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DH/4944

LE PRÉSIDENT BOLIVIEN ÉNONCE « DIX PROPOSITIONS POUR SAUVER LA PLANÈTE » À L’OUVERTURE DES TRAVAUX DE L’INSTANCE PERMANENTE SUR LES QUESTIONS AUTOCHTONES

21/04/2008
Conseil économique et socialDH/4944
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Instance permanente sur les questions autochtones

Septième session

1re & 2e séances - matin & après-midi


LE PRÉSIDENT BOLIVIEN ÉNONCE « DIX PROPOSITIONS POUR SAUVER LA PLANÈTE » À L’OUVERTURE DES TRAVAUX DE L’INSTANCE PERMANENTE SUR LES QUESTIONS AUTOCHTONES


C’est avec enthousiasme et dans une salle comble que l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones a ouvert ses travaux en présence du Président bolivien, Evo Morales Ayma, lui-même membre du peuple Aymara, originaire du Pérou et des hautes terres boliviennes.  Pour la première fois en effet, le Président d’un État Membre s’adressait à l’Instance qui doit aborder, jusqu’au 2 mai, les questions relatives aux changements climatiques, à la diversité bioculturelle et aux moyens d’existence.


Après avoir salué la résistance des peuples autochtones et leur lutte pour l’égalité et la justice, le Président bolivien a énoncé « 10 propositions pour sauver la planète », comme le maintien des services publics pour la fourniture de tous les services de base, ou encore le développement des énergies propres, en passant par l’abolition du système capitaliste et le rejet du recours à la guerre.  Voulant promouvoir davantage la diversité culturelle et économique des pays, il s’est basé sur les principes d’un socialisme amélioré devant intégrer la participation des peuples autochtones du monde.


Dans un message adressé par vidéo à l’Instance, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a précisé que celle-ci est amenée à traduire la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones de 2007 en un document vivant, aux niveaux national et international. Il s’est félicité du thème choisi pour cette session, les changements climatiques, et de l’accent mis sur la région du Pacifique dans le souci de promouvoir une meilleure coopération entre les gouvernements, les peuples autochtones et la famille des Nations Unies.


Selon une coutume bien établie, la session s’est ouverte au son d’un instrument d’une population autochtone du Pacifique.  Dans un moment de recueillement, une prière a ensuite été prononcée par le Chef de la Nation Onondaga, qui a remercié la « terre mère » et le Créateur pour les différents éléments comme l’eau et le vent.  Il a aussi émis l’espoir qu’aucun mot blessant ne serait prononcé au cours des réunions de cette Instance.  Dans ce même esprit, le représentant australien a rappelé que, le 13 février dernier, le parlement de son pays avait présenté ses excuses aux milliers d’enfants aborigènes des îles du Détroit de Torres enlevés à leurs familles.


Cette session, la première qui se tient après l’adoption historique, en septembre dernier, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, coïncide aussi avec l’Année internationale des langues proclamée en 2008.  L’Instance, créée en juillet 2001 après des décennies de négociations, est le principal forum visant à sensibiliser la communauté internationale sur la situation des quelque 370 millions d’autochtones qui figurent parmi les individus les plus pauvres et marginalisés à travers le monde.


En décidant de s’intéresser en particulier aux changements climatiques, l’Instance, qui est un organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), manifeste une fois de plus sa volonté d’agir de manière coordonnée au sein du système des Nations Unies, a remarqué Léo Mérorès, Président de ce Conseil.  Plus de 3 300 participants se sont préinscrits à la session, a précisé de son côté Mme Victoria Tauli-Corpuz, réélue par acclamation à la Présidence de l’Instance.


Au cours de cette session, les représentants de peuples autochtones issus de toutes les régions du monde doivent discuter du rôle de gardien qu’ils peuvent jouer dans la lutte contre les changements climatiques qui affectent leur vie au quotidien, et des nouveaux défis à relever.


Ayant noté que les peuples autochtones appartiennent aux groupes à risques face aux changements climatiques, parce qu’ils vivent en relation étroite avec leurs terres, les intervenants ont appelé à prendre en considération cette catégorie de la population dans les mesures, les actions et les recherches entreprises.  Il faut aussi que les peuples autochtones puissent participer aux efforts de lutte contre les changements climatiques, en tant que partenaires et piliers du développement durable, a déclaré le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Ces peuples sont des acteurs clefs, qui ont souvent en main la solution pour faire face aux changements climatiques et peuvent nous montrer la voie, a relevé pour sa part le représentant de l’Université des Nations Unies.


L’Instance a également élu son Bureau, par acclamation, qui est composé des quatre vice-présidents suivants: MM. Carlos Mamani Condori et Pavel Sulyandziga, et Mmes Tonya Gonnella Frichner et Liliane Muzangi Mbela.  M. Michael Dodson assume quant à lui les fonctions de Rapporteur.


En adoptant son ordre du jour*, l’Instance a décidé d’ajouter un point relatif à la mise en œuvre de son nouveau mandat qui découle de l’article 42 de la Déclaration.  Cet article prévoit que « l’Organisation des Nations Unies, ses organes, en particulier l’Instance permanente sur les questions autochtones, les institutions spécialisées, notamment au niveau des pays, et les États favorisent le respect et la pleine application des dispositions de la (présente) Déclaration et veillent à en assurer l’efficacité ».


L’Instance permanente sur les questions autochtones reprendra ses travaux demain, mardi 22 avril, à 10 heures.


* E/C.19/2008/1


Déclaration liminaire


Dans un message retransmis par vidéo, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu’avec l’adoption par l’Assemblée générale l’année dernière de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, l’Instance permanente sur les questions autochtones est amenée à jouer un nouveau rôle.  Elle devra traduire cette déclaration en un document vivant aux niveaux national et international, a-t-il insisté, en précisant qu’une telle démarche contribuera en même temps à mettre en œuvre le programme de développement de l’ONU et sa vision d’un développement pour tous, incluant les plus pauvres et les plus vulnérables dont de nombreux peuples autochtones.


Le Secrétaire général s’est félicité du thème choisi pour cette session, à savoir les changements climatiques, et a noté que les peuples autochtones vivaient dans les régions du monde qui connaissent la plus grande diversité biologique.  En tant que gardiens de ces terres, a-t-il précisé, ils ont accumulé des connaissances de première main relatives à l’impact de la dégradation de l’environnement, dont les changements climatiques.  C’est parce qu’ils en connaissent les conséquences économiques et sociales qu’ils doivent et peuvent jouer un rôle dans la réponse à fournir au niveau mondial.  Il s’est félicité de l’accent mis sur le « Pacifique » au cours de cette session dans le souci de promouvoir une meilleure coopération et solidarité entre les gouvernements, les peuples autochtones et la famille des Nations Unies.


En cette Année internationale des langues, a-t-il encore dit, l’Instance prête une grande attention à cette question alors que les langues autochtones représentent la grande majorité des langues parlées à travers le monde.  La plupart d’entre elles font face à des menaces d’extinction et c’est en les protégeant que nous avancerons dans la dignité humaine et la protection des droits de l’homme des peuples autochtones.


Déclarations


Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a salué la présence d’Evo Morales Ayma, Président de la Bolivie, en rappelant que c’était la première fois qu’un Président d’un État Membre s’adressait à l’Instance permanente.  Nous espérons, a-t-elle ajouté, que sa présence deviendra une tradition et une source d’inspiration et de force.  C’est aussi la première session qui a lieu après l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Une Déclaration qui refaçonnera les relations entre les peuples autochtones et la société mondiale, a-t-elle ajouté.  Nous mettrons l’accent dans le futur sur la façon dont l’Instance s’acquittera de son nouveau mandat en rappelant que conformément à l’article 42 de la Déclaration, l’Instance permanente est l’organe habilité à suivre et promouvoir la mise en œuvre de cette Déclaration.


Mme Tauli-Corpuz a mis l’accent sur le thème crucial de cette session, à savoir les changements climatiques, en rappelant les contributions que l’Instance pouvait apporter à cette problématique, notamment en termes d’atténuation et d’adaptation.  Les conséquences des changements climatiques montrent comment le modèle dominant n’est pas viable et qu’il y a urgence à mettre un terme aux modes de consommations non durables.  En tant que gardiens de la biodiversité du monde et grâce à nos connaissances, les peuples autochtones peuvent contribuer à la mise au point de mesures d’atténuation et de communautés plus durables.  Rappelant que 2008 était l’Année internationale des langues, elle a indiqué que l’Instance consacrera une demi-journée de débat à la question des langues autochtones, le jeudi 24 avril, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et en présence d’un ministre de l’Équateur.


La Présidente de l’Instance a invité les participants à s’appuyer dans leurs interventions sur de nombreux documents de travail mis à disposition de l’Instance pour cette session.  Elle a indiqué qu’une demi-journée sera consacrée à la région du Pacifique pour identifier les questions et mesures de coopération permettant d’améliorer la situation des peuples autochtones dans cette région.  Elle a aussi dit son souci de tout mettre en œuvre pour défendre les droits de l’homme pour le développement en essayant de promouvoir une meilleure participation des peuples autochtones.


M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a salué la résistance des autochtones et leur lutte pour l’égalité et la justice.  Nous avons les mêmes droits et devoirs que les autres, et pourtant nous sommes parfois condamnés à l’extermination, a-t-il dit.  Le Président bolivien s’est félicité de la création de l’Instance, produit de la conscience collective, qui contribuera à faire avancer les choses.  Abordant la question des changements climatiques, il a signalé que les peuples autochtones ont suivi une voie morale et éthique en vivant en harmonie avec la nature et la planète.  Il a relevé que certaines populations ne souhaitaient pas perdre leurs privilèges et que la lutte pour l’égalité devait continuer.  Le Président a noté que, pour les peuples autochtones, la terre représente leur existence.  Le modèle capitaliste ne doit pas permettre de marchander la planète terre, a-t-il dit, signalant que les changements climatiques ne sont que la conséquence des pratiques du monde développé.


Le plus important dans la vie est d’être en contact permanent avec d’autres peuples, a poursuivi le Président.  En tant que chefs d’États nous sommes à l’écoute et devons apporter des réponses.  Il a ainsi énoncé « 10 propositions pour sauver la planète ».  En premier lieu, il a appelé à mettre fin au système capitaliste, qui entraîne l’exploitation des êtres humains et le pillage des ressources naturelles.  Il a aussi dénoncé le gaspillage des énergies et la consommation excessive de biens, avec en parallèle le problème de l’accumulation des ordures.  Il a aussi dénoncé l’égoïsme, le nationalisme, le régionalisme, la cupidité, qui font oublier le principe de l’égalité entre les hommes de cette planète.  Il faut « éradiquer » le système capitaliste, en veillant à ce que le Nord paye sa dette envers le Sud, a-t-il ajouté.


Le Président a ensuite dénoncé la guerre, citant notamment une nouvelle Constitution politique bolivarienne, qui va être soumise au peuple bolivien, et qui met l’accent sur le fait que la guerre profite à certains mais pas au peuple.  Il a aussi cité les problèmes qu’entraîne l’utilisation des armes de destruction massive.  Les milliers de milliards dépensés pour les dépenses d’armement devraient plutôt être consacrés à réparer les dégâts causés à la terre mère.


En troisième lieu, le Président a souhaité que soit éliminé le colonialisme et le paternalisme dans les relations internationales.  Il a regretté que la lutte contre le terrorisme, qui est imposée dans certaines relations bilatérales, vise souvent les peuples autochtones et les mouvements syndicaux.  Il a remarqué que certains autochtones qui vivent aux États-Unis décident de retourner dans leur pays d’origine et s’en est félicité.  Prenant à parti les observateurs de l’Union européenne, il a noté par ailleurs, l’asymétrie de salaire entre les pays d’Europe et ceux d’Amérique latine qui entraîne une immigration vers l’Europe où il est possible de gagner 1 000 euros mensuels contre 300 dollars en Amérique latine.  Le Président a aussi dénoncé le manque de démocratie aux Nations Unies et a appelé à la modification des règles du Conseil de sécurité.  Au Paraguay, les élections ont donné vainqueur Fernando Lugo, un révolutionnaire, a-t-il ensuite rappelé.  Pourquoi ne peut-on donc pas démocratiser les États-Unis et les Nations Unies?  Il faut que le principe du droit de véto soit aboli, a-t-il martelé.


La quatrième proposition du Président bolivarien est relative à l’eau.  On peut vivre sans énergie, sans électricité, mais pas sans eau, a-t-il fait remarquer.  On ne peut donc pas permettre que la fourniture de l’eau soit privatisée.  Il a aussi appelé, en cinquième proposition, au développement des énergies propres et respectueuses de la nature, exhortant à cesser le gaspillage de l’énergie fossile.  Le fait de réserver des terres pour la culture des biocombustibles pose des problèmes graves pour les économies de certaines régions du monde, a-t-il indiqué.  Dans son pays, à cause de cela, le prix du blé, et donc du pain, ne cesse d’augmenter.  Il ne faut donc pas négliger les autres sources d’énergie, comme l’énergie solaire et l’énergie éolienne.


En sixième proposition, M. Morales a souhaité que l’on considère réellement la terre comme notre « mère ».  Les peuples autochtones doivent pouvoir exercer leur influence sur les institutions pour que l’on n’utilise pas la terre mère comme une matière première, comme une marchandise.  Il faut respecter les terres communautaires.  Dans la région d’où il vient, il n’existe pas encore de propriété privée, a expliqué le Président.  Il a ensuite estimé, en septième lieu, que les services de base doivent être considérés comme des droits de l’homme.  En conséquence, ces services ne doivent pas être privatisés.  Huitièmement, il faut consommer les produits locaux et seulement ce qui est nécessaire, a proposé M. Morales.  Il s’est dit choqué que certains soient toujours obsédés par le luxe, tandis que beaucoup d’autres meurent de faim.  Il a dénoncé les pratiques de certaines multinationales, notant que des fabricants agroalimentaires préfèrent vendre leur huile à l’étranger moins chère qu’en Bolivie, pour des raisons purement politiques.  Ces entreprises ne font que saboter notre économie, a-t-il jugé.


Comme neuvième proposition, le Président a voulu promouvoir davantage la diversité culturelle et économique des pays.   Nous sommes engagés dans le mouvement « Unité dans la diversité », a-t-il expliqué.  Les Boliviens les plus anciens sont pauvres tandis que ceux arrivés plus récemment sont plus riches.  Il faut donc agir pour une plus grande égalité, dans le respect de la diversité.  En dernière proposition, le Président bolivien a émis le souhait que chacun puisse « vivre bien », mais pas vivre mieux au détriment des autres.  Il a appelé à un socialisme communautaire amélioré qui soit en harmonie avec notre terre mère.  Les principes du socialisme du XXIe siècle doivent donc intégrer la participation des peuples autochtones du monde.  Soit nous choisissons la voie du capitalisme de la mort, soit celle de l’harmonie pour sauver la planète terre, a-t-il conclu.


M. LÉO MÉRORÈS, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que l’Instance se réunissait pour la première fois depuis l’adoption par l’Assemblée générale, en 2007, de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, un texte qu’il a qualifié de succès historique et d’instrument des droits de l’homme qui fera date.  Il s’est dit particulièrement intéressé par l’article 42 de cette Déclaration qui prévoit que l’ONU, ses organes, en particulier l’Instance permanente sur les questions autochtones, les institutions spécialisées et les États Membres favorisent le respect et la pleine application des dispositions de la présente Déclaration et veillent à en assurer l’efficacité.  Il a estimé que cette Déclaration témoignait de l’intérêt croissant que portaient la communauté internationale et, en particulier l’ECOSOC, aux peuples autochtones et aux questions qui les concernent.  Je trouve encourageant, a-t-il ajouté, que l’Instance permanente s’attache si efficacement au mandat qui lui a été confié, à savoir promouvoir l’intégration et la coordination des activités liées aux questions autochtones dans le système de l’ONU.  Il s’est dit encouragé de voir que l’Instance a déjà coopéré, entre autres, avec la Commission de la condition de la femme, le Forum intergouvernemental sur les forêts et la Commission du développement durable.


Le Président de l’ECOSOC a remercié la Présidente de l’Instance d’avoir participé la semaine dernière à la réunion préparatoire informelle sur le thème du débat de haut niveau de 2008 de l’ECOSOC, à savoir « Mettre en œuvre les objectifs et les engagements convenus au niveau international en ce qui a trait au développement durable ».  Par votre contribution à la table ronde sur les pays et les peuples vulnérables, lui a-t-il dit, vous avez rappelé combien il importe de faire entendre la voix des peuples autochtones dans les débats de l’ONU.  En décidant de s’intéresser en particulier aux changements climatiques, l’Instance manifeste une fois de plus sa volonté d’agir de manière coordonnée au sein du système des Nations Unies, a-t-il ajouté, en se disant convaincu que ces délibérations fourniront d’inestimables apports à l’examen ministériel cette année.


M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales, a déclaré que le niveau élevé de participation à cette septième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones témoignait de l’intérêt croissant pour ces questions.  Il a invité l’Instance à transformer les défis en opportunités et bonnes pratiques en matière de politiques publiques orientées vers l’action.  Il a déclaré que cette session marquait un tournant au lendemain de l’adoption historique, en septembre dernier, de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.  « Nous attendons avec intérêt les recommandations de l’Instance pour traduire cette Déclaration en action », a –t-il dit.  Il a déclaré que l’intérêt que portait l’Instance aux questions de développement économique et social avait permis de promouvoir des initiatives majeures du système de l’ONU, des États et peuples autochtones, dans le but d’éliminer les discriminations et la pauvreté.  Parmi ces récentes réalisations, il a cité l’adoption en début d’année d’une directive du Groupe des Nations Unies pour le développement sur les questions intéressant les peuples autochtones qui proposent des solutions pour et avec les peuples autochtones.


Par ailleurs, il a mentionné l’importance du Rapport de synthèse mondiale sur des indicateurs relatifs au bien-être, la pauvreté et la durabilité des peuples autochtones ainsi que le Rapport de la réunion d’experts de l’Instance tenue en Russie sur les perspectives de relations entre les groupes autochtones et les groupes industriels.  Il a estimé que ces données permettront de promouvoir les questions des peuples autochtones dans le programme de développement des Nations Unies, y compris la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement(OMD) et l’ensemble des objectifs agréés au niveau international dans le souci d’améliorer la situation des plus démunis.  Il a remercié l’Espagne et la Fédération de Russie d’avoir reçu l’an dernier des réunions de l’Instance. 


M. BERNIE YATES, Vice-Secrétaire au Département australien de la famille, du logement, des services communautaires et des affaires aborigènes, a présenté la politique australienne en faveur des peuples aborigènes de son pays.  Il a rappelé que, le 13 février dernier, le Parlement australien avait présenté ses excuses aux milliers d’enfants aborigènes des îles du Détroit de Torres enlevés à leurs familles et communautés.  Ce qui est tout aussi important, a-t-il ajouté, c’est que nous avons envisagé un avenir comprenant tous les Australiens.  Il s’est particulièrement inquiété de la vulnérabilité de son pays aux changements climatiques et des menaces qui pèsent sur la survie du récif de la grande barrière australienne, et sur le bien-être de la population concentrée le long des côtes en raison de l’élévation du niveau de la mer.  Nous risquons d’avoir des « refugiés des changements climatiques », a-t-il ajouté, en indiquant que l’Australie voulait être plus active après avoir signé le Protocole de Kyoto.  Après avoir participé au Sommet de Bali sur le climat, a-t-il encore précisé, nous nous sommes engagés à une réduction de 60% de nos rejets de gaz à effet de serre d’ici à 2050.  Illustrant les efforts de son pays, il a indiqué qu’une centaine de nouveaux emplois seront créés pour protéger la biodiversité en Australie.


« Nous demandons pardon aux mères, pères, frères, sœurs et communautés dont les vies ont été déchirées par l’action de gouvernements successifs », a-t-il dit, avant de préciser que dans l’histoire des nations, un moment vient où les peuples doivent se réconcilier avec leur passé, pour éliminer une tache énorme de l’âme de la nation.  Il a également précisé que cette demande de pardon était assortie de toute une série d’objectifs visant à éliminer les écarts entre les aborigènes et les autres Australiens notamment dans le domaine de l’espérance de vie, de la mortalité infantile ou encore de l’alphabétisation.  Il a insisté sur l’importance au niveau mondial de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.  En conclusion il a cité un extrait du discours du 13 février du Premier Ministre de l’Australie: « Nous embrassons avec fierté et admiration et respect ces grandes et anciennes cultures qui fournissent un fil conducteur unique pour tout le continent australien en remontant jusqu’à la préhistoire.  Nous voulons voir dans les visages de nos frères autochtones un regard nouveau ».


Mme GUNILLA OLSSON, Directrice exécutive du plan d’action du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a rappelé que les 300 millions d’autochtones représentent 5% de la population mondiale mais 15% des pauvres dans le monde.  Ceux qui habitent dans les zones rurales sont très isolés, a-t-elle noté.  La représentante a rappelé qu’en septembre dernier, la Déclaration historique sur les droits des peuples autochtones a validé les droits de ces peuples dans le monde entier.  C’est un grand accomplissement, mais sa valeur dépendra de notre capacité à traduire les termes nobles de cette Déclaration en pratique, a fait valoir Mme Olsson.  Nous devons déjà relever le défi de la pauvreté, a-t-elle ajouté, celle-ci étant largement liée à la marginalisation et aux difficultés économiques.  Nous savons que la pauvreté est plus qu’un faible revenu, mais également un processus économique de dépossession.  Si nous n’écoutons pas les remarques des peuples autochtones, toute action n’aura pas les effets escomptés.


Mme Olsson a aussi noté que, si les peuples autochtones font partie de ceux qui sont les moins responsables du réchauffement de la planète, ce sont souvent ceux qui sont les plus touchés par ce phénomène.  Ils occupent 22% de la surface de la terre et sont les gardiens des ressources naturelles de la planète.  Nous devons les soutenir dans leur capacité à gérer leurs ressources naturelles, a incité la représentante.  Abordant la question des biocarburants, elle a fait remarquer l’augmentation des prix des vivres.  Les peuples autochtones n’ont pas de titres de propriété, a-t-elle aussi fait remarquer.  Nous devons veiller au respect du principe de consentement préalable libre et éclairé, dans toutes les décisions concernant ces populations, a poursuivi Mme Olsson.  Le FIDA prend au sérieux son dialogue avec les peuples autochtones afin que ceux-ci fassent vraiment partie des processus de décision.  Le FIDA a d’ailleurs investi 1,3 milliard de dollars, soit 13% de ses investissements, pour appuyer les communautés autochtones, et met en application un cadre stratégique.  Le FIDA est aussi pleinement engagé à travailler avec l’Instance permanente, notamment pour la mise en œuvre de la Déclaration, a précisé Mme Olsson.


THÈME SPÉCIAL: « CHANGEMENTS CLIMATIQUES, DIVERSITÉ BIOCULTURELLE ET MOYENS D’EXISTENCE: LE RÔLE DE GARDIEN DES PEUPLES AUTOCHTONES ET LES NOUVEAUX DÉFIS À RELEVER »


Déclarations


Introduisant le Rapport sur l’impact des mesures visant à atténuer les effets des changements climatiques sur les peuples autochtones et sur leurs territoires et leurs terres (E/C.19/2008/10), Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a déclaré que les conséquences des changements climatiques étaient ressenties plus fortement et plus vite par les populations autochtones parce que ceux-ci vivaient en relation étroite avec leur terre.  Elle a rappelé qu’elle s’était rendue à Bali, en décembre dernier, dans le cadre du Sommet des Nations Unies sur les changements climatiques afin de participer à des manifestations parallèles avec les peuples autochtones.  Citant l’impact des changements climatiques sur les peuples autochtones, elle s’est inquiétée de l’augmentation des maladies associée avec l’augmentation des températures, tout particulièrement dans les zones tropicales et subtropicales, du danger que posent la déforestation et la sécheresse, des dégâts sur les zones de pâturages, de l’érosion des côtes et des berges, de la réduction des espèces animales en raison de l’augmentation des températures de l’eau et de l’augmentation du nombre des insectes parasites.  Elle a aussi mentionné les constructions de barrages hydroélectriques et l’augmentation des cultures industrielles comme des menaces aux droits des peuples autochtones.  Elle a convenu que si de mauvaises pratiques avec les expropriations de terre avaient été constatées, de bonnes pratiques l’ont été également comme la mise en place d’éoliennes, qui dans le nord de l’Australie, permettent de réduire les gaz à effet de serre issus de la combustion de bois.


Elle a souhaité que le Protocole de Kyoto tienne compte de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.  Elle a mis l’accent sur la nécessité d’assurer, parallèlement à toute initiative de développement, le respect du principe de l’autodétermination et du consentement libre et préalable des peuples autochtones.  Il faut que les peuples autochtones puissent participer à toutes les négociations sur les changements climatiques, a-t-elle ajouté, en demandant que des mesures soient prises en faveur des pays en développement compte tenu des responsabilités des pays développés en matière d’émission de gaz à effet de serre.  Elle a exhorté le Conseil des droits de l’homme et l’Instance permanente à jouer un rôle actif dans le cadre des négociations en cours en matière de changements climatiques et à favoriser la participation des peuples autochtones à ces négociations, compte tenu de leur expérience de première main en matière de gestion de l’environnement.


M. AHMED DJOGHLAF, Directeur exécutif du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a précisé qu’une équipe de collaborateurs travaillait actuellement à la promotion des valeurs et des droits des peuples autochtones dans le cadre de cette Convention.  Il est impossible en effet de parler de la vie sur terre sans parler de la nature et de nos rapports avec elle, a-t-il remarqué.  Tout au long de l’histoire humaine, nous avons perdu le contact avec la nature et nous sommes même arrivés à la détruire.  La diversité biologique, a-t-il ajouté, est aujourd’hui menacée par les changements climatiques, précisant que 30 millions d’hectares de forêt sont détruits chaque année, entraînant la destruction d’une grande part de la diversité biologique et l’augmentation des émissions des gaz à effet de serre.  Le Directeur a ensuite salué la synergie qui existe entre les trois conventions issues du Sommet de Rio, relatives aux changements climatiques, à la diversité biologique et à la lutte contre la désertification.  M. Djoghlaf a d’ailleurs salué le dynamisme du Secrétaire général de l’ONU qui a fait des changements climatiques une de ses priorités.  Il a mis l’accent sur l’unité qui est recherchée entre les actions des différentes entités au sein du système des Nations Unies.  Enfin, le représentant a salué l’exemple donné par l’Australie en matière de biodiversité.  Dans ce domaine, nous avons besoin de chacun, notamment des autorités locales et des communautés, pour relever les défis qui nous attendent.


Présentant également le Rapport sur l’impact des mesures d’atténuation des changements climatiques sur les peuples autochtones et sur leurs territoires et leurs terres (E/C.19/2008/10), M. AQQALUK LYNGE, Rapporteur de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a déclaré qu’il y avait un certain nombre de conclusions qui indiquent que les peuples autochtones peuvent participer de manière efficace, grâce à leurs connaissances environnementales et ancestrales, aux efforts d’atténuation de l’impact des changements climatiques.  Il s’est inquiété de l’impact des changements climatiques sur la prolifération du paludisme, la réduction de la diversité biologique, la perte d’espèces animales et végétales, et le déséquilibre en général de la nature qui se traduit par la sécheresse d’un côté et des inondations de l’autre.  Les mesures d’atténuation elles-mêmes, a-t-il ajouté, ont aussi des conséquences négatives lorsque nos territoires sont utilisés ou accaparés sans notre assentiment pour la construction d’infrastructures ou l’augmentation des cultures.  Alors que les Inuits constatent chaque jour la diminution de leur territoire côtier, a-t-il encore dit à titre d’illustration, nous risquons d’avoir à faire face à de réels problèmes internationaux alors que d’aucuns cherchent à s’approprier l’Arctique.


M. GONZALO OVIEDO, Observateur permanent auprès des Nations Unies de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (IUCN), a noté que les peuples autochtones appartiennent aux groupes à risques face aux changements climatiques.  Il est difficile de déterminer quels groupes sont les plus en danger, mais on peut identifier les régions les plus exposées à des manifestations climatiques extrêmes.  Le représentant a estimé que le Rapport sur l’impact des mesures d’atténuation ne tient pas assez compte des facteurs de vulnérabilité humaine.  Or, l’impact des catastrophes naturelles se mesure par rapport à la capacité sociale de résister à ses effets.  Parmi les facteurs de détermination de la vulnérabilité, il a cité le niveau de bien-être antérieur aux impacts, le niveau de résilience et le niveau d’autoprotection.  Il convient, selon lui, de renforcer le « capital social » permettant cette adaptation aux changements, en s’appuyant sur les pratiques, les institutions et les valeurs traditionnelles.  Les femmes seront les plus touchées par le réchauffement mondial, a-t-il encore précisé.  Mais grâce à leur rôle clef dans les familles, elles sont un facteur d’adaptation face aux changements.  Nous allons étudier ce thème lors du prochain congrès mondial sur la nature, qui se déroulera à Barcelone en octobre prochain, a-t-il indiqué.


M. CHARLES MCNEIL, Conseiller du Groupe environnement et énergie du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que le PNUD accordait une valeur essentielle à la contribution des peuples autochtones à la question du développement.  Le PNUD reconnaît que depuis le Sommet de Rio en 1992, les anciens des communautés autochtones nous avaient prévenus de l’impact disproportionné des changements climatiques.  Il s’est dit convaincu que les droits des peuples autochtones devaient être préservés.  C’est parce que nous sommes conscients de la contribution potentielle des peuples autochtones que le PNUD lance actuellement un processus de consultations avec ces peuples, notamment sur la déforestation et ce en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme des Nations Unies sur l’environnement (PNUE).  Nous allons aussi lancer un processus de consultations dans la zone des Caraïbes et de l’Amérique latine, a-t-il ajouté, pour voir comment nous pouvons mettre en œuvre la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.


M. PHILIP CROSS, Union internationale des télécommunications (UIT), a indiqué que l’UIT avait pour mandat depuis 1994 d’apporter une assistance aux pays dans le besoin.  Il a dit le souci de l’UIT de promouvoir une compréhension globale entre l’UIT et les changements climatiques par le biais de réunions internationales.  Après une réunion au Japon en juin 2007, une autre réunion est prévue cette année à Londres.  Si les technologies de l’information et des communications (TIC) représentent 2,5% des gaz à effet de serre, a-t-il ajouté, elles représentent aussi un formidable outil pour mesurer et atténuer les impacts de ces changements.  Nous travaillons à réduire les déplacements, les voyages et à économiser le papier.  Il a également souligné les efforts de l’UIT pour permettre aux TIC de faciliter l’adaptation aux effets locaux des changements climatiques.  Parmi ses recommandations, il a cité le besoin d’accorder l’environnement avec toutes les initiatives stratégiques au niveau national pour que les TIC au service de l’environnement soient intégrées à tous les programmes.  Il a précisé que l’UIT comptait une initiative spéciale pour les peuples autochtones, qui s’est traduite par la tenue d’une première réunion du Groupe sur la vision des peuples autochtones en ce qui concerne les TIC au Mexique en 2005.  Par ailleurs, il a mentionné la création de deux télécentres au Honduras et au Brésil pour les membres des communautés autochtones.


Mme SONIA MARTINELLI-HECKADON, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que le travail du Fonds relatif aux peuples autochtones s’est élargi à l’Amérique latine, aux niveaux régional et national.  Le FNUAP a aussi étendu ses travaux en Asie et est en train de concevoir une stratégie favorable aux peuples autochtones en Fédération de Russie.  En appuyant des initiatives communautaires et gouvernementales, le FNUAP s’attache à renforcer la capacité d’accès aux services de santé de qualité des mères et de toutes les femmes autochtones.  Le FNUAP traite de la prévention de la contamination du VIH/sida par exemple et appuie aussi des modèles sur le droit à la reproduction des jeunes migrants autochtones.  Dans le domaine du développement, elle a précisé que le FNUAP promeut la collecte de données concernant les populations autochtones dans les pays considérés.


Dans le cadre des travaux de cette session de l’Instance permanente, elle a considéré que l’eau, l’accès à l’alimentation et la conservation des terres étaient des questions d’une importance cruciale, sans compter les questions d’adaptation aux changements climatiques.  Le FNUAP encourage le dialogue politique, à tous les niveaux, a-t-elle aussi déclaré.  Il promeut également le renforcement des capacités institutionnelles pour mieux protéger les peuples autochtones.  Enfin, il appuie les groupes qui défendent ces populations et soutient les activités de collecte et d’analyse de données.  La représentante a réaffirmé l’engagement du FNUAP à travailler avec les organisations civiles et communautaires, afin de promouvoir les droits des peuples autochtones.


Rappelant que les pays en développement sont les moins responsables des changements climatiques, alors qu’ils en souffrent le plus, M. DJANKOU NDJONKOU, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a noté en outre que les peuples autochtones sont touchés de façon disproportionnée par ces changements, notamment en raison des maladies tropicales et de la sécheresse.  Cela est d’autant plus injuste que les millions de peuples autochtones dans le monde sont ceux qui contribuent le moins à la pollution.  Il a remarqué que le débat sur les changements climatiques est surtout mené par des spécialistes de l’énergie, reléguant à l’arrière-plan le problème de l’emploi.  Pourtant, les mesures d’adaptation aux changements climatiques peuvent avoir des conséquences importantes en termes d’emploi et de réduction de la pauvreté, a-t-il fait valoir.  M. Ndjonkou a ensuite évoqué le Groupe d’appui interinstitutions, qui est là pour donner enfin voix au chapitre aux autochtones, afin de leur permettre de mettre en pace des projets locaux.  L’OIT contribue à la lutte contre les changements climatiques par la mise en place d’une « initiative pour les emplois verts », qui mise sur les capacités des personnes.  Par exemple, des projets en matière d’énergie à petite échelle dans les zones rurales peuvent contribuer à créer de l’énergie pour des autochtones qui n’ont pas actuellement accès aux formes modernes d’énergie.


L’OIT se félicite de l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, a poursuivi M. Ndjonkou, notant que ce document vient compléter la Convention 111 de l’OIT,  ainsi que la Convention 169 relative aux peuples autochtones adoptée en 1989.  Cependant, il s’avère que ces populations ont du mal à faire respecter leurs droits et on considère souvent que les métiers qu’ils occupent ne sont pas productifs.  Le représentant de l’OIT a indiqué que, récemment, la rédaction de directives adressées aux équipes de pays sur la question avait constitué un autre pas en avant.  Il faut que les peuples autochtones puissent participer à ces efforts en tant que partenaires et piliers du développement durable, a-t-il conclu.


Mme NADINE PERRAULT, Spécialiste des droits de l’homme du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que le Bureau régional de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes a organisé une réunion importante entre les dirigeants autochtones et les dirigeants de l’ONU sur la mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones à peine un mois après son adoption par l’Assemblée générale.  L’éducation est un domaine où l’on offre des programmes aux enfants autochtones de nombreux pays.  Les droits linguistiques des enfants autochtones sont importants pour l’UNICEF qui souhaite favoriser l’utilisation des langues autochtones à tous les niveaux.  Elle a précisé que ces documents avaient été traduits dans 16 langues autochtones.  Nous sommes persuadés que l’utilisation des langues autochtones est une stratégie qui permet d’améliorer les services sociaux et l’autonomisation des femmes et des filles.  Elle s’est particulièrement inquiétée de l’influence des changements climatiques sur la santé des enfants autochtones, qui sont déjà plus que les autres exposés au risque d’exploitation économique.  Elle a rappelé que l’UNICEF avait organisé en parallèle de la Conférence de Bali sur les changements climatiques une exposition sur les enfants et ce thème.  L’UNICEF souhaite renforcer les systèmes d’alerte rapide pour mieux déceler les dangers qui se posent aux enfants, a-t-elle encore dit.


Questions et commentaires des experts


Si les experts de la Bolivie et de la Fédération de Russie ont jugé important pour les organismes des Nations Unies d’identifier des personnes spécifiquement en charge des questions autochtones, celle de la République démocratique du Congo (RDC) a invité l’UNICEF à se concentrer sur le problème de l’utilisation d’enfants autochtones dans les groupes armés de son pays.  De son coté, l’expert du Mozambique s’est étonné que le FNUAP semblait s’occuper essentiellement de l’Amérique latine.


Exposés


Mme PAULA USKI, Stratégie internationale de l’ONU de prévention des catastrophes (UN/ISDR), a déclaré que l’utilisation des savoirs traditionnels était indispensable pour assurer la sécurité à l’avenir et réduire les risques.  Il faut traduire ces connaissances ancestrales en actions concrètes.  Elle a cité des exemples d’outils locaux de collecte d’eau et de mise en place de mécanismes d’alerte rapide.  Il est essentiel de pouvoir intégrer les connaissances et pratiques autochtones à nos mesures d’adaptation dans l’intérêt de tous, a-t-elle ajouté.  C’est pourquoi notre bureau fait la promotion des connaissances autochtones lors des ateliers de réduction des catastrophes que nous organisons.


Mme HELEN ANDREASSON, Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a expliqué que l’urbanisation croissante constatée dans le monde allait contribuer à marginaliser encore davantage les peuples autochtones.  Même si ceux-ci se déplacent peu, ils en subissent des conséquences, comme l’expropriation, qui affectent leur mode de vie.  Elle a évoqué l’élaboration de guides par le Programme, le premier concernant le logement des peuples autochtones.  ONU-Habitat possède plusieurs instruments politiques qui sont pertinents par rapport à la question des peuples autochtones, a-t-elle poursuivi, notamment pour étudier l’impact des changements climatiques sur les établissements humains, les emplois et sur les infrastructures humaines touchées par exemple par les inondations.  L’objectif de donner des logements adéquats pour tous ne peut se faire que grâce à une gouvernance urbaine qui inclut tous les participants locaux, a ensuite affirmé Mme Andreasson.  Elle a assuré que plusieurs activités du Programme contribuent aux cinq objectifs principaux de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones, qui visent l’autonomisation économique et sociale des peuples autochtones, le développement économique urbain, ou encore les liens entre milieu rural et milieu urbain.  Elle a enfin annoncé la tenue en novembre, en Chine, du prochain Forum mondial urbain et a engagé les représentants des peuples autochtones à y participer.


Mme JUANITA CASTAÑO, Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a précisé que le PNUE a adopté cette année une stratégie à moyen terme, pour la période 2010/2013, visant six thèmes prioritaires dont les changements climatiques.  Ces thèmes concernent de près les peuples autochtones et le PNUE joue un rôle important de catalyseur des actions destinées à protéger l’environnement.  Elle a aussi souligné que la stratégie face aux changements climatiques reposait sur l’engagement au niveau politique, en tenant compte de la position des grands groupes.  Au sein du Comité du PNUE chargé de coordonner les principaux grands groupes, les peuples autochtones sont représentés par un représentant élu pour deux ans, a-t-elle précisé.  Le PNUE est convaincu que les positions des organisations des peuples autochtones et de la société civile sont essentielles dans le débat mondial et il a élargi le processus de consultation afin de mieux faire entendre les voix autochtones.  La représentante a indiqué à cet égard que le PNUE organisera un débat, jeudi, qui sera ouvert à tous les peuples autochtones, en particulier ceux de l’Amérique.


Mme TRISHA RIEDY, responsable du Programme de diplomatie préventive de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a indiqué que l’UNITAR offrait des ateliers de formation aux autochtones sur la prévention des conflits depuis 2000.  Le renforcement des capacités des peuples autochtones fait partie de notre mission et plusieurs centaines de personnes ont été ainsi formées, a-t-elle précisé.  Elle a mentionné la tenue d’ateliers de formation régionale au Maroc, au Mexique et en Tanzanie.  Elle a souligné l’importance de mettre en place des approches inclusives pour renforcer une meilleure compréhension des besoins et cultures diverses des peuples autochtones.  La représentante a aussi précisé que les ateliers de formation de l’UNITAR mettaient l’accent sur les capacités de négociations pour que les autochtones puissent mieux intervenir dans le processus de négociation des conflits liés à des questions environnementales et de développement.  La marginalisation accrue des autochtones nécessite des approches constructives pour promouvoir leurs droits et la mise en place de mécanismes qui puissent leur permettre d’intervenir, a-t-elle encore ajouté.


M. DOUGLAS NAKASHINA, Division des sciences politiques et du développement durable de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré que l’UNESCO s’était engagée à répondre aux besoins des groupes exclus et défavorisés, y compris les peuples autochtones.  Nous disposons d’une stratégie multidisciplinaire qui repose notamment sur la diffusion de connaissances et l’application d’activités de sensibilisation, a t-il précisé.  En ce qui concerne les peuples autochtones, il a indiqué que la stratégie de l’UNESCO faisait une référence explicite aux savoirs autochtones pour l’identification des besoins des zones les plus enclavées comme les îles, les montagnes ou les zones polaires.  Les savoirs autochtones ont déjà fait leur preuve en matière de réduction des risques et ont par exemple permis de sauver des communautés entières lors du tsunami de 2004, illustrant ainsi la résilience de ces communautés grâce à leurs connaissances.  Il a mentionné la publication par l’UNESCO d’une revue sur l’eau et les peuples autochtones et une autre à venir sur leur contribution face à l’impact des changements climatiques.  Il a ajouté que les bonnes pratiques étaient en cours de compilation.  Un forum Internet sur les changements climatiques verra aussi le jour et mettra en évidence les préoccupations des peuples autochtones des régions les plus enclavées.


M. SAM JOHNSTON, Université des Nations Unies (UNU), a expliqué que l’UNU dispose de centres dans 14 pays différents et qu’elle souhaitait fournir une aide aux représentants des communautés autochtones au niveau international, en menant des activités de recherches notamment sur le savoir traditionnel.  Des activités pilotes ont été entreprises, l’une sur la gestion de l’eau et une autre sur le soutien qu’apporte la communauté internationale aux peuples autochtones.  Ces peuples sont des acteurs clefs qui ont souvent en main la solution pour faire face aux changements climatiques et qui peuvent nous montrer la voie, a-t-il relevé.


Mme REGINA LAUB, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’est dite préoccupée par les effets des changements climatiques sur les peuples autochtones, alors qu’ils contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre.  Ces peuples disposent d’une source précieuse de connaissance dont nous devons nous servir, a-t-elle estimé.  La FAO pense que pour remédier à la dégradation de l’environnement, il faut aussi lutter contre l’insécurité alimentaire et contre les mauvaises conditions de vie de la population rurale.  La FAO a mis en place un programme qui vise à reconnaître à l’échelle mondiale les pratiques agricoles traditionnelles, en espérant que celles-ci se perpétueront.  Pour ce qui est des indicateurs culturels, nous souhaitons établir un recueil de toutes les pratiques autochtones, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi remarqué que le droit à la terre est une pierre angulaire de la survie des peuples autochtones, mais que peu de pays offraient une sécurité foncière.  La FAO participe donc dans plusieurs pays à des projets de délimitation des propriétés.  La représentante a aussi parlé des activités de communication que mène la FAO.  Des études de cas de changements de régimes alimentaires sont aussi menées.


M. NAVIN RAI, Banque mondiale, a déclaré que la Banque mondiale se dotait a actuellement d’un cadre stratégique pour faire face à l’impact des changements climatiques.  Il a précisé que la Banque interviendrait à plusieurs reprises au cours de cette session pour parler des défis de développement auxquels les plus pauvres, dont les peuples autochtones, étaient confrontés en raison des changements climatiques.  Nous sommes conscients, a-t-il ajouté, que les populations autochtones sont les moins responsables de ce phénomène et qu’ils gèrent 11% des forêts du monde, 80% de la diversité mondiale et qu’ils sont en possession d’un savoir très précieux dont il faudra se servir.  Il s’est inquiété des mesures d’atténuation, qui lorsqu’elles ne sont pas bien conçues, pouvaient avoir des conséquences terribles.


M. LUCAS DALL’OGLIO, Organisation internationale des migrations (OIM), a déclaré que le thème spécial retenu cette année était particulièrement important pour l’OIM, en raison de sa dimension liée à la migration humaine. Il a noté que les populations autochtones étaient particulièrement vulnérables du fait de leur isolement et de leur dépendance exclusive à l’environnement.  Il s’est réjoui de pouvoir discuter avec tous les partenaires des questions de migrations intégrant les préoccupations des populations autochtones.  Il a mentionné un débat à venir sur les migrations en octobre 2008, aux Philippines, en formant le vœu qu’il soit l’occasion d’intégrer les préoccupations des peuples autochtones.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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