits soient bafoués ou négligés. C’est un devoir de la plus haute portée pour tout État et la raison d’être du Conseil des droits de l’homme.
Cela fait presque deux ans que le Conseil a pris fonction. Vous l’avez clairement orienté sur la bonne voie lorsque vous avez établi vos mécanismes et procédures.
La question qui se pose toutefois pour le Conseil est de savoir s’il satisfait pleinement les attentes élevées que la communauté internationale a placées en lui. Quelles sont ces attentes? Il s’agit fondamentalement, et conformément à l’essence même de la jurisprudence des droits de l’homme, pour le Conseil, de reconnaître et de promouvoir l’application universelle des valeurs découlant des droits de l’homme – et de le faire sans favoritisme, sans sélectivité, sans être influencé par des manœuvres politiques, partout dans le monde.
Si vous satisfaites ce critère, vous pouvez compter sur moi pour vous soutenir et vous défendre sans relâche contre toutes critiques et attaques, d’où qu’elles viennent.
Un élément indispensable au bon fonctionnement du mécanisme du Conseil est le système des procédures spéciales indépendantes, qui constituent le dispositif d’avant-garde permettant de déceler rapidement les situations problématiques en matière de droits de l’homme et d’assurer une protection continue.
L’examen périodique universel, que vous allez entamer, a été conçu pour susciter, appuyer et élargir la promotion et la protection des droits de l’homme sur le terrain. C’est une entreprise historique qui aura des conséquences considérables pour les populations du monde entier. Elle doit permettre de garantir que les évaluations sont justes, que les procédures et méthodes d’examen sont transparentes et, surtout, que les pays sont comptables de tout progrès, de tout frein ou de toute régression enregistrés dans la mise en œuvre des normes relatives aux droits de l’homme.
Aucun pays, fût-il puissant, ne devrait échapper à un examen minutieux de son bilan, de ses engagements et de ses actions en matière de droits de l’homme. L’examen doit réaffirmer que les droits de l’homme sont tout aussi universels que le respect collectif et l’attachement que nous leur témoignons. Il doit concourir à dissiper la méfiance qui avait entouré les travaux de la Commission des droits de l’homme pendant les dernières années de son existence.
Cela étant, l’examen périodique n’est que l’un des outils dont vous disposez. Tout au long de l’année, pendant vos sessions ordinaires et extraordinaires, vous devez rester vigilants et dynamiques – en donnant des alertes rapides, en œuvrant sans relâche pour le respect des droits et en insistant sur la responsabilité. Vous devez répondre aux crises dès qu’elles se déclenchent ou pendant qu’elles se poursuivent et vous pencher sur les situations préoccupantes que la communauté internationale néglige ou passe sous silence.
Soyons clairs: s’acquitter d’obligations internationales est une œuvre difficile, soutenue, de longue haleine et souvent ingrate. Mais l’espoir est de mise. Les normes relatives aux droits de l’homme sont maintenant largement, et de plus en plus, acceptées. La jurisprudence des mécanismes internationaux, régionaux et nationaux ne cesse de s’enrichir. On observe que les droits de l’homme donnent ouverture à des poursuites à tous les niveaux.
Le Haut Commissariat aux droits de l’homme, bénéficiant de toute l’autorité que lui confère mon cabinet, a, pendant de nombreuses années, joué un rôle crucial dans la promotion des droits de l’homme dans le monde entier, et poursuit son action.
Ensemble, vous pouvez tirer parti des synergies découlant de vos mandats complémentaires mais indépendants et distincts. J’attends avec intérêt de voir se concrétiser cette collaboration, ainsi qu’il ressort de la résolution de l’Assemblée générale portant création du Conseil.
Je tiens aussi à vous assurer de mon engagement personnel. Pour en témoigner, j’ai mobilisé tous les organismes des Nations Unies pour notre campagne à l’occasion du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Grâce à des initiatives concrètes et à une sensibilisation axée sur les résultats, cette action nous rapprochera davantage de l’objectif consistant à intégrer pleinement les droits de l’homme à tous les aspects des activités des Nations Unies. Nous pourrons ainsi poursuivre l’idéal initial visé par la Déclaration, à savoir une série indivisible de droits inaliénables pour l’humanité tout entière.
Il s’agit, en définitive, pour faire respecter les droits de l’homme, d’intégrer les obligations en la matière dans la législation et la politique nationales et d’appliquer celles-ci en vue de prévenir et de punir toutes atteintes à ces droits. Mais il revient au Conseil des droits de l’homme de faire en sorte que ce résultat soit atteint. Votre pouvoir réside dans la persuasion plutôt que la coercition, dans la coopération plutôt que l’imposition de mesures obligatoires. Votre pouvoir tient à la crédibilité et non à la force. Votre pouvoir se renforce et se reconnaît par le respect que vous accordent les pays du monde entier. Vous devez l’exercer à tout moment, face à toutes les atteintes aux droits de l’homme, quel que soit le lieu où elles se produisent.
La phase de consolidation de votre institution est maintenant presque achevée. Pour que le Conseil des droits de l’homme tienne vraiment promesse, vous devez créer un environnement où règne la confiance. Vous devez engendrer un climat où les meilleures pratiques sont de mise. Vous devez susciter une plus grande responsabilisation pour les actions menées en matière de droits de l’homme. C’était certainement l’espoir des promoteurs du Conseil, c’était la conviction des gouvernements du monde lorsqu’ils l’ont soutenu à l’unisson, et c’était l’esprit dans lequel nos prédécesseurs ont élaboré la Déclaration universelle des droits de l’homme. Je ne doute pas que vous serez à la hauteur des attentes. Il y va de l’intérêt de l’humanité tout entière.
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