INSTANCE PERMANENTE: LES INTERVENANTS INSISTENT SUR L’INDISPENSABLE PARTICIPATION DES AUTOCHTONES AUX NÉGOCIATIONS RELEVANT DU CLIMAT
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Instance permanente sur les questions autochtones
Septième session
3e & 4e séances - matin & après-midi
INSTANCE PERMANENTE: LES INTERVENANTS INSISTENT SUR L’INDISPENSABLE PARTICIPATION DES AUTOCHTONES AUX NÉGOCIATIONS RELEVANT DU CLIMAT
Les représentants des peuples autochtones demandent le respect du principe du consentement préalable libre et informé
Les représentants de peuples autochtones du monde entier, qu’il s’agisse des peuplades du Grand Nord canadien ou de celles du bassin congolais, ont revendiqué aujourd’hui leur rôle de gardien des connaissances pour la mise en place de stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Nombreux sont ceux à avoir jugé inconcevable que ce qui est décidé par les organismes des Nations Unies et institutions internationales en matière environnementale l’est sans leur consentement préalable, libre et informé.
Cette revendication a été soutenue par la majorité des 15 États Membres des Nations Unies qui intervenaient aujourd’hui lors d’un échange sur le thème principal de la septième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones: « Changements climatiques, diversité bioculturelle et moyens d’existence: le rôle de gardien des peuples autochtones et les nouveaux défis à relever ».
La représentante du Caucus des femmes autochtones a exhorté les institutions de l’ONU à appuyer le maintien des pratiques traditionnelles face à l’impact des changements climatiques. Il a aussi été suggéré par d’autres représentants autochtones d’établir un recueil de pratiques optimales autochtones en matière écologique. Parmi les recommandations formulées aujourd’hui, il a aussi été proposé que l’Instance demande à l'Assemblée générale de convoquer une session mondiale d’urgence pour examiner avec les organismes internationaux l’impact des changements climatiques, sa corrélation avec les combustibles fossiles et les conséquences sur les droits des peuples autochtones.
Certains ont évoqué la mise en place d’une « justice climatique » tandis que d’autres ont invité les États Membres à rendre compte des activités de leurs multinationales. Le représentant du Caucus autochtone australien a souhaité, a l’instar de nombreux intervenants, que l’on garantisse que les mesures d’atténuation des changements climatiques ne viennent justifier des dépossessions en terres et des privations des droits des peuples autochtones.
De son côté, le Vice-Ministre adjoint pour les affaires indiennes du Grand Nord canadien a dit le souci de son pays de permettre la participation des autochtones à l’élaboration de programmes d’adaptabilité aux changements climatiques. Le Représentant permanent de l’Espagne a présenté la Stratégie de coopération espagnole qui, selon lui, fait des populations autochtones un groupe bénéficiant de la plus grande priorité dans les objectifs de développement espagnols.
En écho à ces interventions et rappelant que la Déclaration de l’ONU consacrait le droit de ces peuples à préserver leur environnement, la Ministre des questions autochtones de l’Équateur a suggéré que 5 dollars par baril de pétrole produit dans le monde soient consacrés à la protection de la biodiversité, soit un revenu de 4,6 milliards de dollars par an.
Le Ministre du développement local du Népal a assuré que la nouvelle constitution, adoptée à la suite des élections législatives du 10 avril, devrait garantir les droits souverains des peuples autochtones. De son côté, le Vice-Ministre de la justice communautaire de la Bolivie a indiqué que son gouvernement allait « décoloniser l’État colonial » légué par les gouvernements précédents, en affirmant que les droits des peuples autochtones n’étaient pas négociables.
Détaillant le cadre de protection mis en place par son gouvernement, le représentant du Brésil a indiqué que la Constitution brésilienne garantissait que les 611 peuples autochtones aient l’utilisation exclusive de leurs terres, dans le respect de leurs coutumes et en accord avec les principes de développement durable. Le Directeur de la Société nationale de développement du Chili, où 7% de la population est autochtone, a indiqué que son pays avait promu un dialogue national avec 120 peuples autochtones et 5 000 représentants associatifs et restitué 23 000 hectares de terres à 2 200 familles autochtones dans un effort de réparation qui se poursuit.
L’Instance permanente sur les questions autochtones poursuivra ses travaux demain, mercredi 23 avril à 15 heures.
THÈME SPÉCIAL: « CHANGEMENTS CLIMATIQUES, DIVERSITÉ BIOCULTURELLE ET MOYENS D’EXISTENCE: LE RÔLE DE GARDIEN DES PEUPLES AUTOCHTONES ET LES NOUVEAUX DÉFIS À RELEVER »
Déclarations
L’expert et membre de l’Instance permanente, M. BARTOLOME CALVERTO SALVADOR,a regretté que les documents publiés par le Groupe d’appui interorganisations ou encore par l’Organisation internationale du Travail (OIT) dans le cadre de cette session partent du point de vue que la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones n’est pas juridiquement contraignante. Il a regretté que l’OIT nie la nature contraignante de la Déclaration en ne faisant jamais référence dans son document à l’article 42 qui est un article clef. Il a suggéré la nécessité de mettre en exergue les éléments contraignants de cette déclaration en allant même plus loin pour dénoncer tout texte ou intervention qui insinuerait que cette Déclaration n’est pas juridiquement contraignante.
L’expert et membre de l’Instance permanente,M.HASSAN DI BALKASSM, a estimé que l’expérience nous montrait que le monopole du pouvoir et des richesses aboutissait à une plus grande pauvreté dans le monde. Il a dit que cette session revêtait un caractère spécial qui doit mener à la mise en application de la Déclaration et la reconnaissance de son caractère juridiquement contraignant. Il a ajouté que les politiques d’assimilation n’ont abouti qu’à priver les peuples autochtones de leurs valeurs essentielles, en soulignant que les pays développés étaient responsables à 80% du réchauffement climatique. Il a cité en exemple la réunion organisée par l’Union européenne en collaboration avec les représentants des peuples autochtones pour examiner les possibilités de mise en œuvre de la Déclaration.
Note de la rédaction: l’article 42 de la Déclaration prévoit que « l’Organisation des Nations Unies, ses organes, en particulier l’Instance permanente sur les questions autochtones, les institutions spécialisées, notamment au niveau des pays, et les États favorisent le respect et la pleine application des dispositions de la (présente) Déclaration et veillent à en assurer l’efficacité ».
Mme ISABEL ORTEGA VENTURA, Parlement autochtone des Amériques, a rappelé que les peuples autochtones sont directement concernés par les changements climatiques, comme les sécheresses, les inondations, les tempêtes tropicales et les catastrophes naturelles. Pourtant, ces peuples vivent en harmonie avec la nature depuis des siècles, a-t-elle relevé. Une conséquence de ces changements est l’aggravation de la pauvreté de nombreux peuples autochtones, a-t-elle noté, dénonçant les pratiques de certaines multinationales qui ne font que l’accentuer. Nous nous engageons à protéger la diversité biologique des terres sur lesquelles nous vivons, a-t-elle assuré. La représentante a rappelé que le capitalisme prédateur a permis un développement industriel dont les effets sont négatifs pour la survie des peuples autochtones. Selon elle, ces peuples doivent pouvoir participer à la planification et à l’élaboration des programmes de protection de l’environnement face aux changements climatiques. Mme Ortega Ventura a aussi appelé les pays industriels à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, citant le plus grand émetteur, les États-Unis. Ceux qui exploitent les ressources naturelles doivent le faire comme les peuples autochtones le font, c’est-à-dire de façon respectueuse de l’environnement. Elle a aussi proposé que les pays industrialisés remédient aux dégâts déjà causés, payant ainsi leur dette vis-à-vis des peuples autochtones. Il faut également mettre en place un plan d’action international pour renverser la tendance causée par les changements climatiques.
M. BENJAMIN POWLESS, Caucus autochtone mondial, a rappelé quels étaient les effets et les causes des changements climatiques, relevant que les effets sont de plus en plus dévastateurs pour les peuples autochtones. Il a invité tous les organes de l’ONU, y compris le Conseil de sécurité, à prendre en compte tous les aspects de cette menace. Il a souhaité que la communauté internationale accorde toute l’importance voulue à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, relevant que tous ces droits sont menacés par les changements climatiques. Les institutions financières continuent à accorder des subventions aux biocombustibles, a-t-il ensuite constaté, ce qui contribue à aggraver la situation des peuples autochtones. Nous continuons à réitérer que si nous prenons soin de la terre, la terre prendra soin de nous, a poursuivi une autre représentante, Mme CARMEN RAMIREZ BOSCAN. La représentante a exhorté l’Instance à insister sur le fait que les peuples autochtones doivent être inclus de plein droit dans les discussions sur les changements climatiques, notamment pour ce qui est des aspects financiers. Elle l’a aussi engagée à adopter des mesures permettant d’attirer l’attention sur le fait que les changements climatiques constituent une menace urgente au développement, à la paix et la sécurité.
M. FIU ELISARA, Caucus des peuples du Pacifique, a déclaré qu’il constatait au quotidien les conséquences des changements climatiques sur la faune marine. Les responsables doivent rendre des comptes et assumer leurs responsabilités face à la privation de nos droits que représentent les déplacements forcés que nous subissons en raison des changements climatiques. C’est une question de « justice climatique », a-t-il dit, en ajoutant que le Pacifique était très vulnérable. Nous perdons des terres côtières, nous sommes les témoins de la destruction des récifs dont nous dépendons et de nos cultures en raison de l’augmentation de la température. Pour faire face à ces conséquences, il faut des moyens financiers et des stratégies de prévention, a-t-il insisté, en notant que ceux qui sont responsables de ces modifications climatiques réalisent à peine les conséquences de leurs actes. Parmi quatre propositions, il a invité l’Instance à participer activement à la mise en œuvre de la Convention-cadre sur les changements climatiques et a appelé le Groupe d’appui interinstitutions à fournir les moyens aux pays en développement pour faire face aux problèmes climatiques.
Mme YOLANDA TERAN, Caucus des femmes autochtones,a mis l’accent sur les souffrances des femmes autochtones face aux conséquences des changements climatiques. Il faut trouver une solution au développement économique et social basée sur le respect des droits de l’homme y compris les droits à la terre et à l’eau. Elle a exhorté l’ONU à travailler activement à la préservation des différentes formes de vie. Elle a estimé que les systèmes de commercialisation des droits d’émission de carbone étaient préoccupants. Elle a appelé à la préservation des forêts, en fustigeant les dangers posés par les activités minières intensives et les essais nucléaires et a exhorté les multinationales à respecter les lois en vigueur. Elle a demandé aux institutions de l’ONU d’appuyer les pratiques traditionnelles qui permettent de trouver des réponses à l’impact des changements climatiques.
Mme ANDREA CARMEN, Caucus des peuples autochtones de la région d’Amérique du Nord, a évoqué les effets négatifs des changements climatiques, comme l’apparition de nouvelles maladies qui affectent les chaînes alimentaires. Les changements climatiques violent les droits des peuples autochtones, a-t-elle affirmé. Les entreprises et les gouvernements cherchent la parade mais aucune réponse adéquate n’a été trouvée. Pour cela, la participation des peuples autochtones est essentielle. En ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre, elle a appelé les pays qui en sont principalement responsables, comme les États-Unis et le Canada, à faire des efforts. Les peuples autochtones préconisent un moratoire sur les nouvelles prospections de charbon, de pétrole et de gaz naturel sur leurs terres. Les peuples autochtones, a-t-elle encore ajouté, sont préoccupés par le mécanisme de commercialisation des émissions de carbone, a-t-elle indiqué, car cela réduit la capacité à gérer le climat. Nous sommes également inquiets par les nombreuses stratégies d’atténuation mises en place en Amérique, comme l’utilisation des biocombustibles qui contribuent à la dégradation écologique. Comme recommandation à l’Instance, elle a suggéré que celle-ci demande une étude sur la participation directe des instances autochtones dans la réponse apportée aux changements climatiques. Il faudrait aussi établir un recueil de solutions optimales pratiquées par les peuples autochtones, qui pourrait servir à tous les peuples.
Un représentant du Caucus autochtone d’Amérique latine a rappelé que les responsables des changements climatiques sont les pays industrialisés et leur mode de vie basé sur l’approche commerciale et le gaspillage. Des réunions préparatoires dans notre région ont eu lieu et ont permis d’exprimer le désaccord face aux mesures hypocrites proposées par certains pays qui leur permettent d’éluder leur responsabilité et d’imposer des projets délétères sur les territoires des peuples. La consommation des combustibles fossiles doit être réduite. Il a regretté que les peuples autochtones ne soient pas inclus dans les discussions sur le Protocole de Kyoto. Passant aux propositions, il a exhorté les États à faire en sorte que la Conférence de Bali sur les changements climatiques contribue à mettre en application la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Il faut aussi veiller à la participation pleine et active de ces peuples, notamment par le biais d’un groupe de travail autochtone qui présenterait des projets d’atténuation des changements climatiques. Enfin, il a demandé de respecter le principe de précaution au moment de la mise en œuvre des « méga-projets » dans sa région, notamment pour la déforestation.
Mme PATRICIA COCHRAN, Caucus de l’Arctique, a déclaré que les autochtones avaient beaucoup à offrir au système des Nations Unies grâce à leurs savoirs traditionnels en matière de gestion de l’environnement. Elle a exhorté tous les organismes des Nations Unies à inscrire les changements climatiques en tête de liste de leurs priorités. Elle a rappelé que l’Arctique se réchauffait plus vite que n’importe quelle autre partie du monde, menaçant la qualité de vie des Inuits. Nous devons tirer les leçons de nos erreurs et faire en sorte que les autochtones puissent participer à toutes les questions et prises de décisions concernant les changements climatiques. Elle a notamment invité les organismes de l’ONU à mettre en place un mécanisme de filtrage pour mesurer les incidences négatives des mesures de réduction des effets climatiques.
M. KANYINKE SENA, Caucus africain, s’est particulièrement inquiété des phénomènes de désertification et de déforestation liés aux besoins croissants en bois des multinationales, entraînant l’érosion des sols et remettant en cause nos pratiques d’élevage et de pâturage et donnant lieu à des migrations forcées. Il a regretté que les communautés autochtones africaines soient amenées à faire face à des problèmes qu’elles n’ont pas contribué à créer. Il faut reconnaître le droit des peuples autochtones sur leurs terres. Le représentant a invité les gouvernements africains et autres à participer à toutes les conférences et processus de décisions relevant des changements climatiques.
M. KITTISAK RATTANAKRAJANGSRI, Caucus asiatique, a noté que les changements climatiques remettent en cause les méthodes d’exploitation des sols pour les peuples autochtones. Les pluies sont de plus en plus fréquentes et cela cause des inondations, a-t-il donné comme exemple, précisant que les communautés autochtones en souffrent énormément. Les mesures d’atténuation et d’adaptation font bien souvent fi des droits des peuples autochtones, a-t-il ajouté. Pour ce qui est des biocarburants, c’est une solution trompeuse car on prend des terres appartenant aux peuples autochtones, ce qui compromet leur sécurité alimentaire. Nous assistons déjà à une augmentation des prix des denrées alimentaires de 30 à 40%, a-t-il constaté. Le représentant a suggéré qu’un comité se penche sur la question spécifique des changements climatiques et des peuples autochtones, qui sont les populations les plus vulnérables. Il a aussi proposé de procéder à une analyse détaillée de la question de la sécurité alimentaire et des conséquences qu’ont les changements climatiques sur les modes de vie traditionnels. L’Instance doit aussi examiner les conséquences de l’utilisation des biocarburants. Le représentant a enfin demandé que les peuples autochtones aient accès au Fonds d’adaptation déjà créé. Pour ce qui est de la Convention-cadre sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, il a souhaité que les peuples autochtones puissent faire entendre leurs voix dans les discussions.
À son tour, SKY SCHOLFIELD, Caucus des jeunes autochtones, a proposé que l’Instance use de l’influence dont elle bénéficie pour sensibiliser la communauté internationale sur notre sort, a-t-il exprimé. Il a demandé à tous les pays responsables d’émissions de gaz à effet de serre de faire face à leurs responsabilités. Agir aujourd’hui nous coûtera moins qu’agir demain, a-t-il fait remarquer. Le représentant a aussi demandé la pleine participation des jeunes autochtones à toutes les discussions. Il a en outre appuyé pleinement la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et a souhaité qu’elle soit appliquée dans tous les pays du monde. Le représentant a enfin exhorté ceux qui polluent la terre à trouver des solutions, promettant en échange de contribuer à ces efforts et de réduire la consommation d’énergie.
Intervenant au nom des organismes ONIC, CECOIN et Fuerza de Mujeres Wayuu de la Colombie, M. LUIS EVELIS ANDRADE CASAMA, a fustigé la politique du Gouvernement colombien qui selon lui, plutôt que de promouvoir un développement durable, a ouvert grandes les portes du pays aux multinationales encourageant l’exploitation intensive des ressources naturelles avec un impact sur les droits de l’homme et collectifs des peuples autochtones. Il a mentionné le rejet récent par le Conseil constitutionnel colombien d’un projet de loi sur la forêt qui avait comme but de reconnaître le droit des peuples autochtones sur la forêt. Il a noté qu’un parc éolien mis en place sur les terres d’une population autochtone, qui était certes une initiative de développement durable, n’avait pas tenu compte des attentes du peuple concerné et notamment le caractère sacré de la terre. Il a invité les gouvernements et organisations internationales à financer des projets relatifs aux énergies durables dans le respect de l’intégrité territoriale et des droits de l’homme des populations autochtones.
M. CHARLES WILLIAMS, Caucus caribéen, a fustigé le colonialisme qui a été la source de l’assimilation des populations autochtones. Il a déclaré que ces populations continuaient de vivre en harmonie avec la mère nature, en regrettant qu’elles soient contraintes de vivre confinées à des zones reculées. Face aux catastrophes naturelles, a–t-il ajouté, nous sommes les plus affectés car nous n’avons pas accès aux capitaux. Aujourd’hui, faibles ou forts, nous allons tous souffrir des changements climatiques, a-t-il encore dit, en exhortant l’ONU à appuyer les objectifs de développement durable notamment le reboisement.
M. ADAN ALARCON, Fondation pour la recherche et le soutien aux peules autochtones de Crimée et autres organisations, a évoqué une réunion récente sur les questions autochtones qui s’est tenue à New York et pendant laquelle les participants ont échangé des informations sur leurs pratiques pour faire face aux changements climatiques. Les îles du Pacifique commencent à être menacées par les changements climatiques, notamment par l’érosion des sols, a-t-il fait remarquer. Des forêts disparaissent aussi, ce qui menace la survie des peuples autochtones. Pourtant, nous ne sommes pas responsables de ces changements et nous avons appris à vivre en harmonie avec la nature depuis longtemps. Les solutions relatives aux biocombustibles contribuent à la destruction de l’environnement et aux déplacements forcés, a-t-il ensuite noté. Il a souhaité la mise en place de réunions d’experts issus de communautés autochtones et de peuples non autochtones. Il faut aussi mettre en place un fonds d’adaptation spécifique pour les peuples autochtones et appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les droits de ces peuples.
M. PACIFIQUE MUKUMBA, Centre d’accompagnement des autochtones pygmées et minorités vulnérables, du Conseil national des concertations des jeunes autochtones de la République démocratique du Congo, a indiqué que la situation des peuples pygmées du Congo était déplorable. Cette population joue pourtant le rôle de conservateur naturel dans la sauvegarde de la biodiversité. Il s’est donc étonné d’avoir appris en février 2008, grâce à un communiqué de presse de l’UNESCO, la signature d’une déclaration, adoptée par la République démocratique du Congo, le Rwanda et l’Ouganda, avec le soutien de l’Espagne et de l’UNESCO, portant la création d’une réserve de biosphère transfrontière du rift albertin central. Les communautés autochtones Batwa/Pygmées estiment que l’application de cette Déclaration, qui se fait sans les consulter et sans prendre en compte leurs intérêts, concourra à la violation de leurs droits les plus légitimes. Il a aussi dénoncé l’exploitation désordonnée et clandestine des forêts de l’Ituri. Les véritables gardiens de la forêt sont les Pygmées, a-t-il indiqué, mais ils sont devenus des transporteurs de bois pillé. Il a aussi indiqué que le processus de zonage participatif, longtemps réclamé par les organisations autochtones, tarde à se concrétiser. Le moratoire sur les concessions d’exploitation industrielle des bois, institué par le Gouvernement congolais, qui est violé par certains exploitants forestiers, risque d’aboutir à un zonage de fait où tous les espaces appartenant aux Autochtones Pygmées seront déjà épuisés.
Mme CASEY CAMP, Réseau autochtone environnemental, a déclaré que les conséquences des changements climatiques s’apparentaient à un génocide culturel pour les peuples autochtones. Elle a regretté que le pétrole et le charbon continuaient à être exploités sur les terres des peuples autochtones alors que la combustion fossile était la première cause des changements climatiques. Dans l’esprit de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, elle a recommandé que l’Instance demande à l’Assemblée générale via l’ECOSOC de convoquer une session mondiale d’urgence pour examiner avec tous les organismes internationaux l’impact des changements climatiques, leur corrélation avec les combustibles fossiles et leurs conséquences sur les droits des peuples autochtones.
M. JININE LAISHRAM, intervenant au nom d’un Groupe d’ONG autochtones des Amériques, a dénoncé l’impact du Programme « RED » initié officiellement comme une mesure de développement durable mais qui a eu des conséquences désastreuses sur les droits des peuples autochtones. À titre d’illustration, il a cité le recours dans certains pays à la force militaire et autres mesures coercitives pour disposer des terres des peuples autochtones pour la mise en œuvre du projet « RED ». Il a indiqué que cette initiative déplacera les peuples autochtones qui vivent dans les forêts. Vue la menace que fait peser le projet « RED » sur nos droits, a-t-il insisté, nous invitons l’Instance à recommander que les peuples autochtones puissent participer à toutes les négociations relatives à la Convention internationale sur les forêts et les conférences sur le climat. Il faut cesser de considérer « RED » comme une stratégie de lutte contre les changements climatiques car il viole les droits des peuples autochtones, a-t-il conclu.
M. ONEL MARSARDULE, s’exprimant au nom de Consejo Indigena Mesoamericano, de Fundacion para las promocion del conocimiento indigena, et de Land is life, a fait état d’une déclaration adoptée lors d’une réunion qui s’est tenue au niveau régional et qui traite de la consommation de carbone. Les peuples autochtones sont marginalisés lors de la mise en place de politiques d’atténuation des changements climatiques, a-t-il regretté. Ces changements sont causés par un capitalisme vorace qui ne respecte pas notre terre et ce sont les pays industrialisés qui en sont responsables, a-t-il dit. Il a estimé que la mise en œuvre de politiques d’atténuation et d’adaptation, comme la monoculture, la capture du carbone, ou encore la culture de biocombustibles, sont des pseudo- solutions et portent atteinte à l’existence même des peuples autochtones. Il a préconisé une participation pleine et effective des peuples autochtones au sein des débats relatifs à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ainsi que la création d’un groupe d’experts sur ces questions qui s’intéresse aux problèmes des peuples autochtones. Il faut aussi mettre en place une coordination entre les institutions spécialisées de l’ONU, a-t-il souhaité.
M. HUBERTUS SAMANGUN, Alliance internationale des peuples autochtones et tribaux de la fôret tropicale et Forum international des peuples autochtones pour les changements climatiques, a mentionné la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, rappelant que toutes les parties doivent pouvoir y participer. Notre organisation a toujours alimenté le processus de réflexion sur les changements climatiques, mais nous avons eu peu l’occasion de nous faire entendre par les parties à la Convention-cadre. Nous pouvons pourtant jouer un rôle essentiel dans la lutte contre ces changements. Il faut donc mettre en place des mécanismes permettant à nos peuples d’avoir voix au chapitre, a estimé le représentant. Il a recommandé que la Déclaration sur les droits des peuples autochtones constitue un cadre au sein des discussions sur les mesures d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques. Nous demandons aux États parties de prendre des mesures pour contrecarrer les effets négatifs de ces changements. Enfin, le représentant a demandé au Forum des Nations Unies sur les forêts de procéder à une évaluation de la mise en œuvre de la première phase du Protocole de Kyoto et de ses impacts sur les peuples autochtones.
M. LARSON BILL, Projet de défense de l’ouest du Shoshone, a insisté sur la nécessité de préserver les quatre piliers de la vie que sont l’air, la terre, l’eau et le ciel. Il a dit que la terre ne pouvait être considérée comme une ressource mais comme une source. Il faut que nous soyons en mesure de montrer pourquoi ceux qui sont responsables des changements climatiques doivent changer d’attitude, a-t-il insisté. Il a fustigé l’impact des multinationales plus puissantes que les États, qui grâce à leur argent, peuvent imposer des lois qui justifient à leurs yeux le pillage des terres autochtones. Il a exhorté les États Membres à régler et surveiller les activités de leurs multinationales et à faire rapport sur ces activités. Il a souhaité que toutes les mesures soient prises pour alerter la communauté internationale face aux actions des multinationales.
MmeMINA SUSANNA SETRA, Aliansi Masyarakat Adat Nusantara, a souligné la nécessité pour les peuples autochtones de participer à toutes les discussions relatives au climat. Il faut permettre aux institutions autochtones de disposer des capacités de faire face à l’impact des changements climatiques. Il faut créer des centres d’information et cartographier les territoires autochtones, a-t-elle ajouté, avant de souligner qu’il était essentiel que les populations autochtones puissent participer à toutes les étapes de mise en œuvre de projets sur leur territoire. Il faut permettre aux populations autochtones de faire des contre-propositions sur la base de leurs savoirs et pratiques. Parmi ses recommandations au Gouvernement indonésien, elle a souligné l’importance d’amender la loi 41 sur les forêts relative aux mesures d’adaptation pour qu’elle mentionne le droit des peuples autochtones sur ces forêts. Elle a aussi suggéré un amendement à la loi 18 de 2004 pour que soit reconnu le droit à la propriété des peuples autochtones.
Mme EDITH BASTIDAS, dans une déclaration commune à plusieurs organisations d’Amérique latine, CALPI, USP, Accion Ecologica, CEDIS, CJIRA, Uk’Ux B’e, Kus, Kura, Jentzera, a demandé qu’on reconnaisse l’importance des travaux des différentes instances relatives aux questions autochtones, en particulier sur les changements climatiques. À chaque fois qu’on discute des changements climatiques et des mesures d’atténuation, il faut tenir compte de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Elle a aussi exigé des principaux pays consommateurs de combustibles fossiles de respecter le Protocole de Kyoto et leurs engagements en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre. La représentante a souhaité en outre que ses recommandations soient prises en compte pour élaborer des programmes de promotion des connaissances traditionnelles des peuples autochtones. Enfin, elle s’est félicitée des projets adoptés par le Gouvernement bolivien, qui respectent les droits des peuples autochtones.
Mme MALIA NOBREGA, dans une déclaration commune à l’Association Hawaii and Pacific Northwest et l’Association mondiale autochtone, a indiqué que les effets des changements climatiques détruisent le corail progressivement et menacent les animaux et les plantes qui en dépendent pour leur survie. En effet, 50% de la faune marine va être ainsi détruite. Le corail blanchit de plus en plus lorsque la température augmente, a-t-elle expliqué. On parle du « désert sous-tropical de l’océan Pacifique », zone qui progresse plus rapidement que prévu. Les experts ont prouvé que ce sont les changements climatiques qui sont responsables de cette situation, a précisé la représentante. Comme autres conséquences des changements climatiques dans la région, elle a relevé que les tempêtes sont devenues de plus en plus fréquentes et que le paludisme s’est étendu. Il y a aussi une sécheresse qui impose un rationnement alimentaire aux habitants de plus en plus fréquent. Elle a donc demandé à l’Instance de participer activement aux travaux menés dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques.
Mme GUNN-BRITT RETTER, Réseau des femmes autochtones pour la biodiversité, a appuyé le rôle fondamental des femmes autochtones dans la protection de l’environnement et la lutte contre l’impact des changements climatiques. La perte en biodiversité entraîne toute une série de problèmes, a-t-elle dit, avant de mettre l’accent sur le rôle des femmes dans la transmission des connaissances traditionnelles d’une génération à l’autre. C’est pourquoi, celles-ci doivent être protégées des méfaits du capitalisme. Nos connaissances médicales doivent être protégées de l’exploitation abusive et des effets négatifs des changements climatiques. Elle a insisté sur la dimension multiple des effets des changements climatiques, en mettant l’accent sur des conséquences à la fois sociale, économique, politique et environnementale. Parmi ses quatre recommandations, elle a notamment demandé que soit reconnu le rôle fondamental des femmes et des jeunes dans la formulation de mesures d’adaptation aux changements climatiques.
Mme LAURA CALMWIND, Kitchenahmay Koosib, a jugé essentiel que les peuples autochtones jouissent de la protection et de la sécurité pour protéger l’eau, l’air et la terre. Nous nous sommes opposés à des projets d’exploitation minière, parce que nous avons d’abord souhaité privilégier la protection de l’eau. Mais plutôt que de respecter notre décision, a-t-elle précisé, le Gouvernement de l’Ontario a emprisonné nos dirigeants. Comment préserver nos terres quand nos chefs sont en prison pour avoir essayé de le faire, a-t-elle demandé, avant de demander le respect pour tout projet du principe du consentement libre, préalable et informé des peuples autochtones. Elle a prié l’Instance de demander la libération immédiate et sans condition des chefs de sa communauté autochtone.
Une représentante du Caucus des femmes autochtones asiatiques a recommandé que l’Instance permanente permette l’intégration des droits des peuples autochtones à tous les niveaux. Elle a appelé à mettre en place des programmes d’éducation sur les changements climatiques, pour souligner notamment l’importance des valeurs traditionnelles et spirituelles. Les bailleurs de fonds devraient veiller aussi à ce que le bien-être des peuples autochtones soit respecté, en vue du développement durable. En outre, elle a appelé les gouvernements à prendre des mesures pour appliquer les droits de ces peuples. La représentante a souhaité que l’Instance préconise l’intégration complète de ces droits dans les textes sur les changements climatiques. La représentante a aussi averti que la mise en place de mécanismes participatifs était urgente. Car les peuples autochtones doivent s’engager activement dans les débats sur les changements climatiques, notamment sur le sujet des émissions de gaz à effet de serre. Tous les acteurs, y compris les ONG, les donateurs et le secteur privé, doivent respecter les droits des autochtones, a insisté la représentante. Elle a aussi préconisé un dialogue interculturel permettant de partager les expériences.
Mme CHERYL MALONIE, Mi’k maq Grand Council, Mi’k maq of Canada et US, Native Women’s Association in Canada, a demandé qu’une enquête soit menée sur les violations des droits de l’homme des peuples autochtones qu’elle représente, en matière de mobilité et de sécurité. Elle a aussi demandé que les pays responsables des changements climatiques apportent leur contribution pour trouver des solutions. Les restrictions à nos droits ne sont pas conformes à la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, a-t-elle insisté. Elle a déclaré militer pour la mobilité et l’accès aux ressources dans les territoires traditionnels de sa région. Les victoires juridiques obtenues par le passé n’ont jamais été transcrites en droit canadien, a-t-elle regretté.
M. JOSPH ITONGWA, Représentant des peuples autochtones du bassin du Congo, a rappelé qu’il provenait d’une région qui constitue le deuxième massif forestier du monde. Il a précisé que ce massif forestier permettait de stocker 17 milliards de tonnes de carbone, contribuant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique. Il a insisté sur le fait que la préservation de ces forêts profitait d’une très grande contribution des peuples autochtones issus de la RDC, du Congo Brazzaville, du Cameroun, de la Guinée-équatoriale et du Gabon. Les autochtones du bassin du Congo veulent savoir comment ils peuvent être entendus dans les négociations relatives au climat en général et aux forêts en particulier. Il a recommandé à l’Instance d’expliquer d’avantage à la communauté internationale la nécessité qu’il y a à placer les préoccupations et connaissances des autochtones au centre des discussions relatives au climat.
Mme BEV MANTON, Caucus australien autochtone, s’est inquiétée des mouvements de population ainsi que des problèmes que connaissent les Îles Salomon en raison de l’élévation du niveau de la mer. Elle a rappelé que les terres des autochtones représentaient 120 millions d’hectares, soit 16% des terres australiennes. Il faut s’assurer que les mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques ne viennent justifier des dépossessions en terres et des privations des droits des peuples autochtones.
Le Chef OREN LYONS, au nom de Haudenosaonee, Groupe de six nations autochtones d’Amérique du Nord, a rappelé que le créateur a souhaité qu’on ne remette pas en question les lois de la terre qui nous lient. Le représentant a évoqué une réunion des chefs spirituels et religieux au cours de laquelle des avertissements ont été lancés quant aux conséquences de la fonte des glaces aux pôles. Il faut adopter un nouveau paradigme et entamer un virage à 180 degrés dans la gestion des questions d’environnement et passer à des pratiques de coopération et de partage. Le Gouvernement américain doit fixer un plafond à ses émissions de gaz à effet de serre, a-t-il aussi demandé, notant que le peuple américain et certains États du pays se sont lancés dans cette direction sans attendre que le Gouvernement fédéral s’engage plus avant. Nous savons tous combien la terre peut être en colère et nous sommes responsables de notre destinée, a-t-il encore déclaré. Le temps presse et il nous faut absolument progresser, a-t-il conclu.
M. EGIL OLLI, Président du Conseil parlementaire saami, qui représente les conseils parlementaires de la Norvège, de la Suède et de la Finlande, a rappelé que l’on connaît bien maintenant les défis que posent les changements climatiques. Il a indiqué représenter des peuples autochtones qui constatent les modifications qui affectent leur environnement et leurs ressources en raison des changements climatiques et notamment le réchauffement de la planète. En même temps, un climat plus doux pourrait rendre accessibles des ressources en énergie qui ne l’étaient pas avant. Il a souhaité que les peuples autochtones puissent participer aux négociations de la deuxième période d’engagement dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto. Nous sommes également favorables aux recommandations du groupe de travail, formulées suite à la Conférence sur les peuples autochtones et les changements climatiques.
Ni les gouvernements ni les multinationales qui veulent exploiter les ressources non renouvelables sur nos territoires n’ont reconnu que nous devons aussi participer au processus de discussion, s’est-il ensuite inquiété. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) ont pourtant recommandé la participation de ces peuples et leur consultation. Le représentant a conclu en reconnaissant que le peuple saami jouissait d’une meilleure situation par rapport aux autres peuples autochtones, grâce à de nouvelles lois qui traitent des questions relatives au droit à la terre dans les régions du Nord. Ces questions pourraient ainsi être totalement réglées d’ici 10 ans, a-t-il indiqué.
M. DEB PRASAD GURUNG, Ministre du développement local du Népal, a déclaré que les changements climatiques venaient ajouter aux problèmes déjà importants que connaissent les populations autochtones économiquement marginalisées. Il a souligné les risques liés à l’élévation du niveau de la mer et ses effets dévastateurs sur les capacités de subsistance. Il a souhaité que la feuille de route de la Conférence de Bali sur les changements climatiques tienne compte des besoins spécifiques des peuples autochtones compte tenu de leurs expériences en matière de gestion de l’environnement. Avec des moyens techniques et financiers, a-t-il estimé, les peuples autochtones s’adapteront sans aucun doute aux changements climatiques. Il a précisé que le Népal avait élu une Assemblée constituante le 10 avril avec une participation écrasante des peuples autochtones. Nous souhaitons en finir avec un État autoritaire et centralisé et un système de castes contraire à l’intérêt du peuple, a-t-il ajouté. Il a déclaré que le droit souverain des autochtones devra être garanti dans la nouvelle Constitution du Népal. Si nous sommes très riches en termes de ressources biologiques, la fonte des glaciers de l’Himalaya risque de remettre en cause tout notre équilibre économique, s’est-il inquiété. Il a précisé que le Népal avait constitué une équipe spéciale chargée d’examiner la mise en œuvre de la Convention 169 de l’OIT ainsi que la législation sur les peuples autochtones adoptée en 2007. Il a exhorté la communauté internationale à être à l’écoute des spécificités autochtones pour les aider à préserver la diversité biologique de leur milieu.
Mme LOURDES TIBAN, Ministre des questions autochtones de l’Équateur, a reconnu que les changements climatiques étaient à la source d’importants dégâts écologiques, phénomènes qui touchent à 90% les pays en développement où vivent des populations autochtones. Les mesures d’adaptation représentent de lourds fardeaux pour les pays en développement qui ne veulent pas recourir au crédit et alourdir ainsi leur dette extérieure, a-t-elle expliqué. On ne peut pas ignorer l’iniquité de la répartition des effets du réchauffement mondial, a-t-elle ajouté. L’Équateur émet moins de 1% des gaz à effet de serre dans le monde, a poursuivi la Ministre, mais les effets des changements climatiques y sont très ressentis, notamment par la transformation des forêts tropicales en savanes. Avec l’initiative Yasuni ITT, l’Équateur cessera de produire 920 millions de barils de pétrole afin de conserver le parc national Yasuni qui présente une grande biodiversité et héberge les peuples autochtones Tagaeri et Taromenane. Mais cela signifie que le pays cessera de recevoir des investissements importants, a souligné la Ministre. Or la majorité des autochtones sont des pauvres. Mme Tiban a indiqué que cette initiative permettra d’éviter l’émission de 111 millions de tonnes de carbone provenant du pétrole brulé. En contrepartie, l’Équateur demande donc au reste de l’humanité une contribution de 5 dollars par baril de pétrole produit dans le monde, soit un total de 4,6 milliards de dollars, pour contribuer à préserver la biodiversité. Cet effort serait un exemple extraordinaire d’action mondiale pour réduire le réchauffement de la planète tout entière. Mais aucune réponse n’a été reçue à ce jour des pays qui pourraient être concernés.
L’article 29 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones crée le droit des peuples à la conservation de leur environnement, a-t-elle ensuite rappelé. Cet article contraint en outre les États à se doter de moyens pour assurer effectivement cette conservation. La Ministre a donc appelé à mettre au point des scenarios pour l’après 2012 et à faire preuve de volonté politique pour édifier des sociétés plus viables. En tant que femme autochtone qui représente le Gouvernement de son pays, la Ministre a indiqué que les peuples autochtones équatoriens sont satisfaits de la volonté politique du Président Rafael Correa qui entend créer un état plurinational, interculturel, unique et indivisible grâce à une nouvelle Constitution. Celle-ci, qui devrait être adoptée prochainement, doit reconnaître la dette contractée à l’égard des peuples autochtones. Enfin, la Ministre a invité les États à mettre pleinement en application la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
M. FRED CARON, Vice-Ministre adjoint pour les affaires indiennes du Grand Nord canadien, a dressé un tableau des progrès réalisés ces dernières années en matière de promotion des questions autochtones du Grand Nord canadien. Il a cité la mise en place d’un Tribunal indépendant pour le règlement des différends, en mettant l’accent sur les initiatives menées pour que toutes les réserves des premières nations aient accès à l’eau potable. Il s’est inquiété des menaces qui pèsent sur le littoral, les forêts, et la faune en général. Il a dit le souci du Canada de permettre la participation des autochtones à l’élaboration de programmes d’adaptabilité aux changements climatiques. Dans certains territoires, un Conseil des anciens a été créé pour rassembler les connaissances traditionnelles et faire face aux changements climatiques. Nous mettons en œuvre des mesures pour réduire les gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique de 60 à 70% d’ici à 2050. Il a précisé que l’Année polaire internationale, lancée en mars 2007, a vu le lancement du plus grand Programme scientifique sur le climat polaire, un Programme auquel le Canada a consacré 250 millions de dollars.
M. VALENTIN TICONA, Vice-Ministre de la justice communautaire de la Bolivie, a indiqué que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a beaucoup aidé à mieux intégrer ces droits dans son pays, notamment le droit à l’autodétermination. Le Président Evo Morales Ayma a ainsi pu présenter une loi qui intègre ces droits dans la Constitution de la Bolivie. Quand on parle d’État plurinational, on entend le droit de parler les langues autochtones et le droit à la démocratie communautaire. Cela comprend aussi l’accès des femmes à la terre, selon le Vice-Ministre. Nous allons donc commencer à décoloniser cet État colonial que nous ont légué les gouvernements précédents. Le Gouvernement actuel a déjà commencé à adopter des lois qui bénéficient aux peuples autochtones, comme celle qui leur accorde le droit de propriété sur leurs terres. Le Vice-Ministre a affirmé que les droits des peuples autochtones ne sont pas négociables et que les reconnaître contribue à la lutte contre les changements climatiques. En Bolivie, nous allons reconstituer les droits originels des peuples autochtones et leurs modes de vie, s’est-il félicité.
M. JUAN ANTONIO YANEZ-BARNUEVO (Espagne) a présenté la Stratégie de coopération espagnole, qui fait des populations autochtones un groupe bénéficiant d’un rang de priorité absolu dans les objectifs de développement espagnols. Il a cité le « Programme autochtone » qui a permis de sensibiliser d’autres acteurs de la coopération internationale, à savoir les institutions publiques ou dirigeants locaux qui ont été sensibilisés à la nécessité de prendre en compte les priorités et besoins des peuples autochtones. Il est nécessaire de contribuer à la participation active de représentants autochtones aux réunions régionales et internationales sur les questions de l’environnement et du climat, en mettant l’accent sur les questions d’autonomisation. Le représentant a signalé que les revendications des peuples autochtones ont enregistré des progrès certains avec l’adoption, le 13 septembre 2007, de la Déclaration de l’ONU sur les peuples autochtones. Il a salué le rôle de l’Instance dans le renforcement de la politique espagnole en faveur des peuples autochtones, en rappelant que l’Espagne avait accueilli une réunion préparatoire en 2007 de la septième session de l’Instance.
Mme XIAOMEI QIN, experte chinoise et membre de l’Instance, a noté que les populations autochtones vivent dans des régions géographiquement très sensibles, montagneuses ou désertiques par exemple, et qu’elles n’ont pas facilement accès aux nouvelles connaissances. Elles sont moins développées en raison de la discrimination dont elles souffrent, a-t-elle aussi remarqué. Compte tenu de leur vulnérabilité, les peuples autochtones sont donc en danger, même s’ils connaissent très bien la nature avec laquelle ils vivent en harmonie. De l’avis de l’experte, l’Instance doit encourager les États à prendre des mesures de protection des peuples autochtones face aux changements climatiques. Des mesures doivent aussi être prises pour coopérer avec ces populations, en les encourageant à utiliser leurs méthodes traditionnelles de gestion des ressources. Il faut aussi s’assurer qu’elles participent bien à l’élaboration des politiques les concernant. L’experte a aussi souhaité que les gouvernements empêchent les multinationales de s’installer sur les terres des peuples autochtones. Les changements climatiques sont dus non seulement aux émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés mais aussi des pays en transition.
M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGÔ (Brésil) a fait siennes les conclusions du quatrième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indiquant que les changements climatiques constituaient une menace pour les peuples autochtones. Il a noté que la déforestation et l’appauvrissement des forêts n’étaient responsables que de 17% des émissions de gaz à effet de serre, alors que la combustion fossile représentait 56% de ces rejets. Notant l’impact des changements climatiques sur la durabilité des forêts, il a indiqué que selon le GIEC, 30% de l’est de l’Amazone sera transformé en savane en 2050. D’après la Constitution brésilienne, les territoires de ses 611 peuples autochtones doivent être utilisés de manière exclusive par les autochtones et conformément aux nécessités de préservation environnementale, dans le respect des coutumes traditionnelles et en accord avec les principes de développement durable. Si la lutte contre la déforestation a connu des succès avec une réduction de 20% de cette pratique en 2006-2007 par rapport aux années précédentes, il semble que le rythme de déforestation augmente à nouveau en raison de l’augmentation du coût des matières premières. Aujourd’hui au Brésil, a-t-il ajouté, il faut disposer d’une autorisation pour abattre un arbre et tous les propriétaires fonciers ont été invités à déclarer leur patrimoine forestier sous peine de sanctions administratives. Il a aussi déclaré que la production de biocarburant –qui représentait 10% des cultures brésiliennes- était compatible avec le respect du droit à la propriété, en notant que ces cultures ont été développées au Brésil sur les terres les plus pauvres pour ne pas entrer en concurrence avec les autres plantations.
M. JOSEF TUUSI MOTZFELDT, membre du Parlement du Danemark, a précisé qu’il parlait au nom du territoire dont il est originaire, le Groenland. L’évaluation de l’impact des changements climatiques au niveau des communautés montre qu’il faut renforcer les communautés locales pour mettre au point des mesures d’adaptation efficaces, a-t-il indiqué. Il a assuré que le Gouvernement danois s’employait à évaluer cet impact sur la population, la faune et la flore depuis déjà plusieurs années. En 2009, le Danemark assurera la présidence du Conseil arctique, en se concentrant sur les questions climatiques et connexes. Le Groenland participe déjà aux travaux de ce Conseil sur les questions relatives à la faune et la flore, alimentant ainsi le processus sur la biodiversité de l’Arctique.
Le représentant a cité d’autres activités menées dans la région, comme la Conférence de l’Arctique qui aura lieu au Groenland. La fonte des glaces a des effets sur les populations locales et leurs ressources, a poursuivi M. Motzfeldt. En mai prochain, une réunion se tiendra au Groenland pour aborder la gestion de l’océan Arctique qui fait suite à une conférence qui a eu lieu en 2002. Le représentant a ajouté que le Groenland doit participer à la Conférence internationale sur la biodiversité qui aura lieu à La Réunion avec les petits États insulaires en développement, afin de créer des synergies entre ces pays. En 2009, le Danemark accueillera la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, a-t-il enfin rappelé. Ce sera l’occasion d’accélérer notre action en matière d’adaptation face aux effets des changements climatiques.
L’expert du Maroc et membre de l’Instance, M. HASSAN BALKASSM, a demandé si les gouvernements du Népal et de l’Équateur avaient une stratégie pour mettre en œuvre la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones avec la participation des peuples autochtones. Il a aussi demandé si le vote du Canada contre la Déclaration avait eu une influence sur les efforts et moyens consacrés par le Canada en faveur des peuples autochtones. Notant que toutes les langues autochtones étaient des langues officielles en Bolivie, il a demandé des précisions sur les efforts de la Bolivie pour promouvoir ces langues à l’école. Enfin, il a demandé des précisions sur la politique espagnole pour renforcer les relations entres des peuples autochtones séparés par une frontière.
M. WILSON REYES, Directeur de la Société nationale de développement du Chili, a déclaré qu’un recensement avait montré que 7% de la population, soit 1 million d’habitants, s’identifiaient comme membres d’une population autochtone. Il a indiqué que la Présidente chilienne avait mis en place un dialogue avec 120 peuples autochtones et 5 000 représentants associatifs. Entre 2006 et 2007, a-t-il précisé, 23 000 hectares ont été restitués à 2 200 familles autochtones dans un effort de réparation qui va se poursuivre. Une fois que la ratification en cours de la Convention 169 de l’OIT sera achevée, les droits des peuples autochtones à participer à la vie publique deviendront une réalité tout comme le droit à la propriété, sans oublier le droit au multilinguisme. Le 1er avril dernier, la Présidente a présenté le nouveau programme du Gouvernement chilien intitulé « Pacte social pour la multiculturalité » qui fixe un nouvel ordre du jour dans les relations entre l’État et les peuples autochtones. Si les acquis du Gouvernement chilien sont importants, il nous reste un long chemin à parcourir pour que les peuples autochtones jouissent de tous leurs droits.
Mme SHIRLEY MCPHERSON, Présidente de la corporation des terres des autochtones de l’Australie, a indiqué que l’action des peuples autochtones de son pays se base sur trois piliers: la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, les mesures d’adaptation aux changements climatiques et la participation à la mise en place d’une solution mondiale. Nous sommes engagés à parvenir à un accord pour l’après-2012, a-t-elle notamment assuré. L’économie de l’Australie est très exposée aux changements climatiques et nous travaillons avec l’UNESCO. Parmi les efforts menés, elle a parlé d’un programme qui concerne les côtes et d’un plan de secours pour la barrière de corail. Pour ce qui est des émissions de gaz à effet de serre, dues surtout à la déforestation, nous souhaitons profiter de l’élan donné à Bali pour renforcer les mesures en la matière, en coopération avec d’autres pays. Nous essayons aussi de mieux contrôler les feux de forêts. Dans le cadre de la protection de la biodiversité australienne, la Présidente a précisé que les programmes entrepris créent des emplois pour les peuples autochtones, citant le cas des rangers autochtones déployés sur le terrain. Elle a aussi abordé les dégâts causés à la barrière de corail par les filets de pêche, qui font l’objet de mesures de prévention de la part du Gouvernement australien. Le pays s’est engagé à respecter la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, a-t-elle poursuivi. Elle a enfin assuré que le Gouvernement australien continuera à consulter les peuples autochtones, afin de renforcer leurs capacités et leur permettre ainsi de relever les défis des changements climatiques.
Questions des experts et réponses des délégations
Pour répondre à Mme Elisa Canqui Mollo, experte de la Bolivie et membre de l’Instance, qui demandait des éclaircissements sur le statut des peuples autochtones du Chili, le représentant de ce pays a expliqué que la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les peuples autochtones n’avait pas pu être ratifiée pendant toutes les années de dictature. Mais depuis que Mme Bachelet est au pouvoir, des efforts ont été déployés pour tenter de ratifier cette convention, a-t-il indiqué. Il a précisé que cela n’est pas encore le cas parce que certains veulent l’adoption en même temps d’une déclaration interprétative.
De son côté, M. BARTOLOME CLAVERO SALVADOR, expert de l’Espagne et membre de l’Instance, a considéré que si l’OIT acceptait ce genre de déclaration, cela ne concernait qu’elle. Il s’est cependant étonné qu’on puisse adopter une telle déclaration qui a pour effet d’annuler toute la Convention. L’expert a aussi été préoccupé de voir que le pays continuait d’appliquer la loi terroriste sur les tribus mapuches qui avait été adoptée par le dictateur Pinochet. Nous avions constaté précédemment que les nappes aquifères s’appauvrissaient dans les terres mapuches et que les tribus en questions ne pouvaient y survivre. Il s’est donc inquiété du sort de ces populations. En réponse, le représentant du Chili a remercié les experts de leurs remarques constructives et les a assurés de sa détermination à transmettre leurs questions à son gouvernement.
L’experte du de la République démocratique du Congo et membre de l’Instance, Mme LILIANA MUZANGI, a insisté sur le fait que les changements climatiques ne pouvaient être régulés qu’en collaboration et dans l’intérêt des populations autochtones et en se basant sur leur savoir en appliquant le principe de consentement et d’informations préalables.
L’expert russe et membre de l’Instance, M. PAVEL SULYANDZIGA,a demandé des précisions sur la mise en œuvre d’une coopération entre la Fédération de Russie et l’Union européenne en faveur des populations autochtones du grand Nord, huit années après que le Conseil de l’Union européenne se soit prononcé sur cette coopération.
M. IYA TIDJANI (Cameroun) a indiqué que les autochtones qui étaient mentionnés dans la Constitution camerounaise faisaient l’objet d’une attention particulière de plusieurs ministères dans le souci de leur accorder toute la place qui est la leur dans la société. Il a mis l’accent sur l’effort progressif du Cameroun, effort qui fait l’objet d’une évaluation régulière. Il a salué les connaissances inépuisables accumulées au cours des siècles par ces populations, en appuyant l’élaboration d’un recueil de bonnes pratiques de ces populations en matière d’adaptabilité aux changements climatiques. Ce n’est que dans la solidarité et dans la prise en compte des aspirations de toutes les catégories de personnes que nous pourrons sauver notre environnement et notre monde.
M. MICK DODSON, expert de l’Australie et membre de l’Instance permanente, a demandé des précisions sur le projet d’occupation des sols et de développement dans le nord de l’Australie, projet qui a été aboli, entraînant selon lui la perte de 70 000 emplois. Il a demandé quelles seront les conséquences sur les programmes « Care for the Country » et « Ranger ».
M. HILARIO G DAVIDE (Philippines) a salué l’importance de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, cosignée par son pays, qui confie aux peuples autochtones la responsabilité de protéger leur environnement. Il a précisé que des milliers d’autochtones vivaient dans des zones enclavées difficiles comme les chaînes montagneuses aux Philippines. Illustrant la détermination de son pays, il a indiqué que les Philippines, qui faisaient partie des premiers pays à ratifier la Convention-cadre sur les changements climatiques, avaient aussi dès octobre 2003, adhéré au Protocole de Kyoto. Nous entendons protéger nos forêts, a-t-il ajouté, dans le souci de rester en dehors de la liste des 30 plus grands émetteurs de gaz à effet de serre. Bien que nous fassions partie des 17 nations connaissant la biodiversité la plus riche, nous avons créé le Conseil pour le développement durable qui veille au respect des engagements du pays dans ce domaine. Il a mentionné le décret 514 portant création d’un Conseil national des Philippines pour la biosécurité. Parce que la terre est au cœur de la vie des collectivités autochtones, a-t-il ajouté, les Philippines garantissent la propriété foncière des autochtones et soutiennent des projets garantissant les besoins de subsistance.
M. LIBORIO GURULLA (Venezuela), qui est Gouverneur de l’État amazonien, a estimé que les problèmes relatifs aux changements climatiques provenaient des occidentaux. Nous constatons aujourd’hui que le climat se modifie et que nous ne sommes pas préparés, a-t-il dit. Le Gouvernement du Venezuela participe aux efforts en ce sens, a-t-il assuré. Il s’est ensuite réjoui que les langues autochtones soient désormais protégées. Aux termes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, les peuples autochtones peuvent en effet utiliser ces langues dans leurs territoires. Il a enfin proposé de lancer une croisade pour mobiliser les volontés afin de s’adapter aux changements climatiques et tenter de les enrayer. Il a aussi appelé à protéger davantage les peuples autochtones pour leur garantir une vie saine.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a expliqué que les Amérindiens et les autres Guyanais sont menacés par l’augmentation du niveau de la mer. Les gouvernements qui se sont succédés ont tous été conscients de l’importance de la préservation de l’environnement, s’intéressant particulièrement à la pêche et aux forêts. Il existe ainsi au Guyana un Centre de conservation des forêts pluviales. La forêt fait partie intégrante de la vie des Amérindiens vivant au Guyana, a expliqué le représentant, car ils y habitent et en tirent de quoi se vêtir et se soigner. Les Amérindiens ont accumulé au Guyana des connaissances sur l’utilisation de la nature, dans lesquelles il faut puiser pour en faire bénéficier davantage de personnes, a-t-il estimé. M. Talbot a assuré que c’est une question à laquelle son gouvernement continue de réfléchir. Il faut renforcer davantage le développement économique et social des peuples autochtones et mettre en place des partenariats avec ces peuples. Le représentant a aussi appelé au transfert de technologies, pour contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Guyana participera à tous les efforts déployés pour que les peuples autochtones soient à la fois gardiens de ces ressources et bénéficiaires.
M. HENRY MAC DONALD (Suriname) a reconnu que les peuples autochtones sont les plus touchés par les changements climatiques. Cette situation pèse sur l’exercice de leurs droits de l’homme, a-t-il constaté. Selon lui, il faut remettre l’homme au centre du débat sur la question climatique car les peuples autochtones ont un rôle important à jouer dans les moyens mis en place pour enrayer le phénomène des changements climatiques. Ils ont en effet appris à faire face aux variations du climat. Il est ainsi important de ne pas percevoir les peuples autochtones comme seules victimes, mais de les envisager aussi comme agents du changement. Le Suriname n’a connu aucun changement climatique important, mais a été victime de catastrophes naturelles qui ont poussé à l’exode des milliers de peuples autochtones. La communauté internationale ne peut ignorer que les modes de production et de consommation actuels compromettent les conditions de vie sur la terre, a poursuivi M. Mac Donald. Le Gouvernement du Suriname est conscient qu’il lui faut consulter tous ses citoyens lorsqu’il élabore des politiques visant à faire face aux changements climatiques. Enfin, le représentant a indiqué que son gouvernement a décidé d’accueillir favorablement la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui a été adoptée l’année dernière.
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