LA TROISIÈME TABLE RONDE DE LA CONFÉRENCE DPI/ONG EXAMINE LA THÉMATIQUE « DROITS DE L’HOMME ET SÉCURITÉ HUMAINE »
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61ème Conférence annuelle DPI/ONG
Après-midi
LA TROISIème table ronde de la Conférence DPI/ONG EXAMINE LA THéMATIQUE « droits de l’homme et sécurité humaine »
Le débat se concentre sur les conséquences, du point de vue des droits de l’homme, des mesures prises dans le contexte de la lutte contre le terrorisme
(Publié tel que reçu)
PARIS, 4 septembre -- Le thème « Droits de l’homme et sécurité humaine » a été examiné par la troisième table ronde tenue cet après-midi, à Paris, dans le cadre de la soixante et unième Conférence annuelle du Département de l’information (DPI) pour les organisations non gouvernementales (ONG), qui s’achève demain au Siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Animée par Mme JOANNA WESCHLER, Directrice de recherche associée au Security Council Report, cette table ronde a essentiellement examiné les conséquences de l’application de mesures de sécurité sur la jouissance des droits de l’homme, en particulier dans le contexte des politiques adoptées en matière de lutte contre le terrorisme.
Joanna Weschler a souligné que la sécurité humaine est un concept qui puise ses racines dans la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée il y a 60 ans.
Revenant sur la genèse du concept de sécurité humaine, M. THEO VAN BOVEN, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, a souligné que le Préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme proclame comme la plus haute aspiration de l’homme « l’avènement d’un monde où les êtres humains seront (…) libérés de la terreur et de la misère », ce qui, en fait, renvoie à la notion de sécurité humaine. Il a également rappelé l’action menée par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, en faveur de la sécurité humaine. Le Conseil de sécurité, pendant longtemps, n’accordait qu’une attention limitée à la problématique des droits de l’homme; ce n’est que graduellement, grâce à la société civile et à un Secrétaire général particulièrement actifs, que ces questions ont été mises en avant pour aboutir à l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité relative aux femmes, à la paix et à la sécurité, a précisé Theo van Boven.
Analysant les conséquences des événements du 11 septembre 2001 sur le paysage global des droits de l’homme, Mme JOANNA MARINER, Directrice du Programme terrorisme et anti-terrorisme à Human Rights Watch, a souligné que des changements spectaculaires dans les politiques nationales pour faire face au terrorisme ont été opérés à compter de cette date. Les droits fondamentaux normalement reconnus par les différents instruments internationaux sont ignorés lorsqu’il s’agit de faire face au terrorisme et aux personnes suspectées d’y être mêlées, a-t-elle fait observer. Les personnes détenues à Guantanamo sont considérées comme des combattants ennemis et ne jouissent plus des droits normalement reconnus aux personnes détenues, a-t-elle insisté. Elle a indiqué que Human Rights Watch a entrepris une étude des législations adoptées par les quelque 90 pays qui ont adopté des textes antiterroristes à la suite des événements du 11 septembre 2001. A compter de cette date, a-t-elle fait observer, ont été sensiblement accrus, au niveau national, les pouvoirs permettant de placer en garde à vue et de détenir des personnes sans les garanties fondamentales censées accompagner de telles mesures. Il est inquiétant de constater que la résolution 1373, première d’une série de résolutions adoptées par les Nations Unies s’agissant des questions de terrorisme, ne mentionnait même pas les droits de l’homme, si ce n’est dans une référence très imprécise au statut de réfugié, a relevé Joanna Mariner.
M. DANIEL BEKELE, chef de la recherche politique et de la mobilisation à Action Aid Ethiopia, a dénoncé les mesures prises par certains pays comme le sien – l’Éthiopie – afin de museler la société civile, sous prétexte de protéger les intérêts nationaux et la sécurité nationale. Il s’agit en fait de mesures disproportionnées au regard de la réalité de la situation, a-t-il souligné.
évoquant cette même question, M. NETSANET DEMISSIE, Cofondateur de l’Organization for Social Justice Ethiopia, a attiré l’attention sur un projet de loi actuellement à l’étude en Éthiopie qui - sous prétexte de défendre les intérêts et la sécurité du pays, vise en fait à entraver les activités de la société civile qui déplaisent aux autorités. Ainsi cette loi établit-elle une distinction entre les organisations dont moins de 10% du budget provient de sources extérieures à l’Éthiopie et les autres; or, chacun comprendra aisément que rares sont les organisations éthiopiennes dont moins de 10% du budget provient de l’extérieur, a souligné Nestanet Demissie.
Durant le bref échange de vues qui a suivi ces interventions, un participant a évoqué la situation des Palestiniens vivant dans des territoires occupés et s’est inquiété que l’on mette l’accent sur les victimes et non sur l’oppresseur. Soucieux de donner suite à la vocation de l’ONU, qui se doit de promouvoir un ordre international juste et équitable, un orateur a préconisé de modifier la Charte des Nations Unies afin de transformer les Nations Unies en un gouvernement international.
La question du terrorisme d’État et de la définition du terrorisme est l’une de celles qui explique qu’en dépit de longues années de négociations, il n’y a toujours pas de convention internationale sur le terrorisme, a fait observer un intervenant.
Un autre orateur a exprimé un doute quant à la nécessité de parvenir à une définition de la notion de sécurité, tant il est vrai que les définitions sont par nature restrictives. Il y a indéniablement un équilibre à trouver entre la sécurité individuelle et la sécurité collective, a-t-il souligné.
Les deux dernières tables rondes de la soixante et unième Conférence annuelle DPI/ONG, qui se tiendront demain matin, à 10 heures, porteront respectivement sur « L’éducation et l’apprentissage des droits de l’homme comme une façon de vivre » et sur le thème « S’attaquer aux atteintes aux droits de l’homme : prévention et responsabilité ». La Conférence annuelle tiendra ensuite sa séance de clôture à compter de 17 heures.
Une conférence de presse est également prévue à 11 heures.
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