L’INSTANCE PERMANENTE DÉBAT DE L’IMPORTANCE DE LA LANGUE MATERNELLE AUTOCHTONE POUR RÉALISER LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
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Instance permanente sur les questions autochtones
Septième session
6e & 7e séances – matin & après-midi
L’INSTANCE PERMANENTE DÉBAT DE L’IMPORTANCE DE LA LANGUE MATERNELLE AUTOCHTONE POUR RÉALISER LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
L’importance de l’enseignement bi ou multilingue pour former des citoyens respectueux de la diversité est signalée
Le lien entre droits linguistiques et autres droits fondamentaux a été souligné aujourd’hui par les participants aux travaux de l’Instance permanente sur les questions autochtones. Ceux-ci ont regretté l’insuffisance de réaction internationale face à la menace d’extinction que connaissent actuellement 5 000 langues autochtones.
« En cette Année internationale des langues, il est plus que nécessaire d’encourager l’usage de la langue maternelle dans le cadre de l’éducation », a estimé le Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur les questions d’éducation. Celui-ci faisait référence à une étude du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) qui met l’accent sur les difficultés des enfants qui ne sont pas scolarisés dans leur langue maternelle. À l’instar de nombreux intervenants, il a souligné le caractère essentiel de l’enseignement bilingue ou multilingue pour former des citoyens respectueux de la diversité en estimant que l’imposition d’une seule langue était une démonstration d’intolérance structurelle.
Notant l’importance de la langue comme moyen de transmission de connaissances utiles à d’autres objectifs, dont les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) s’est inquiétée que 75% des 5 000 langues autochtones et minoritaires soient aujourd’hui menacées. Sur le même ton, le Directeur du projet linguistique « Euchee » de l’Oklahoma a rappelé que la moitié des 6 000 langues du monde étaient parlées par moins de 0,5% de la population mondiale, mettant ainsi l’accent sur le coût économique et culturel lié à la perte de connaissances traditionnelles si ces langues disparaissaient.
Le représentant du Parlement saami de Finlande a lancé un plaidoyer pour que des moyens financiers et une volonté politique soient dégagés qui permettent d’enrayer la disparition annoncée de 25% des 6 000 langues du monde. De son côté, l’expert Bartolome Clavero a estimé que les dommages graves causés à l’identité d’un groupe en empêchant la transmission d’une langue et en provoquant un transfert culturel d’un groupe vers un autre pouvaient être assimilés à un génocide. C’est pourquoi il a estimé que les générations volées et dépossédées de leur langue devaient pouvoir prétendre à une réparation.
« Il n’est pas possible de s’attendre à une augmentation importante de la scolarisation des enfants autochtones si on ne leur offre pas un système scolaire s’appuyant sur les spécificités de leurs langues et cultures » a-t-il encore été dit. Un lien entre la préservation de ces langues et la mise en place d’une éducation propice à la réalisation des OMD, en particulier ceux liés à l’éducation, a été ainsi établi.
Dans le cadre du débat tenu le matin sur les liens entre les activités de l’Instance et la réalisation des OMD, de nombreux intervenants ont mis en évidence les difficultés particulières des autochtones qui représentent un tiers des 900 millions de personnes les plus pauvres. Ces personnes présentent un taux de contamination à la tuberculose de 20 à 30 fois plus important que les autres peuples. Illustrant le fossé entre les autochtones et le reste de la population, le représentant du Népal a souligné que tout semblait indiquer que les autochtones népalais n’atteindront aucun OMD, bien que le Népal doive en réaliser cinq sur sept.
En début de journée, la conclusion du dialogue entre autochtones, gouvernements et organisations internationales entamé lundi a permis d’entendre les interventions des représentants du Nicaragua, du Japon, de la Finlande, de la Fédération de Russie, de la Colombie, mais aussi de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) présenter leur contributions respectives à la protection des populations autochtones.
La prochaine réunion de l’Instance permanente sur les questions autochtones se tiendra lundi matin 28 avril à 10 heures.
THÈME SPÉCIAL: « CHANGEMENTS CLIMATIQUES, DIVERSITÉ BIOCULTURELLE ET MOYENS D’EXISTENCE: LE RÔLE DE GARDIEN DES PEUPLES AUTOCHTONES ET LES NOUVEAUX DÉFIS À RELEVER »
Dialogue avec les gouvernements
M. LLOYD BUSHEY (Nicaragua) a noté que les peuples autochtones ont toujours coexisté avec la nature. Les changements climatiques sont une conséquence des politiques causant de nombreux ravages chez ces peuples, car ceux-ci vivent dans des régions sensibles du monde. Le représentant a salué l’adoption, en septembre dernier, après plusieurs mois de négociation, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, rappelant que le Nicaragua en a été l’un de ses coauteurs. Il a évoqué le cadre législatif du pays qui est l’un des plus importants de la région en ce qui concerne la reconnaissance des droits des peuples autochtones. Afin de veiller au respect de ces droits, une cour spéciale a été créée, a-t-il aussi signalé. Au sein du Gouvernement de réconciliation et d’unité nationale, les autochtones occupent des sièges dans certains comités. La pauvreté se trouve en majorité le long des côtes des Caraïbes et dans les zones rurales, a poursuivi M. Davis. Cela résulte du capitalisme sauvage qui a fait fi du respect de la nature humaine. Il nous faut payer la dette économique que nous avons auprès des peuples autochtones et assurer le développement durable de ceux-ci, en faisant d’eux des acteurs du changement.
Le représentant a rappelé que tous les pays de la planète sont concernés par les changements climatiques, alors que peu d’entre eux en sont les principaux responsables. Le Gouvernement nicaraguayen a invité les autres gouvernements d’Amérique centrale à étudier le problème de la sécurité alimentaire, a-t-il indiqué. Il est prévu prochainement de tenir une réunion sur ce thème afin de chercher des solutions pour la distribution de produits de base à des prix raisonnables. Au niveau national, nous encourageons toutes les mesures qui visent à contrecarrer les effets des changements climatiques et à préserver la diversité biologique, a poursuivi M. Davis. Il a prié les institutions des Nations Unies et les États Membres à mobiliser les fonds nécessaires à la reconstruction pour que les autochtones du nord du pays retrouvent leur stabilité économique. Il a enfin demandé à la communauté internationale de renforcer les partenariats pour protéger l’environnement et la vie des populations autochtones.
M. TAKASHI ASHIKI (Japon) a noté que les effets des changements climatiques sont déjà apparents et qu’une action mondiale est maintenant nécessaire. Il s’est donc félicité que l’Instance permanente s’attache à débattre de cette question. Le représentant a appelé à protéger les pays et peuples vulnérables, et en particulier les peuples autochtones qui doivent être mis à l’abri des effets des changements climatiques. Il a enfin annoncé la mise en place par le Japon d’un programme intitulé « Cool Earth 50 » et du « Cool Earth efficient program ». Cette initiative, lancée l’année dernière, appelle à une réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
M. ROMAN KASHAEV (Fédération de Russie) a souligné les besoins particuliers des peuples autochtones du Nord et a exhorté les gouvernements du Nord à mener un travail d’adaptation socioéconomique face aux changements climatiques pour permettre à ces populations de survivre dans le Grand Nord. Il a mis l’accent sur les efforts du Gouvernement russe en matière de recherche dans le cadre de l’Année internationale polaire pour parvenir à améliorer la qualité de vie des populations du Grand Nord. Des recommandations sont formulées pour identifier des mesures d’adaptation, prévenir ou réguler les pertes liées aux changements climatiques. Il a indiqué qu’un premier rapport sur les changements climatiques et ses impacts sera publié sous peu par le Gouvernement russe. Il a mis l’accent sur la nécessité de mener une analyse, en tenant le plus grand compte des connaissances des peuples du Grand Nord. Il est tout aussi important, a-t-il ajouté, de réaliser un travail d’information en direction de ces peuples.
M. KLEMTTI NAKKALAJARVI, Président du Parlement sami de la Finlande, s’est particulièrement inquiété de la pollution des territoires des populations autochtones qui subissent les décisions du monde occidental. Il a noté que la population samie disposait de moyens limités pour régir aux changements climatiques. C’est pourquoi, il a exhorté les gouvernements à leur donner les moyens de réagir face aux changements climatiques, en s’appuyant sur les spécificités de leur propre culture. Il a regretté que les peuples autochtones soient traités comme des objets et a demandé des moyens pour leur permettre de transmettre leurs savoirs. Nous avons besoin de la communauté internationale, de l’ONU et des gouvernements nationaux qui peuvent nous aider en nous octroyant les droits que nous méritons. Malgré les menaces, a-t-il assuré, nous ferons tout pour tenter de préserver notre culture traditionnelle.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a indiqué que les politiques en Colombie sont conformes aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Cela se reflète dans les progrès importants constatés notamment dans la réduction de la pauvreté et la protection de l’environnement. L’État continue d’appliquer la Constitution, les lois, ainsi que les obligations internationales qui visent à protéger la diversité culturelle du pays. Mme Blum a précisé que 3,4% de la population nationale se considèrent comme autochtones et que ces peuples vivent sur des terres qui leur sont réservées. Elle a évoqué l’existence d’un mécanisme de consultation de ces populations pour l’exploitation des ressources naturelles. La jurisprudence des tribunaux colombiens a également permis de renforcer ce droit au consentement préalable et informé. Les changements climatiques affectent évidemment les groupes les plus vulnérables que sont les autochtones, a-t-elle poursuivi. Dans les processus de négociations sur cette question, la Colombie attache une grande importance à la reconnaissance du fait que les changements climatiques représentent une menace particulière pour les peuples autochtones. L’Instance doit parvenir à trouver des solutions durables sur ce sujet, a-t-elle souhaité.
Mme Blum a ensuite rendu hommage aux efforts des autochtones dans le domaine de l’atténuation et de l’adaptation face aux changements climatiques. Il est important de tenir compte du savoir traditionnel de ces peuples quand on envisage des mesures d’adaptation, a-t-elle ajouté. La Colombie est très touchée par le réchauffement de la planète qui pose des risques en termes de catastrophes naturelles, a-t-elle rappelé, citant le phénomène El Niño par exemple. Pour assurer la qualité de l’air et l’utilisation des ressources en énergie fossile, des mesures ont été prises par le Gouvernement. Elle a parlé de « 100 projets » en ce sens, mis en place notamment pour le développement des énergies propres. Elle a ainsi évoqué les projets de bioéthanol basés sur l’exploitation de la canne à sucre. Ainsi, a-t-elle fait valoir, on évite le déboisement. Pour la protection des forêts, elle a parlé d’un service spécial qui met au point des initiatives de sauvegarde des forêts. Les personnes d’ascendance africaine sont nombreuses à participer aux programmes sur l’environnement, a ajouté la représentante. Elle a aussi assuré que son pays déployait tous les efforts pour combattre l’exploitation illégale de feuilles de coca. La représentante a aussi incité à une coopération internationale qui permette de partager les technologies, afin de permettre aux pays en développement d’utiliser des énergies plus propres.
M. SIMON LEGRAND, Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a partagé les préoccupations exprimées sur le sort des peuples autochtones face aux changements climatiques. Il a expliqué que l’OMPI étudie un mécanisme qui permettrait de diffuser largement les technologies favorables à l’environnement. Il a jugé important que la propriété intellectuelle apporte une contribution pour mieux répondre aux besoins des peuples autochtones. Ses activités s’inscrivent dans le cadre d’un comité intergouvernemental consacré aux questions des changements climatiques. L’Instance permanente fait partie des observateurs accrédités auprès de ce comité, a-t-il précisé. Parmi les autres observateurs, figurent de nombreux représentants de communautés locales. Il s’est donc félicité de la synergie qui existe entre les deux enceintes. Il a aussi parlé de l’organisation de groupes d’experts et du soutien logistique et financier apporté par l’OMPI qui permet aussi de financer la participation de représentants de peuples autochtones. Ce fonds a reçu de nombreuses contributions de la part, notamment, de la France et de la Norvège. Le représentant a enfin indiqué que le comité s’est aussi penché sur la protection des savoirs traditionnels.
L’expert de l’Espagne et membre du Comité, M.BARTOLOME CLAVERO, a demandé si la Colombie allait méconnaître longtemps la Déclaration de l’ONU sur les peuples autochtones. Bien que la Colombie ait signé la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’expert a regretté que ce pays privilégie la législation nationale à la législation internationale en matière de protection des autochtones. Il a dit que les mesures qui ont le plus touchées les peuples autochtones en Colombie ont été des questions relatives aux ressources naturelles. Des situations dans lesquelles, a-t-il ajouté, les populations n’ont pas été consultées et la Convention 169 non respectée. Il a particulièrement regretté que les populations autochtones n’aient pas été consultées conformément à ce que prévoit la Convention 169 alors que les questions de ressources naturelles les concernaient directement.
Mme CHARLIE THACH, Fondation montagnarde des Kmer Kampuchea Krom, a remercié le Viet Nam et d’autres pays asiatiques qui ont adopté la Déclaration de l’ONU sur les peuples autochtones. Néanmoins, elle a estimé que ce pas était insuffisant pour parvenir à une réelle reconnaissance des peuples autochtones de l’Asie. Elle a invité l’Instance permanente à établir un calendrier dans le cadre duquel les gouvernements seront invités à reconnaître leurs peuples autochtones. Elle a souhaité qu’un véritable débat sur les droits de l’homme soit engagé avec le Viet Nam sur la situation de ses populations autochtones. Elle a invité l’Instance à demander au Viet Nam de présenter un programme détaillé sur les programmes qu’il souhaite envisager en direction des autochtones, en rappelant que les Objectifs du Millénaire pour le développement ne pourront pas être réalisés sans la prise en compte des attentes des peuples autochtones.
M. ENRIQUE OCHOA MARTINEZ (Mexique) a souhaité que la participation des peuples autochtones aux négociations consacrées à la question des changements climatiques soit encouragée. Il faut trouver les moyens de renforcer l’efficacité de cette participation, a-t-il estimé. Il a aussi considéré qu’il fallait tirer parti des savoirs traditionnels de ces peuples. Au niveau de son gouvernement, le représentant a expliqué qu’il cherchait à faciliter les pratiques optimales de culture des terres. Le Gouvernement mexicain fait des recommandations aux différentes institutions concernées et consulte les autochtones dans le cadre de tous les projets qui les intéressent. Le représentant a insisté pour qu’on utilise les savoirs traditionnels, notamment en ce qui concerne les mesures d’adaptation.
Mme MARY SIMAT, IPACC, a expliqué que son organisation est un réseau de 150 communautés qui sont, pour la plupart, menacées par les changements climatiques. L’IPACC apporte son aide à ceux qui exploitent les ressources naturelles grâce à des méthodes traditionnelles, a-t-elle indiqué. Nous travaillons dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques et nous nous sommes rendus à Bali pour discuter du déboisement. Nous avons aussi discuté avec la Banque mondiale pour obtenir des crédits destinés au déboisement. La représentante a ensuite estimé que les changements climatiques dans le Sahara, le Sahel et le Kalahari sont à l’origine de conflits en Afrique.
MISE EN ŒUVRE DES RECOMMENDATIONS CONCERNANT LES SIX DOMAINES D’ACTIVITÉ DE L’INSTANCE PERMANENTE ET LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
M. VERNOR MUÑOZ, Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur les questions d’éducation, a regretté que les Objectifs du Millénaire pour le développement correspondent d’avantage à un programme de développement qu’à un programme de droits de l’homme. Il n’est pas possible de s’attendre à une augmentation importante de la scolarisation des enfants autochtones si on ne leur offre pas un système scolaire s’appuyant sur les spécificités de leurs langues et cultures. Alors que 2015 n’est pas très loin, l’égalité entre les sexes ne sera pas atteinte dans les 86 pays sur les 142 pour lesquels nous disposons de statistiques. Selon le Fonds de développement international agricole, ces personnes représentent un tiers des 900 millions de personnes vivant dans les campagnes dans des conditions d’extrême pauvreté alors que bon nombre d’entre elles sont assujetties aux pires formes de travail infantile. Dans certains pays, neuf enfants autochtones sur 10 travaillent.
Alors que nous célébrons cette année l’Année internationale des langues, il est plus que nécessaire d’encourager l’usage de la langue maternelle dans le cadre de l’éducation. Une étude du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) montre que les enfants qui ne sont pas scolarisés dans leur langue maternelle ont de réelles difficultés scolaires. Il a souligné la nécessité impérieuse de traduire la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones en obligations spécifiques pour les États. Il a mis l’accent sur la nécessité de former des citoyens respectueux de toutes les langues et de toutes les cultures, en déclarant que le fait d’imposer une seule langue était la démonstration d’une intolérance structurelle. Il a estimé que l’enseignement bilingue ou multilingue était essentiel en tenant compte de la diversité linguistique et culturelle.
Mme KATHERINE STEWART, Directrice générale du Service de santé de First Nations Inuit du Canada, a déclaré que son organisme cherchait à combler le fossé de la santé entre les autochtones et les autres populations. À titre d’illustration des moyens engagés, elle a précisé que Santé Canada allait consacrer 2 milliards de dollars en 2008-2009, en matière d’investissement, programmes et initiatives de santé en direction des autochtones. Elle a aussi précisé qu’en février 2008 le Gouvernement fédéral avait annoncé un budget de 147 millions de dollars sur deux ans pour améliorer la santé des autochtones. Elle a présenté un programme d’aide à 91 000 enfants autochtones, en mettant l’accent sur des programmes de lutte contre le diabète, la tuberculose et le VIH/sida. Nous investirons 330 millions dans les deux prochaines années pour faciliter l’accès des autochtones à l’eau potable, a-t-elle encore précisé.
Mme BRIGITTE FEIRING, Organisation internationale du Travail (OIT), a expliqué qu’en 2005 et 2006, l’OIT a discuté des défis rencontrés par les peuples autochtones par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le développement. L’Organisation a ainsi mené une recherche sur la façon dont sont compris, ou non, les droits des autochtones dans les stratégies de réduction de la pauvreté. En 2007, en réponse à l’appel lancé par l’Instance, l’OIT a lancé un processus d’un an pour intégrer les droits des peuples autochtones de trois pays: Cambodge, Cameroun et Népal, dans ces stratégies. Un guide pratique pour inclure les questions relatives aux autochtones dans les stratégies de réduction de la pauvreté a ensuite été rédigé. Il évoque l’importance du contexte dans les différents pays et celle de l’intégration dans le droit national des instruments internationaux. La représentante a regretté l’omission de la prise en compte des droits des peuples autochtones dans les politiques de développement et le manque de coordination des processus en la matière. Ce n’est que grâce à un dialogue soutenu que nous pouvons commencer à comprendre les incidences de la diversité et voir l’écart entre les politiques et les réalités nationales. La mise en place de cadres politiques et le rassemblement de données ventilées, qui sont des processus complexes, exigent la participation de tous les acteurs nationaux, a-t-elle rappelé. Elle a enfin assuré que l’OIT reste engagée à appuyer les processus engagés dans les pays pilotes.
Pour répondre à une question de l’expert, un représentant de la Colombie a expliqué les raisons de l’abstention de son pays lors de l’adoption par l’Assemblée générale, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Les législations nationales de la Colombie sont en conformité avec les droits reconnus par cette Déclaration, a-t-il assuré. Il a indiqué toutefois que certaines questions vont à l’encontre de certaines dispositions constitutionnelles colombiennes, comme celles sur les ressources du sous-sol. Celui-ci doit rester la propriété de l’État car il contient des ressources non renouvelables, a-t-il expliqué. Il a aussi parlé de l’accord préalable des peuples autochtones qui est requis pour les questions d’exploitation des ressources naturelles. Il a à cet égard assuré que la pratique suivie par la Colombie, qui consiste à mener des consultations avec la population, ainsi que la législation, est conforme aux dispositions pertinentes des instruments internationaux auxquels le pays est partie, y compris la Convention 169 de l’OIT. Il a enfin pris note des observations de l’expert de l’Instance qui a soulevé la non-conformité de certaines dispositions législatives avec la Déclaration.
M. MICHAEL DODSON, expert de l’Australie et membre de l’Instance permanente, a proposé que son mandat soit prorogé pour lui permettre de finaliser un rapport relevant les principes pertinents contenus dans la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, en tenant compte des dispositions des Conventions 169 et 107 de l’OIT portant sur les régimes fonciers et arrangements de gestion pour aider les organismes de l’ONU à traiter ces questions.
M. MARCOS ESPINAL, Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné les efforts de l’OMS pour faire face au nombre croissant d’autochtones touchés par la tuberculose. Il a rappelé que 9 millions de personnes étaient atteintes chaque année par la tuberculose avec 2 millions de morts par an. Il a précisé qu’un tiers de la population mondiale –soit 2 milliards de personnes– était porteur de la bactérie vecteur de la tuberculose, qui constituait aujourd’hui l’une des trois maladies les plus graves en termes du nombre de victimes, alors qu’elle est curable avec un traitement de 20 dollars seulement. Il a indiqué que le taux de contamination de la tuberculose était 20 à 30 fois plus important chez les peuples autochtones que chez les autres populations.
Mme XIAOMEI QIN, experte de la Chine et membre de l’Instance, a souligné l’importance de l’éducation qui ne se limite pas au transfert du patrimoine de la civilisation. C’est aussi un droit qui conditionne la réalisation de tous les autres droits de l’homme, a-t-elle fait valoir. L’éducation gratuite pour tous doit permettre aussi le développement économique et social des zones où vivent les peuples autochtones. Cela a pour conséquence un meilleur respect des droits collectifs de ces peuples. Les organisations internationales et la société civile doivent apporter leur aide dans le secteur de l’éducation, a-t-elle aussi estimé. Les gouvernements doivent s’assurer qu’il n’y a pas de discrimination dans l’accès égal des peuples autochtones à l’éducation. Les langues autochtones sont le vecteur de l’éducation, mais ces peuples risquent de perdre leur usage, a averti l’experte, qui a mis l’accent sur le développement harmonieux et culturel des autochtones.
M. EGBERTO TABO CHIPUNAVI, Organisations autochtones du bassin de l’Amazonie, a indiqué que ce sont 1,5 million de personnes, issus de 34 peuples différents, qui vivent dans ce bassin. Il a appelé au plein respect des droits des autochtones de la région, qui passe notamment par la défense des dispositions de la Convention 169 de l’OIT. Le représentant a aussi appelé au transfert des technologies qui doivent bénéficier à ces peuples, et au renforcement des capacités. Selon lui, le respect des différentes valeurs des peuples autochtones peut permettre de retrouver un équilibre écologique.
L’experte de la République démocratique du Congo et membre de l’Instance, Mme LILIANE MUZANGI MBELA, a estimé qu’il était honteux que des maladies curables comme la tuberculose et la rougeole continuaient de tuer. Elle s’est dite choquée de constater que les populations autochtones étaient 20 à 30 fois plus touchées que les autres par ces maladies. Elle a invité le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à soumettre son rapport sur la question, afin que les membres de l’Instance puissent examiner très attentivement cette question.
M. CHAITANYA SUBBA (Népal) a indiqué que l’expérience de son pays montrait que les populations autochtones népalaises ne pourront atteindre les OMD, même si le Népal allait en atteindre cinq sur sept. Il a précisé que les peuples autochtones se trouvaient au niveau le plus bas de la société, en notant que 44% d’entre eux vivaient sous le seuil de pauvreté alors que ce chiffre était de 31% pour la moyenne nationale. Il a noté que la plupart des 15% des élèves exclus du système d’éducation sont des autochtones. Il a estimé insuffisant l’appui des partenaires internationaux pour aider le Népal à atteindre les OMD. Notre plan intérimaire vise à réduire la pauvreté, en essayant de mieux répartir les bienfaits de la croissance économique, a-t-il encore ajouté. Alors que l’Assemblée constituante vient d’être constituée avec une bonne représentativité des peuples autochtones, nous avons aussi les moyens de mettre ces autochtones à l’abri de la discrimination. Il faut des recommandations spécifiques qui rendront le partenariat mondial réalisable, a-t-il encore insisté.
M. HASSAN ID BALKASSM, expert du Maroc et membre de l’Instance, a appuyé l’appel lancé par le représentant du Népal pour mettre tout en œuvre en vue de réaliser l’Objectif nº2 des OMD en matière d’éducation. Revenant ensuite sur les propos du représentant russe qui évoquait la reconnaissance de la multiplicité des peuples dans la Constitution, ainsi que le droit à l’autodétermination, l’expert a demandé s’il existait une stratégie pour inclure les droits des peuples autochtones après l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur la question. En cette Année internationale des langues, il a aussi voulu savoir si le Gouvernement russe avait adopté une stratégie pour promouvoir les langues autochtones. S’adressant ensuite au représentant du Mexique, l’expert a demandé ce qui avait été accompli après l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et si ce texte avait été inclus dans le droit national. Il a aussi voulu savoir si le Gouvernement développait un partenariat avec les peuples autochtones concernant leurs ressources naturelles. Quelles sont les autres mesures adoptées au sujet des langues des peuples autochtones? a-t-il encore demandé.
M. LINO VILLCA-DELGADO (Bolivie) a indiqué que le Gouvernement de son pays mettait en application la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui est intégrée dans la législation nationale. Mais nous sommes encore confrontés à un combat avec certains propriétaires terriens qui ne respectent pas les droits des peuples autochtones. Il a signalé que des personnes, qui ne sont pas citoyens boliviens, s’accaparent des terres, en violation de la Constitution et les lois boliviennes. Il a dénoncé en particulier le non-respect des droits des peuples autochtones, car ceux-ci sont souvent réduits à une forme d’esclavage. Il a donc demandé à l’Instance permanente d’appuyer le Gouvernement bolivien dans sa lutte contre de petits groupes qui refusent d’appliquer la loi et la Déclaration des Nations Unies. Il a notamment souhaité qu’une commission soit créée pour faire comprendre les tenants et aboutissants de ce problème. Sans cette aide, nous ne pourrons pas avancer, a-t-il averti. Or l’esclavage ne peut pas continuer à exister au XXIe siècle, s’est-il exclamé.
Mme LOURDES TIBÁN, Ministre de la question autochtone de l’Équateur, a jugé urgent de commencer à appliquer la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, avant de solliciter l’adhésion de tous les pays. Elle a cité l’article 23 de cette Déclaration qui précise que les peuples autochtones ont le droit de définir et d'élaborer des priorités et des stratégies en vue d'exercer leur droit au développement, en particulier, le droit de définir et de développer tous les programmes de santé, de logement et autres programmes économiques et sociaux les concernant et, autant que possible, de les administrer par le biais de leurs propres institutions. Elle a mis l’accent sur la promotion culturelle au service de la diversité, la contribution des autochtones au développement de la société, renforcement des programmes locaux autochtones accordant la priorité à la formation technique. Nos interventions ne se limitent pas à la réalisation des OMD, mais visent la réalisation d’une société plus équitable avec la pleine participation des autochtones, en reconnaissant le caractère multiculturel de notre état. La vision de développement de l’Équateur est différente des modèles de consommation et des processus de libéralisation de l’économie. Nous cherchons la coexistence des peuples en harmonie avec la nature dans le souci de pérenniser les cultures. Elle a insisté sur le principe de participation des autochtones dans le cadre de la réalisation des OMD par le biais d’indicateurs clairs pour mesurer le bien-être des autochtones.
Mme LUZ ANGELA MELO, Conseillère en droits de l’homme du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a rappelé que des directives encourageaient les organismes des Nations Unies au niveau des pays à tenir compte des situations spécifiques des populations autochtones. La promotion des droits de l’homme devient inutile si l’identité culturelle n’est pas prise en compte. Nous estimons que le respect culturel est un droit et un principe, a-t-elle insisté, en faisant référence au principe du droit à la santé. Elle a invité les organes de traité de l’ONU comme le Comité du droit de l’enfant ou le Comité sur l’élimination de discrimination à l’égard des femmes à formuler des recommandations générales tenant compte des questions autochtones dans leur mission au niveau d’un pays.
Mme LAURA SYLVIA CALMWIND, Projet de défense des Chochonis et d’autres organisations, a évoqué le sort de personnes incarcérées actuellement pour avoir défendu leurs droits. Le Canada ne reconnaît pas la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a-t-elle rappelé. Notre conseil défend notre terre contre sa destruction car nous vivons toujours de la terre, en suivant nos propres lois. La représentante a avancé que le Gouvernement canadien impose son propre système qui empêche de vivre dans sa communauté selon ses propres moyens de subsistance. Elle a demandé à l’Instance de rendre un rapport sur la situation et, pour cela, d’envoyer sur le terrain un observateur indépendant de l’ONU. Elle a insisté sur des violations des droits de l’homme qui, selon elle, sont perpétrées par les Gouvernements du Canada et de l’Ontario, et les a condamnées.
M. MUÑOZ, Rapporteur du Conseil des droits de l’homme sur les questions de l’éducation, a constaté avec pessimisme la situation actuelle de l’accès inégal à l’école des peuples autochtones. Si nous ne nous occupons pas de la qualité de l’éducation, il nous sera difficile d’avancer sur la voie de la réalisation du droit à l’éducation, a-t-il fait remarquer. Il a lancé un appel pour exiger des gouvernements, des institutions et de la société civile qu’ils s’engagent en vue de la pleine réalisation de l’Objectif d’éducation fixé par les Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. BERNIE YATES, Département australien des familles, du logement, des services communautaires et des affaires autochtones de l’Australie, répondant à des questions posées hier par plusieurs organisations, a indiqué que la volonté du Gouvernement australien de combler les écarts entre les autochtones et les autres Australiens se basait sur une politique basée sur des faits et une responsabilité partagée. S’agissant des préoccupations sur les mesures visant à prévenir la violence à l’égard des enfants dans le Nord, il a indiqué que cette action représentait un ferme engagement du Gouvernement pour faire face à ce problème chronique de la violence. Certains signes positifs sont à signaler, comme une plus grande présence de la police et la mise en place d’un programme d’alimentation scolaire. Des centaines d’emplois sont déjà occupés par des autochtones alors que les nouveaux programmes de rangers devraient bénéficier à 2 000 autres autochtones.
Mme GABRIELA GARDUZA ESTRADA, Ministère chargé des questions autochtones du Mexique, a déclaré que son pays assurerait la meilleure diffusion de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones aux 62 peuples autochtones du Mexique, par l’intermédiaire de publications ou médias audiovisuels. Elle a reconnu l’importance de parvenir à des progrès au niveau juridique, en soulignant que les autochtones avaient la possibilité de travailler avec le Gouvernement à l’élaboration de politiques publiques.
DÉBAT SUR LES LANGUES AUTOCHTONES
M. LARS-ANDERS BAER, expert de la Suède, a présenté le rapport de la réunion du groupe d’experts internationaux sur les langues autochtones (E/C.19/2008/3). La perte des langues autochtones entraîne une perte de l’identité culturelle et de la spiritualité, a-t-il noté. La diversité culturelle et la diversité biologique vont de pair, a-t-il aussi souligné. Lorsque l’Assemblée générale avait proclamé 2008 comme l’Année internationale des langues, l’Instance permanente avait recommandé au Conseil économique et social d’organiser une réunion d’experts internationaux sur les langues autochtones. Cette recommandation a été suivie et une réunion a ainsi eu lieu à New York sur ce thème. Les conclusions et recommandations figurent dans le document susmentionné. Pour ce qui est des défis, le rapport insiste sur le fait que le droit aux langues fait partie des droits culturels. C’est aussi un élément du droit à l’autodétermination. Le groupe d’experts a aussi insisté sur le fait qu’il fallait aborder la question des langues sous un angle holistique. Les programmes linguistiques sont souvent mal financés, a aussi fait observer le groupe d’experts. La possibilité de créer une institution spéciale consacrée à ces questions a aussi été évoquée.
Le groupe d’experts a aussi relevé que les enfants, qui ont comme langue maternelle la langue autochtone, sont parfois obligés de suivre les cours dans la langue officielle du pays. Quand la langue autochtone n’est pas enseignée dans les écoles, on y interdit souvent de parler une autre langue que la langue officielle. L’abandon des langues autochtones a des conséquences sur l’apprentissage et entraîne même des séquelles psychologiques par rapport à la scolarisation, ont également constaté les experts. Ils ont en effet signalé des cas de dépression et de suicide. On parle même de « génocide culturel », les experts parlant même de « crime contre l’humanité ». Les experts ont donc recommandé de condamner ce genre de pratiques qui vont à l’encontre de l’usage des langues autochtones.
Mme LOURDES TIBÁN (Équateur) a considéré que tous les progrès réalisés par les États, en faveur des droits des peuples autochtones, permettent de déterminer leur diversité, leur pluriculturalisme et leur multiethnisme. La Constitution équatorienne reconnaît le quechua comme langue officielle et le peuple a droit à une éducation bilingue. À partir de la nouvelle Constitution, nous avons défendu le droit des peuples autochtones de recevoir un enseignement dans toutes les langues autochtones. Certains arguent que l’éducation est de moins bonne qualité, mais l’avantage est qu’elle favorise l’expression de la culture autochtone. En novembre dernier, a-t-elle ajouté, une Commission nationale de recensement des peuples autochtones de l’Équateur a été créée. Nous travaillons sur ce recensement et cela inclut des données sur les langues. Le droit des peuples autochtones à être informés de toute procédure judiciaire dans sa langue autochtone est un autre combat en cours en Équateur. Il faut pour cela que les tribunaux emploient des autochtones. Pour la représentante, l’enjeu est aussi de valoriser la langue quechua, pour que l’on considère de la même façon les personnes qui parlent l’espagnol, l’anglais ou le quechua.
Mme ROCHELLE ROCA-HACHEM, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a dit que nous devions saisir l’occasion de ce débat pour renforcer la dynamique de prise de conscience et amener plus de gouvernements à prendre des mesures en faveur de ces langues. Elle a souligné l’importance du multilinguisme, en invitant les États Membres à renforcer leurs activités en direction de toutes les langues, en particulier les langues menacées. Elle s’est félicitée d’une tendance observée dans le monde, en faveur des langues en tant que moyen de connaissance et outil d’inclusion. Parmi les textes clefs, elle a cité la Déclaration de Vienne de la Conférence des droits de l’homme de 1993, insistant sur le droit des minorités d’utiliser leur langue dans la vie privée et publique et la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’UNESCO de 2001. Elle a indiqué que 75% des 5 000 langues autochtones et minoritaires étaient aujourd’hui menacées. Elle a mis l’accent sur l’importance de l’article 13 de la Déclaration, qui affirme le droit des peuples autochtones à pratiquer, promouvoir et enseigner leurs traditions, coutumes et rites religieux et spirituels et de l’article 14, qui mentionne leur droit de faire renaître, d’utiliser, de développer et de transmettre aux générations futures leur histoire, leur langue et leurs traditions orales.
Elle a souligné le rôle pivot des peuples autochtones pour préserver la diversité. Elle a appuyé le droit à l’éducation dans la langue maternelle, en insistant sur l’importance de l’éducation bilingue, c’est-à-dire l’utilisation de la langue maternelle en tant que moyen d’éducation dès les premières années de l’éducation. Notant que les droits linguistiques ne garantissent pas forcément la préservation d’une langue, l’UNESCO a mis en place toute une série de programmes pour renforcer les normes existantes. Elle a rappelé que la langue est considérée comme moyen de transmission et de connaissance des autochtones qui nous sont utiles pour atteindre d’autres objectifs comme les OMD. Si les normes sont importantes, les outils de réalisation sur le terrain sont tout aussi importants et une synergie entre les deux est importante, a-t-elle insisté.
M. RICHARD GROUNDS, Projet linguistique Euchee, après avoir dit quelques mots dans la langue euchee qui est parlée en Oklahoma, a indiqué que ce ne sont que les anciens qui la parlent encore, ceux-ci étant seulement au nombre de cinq. Notre tâche est que nos jeunes puissent encore s’exprimer dans cette langue, a-t-il indiqué. À la première session de l’Instance permanente, en 2000, il y avait encore 27 langues parlées en Oklahoma, alors qu’il n’y en a plus que 23 à ce jour. Nous devons transmettre toutes nos traditions aux jeunes par la langue. La disparition des langues est liée à la scolarisation des enfants dans des pensionnats, qui ont interrompu la transmission des langues. Actuellement, moins de 0,5% de la population mondiale parle plus de la moitié des langues du monde. Les langues autochtones représentent 5 sur 6 langues de la planète, a encore précisé M. Grounds.
Il a lancé un appel à développer des partenariats avec les communautés autochtones et à leur apporter un soutien financier, pour permettre à toutes les « petites langues » de ne pas être perdues à tout jamais. Il a mis au défi l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture et les autres institutions pertinentes, particulièrement en cette Année internationale des langues, de porter une attention toute spéciale à ces langues qui sont parlées par un petit nombre de locuteurs. On ne peut pas se permettre de ne pas agir, a-t-il insisté. Il ne faut pas seulement mener des projets universitaires, qui ne sont pas forcément en phase avec les besoins des communautés et qui absorbent une grande partie des ressources pour des sujets secondaires. L’enregistrement d’une langue ne suffit pas à transmettre la langue aux jeunes, a-t-il donné comme exemple. Travaillons ensemble et pensons aux générations à venir, a-t-il conclu.
Mme ANNA LUCIA D’EMILIO, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que la Convention sur les droits de l’enfant, ratifiée par presque tous les pays du monde, contient un article 30 selon lequel on ne doit pas refuser à un enfant autochtone le droit de parler sa propre langue avec les autres membres de son groupe. L’exercice d’un droit ne peut pas se limiter au nombre de locuteurs d’une langue dans un endroit donné, a précisé la représentante. Ce droit ne peut pas non plus dépendre des conditions économiques. Il a été démontré que l’utilisation de la langue autochtone diminue le nombre de redoublements à l’école. Conformément à cette approche juridique, l’UNICEF travaille avec les États, garants de ces droits, et les organisations autochtones, titulaires de ces droits. L’éducation dans la langue autochtone fait qu’un enfant apprend mieux dans sa langue, a expliqué Mme d’Emilio. Ceux qui s’opposent à l’enseignement dans les langues autochtones avancent son coût élevé et son caractère politiquement délicat. Dans les années 50 et 60, a rappelé la représentante, les langues autochtones étaient enseignées dans le cadre de l’évangélisation. Après les années 70, on a davantage recherché à développer une dimension culturelle. Dans les écoles bilingues, les enfants s’expriment mieux et ont une meilleure image d’eux-mêmes par rapport à ceux qui ne fréquentent pas une école bilingue.
Même en Amérique latine, a poursuivi Mme d’Emilio, aucun pays n’a encore réussi à universaliser l’éducation bilingue. Elle a évoqué, comme l’une des raisons de cette situation, la dépendance financière qui représente une contrainte pour les peuples autochtones. L’UNICEF appuie des projets en la matière dans des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. La représentante a remercié le Gouvernement espagnol qui fournit une aide financière dans 17 pays et le Gouvernement finlandais qui apporte cette aide dans trois pays. Elle a aussi précisé que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a été publiée dans 15 langues autochtones d’Amérique latine. Les programmes qui ont donné les meilleurs résultats sont ceux qui encouragent la participation des enfants, a-t-elle signalé. Elle a rappelé l’importance de l’éducation dans les langues autochtones pour le renforcement des capacités et notamment l’autonomisation des femmes. Il faut aussi encourager la participation des autochtones dans d’autres domaines que l’enseignement de la langue, comme les décisions concernant le corpus linguistique, c’est-à-dire ce qui touche à l’alphabet ou au langage technique par exemple.
Mme PATRICIA NERI, Directrice générale de la Branche des affaires autochtones (Héritage Canada), a déclaré que 1 million de Canadiens se reconnaissaient comme membre d’un peuple autochtone, soit appartenant aux « premières nations » qui comprennent 50 langues autochtones. Elle a précisé que 22% des autochtones ont indiqué qu’ils étaient capables de parler une langue autochtone. Le Canada appuie des sociétés de communication autochtones pour qu’elles diffusent des émissions en langues autochtones.
De son côté, Mme NAULAQ ARNAQUQ, Vice-Ministre adjointe à la culture et à la langue, aux personnes âgées et à la jeunesse du Gouvernement du Nunavut, a illustré les efforts du Canada en matière de reconnaissance des peuples autochtones, en citant la création du Gouvernement du Nunavut le 1er avril 1999, qui est aujourd’hui le plus grand Gouvernement autochtone du monde. Elle a mis l’accent sur une législation en cours d’élaboration pour la protection de la langue inuit qui assurera l’égalité de cette langue avec le français et l’anglais.
M. EDWARD JOHN, GRAND CHEF, Caucus régional nord-américaina rappelé que les 370 peuples autochtones du monde appartenaient aux communautés les plus marginalisées du monde. Il a exhorté les États à prendre toutes les mesures pour permettre à ces peuples d’accéder au même niveau de santé que les autres populations.
L’expert de l’Espagne et membre du Comité, M. CLAVERO, a relevé que les déclarations les plus optimistes venaient des organismes et les plus pessimistes provenaient des peuples autochtones, ce qui selon lui témoignait d’un réel problème. Il a estimé que le terme génocide pouvait être utilisé pour décrire un ensemble de mesures politiques -dont des mesures qui nuisent à la survie des langues- qui font disparaître des groupes sans qu’il n’y ait de mort. Il a précisé que la Convention sur le génocide mentionne les dommages graves causés à l’identité d’un groupe en empêchant la transmission d’une langue, en provoquant un transfert culturel d’un groupe vers un autre. Il a estimé que ces générations volées, dépossédées de leur langue devaient pouvoir prétendre à une réparation.
Mme LUCY TE MOANA (Nouvelle Zélande) a signalé que la langue parlée par le peuple maori avait a été supplantée par l’anglais après la Deuxième Guerre mondiale. Les Maoris sont donc devenus bilingues et une rupture dans la transmission de leur langue a été constatée. Les prévisions de l’extinction de la langue maori a conduit à réagir et des programmes ont favorisé sa pratique et son enseignement dans les écoles. Une loi de 1987 a fait de la langue maori une langue officielle. Une stratégie est aussi en place pour renforcer la transmission intergénérations. En 2004, une chaîne de télévision a été créée qui diffuse 50% des émissions en maori. Il existe maintenant une deuxième chaîne qui diffuse 100% de ses programmes dans cette langue. Des papiers officiels, comme certificat de naissance, sont aussi devenus disponibles en maori, a précisé la représentante. En 2006, les Maoris ayant une bonne maîtrise de leur langue représentent 51% de la population et ce pourcentage est en augmentation. Les attitudes vis-à-vis des Maoris sont aussi plus positives, a-t-elle noté. La stratégie sera évaluée en 2008, cinq ans après sa mise en œuvre. On attend ainsi que des recommandations soient formulées pour la renforcer et aborder sa prochaine phase.
Mme MARIA SUMIRE, membre du Parlement quechua du Pérou, a appelé à sauver les langues autochtones qui sont menacées. Elle a regretté qu’on impose aux enfants allant à l’école une éducation dans une autre langue que la leur. Les politiques d’exclusion relèguent les autochtones au rang de citoyens de deuxième catégorie lorsqu’ils parlent leur langue maternelle, a-t-elle déploré. Elle a dénoncé des discriminations liées à la langue et a recommandé que l’Instance permanente reconnaisse que chaque personne qui utilise sa langue ait le droit de recevoir des services dans sa langue, en commençant par l’éducation. Il faut aussi encourager les peuples autochtones à participer aux décisions qui les concernent, notamment pour les services sociaux et de santé. Les États doivent aussi développer les programmes de sauvegarde des langues autochtones. La représentante a aussi demandé qu’une langue autochtone devienne langue officielle de l’Instance.
M. NAKKALAJJARVI, Président du Parlement sami de Finlande, a déclaré que nous partagions tous le souhait de préserver et transmettre nos langues de générations en générations. Car elles ne sont pas seulement un moyen de communication mais un élément de la culture. Si 25% des 6 000 langues sont en voie de disparition, il n’y a plus de temps à perdre au niveau international. Si les langues autochtones disparaissent, l’avenir des cultures autochtones est menacé. Il est urgent de décrire les connaissances environnementales que l’on trouve dans les langues. La recherche linguistique souligne l’influence mutuelle de la langue et de la culture et la manière dont la langue influence la façon dont nous pensons. Parce que la langue revêt des aspects théoriques et des modèles de perception, les langues autochtones ne peuvent pas être traitées uniquement comme des langues minoritaires. Alors que nous venons de proclamer 2008, Année internationale des langues, nous avons besoin de moyens et de volonté sans précédent pour sauver ces langues, a-t-il estimé. Il a précisé que les dernières neufs langues samies étaient en danger de disparition, alors qu’une dixième a vu son dernier locuteur disparaître l’année dernière en Russie. Si la situation est assez bonne s’agissant de la disponibilité de documents en langue samie en Finlande, le droit d’utilisation de la langue samie dans la vie publique mérite qu’on y consacre plus de travaux.
Mme JULIANE HENNINGSEN, membre du Parlement du danois du Groenland, a souligné l’interconnexion entre les droits linguistiques et les droits fondamentaux. Elle a mis l’accent sur les meilleures pratiques concernant les droits des langues autochtones en rappelant que les droits des langues font partie des droits de l’homme. Elle a mentionné la création d’une commission chargée de mettre en place des normes standardisées de la langue des autochtones du Groenland en tenant compte des différentes variantes dialectales. Il faut aussi utiliser les opportunités que nous offrent les technologies de l’information pour soutenir la diffusion de nos langues.
M. WALTER REYES XITUMUL (Guatemala) a indiqué que son pays est multiethnique et plurilingue avec notamment 22 langues d’origine maya. Il existe d’ailleurs une académie des langues autochtones du pays qui est chargée de préserver les langues maya. Par le biais d’un programme culturel de télévision, on essaye aussi de diffuser ces langues car elles sont les piliers grâce auxquels se transmettent les traditions. Il semble que l’État soit obligé d’intégrer la dimension linguistique et culturelle dans ses lois pour assurer le bien-être des peuples, a remarqué le représentant. Il a ajouté que des stratégies au Guatemala sont mises en place, grâce à une planification intégrale. Dans le cadre de l’Année internationale des langues, une réunion spéciale s’est tenue au cours de laquelle on a insisté sur la richesse de la pluralité des langues. Toutes les langues parlées dans le monde entier méritent le même respect, a-t-il conclu.
Pour ajouter un élément de réflexion par rapport aux déclarations des délégations, Mme ELISA CANQUI MOLLO, experte de la Bolivie, a pris la parole pour avertir de l’impact de l’image et des illustrations utilisées dans le matériel éducatif en langues autochtones.
À son tour, Mme ESTRADA (Mexique) a reconnu la dimension pluriculturelle de son pays. Cette reconnaissance garantit aux peuples autochtones la promotion de leurs langues et de leurs cultures. Le Mexique a progressé pour tenir compte de cette dimension en droit pénal et en général dans les lois relatives aux langues. Un Institut de langues autochtones a été créé il y a trois ans, a ajouté la représentante. Le Mexique a signé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et démontre sa volonté d’avancer dans ce domaine. L’Institut s’est occupé de la reconnaissance et de l’application des droits linguistiques. Il s’est aussi attaqué à l’élaboration de programmes pour accréditer des spécialistes de programmes bilingues. L’objectif est aussi que les langues autochtones aient la même valeur que l’espagnol dans les procédures judiciaires. En février dernier, on a créé le Comité consultatif pour les langues autochtones, composé de locuteurs de langues autochtones. Des émissions sont retransmises en 31 langues, a-t-elle aussi précisé, grâce à l’action de ce Comité. Les processus d’éducation autochtones sont aussi en cours de révision afin d’améliorer les programmes. Enfin, a conclu Mme Estrada, le Mexique considère que la proposition du groupe d’experts sur la diversité linguistique est très positive.
Répondant à des questions posées par des experts de l’Instance permanente, M. CHERCEHKO (Fédération de Russie) a déclaré que les droits des peuples autochtones étaient une priorité de la Fédération de Russie qui comptait 40 groupes autochtones. Compte tenu de la vulnérabilité de leur mode de vie traditionnel, l’intervention du Gouvernement est indispensable, a-t-il insisté, en précisant que la Constitution russe règlementait les droits de tous les groupes ethniques. Il a également souligné l’importance d’une loi fédérale sur les langues et l’autonomie locale. Il a précisé que des informations détaillées sur les pratiques du Gouvernement russe figurent comme document de la septième session de l’Instance permanente.
Mme BEVERLY JACOBS, Caucus mondial des femmes autochtones, s’est alarmée de la perte programmée au cours de ce siècle de la moitié des 5 000 langues autochtones en rappelant que la perte d’une langue signifiait la disparition d’une culture. Il est important de sauver ces langues en tant que partie intégrante du patrimoine mondial, a-t-elle ajouté. Elle a fait sien le rapport de la réunion du groupe d’experts internationaux sur les langues autochtones en souscrivant aux recommandations qui y sont formulées. Elle a souhaité une reconnaissance juridique de ces langues et une intégration complète dans les systèmes éducatifs par le biais de programmes d’immersion linguistique, en mettant l’accent sur l’utilité de la présence de ces langues dans les médias.
Mme ANJALI DAIMARI, Caucus des peuples autochtones d’Asie, a regretté que les langues autochtones n’aient pas été reconnues par de nombreux pays qui imposent leur langue nationale aux mépris du droit des autochtones. Elle a cité le cas d’un groupe autochtone qui a vu 15 de ses membres tués en 1974 au cours d’une manifestation exigeant le droit d’utiliser l’alphabet latin pour écrire leur langue. Elle a salué les recommandations du rapport de la réunion du groupe d’experts internationaux sur les langues autochtones en appuyant notamment l’application des articles 13 et 14 de la Déclaration de l’ONU sur les droits des autochtones relatifs à la protection des langues autochtones. Elle a notamment invité l’UNESCO à mettre en place un programme pour la revalorisation des langues autochtones en danger.
Mme OLAV MATTIS EIRA, Caucus arctique, a salué le rapport du groupe d’experts internationaux qui représente un premier pas prometteur en cette Année internationale des langues. Elle s’est dite favorable à la mise en place de politiques concrètes pour encourager la pratique des langues autochtones. La disparition de celles-ci signifie la perte, non seulement de la langue, mais aussi de la diversité culturelle. Le groupe d’experts a relevé les défis et les lacunes, comme la négligence dans les politiques nationales où la considération des langues est souvent exclue des droits de l’homme. Nous confirmons que les Saamis sont moins opprimés que les autres peuples autochtones, mais nous nous heurtons aussi à des difficultés dans la pratique des langues, a indiqué la représentante. Elle a appelé à ratifier rapidement la convention nordique saamie.
M. LEGBORSI SARO PYAGBARA, Mouvement pour la survie du peuple ogoni, a noté que la perte d’une langue entraîne une perte de la culture. La Constitution nigériane ne reconnaît que trois langues autochtones, mais elles sont enseignées dans les écoles. Récemment, des mesures ont été prises pour renforcer ces langues, a indiqué le représentant. Il a appuyé les recommandations du groupe d’experts, qui visent à élaborer des programmes inclusifs en faveur des langues. Il a donc recommandé au Gouvernement du Nigéria de mettre en place de tels programmes pour protéger les langues autochtones.
M. MARCOS BIG CLOUDS, Caucus des jeunes autochtones, a relevé que l’identité culturelle est exprimée par les langues qui sont un pont entre les générations. Nous souhaitons pouvoir en profiter, a-t-il exprimé, dénonçant les effets du colonialisme et des génocides qui ont pu entraîner la disparition de langues dans le monde entier. Certains aspects du capitalisme empêchent la revitalisation des langues, a-t-il aussi noté. Il a parlé de la Libye où certains n’ont pas le droit d’enseigner leurs propres langues. Les connaissances traditionnelles de la terre risquent d’être perdues avec la disparition des langues, a-t-il aussi averti. Le représentant a ensuite soutenu les recommandations du groupe d’experts international sur les langues autochtones, notamment celle qui invite les gouvernements à adopter des stratégies spécifiques.
M. VILLCA-DELGADO (Bolivie) a indiqué que le Congrès bolivien a approuvé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et rappelé que le Président, ainsi qu’un grand nombre de parlementaires, sont autochtones. Il y a 37 nationalités reconnues dans la nouvelle Constitution de l’État et nous allons vers un État plurinational. Nous estimons que les peuples autochtones doivent retrouver leurs droits, leurs montagnes, leurs rivières, leurs foyers. En tant que peuples de Bolivie, nous sommes préoccupés par l’interdiction de la culture de la coca, a déclaré le représentant qui a donc demandé à l’Instance que la consommation traditionnelle de la feuille de coca sacrée soit reconnue. Il a également demandé l’extradition de l’ex-président de la Bolivie, qui vit actuellement aux États-Unis, pour qu’il soit jugé pour crimes de génocide. Enfin, le représentant a souhaité qu’une commission d’enquête soit envoyée dans son pays pour constater les conditions de vie de certains autochtones qui sont encore traités d’« indiens » et de « macaques ».
M. ARMAND MCKENZIE, Congrès des peuples aborigènes, a rappelé qu’à la création de l’Instance, l’idée était que les représentants des États et ceux des autochtones soient traités sur un pied d’égalité. Or, il a constaté aujourd’hui qu’une majorité d’orateurs étaient des représentants de leurs gouvernements, même si certains sont issus de communautés autochtones. Se présentant comme un Inuit du Canada, le représentant a cité le délégué canadien qui a donné le chiffre de 5 millions de dollars consacrés à la protection des langues autochtones. Cela représente 2,50$ par personne, a-t-il fait remarquer, avant de se demander pourquoi le Canada avait tellement peur de la promotion des langues.
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