CONFÉRENCE DE DOHA: FACE À LA CRISE FINANCIÈRE, IL EST URGENT DE CONCLURE LE CYCLE DES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES DE DOHA, SOULIGNENT LES PANÉLISTES
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CONFÉRENCE DE DOHA: FACE À LA CRISE FINANCIÈRE, IL EST URGENT DE CONCLURE LE CYCLE DES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES DE DOHA, SOULIGNENT LES PANÉLISTES
(Publié tel que reçu)
DOHA, 30 novembre -- Les panélistes d’une table ronde sur « le commerce international comme moteur du développement » ont souligné, cet après-midi, qu’il était urgent, face à la crise financière, de conclure le Cycle des négociations commerciales de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a démarré en 2001 et se trouve actuellement dans l’impasse.
Le commerce, ont-ils estimé, constitue un des plus puissants outils de développement, permettant d’augmenter la croissance des pays, et, par conséquent, de réduire la pauvreté. À cet égard, ils ont jugé que les échanges commerciaux étaient les plus importantes sources de financement du développement. Toutefois, ils se sont inquiétés du ralentissement économique actuel et de son impact sur les perspectives commerciales à l’échelle mondiale, en raison principalement d’une baisse de la demande et donc des exportations.
Pour prévenir les graves conséquences d’une telle situation, dont la tentation d’adopter des mesures protectionnistes, les panélistes ont ainsi insisté sur la nécessité de conclure au plus tôt le Cycle de Doha, afin d’intégrer davantage de pays à l’économie mondiale et de forger un système commercial international plus juste, ouvert et transparent. Le résultat du Cycle de Doha devrait préserver l’esprit dans lequel il a été lancé, ont-ils ajouté, faisant référence à la nécessité de tenir compte des besoins et intérêts des pays en développement, afin que le commerce soit un véritable moteur de développement.
Coprésidée par MmeAnaVilma Albanez De Escobar, Vice-Présidente d’El Salvador, et Mme Olga Algayerová, Secrétaire d’État du Ministère des affaires étrangères de Slovaquie, cette table ronde a fait ressortir les problèmes auxquels sont confrontés de nombreux pays en développement pour s’intégrer à l’économie mondiale et pour améliorer leur accès aux marchés. Parmi ces défis ils ont notamment insisté sur la nécessité de réduire les subventions agricoles accordées par les pays industrialisés à leurs producteurs mais aussi celle de réduire les barrières non tarifaires. En outre, les panélistes ont souligné le manque de capacités et d’infrastructures des pays en développement, une situation qui les empêche de tirer pleinement parti du potentiel offert par les échanges commerciaux. Du fait de ces contraintes, même si le Cycle de Doha s’achevait maintenant, l’Afrique ne pourrait pas en tirer profit, a estimé un des panélistes.
Pour surmonter ces obstacles, les intervenants ont tous mis l’accent sur l’importance de l’Initiative « Aide pour le commerce », qui vise justement à renforcer la capacité des pays en développement à dégager de véritables gains de leurs activités commerciales. Plusieurs d’entre eux ont cependant rappelé que cette « Aide pour le commerce » ne devrait pas se substituer aux autres programmes d’aide mais plutôt les compléter. Les discussions de cet après-midi ont aussi souligné la nécessité de tenir compte des vulnérabilités particulières des pays les plus pauvres, en leur offrant un accès aux marchés sans contingentement et en franchise de droits, ainsi que sur l’importance du commerce entre pays du Sud.
LE COMMERCE INTERNATIONAL COMME MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT
Déclarations
Mme VALENTINE RUGWABIZA, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui animait cette table ronde, a rappelé que la crise financière actuelle, dont l’épicentre se trouvait dans les pays développés, avait des conséquences pour de nombreux domaines, y compris pour le commerce international. Mettant en avant le « lien intrinsèque » entre commerce et développement, elle a noté que l’un des objectifs du système commercial multilatéral était de « créer les mêmes règles du jeu pour tous les acteurs ». Elle a souligné le rôle crucial de l’OMC pour renforcer le lien entre commerce et développement, alors que le système commercial est l’outil le plus puissant de croissance et de réduction de la pauvreté. Elle a estimé qu’une conclusion réussie du Cycle de négociations commerciales de Doha, actuellement en cours à l’OMC, permettrait de créer de nouvelles opportunités pour augmenter le commerce et rééquilibrer son système en faveur du développement. Par ailleurs, la Directrice générale adjointe de l’OMC a insisté sur l’importance de l’Initiative « Aide pour le commerce », précisant que celle-ci ne faisait pas partie du cycle de négociations en cours mais le complétait. Cette Initiative, a-t-elle dit, vise à aider les pays en développement à renforcer leurs capacités d’offre et leurs infrastructures liées au commerce afin que ces États puissent tirer pleinement parti du potentiel des échanges commerciaux. Le Cycle de Doha a pour objectif de créer davantage d’opportunités commerciales pour un plus grand nombre de pays, a-t-elle précisé, notant la synergie puissante entre l’Initiative et le Cycle de Doha. Elle a souligné que l’Initiative « Aide pour le commerce » constituait un élément intégral du financement du développement. À cet égard, elle s’est inquiétée des pressions que subissent les donateurs pour réexaminer ou réduire leurs engagements dans ce domaine.
Après avoir rappelé les grandes lignes du commerce ces deux dernières décennies, M. PEDRO LUIZ CARNEIRO DE MENDONÇA, Secrétaire général adjoint pour les affaires économiques et technologiques du Brésil, a affirmé que les politiques commerciales avaient alors été liées aux décisions des États-Unis et de l’Europe. Il a toutefois souligné que l’émergence des États d’Asie pourrait désormais permettre un changement important dans la géographie commerciale. Il a ajouté que le succès du Cycle de négociations commerciales de Doha créerait de nouvelles opportunités, en particulier par le biais de la réduction des subventions agricoles et l’accès aux marchés des produits en provenance des pays en développement. La conclusion du Cycle de Doha est une nécessité, a-t-il estimé, en soulignant également l’importance de l’Initiative « Aide pour le commerce » afin de renforcer les capacités d’exportations et les infrastructures liées au commerce des pays en développement ainsi que pour donner une valeur ajoutée à leurs exportations en les diversifiant. Tout en reconnaissant le rôle des politiques nationales dans l’efficacité des échanges commerciaux, le panéliste a aussi mis en avant l’importance de créer un environnement international favorable. Il s’est dit préoccupé par le risque de protectionnisme face à la situation économique mondiale actuelle.
M. DEBAPRIYA BHATTACHARYA, Représentant permanent du Bangladesh auprès de l’Organisation des Nations Unies à Genève et Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a souligné que le commerce était un des moteurs du développement, tout en précisant qu’il en existait d’autres comme les investissements étrangers directs (IED). Le commerce doit être appuyé par d’autres moteurs de développement, a-t-il ajouté. Le véritable défi actuel, a-t-il dit, est de s’assurer que le commerce ne se ralentisse pas et n’exclut personne. Les pays marginalisés qui ne sont pas encore intégrés dans le régime commercial international doivent l’être. Pour parvenir à cet objectif, il a insisté sur l’importance du traitement spécial et différencié en faveur des pays marginalisés, « une ouverture qui est en train de se refermer ». Face à la crise actuelle qui va entraver les efforts visant à augmenter les échanges et les rendre plus inclusifs, M. Bhattacharya a estimé qu’il faudrait protéger le système commercial multilatéral, en résistant face à la tentation du protectionnisme. Il a aussi souhaité la conclusion du Cycle de Doha. Il a cependant averti que tout cycle qui ne porte pas sur le développement ne mérite pas d’être achevé. Il faut un résultat qui réponde aux préoccupations des pays en développement, et surtout des pays les moins avancés (PMA). Dans cette perspective, il a souligné la nécessité de fournir à ces derniers un accès aux marchés en franchise de droit et sans contingentement, par le biais d’instruments multilatéraux. Il a déclaré qu’à cet égard, les États-Unis, en particulier, devraient faire une contribution. La conclusion du Cycle de Doha ne va pas tout régler, a ensuite soutenu le panéliste, ajoutant qu’il ne faudrait pas en « exagérer les possibles résultats ». Toutefois, il a indiqué que l’aboutissement des négociations commerciales du Cycle de Doha donnerait un élan et permettrait de reprendre confiance, tout en sachant que de nombreux autres éléments de la gouvernance économique mondiale ne fonctionnent pas bien.
M. MIGUEL HAKIM SIMON, Secrétaire pour la coopération ibéro-américaine du Secrétariat ibéro-américain, a rappelé que lors du Consensus de Monterrey, les États s’étaient accordés pour qu’un nombre plus élevé de pays en développement et à économie en transition puissent devenir membres de l’OMC. Il s’est ainsi félicité que, depuis 2002, neuf États sont entrés à l’OMC. Il a souligné l’importance du commerce en tant que source de financement du développement et cité en exemple la situation des pays relevant du Secrétariat pour la coopération ibéro-américaine, à savoir l’Espagne, le Portugal et les pays d’Amérique latine, où les échanges commerciaux génèrent de larges flux de capitaux. Toutefois, face à la crise financière actuelle, il s’est inquiété d’une baisse des exportations, prévue pour 2009 par la Banque mondiale. Par ailleurs, M. Hakim a mis l’accent sur l’importance des accords commerciaux régionaux et bilatéraux, des zones de libre-échange ainsi que des progrès accomplis pour augmenter l’aide publique au développement (APD) depuis le Consensus de Monterrey. M. Hakim s’est toutefois dit préoccupé par la tentative de certains membres de l’OMC visant à modifier les décisions qui, pour l’instant, doivent faire l’objet d’un consensus. Cela est contesté par certains qui affirment que ce mode de prise de décisions est responsable du manque d’avancées actuel, a-t-il expliqué. Rappelant la dernière Réunion ministérielle de l’OMC, en juillet, il a estimé que si elle s’était soldée par un échec, les membres « n’avaient jamais été aussi proches d’un compromis. Il a souhaité que la Conférence de Doha aboutisse au moins à deux résultats concrets: fournir l’élan politique qui permettra de conclure le Cycle de Doha le plus tôt possible et assurer l’intégration du système commercial avec un nouveau système financier et monétaire international.
M. ABDOULIE JANNEH, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), a indiqué que l’Afrique n’avait pas pu tirer parti des bénéfices du commerce en faveur du développement. Il a rappelé qu’en 2007 et, en dépit d’une augmentation des prix des produits de base, la part de l’Afrique dans le commerce mondial était négligeable, représentant moins de 3%. Il a attribué cette faible performance à des contraintes liées à l’offre. L’Afrique, a-t-il précisé, n’a pas les infrastructures de base, les capacités ou les crédits nécessaires pour produire en plus grande quantité, pour satisfaire les normes internationales ou pour diversifier ses exportations. À titre d’exemple, il a mis en avant le coût élevé des transports commerciaux en Afrique, rappelant que 15 États de ce continent n’avaient pas accès au littoral. Il a ainsi plaidé pour un renforcement des capacités de production et des infrastructures liées au commerce. L’aide pour le commerce, si elle est bien gérée et maîtrisée, peut vraiment aider l’Afrique à surmonter ces contraintes, a-t-il poursuivi. Tout en réaffirmant l’importance des négociations du Cycle de Doha, il a fait remarquer que l’Afrique n’avait pas aujourd’hui les capacités d’optimiser les avantages de la conclusion de ce Cycle. Qualifiant l’Initiative « Aide pour le commerce » d’instrument novateur, il a souligné qu’elle pouvait aider le continent à réduire les coûts liés aux exportations et, de ce fait, à augmenter son volume de commerce. Il a précisé que l’aide pour le commerce devrait venir s’ajouter et non remplacer les autres programmes d’assistance.
M. SUN ZHENYU, Représentant permanent de la Chine auprès de l’OMC, a indiqué que de nombreux pays avaient bénéficié du rôle central du commerce pour leur croissance économique, faisant notamment remarquer que les exportations représentaient 60% du PIB de la Chine. Toutefois, il a relevé l’impact de la crise financière sur le commerce, du fait du resserrement du crédit et de la diminution des liquidités. Il a noté que cette crise avait mené à une réduction de la demande des produits chinois dans les pays développés et que les perspectives pour les mois à venir étaient sombres. Le panéliste a indiqué que la Chine devrait fournir 10 millions d’emplois dans les villes chaque année, afin d’éviter des troubles sociaux. Cette tâche deviendra plus difficile à exécuter en raison de la diminution des exportations. Pour faire face à la situation actuelle, M. Zhenyu a notamment suggéré d’établir un plan de relance à l’échelle mondiale. Il a également insisté sur l’importance de lutter contre le protectionnisme. Dans cette perspective, il a souhaité que le Cycle de Doha soit achevé au plus tôt. Les subventions agricoles doivent être réduites et les tarifs douaniers sur les produits agricoles et non agricoles réduits afin de fournir un meilleur accès aux marchés aux pays en développement, a-t-il dit. La Chine a procédé à la réduction de ses propres tarifs, notamment agricoles, a-t-il indiqué, tout en faisant remarquer que 150 millions d’agriculteurs pauvres vivent dans le pays avec moins d’un dollar par jour. La conclusion du Cycle de Doha adresserait un message positif au monde entier, a-t-il dit avant de conclure.
M. PAAVO VÄYRYNEN, Ministre du commerce extérieur et du développement de la Finlande, s’est déclaré convaincu que le commerce était le moteur le plus important de développement. L’expérience montre clairement que la réduction de la pauvreté était la plus efficace dans les pays qui ont réussi à parvenir à une croissance économique dans le secteur privé, généralement fondé sur l’ouverture des frontières au commerce mondial, a-t-il poursuivi. Comme les autres intervenants, il a souligné la nécessité de conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha, et rappelé que lors de la Réunion ministérielle de juillet dernier, les membres étaient presque parvenus à un accord. L’OMC tiendra une autre Réunion ministérielle d’ici à la fin de l’année qui devrait faciliter la conclusion du Cycle de Doha en 2009, a-t-il indiqué. M. Väyrynen a aussi mis l’accent sur l’importance du commerce entre pays du Sud et estimé que l’intégration régionale des marchés devrait suivre l’exemple de l’Union européenne, qui a octroyé aux pays les moins avancés un accès hors quotas et en franchise de droits. Il a également plaidé pour une intégration progressive des marchés nationaux à l’économie mondiale.
Cette même question de la coopération entre pays du Sud a été soulignée comme un élément majeur de l’expansion du commerce dans la discussion qui a suivi ces déclarations. De nombreux intervenants ont par ailleurs regretté les obstacles à l’adhésion des pays en développement à l’OMC. Ils ont aussi insisté sur l’importance d’un système commercial international juste, transparent, ouvert et non discriminatoire, et davantage axé sur le développement, nombre d’entre eux soulignant qu’il faudrait tenir compte des vulnérabilités des PMA, des États en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement.
Pour parvenir à un résultat équilibré pour tous, et face au ralentissement du commerce en raison de la crise financière, les représentants d’États Membres qui ont pris la parole ont demandé une conclusion rapide du Cycle de négociations commerciales de Doha. Ils ont demandé une véritable volonté politique dans ce sens, tout en insistant sur la nécessité de tenir les promesses de 2001, date à laquelle s’était ouvert le Cycle de Doha, et en plaçant les intérêts des pays en développement au cœur du système commercial multilatéral. La conclusion du Cycle de Doha permettrait notamment de résister à la tentation protectionniste en intégrant davantage de pays dans l’économie mondiale, ont estimé certains intervenants. Clôturant la table ronde, Mme Rugwabiza s’est ralliée à ce point de vue et a souligné l’importance d’aboutir à un résultat équilibré du Cycle de Doha. Cet aboutissement est indispensable en raison de l’impact négatif de la crise financière actuelle sur le commerce.
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