LES JEUNES ET LES MIGRANTS AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS DE L’INSTANCE PERMANENTE SUR LES QUESTIONS AUTOCHTONES
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Instance permanente sur les questions autochtones
Septième session
11e & 12e séances – matin & après-midi
LES JEUNES ET LES MIGRANTS AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS DE L’INSTANCE PERMANENTE SUR LES QUESTIONS AUTOCHTONES
La santé, la scolarisation et la marginalisation des jeunes autochtones, ainsi que les conséquences de l’urbanisation ont été au cœur des préoccupations de l’Instance permanente sur les questions autochtones aujourd’hui, avant d’examiner le suivi de la Décennie internationale et les « travaux futurs et questions nouvelles ».
Dans de nombreux pays, le système d’éducation ne reconnaît ni les langues, ni les cultures autochtones qui sont menacées de disparaître, a-t-on plusieurs fois déploré au cours de débats. Pourtant, selon les termes du représentant de la Coordination autochtone francophone, « il faut que les enfants puissent être fiers de leur identité ». Les gouvernements ont donc été invités à inclure les langues autochtones dans l’enseignement.
De son côté, le représentant de la Fondation Rigoberta Menchu Tum s’est inquiété de l’incarcération disproportionnée de jeunes autochtones aux États-Unis, par rapport aux autres jeunes du pays. L’experte américaine membre de l’Instance a, pour sa part, signalé que les Amérindiens servent dans l’Armée américaine dans une proportion plus élevée que d’autres peuples du pays. Au Canada, c’est le sort d’enfants autochtones retirés à leurs familles qui a été dénoncé. Un participant s’est inquiété du taux de suicide chez les jeunes autochtones, 8 à 10 fois supérieur à celui des autres jeunes Canadiens. « Il n’est pas surprenant que la jeunesse autochtone soit aux prises avec la toxicomanie, alors que nous avons été privés de nos droits et de notre dignité », a-t-il aussi constaté.
En Afrique du Sud, les autochtones ont été repoussés dans des zones désertiques, à la suite de migrations forcées, a indiqué un autre représentant. Il en résulte une augmentation du taux de grossesses chez les adolescentes, du taux d’alcoolisme des jeunes et de leur échec scolaire. Les intervenants, qui ont exposé toutes ces difficultés, ont invité l’Instance permanente à se pencher sur cette situation, afin d’améliorer le bien-être et la dignité des enfants autochtones. Certains ont même proposé la formation de groupes de travail.
Sachant que 60% de la population autochtone vivent en zone urbaine, les gouvernements ont aussi été invités à s’attaquer aux problèmes spécifiques rencontrés par ces autochtones. La représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rappelé que leurs migrations sont souvent liées à la recherche d’emploi ou aux possibilités de logement. Mais les autochtones ont des compétences très spécifiques en fonction de leur mode de vie et un emploi en ville est plus difficile à trouver pour eux, sans parler du barrage de la langue, a-t-elle fait remarquer. On a aussi constaté que ces peuples vivent davantage dans la pauvreté que le reste de la population et souffrent encore d’un mauvais accès aux soins de santé.
Des recherches sont d’ailleurs menées sur la santé des Inuits et des Saamis vivant en milieu urbain, a informé la représentante du Caucus des peuples de l’Arctique, mais elles ne fournissent pas de données ventilées. L’experte chinoise et membre de l’Instance permanente s’est, pour sa part, réjouie de la publication d’un guide sur les autochtones urbains, à l’occasion de la quatrième session du Forum mondial de l’habitat qui se tiendra, cette année, en Chine.
Abordant les différentes façons de suivre les objectifs de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones, des délégations ont fait part de leurs stratégies à cet égard. L’expert marocain a insisté sur l’importance pour les États, au cours de cette Décennie, d’incorporer les principes de la Déclaration de l’ONU sur les peuples autochtones dans leurs législation et constitution nationales.
Le programme d’action pour la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones s’articule autour de cinq objectifs clefs, comme renforcer la coopération internationale afin de résoudre les problèmes qui se posent à ces peuples dans le domaine de la culture, de l’éducation, de la santé, des droits de l’homme, de l’environnement et du développement économique et social. Parmi ces objectifs, les États sont notamment appelés à revoir les mécanismes qui n’ont pas fonctionné, comme la réparation des dommages causés aux autochtones. À cet égard, a indiqué le délégué de la Fédération de Russie, la loi sur la réparation pour les dégâts causés par des activités économiques aux habitats autochtones dans son pays a été améliorée.
Pour ce qui est des travaux futurs de l’Instance permanente, nombreux sont ceux qui ont souhaité un plus grand dialogue entre les gouvernements, les autochtones et les institutions pertinentes des Nations Unies, dans le but de contribuer au développement des autochtones. Enfin, plusieurs thèmes ont été proposés pour la prochaine session de l’Instance, comme « les peuples autochtones et le partenariat au pouvoir », « l’eau », « la viabilité culturelle » et « le suivi de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».
L’Instance permanente poursuivra ses travaux demain, jeudi 1er mai, à 10 heures.
PRIORITÉS ET THÈMES ACTUELS ET SUITE À DONNER
a) Les enfants et les jeunes autochtones
b) Deuxième Décennie internationale des peuples autochtones
c) Les peuples autochtones en milieu urbain et les migrations
Déclarations
M. FRED CARON, Sous-Secrétaire adjoint aux affaires indiennes et du Nord-Canada, a dit l’appui de son gouvernement aux programmes d’ONU-Habitat en mettant l’accent sur les besoins des autochtones urbains. Il a indiqué que le Forum urbain mondial de Vancouver avait, dès juin 2006, inclus les questions autochtones en milieu urbain. Il a attiré l’attention sur des programmes importants mis en œuvre à l’attention des autochtones urbains, dont le renouvellement de la Stratégie nationale canadienne dotée d’un budget quinquennal de 68,5 millions de dollars qui doit permettre aux autochtones urbains de saisir toutes les opportunités communautaires. Notre souci est de permettre aux autochtones urbains de contribuer à la vitalité de la cité, a-t-il ajouté, en mettant l’accent sur la mise en place de 308 projets novateurs entre 2003 et 2007.
Mme MILDRED KARAIRA, Indigenous Peoples Caucus of the Greater Caribbean, a estimé que la plupart des organismes de l’ONU n’accordaient pas une attention suffisante aux îles des Caraïbes. Elle a suggéré que l’Instance permanente organise des consultations régionales se concentrant sur la situation unique des peuples autochtones des Caraïbes. Elle a souligné la nécessité de promouvoir la collaboration et la coopération entre les populations autochtones et de renforcer leurs capacités. Elle a regretté que les peuples autochtones de Puerto Rico ne bénéficient jamais de l’appui du Fonds volontaire de l’ONU pour participer aux réunions régionales. Elle a demandé à l’Instance permanente d’inviter la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le Groupe interinstitutions, l’Alternative bolivarienne pour les Amériques, l’Association des États américains et le Groupe de Rio à travailler en coopération étroite avec les gouvernements des pays de la région des Caraïbes pour obtenir le financement de ces recommandations en se concentrant sur la deuxième Décennie mondiale sur les peuples autochtones.
Mme AMY MUEDIN, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé les particularités de la migration des autochtones, précisant les effets négatifs qu’ils subissent. Les raisons des migrations de ces peuples sont souvent la recherche d’un emploi ou les possibilités de logement. Néanmoins, les autochtones ont des compétences très spécifiques à leur mode de vie et un emploi en ville est plus difficile à trouver, sans parler du barrage de la langue, a noté la représentante. Elle a expliqué que lorsque les services de santé et les administrations ne connaissent pas la langue des autochtones, l’intégration de ceux-ci est plus difficile et souvent les autochtones se retrouvent dans les bidonvilles. Les peuples autochtones qui ont survécu depuis de nombreux siècles devraient être considérés comme un atout pour la migration, a estimé la représentante. L’agriculture de subsistance étant difficile dans les régions des autochtones, la migration est pourtant dans de nombreux cas inévitable et il faut donc réfléchir à la façon dont les autochtones peuvent profiter de ce phénomène. La représentante a parlé d’une réunion sur ce sujet qui s’est déroulée l’année dernière pour donner des directives politiques. Elle a émis l’espoir qu’elles seront utiles pour les autochtones.
M. ALEXANDER SIRCHENKO (Fédération de Russie) a estimé que la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones montre bien l’importance de ce thème. Son pays a adopté une loi importante sur la préparation et la tenue de cette Décennie. Il est prévu aussi d’améliorer les règles applicables aux autochtones et de développer leur éducation, ainsi que de préserver leur culture. Un comité pour la deuxième Décennie a été créé, de même qu’un groupe de travail pour les autochtones du nord et de la Sibérie. Le délégué a ajouté qu’un projet de loi sur l’indemnisation pour les dégâts causés aux habitats de certains autochtones, résultant d’activités économiques, était en cours d’élaboration. On a mis au point, dans ce projet de loi, une définition de tels dommages, a-t-il précisé. Le représentant a aussi parlé de plans régionaux de préparation de la Décennie. Il a enfin évoqué la tenue d’un prochain congrès du peuple fino-hongrois qui se concentrera sur le développement social, économique et culturel de ce peuple.
M. PATRICK BRAZEAU, Congrès des peuples autochtones, a présenté les activités de son groupe qui représente les droits et intérêts des peuples autochtones du Canada dont la plupart vivent à l’extérieur des réserves. Il a dit que le Gouvernement du Canada s’appuyait sur le système des frontières des réserves pour déterminer les droits d’accès aux services auxquels ont droit les autochtones. Il a noté que la loi indienne était le seul élément législatif qui excluait l’application d’une autre loi, ce qui constitue, selon lui, une forme de discrimination à l’égard des peuples autochtones. Il a dénoncé le fossé qu’il y avait entre les droits défendus au niveau international par les représentants du Canada et la faible application au niveau national. C’est pourquoi, il a invité le Gouvernement du Canada à demander au Rapporteur spécial de se pencher sur la situation des autochtones au Canada, y compris la capacité des autochtones urbains à jouir de leurs droits économiques et sociaux.
Mme TARCILA RIVERA ZEA, Fonds volontaire des Nations Unies pour les peuples autochtones, a rappelé que ce Fonds a été créé par une résolution de 1985 dans le souci de permettre la participation des représentants des peuples autochtones aux réunions de l’Instance permanente. Nous avons fourni une aide à plus de 1 100 autochtones pour leur permettre de participer aux travaux sur les peuples autochtones, a-t-elle précisé. Elle a relevé que les bénéficiaires de ce Fonds ont indiqué que cet appui a permis le renforcement des capacités de dirigeants des représentants des autochtones et de régler leurs problèmes grâce aux rencontres directes avec les dirigeants des gouvernements. Le nombre croissant de requêtes rend nécessaire une sélection très difficile, a-t-elle dit, en précisant que sur 301 demandes reçues en 2007, seulement 78 avaient eu une suite positive grâce à la sélection opérée par cinq experts indépendants. Elle a précisé qu’en 2008, 537 300 dollars avaient été repartis entre 155 bénéficiaires pour qu’ils puissent participer aux travaux de l’Instance permanente ainsi qu’au nouveau mécanisme. Elle a suggéré que le mandat de ce Fonds soit élargi pour permettre de financer la participation des autochtones à d’autres réunions, comme celle du Conseil des droits de l’homme.
Mme MELANIA CANALES POMA, Continental Women of the South Organization,a noté que la diversité biologique s’accompagne de la diversité culturelle. Les peuples autochtones dépendent directement du climat, a-t-elle insisté, car les changements climatiques ont des conséquences sur la biodiversité et sur la production alimentaire, causant la perte de leurs ressources. Le réchauffement mondial entraîne la disparition et la fonte de neige le long de la chaîne des cordillères, là où vivent des autochtones. Des déplacements d’autochtones en résultent, des campagnes vers les villes. La représentante a donc dénoncé la pollution qui est à l’origine du réchauffement de la planète. Il est nécessaire de préserver la biodiversité et toute proposition visant cet objectif doit être prise après consultation des peuples autochtones et, notamment, des femmes autochtones, a-t-elle conclu.
Mme ANDREA CARMEN, International Indian Treaty Council, a rappelé que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones insiste sur le consentement libre et éclairé des autochtones dans les décisions qui les concernent. Le cadre normatif international des droits de l’homme permettent d’inspirer les traités et les lois pris en faveur des autochtones. Mme Carmen a noté que les objectifs de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones appellent toutes les parties à revoir les mécanismes qui n’ont pas fonctionné, notamment pour la réparation des dommages causés aux autochtones, à leurs terres et à leurs ressources. La restitution des terres doit être favorisée plutôt que la réparation financière, a-t-elle indiqué. Enfin, la représentante a recommandé que l’Instance propose de nouveaux modèles pour l’application des nouvelles lois spécifiques aux autochtones.
Mme YAMINA DJACTA, ONU-Habitat, a noté l’importance d’une réunion qui s’est tenue à Santiago, au Chili, en mars 2007, avec la collaboration d’ONU-Habitat, qui a été l’occasion d’arrêter un certain nombre de recommandations à l’attention des gouvernements pour les aider à relever les défis auxquels font face les autochtones urbains. Ces recommandations ont pour but d’aider les gouvernements à réaliser les droits des peuples autochtones dans les villes, et à servir d’outils pour faciliter la mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones. Elle a précisé qu’ONU-Habitat présentera ces dernières directives à l’occasion de la quatrième session du Forum urbain mondial qui se tiendra en Chine, cette année.
Mme RENILDA MARTINEZ, Red de Mujeres Indigenas Wayuu de Venezuela, a déclaré que les peuples autochtones et les femmes, en particulier, subissaient des discriminations constantes. Elle a notamment mis l’accent sur la disparition de savoirs ancestraux liée à celle des langues ancestrales, rappelant l’importance d’une éducation pluriculturelle. Elle a attiré l’attention sur une réunion qui s’est tenue à Lima, du 14 au 17 avril 2008, à l’issue de laquelle des recommandations sur l’éducation pluriculturelle tenant compte des spécificités des populations autochtones avaient été adoptées. En tant que femmes autochtones, nous proposons de tout mettre en œuvre pour permettre l’application de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, a-t-elle assuré, en soulignant la nécessité de développer des moyens pour mieux diffuser et vulgariser cette Déclaration auprès des populations autochtones.
M. MAKI EL ISI, Fonds des femmes de l’aigle volant et Fondation Rigoberta Menchu Tum, s’est dit très préoccupé par les violations des droits de l’homme des femmes et enfants des communautés autochtones, constatées aux États-Unis et au Canada. Il a parlé en particulier de l’incarcération disproportionnée de jeunes autochtones par rapport aux autres jeunes. Ces jeunes autochtones sont souvent incarcérés très loin de leurs familles. Il est fréquent qu’on leur coupe les cheveux et qu’on les empêche de pratiquer des cérémonies culturelles, comme celle de la purification. Les jeunes autochtones représentent moins de 2% de la population aux États-Unis, mais 15 à 20% de la population jeune incarcérée, a noté le représentant. Au Canada, a-t-il poursuivi, les enfants autochtones sont retirés de leurs familles à un âge très jeune. Ils étaient recueillis dans des pensionnats jusqu’à ce que ceux-ci ferment, mais on continue à enlever les enfants de leurs familles et plus de 25% d’enfants sont sous la tutelle de l’État au Canada. Il a dénoncé des cas de décès de certains de ces enfants qui n’ont pas été non élucidés. Il a donc recommandé que l’Instance permanente établisse un groupe d’experts sur ce sujet, afin de pouvoir prendre les mesures nécessaires.
MmeVERA PAWIS TABOBONDUNG,Association nationale des centres d’amitié, a expliqué que le Centre encourage l’accès égal à la société canadienne en mettant l’accent sur la culture autochtone en milieu urbain. Pendant plus de 40 ans, nous avons eu des résultats dans la lutte contre la paupérisation des peuples autochtones vivant dans les zones urbaines du Canada. Les centres d’amitié reçoivent des personnes vivant parfois déjà en milieu urbain, pour leur donner des conseils. En 1972, le Gouvernement du Canada a commencé à apporter son soutien à 47 de ces centres. Notre aide aux autochtones du Canada se révèle donc positive, ces centres étant les premiers prestataires de services pour favoriser l’intégration des autochtones en milieu urbain.
Mme XIAOMEI QUI, experte de chine et membre de l’Instance permanente, a déclaré que le but de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones était de favoriser la coopération internationale pour parvenir à de réels progrès dans le domaine de l’éducation, des droits de l’homme et de l’environnement social et économique. Elle a jugé très utile pour mettre en œuvre la déclaration de l’ONU d’utiliser toute la volonté politique dont ont fait preuve les États pour l’adoption de ce texte. Il faut continuer à intégrer les préoccupations des peuples autochtones dans les travaux des Nations Unies en harmonie avec le calendrier de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement(OMD), a-t-elle ajouté. La représentante s’est réjouie de la publication d’un guide sur la question des autochtones urbains, à l’occasion de la quatrième session du Forum mondial de l’habitat qui se tiendra cette année en Chine.
Mme CELESTE MACKAY, Caucus des Amériques, a particulièrement insisté sur la protection des enfants autochtones. Elle a indiqué qu’une réunion était prévue en Ontario, en août 2008, dans le souci d’arrêter une stratégie pour appuyer les institutions autochtones dans l’intérêt des enfants autochtones. Elle s’est particulièrement inquiétée du taux très élevé de grossesses précoces et de maladies sexuellement transmissibles, en exhortant les femmes autochtones à revenir aux valeurs autochtones. Elle a dénoncé les contrôles aux frontières qui portent atteinte aux droits culturels et linguistiques des autochtones.
Mme KATHLEEN MCHUGH, Assemblée des premières nations et Conseil des femmes du Canada, a proposé une analyse axée sur la dimension sexospécifique de la situation des peuples autochtones. Elle a recommandé au Conseil économique et social et au Conseil des droits de l’homme de demander au mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones de mener une étude sur les effets des changements climatiques sur ces peuples. Elle a aussi appelé l’Instance permanente à recommander aux gouvernements d’appuyer les mesures à l’égard des femmes et des jeunes dans les activités environnementales. Le Conseil des femmes appelle aussi l’Instance permanente à proposer, dans son rapport, une approche culturelle pour le développement humain des femmes autochtones, y compris des femmes autochtones handicapées. Elle a également proposé de créer des partenariats avec le Conseil des femmes et les institutions de l’ONU pour former des dirigeantes autochtones et les préparer à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Mme EVA OTTAWA, Conseil de la nation Atikamekw et Conseil des Innus du Nitassinan, a rappelé que le Comité des droits de l’homme avait présenté, il y a 10 ans, plusieurs recommandations au Canada, s’inquiétant que le pays n’ait pas encore donné suite aux conclusions de la Commission royale canadienne sur les autochtones. Le droit à l’autodétermination exige que les peuples puissent disposer de leurs ressources naturelles, a-t-elle rappelé. Or, 10 ans plus tard, la situation reste la même et est très préoccupante. La politique du Canada visant l’extinction des droits des autochtones doit être revue, a-t-elle insisté, tout en rappelant que ces droits sont inaliénables. Elle a donc appelé le Gouvernement canadien à s’atteler à cette tâche, à l’occasion de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones.
M. ALANCAY MORALES GARRO, Réseau des jeunes autochtones d’Amérique du Sud (CUSCURA), a présenté un projet concernant 12 villages autochtones du Costa Rica, Panama et Nicaragua visant à renforcer les capacités des jeunes pour arriver à mieux les préparer à affronter les difficultés spécifiques des autochtones. Il a mis l’accent sur les questions de l’autonomisation et des problèmes régionaux pour surmonter la vulnérabilité des jeunes autochtones pour que nous puissions mieux participer aux efforts d’autodétermination de nos peuples.
M. JEAN-CHARLES PIETACHO, Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, a indiqué que cette Assemblée représentait 43 communautés et 10 « nations » du Canada. Il a fait remarquer que le Canada, qui « se targue » d’être un modèle sur la scène internationale pour revendiquer pour les autres peuples du monde la sauvegarde et la protection des droits de l’homme, refuse d’entériner la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones. Il s’est demandé pourquoi un pays riche comme le Canada compte plus de 60% des familles autochtones qui vivent sous le seuil de la pauvreté, dans des logements surpeuplés, ce qui est en totale contradiction avec le Pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels. Il s’est notamment inquiété d’un taux de suicide, 8 à 10 fois supérieur à celui des autres jeunes Canadiens. « Il n’est pas surprenant que la jeunesse autochtone soit aux prises avec la toxicomanie alors que nous avons été privés de nos droits et de notre dignité », a-t-il ajouté. La reprise du contrôle de nos affaires est une condition essentielle pour assurer un avenir à notre jeunesse, a-t-il insisté, en souhaitant l’établissement d’un partenariat réel avec les États pour la gestion des ressources naturelles, avec tous les moyens requis que sont le territoire, les ressources et l’autodétermination.
M. HANDAINE MOHAMED, Coordination autochtone francophone, a salué les efforts menés en Algérie dans le domaine de la scolarisation, tout en faisant observer que l’enseignement ne reconnaît pas la culture tamazigh et, notamment, la langue. Il a donné d’autres exemples, comme celui des Touaregs dans le Sahel, qui ne peuvent pas utiliser la langue tamachek. En Afrique centrale, plusieurs jeunes autochtones souffrent de discrimination. Très peu suivent le système scolaire au Burundi et au Rwanda, a ajouté le représentant, et les jeunes sont souvent attirés par les coutumes occidentales. Il a aussi cité le cas des autochtones de la Polynésie française, qui ont une institution pour promouvoir leur langue mais qui n’est pas suffisamment efficace. Le représentant a encore parlé des Autochtones francophones du Québec et des Kanaks. Les enfants qui n’apprennent pas leurs langues se voient marginalisés, surtout dans les milieux urbains, a-t-il relevé. Il faut qu’ils puissent être fiers de leur identité. Il a donc demandé que l’Instance permanente intervienne auprès des États, afin que ceux-ci appliquent la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et la fassent traduire en langue autochtone. Il faut aussi que les gouvernements reconnaissent les langues autochtones et les enseignent dans les écoles, et qu’ils les utilisent dans les médias.
M. ACHMAT JACOBS, Koi San Heritage Council/Fincasa, a expliqué que son groupe a été le premier à se voir confisquer ses terres par les colons. En 1652, un Néerlandais a occupé nos terres, ce qui a entraîné la disparition progressive de nos langues et de nos cultures, qui se sont substituées à des langues et cultures étrangères. Nos jeunes ont subi des attaques et même aujourd’hui, peu est fait pour corriger les injustices du passé, a-t-il noté. Les autochtones ont été repoussés dans des zones désertiques, à la suite de migrations forcées, et les problèmes qui en résultent pour les jeunes sont les suivant: le taux de grossesses chez les adolescentes a augmenté, ainsi que l’alcoolisme des jeunes et leur échec scolaire. Selon notre politique nationale, les enfants doivent être scolarisés jusqu’à l’âge de 16 ans, mais aucune loi n’est prévue pour la faire appliquer. Le représentant a encore expliqué qu’il existe 80 gangs, regroupant 120 000 enfants de 12 à 26 ans. Ces enfants consomment des drogues, a-t-il indiqué, mentionnant l’apparition d’une nouvelle drogue il y a trois ans, un poison qui rend les jeunes fou et les tue parfois. Il a lancé un appel à l’Instance pour qu’elle se penche sur cette situation, afin d’améliorer le bien-être et la dignité des enfants autochtones.
M. VLADISLAV TOROSOV, représentant du peuple khakass de Sibérie australe, a indiqué que 600 000 personnes vivaient dans la république khakass, dont 12% sont des autochtones. Il a souligné les difficultés particulières de ces autochtones, qui sont minoritaires sur leurs terres et sont confrontés à de grandes difficultés pour préserver leur langue, leur culture et leurs traditions. Il a notamment regretté la réduction de soutien pour l’édition de livres dans la langue autochtone alors que certaines écoles autochtones ont été fermées. Il a cité l’impact négatif sur la santé de production d’aluminium. Il a jugé urgent un soutien financier pour favoriser la diffusion d’une littérature khakass et de programme audiovisuel dans cette langue.
Mme MYRIAM SANCHEZ, Caucus mondial des femmes autochtones, a mis l’accent sur la migration des jeunes autochtones vers les zones urbaines en notant leurs difficultés particulières liées à l’impact des changements climatiques sur les terres autochtones. Elle a dénoncé les politiques publiques de déportation visant à briser les familles autochtones. Elle a demandé à l’Instance permanente de prier le Conseil économique et social (ECOSOC) et tous les organes principaux de l’ONU d’examiner spécifiquement les questions de migration des jeunes autochtones. Elle a souhaité que l’on procède, sous l’angle des droits de l’homme, à une compilation de données de la situation des jeunes autochtones qui migrent dans les centres urbains.
Mme IRENE MAMANI, qui s’est exprimée au nom d’une coalition de groupes boliviens d’autochtones, CSUTCB, CSCB, FNMICB-BS, CIDOB, CONAMAQ, a salué l’importance des travaux menés par l’Instance permanente. Les femmes de Bolivie souhaitent qu’il y ait un rapport annuel de la part du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des autochtones concernant tous les pays, afin de mesurer les progrès atteints. Elle a invité le Rapporteur spécial à participer à une réunion le 4 mai, en Bolivie, et appelé à continuer la lutte des peuples autochtones. En Bolivie, nous faisons partie du Gouvernement mais nous recherchons encore plus de moyens pour permettre aux jeunes autochtones de se développer, a expliqué Mme Mamani. Elle a ensuite souligné l’importance du thème de la coordination dans ce domaine. Pour ce qui est des changements climatiques, elle a estimé qu’il faudrait appliquer les techniques millénaires élaborées par les peuples autochtones. Elle a enfin demandé que les pays développés payent leur dette historique à l’égard de ces peuples.
Mme TONYA GONNELLA FRICHNER, experte américaine et membre de l’Instance permanente, a indiqué que les autochtones aux États-Unis veulent continuer à bénéficier de leur valeur unique. Les indiens servent dans l’Armée américaine dans une proportion plus élevée que d’autres peuples des États-Unis, a-t-elle souligné. Le traumatisme historique que les Amérindiens ont subi a eu aussi pour conséquence de les pousser à la toxicomanie. Ces peuples vivent deux fois plus dans la pauvreté que la population totale américaine et connaissent le taux de chômage le plus élevé. Cela résulte de programme des années 50 et 60 qui a poussé les Indiens à vivre dans des zones urbaines, a expliqué l’experte. Elle a aussi noté que l’essentiel du soutien fédéral profite aux autochtones vivant encore dans les réserves. Enfin, elle a précisé que les Amérindiens souffrent encore d’un manque important de soins de santé.
M. BRIAN WYATT, Caucus australien, a noté une forte augmentation de la population autochtone qui est confrontée à de nombreux problèmes d’accès aux services sociaux et de santé. Il s’est félicité d’un nouveau partenariat avec l’État pour diminuer l’écart en matière d’alphabétisation entre les populations autochtones et les autres Australiens. Il a invité l’ONU à fournir une attention prioritaire à la question des enfants autochtones.
Mme ELEANOR DICTAAN-BANG-OA, Réseau asiatique des femmes autochtones, a souligné les efforts de son organisation en faveur des femmes et des enfants autochtones. Les organisations des Nations Unies et les États devraient établir des mécanismes efficaces pour favoriser la participation des femmes et jeunes autochtones aux travaux les concernant. Dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones et l’adoption de la Déclaration de l’ONU sur les peuples autochtones, a-t-elle ajouté, en demandant à tous les États d’intégrer ces questions dans tous leurs programmes.
Mme KRISTINA NORDLING, Caucus des peuples de l’Arctique, a parlé des recherches menées sur la santé des Inuits et des Saamis vivant en milieu urbain. Elle a regretté que ces recherches ne fournissent pas de données ventilées. Ces peuples urbains souffrent souvent de maladies mentales, qui s’ajoutent à une crise identitaire. Les programmes d’État ne sont pas toujours appropriés et ne tiennent pas compte de la langue pratiquée par les peuples autochtones. Le Caucus de l’Arctique recommande donc à l’Instance permanente de demander aux États de lui faire rapport sur les activités qu’ils ont entreprises pour ventiler les données entre population majoritaire et population autochtone vivant en milieu urbain.
Mme JOJI CARIÑO, Convention sur la biodiversité, a signalé les progrès importants qu’elle a effectués dans ses travaux de recherche sur les indicateurs relatifs aux autochtones des milieux urbains. Elle a évoqué une réunion du groupe de travail de la Convention, tenue à Montréal en 2007, qui a recommandé que la Convention adopte une décision pour tirer les enseignements de ses activités et trouver de nouveaux indicateurs. Un des indicateurs trouvés par la Convention est relatif aux activités traditionnelles et un autre utilise les langues autochtones. La difficulté est de peaufiner ces indicateurs en examinant les données, a estimé la représentante. Il existe, selon elle, un grand potentiel pour promouvoir les efforts au niveau national.
M. THOMAS FORTUNE, Caucus africain, IPACC et Internationale Touareg, a attiré l’attention sur le sort des populations touaregs du Mali et du Niger. Depuis l’indépendance des peuples de l’Afrique de l’Ouest, les Touaregs ont été marginalisés et exclus du processus de découpage territorial et de formation des États. C’est ainsi que les Kel Tamasheks (Touareg) se sont retrouvés répartis entre cinq États. Le représentant a évoqué les conflits au Mali en 2006 et au Niger en 2007, entre des mouvements de rébellion et les autorités de ces États, générés par l’aspiration des peuples à plus de justice et de participation à la vie nationale. Il a indiqué que le Niger a lancé un programme intensif d’exploitation et d’exploration d’uranium en pays touareg, sans consultation préalable des populations autochtones. Après la colonisation, machine économique qui a « déchiqueté » leur territoire, les Touaregs ont aujourd’hui à subir les effets de la mondialisation, s’est-il plaint. Ce processus va conduire à la disparition d’un mode de vie ancestral adapté à l’environnement, à la perte de compétences et d’une démarche intellectuelle spécifiques aux peuples nomades. Le représentant a ensuite donné des exemples des problèmes rencontrés par les Touaregs, comme les arrestations arbitraires et les assassinats au Niger, et les exécutions d’individus suivies de la fuite de la population de Kidal craignant des répressions collectives au Mali. Il a donc appelé à faire cesser ces violations et à instaurer une paix durable basée sur le respect des droits des peuples autochtones.
Mme LINDSEY URQUHART, Délégation de la jeunesse autochtone de l’Australie, a salué la demande de pardon prononcée par le Parlement australien à l’égard des générations volées. Les vues des jeunes sont d’autant plus importantes qu’ils représentent 60% des autochtones australiens, a-t-elle précisé, en rappelant que l’espérance de vie des autochtones était plus courte, leur taux de maladies plus élevé, et leur taux de scolarité des plus faibles. Elle a dénoncé un système d’éducation qui ne reconnaît ni les langues ni les cultures autochtones qui sont menacées de disparaître. Elle s’est particulièrement inquiétée de l’insuffisance des services sociaux et de santé avec un impact grave sur la dignité des autochtones. Le moment est venu pour nous de jouer un rôle plus responsable pour que les bonnes intentions se traduisent en progrès réels pour les autochtones, a-t-elle encore dit.
Mme CHELSEA CHEE, Réseau de l’environnement autochtone, a appuyé l’urgence d’aborder la question des changements climatiques en précisant que 60% de la population autochtones vivaient en zone urbaine. Elle s’est inquiétée de l’impact des changements climatiques sur la santé des autochtones. Comment nos jeunes pourront-ils s’appeler des autochtones s’ils ne sont plus en mesure de vivre sur leurs terres ancestrales, en raison des conséquences des changements climatiques? Elle a demandé qu’un moratoire soit établi en ce qui concerne les activités d’extraction de combustibles fossiles sur les territoires autochtones.
M. HASSAN ID BALKASSM, expert marocain, a déploré l’insuffisance de débat au niveau des gouvernements en Afrique avec les populations autochtones, ce qui est, selon lui, une source de dissension persistante. Il a rappelé que le dernier Rapport sur le développement humain dans le monde, publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné l’importance de dialoguer avec les populations autochtones en regrettant que l’on constate en fait leur marginalisation croissante et tenue à l’écart d’un réel débat sur les questions essentielles. Par ailleurs, il a souhaité que les états incorporent au cours de cette deuxième Décennie internationale des peuples autochtones, les principes de la Déclaration de l’ONU sur les peuples autochtones dans leurs législations et constitutions nationales.
M. MICHAEL DODSON, Rapporteur spécial de l’Instance permanente, a présenté la liste des rapports qu’il a examinés dans le cadre de sa mission. Il a notamment mis l’accent sur le projet d’une étude sur les droits coutumiers et savoirs traditionnels, qui devrait porter sur la façon dont ces savoirs pourraient être protégés au niveau international.
M. PAVEL SULYANDZIGA, expert russe, a présenté l’atelier de l’Instance permanente qui s’est tenu en Fédération de Russie les 2 et 3 juillet 2007 avec le soutien du Ministère russe des affaires étrangères, sur l’interaction entre les autochtones et le secteur de l’industrie. Parmi les questions abordées, figurent les exemples que l’on pouvait avancer sur les pratiques optimales et les conclusions que l’on pouvait tirer, ou encore les moyens d’assurer la répartition des recettes et des dépenses. Les participants à cet atelier ont noté en particulier l’absence de normes régissant les relations entre autochtones et groupes industriels et l’absence de politiques nationales régissant cette question. Il a précisé que les participants ont insisté sur la nécessité de mécanismes aux niveaux national et international pour régler les litiges de cette nature. Il a été proposé de désigner un rapporteur spécial pour les projets du secteur privé qui touchent aux intérêts des populations autochtones à travers le monde. Il a précisé que cet atelier avait rassemblé 80 personnes dont 13 membres de l’Instance permanente.
Mme JANE NAINI MERIWAS, boursière du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a rappelé que le Haut Commissariat aux droits de l’homme avait lancé en 1997 un Programme de bourses pour les autochtones. Depuis cette date, le Programme de bourses pour autochtones a bénéficié à 50 pays de toutes les régions du monde. Elle a indiqué avoir ainsi pu passer quatre mois au siège du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Genève, avec quelques visites à d’autres institutions comme le PNUD, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR). Certains anciens boursiers ont ensuite été stagiaires ou consultants dans d’autres organisations, a signalé la boursière. Mais la grande majorité d’entre eux sont retournés dans leur pays, armés d’un savoir utile sur les droits et les questions autochtones, s’est-elle réjouie. Étant donné le mandat qui existe pour renforcer le programme de bourses actuel, elle a demandé à l’Instance permanente de fournir un plus grand appui à ce programme, ce qui permettrait d’en faire bénéficier plus d’autochtones. En outre, il devrait, a-t-elle estimé, selon elle être complété par des stages. Elle a aussi proposé que l’Instance diffuse des informations sur ces bourses. Enfin, elle a exprimé toute sa reconnaissance pour avoir pu participer à ce programme.
Mme SOMALIN MENG THACH, Fédération des Khmers Kampuchea-Krom et Fondation des Montagnards, a indiqué que beaucoup d’autochtones sont contraints de trouver un autre moyen de survie que la terre, alors qu’elle représente toute leur vie. Au Viet Nam, la migration n’a cessé d’augmenter, du fait de confiscation de terres. Les peuples autochtones migrent souvent vers la ville de Ho Chi Minh où il y a beaucoup d’exploitation sexuelle. Le Viet Nam nie nos revendications, a regretté la représentante. Or, Human Rights Watch apporte des preuves des violations aux droits de l’homme des autochtones au Viet Nam, a-t-elle informé. La représentante a assuré ne pas être séparatiste. Nous sommes le fruit du colonialisme et nous souhaitons travailler avec le Gouvernement pour améliorer notre sort, a-t-elle déclaré.
M. TOMAS HUANACU TITO,Consejo Nacional de Ayllus y Markas de Qullasuyo(CONAMAQ), a regretté que l’on pousse les autochtones à adopter des religions n’ayant rien à voir avec leur culture et à choisir des noms occidentaux pour leurs enfants sous l’influence de l’Église catholique. Il a proposé que l’on conçoive des programmes scolaires prenant en compte et respectant la diversité autochtone.
Intervenant au nom des autochtones de neuf pays du bassin de l’Amazone, M. EGBERTO TABO CHIPUNAVI, Organisations autochtones du bassin de l’Amazonie (COICA), a cité des études démontrant la grande vulnérabilité des autochtones de l’Amazonie. Il a cité la Bolivie qui détient l’indice de pauvreté le plus élevé de la région, en rappelant que la majorité des Boliviens étaient des autochtones. Il a souhaité que l’on mette un terme à un système qui ne cesse de marginaliser les autochtones. Nous avons grandement besoin d’une campagne en faveur des enfants autochtones, a-t-il estimé, en ajoutant qu’il était grand temps que l’on cesse de violer les droits de ces enfants.
Intervenant au nom des jeunes autochtones du nord et du sud de l’Irlande, Mme LISA DEMPSEY, Conseil des jeunes Autochtones de l’Irlande, a déclaré que nous avions retrouvé notre nature propre et mûri spirituellement grâce à l’éclairage de nos anciens. Elle a souhaité que l’on reconnaisse les enseignements autochtones de nos anciens dirigeants autochtones, notamment en s’appuyant sur l’article 14 de la déclaration de l’ONU en matière de santé et d’éducation. Elle a demandé un débat ouvert au sein des institutions européennes sur la question de la mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU sur les peuples autochtones.
Mme AUDREY HOC, HERRI TOPA, a signalé que la langue euskara a une origine pré-indo-européenne, et est à ce titre l’une des plus vieilles langues d’Europe, parlée par 60 000 personnes. Cette langue n’a cependant aucun statut légal, car la France refuse de reconnaître l’existence sur son territoire de plusieurs dizaines de langues pourtant plus anciennes que le français en métropole ou dans les territoires d’outre-mer. Il y a juste quelques « aménagements » qui ont été prévus par la loi Deixonne de 1951 notamment, pour son enseignement. Aujourd’hui, la langue basque ne doit sa survie que grâce au travail de certaines associations qui donnent des cours aux enfants en immersion totale et des cours du soir aux adultes. Mais, en vertu de l’article 2 de la Constitution française, qui fait du français la seule langue officielle, le système immersif est devenu illégal. La représentante a donc demandé à l’Instance de mettre en place les moyens nécessaires afin que la France respecte enfin les langues autochtones et minorisées parlées sur son territoire. Nous demandons l’application des articles 13 et 16 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a-t-elle ajouté. Enfin, la représentante basque a annoncé que le Parlement devrait, le 7 mai prochain, examiner la possibilité de revoir l’article 2 de la Constitution. Elle a demandé la nomination d’un expert autochtone pour la zone « Europe de l’Ouest » et proposé pour cela un expert basque.
TRAVAUX FUTURS DE L’INSTANCE PERMANENTE ET QUESTIONS NOUVELLES
Document portant sur les règles coutumières applicables aux savoirs traditionnels autochtones et sur le droit coutumier autochtone
Déclarations
M. JOHAN L. LØVALD (Norvège) a considéré que les autochtones ont besoin de l’appui des gouvernements pour se développer, surtout face aux changements climatiques. L’évaluation de l’impact climatique par le Conseil des peuples de l’Arctique dresse un tableau inquiétant de la situation, a-t-il averti. C’est pourquoi, il a estimé que les peuples autochtones devraient participer aux processus nationaux sur l’adaptation aux changements climatiques. Il a aussi invité à tenir compte des connaissances traditionnelles et des facteurs socioéconomiques des autochtones. Suite à la Convention sur la diversité biologique, le Parlement saami et le Gouvernement norvégien ont réuni les connaissances des autochtones. Les écosystèmes de l’Arctique sont durement touchés par les changements climatiques et nous devons reconnaître la capacité des autochtones pour faire face aux conséquences. Ils ont notamment la capacité à protéger les forêts et permettent ainsi d’empêcher la déforestation, a précisé le représentant. La Norvège coopère en outre avec plusieurs pays en développement dans plusieurs pays d’Amérique latine et en Asie, a aussi signalé le représentant.
Mme HILARIA SUPA HUAMAN, Parlement autochtone du Pérou, a précisé qu’elle siégeait au Parlement péruvien depuis plus d’un an. Elle a mis l’accent sur les problèmes de santé des enfants autochtones liés à la pollution des rivières autour des centres miniers. Elle a demandé que l’Instance permanente de se rendre au Pérou pour rencontrer des membres de la communauté autochtone qui ne peuvent venir à New York. Le Gouvernement du Pérou ne veut pas entendre les préoccupations des populations autochtones, a-t-elle ajouté, en demandant que les enfants qui sont notre avenir soient protégés. Elle s’est inquiétée du fait que le Parlement péruvien risquait d’approuver l’entrée de militaires des États-Unis chargés de former l’Armée péruvienne. Elle a estimé que la forêt vierge était menacée parce que les multinationales risquent de s’y implanter. Elle s’est inquiétée de projets d’exploitation sur des sites autochtones sacrés qui n’apporteront pas le développement. Elle a souhaité que l’on exploite tout le potentiel de la feuille de coca en matière alimentaire et médicinale pour qu’elle ne soit plus exploitée par les trafiquants de drogue.
Mme YANA DORDINA, Fonds international de développement pour les peuples de la Sibérie et de l’Extrême-Orient de la Fédération de Russie, a dit son souci de favoriser une coopération entre les autochtones, les groupes industriels et les collectivités locales pour favoriser la mise en place de normes sur la question. Elle a estimé que la réalisation de projets de grande ampleur sur les terres autochtones posait un grave problème en Fédération de Russie. Faute de législation, a-t-elle ajouté, de nombreux autochtones ne sont pas au fait de leurs droits et sont exploités par des sociétés. Elle a estimé que les autochtones devaient être formés sur les normes ou les orientations de la Banque mondiale. C’est pourquoi elle a recommandé qu’une attention particulière soit accordée dans les futurs travaux de l’Instance permanente aux relations entre les autochtones et les grandes sociétés industrielles.
M. HANDAINE MOHAMED, Coordination autochtone francophone, a proposé, dans le cadre de la promotion de la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, de recommander d’instaurer un dialogue franc entre l’Instance permanente, les gouvernements et les représentants autochtones, en prenant en considération les régions qui connaissent un conflit, notamment le Sahel. Il a aussi proposé de créer un fonds spécial pour traduire la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en langue autochtone. Il a encore souhaité encourager les visites du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des peuples autochtones dans les régions concernées, notamment au Mali. Comme thème de la prochaine session, il a proposé que l’Instance permanente examine la question concernant « les peuples autochtones et le partenariat au pouvoir ».
Mme SIVLIA ESCARCEGA, Réseau des femmes autochtones asiatiques et autres organisations, a recommandé de fournir un appui financier pour un forum sur l’eau et la paix, qui serait géré par des autochtones et par l’Instance permanente. Concernant le rôle du gouvernement sur la protection de l’eau, il faudrait inclure les autochtones à la prise de décision en la matière et instaurer un moratoire sur l’utilisation de barrages. Il faut aussi favoriser l’expression de la spiritualité autochtone, a-t-elle estimé. Elle a aussi souhaité que la culture traditionnelle autochtone soit incluse dans les programmes scolaires. En ce qui concerne l’eau et les entreprises, elle a proposé un moratoire pour éviter la privatisation de l’eau. Enfin, elle a recommandé à l’Instance permanente de faire de « l’eau » le thème de sa prochaine session.
M. WILLIE LITTLECHILD, Assemblée des premières nations, a engagé l’Instance permanente à rejoindre la célébration de la vie par le sport, à savoir les premiers jeux autochtones où l’on attend 3 500 athlètes autochtones. Il a souhaité que les autochtones puissent participer aux Jeux olympiques d’hiver en 2010 dans la province canadienne de Colombie britannique. Il a précisé que lors de la réunion préparatoire pour l’Amérique du Nord, les participants ont recommandé que la prochaine session de l’Instance permanente se concentrent sur la mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU sur les droits et peuples autochtones en insistant sur les stratégies et mesures aux niveaux local, national et international, en particulier en ce qui concerne l’autodétermination.
M. EBERGO TABO CHIPUNAVI, Organisations autochtones du bassin de l’Amazonie (COICA), a souligné l’importance de tenir compte des besoins et demandes des différentes régions pour ce qui concerne le contenu des futurs travaux de l’Instance. Il convient d’assurer le respect des droits coutumiers et savoirs traditionnels, ainsi que la spiritualité de chacune des organisations. Après l’adoption de la Déclaration de l’ONU, a-t-il ajouté, nous sommes inquiets que la plupart des États ne l’appliquent pas.
M. SANJEEB DRONG, Conseil asiatique, a proposé des questions clefs que l’Instance devrait intégrer à ses travaux futurs. L’impact des extractions minières sur le développement des autochtones est un sujet de la plus haute importance, du fait des effets négatifs qui touchent les autochtones. Aucun groupe de travail n’a encore été établi sur ce sujet, malgré des demandes antérieures. L’Instance permanente devrait aussi servir au mieux les intérêts des autochtones. Le représentant a souhaité un plus grand dialogue entre les gouvernements, les autochtones et les institutions, dans le but de contribuer au développement des autochtones.
M. ARMAND MCKENZIE, Nation Innu, a parlé du « peuple invisible », c’est-à-dire de la nation algonquine du Québec, qui vit depuis trop longtemps dans des conditions déplorables. Ce peuple est invisible aux yeux des blancs, qui continuent à avoir des préjugés, et invisible aux yeux des gouvernements canadiens et québécois, qui continuent à donner le territoire autochtone sans le consentement préalable, libre et informé des personnes concernées. Nous ne voulons plus être invisibles et nous voulons participer de façon pleine et entière au sein de toutes les institutions, y compris aux Nations Unies, a-t-il annoncé. Il a enfin demandé à l’Instance permanente de donner un statut d’observateur permanent au peuple qu’il représente.
M. ATHILLI SPARINA, Naga People’s Movement for Human Rights, Asia Pacific Indigenous Youth Network, a signalé les efforts accomplis pour mobiliser les jeunes lors des rencontres autochtones des jeunes autochtones aux Philippines grâce à un appui financier et technique de nombreuses organisations. Tout en regrettant que le dialogue politique a trop souvent été utilisé pour nous dominer, il a dit sa confiance aux États pour prendre des mesures permettant une paix juste et équitable.
Mme XIAOMEI QIN, experte chinoise et membre de l’Instance, s’est félicitée des avancées positives marquées par l’adoption de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones en septembre 2007. Elle a appuyé une démarche multidimensionnelle sur la base d’un respect mutuel pour régler les questions économiques et sociales. Il faut que la Déclaration de l’ONU sur les peuples autochtones serve à intégrer les priorités des peuples autochtones dans les programmes de travail à tous les niveaux des Nations Unies. Elle a notamment invité les organisations intergouvernementales à mettre en place des programmes qui tiennent compte de la vulnérabilité des peuples autochtones.
M. GHISLAIN PICARD, Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, a dénoncé le Gouvernement canadien qui a refusé de soutenir la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, malgré l’appui de la population et du Parlement canadien. Il faut pourtant agir de manière urgente, a-t-il prévenu. Le Québec et le Canada offrent une société riche et progressiste, mais une partie de la population souffre et vit dans des conditions qui s’apparentent à celles du tiers monde. Malgré l’existence de nos droits ancestraux, le Gouvernement canadien continue à nier nos droits, a-t-il déploré. La majorité de notre population est composée de jeunes, à qui nous voulons léguer des solutions plutôt que des problèmes. Au nom des premières nations du Québec et du Labrador, il a proposé que l’Instance permanente accorde une importance particulière à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dans ses travaux futurs, particulièrement au droit à l’autodétermination.
Mme SILKE GRASREINER, Fondation Reino Maya, a indiqué qu’un représentant appartenant à son peuple n’a pas pu se rendre à la réunion de l’Instance permanente car il n’a pas de passeport. Les Mayas ne sont pas respectés, malgré des lois qui leur sont favorables, a-t-elle indiqué. Elle a cité entre autres le problème de l’alcoolisme et celui de la non-reconnaissance des prénoms mayas à l’État-civil. Les Mayas devraient avoir un drapeau propre, a-t-elle aussi revendiqué. La représentante a aussi annoncé que, selon une prophétie maya, il y aura en 2012 une nouvelle race humaine qui sera en mesure de résister aux changements climatiques. Aujourd’hui, les anciens Mayas n’ont pas accès à leurs sites pour mener leurs cérémonies traditionnelles, et cela représente une violation de nos droits, a-t-elle aussi constaté.
Mme ZEHRA BOUGINE, Caucus Amazigh, a indiqué que malgré la reconnaissance de la langue amazighe au Maroc, les mesures de renforcement de la langue tamazigh dans la vie publique restaient insuffisantes. Elle a déclaré que cette langue restait méprisée par plusieurs institutions. Elle a dénoncé l’expropriation et la spoliation des terres amazighes qui se poursuit sans relâche poussant les paysans amazighs à la pauvreté et à l’exil. Elle a dénoncé la dissolution du parti politique amazigh. En Algérie, a-t-elle précisé, la Constitution de l’Académie amazighe est la concrétisation de la reconnaissance de la langue dans la constitution, même si elle reste menacée par une politique d’arabisation. Elle a regretté que le mouvement pour l’autonomie de la Kabylie n’était pas reconnu. En Libye, a-t-elle noté, l’existence du peuple amazigh est simplement ignorée par le Gouvernement. Elle a indiqué qu’en pays Touareg, au Niger et au Mali, la discrimination dont sont victimes les Touaregs les poussent à se révolter régulièrement. Elle a cité les répressions de l’Armée du Niger qui ont tués 60 Touaregs, alors qu’en Tunisie et en Égypte, les Amazighs sont de plus en plus minoritaires en raison de la politique de l’arabisation.
Mme MEENAKSHI MUNDA, Mundari Literary Council, a dénoncé des politiques publiques qui n’ont ni contribué au développement, ni à faire face aux migrations à l’Ouest du Djarkan. Quiconque est dépourvu de moyen est attiré par la ville, a-t-elle ajouté, en notant l’impact des agences d’emplois qui profitent de situations pour exploiter des femmes démunies. Face à cet impact de la migration, elle a suggéré que l’on enregistre les agences d’emplois et organismes de placement de femmes et que l’on répertorie les filles concernées.
M. THOMAS ALARCON, CAPAJ, a abordé la question des jeunes, qui sont dépositaires du savoir de leurs ancêtres, sous l’angle des changements climatiques. Ces dernières années, les cultures vivrières ont été réduites et les fruits ont perdu leur goût, a-t-il constaté. Les diverses instances doivent trouver des solutions. Certains prétendent stimuler des échanges mais c’est nous qui en payons le prix, a affirmé le représentant. Ce sont les jeunes qui sont en effet les plus touchés par les conséquences des changements climatiques. Le représentant a donc invité l’Instance permanente à dresser un rapport sur ces questions.
M. ROY AH SEE, New South Wales Land Council, a recommandé à l’Instance permanente de prévoir, pour ses travaux futurs, les questions de l’eau, de la viabilité culturelle et du suivi de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. L’approvisionnement en eau est en effet une question de viabilité car les rivières s’appauvrissent. Il faut donc encourager la participation des autochtones à l’exploitation de l’eau. L’Instance permanente doit aussi inviter les gouvernements à tirer parti de la dynamique de cette septième session. L’Instance devrait demander à toutes les institutions de l’ONU un rapport relatif à la mise en application de la Déclaration des Nations Unies, et aux gouvernements un rapport sur leur mise en œuvre de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones. En Australie, nous travaillons avec le Gouvernement qui envisage maintenant de signer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. « J’espère que cela encouragera les trois autres États qui n’ont pas encore signé la Déclaration à le faire », a indiqué le représentant.
M. CHRIS MILLEY, Shubenacadie Band Council, a indiqué que sa communauté aspirait à participer à la communauté mondiale en tant que peuple distinct. Il a dénoncé des politiques standards qui ne tiennent pas compte de la géographie, de la culture et spécificités des « premières nations ». Notre marginalité ne peut être évitée que si nous avons les moyens de promouvoir notre propre spécificité a-t-il insisté, en estimant que nous ne pouvions pas dépendre des gouvernements pour ce faire. Il a recommandé à l’Instance permanente de faciliter des échanges bilatéraux entre autochtones dans un souci d’échange d’expérience.
Mme SIRA KIM, Fédération des Khmers Kampuchea-Krom et Fondation des Montagnards, a souligné que de plus en plus de signes montraient que les Kros et autres peuples autochtones du Viet Nam étaient parmi les plus pauvres. Elle a estimé qu’il était dangereux de revendiquer ses droits au Viet Nam, un pays qui a appuyé la Déclaration de l’ONU sur les populations autochtones sans l’appliquer. Elle a formé que le Gouvernement du Viet Nam acceptera la main tendue des autochtones pour avancer dans la prise en compte de leurs spécificités.
M. THOMAS HUANACU TITO, CONAMAQ, a indiqué que les peuples autochtones de la Bolivie, qui sont au nombre de 49, vivent dans l’Amazonie et dans les Andes. Ces peuples vivent dans le cadre de l’état de droit, sur la base de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. « Nous pensons donc que nous avons le droit à l’autodétermination pour exercer nos responsabilité », a expliqué le représentant. Afin de contrer l’autonomie des peuples autochtones, les autorités étatiques ont cependant voulu instaurer des autonomies au niveau des départements, ce qui laisse en retrait les peuples autochtones, a-t-il signalé.
Mme LORI JOHNSTON, Muskogee and Yamasi People, a exprimé sa satisfaction que les autochtones d’Amérique du Nord (Floride, Caroline du Sud et Géorgie) soient pour la première fois invités à parler devant l’Instance permanente. Certains d’entre nous vivent dans des villes et nos enfants sont dépossédés à cause des migrations, a-t-elle regretté. Nous sommes noyés dans la bureaucratie et nous nous appauvrissons. Nous n’avons en effet plus assez de terres pour produire nos aliments et nous perdons aussi nos traditions, a ajouté la représentante. Elle a recommandé à l’Instance et au Conseil économique et social de travailler en tenant compte de la culture et de l’expérience des peuples autochtones.
M. BRIAN WYATT, National Native Title Council of Australia, a évoqué une affaire qui a été soumise à la Cour fédérale de l’Australie qui met en danger la législation actuelle. Il a mentionné une « bonne loi » australienne qui reconnaissait les droits territoriaux et le droit foncier des autochtones, garantissant un équilibre entre le droit australien et les droits traditionnels. Les revendications territoriales ont été accordées en vertu de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, a-t-il expliqué. Cette Convention exige le consentement préalable des autochtones pour l’accès aux territoires traditionnels, mais le Gouvernement australien a permis que ces terres fassent l’objet d’une exploitation minière. Si une indemnisation a été prévue, personne n’a jamais été indemnisé, a signalé le représentant. Il a donc demandé à l’Instance permanente d’inciter le Gouvernement australien à engager de nouvelles négociations pour trouver une solution à ce problème. Il a aussi souhaité que le Comité sur la discrimination raciale mène une enquête sur les faits rapportés.
Exerçant un droit de réponse, M. PHAM HAI ANH (Viet Nam) s’est dit vivement préoccupé par les déclarations répétitives de certaines organisations. Il a regretté ce qu’il a appelé une perte de temps et de distraction en précisant qu’il revenait au gouvernement de discuter avec son peuple des questions concernant le peuple. Il a regretté que des organisations ayant siège aux États-Unis veuillent débattre de la qualité de vie des habitants du Viet Nam en donnant des informations peu objectives sur ce qui se passe au Viet Nam.
M. ABDUL NASSIR, Indigenous Peoples Survival Foundation, a souligné les efforts de sa Fondation pour défendre les intérêts d’un peuple autochtone situé dans la chaîne de l’Himalaya au nord-ouest du Pakistan. Il a déclaré que son peuple était en voie d’extinction à cause de l’extension des grandes villes sur leurs terres. Il a cité des expériences douloureuses liées aux changements climatiques en mentionnant le cas d’un des villages les plus remarquables de son patrimoine détruit par la fonte d’un glacier de plusieurs milliers d’années laissant 700 personnes sans logis.
Mme MONIREH SULE MANI, Balochistan People’s Party, a déclaré que son peuple était l’un des plus persécutés du Moyen-Orient. Elle a cité 5 millions de Baluchis répartis entre l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan. Elle a précisé que ce peuple était invisible en Iran où les membres de cette communauté de la langue indo-européenne et de religion musulmane ont un statut de citoyens de deuxième catégorie. Elle a cité l’interdiction des publications en langue baluchi en Iran. Elle a particulièrement dénoncé la condamnation à mort, en février 2008, en Iran d’un militant baluchi pour un délit ignoré. Elle a estimé que la principale cause de sous-développement des Baluchis est qu’ils ne peuvent contrôler leurs ressources.
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