CS/9333

RÉUNI AU NIVEAU MINISTÉRIEL, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RECONNAÎT L’IMPORTANCE DE L’EXPERTISE CIVILE DANS LES PROCESSUS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX

20/05/2008
Conseil de sécuritéCS/9333
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5895e séance – matin & après-midi


RÉUNI AU NIVEAU MINISTÉRIEL, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RECONNAÎT L’IMPORTANCE DE L’EXPERTISE CIVILE DANS LES PROCESSUS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


En présence du Secrétaire général des Nations Unies, et sous la présidence du Secrétaire au Foreign Office du Royaume-Uni, M. David Miliband, dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité en ce mois de mai, les membres du Conseil, réunis au niveau ministériel, ainsi qu’une quarantaine d’autres délégations, ont débattu aujourd’hui des moyens d’améliorer la consolidation de la paix dans les pays émergeant d’un conflit avant d’adopter, en fin de journée, une Déclaration présidentielle à ce sujet.


Aux termes de la Déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité insiste sur l’importance cruciale que revêt la consolidation de la paix pour poser les bases d’une paix et d’un développement durables dans un pays qui a subi le fléau de la guerre.  Pour être efficaces, les activités menées sur les plans politique, militaire, humanitaire et dans le domaine du développement doivent être intégrées et cohérentes, notamment dès la première phase de planification intégrée des missions, déclare le Conseil.


Dans ce contexte, il souligne qu’il importe que chaque pays s’approprie l’entreprise de consolidation de la paix et de développement durable, la responsabilité en incombant au premier chef aux autorités du pays concerné.  De nombreuses délégations n’ont pas manqué de souligner l’importance de ce qu’il est convenu d’appeler l’appropriation nationale, par laquelle l’État qui bénéficie de l’appui de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) définit lui-même ses priorités stratégiques.


Conscient que les pays touchés par les conflits doivent faire face aux impératifs pressants que constituent le rétablissement des institutions de l’État, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des forces armées, la réforme du secteur de la sécurité, l’organisation d’une justice transitionnelle, la réconciliation, le rétablissement de l’état de droit, le respect des droits de l’homme et la revitalisation de l’économie, le Conseil souligne qu’une forte présence de spécialistes civils de la consolidation de la paix après le conflit est essentielle pour aider à répondre à ces impératifs.


À ce titre, le texte de la Déclaration présidentielle insiste sur le fait que ces spécialistes, agissant en coopération avec les autorités nationales, contribuent de façon décisive aux capacités du pays.  De nombreux intervenants ont toutefois fait observer durant le débat que l’un des aspects fondamentaux de l’appropriation nationale consistait d’abord à mobiliser l’expertise civile disponible au niveau national avant de penser à dépêcher des personnels étrangers. Auteur du rapport publié en 2002 par le Panel sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, M. Lakdhar Brahimi, qui a pris part à cette réunion du Conseil de sécurité, a puisé dans l’exemple de l’Afghanistan de nombreux éléments pour rappeler les dysfonctionnements de l’Organisation à ce niveau.  « Nous avons rencontré des milliers d’Afghans compétents qui auraient pu être mis au service de la reconstruction de leur pays, sans compter la diaspora afghane, qui compte 5 millions de personnes vivant au-delà des frontières communes que le pays a avec le Pakistan et l’Iran, et qui sont prêtes à apporter leur contribution », a ainsi indiqué M. Brahimi.


Encore faut-il doter l’État des capacités suffisantes à la rémunération de ces personnels nationaux, ont relevé certaines délégations.  À ce sujet, dans sa Déclaration présidentielle, le Conseil insiste sur la nécessité de veiller à ce que des fonds soient disponibles dès le début pour les activités de relèvement et de consolidation de la paix.  C’est dans ce contexte que le rôle de la Commission de consolidation de la paix a été réaffirmé par de nombreuses délégations, qui ont souhaité qu’elle coordonne de manière plus efficace les donateurs bilatéraux et internationaux.


La Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, qui est intervenue au début de la réunion ce matin, a clairement indiqué que, ce dont son gouvernement avait besoin pour affermir son autorité sur l’ensemble de son territoire, c’était d’un appui financier, logistique et technique, sans lequel il n’arrivera pas à empêcher la fuite des cerveaux ni à se doter de la main-d’œuvre internationale et locale qualifiée qui lui est indispensable pour assurer la reconstruction de la Sierra Leone.



CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu’au cours des deux dernières décennies, les Nations Unies avaient approfondi leur compréhension des moyens à mettre en œuvre pour veiller à ce qu’un pays ne retombe pas dans la spirale des conflits.  Nous avons réussi à aménager des espaces pour que les autorités nationales puissent lancer les processus en faveur d’une paix, d’une sécurité et d’un développement durables, a-t-il noté.  Les leçons que nous avons pu tirer dans de nombreux pays, qu’il s’agisse de la République démocratique du Congo (RDC), de la Sierra Leone, du Timor-Leste, d’Haïti, du Burundi et du Libéria, montrent qu’au-delà des différences de contextes, trois priorités s’y imposent de façon commune.  Il faut tout d’abord, a dit le Secrétaire général, mettre en place des processus politiques viables pour soutenir les accords de paix et légitimer les autorités nationales.  Il est ensuite nécessaire de restaurer la sécurité et l’état de droit, y compris en développant et renforçant des secteurs de la sécurité et de la justice transparents et efficaces.  Enfin, la population locale doit pouvoir bénéficier de services de base le plus vite possible, afin d’assurer les conditions d’un développement de long terme.


Dès lors, comment renforcer notre réponse collective au lendemain des conflits et respecter ces priorités? s’est demandé le Secrétaire général.  Il a estimé qu’il fallait rester cohérent, en veillant à ce que les Nations Unies continuent de jouer leur rôle dans le relèvement postconflit, même si la responsabilité première en incombe aux autorités nationales.  En outre, les organisations régionales, les États Membres et les institutions financières internationales contribuent de manière déterminante à cet effort collectif international, a fait observer Ban Ki-moon.  C’est en travaillant ensemble, comme par exemple au Libéria ou en Sierra Leone, que notre réponse sera la plus efficace, a dit le Secrétaire général.  La coordination et la clarté dans la direction de ces efforts sont cruciales pour que chaque partenaire apporte un appui décisif.  Par ailleurs, des capacités suffisantes sont indispensables.  Si les Nations Unies doivent prendre la direction de ces efforts sur le terrain, a indiqué M. Ban Ki-moon, il faut que mes Représentants spéciaux soient investis des pouvoirs nécessaires.  Ils ont besoin d’identifier les priorités stratégiques, d’élaborer les plans de reconstruction et de relèvement, et de mobiliser les fonds et les ressources avec les partenaires de développement.  En alignant, sinon en intégrant, nos instruments respectifs, tels que ceux que représentent les rapports au Conseil de sécurité, les conférences d’annonces de contributions et les efforts de secours, alors nous pourrons garantir la poursuite de priorités de manière cohérente.  Nous devrions également envisager les évaluations conjointes et le renforcement des mécanismes de rapport auprès du Conseil de sécurité sur les besoins critiques de relèvement –en nous appuyant sur l’expertise de toute la famille des Nations Unies, ainsi que sur celle des institutions financières internationales, a dit Ban Ki-moon.


Le Secrétaire général a ensuite proposé de forger une expertise civile.  Les capacités de la Police des Nations Unies, réelles quoique limitées, sont un pas dans la bonne direction, a-t-il affirmé, comme le démontre le récent lancement d’une Équipe de réserve d’experts en médiation.  La création d’un Bureau de l’état de droit et des institutions sécuritaires au sein du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) reflète également l’engagement de l’ONU en faveur du respect de l’état de droit, des droits de l’homme et de la réforme du secteur de la sécurité.  Mais nous manquons cruellement de juges, de directeurs d’institutions pénitentiaires, d’administrateurs de l’État et de gestionnaires – en particulier ceux qui possèdent une expertise et une connaissance des pays et des systèmes concernés.  Nous devons élargir rapidement nos efforts pour fournir des ressources mondiales pour la paix, a souligné Ban Ki-moon.


Le besoin d’expertise civile concerne aussi le relèvement et le développement, a poursuivi le Secrétaire général.  Cela signifie renforcer les capacités des autorités nationales pour qu’elles puissent payer leurs fonctionnaires, restaurer l’agriculture et lancer des programmes d’emploi.  Il serait peut-être temps aussi de s’appuyer sur l’expérience de la communauté humanitaire en lançant une reconstruction d’urgence de manière rapide et prévisible, notamment en y incluant un meilleur usage des ressources et des capacités domestiques.  En dernière instance, toutes ces mesures exigent un financement souple et en amont, des investissements prévisibles et assurés limitant les risques, a dit le Secrétaire général, en suggérant que l’accent soit mis sur la création de fonds communs permettant d’assurer le démarrage des projets.


Mme ZAINAB HAWA BANGURA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a souligné d’emblée qu’un meilleur financement et une meilleure intégration du leadership international est une condition essentielle au succès des efforts postconflit et de relèvement.  Le rôle des Nations Unies et du Conseil de sécurité ne saurait être surestimé, a dit Mme Bangura.  La Ministre a espéré que la Commission de consolidation de la paix ne suivra pas la tendance aux interventions sélectives que le Conseil a trop souvent montré.  Aujourd'hui, a-t-elle poursuivi, grâce à la tolérance, à la compréhension et à l’attachement à leur pays, les Sierra-léonais sont sur la bonne voie.  La Ministre a d’ailleurs rappelé la bonne conduite des élections présidentielles et législatives de 2007.  Ces élections, a-t-elle dit, en disent long sur la maturité politique de la Sierra Leone.


Malgré les progrès, a-t-elle cependant prévenu, des difficultés subsistent dans l’édification d’institutions capables de renforcer la paix et la démocratie.  Ce dont la Sierra Leone a besoin aujourd’hui, c’est d’affermir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire, et ceci ne serait pas possible sans l’aide des partenaires multilatéraux et bilatéraux, a reconnu la Ministre.  Elle a demandé que les Nations Unies reconnaissent à quel point l’expérience de la Sierra Leone a accru leurs connaissances en matière de consolidation de la paix.  Sans financement, leadership et ressources humaines, les efforts déployés resteront cependant vains, a insisté la Ministre.  Confrontée à une infrastructure ravagée et à la fuite des cerveaux, la Sierra Leone aura du mal à revenir à un bon niveau de développement sans le partenariat de la communauté internationale.  Les Nations Unies doivent investir très tôt dans la paix et la stabilité pour pouvoir sauver des milliards de dollars et des milliers de vies, a-t-elle préconisé. 


Le partenariat et la coopération sont les meilleurs fondements du renforcement des capacités, et c’est à juste titre que la Commission de consolidation de la paix a été créée, a dit Mme Bangura.  La Ministre s’est aussi félicitée de ce que le Royaume-Uni ait annoncé la mise à disposition d’un personnel civil.  Compte tenu de la multiplicité des acteurs dans les opérations de consolidation de la paix, il faut, a-t-elle estimé, un leadership des Nations Unies pour une action coordonnée dans le renforcement des capacités des acteurs locaux. 


Comme dans tout partenariat et toute coopération, les interventions externes pour promouvoir et renforcer le processus de stabilisation postconflit ne sont pas dépourvues de tensions et de dilemmes.  Même avec les meilleures intentions, a poursuivi la Ministre, l’implication internationale dans le rétablissement de la sécurité, la mise en place de structures de gouvernement provisoire, le lancement des réformes économiques ou la fourniture des services publics posent la question de l’appropriation nationale et de la durabilité des efforts. 


Une autre source de tensions, a ajouté la Ministre, concerne la taille, l’ampleur et l’autorité des acteurs externes dans l’accomplissement de leur mandat, en particulier là où les mesures de réforme se heurtent aux normes traditionnelles et aux sensibilités locales.  Si l’engagement externe demeure important, il faut accorder l’attention requise à la nécessité pour les acteurs locaux de jouir d’une marge de manœuvre appréciable dans la détermination des options politiques et la prise de décisions, a-t-elle recommandé. 


Compte tenu de la gravité du phénomène de la fuite des cerveaux, la Sierra Leone, a conclu la Ministre, a compris l’importance du personnel civil des opérations de maintien de la paix.  Le besoin en personnel qualifié devient même plus aigu en période de consolidation de la paix, a insisté la Ministre.  La communauté internationale doit donc fournir aux pays sortant d’un conflit l’appui financier, logistique et technique nécessaire à la mise sur pied et la création d’une main-d’œuvre internationale et locale. 


M. MARWAN MUASHER, Vice-Président principal de la Banque mondiale, a rappelé que la Banque mondiale, alors dénommée Banque internationale pour la reconstruction et le développement, avait été fondée pour aider à la reconstruction postconflit en Europe et au Japon.  Il a souligné que la stratégie de la Banque mondiale se concentrait sur la consolidation de la paix, la consolidation de l’État, les réformes institutionnelles et les partenariats.  La Banque mondiale a commencé à renforcer sa capacité de réponse rapide et son soutien institutionnel, a-t-il dit, indiquant que la coopération et la coordination avec ses partenaires constituait une caractéristique de sa nouvelle politique.  Il a également souligné que le Conseil d’administration de la Banque avait approuvé récemment un nouveau Fonds de consolidation de l’État et de la paix.  Ce Fonds, qui vient en complément du Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies, a pour objectif, a-t-il précisé, de satisfaire les besoins de la gouvernance étatique et locale, ainsi que la consolidation de la paix dans des situations fragiles et sujettes aux conflits et dans des situations touchées par des conflits, par le biais notamment d’activités de reconstruction et de développement.


Le Vice-Président a, de même, rappelé que la Banque mondiale s’attachait à promouvoir une meilleure compréhension globale des dynamiques qui affectent des situations fragiles, ainsi que des approches stratégiques et opérationnelles efficaces destinées à les soutenir.  Il a souligné la nécessité de promouvoir une meilleure collaboration au niveau du pays et d’obtenir des résultats visibles grâce à une approche cohérente du Groupe de la Banque mondiale.  Il a mis également l’accent sur l’importance du leadership sur le terrain.  Le rôle des représentants spéciaux du Secrétaire général est, à ce titre, essentiel, en particulier dans les domaines de diplomatie et de la sécurité, a-t-il estimé.  Il s’est par ailleurs félicité des efforts entrepris par les différents donateurs et organisations pour renforcer la capacité civile. 


M. LAKHDAR BRAHIMI a déclaré que la communauté internationale continuait de se heurter aux mêmes problèmes que lors de la décennie précédente en matière de consolidation de la paix.  En Afghanistan, par exemple, en décembre 2001, les défis politiques étaient colossaux, mais le pays bénéficiait d’une attention formidable de la part de la communauté internationale.  Même si nous avions de bonnes idées pour la reconstruction et le relèvement, nous avions malheureusement trop peu d’argent, et celui-ci a souvent été dépensé de manière inconsidérée, a regretté M. Brahimi.  Ainsi, chaque ministre s’est vu offrir des privilèges rattachés à sa fonction, comme une voiture, un bureau bien équipé et un ordinateur réservé à leur usage personnel, tandis que dans la plupart des locaux du Gouvernement, il n’y avait ni électricité, ni chaises et partout des carreaux cassés.


En outre, des fonds d’affectation ont été ouverts par les Nations Unies pour recueillir les contributions volontaires dans le cadre de certaines missions.  Or, 13% de ces fonds doivent être reversés aux Nations Unies au titre de « dépenses d’appui spécial », sans que personne n’ait été capable de m’expliquer pourquoi une telle taxe était prélevée sur ces fonds, s’est étonné M. Brahimi.  Une étude d’Oxfam a révélé que 40% des fonds offerts par les donateurs quittent le sol afghan, partant notamment dans le financement d’experts.  Rebâtir les hôpitaux et les écoles, voilà des besoins qui ont dû attendre, a-t-il fait observer.  Les activités de consolidation de la paix sont au cœur du mandat des opérations les plus complexes.  Comment se fait-il qu’elles ne disposent pas des moyens pour soutenir ces aspects de leurs mandats? s’est interrogé M. Brahimi.


La communauté internationale, a fait remarquer M. Brahimi, présume que chaque pays dans lequel l’ONU se rend ne dispose pas de capacités de relèvement propres.  Pourtant, en Afghanistan, nous avons rencontré des milliers d’Afghans compétents qui auraient pu être mis au service de la reconstruction de leur pays, sans compter la diaspora afghane, qui compte cinq millions de personnes au-delà des frontières communes avec le Pakistan et l’Iran, prête à y apporter sa contribution.  M. Brahimi a rappelé que la priorité est l’établissement de l’état de droit et que dans nombre de pays, les capacités existent et ne demandent qu’à être mobilisées.  « J’ai l’impression que l’une des principales recommandations contenues dans mon rapport sur la consolidation de la paix, publié en 2000, n’a pas toujours pas été prise en compte, à savoir la nécessité d’affecter aux missions les moyens financiers, matériels et humains de réaliser leurs objectifs.


Les mandats des missions doivent se fonder sur les besoins concrets et non pas perçus, a poursuivi le Représentant spécial, qui a expliqué qu’il faut prendre le temps d’évaluer la situation sur le terrain.  Cela veut dire que les nouvelles missions nouvellement mandatées doivent aussi profiter de l’expertise dont disposent les entités des Nations Unies déjà en place depuis des années dans le pays.  M. Brahimi a rappelé que l’ONU doit jouer un rôle de facilitateur afin d’unir les différents acteurs de terrain.  Il s’est félicité de la publication d’un rapport du Secrétaire général sur la consolidation de l’état de droit.  Il faut, a-t-il souligné, aider les parties prenantes nationales à développer leurs propres programmes, leurs propres politiques, leurs propres priorités.  Tant que celles-ci ne verront pas l’intérêt de soutenir l’état de droit, l’assistance technique fournie par les Nations Unies sera inutile, a-t-il insisté avant de conclure.


M. GORDAN JANDROKOVIC, Ministre des affaires étrangères de la Croatie, a jugé essentiel que dans tout effort de consolidation de la paix, l’ensemble de la société jouisse des retombées des « dividendes de la paix » en termes de stabilité, de sécurité et d’amélioration de la vie quotidienne.  Il est également important d’impliquer le plus largement possible les ressources humaines locales qui, plus que tout autre acteur, peuvent fournir une perspective unique sur la situation du pays concerné.  Les efforts de consolidation de la paix devraient aussi viser à développer une capacité autonome des structures appelées à gouverner le pays, a ajouté le Ministre croate.  Une coopération effective entre la communauté internationale et ces structures nationales ne peut que renforcer la confiance de la population, a-t-il estimé.  Dans de nombreux cas, comme cela l’a été pour la Croatie, les acteurs extérieurs ne semblent pas capables de comprendre les besoins réels de la population ou de coopérer efficacement entre eux ou avec les personnes concernées.  Bien souvent, les efforts qu’ils déploient n’ont pour but réel que d’assurer leur maintien sur le terrain et à préserver leurs programmes et leurs objectifs. 


Se félicitant, en conséquence, de la création de la Commission de consolidation de la paix, le Ministre a estimé que ce qui importe désormais, c’est de s’assurer que les agences des Nations Unies coordonnent leurs efforts pour éviter les doubles emplois.  Il a appuyé l’idée de nommer des coordonnateurs résidents pour diriger les efforts de l’ONU dans les domaines du développement, de l’assistance humanitaire et de l’environnement, en souhaitant que les efforts de consolidation de la paix s’inspirent du même schéma.  M. Jandrokovic a aussi jugé utile, pour accélérer le déploiement d’une opération de consolidation de la paix, de disposer d’unités de personnels civils en attente.  La Croatie, a-t-il dit, est prête à mettre à la disposition de l’ONU des experts civils qui ont appris beaucoup pendant et après le conflit qui a secoué leur pays.  Tous les efforts seront vains, a conclu le Ministre, si nous ne disposons pas de ressources adéquates. 


M. MOSIUOA LEKOTA, Ministre de la défense de l’Afrique du Sud, a estimé que le débat d’aujourd’hui devrait être considéré comme une nouvelle occasion de soutenir et d’améliorer les mécanismes existants de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, de revitaliser les efforts de consolidation de la paix dans les pays émergeant de conflits.  Il a mis ainsi l’accent sur l’importance du renforcement de la Commission de consolidation de la paix.  Les priorités d’un environnement postconflit devraient être centrées autour des quatre piliers fondamentaux de la reconstruction postconflit, à savoir la sécurité, le bien-être social et économique, la justice et la réconciliation, ainsi que la bonne gouvernance et la participation.  Plus important encore, a-t-il estimé, est d’assurer une appropriation nationale et locale concernant l’identification, le développement et les recommandations des priorités et stratégies nationales.


Le Ministre a également jugé que la question du déploiement d’experts civils devait être examinée avec attention.  L’expérience de l’Afrique du Sud dans des missions de paix en Afrique, comme au Burundi, montre, a-t-il dit, qu’une expertise civile est parfois inestimable.  En principe, a-t-il ajouté, l’Afrique doit appuyer le concept de missions de paix intégrées, dans les limites des différents mandats.  Il a souhaité que des discussions se poursuivraient sur les moyens d’appliquer ce concept, y compris sur le rôle des Nations Unies, des organisations régionales et des États Membres.  Par ailleurs, le Ministre a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les relations, la coopération et la coordination entre les acteurs pertinents de la consolidation de la paix.  D’un côté, a-t-il expliqué, cette coopération doit être réalisée au sein même du système des Nations Unies, à savoir la Commission de consolidation de la paix, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social.  De l’autre, la coopération devrait être également renforcée entre l’architecture de paix des Nations Unies, en particulier la Commission de consolidation de la paix, avec les organisations régionales et sous-régionales pertinentes.


M. OLIVIER CHASTEL, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Belgique, a estimé que l’Assemblée générale, la Commission de consolidation de la paix et d’autres instances des Nations Unies pouvaient contribuer à nourrir la réflexion sur la consolidation de la paix après les conflits.  Il a également souligné que de nombreux pays n’étaient pas en mesure de détacher des experts civils de manière rapide et flexible, soit en raison d’obstacles administratifs, soit parce que les experts n’étaient tout simplement pas disponibles.  Il a ainsi proposé la mise sur pied d’une réserve d’experts internationaux pour un déploiement immédiat, en concertation avec les organisations régionales.  Il s’est dit favorable à ce que le Secrétaire général examine cette question et formule des propositions. 


De même, le Secrétaire d’État a mis l’accent sur la nécessité d’envisager des possibilités de mobiliser rapidement des moyens financiers permettant d’appuyer les autorités nationales dans la réalisation de projets socioéconomiques à impact rapide.  Il faudrait, selon lui, examiner les moyens et instruments financiers qui sont le plus rapidement possible mobilisables au bénéfice d’un pays en situation postconflit et la manière de les rendre opérationnels de façon coordonnée.  En outre, l’engagement politique des dirigeants du pays concerné doit se traduire par une coopération opérationnelle et efficace avec la communauté internationale, a-t-il dit.  Le Secrétaire d’État belge a souligné la nécessité d’envisager des partenariats avec les autorités nationales afin d’identifier rapidement les besoins et y apporter ensemble une réponse adéquate.  Il faut aussi une meilleure coordination au sein de la communauté internationale, de même que davantage d’anticipation dès la planification d’une éventuelle intervention sur le terrain, a-t-il ajouté.  Ainsi, pour la Belgique, le Conseil de sécurité devrait dès le départ mieux intégrer la construction de ce partenariat et le lancement de la consolidation de la paix dans ces mandats quand il s’agit de superviser et d’accompagner la mise en œuvre d’accords de paix.


M. IMRON COTAN, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères de l’Indonésie, a indiqué que son pays attachait une grande importance au concept de leadership et d’appropriation nationale des programmes par les pays concernés.  Ceux-ci doivent être impliqués activement dans chaque étape du processus de la consolidation de la paix en période postconflit, y compris dans l’établissement de l’ordre du jour, a-t-il dit.  Ce processus doit être guidé par une hiérarchie de priorités établies en réponse aux besoins spécifiques et aux dynamiques politiques qui sont en jeu dans le contexte donné des pays concernés, a ajouté M. Imron Cotan.  Établir une telle hiérarchie exige, a-t-il estimé, le développement d’une stratégie politique d’ensemble que les autorités nationales doivent mener.  Il a également mis l’accent sur la question du financement de la consolidation de la paix postconflit.  Le triangle de mobilisation de ressources constitué par l’aide publique au développement, le commerce, et les investissements, est essentiel à cet égard, a-t-il dit.  Les fonds d'affectation spéciale multidonateurs, aussi utiles soient-ils, ne peuvent servir de base à une activité socioéconomique normale, laquelle requiert des voies de financement indépendantes, a estimé M. Cotan.  Les pièges qui constituent les dettes et les politiques fiscales trop strictes imposées par les institutions internationales devraient être évités, a-t-il estimé.  Il conviendrait plutôt d’entreprendre des efforts supplémentaires pour engager des ressources non gouvernementales et le secteur privé, a préconisé le Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères indonésien.  Enfin, il a souligné le rôle central de la Commission de consolidation de la paix et jugé qu’il était essentiel de développer et de faire usage d’une synergie entre celle-ci, l’Assemblée générale, y compris la Cinquième Commission, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix et le Conseil économique et social.


Mme RAMA YADE, Secrétaire d’État auprès du Ministère des affaires étrangères chargée des affaires étrangères et des droits de l’homme de la France, a souligné la nécessité de renforcer les capacités internationales de l’ONU pour agir à chaque étape d’une crise, depuis la menace de conflit jusqu’à la reconstruction en passant par le maintien de la paix et la stabilisation.  Il faut d’abord, a-t-elle dit, renforcer la cohérence des interventions de la communauté internationale en phase postconflit, en intégrant leurs différentes dimensions politique, sécuritaire, humanitaire et de développement. 


En l’occurrence, Mme Yade a vu dans la Commission de la consolidation de la paix un premier effort de mise en cohérence de l’action de la communauté internationale.  Une amélioration des méthodes de travail de la Commission est souhaitable, a-t-elle estimé.  Nous devons également, a poursuivi la Secrétaire d’État, renforcer notre action dans certains des aspects essentiels de la stabilisation.  Parmi les enjeux cruciaux que sont la promotion d’un État de droit, la mise en place d’une justice efficace et indépendante, ou le développement d’une bonne gouvernance, la réforme des secteurs de sécurité constitue une étape indispensable souvent cruciale. 


Mme Yade a également souligné l’importance de la lutte contre l’impunité qui est la condition première d’une authentique réconciliation sans laquelle aucune paix durable et aucun développement ne sont possibles.  La Secrétaire d’État a ensuite dit son attachement à la promotion et à la garantie du respect des droits de l’homme dans les sociétés sortant de crise.  Il ne peut y avoir de paix ni de sécurité ni de développement, si les droits civils et politiques mais aussi les droits économiques sociaux et culturels sont bafoués.  C’est dans ce cadre, a-t-elle expliqué, que la France a décidé de créer un forum de suivi des engagements de Paris qui contribuera à faciliter le financement des programmes de réinsertion sociale des ex-enfants soldats.  Enfin, a-t-elle souligné, la France entend appuyer l’action des Nations Unies en matière de stabilisation postconflit en mobilisant les capacités de l’Union européenne.


D’une manière générale, a indiqué Mme Yade, la France soutient le développement des capacités des organisations régionales, notamment de l’Union africaine, sur les questions de sécurité.  La Secrétaire d’Etat a insisté sur le développement de la coopération entre l’Union européenne et les Nations Unies sur tous ces aspects.  L’Union européenne dispose d’une large palette d’instruments et d’une expérience opérationnelle qui peuvent être mises à la disposition des Nations Unies.  Les instruments financiers communautaires viennent en appui de cet engagement de l’Union européenne, a-t-elle ajouté, en promettant que le développement du partenariat entre les Nations Unies et l’Union européenne sur les questions de sécurité sera une priorité de la présidence française de l’Union.


M. PAUL ROBERT TIENDRÉBÉOGO (Burkina Faso) a reconnu le rôle primordial que joue la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Mais le chemin qui reste à parcourir par cette Commission reste encore long et difficile, a-t-il estimé, même si des résultats partiels ont déjà été obtenus au Burundi, en Sierra Leone et bientôt en Guinée-Bissau.  La CCP doit redoubler d’efforts dans la mobilisation des partenaires et faire en sorte que ses actes soient en adéquation avec les priorités du Fonds de consolidation de la paix.  M. Tiendrébéogo a souligné qu’en tant qu’organe de financement, le Fonds est mieux outillé pour concevoir ou évaluer les projets qui lui sont proposés.  Plus politique, le rôle de la CCP doit consister à coordonner les efforts de toutes les parties prenantes, à maintenir le dialogue constructif avec tous les acteurs nationaux, à promouvoir en toute circonstance l’appropriation nationale du processus, et à faire des recommandations, a préconisé le représentant burkinabè.  M. Tiendrébéogo a aussi salué le rôle des missions intégrées des Nations Unies qui apportent une contribution notable en matière de maintien et de consolidation de la paix au cours de la période immédiate d’après-conflit.  Il a suggéré que la question du déploiement d’effectifs pluridisciplinaires d’experts civils soit mieux considérée.  Le représentant a souhaité que les efforts des institutions financières internationales se conjuguent avec ceux des institutions sous-régionales et régionales, notant la part très active que joue la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la reconstruction de la Guinée-Bissau et de la Sierra Leone.  Il a également appelé l’ONU à travailler étroitement avec les institutions sous-régionales.  Enfin, il a souligné l’importance de renforcer l’état de droit, de réformer l’administration et de relancer les activités économiques dans les pays sortant de conflits.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que l’aide à la reconstruction postconflit posait de nombreuses difficultés du point de vue de la coordination des actions menées par les différents acteurs engagés.  Il a affirmé que toute aide que pourraient fournir les Nations Unies et les autres donateurs doit se fonder sur le respect des accords nationaux et de la souveraineté des pays concernés.  Les programmes à mettre en œuvre devraient pour leur part être définis en consultation avec les pays récipiendaires, a indiqué M. Churkin.  En ce qui la concerne, la Commission de consolidation de la paix (CCP) a un rôle important à jouer dans la coordination des efforts de relèvement, mais elle ne peut être la seule instance à définir les priorités.  Son mandat doit se concentrer au contraire sur les domaines exigeant une attention soutenue de la part de la communauté internationale, a estimé le représentant russe.  Elle doit notamment donner la priorité à la mobilisation des ressources en provenance des différents donateurs, en créant des fonds d’affectation spéciale et des mécanismes financiers opérationnels.  Le représentant s’est en conclusion félicité des premières mesures prises par le Bureau de l’état de droit et du renforcement des institutions du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), en souhaitant que la question du renforcement de l’expertise civile dans les mandats octroyés aux opérations de la paix soit dûment examinée dans un proche avenir.


M. SAÚL WEISLEDER (Costa Rica) a souligné que la paix dépend de la qualité de la réponse apportée aux besoins socioéconomiques de base.  Tout effort de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il précisé, doit être conjugué aux efforts de consolidation de la paix.  Toute opération de maintien de la paix doit être conçue comme un effort intégré.  Il faut développer le potentiel de la jeune architecture de la consolidation de la paix dont les États Membres ont doté l’ONU, a insisté le représentant.  Avant chaque renouvellement de mandat, le Conseil devrait demander à la Commission de consolidation de la paix de faire des recommandations.


Mais, a prévenu le représentant, aucune des recommandations de la Commission ne peut être mise en œuvre sans les ressources nécessaires.  L’Assemblée générale doit donc prendre les mesures pour assurer l’approvisionnement du Fonds de consolidation de la paix, a dit le représentant en jugeant inutile de créer un autre instrument.  Il a en revanche appelé au renforcement des liens entre le Bureau de la consolidation de la paix et le Département des opérations de maintien de la paix pour éviter les doubles emplois.  Il faut aussi trouver un équilibre entre l’autorité et l’équilibre et l’autorité et la responsabilité, en jugeant qu’il faut faire preuve d’une grande attention lorsque l’on choisit les représentants spéciaux du Secrétaire général.


La composante civile des opérations de maintien de la paix et de consolidation de la paix doit être renforcée, a-t-il préconisé.  Il faut accorder la priorité au renforcement des capacités civiles de déploiement rapide.  Le représentant s’est félicité des initiatives du Royaume-Uni visant à la création d’une force civile de réserve.  Il a espéré que le rapport qui sera demandé au Secrétaire général comprendra un inventaire des capacités existantes dans les États Membres.  En conclusion, le représentant a estimé que le Conseil doit revoir la façon dont il examine les contributions faites par les États Membres pendant ses débats.  Ses déclarations présidentielles pourraient être plus riches s’il trouvait les moyens d’y incorporer les préoccupations exprimées par les États Membres au nom desquels il agit, a souligné le représentant.


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a noté que les expériences du passé, dans des pays comme l’Angola, le Mozambique, la Sierra Leone, le Burundi et le Timor-Leste, démontrent que les processus à long terme de consolidation de la paix peuvent aider à relever les défis en matière politique, de sécurité, socioéconomique, humanitaire et de développement, dans un environnement postconflit.  Beaucoup d’exemples montrent que, même quand des accords sont signés, les pays peuvent replonger dans le conflit ou la violence civile.  Le représentant a aussi relevé que la complexité croissante des conflits a mis en lumière les limites de l’efficacité de la consolidation de la paix après un conflit.  Il a mis l’accent sur la dimension multisectorielle de cette démarche, qui doit être associée à la prévention et à la résolution des conflits, à la diplomatie préventive et aux opérations de maintien de la paix.


M. Chi Trung a estimé qu’au stade actuel, la communauté internationale devrait élaborer une stratégie de consolidation de la paix plus efficace et complète.  Cette stratégie devrait commencer dès la cessation des hostilités et comprendre plusieurs phases de développement.  Elle devrait se concentrer sur le soutien aux efforts nationaux de renforcement des capacités et pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants.  De l’avis de sa délégation, les Nations Unies doivent jouer un rôle de chef de file dans la coordination et la collaboration des gouvernements locaux, des institutions spécialisées, des institutions financières, des pays fournisseurs de contingent et des pays donateurs.  Il a, à cet égard, réitéré son soutien à la Commission de consolidation de la paix qui est, a-t-il estimé, le mécanisme approprié pour discuter de cette question sous tous ses aspects.  Enfin, le représentant a souhaité un renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans le domaine de la prévention et du règlement des conflits, du maintien et de la consolidation de la paix.


M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a déclaré qu’il fallait s’interroger sur les moyens de maintenir durablement la paix dans les pays sortant de conflits.  Le Conseil de sécurité est partie prenante des efforts déployés pour réaliser un tel objectif, a-t-il rappelé.  Le représentant panaméen a ensuite regretté que la résolution portant création de la CCP n’ait pas vraiment défini le moment à partir duquel la Commission devait prendre le relais du Conseil et jouer pleinement son rôle.  Il a ensuite invité le Conseil de sécurité, lorsqu’il déploiera des missions dans l’avenir, à élaborer des mandats plus clairs en prenant en compte toutes les composantes du rétablissement de la paix.  Notre objectif doit être d’accompagner les pays émergeant d’un conflit tout au long du processus de rétablissement de l’état de droit, a rappelé le représentant, qui a précisé que c’est au pays même de diriger ces processus avec la participation des organisations régionales et sous-régionales.  Il faut un véritable leadership sur le terrain, et de ce point de vue le rôle des représentants spéciaux doivent être renforcé, a-t-il conclu.


M. WANG GUANGYA (Chine) a estimé que la consolidation de la paix constituait un défi commun auquel était confrontée toute l’humanité.  C’est aussi une question que les Nations Unies et la communauté internationale devraient régler de manière urgente, a dit le représentant.  Selon lui, la communauté internationale devrait accorder une grande importance à cette question et l’examiner à partir d’une perspective stratégique globale.  Le représentant a affirmé que le pays concerné devait tout d’abord assumer la responsabilité principale de sa consolidation de la paix.  Sans la participation active du gouvernement concerné et un soutien enthousiaste de la population locale, une paix durable est difficile à imaginer, a-t-il dit.  Ensuite, il revient à la communauté internationale d’assumer l’importante mission d’aider les pays concernés à réaliser la consolidation de la paix, a dit M. Wang Guangya.  La consolidation de la paix exige que les pays concernés, le système des Nations Unies, les États Membres, les organisations régionales et la société civile fassent des efforts concertés, et de manière intégrée, pour régler les problèmes dans des domaines tels que ceux de la sécurité, du développement humain, du développement, des droits de l’homme et de l’état de droit.  Selon lui, la réserve d’experts civils envisagée devrait disposer d’une expertise dans les secteurs de la sécurité, de l’état de droit, des droits de l’homme et du développement.  Si les conditions le permettent, elle devrait pouvoir aider les pays concernés à créer une expertise locale.  Enfin, le continent africain devrait être une zone d’attention prioritaire en matière de consolidation de la paix, a préconisé le représentant de la Chine.  Sans la stabilité et le développement de l’Afrique, il ne saurait y avoir de paix et de prospérité mondiales, a-t-il assuré.  La communauté internationale devrait continuer à accroître sa participation à la cause de la consolidation de la paix, a-t-il recommandé.


M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a appelé à la sagesse opérationnelle et politique lorsqu’on prend des décisions en matière de consolidation de la paix.  Nous n’avons toujours pas compris, a-t-il reconnu, les mises en garde lancées par des spécialistes comme M. Lakhdar Brahimi.  Le représentant a donc appuyé la création d’une capacité civile en attente qui, de l’avis de sa délégation, devrait comprendre une forte composante « état de droit ».  Une telle capacité en attente pourrait s’inspirer de la capacité de police en attente qui, a ajouté le représentant, pourrait d’ailleurs profiter d’une augmentation des effectifs.  En toute chose, a-t-il insisté, ce sont les autorités locales qui doivent être au cœur de tous les efforts.  Le représentant a aussi jugé utile de renforcer la composante civile des missions de maintien de la paix.  Il faut mettre à jour et renforcer la formation professionnelle de ces civils, a dit le représentant, en appuyant le rôle central de l’ONU en la matière. 


L’objectif ultime doit être de parvenir à une plus grande coordination entre l’ONU et les autres parties prenantes comme les donateurs, les organisations régionales, le secteur privé et la société civile.  Un bon départ serait de lancer une base de données et créer un réseau entre les organisations qui sont déjà présentes sur le terrain ou dans la région.  Il est fondamental que les populations tirent très rapidement les dividendes de la paix.  Or, dans de nombreux cas, a regretté le représentant, il faut au moins une année entre la fin des hostilités et les premiers décaissements et interventions.  C’est beaucoup trop long, s’est-il énervé, avant d’appeler à des mécanismes financiers plus souples.  Plutôt que de mettre en place de nouveaux mécanismes « forcément plus complexes », le représentant a préconisé le renforcement du Fonds de consolidation de la paix. 


M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé qu’à l’occasion du Sommet mondial de 2005, les dirigeants du monde avaient reconnu que paix et développement se renforçaient mutuellement.  Le maintien de la paix au lendemain d’un conflit consiste avant tout à ne pas retirer les Casques bleus là où ils ont été déployés tant qu’on n’est pas pleinement assuré que la paix est bien revenue, a recommandé le représentant.  Le maintien de la paix doit s’inscrire dans le cadre d’une approche globale et intégrée visant au rétablissement de l’état de droit, à l’éradication de la pauvreté et au respect des droits de l’homme.  Les processus de consolidation de la paix doivent en outre compter avec les efforts de tous les acteurs locaux, a poursuivi le représentant.  Selon lui, les organisations régionales peuvent aussi jouer un rôle important en soutenant les efforts des gouvernements concernés dans la restauration de la confiance de la population envers ses institutions.  Il a également insisté sur le rôle que peuvent jouer les États voisins dans la stabilisation nationale d’un pays sortant de crise, ce rôle étant particulièrement pertinent en Afrique.  Enfin, a conclu le représentant, les fonds suffisants doivent être débloqués en faveur de la reconstruction, non seulement par les donateurs bilatéraux, mais aussi par le Fonds de consolidation de la paix.  À cette fin, la mise en place des mécanismes de coordination des actions des donateurs est indispensable, a-t-il ajouté, soulignant le rôle de la CCP à cet égard.


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a, en matière de consolidation de la paix, souligné le rôle crucial des représentants spéciaux du Secrétaire général, en appuyant, en conséquence, le travail en cours pour assurer une intégration adéquate des missions de l’ONU.  Les représentants spéciaux auront besoin d’une formation et d’un appui des États Membres à leurs efforts d’intégration et de coordination, a-t-il dit.  Le leadership des Nations Unies sur le terrain devrait tirer parti de la capacité de la Commission de consolidation de la paix de réunir toutes les parties prenantes et de promouvoir une vision stratégique intégrée face aux menaces d’instabilité. 


Le représentant a ensuite lancé un appel aux États Membres pour qu’ils renforcent la capacité de déploiement du personnel civil.  Il faut aussi trouver les moyens de former rapidement le personnel local et de renforcer les institutions nationales dans les pays dans lesquels l’ONU intervient.  Enfin, le représentant a exprimé la disposition de son pays à rationaliser et à améliorer les mécanismes de financement, y compris le Fonds de consolidation de la paix.  En la matière, a-t-il dit, il faut tirer parti de l’abondance des ressources au premier stade des interventions pour mettre en place des initiatives qui à long terme resteront viables avec un moindre niveau d’assistance internationale. 


Dans tout effort postconflit, a poursuivi le représentant, il faut un pacte entre les dirigeants locaux et la communauté internationale sur une articulation claire des buts et des délais.  La communauté internationale, a-t-il encore dit, peut faire mieux dans la création d’institutions sécuritaires propres à gagner la confiance de toutes les communautés et de toutes les factions, et dans la mise en œuvre de programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) qui comprennent des mesures robustes de réintégration des anciens combattants. 


Les efforts de consolidation de la paix doivent viser, a souhaité le représentant, le renforcement des institutions locales et donner la priorité à la capacité de gestion des finances publiques.  Le représentant a aussi voulu que les efforts portent sur l’élimination des obstacles à l’émergence d’un secteur privé dynamique et la mise au point d’un mécanisme de coordination entre les acteurs internationaux et nationaux.  Il a appelé enfin à des efforts au niveau régional pour empêcher que les protagonistes ne continuent à s’approvisionner en armes.  La communauté internationale doit rester engagée aussi longtemps que nécessaire et, ce faisant, encourager les initiatives prises par les pouvoirs locaux dans le sens de l’autosuffisance.


M. DAVID MILIBAND, Secrétaire au Foreign Office (Ministre des affaires étrangères) et au Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré que s’il y avait eu, depuis la fin de la guerre froide, un déclin appréciable de 40% du nombre de conflits armés, 30% de ces conflits reprenaient cependant dans les cinq ans qui suivent l’adoption d’un accord de paix.  Ce défi engage donc les Nations Unies, au-delà de la paix, à aider les pays à renforcer l’état de droit et la bonne gouvernance démocratique, à fournir des services de base à leur population, et à entamer leur développement économique dans les meilleurs délais.  Un effort conjoint de la part de l’ONU, et des organisations internationales et régionales est indispensable à cet égard, a souligné M. Miliband.


David Miliband a ensuite attiré l’attention du Conseil de sécurité sur trois priorités identifiées par le Gouvernement du Royaume-Uni.  Tout d’abord l’importance d’une direction plus efficace: la communauté internationale doit réunir dans une même stratégie ses efforts en matière politique, sécuritaire et de développement pour épauler les autorités nationales, qui sont souvent nouvellement élues dans le pays sortant d’un conflit.  Le Royaume-Uni travaille par exemple en ce sens dans la province d’Helmand, située dans le sud de l’Afghanistan, a dit M. Miliband.  Nous y avons établi une mission intégrée civile et militaire à l’appui des efforts de reconstruction et de réconciliation, a expliqué le Secrétaire au Foreign Office.  Le second défi à relever est de rendre d’avantage disponible l’expertise civile pour aider à la stabilisation et à la reconstruction des États émergeant de conflits: ingénieurs, agents des douanes, juges, policiers ou procureurs doivent être déployés dans les semaines qui suivent la fin d’un conflit, a préconisé David Miliband.  Le troisième défi, a-t-il poursuivi, est de financer de manière appropriée la stabilisation et le relèvement des zones affectées par le conflit, a relevé le Secrétaire au Foreign Office.  La communauté internationale doit se montrer plus rapide à cet égard.  Une des options possibles serait d’établir un Fonds de relèvement des Nations Unies, auquel les donateurs seraient invités à contribuer par avance, de manière à ce que des ressources financières soient disponibles dès la fin des conflits.  Ceci se fait déjà sur le plan humanitaire, avec le Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires.


M. Miliband s’est par ailleurs félicité de l’attitude des autorités chinoises vis-à-vis de l’assistance offerte par la communauté internationale au lendemain du tremblement de terre qui a frappé la province du Sichuan.  Il a en revanche regretté de ne pas pouvoir en dire autant de la situation en « Birmanie » après le passage du cyclone Nargis.


M. NIKOLA SPIRIC, Président du Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine, a rappelé que son pays a connu un conflit tragique entre 1992 et 1995 dont l’issue a été négociée sous les auspices de la communauté internationale et a abouti aux Accords de paix de Dayton.  Ces Accords ont consacré l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, avec deux Entités distinctes, la Fédération de la Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie.  Le pays a pu surmonter de nombreux obstacles grâce au soutien de la communauté internationale depuis 1995, a assuré le représentant.  Dans le cadre de la réforme de la défense, la Bosnie-Herzégovine a pu devenir un membre actif dans les opérations de maintien de la paix en Iraq et en Afghanistan.  Nous sommes déterminés à travailler en vue de notre adhésion à l’OTAN, a ajouté M. Spiric.  Il a aussi énuméré les progrès accomplis par son pays dans les domaines de la fiscalité et de la justice, et a précisé que les procès pour crimes de guerre avaient commencé.  D’autres secteurs ont pu être améliorés, comme l’éducation et l’administration publique, a-t-il aussi indiqué.  Du côté de l’économie, le représentant a signalé des progrès importants, mais pas encore suffisants.  Ainsi, la croissance du PNB est passée de 6,1% en 2007 à 6,5% en 2008.


M. Spiric s’est ensuite félicité de la place que prend la Bosnie-Herzégovine au sein de la communauté internationale, mentionnant qu’elle est devenue membre du Conseil de l’Europe, du Partenariat pour la paix, et du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.  Le pays participe à six opérations de maintien de la paix des Nations Unies, dont trois opérations militaires et trois missions de police.  Le Président du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine a salué l’engagement de la communauté internationale dans les efforts de consolidation de la paix après le conflit que son pays a subi.  Il a cependant regretté que le modèle mis en place pour régenter de façon indirecte la Bosnie-Herzégovine, par le Haut Représentant, en vertu des pouvoirs accordés par la Conférence de Bonn, ait causé un certain nombre  de désaccords.  Aujourd’hui, selon lui, il faut reconsidérer le bien-fondé de ces pouvoirs, dont certains sont contraires à la Déclaration universelle des droits de l’homme ou sont en contradiction avec la feuille de route de Bruxelles.  Il est temps de trouver une nouvelle formule afin d’assurer la réussite de la nouvelle Bosnie-Herzégovine, a-t-il estimé.  M. Spiric a noté que, comme conséquence du système mis en place, les représentants locaux ont tendance à se décharger des questions difficiles pour les laisser à la communauté internationale, ce qui n’est pas normal.  Nous devons prendre la responsabilité de notre avenir, en développant en premier lieu la confiance, a-t-il conclu.


M. MIGUEL ANGEL MORATINOS, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a estimé que les efforts de consolidation de la paix devraient commencer par la mise au point de mécanismes visant à alléger la souffrance des populations.  La force motrice de telles initiatives devrait être reflétée dans les mandats des missions ainsi que dans les stratégies de communication qui aident la population à comprendre l’action internationale.  La gestion des situations postconflit, a poursuivi le représentant, doit avoir en son cœur l’élimination des causes originelles des combats pour éviter leur reprise.  Le concept de mission de la paix est un concept dynamique, a-t-il dit, et de plus en plus complexe.  Des termes tels qu’hybride, multidimensionnel, imposition de la paix, maintien et consolidation de la paix sont invoqués sans que l’on soit capable de répondre de manière adéquate aux défis qui y sont associés, dont celui de la mise à disposition d’un personnel civil qualifié. 


Le représentant a donc appelé l’ONU à créer une unité de recherche et de formation d’experts civils.  Se félicitant du travail de la Commission de consolidation de la paix, il a annoncé l’adoption prochaine par son pays d’une stratégie de coopération en matière de consolidation de la paix qui se fonde sur les enseignements tirés en Amérique centrale, dans les Balkans et en Afrique australe où l’Espagne a participé à des processus de négociations et de mise en œuvre d’accords de paix.  Le représentant a conclu en soulignant que l’appropriation nationale des processus de reconstruction exige l’implication de la société civile et des autorités locales qui pourront ainsi améliorer leurs compétences.  


M. MAXIME VERHAGEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a affirmé que la paix était bien plus que l’absence de la guerre.  Elle recouvre aussi la liberté d’expression et de culte, la possibilité d’élever décemment une famille ou encore le respect de l’état de droit et des droits de l’homme.  Il a ensuite rappelé que la responsabilité de consolider la paix et de stimuler le développement durable au lendemain des conflits incombait en premier lieu aux autorités nationales.  À cet égard, le principe de la responsabilité de protéger, qui a été accepté par tous lors du Sommet mondial de 2005, est essentiel.  Aux termes de ce principe, chaque État a le devoir de protéger ses populations.  Nul ne doit percevoir la responsabilité de protéger comme une tentative d’ingérence ou comme une atteinte à la souveraineté nationale.  La responsabilité de protéger doit plutôt être comprise, par un État, comme une manière d’exercer de manière une « souveraineté responsable », a dit le Ministre.  Elle inclut donc la protection de ses populations contre toutes sortes de dangers, y compris les catastrophes qui ne sont pas créées par l’être humain, a-t-il souligné.  Les souffrances causées par une réponse inadéquate de l’État aux besoins de ses populations soumises au danger, doivent être considérées comme un crime contre l’humanité commis par cet État contre ses propres citoyens, a déclaré M. Verhagen.  Si un État ne peut donc assumer ces responsabilités, il est du devoir de la communauté internationale d’intervenir après qu’une décision ait été prise par le Conseil de sécurité.  Les Pays-Bas soutiennent à cet égard  les initiatives prises par le Secrétaire général et les pays de l’ANASE pour venir en aide au « peuple birman », a dit M. Verhagen.


Estimant que la CCP avait un rôle à jouer dans la mobilisation des soutiens à la paix, avant même la fin des conflits, M. Verhagen a indiqué que cela n’excluait pas une participation active du Programme des Nations Unies pour le développement dans la direction des efforts à mener lors de la phase de relèvement et ce, afin de permettre aux Gouvernements de fournir des services de base et de réparer le tissu social des pays émergeant de conflits.  La coordination entre ces différents acteurs est donc nécessaire tout comme il est important de renforcer le rôle des Représentants spéciaux, a estimé le Ministre néerlandais.  Cela est tout particulièrement pertinent pour l’Afghanistan, a souligné M. Verhagen.  Une coordination plus grande est également nécessaire au sein même des Nations Unies, l’action du Conseil de sécurité, de la Commission de consolidation de la paix et du PNUD devant être répercutée par un seul bureau dans le pays concerné.  En termes de capacités, le défi est de créer des moyens plus efficaces pour disposer d’expertise en permanence.  En outre, le besoin de financement flexible est permanent, a-t-il poursuivi, expliquant que l’établissement d’un Fonds central serait utile pour couvrir les besoins qui se manifestent entre la phase d’assistance humanitaire et celle de développement.


M. YUKIO TAKASU (Japon), Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a déclaré que l’expérience acquise par la CCP a confirmé le caractère essentiel de l’appropriation nationale, qui doit être soutenu par les parties prenantes nationales.  À cet égard, il a souligné l’importance du leadership des Nations Unies sur le terrain, notamment à travers la personne des représentants spéciaux du Secrétaire général qui, en Sierra Leone et au Burundi, ont su faciliter la promotion du dialogue entre les parties prenantes et les partenaires internationaux.  Il est donc indispensable, a souligné M. Takasu, que le représentant spécial dispose des ressources et du mandat nécessaires pour qu’il puisse s’acquitter de son mandat.


En outre, l’appropriation nationale nécessite des capacités institutionnelles et humaines aux niveaux étatiques et locaux.  Mais, dans la plupart des pays, ces capacités sont limitées, et il est donc essentiel pour les partenaires internationaux de veiller au déploiement, dans les meilleurs délais, d’une expertise civile.  Par ailleurs, un financement rapide et flexible des opérations envisagées pour répondre aux besoins des activités postconflit continue d’être au centre des préoccupations à satisfaire, a poursuivi le Président de la CCP.  Le Fonds de consolidation de la paix a été conçu comme un catalyseur du financement afin de combler les lacunes existant dans les domaines critiques, de renforcer la stabilité et de constituer des ressources à usage sur le long terme.  Bien que l’objectif initial du Fonds de 250 millions de dollars ait été dépassé, il serait souhaitable, a estimé M. Takasu, d’obtenir un volume plus important de ressources face à des besoins de plus en plus nombreux.  Une coordination des donateurs bilatéraux et multilatéraux est nécessaire à cette fin, a-t-il ajouté, avant de suggérer de rechercher les moyens de mobiliser des ressources pour compléter celles offertes par le Fonds.  S’exprimant en conclusion en sa qualité de représentant du Japon, M. Takasu a fait part des activités menées par son pays en matière de consolidation de la paix, en particulier en Afrique.


M. MAGED ABDEL AZIZ (Égypte) a estimé que le débat que le Conseil tient aujourd’hui doit servir à donner un nouvel élan aux activités de la Commission de consolidation de la paix et non pas à assister à une course entre le Conseil et l’Assemblée générale pour la domination des activités de consolidation de la paix, au détriment de la crédibilité de la Commission.  Il a donc voulu que la déclaration présidentielle qui sera adoptée et lue donne à la Commission le mandat clair et explicite d’étudier les meilleurs moyens de traiter des questions concernant le leadership sur le terrain, le personnel civil et le financement rapide et souple.  Donnant déjà son point de vue, le représentant a estimé que la proposition de renforcer le rôle des représentants spéciaux du Secrétaire général dépend de l’inscription ou non d’un pays dans l’ordre du jour de la Commission.  Dans la première hypothèse, le Conseil est en droit de prendre les mesures qui s’imposent, mais il doit le faire dans le strict respect de la souveraineté de l’État concerné et du principe de l’appropriation nationale.  Dans la seconde hypothèse, c’est à la Commission d’évaluer le rôle du représentant spécial tout en respectant les tâches qui reviennent aux autres parties prenantes. 


S’agissant de la disponibilité du personnel civil, le représentant égyptien a prévenu qu’il sera difficile de déterminer l’expertise requise avant que la Commission n’identifie les priorités et les champs d’action et qu’elle ne parvienne à un accord avec les autorités de l’État concerné.  En outre, le recrutement d’un tel personnel risque de coûter cher, puisqu’il s’agira d’engager des experts pour des projets ponctuels.  Le représentant a donc dit craindre un poids supplémentaire pour le budget ordinaire de l’ONU.  Il a argué que le meilleur moyen d’assurer un financement rapide et souple consiste à se concentrer sur les problèmes que rencontrent les mécanismes de financement existants, et de les réformer si nécessaire, en particulier le Fonds de consolidation de la paix.  Le représentant a aussi jugé important que la Commission de consolidation de la paix participe au processus de prise de décisions sur l’affectation des ressources.  Il a aussi estimé que le moment est venu d’élever le plafond du Fonds de la consolidation de la paix jusqu’à une somme de 750 millions de dollars afin de pouvoir multiplier les projets.  Dans ce contexte, il a invité l’Assemblée générale à convoquer une réunion annuelle pour mobiliser les fonds comme le fait le Bureau de la coordination des affaires humanitaires pour son Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF).


Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a rappelé qu’il était nécessaire de mettre en place une approche intégrée capable de rétablir l’état de droit et de relancer et de ressusciter la croissance économique en période postconflit.  Favorable à une approche intégrée, la représentante a souligné que chômage et conflit se nourrissaient mutuellement.  Par ailleurs, a-t-elle indiqué, si les Nations Unies ont intégré la perspective sexospécifique à certaines opérations de maintien de la paix, il reste encore beaucoup à faire pour l’intégrer aux activités de consolidation de la paix.  En tant qu’important pays contributeur de troupes, le Bangladesh est très conscient de la nécessité de mettre en œuvre la résolution 1325 dans tous ses aspects.  L’appropriation nationale est très importante, a ensuite plaidé Mme Jahan.  Il nous faut nous rappeler que le processus d’appropriation nationale est un préalable à toute décision prise à la CCP.  Nous soulignons le rôle élargi du représentant du Secrétaire général, dont l’exécution ne devrait en aucun cas se faire au détriment de l’appropriation nationale, a insisté la représentante bangladaise.  Le rôle de la CCP est avant tout d’assurer la coordination des donateurs bilatéraux et internationaux dans la mobilisation des ressources et de l’expertise civile, a-t-elle estimé.  Notre expérience a prouvé que la participation de toutes les parties prenantes est indispensable à tous les stades de la consolidation de la paix, a conclu la représentante.


Mme SANJA STIGLIC (Slovénie), a déclaré au nom de l’Union européenne et des pays associés, que l’efficacité de la réponse à apporter aux défis de la consolidation de la paix résidait dans la capacité de la communauté internationale à suivre une stratégie commune d’une manière coordonnée et intégrée qui inclut sécurité et développement.  C’est l’approche qu’a choisie l’Union européenne, a expliqué la représentante.  Des mesures importantes ont été prises qui ont guidé l’action de l’Union européenne en Guinée Bissau par exemple, a indiqué M. Stiglic.  L’Union européenne souligne d’autre part l’impact des changements climatiques qui peuvent accroître de manière significative l’instabilité d’États fragiles, a rappelé la représentante slovène.  Elle attache également une importance particulière à la mise en œuvre de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité, qui reconnaît le rôle vital des  femmes dans la reconstruction après un conflit et dans la consolidation de la paix.  L’Union estime aussi que le respect de la primauté du droit est de la plus grande importance pour la prévention d’un conflit, la stabilisation d’environnements vulnérables et le développement à long terme. 


La représentante a détaillé les activités menées par l’Union européenne et a précisé que celle-ci avait mené diverses analyses de situations de conflits devant être intégrées dans des documents stratégiques.  L’Union européenne a aussi accru sa capacité civile et a amélioré sa capacité de réponse en cas d’urgence humanitaire.  L’Instrument de stabilité, par exemple, permet une action ciblée en cas de crise par le biais du déploiement d’experts civils et d’une aide technique. La coopération avec les Nations Unies et les organisations régionales est aussi de la plus grande importance.  Nous sommes en faveur d’un renforcement de la capacité des Nations Unies en matière de gestion des crises, en particulier dans le cadre du soutien aux efforts de l’Union africaine et des organisations sous-régionales africaines.


M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a souligné que l’établissement d’une paix durable dépend de la manière dont les causes originelles d’un conflit sont traitées.  Dans ce cadre, il est essentiel que l’aspect militaire du maintien de la paix soit conjugué à une capacité civile dans les domaines notamment des opérations de DDR, de la réforme du secteur de la sécurité, de la création de l’état de droit, de l’établissement de la justice et de la promotion de projets à impact rapide.  Les stratégies et les réponses doivent absolument s’adapter aux situations spécifiques prévalant sur le terrain.  Dans ce cadre, a poursuivi le représentant, il devient évident que la communauté internationale doit accumuler des capacités dans un large éventail de domaines.  Il faut pour ce faire que les pays améliorent l’échange d’informations et s’accordent sur les critères et les normes, notamment dans le domaine du recrutement et du développement de cette capacité civile.  Le représentant a salué les nouveaux principes directeurs du Département des opérations de maintien de la paix qui, a-t-il dit, reflètent bien le caractère multidimensionnel des nouvelles opérations.


Saluant aussi la Commission de consolidation de la paix, le représentant a ensuite souligné la nécessité de respecter, en toutes choses, le principe d’appropriation nationale qui exige le renforcement des capacités nationales.  Il faut aussi, a-t-il dit, encourager une approche de collaboration, ce qui exige une évaluation des moyens et des capacités des différents acteurs, dont les organisations régionales.  Le système des Nations Unies doit améliorer la cohérence de ses démarches et la rapidité de ses interventions, a dit le représentant.  Ce sont là les fondements d’un véritable rôle de chef de file sur le terrain, a-t-il estimé, avant de rappeler qu’en 2004, l’Allemagne avait adopté un plan d’action sur la prévention et le règlement des conflits et la reconstruction après les conflits.  Ce plan a abouti à la mise au point des trois instruments que sont la création d’une capacité de police, incluant la formation; la mise en place d’un centre du personnel civil prêt à être déployé sur le terrain et celle d’une agence fédérale de l’assistance technique. 


M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a signalé que bien souvent l’absence de coordination et l’inefficacité de l’aide constituaient des obstacles à la consolidation de la paix dans des pays ayant connu la guerre.  Au lendemain de la conclusion d’accords de paix, la communauté internationale réagit avec enthousiasme en accordant son soutien aux sociétés sortant d’un conflit, ceci avant même qu’un organe n’ait été chargé de canaliser cet élan., a-t-il regretté.  Cette absence de coordination, a ajouté le représentant, ne fait qu’accroître les risques de duplication et parfois vient même compliquer les efforts de consolidation de la paix à moyen et court terme.  Un bureau intégré disposant de l’autorité suffisante pour prendre en charge tous les aspects de la consolidation de la paix faciliterait une approcher intégrée, a estimé M. Muñoz.  C’est dans ce cadre que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle décisif.  En ses deux ans de fonctionnement, elle a montré les avantages de l’examen collectif des aspects sécuritaires ayant un lien avec le développement et la primauté du droit, a souligné le représentant du Chili.


Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a déclaré que le Gouvernement néo-zélandais favorisait une approche intégrée susceptible de contribuer au rétablissement de l’état de droit et au développement économique des pays sortant d’un conflit.  Elle a ensuite estimé que les Nations Unies pouvaient contribuer de manière significative à la constitution d’un corpus théorique et pratique sur la consolidation de la paix.  Dans ce contexte, la CCP peut jouer un rôle déterminant en essayant de dégager les meilleures pratiques, a dit Mme Banks.  La cohérence entre les interventions de la communauté internationale et les actions des acteurs non étatiques est vitale, a-t-elle estimé.  Un besoin de coordination et une division plus claire des tâches à accomplir est indispensable à cette fin, a-t-elle recommandé.  Dans le contexte plus large du déploiement de la capacité civile, la Nouvelle-Zélande soutient l’identification de conseillers au sein de la police et estime que c’est un effort crucial à mener.  Développer des capacités pour établir une police crédible et efficace est un élément déterminant de la transition postconflit, a insisté Mme Banks en conclusion.


M. LESLIE K. CHRISTIAN (Ghana) a estimé que l’engagement international et celui des autorités nationales sont les deux ingrédients essentiels au succès des efforts déployés en faveur de la consolidation de la paix.  Il faut aussi savoir, a-t-il ajouté, que bien souvent les ratés de la mise en œuvre des stratégies de consolidation de la paix sont imputables à des accords de paix négociés trop rapidement et perçus comme ayant été imposés aux parties.  Il faut également donner toute l’attention requise à l’établissement d’une relation appropriée entre la Commission de consolidation de la paix et les autres organes de l’ONU, d’une part, et entre la Commission et le Fonds de consolidation de la paix, d’autre part, a estimé M. Christian.  Le représentant ghanéen a, par ailleurs, estimé qu’en matière de relations avec les organisations régionales, la Commission a encore un certain nombre de choses à apprendre du Conseil de sécurité.  L’engagement régional doit se traduire sur le terrain par une meilleure implication des organisations pertinentes dans les stratégies de consolidation de la paix et dans les comités permanents qui traitent de la reconstruction postconflit, a recommandé M. Christian.  Commentant pour finir la question relative au déploiement d’un personnel civil qualifié, le représentant a préconisé comme solution la promotion du retour des membres de la diaspora du pays concerné.  


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a rappelé que déterminer les priorités nationales qui doivent être traitées par les parties prenantes et les partenaires internationaux, ainsi que par le système des Nations Unies, était un exercice très complexe.  Non seulement ces priorités sont importantes, mais de plus, la situation prévalant dans chaque pays est unique.  Les priorités doivent donc être avant tout fixées par le Gouvernement du pays d’accueil et se fonder sur des conditions préalables au rétablissement de l’état de droit et au développement durable.  De l’avis du Mexique, cimenter un tel développement au niveau national est un objectif capital qui, s’il est atteint, permettra au pays concerné d’assurer son autosuffisance.  Par ailleurs, a poursuivi M. Heller, il faut accorder une importance particulière à la réforme du secteur judiciaire et à la réintégration des forces armées démobilisées.  Pour toutes ces raisons, des mécanismes de coordination sont nécessaires à l’appui des activités de consolidation de la paix, tant au sein du système des Nations Unies que sur le terrain.  Le Mexique n’est pas membre de la CCP, mais il a souhaité apporter son expérience relative au trafic de stupéfiants et aux processus électoraux.  En 2007, a ajouté son représentant, le Mexique a apporté une contribution au Fonds de consolidation de la paix, témoignant ainsi de sa volonté d’appuyer les activités de l’ONU à cet égard.


M. PETER MAURER (Suisse) a estimé que le financement d’un relèvement rapide devrait faire l’objet d’une réflexion stratégique au niveau le plus élevé et qu’il devrait être traité en relation avec l’architecture de consolidation de la paix dans son ensemble.  Il a regretté les écarts considérables entre promesses et déboursements en fustigeant des critères d’allocation de ressources inadéquats.  Il a insisté sur l’importance de fonds qui répondent à la fois aux critères d’allocations humanitaires -flexibles, rapides et basés sur une attitude réaliste par rapport aux risques– et qui aient la prévisibilité et la masse critique des fonds de développement.  Par ailleurs, le représentant a estimé impératif d’examiner la manière dont les mandats existants pourraient être renforcés avant que de nouveaux instruments ne soient créés.  Il a qualifié de capital le rôle des équipes de pays de l’ONU et le leadership des missions sur le terrain en insistant que la complexité des mandats exigeait que les représentants spéciaux du Secrétaire général et leurs équipes disposent d’un vaste éventail de compétences.  Le représentant a cité un quatuor d’excellence pour les missions complexes qui pourrait être constitué par: le représentant spécial du Secrétaire général, un coordonnateur résident adjoint et coordonnateur adjoint humanitaire, un adjoint pour les affaires civiles et un adjoint pour les opérations militaires.  Il a mis l’accent sur le rôle de plus en plus important du personnel civil des missions en indiquant que la Suisse s’engageait à mettre son expertise au service de l’ONU tant au niveau de la formation que de la mise à disposition d’experts.  M. Maurer a mentionné l’existence au niveau national d’un « pool d’experts civils au service de la paix » en regrettant que les instruments au sein du Secrétariat faisaient défaut pour permettre une mise à disposition systématique de tels experts.  Il a invité à optimiser la collaboration entre l’ONU, la Banque mondiale et les structures nationales existantes et a cité l’importance des listes de candidats qui contribuent à faciliter les procédures de sélection du personnel compétent dans ce domaine. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que l’accomplissement du travail relatif à la consolidation de la paix doit se fonder sur les piliers que sont la consolidation de la paix en elle-même; le renforcement des institutions politiques; le rétablissement de la sécurité et la promotion de la reconstruction économique.  Le Brésil a toujours plaidé pour l’intégration des efforts de développement dans les opérations de maintien de la paix, a rappelé la représentante.  En Haïti par exemple, on a vu l’importance des projets socioéconomiques à impact rapide pour les opérations de la Mission et le changement d’attitude de la population.  Il est essentiel que les missions soient en mesure d’appuyer les gouvernements dans la mise en œuvre de programmes générateurs d’emplois et de revenus, a recommandé la représentante.  C’est la manière la plus efficace de relancer l’économie qui, à son tour, fournit à l’État la capacité nécessaire pour répondre aux besoins de base de la population.  Le Brésil, a poursuivi la représentante, appuie aussi l’idée de prévoir un guichet budgétaire d’urgence pour parer à toute éventualité.  Le trait commun des situations postconflit, a poursuivi la représentante, est la fragilité de l’État postconflit.  La Commission de consolidation de la paix est bien placée pour combler ces lacunes, a-t-elle dit, avant de souligner le rôle de la Commission dans la mobilisation des ressources et des parties prenantes.  Elle a conclu en estimant que les efforts en cours pour resserrer les liens entre la Commission et le Fonds de consolidation de la paix sont les bienvenus.


S’exprimant au non du Mouvement des non-alignés, M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a déclaré que la caractéristique majeure de la CCP a été de renforcer le processus de consolidation de la paix dans les pays éligibles sur la base du respect du principe de l’appropriation nationale.  Il a ensuite souligné le rôle central de la CCP en tant que mécanisme d’appui institutionnel privilégiant une approche intégrée de tous les aspects relatifs à la consolidation de la paix.  Par ailleurs, il s’est demandé si l’utilisation de la capacité civile préconisée dans le document de travail rédigé par le Royaume-Uni ne se ferait pas aux dépens des autres éléments du mandat accordé à la CCP.  Le Mouvement des non-alignés estime par ailleurs que la recherche d’un financement plus souple et plus rapide devrait être au centre des préoccupations de la CCP.  En plus des discussions menées à l’intérieur de la CCP, les consultations entre le Conseil de sécurité, l’ECOSOC et l’Assemblée générale doivent se poursuivre, a souligné le représentant.  Tout en tenant compte des intérêts à long terme de la CCP, des mesures souples, complexes et complémentaires doivent être adoptées pour la rendre plus efficace à l’avenir, a-t-il recommandé.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a, à son tour, appuyé l’idée que le premier objectif de ce débat doit être le renforcement du rôle et du mandat de la Commission de consolidation de la paix.  Une vision commune de consolidation de la paix, a poursuivi le représentant, exige une plus grande convergence entre les perspectives des partenaires extérieurs et celles des pays hôtes.  Le succès des efforts de consolidation de la paix nécessite aussi, a poursuivi le représentant, une volonté politique réelle et de la souplesse de la part de tous les acteurs.  Enfin, pour assurer une approche globale, il faut que la Commission de consolidation de la paix soit impliquée dès leurs premiers stades, dans les efforts déployés.  Dans leur rôle renforcé, a encore estimé M. Akram, les Représentants spéciaux du Secrétaire général ne doivent pas tenter de remplacer, mais plutôt d’appuyer l’autorité et le rôle des Gouvernements hôtes. 


S’agissant de la mise sur pied d’effectifs de personnels civils qualifiés, le représentant a voulu une clarification sur les objectifs qui leur seraient assignés, le rôle qui leur reviendrait, les besoins actuels, et les implications possibles provenant de leurs actions.  Il a aussi noté que des capacités civiles qualifiées peuvent très bien se trouver dans les pays hôtes eux-mêmes ou parmi leur diaspora.  L’objectif ultime, a-t-il insisté, doit être le développement durable des capacités nationales et non leur remplacement par des gens venus d’ailleurs.  L’expérience a montré, a-t-il conclu, qu’une des plus grandes lacunes des efforts de consolidation de la paix est la manière dont on traite des causes originelles des conflits qui sont bien souvent le sous-développement et la pauvreté.  Nous sommes toujours, a-t-il prévenu, dans l’incapacité de mettre au point une stratégie permettant aux pays de se tenir sur « leurs deux pieds » et de parvenir à une autosuffisance politique et dans le domaine du développement.  


M. LUIS ENRIQUE CHAVEZ (Pérou) est revenu sur le concept d’appropriation nationale du processus de consolidation de la paix.  Afin d’aborder au mieux les processus postconflit, les acteurs internationaux doivent comprendre que ceux-ci seraient plus durables s’ils étaient soutenus par une légitimité sociale, a dit M. Chavez.  Pour cela, il faut des élections, régler les différends et installer des institutions démocratiques reconnues.  La coopération internationale doit avant tout servir à soutenir ce processus, la participation des institutions financières internationales étant essentielle pour qu’il soit couronné de succès, a-t-il dit.  Tout cela nécessite une vision stratégique de la consolidation de la paix qui associe les différentes forces politiques, sociales et économiques en présence, a ajouté le représentant, pour qui l’aide doit trouver sa place, ainsi qu’une échéance, afin de pouvoir mesurer les avancées accomplies.


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a cité le terrorisme, le trafic illicite de drogues, la faiblesse des institutions de gouvernance et la pauvreté comme les quatre défis principaux à la consolidation de la paix dans son pays.  Ces défis, a-t-il dit, nous ont fait comprendre que les situations postconflit exigent des stratégies globales et multidimensionnelles comprenant les éléments essentiels du développement socioéconomique, de la bonne gouvernance, des droits de l’homme, de l’état de droit et de la réconciliation nationale.  Une telle approche demande un engagement proactif et durable de la communauté internationale, a-t-il dit.  Saluant le rôle que les Nations Unies jouent en Afghanistan depuis les Accords de Bonn, le représentant a estimé que l’appropriation nationale doit demeurer le principe clef du processus.  Il a donc jugé important d’investir davantage dans le renforcement des institutions.  Il faut pour cela, s’est-il expliqué, mettre sur pied des capacités nationales susceptibles de relever les défis qui se posent.  Le succès de la communauté internationale et d’un gouvernement national dans un processus de reconstruction, a souligné M. Tanin, dépend d’abord et avant tout d’une utilisation efficace des ressources et de l’aide disponibles.  Il est donc important que l’aide se fonde sur les besoins en ressources et non pas sur la seule offre que font certains donateurs.  Une stratégie de coordination efficace devrait refléter les principes de l’efficacité de l’aide et de son affectation dans les domaines que les populations jugent prioritaires.  


M. BAKI ILKIN (Turquie) a déclaré que son pays avait toujours été un fervent soutien des efforts de consolidation de la paix des Nations Unies.  À cet égard, il a salué l’établissement de la CCP, qui a rempli un vide institutionnel au sein du système des Nations Unies en termes de gestion postconflit.  L’aide dont ont bénéficié dans ce contexte le Burundi, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau ne doit cependant pas les soustraire à la responsabilité qu’ils ont d’œuvrer à la consolidation de la paix nationale, a indiqué le représentant.  Celui-ci a ensuite rappelé qu’il était plus facile de gagner la guerre que de remporter la paix.  La possibilité de retomber dans les conflits constitue une menace pour les pays sortant d’une crise violente.  Bien entendu, la consolidation de la paix ne se limite pas à la seule dimension sécuritaire.  Des progrès simultanés sont nécessaires dans les domaines de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et du renforcement des capacités dans tous les secteurs, a dit M. Ilkin.  Une approche intégrée est donc indispensable à cet égard, a souligné le représentant, avant d’attirer l’attention sur l’importance de la composante civile des missions.


M. PETER BURIAN (Slovaquie) a souhaité que le lien entre la sécurité, le développement et les droits de l’homme soit le fondement des opérations de maintien de la paix.  Il n’y a pas de solution rapide ni de raccourci, a-t-il prévenu.  Le succès rencontré dans un domaine peut être annulé par un échec survenu dans un autre domaine.  Le créneau d’opportunité très étroit qui s’ouvre après la signature d’un accord de paix peut très vite disparaître.  L’urgence qu’il y a à développer des capacités et des stratégies suffisantes dès le début de l’engagement international doit être bien comprise pour relever les défis.  Relever ces défis, a expliqué le représentant, exige l’introduction d’une véritable complémentarité entre les efforts internationaux.  Dans ce contexte, l’appropriation nationale est essentielle pour assurer la durabilité du processus de paix.  Les fonds et programmes de l’ONU doivent donc travailler en harmonie, car la concurrence et les doubles emplois n’ont pas leur place dans des efforts si essentiels pour les populations émergeant d’un conflit. 


À cet égard, le représentant s’est dit convaincu que les compétences et les avantages comparatifs des fonds et programmes de l’ONU devraient être incorporés dans les structures et fonctions des opérations menées pour assurer une meilleure transition du maintien à la consolidation de la paix.  Il n’a pas oublié de souligner l’importance d’un financement adéquat, avant de se féliciter du travail de la Commission de consolidation de la paix à laquelle il a tout même conseiller de s’adapter davantage à la nature des défis actuels.  Le Conseil, a-t-il ajouté, ne doit pas hésiter à inscrire de nouveaux Etats dans l’ordre du jour de la Commission.  Le représentant a conclu sur la question de la réforme du secteur de la sécurité en se félicitant que l’on ait reconnu la nécessité d’une approche holistique comme cela a été le cas en Haïti et au Timor-Leste, dont les situations ont montré que sans une action globale visant notamment la mise sur pied d’un système judiciaire efficace, les progrès sont très lents, et voire même nuls.


M. JORGE SKINNER-KLEE (Guatemala) a rappelé que, dans le cas de son pays qui était sorti d’un conflit il y a 11 ans, c’étaient les acteurs nationaux, en premier lieu le Gouvernement et l’UNRG, qui avaient dirigé le processus de paix.  Les Nations Unies et les « Amis du processus de paix » avaient été invités par les deux parties à accompagner les négociations et par la suite à mettre en œuvre la paix.  Avant que l’ONU ne s’implique, il est en effet indispensable que les acteurs nationaux assument la responsabilité première de la consolidation de la paix.  Ceci souligne le rôle des Nations Unies dans le développement des capacités nationales.  Ensuite, les Nations Unies ont joué un rôle particulièrement important au Guatemala, rôle dont la portée a évolué au fil des années.  Au départ, elle appuyait les négociations entre les parties avant de jouer un rôle de vérification dans le domaine des droits de l’homme et dans l’application des accords de paix.  La présence de l’ONU perdure d’ailleurs jusqu’à présent avec le maintien d’un Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’homme.  En outre, tout au long du mandat de la MINUGUA, les Nations Unies disposaient au Guatemala d’un Directeur de la Mission de vérification et d’un Coordonateur résident du système des Nations Unies.  Ceci a parfois conduit à des chevauchements et à des tensions, sans que cela ait empêché un niveau de cohérence acceptable.  Cette situation résultait de deux facteurs: le Gouvernement guatémaltèque avait assumé la direction des priorités nationales et les deux responsables des Nations Unies avaient fait un effort délibéré pour agir de manière coordonnée.  Même si le document de réflexion sur lequel s’appuie ce débat préconise de placer l’ensemble des activités des Nations Unies sous la direction d’une seule personne, notre exemple démontre que des arrangements sont toujours possibles, a fait observer le représentant.  Enfin, la persistance de certaines séquelles du conflit dans notre pays rappelle que la consolidation de la paix est un processus au long cours, en particulier dans la lutte contre l’impunité, a-t-il conclu.


M. CHIRACHAI PUNKRASIN (Thaïlande) a argué que les efforts de consolidation de la paix nécessitent la sincérité et l’engagement de toutes les parties, qu’elles soient locales, nationales, régionales ou internationales.  Lançant à son tour des appels à la cohérence de l’action internationale, le représentant a aussi souligné la place importante du principe de l’appropriation nationale en vue de pouvoir donner un effet durable aux efforts déployés.  Il y a déjà eu, a conclu le représentant, des débats sur la transition et les vides qui existent entre le maintien et la consolidation de la paix.  Cette dernière doit être préparée très tôt en termes de ressources humaines et financières.  Les préparatifs devraient même commencer avant l’expiration du mandat d’une opération de maintien de la paix, a estimé le représentant thaïlandais.  Soucieuse de faire partager son expérience en matière de consolidation de la paix, la Thaïlande, a annoncé son représentant, a présenté sa candidature pour siéger à la Commission de consolidation de la paix dans la catégorie de l’Assemblée générale.


M. U. JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que les opérations de maintien de la paix étaient une responsabilité partagée dont le succès dépendait de la coopération d’une variété d’acteurs.  Il a souhaité une mise en œuvre rapide des Cadres stratégiques développés par la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Il a dit que la consolidation de la paix nécessitait une attention politique durable associée à des ressources financières et matérielles substantielles et flexibles.  Compte tenu des demandes croissantes dont est sujet le Fonds de consolidation de la paix, il a suggéré la mise en place d’un mécanisme d’évaluation et de suivi des fonds qui permette de suivre les engagements pris lors des conférences de donateurs.  S’agissant du renforcement des capacités civiles dans des domaines comme la justice et la sécurité; les services de santé; l’administration des services civils et la justice transitionnelle, M. Ogwu a estimé que le programme d’aide technique (TAC) du Nigéria constituait un modèle dont la CCP pouvait s’inspirer pour combler le déficit en capacités des pays sortant de conflit.  Il a indiqué que depuis la création du TAC, 3 000 volontaires avaient été déployés à travers 38 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique sur une base bilatérale.  Il a estimé que le Cadre de reconstruction et de développement postconflit de l’Union Africaine (PCRD) et le mécanisme de résolution des conflits de la CEDEAO devaient guider les efforts de consolidation de la paix en Afrique.  Il a souligné l’importance de la dimension régionale pour tout processus de consolidation de la paix en Afrique, en précisant que les menaces posées par les trafics d’armes, de personnes et de stupéfiants, sans oublier la crise de la dette et de l’énergie, ne pouvaient être négligées.


M. NIRUPAM SEN (Inde) a souhaité revenir sur les questions soulevées par le document de réflexion présenté par la délégation britannique.  À cet égard, il a souligné l’importance de mettre en œuvre l’article 44 de la Charte des Nations Unies et d’impliquer les pays contributeurs de troupes, dont l’Inde fait partie, dans l’élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix.  Selon l’Inde, l’appropriation nationale est essentielle à la consolidation de la paix, pas seulement pour des raisons de souveraineté mais aussi pour des raisons pratiques.  Ainsi, des écoles et des cliniques construites par différentes agences et ONG se sont avérées en plusieurs occasions non viables.  L’appropriation atténue ce genre de problèmes.  En outre, a poursuivi le représentant, une meilleure coordination opérationnelle est nécessaire pour corriger les problèmes posés par l’inadéquation des ressources mobilisées à l’appui des situations postconflit.  Les institutions de Bretton Woods doivent être optimisées pour éviter que ne se reproduise ce qui s’est passé au Cambodge, qui avait était invité à réduire de 20% son administration civile, alors qu’elle avait été décimée par Pol Pot.  S’agissant de la capacité civile, l’Inde a estimé qu’elle pourrait devenir un nouveau paradigme de coopération entre pays développés et pays en développement, a dit le représentant.


M. JORGE ARTURA REINA (Honduras) a mis en garde contre la tendance à vouloir tout régler par des moyens militaires.  Les crises, a-t-il dit, comportent souvent de nombreuses facettes et leur résolution exige que l’on en examine les causes sous-jacentes qui sont bien souvent les inégalités sociales extrêmes, les violations massives des droits de l’homme, la faible participation politique ou encore la ségrégation raciale.  La réalisation des Objectifs du Millénaire est donc essentielle pour éviter l’éclatement de conflits, a souligné le représentant avant de lancer un appel urgent aux pays industrialisés pour qu’ils respectent les engagements qu’ils ont pris en matière de lutte contre la pauvreté extrême et contre la faim dans le monde.  Ce sont les pauvres, a-t-il rappelé, qui subissent le plus durement le choc de ce tsunami silencieux qu’est la crise alimentaire.  C’est la raison pour laquelle il faut améliorer et élargir la capacité de réponse des organismes internationaux, a dit M. Reina.  La communauté internationale, a insisté le représentant, ne peut plus rester sourde aux appels des dépossédés de la planète et continuer à vouloir tout régler par des moyens militaires alors que les causes des conflits sont bien presque toujours sociales, économiques et humanitaires.  


M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) a estimé que les Nations Unies, et en particulier le Conseil de sécurité, ont une responsabilité spéciale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il en est de même pour le rôle que l’Organisation doit jouer dans la consolidation de la paix après un conflit, afin de jeter les bases d’une paix et d’un développement durables.  L’ONU doit ainsi préparer une stratégie coordonnée et intégrée, en se basant sur les objectifs concrets à atteindre dans des délais précis.  Cette tâche exige de mener des activités en matière de politique, de sécurité, d’état de droit, d’humanitaire, de développement, de défense et de respect des droits de l’homme, a précisé le délégué.  Il a mis l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale, ainsi que sur la participation et la responsabilité première des autorités du pays qui doivent être impliquées tout au long du processus de reconstruction.  M. Argüello a salué le travail accompli par la Commission de consolidation de la paix, afin de coordonner les activités et les ressources internationales en la matière.  Il s’est dit favorable au renforcement de son rôle, de même que pour celui du Bureau de soutien à la consolidation de la paix et celui du Fonds d’affectation spéciale.  Enfin, il a souligné le rôle important des organisations régionales et sous-régionales dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits.


M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle Guinée) a déclaré que certains des éléments du document de réflexion avaient trouvé une illustration dans la situation qui a suivi le conflit à Bougainville: la nécessité d’une rapide mise en œuvre d’un accord de paix pour tenir les engagements pris par les parties au conflit; procéder au rétablissement de la stabilité et de l’état de droit, et à l’amélioration notable des conditions de vie de la population.  À cet égard, l’implication des Nations Unies a été très efficace, s’est félicité le représentant.  Une dimension régionale très forte a également contribué au succès du processus de paix, grâce à l’appui de pays insulaires tels que Tonga, Fiji, Vanuatu, Samoa et les Îles Salomon, ainsi qu’à l’assistance logistique de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a dit M. Aisi.  Trois ans après, le processus de paix se poursuit, a indiqué le représentant.  La question la plus délicate concerne le troisième point évoqué, a-t-il poursuivi.  Les conditions de vie des populations locales ne se sont pas améliorées comme cela était souhaité, et cela pourrait compromettre la portée des efforts déployés aux niveaux international, national et régional.  La situation sur le terrain nécessite une surveillance, a dit M..Aisi, en indiquant que des incidents mineurs et des actes de violence ont émaillé la stabilité de l’île.  La question de la réintégration des anciens combattants se pose donc de manière insistante, a ajouté le représentant.


M. IRAKLI ALASANIA (Géorgie) a estimé que les opérations de maintien de la paix doivent être appuyées par des éléments de maintien de l’ordre et de sécurité afin d’accélérer la normalisation.  Je fais allusion, a dit le représentant, à des éléments impartiaux qui peuvent véritablement rétablir l’ordre et assurer un retour des réfugiés dans la dignité et la sécurité.  Le représentant a donc dit ne pas voir la logique derrière l’implication immédiate de pays voisins, en tant que Casques bleus « principaux » dans le conflit qui secoue une région de son pays.  En Géorgie, a-t-il dit, le passage d’une opération de maintien de la paix à une opération de police pour faire face aux menaces à la sécurité et à la stabilité est inévitable.  Le règlement du conflit en Abkhazie exige l’élargissement et le renforcement du mandat de la Mission, en particulier dans le domaine du maintien de l’ordre, a dit M. Alasania.  Le nouveau mandat devrait permettre à la composante de police civile de superviser, guider et former les forces de police locales, a-t-il estimé.  L’objectif ultime des forces internationales de police est de rétablir l’ordre et d’aider les institutions nationales dans le plein respect de la souveraineté du pays hôte, a dit le représentant. 


M. KIM BONG-HYUN (République de Corée) a souligné l’importance des communications entre les Nations Unies, leurs opérations déployées sur le terrain et les États Membres.  L’ONU devrait exercer un rôle renforcé dans les efforts de consolidation de la paix sur le terrain, a-t-il ensuite souligné.  Les stratégies de consolidation présentées par la CCP ne pourront cependant pas être accomplies sans des fonds suffisants, a-t-il déclaré.  Des contributions de type non financier, comme l’assistance technique, peuvent en outre constituer une ressource appréciable dans les situations postconflit, a dit M. Kim Bong-Hyun.  À cet égard, il a affirmé que les Nations Unies ne devaient ménager aucun effort pour accroître les contributions de ce type partout où elles sont nécessaires.  Enfin, l’appropriation nationale devrait être plus accentuée, et les Nations Unies devraient encourager la pleine participation du Gouvernement national concerné aux efforts de relèvement et de reconstruction de son pays.


M. PAVLE JEVREMOVIC (Serbie) a noté que la réconciliation est un élément essentiel de la consolidation de la paix après un conflit, et que les Nations Unies ont un rôle crucial à jouer en la matière.  Le représentant a estimé que le retour des réfugiés et des personnes déplacées en toute sécurité et les réparations matérielles sont des éléments permettant de mesurer le succès du processus de réconciliation.  Dans la province du Kosovo et Metohija, les résultats de la réhabilitation et du retour des personnes déplacées sont très décevants, a indiqué le représentant serbe.  Il en résulte que la réconciliation et la consolidation de la paix y restent encore incertaines.  M. Jevremovic a souligné en la matière le caractère essentiel du respect des droits de l’homme, notamment pour les populations minoritaires et, de façon générale, l’importance de l’état de droit.  À l’échelle internationale, l’état de droit signifie qu’il faut respecter, entre États, la souveraineté et l’intégrité de chacun.  Le représentant a fait remarquer que la délimitation arbitraire des frontières et la recomposition des territoires ont entraîné dans le passé des violences et des tragédies, comme dans la région des Balkans.  Il a considéré que la déclaration d’indépendance de la province du Kosovo et Metohija constitue l’acte final du démembrement de la Yougoslavie qui a entrainé une tragédie encore méconnue.  Il a émis l’espoir que les pays de la région fassent tout leur possible pour s’abriter « sous le toit sûr de l’Europe ».  Enfin, le représentant a reconnu le rôle important joué par les organisations régionales en matière de consolidation de la paix, mais a souhaité qu’il ne déborde pas sur celui des Nations Unies qui ont la responsabilité première de maintenir  la paix et la sécurité internationales.  De l’avis du représentant de la Serbie, les activités de ces organisations, comme celles d’« EULEX », la mission de l’Union européenne au Kosovo et Metohija, doivent être soutenues et surveillées par le Conseil de sécurité de l’ONU.


Mme MARIA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador) a estimé que la Commission de consolidation de la paix a joué un rôle important de chef de file sur le terrain, en mobilisant toutes les parties prenantes et en encourageant l’établissement de Cadres stratégiques pour le Burundi et la Guinée-Bissau.  Il serait bon, a-t-elle dit, de permettre à la Commission de continuer à travailler à l’adoption d’une vision large et intégrée pour faire comprendre aux États Membres la nature multidimensionnelle des activités de consolidation de la paix.  Elle a insisté sur l’importance de mettre à la disposition des efforts de consolidation de la paix les ressources nécessaires.  Les projets à impact rapide ne doivent pas faire perdre de vue que ce qui compte, c’est de contribuer à ce que la trame sociale d’un pays émergeant d’un conflit se reconstitue.  Le renforcement des institutions doit donc être l’un des objectifs principaux de la Commission de consolidation de la paix, a conclu la représentante.


M. NASSER BIN ABDULAZIZ AL-NASSIR (Qatar) a déclaré que davantage de pays doivent bénéficier des programmes de consolidation de la paix à l’avenir, après les premiers succès obtenus au Burundi et en Sierra Leone.  Les pays émergeant d’un conflit doivent cependant pouvoir compter sur le respect du principe de l’appropriation nationale, de manière à servir au mieux les intérêts de leur peuple, a rappelé à son tour le représentant.  Il est impératif, a-t-il dit, que les Nations Unies formulent une stratégie en matière de sortie de crise pour les pays sortant d’un conflit.  Nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’un État atteigne le développement durable sans le renforcement préalable de ses capacités, a d’autre part fait observer le représentant qatari.  Nous regrettons enfin qu’il ne soit toujours pas possible de recourir au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies s’agissant des résolutions du Conseil relatives à la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, a conclu le représentant du Qatar.


M. JOHAN L. LØVALD (Norvège) a rappelé que l’une des leçons tirées du Rapport Brahimi est que l’échec est inévitable lorsque les opérations de maintien de la paix permettent aux protagonistes d’un conflit d’échapper aux compromis nécessaires à une paix durable.  Le Secrétaire général doit guider les efforts des Nations Unies et assurer la cohérence de l’action de l’ONU.  Dans le même temps, il faut accélérer les efforts des institutions financières et des donateurs en les sensibilisant aux attentes.  Il est tout aussi important, a poursuivi le représentant, que les représentants spéciaux du Secrétaire général aient un mandat robuste et clair et soient appuyés par une équipe forte et cohérente.


Il faut aussi, a encore ajouté le représentant, un système plus prévisible de financement.  Le rôle de la Commission de consolidation de la paix doit être amélioré pour assurer une coordination plus effective avec les Nations Unies et les autres partenaires.  La Commission doit se pencher sur ses méthodes de travail, se concentrer sur les conditions spécifiques de chaque pays et chercher les démarches les plus appropriées à mettre en œuvre.  Le représentant a souligné la nécessité d’initiatives visant à développer des stratégies spécifiques, en impliquant toutes les parties prenantes, y compris les partenaires nationaux.  Notant le manque de capacités civiles, il a préconisé, en la matière, le recours au personnel national, au nom de l’appropriation nationale.


M. ROBERT HILL (Australie) a déclaré que la souplesse et la planification doivent caractériser le déploiement des composantes civiles des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  L’Australie a créé un Centre Asie-Pacifique pour coordonner le déploiement des effectifs civils et militaires, a annoncé M. Hill.  Il faut veiller à développer la capacité des autorités nationales avant que n’éclatent les crises.  Les entraînements au prédéploiement se sont avérés utiles dans le cadre de la mission régionale déployée dans les îles Salomon.  Quelle que soit l’importance de l’assistance internationale, il faut qu’elle se fasse dans l’intérêt national du pays concerné, a souligné le représentant dans sa conclusion.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a espéré que la Commission de consolidation de la paix pourra bientôt se saisir des situations de sortie de conflits immédiatement après la signature d’un accord de paix.  Il a souligné l’importance de son travail de mobilisation des parties prenantes qui, a-t-il dit, pourrait aussi s’appliquer au travail du Conseil de sécurité.  Soulignant aussi l’importance de l’état de droit, il a espéré que l’Unité pertinente créée au sein du Département des opérations de maintien de la paix permettra de faire avancer la question.  Une attention plus grande, a-t-il ajouté, devrait être portée à la question de la justice transitionnelle.  Après avoir attiré l’attention du Conseil sur l’expérience que la communauté internationale a acquise, dans ce domaine, le représentant a invité le Conseil à reconnaître que la paix et la justice se renforcent mutuellement et qu’ils sont les ingrédients de base de la consolidation de la paix.  Reconnaissant que le financement rapide et souple des programmes est le plus grand défi à relever, il a invité le Conseil à explorer les mécanismes du CERF.


M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) a estimé que le Conseil ne devrait plus élaborer de mandat sans la contribution préalable de la Commission de consolidation de la paix.  Une fois les mandats définis, les représentants spéciaux du Secrétaire général devraient user de leur influence et des moyens civils et militaires mis à leurs dispositions pour amener les parties à participer de bonne foi au processus de normalisation.  Il importe pour cela d’établir des mécanismes de cogestion des mesures opérationnelles.  L’épine dorsale de la normalisation, a dit le représentant, est la refondation des institutions nationales légitimes.  À défaut de pouvoir mobiliser une masse critique de ressources humaines sur place, il y a lieu de faire appel aux membres de la diaspora du pays concerné.  Car il importe de remettre aux commandes des nationaux capables de conduire, de concert avec les experts des Nations Unies, le processus de redressement.  Une des leçons tirées des expériences, a-t-il poursuivi, est que bien souvent le manque de ressources est la cause de l’échec dans la mise en œuvre des accords de paix.  Une autre condition essentielle pour la consolidation de la paix réside dans la substitution de l’économie de guerre par une économie de paix, en créant les conditions d’une reprise des activités économiques.  Dans ce contexte, le représentant a rappelé les réserves émises par sa délégation envers les embargos prolongés sur l’exploitation des ressources naturelles.  Les cadres de coopération doivent tenir compte de la nécessité d’orienter très tôt les pays vers la mobilisation effective des ressources internes, a-t-il estimé.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité rappelle qu’il assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et insiste sur l’importance cruciale que revêt la consolidation de la paix pour poser les bases d’une paix et d’un développement durables dans un pays qui a subi le fléau de la guerre.


Le Conseil sait qu’aider les États à se relever d’un conflit et à bâtir une paix durable est un défi majeur auquel la communauté internationale doit faire face et que, pour être efficaces, les activités menées sur les plans politique, militaire, humanitaire et dans le domaine du développement doivent être intégrées et cohérentes, notamment dès la première phase de planification intégrée des missions.


Le Conseil souligne qu’il importe que chaque pays s’approprie l’entreprise de consolidation de la paix et de développement durable, la responsabilité en incombant au premier chef aux autorités du pays qui sort d’un conflit, entend soutenir cette entreprise et encourage les autres acteurs à faire de même.


Le Conseil rappelle sa résolution 1645 (2005) et se félicite de ce que fait la Commission de consolidation de la paix en donnant des conseils sur la coordination des activités et des ressources au service de la consolidation de la paix au niveau international et il est partisan du renforcement du rôle de la Commission, du Fonds pour la consolidation de la paix et du Bureau d’appui à la consolidation de la paix.


Le Conseil sait que, surtout immédiatement après un conflit, les pays touchés doivent faire face à des impératifs pressants, dont le rétablissement des institutions de l’État, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des forces armées, la réforme du secteur de la sécurité, l’organisation d’une justice transitionnelle, la réconciliation, le rétablissement de l’état de droit, le respect des droits de l’homme et la revitalisation de l’économie. Le Conseil souligne qu’une forte présence de spécialistes civils de la consolidation de la paix après le conflit est essentielle pour aider à répondre à ces impératifs.


Le Conseil encourage ce qui est fait pour répondre au besoin urgent de spécialistes civils prêts à être déployés rapidement et insiste sur le fait que ces spécialistes, agissant en coopération avec les autorités nationales, contribuent de façon décisive aux capacités du pays.


Le Conseil souligne que l’ONU doit jouer un rôle de premier plan dans la coordination des efforts consentis par la communauté internationale au lendemain de conflits. Il souligne que la coordination entre les autorités nationales et les autres parties qui concourent à la reconstruction et au développement à long terme, notamment avec les organismes des Nations Unies dans le respect de leurs mandats respectifs, les institutions financières internationales ainsi que la société civile et les milieux d’affaires, est déterminante pour le succès de l’action de l’ONU et de la communauté internationale dans les pays qui sortent d’un conflit.


Le Conseil insiste sur la nécessité de veiller à ce que des fonds soient disponibles dès le début, de sorte que les activités de relèvement et de consolidation de la paix puissent répondre aux besoins immédiats et afin d’édifier des bases solides pour la reconstruction et le développement à long terme.


Le Conseil réaffirme le rôle dévolu aux organismes régionaux dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits en application du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et insiste sur la nécessité de mieux préparer ces organismes à aider les pays à se relever de tout conflit.


Le Conseil encourage le Secrétaire général, la Commission de consolidation de la paix, les organisations internationales et régionales et les États Membres à réfléchir aux moyens d’appuyer les efforts consentis par les pays touchés pour parvenir plus rapidement et de manière plus efficace à une paix durable, notamment pour ce qui est de la coordination, des capacités de déploiement civil et du financement. Le Conseil invite le Secrétaire général de fournir, d’ici 12 mois aux organes des Nations Unies compétents, des avis sur le meilleur moyen d’aller de l’avant dans ce domaine au sein du système des Nations Unies et, en tenant compte des vues de la Commission de consolidation de la paix, sur les moyens de coordonner les activités de consolidation de la paix et d’encourager la mobilisation des ressources et leur utilisation la plus judicieuse aux fins de la satisfaction de besoins pressants de consolidation de la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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