CONSEIL DE SÉCURITÉ: L’INSUFFISANCE DE LA COORDINATION ENTRE LE GOUVERNEMENT, LA FIAS ET L’ONU EST IDENTIFIÉE COMME LA CAUSE DE LA LENTEUR DES PROGRÈS EN AFGHANISTAN
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Conseil de sécurité
5851e séance – matin & après-midi
CONSEIL DE SÉCURITÉ: L’INSUFFISANCE DE LA COORDINATION ENTRE LE GOUVERNEMENT, LA FIAS ET L’ONU EST IDENTIFIÉE COMME LA CAUSE DE LA LENTEUR DES PROGRÈS EN AFGHANISTAN
La situation actuelle en Afghanistan est imputable à une coordination insuffisante entre le Gouvernement, la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), l’ONU et la communauté internationale. Ce constat a été établi aujourd’hui par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix qui a prôné l’adoption urgente d’une approche commune intégrant les questions de sécurité, de gouvernance, d’état de droit, des droits de l’homme et de développement social et économique.
M. Jean-Marie Guéhenno participait, aux côtés d’une trentaine de délégations et du nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Kai Eide, à un débat du Conseil de sécurité sur la situation dans ce pays. Six ans après l’Accord de Bonn qui, selon les mots du représentant de la France, a mis fin à un régime qui avait fait de l’Afghanistan un sanctuaire du terrorisme international, la situation dans le pays, a expliqué le Secrétaire général adjoint, est caractérisée par une insurrection extrémiste et terroriste de plus en forte, des institutions gouvernementales fragiles, une économie de la drogue en croissance et un environnement régional complexe.
Devant ce sombre tableau, le Secrétaire général adjoint n’a pas jugé utile de conférer des pouvoirs supplémentaires à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dont le mandat expire le 23 mars prochain. Sa prorogation ayant été appuyée par toutes les délégations, M. Guéhenno a estimé qu’il convient de l’« aiguiser », en continuant à lui donner pour base le Pacte international pour l’Afghanistan, signé à Londres en janvier 2006.
La MANUA, a-t-il dit, doit se concentrer sur les six domaines prioritaires que sont la liaison entre les communautés afghanes et le Gouvernement, la promotion de la réconciliation entre ce Gouvernement et les opposants, le renforcement de la gouvernance à l’échelon infranational grâce à la Direction indépendante de la gouvernance locale, la coordination de l’action humanitaire, l’assistance technique aux élections prévues en 2009 et 2010; et le renforcement de la coopération avec la FIAS.
Le degré de cette coopération a suscité de nombreux commentaires dont ceux du représentant du Panama qui s’est dit déçu de voir les membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) présenter des stratégies divergentes et prendre des décisions privilégiant surtout des résultats à court terme au détriment de la lutte contre l’insurrection. Les délégations ont donc dit attendre beaucoup du Sommet que l’OTAN tiendra, du 2 au 4 avril 2008, à Bucarest.
Car le succès contre l’insurrection exige un plan de campagne approfondi, a fait remarquer le représentant des États-Unis, avant d’annoncer l’envoi par son pays de 3 200 marines supplémentaires dont 2 200 seront chargés d’assurer la sécurité dans le sud du pays et 1 000 d’appuyer les forces de sécurité afghanes. L’accent mis sur cette approche militaire a été critiqué par quelques délégations dont le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne qui a accusé la communauté internationale de livrer une guerre contre les Taliban alors qu’elle est là pour aider l’Afghanistan à établir un État démocratique et stable. Le Parlement afghan, a-t-il affirmé, a lui-même appelé le pouvoir exécutif à œuvrer à la réconciliation avec les insurgés.
Le représentant de la Fédération de la Russie a mis cependant en garde contre toute tentative d’intégrer les extrémistes dans les organes de pouvoir. Cela ne conduira qu’à une plus grande déstabilisation et si l’on ne bloque pas dès à présent leur accès aux moyens financiers comme le trafic des stupéfiants, il sera impossible de lutter contre le terrorisme, a-t-il encore prévenu. Il a réitéré la proposition de son pays de créer une ceinture de sécurité le long de la frontière afghane. Comme lui, de nombreuses délégations ont salué l’accord conclu par le Conseil commun de coordination et de suivi sur la mise en œuvre d’un « Plan hiérarchisé » qui vise à détruire 50 000 hectares de terres à pavot en 2008 et à s’attaquer aux grands propriétaires de champs de pavot.
La lutte contre les stupéfiants, ont souligné de nombreuses délégations, doit être assortie de mesures ambitieuses en matière de développement social et économique. Elles ont salué le lancement prochain de la Stratégie nationale de développement qui permettra de réaliser les objectifs d’appropriation nationale. Il est essentiel, ont estimé des délégations comme celles de l’Inde, que l’Afghanistan établisse lui-même ses priorités et ait le dernier mot sur l’affectation des fonds.
La Conférence de Paris, prévue en juin prochain, sera précisément l’occasion de revoir les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Stratégie de développement et d’examiner l’application du Pacte international pour l’Afghanistan, a indiqué le représentant de la France, qui a rappelé que l’objectif ultime de la communauté internationale est de transférer progressivement toutes les responsabilités aux autorités afghanes. La Conférence de Paris ne doit pas se limiter à une conférence de donateurs. Elle doit consacrer l’approche intégrée attendue de tous et renforcer la coordination internationale, a précisé le représentant de l’Espagne.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (A/62/722-S/2008/159)
Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, rend compte, ici, des activités menées depuis son dernier rapport, en date du 21 septembre 2007, par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), dont l’actuel mandat expire le 23 mars 2008.
Le Secrétaire général constate notamment que, deux ans après l’adoption du Pacte pour l’Afghanistan, la transition politique reste en butte à de graves difficultés. Tant les Taliban et les groupes armés apparentés que l’économie de la drogue représentent des menaces fondamentales pour les institutions politiques, économiques et sociales, encore fragiles, observe-t-il.
Lancé en 2006, le Pacte pour l’Afghanistan prévoyait l’établissement d’un partenariat de cinq ans entre l’Afghanistan et la communauté internationale en vue d’améliorer les conditions de vie de la population afghane.
M. Ban, qui estime que le terrorisme et l’insurrection se sont intensifiés, compromettant le processus de paix, préconise, afin de régler les problèmes de sécurité et stabiliser la situation en Afghanistan, une approche commune intégrant les questions de sécurité, de gouvernance, d’état de droit, de droits de l’homme et de développement social et économique. Cette approche, qui repose sur la coopération entre le Gouvernement, la Force internationale d’assistance à la sécurité, l’ONU et la communauté internationale, doit être axée, estime-t-il, sur la réalisation des ambitions partagées exprimées dans le Pacte pour l’Afghanistan, sous la direction du Gouvernement afghan et avec l’appui du Parlement, de la société civile et du secteur privé.
Le Secrétaire général affirme que l’élaboration de la stratégie nationale de développement de l’Afghanistan devrait être achevée à la fin de mars 2008. La mise en œuvre de cette stratégie dépend, écrit-il, de la capacité du Gouvernement de tenir les engagements pris au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, de mobiliser l’appui des bailleurs de fonds et de mettre en place des dispositifs d’exécution. M. Ban salue ainsi l’offre faite par la France d’organiser une conférence à Paris en juin 2008, d’une part, pour appuyer la mise au point, le lancement, le financement et l’application de la stratégie de développement et, d’autre part, pour examiner l’application du Pacte pour l’Afghanistan d’une manière plus générale.
Le Secrétaire général souligne la nécessité de commencer immédiatement les préparatifs pour l’établissement des listes électorales et la planification des prochaines élections. Les autorités afghanes doivent pour cela prendre des décisions quant aux dates des élections et promulguer une législation électorale, dit-il, précisant que la communauté internationale devait, pour sa part, commencer à mobiliser des fonds à l’appui de ces processus d’importance vitale, en particulier l’enregistrement des électeurs, qui doit impérativement commencer en été 2008 pour que les élections puissent se tenir en 2009.
M. Ban rappelle, dans son rapport, que l’un des plus importants résultats de la septième réunion du Conseil commun de coordination et de suivi a été l’adoption d’une stratégie convenue de lutte contre les stupéfiants. Le Gouvernement devra manifester la volonté politique d’atteindre l’objectif convenu relatif à la destruction de 50 000 hectares de terres à pavot, de sévir contre les fonctionnaires impliqués dans le trafic de stupéfiants et de condamner les gros trafiquants et les gros propriétaires terriens qui se livrent à la culture du pavot, affirme-t-il. Selon lui, des mesures énergiques doivent être prises d’urgence par le Gouvernement afghan, tandis que les États Membres devraient appliquer concrètement la résolution 1735 (2006) du Conseil de sécurité, qui prescrit, dans le cadre du régime de sanctions visé, l’identification des trafiquants de drogues.
Déclarations
M. JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a souligné que le fait que de nombreux États Membres aient demandé à s’exprimer montrait que l’Afghanistan comptait de nombreux amis au sein de la communauté internationale et prouvait la détermination partagée par tous à aider le pays à se reconstruire, à se réconcilier et à répondre aux aspirations de l’Accord de Bonn et du Pacte international pour l’Afghanistan. De l’avis de M. Guéhenno, le rapport du Secrétaire général, publié la semaine dernière, parle de lui-même. Il décrit avec franchise les difficultés rencontrées, en particulier au cours de l’année passée. De ces difficultés, nous avons tiré des leçons importantes qu’il convient désormais d’appliquer, a-t-il dit. Nous sommes confrontés à une insurrection qui a prouvé qu’elle était plus robuste qu’attendue et plus impitoyable que nous l’avions imaginée. Le Secrétaire général adjoint a affirmé que les institutions gouvernementales demeuraient fragiles et que, sans les capacités suffisantes, elles sont susceptibles d’être sapées par la corruption. Il a ajouté que l’économie illégale de la drogue était malheureusement massive et se développait avec la fragilité de l’État, facilitait l’insurrection et minait l’État. De même, l’environnement régional est complexe, a-t-il dit. La communauté internationale est certes engagée et généreuse mais a été parfois insuffisamment unie sur les questions clefs de politique, a-t-il fait observer.
Le Conseil a maintenant l’importante responsabilité de proroger le mandat de la MANUA, a expliqué M. Guéhenno. C’est maintenant qu’il faut faire face aux défis et opérer les changements de caps nécessaires, a-t-il dit, estimant que le mandat de la MANUA était toujours approprié et suffisamment large pour atteindre les objectifs. Nous ne pensons pas que la MANUA ait besoin de pouvoirs supplémentaires, mais celui-ci doit être aiguisé, a-t-il ajouté, évoquant les six domaines prioritaires mentionnés par le Secrétaire général dans son rapport. La première de ces priorités est la coordination de l’assistance internationale, a affirmé le Secrétaire général adjoint. Des appels clairs ont été lancés pour renforcer les efforts de coordination, a-t-il souligné, précisant que des consultations avec les États Membres, le Gouvernement afghan et au sein même de la MANUA avaient débuté en ce sens. M. Guéhenno a également mis l’accent sur la relation de la MANUA avec la FIAS, qui repose sur deux piliers importants, les objectifs communs et la complémentarité, tous deux émanant du Conseil. Le Secrétaire général adjoint a évoqué en outre les prochaines élections, indiquant que les Nations Unies étaient prêtes à appuyer le prochain cycle électoral, étant entendu que la Commission indépendante électorale aura un rôle de chef de file. Il ne faut pas sous-estimer les obstacles et les enjeux, a-t-il observé. En effet, a fait remarquer M. Guéhenno, une deuxième série d’élections postconflit est souvent plus critique que la première, ce qui sera sans doute le cas pour l’Afghanistan.
M. Guéhenno a ajouté que la question du dialogue politique demeurait centrale dans les efforts entrepris. Pour que les activités de sensibilisation de la MANUA auprès du public afghan soient plus crédibles, a-t-il dit, elles doivent être appuyées par une meilleure gouvernance, en particulier au niveau local. S’agissant des stupéfiants illégaux, il s’est dit heureux de voir que le Conseil commun de coordination et de suivi ait pu se mettre d’accord sur la mise en œuvre d’un plan de lutte. Il a également mis l’accent sur la nécessité de se concentrer sur la question de la réforme de la sécurité, en particulier sur le développement de la police nationale afghane. En conclusion, M. Guéhenno a souligné la nécessité, lorsque l’on envisage l’avenir, d’être pragmatique et plus ambitieux.
M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a affirmé que la confiance mutuelle entre l’Afghanistan et ses partenaires était indispensable pour contrer les forces d’opposition. La communauté internationale, a-t-il dit, doit avoir confiance en la bonne foi des autorités afghanes et l’ONU doit continuer de jouer avec détermination son rôle « irremplaçable » de garant à ce niveau. Le représentant a estimé que la coordination entre les différents secteurs de la société afghane, la sécurité, la gouvernance et les droits de l’homme notamment, devrait être un effort partagé entre les acteurs internationaux et les acteurs nationaux. M. Spatafora a ensuite déclaré qu’à la lumière des informations contenues dans le rapport du Secrétaire général, il faudrait envisager la tenue d’un examen de haut niveau de l’état de la mise en œuvre du Pacte. Nous sommes prêts à apporter toute notre contribution à l’organisation d’une telle conférence que la France se propose d’accueillir, a-t-il encore dit. En ce qui concerne la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan, le représentant de l’Italie a reconnu, comme le Secrétaire général, qu’il convient de renforcer l’appui de la communauté internationale et d’accroître les ressources nécessaires à l’exécution de son mandat.
M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a estimé que l’Afghanistan montre l’incroyable défi qu’est l’édification d’un État viable et pacifique. Les obstacles croissants qui se posent, s’est-il demandé, ne seraient-ils pas le résultat d’un manque de coordination et de détermination de la part des acteurs de la reconstruction? Il s’est dit déçu de voir les membres de l’OTAN présenter des stratégies divergentes pour stabiliser le pays. Les décisions sont prises en privilégiant les résultats à court terme sur les plans des institutions et de la sécurité, ce qui mine la lutte contre l’insurrection, a estimé M. Arias. Le représentant a fustigé cette tendance à adopter des politiques non consensuelles et défavorables à la coordination. Ce manque de coordination et d’objectifs partagés est un véritable obstacle au multilatéralisme, a-t-il dit. Il a demandé un leadership énergique de la part de la MANUA. Elle peut, a-t-il insisté, jouer un rôle plus affirmé dans la coordination des efforts de reconstruction et de mise en place d’un État. Les Nations Unies et les forces internationales doivent améliorer les mécanismes de coopération existant entre elles et renforcer le leadership afghan. Le représentant a donc appuyé la prorogation du mandat de la Mission, à laquelle on doit confier un rôle plus énergique dans la coordination des efforts de reconstruction et d’amélioration de la situation en matière de sécurité.
M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a déclaré que deux ans après la signature du Pacte international pour l’Afghanistan sur cinq ans, les défis demeurent. Invoquant le rapport du Secrétaire général, il s’est félicité que la communauté internationale reste fortement engagée en Afghanistan. Il a cependant estimé que le Gouvernement et le peuple afghans avaient un rôle prépondérant à jouer, la communauté internationale ne pouvant, par ses efforts, que soutenir et renforcer le régime issu des élections. Il a ajouté que l’ONU devrait recevoir les moyens et l’espace nécessaires pour exercer ses responsabilités dans le domaine de la coordination de l’aide internationale. Réussir en Afghanistan signifie améliorer le quotidien des Afghans et mettre en place un système institutionnel qui pourra perpétuer les progrès enregistrés, a encore dit M. Verbeke, seules une approche et une stratégie globales permettant d’y arriver. Le représentant de la Belgique a ensuite salué la mise en place de la direction indépendante pour la gouvernance sous-nationale, ajoutant que la corruption restait un problème majeur qui sape les efforts de réforme de la justice, de la police et de l’administration. Il a souhaité que l’année 2008 constitue une étape importante dans le processus lancé à Bonn à la fin de l’année 2001 pour que l’Afghanistan redevienne un État stable et prospère.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a exprimé sa satisfaction de voir, qu’avec l’appui de la communauté internationale et de l’ONU, l’Afghanistan avait fait des progrès dans le domaine du redressement et du développement. L’économie afghane a cru de façon stable avec une progression régulière du PIB par habitant, a-t-il notamment expliqué. Cependant, il convient de réaliser que le pays est confronté à de graves défis, comme la détérioration de la sécurité, et les actes de violence et de terrorisme, a-t-il indiqué. Le peuple afghan vit toujours dans la pauvreté et le problème que pose la culture des stupéfiants doit être résolu, a dit le représentant. S’attaquer à ces défis exige plus d’efforts de la part du Gouvernement afghan et de la communauté internationale, a-t-il ajouté. L’amélioration de la situation sécuritaire exige également un effort conjoint des forces de sécurité afghane, de la MANUA et de la FIAS. La clef pour parvenir à la paix à long terme, c’est le développement économique et l’amélioration des conditions de vie, a-t-il dit, soulignant que la communauté internationale devait appuyer davantage le Gouvernement afghan afin, notamment, de mettre en œuvre le Pacte pour l’Afghanistan. La MANUA doit, de même, continuer à travailler selon les principes de neutralité et de justice, a estimé le représentant de la Chine. Il a mis l’accent sur la nécessité pour la MANUA de jouer un rôle accru dans le domaine de la coordination de l’assistance internationale. La MANUA doit rappeler aux bailleurs de fonds qu’il faut respecter la volonté du peuple du Gouvernement et du peuple afghans, a-t-il insisté.
M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) s’est félicité de la volonté du Secrétaire général de donner à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) un rôle encore plus important dans le processus de coordination. L’une des tâches de la communauté internationale, a-t-il précisé, est de regrouper les activités militaires, politiques, de développement, et économiques, dans une approche globale en appui au Gouvernement de l’Afghanistan. Le succès dépendra de la manière dont les fonds seront mobilisés pour appuyer la réalisation d’un objectif commun. Le représentant s’est donc félicité de l’appel lancé par le Secrétaire général pour une plus grande coopération entre opérations civiles et militaires. L’OTAN et l’ONU partagent les mêmes objectifs, et il est important qu’ils travaillent ensemble. Le Sommet de Bucarest, a-t-il dit, sera donc l’occasion d’examiner l’ensemble de la contribution de l’OTAN en Afghanistan et la manière dont ces efforts peuvent mieux contribuer à l’objectif global à atteindre dans ce pays. Le représentant a également dit attendre avec intérêt le renforcement de la présence de la Mission, en particulier dans le sud. Il a aussi souscrit à l’avis du Secrétaire général selon lequel la Mission doit contribuer aux activités de réconciliation si le Gouvernement la sollicite.
Le cadre général de travail en Afghanistan reste le Pacte international signé à Londres en janvier 2006, a poursuivi le représentant. Le succès du Pacte, a-t-il dit, dépendra de la faculté du Gouvernement afghan à jouer le rôle de chef de file dans les domaines clefs. Il a aussi appelé ce Gouvernement à jouer un rôle de leadership plus important dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et l’amélioration de la gouvernance locale. Sur le plan du développement, il a dit attendre avec impatience le lancement de la Stratégie nationale, qui renforcera le sentiment d’appropriation nationale des projets. La prochaine Conférence de Paris, prévue en juin, sera l’occasion de revoir les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Stratégie et du Pacte international, a conclu le représentant.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a remarqué que, malgré la fragilité des institutions socioéconomiques, la tendance que l’on observe en Afghanistan était à l’amélioration du processus politique tout comme de la conjoncture économique. Selon lui, les prochaines élections présidentielles constitueront un test décisif pour l’ancrage de la démocratie dans le pays. Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité urgente de finaliser la stratégie nationale de développement pour permettre au Gouvernement afghan de prendre en main la lutte contre la pauvreté et la question du développement. Ainsi, a estimé M. Kafando, l’offre des autorités françaises d’accueillir bientôt à Paris une conférence pour l’appui, et le lancement de la stratégie de développement de l’Afghanistan mérite d’être saluée. Il a estimé que le Conseil de sécurité devait soutenir la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la drogue en Afghanistan. De même, la MANUA et la FIAS doivent apporter aux forces de sécurité afghanes un soutien effectif, notamment en termes d’encadrement professionnel et opérationnel, a recommandé le représentant burkinabè.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a estimé qu’au-delà des mesures relatives à la sécurité, la communauté internationale doit déployer en Afghanistan davantage d’efforts pour promouvoir la réconciliation nationale et le processus politique. Le peuple afghan mérite l’appui continu de la communauté internationale dans la reconstruction de son pays qui elle-même, dépend du succès de la lutte contre la drogue et le terrorisme, a dit M. Le Luong Minh. S’agissant, en particulier, de la lutte contre le trafic des stupéfiants, le représentant a prévenu que l’issue dépendra de la manière dont on traite la cause sous-jacente de cette activité, à savoir la pauvreté. Appuyant à son tour la prorogation du mandat de la Mission, il a estimé que son implication dans l’organisation des élections doit se fonder sur une demande explicite du Gouvernement afghan, conformément aux principes d’indépendance et de souveraineté nationale.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) a regretté le fait que le représentant de l’Afghanistan n’ait pu s’exprimer avant les États Membres du Conseil de sécurité. Il a donc estimé que son intervention serait par conséquent dépourvue de commentaires. Il a évoqué les signes inquiétants qui, selon lui, montrent à l’évidence les obstacles à surmonter en Afghanistan, comme les remous et les troubles. Ceux-ci, a-t-il dit, prouvent qu’il est difficile de consolider des institutions démocratiques légitimes. À cela s’ajoute un climat d’insécurité croissante, a-t-il déploré. Ces circonstances compromettent les efforts entrepris pour la reconstruction physique et sociale du pays. Seul un effort soutenu de la part de la communauté internationale permettra à l’Afghanistan de trouver un avenir meilleur, a-t-il dit. Le représentant costa-ricien a également mis l’accent sur la nécessité pour la MANUA d’aider le Gouvernement afghan à mettre en œuvre la réforme de la sécurité.
M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahariya arabe libyenne) a regretté que le rapport du Secrétaire général donne une image sombre de la situation en Afghanistan en raison de la recrudescence de l’insurrection, de la fragilité des institutions et du manque de capacités pouvant promouvoir le développement. La solution à trouver, a-t-il estimé, requiert une approche globale et pas uniquement militaire. L’objectif premier de la communauté internationale doit être d’aider le peuple afghan à établir un État démocratique et stable, et non pas de mener une guerre contre les Taliban. L’usage de la force n’a jamais permis d’assurer ni le contrôle d’un territoire ni le développement, a estimé M. Ettalhi. D’ailleurs, a rappelé le représentant, le Parlement afghan a appelé le Président Karzaï à envisager une réconciliation avec les insurgés et à renforcer la police et l’armée tout en déployant des efforts décisifs dans le domaine du développement. La sécurité est une condition préalable au développement, mais le maintien de la paix exige aussi des conditions économiques et sociales conformes aux besoins d’une population. Il faut donc, a insisté le représentant, lutter contre un environnement qui s’avère propice à l’extrémisme. En la matière, la lutte contre les stupéfiants doit être accompagnée de mesures visant l’amélioration de la vie socioéconomique, a conclu le représentant après avoir appuyé la prorogation du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a appelé à ne pas sous-estimer les sérieux défis mis en évidence par le dernier rapport du Secrétaire général sur l’Afghanistan parmi lesquels le haut niveau d’activité d’insurgés et de terroristes, l’augmentation alarmante de la culture et production d’opium, l’étendue du problème de la corruption et la lenteur du développement économique et social. Il s’est dit convaincu que le processus qui a commencé avec l’Accord de Bonn et poursuivi avec le Pacte international pour l’Afghanistan était toujours en vigueur et devrait être amélioré. Il a appuyé l’idée d’adopter une approche intégrant les questions de sécurité, de gouvernance, de primauté des droits de l´homme et de développement économique et social.
Le représentant a estimé que la menace persistante des groupes terroristes et d’insurgés restait le principal défi des efforts de consolidation de la nation afghane et de la stabilité. Il a salué les progrès réalisés pour faire face aux dangers liés à la drogue. Il a applaudi les efforts du Gouvernement afghan, avec l’appui de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, pour parvenir à un accord sur les actions prioritaires à entreprendre dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. M. Kumalo a invité le Gouvernement afghan à mettre pleinement en œuvre la Stratégie nationale de lutte contre la drogue et à améliorer ses capacités nationales pour la diffusion et la promotion d’alternatives viables à la culture du pavot.
L’Afrique du Sud réaffirme son soutien à la mise en œuvre du Pacte pour l’Afghanistan et de la Stratégie de développement national de l’Afghanistan, a-t-il ajouté, en saluant l’importance du Conseil commun de coordination et de suivi dans ce domaine. Par ailleurs, soulignant l’importance de la coopération régionale pour l’amélioration de la situation, il s’est félicité de l’amélioration des relations entre l’Afghanistan et ses voisins, en particulier le Pakistan. Il a notamment salué la volonté des deux pays de mieux combattre l’extrémisme et le terrorisme en améliorant les mécanismes d’échange d’informations existant. Avant de conclure, il a souligné le rôle déterminant de la MANUA sur le terrain, qui aura la mission l’année prochaine de soutenir le Gouvernement afghan dans la préparation des prochaines élections.
M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a affirmé que son pays partageait l’analyse du rapport du Secrétaire général qui représente, selon lui, une vision juste des progrès et des défis auxquels l’Afghanistan est aujourd’hui confronté. Le succès en Afghanistan est d’un intérêt crucial pour la communauté internationale, a-t-il souligné, estimant que les dirigeants de l’Afghanistan, les puissances régionales et la communauté internationale avaient ainsi tous des responsabilités importantes. Les Nations Unies devraient être fières du rôle qu’elles jouent en Afghanistan, à commencer par le processus de Bonn, a-t-il dit. Le but à poursuivre est de permettre au pays de se débrouiller seul, et ce, le plus rapidement possible. Il convient, a-t-il dit, de se concentrer sur les bonnes priorités. Ainsi, il faut donner les moyens au Représentant spécial du Secrétaire général de coordonner plus efficacement l’appui de la communauté internationale. Le Représentant spécial devra veiller à ce que l’assistance internationale soit octroyée au Gouvernement et au peuple afghans dans les efforts qu’ils entreprennent. Le succès contre l’insurrection exige un plan de campagne approfondi, a-t-il également observé.
Le représentant a en outre estimé que la réalisation des éléments du Pacte international pour l’Afghanistan avait été inégale. Le Représentant spécial du Secrétaire général devrait rechercher de meilleurs résultats là où cela est nécessaire. Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la capacité des ministres afghans à fournir des services de base et à mieux lutter contre la corruption. Le Représentant spécial devrait également promouvoir la responsabilisation, en étroite coordination avec le Gouvernement afghan et en se fondant sur l’acceptation de la Constitution. De l’avis de sa délégation, la revitalisation de l’esprit de Bonn est dans l’intérêt de tous les pays de la région. M. Khalilzad a regretté que la MANUA ait un taux de vacance important dans ses effectifs. Il a ajouté que les États-Unis sont prêts à jouer leur rôle pour aider l’Afghanistan à réussir. Il a indiqué que son pays allait envoyer 3 200 marines supplémentaires. Ainsi, 2 200 d’entre eux seront chargés d’assurer la sécurité dans le sud du pays, les 1 000 autres devant appuyer les forces de sécurité afghanes. Le représentant a conclu en estimant que le Conseil de sécurité devrait appuyer la MANUA et son Équipe.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a noté les progrès notables réalisés par l’Afghanistan ces dernières années avec l’enracinement progressif de la démocratie et les progrès accomplis dans le domaine du développement économique. Néanmoins, il s’est inquiété de l’augmentation des activités menées par les insurgés dans le sud et l’est de l’Afghanistan, ainsi que des attaques contre les travailleurs humanitaires. Ces attaques, a-t-il ajouté, menacent non seulement les efforts du Gouvernement afghan pour promouvoir la paix et la stabilité, mais empêchent aussi ce dernier ainsi que les organisations humanitaires d’accéder à de nombreux districts du pays. Il a reconnu l’importance des mesures prises par l’armée nationale afghane, an collaboration avec la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), face aux activités des insurgés. Soulignant l’importance du respect du droit international en général, et des droits de l´homme en particulier, ainsi que celui de la sécurité des civils lors des opérations militaires, il a estimé que l’approche militaire ne pouvait répondre à l’ensemble des défis sécuritaires de l’Afghanistan. Il a de ce fait souligné l’importance de l’adoption d’une politique de dialogue et de réconciliation impliquant toutes les factions afghanes dans le respect de la Constitution du pays.
S’agissant de la lutte contre les stupéfiants, qu’il a qualifiée « d’objectif urgent en raison des liens de la drogue avec la durabilité des activités d’insurgés », M. Natalagewa a salué les priorités arrêtées par le Gouvernement pour la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre les stupéfiants. Alors que les élections présidentielles et parlementaires s’annoncent en 2009 et 2010, a-t-il ajouté, nous nous félicitons de l’adoption d’un texte de projet de loi électorale en novembre 2007, qui est en ce moment soumis à l’examen de l’Assemblée nationale, a dit le représentant indonésien. Par ailleurs, il a salué l’accueil par le Gouvernement afghan, dans la ville d’Hérat, de la 17ème Réunion du Conseil des Ministres de l’Organisation de coopération économique. Il a indiqué que l’Indonésie considérait que la Déclaration de Kaboul sur la promotion de la coopération régionale pour l'Asie du Sud et l'Asie centrale en matière d’électricité comme un jalon des réalisations de la diplomatie afghane au niveau régional. Alors que l’aspect politique du processus de Bonn a été officiellement conclu, le rôle de la MANUA reste déterminant pour assister l’Afghanistan à mettre en œuvre les activités liées aux autres piliers de ce processus, a encore estimé M. Natalagewa en appuyant particulièrement la proposition du Secrétaire général d’étendre pour une nouvelle durée de 12 mois le mandat de la Mission.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a relevé que six ans après la chute du régime qui avait fait de l’Afghanistan un sanctuaire du terrorisme international, la situation militaire reste difficile, le trafic de drogues un phénomène inquiétant, l’état de droit non respecté et la gouvernance insuffisante. Le représentant a jugé que face à cette situation, il faut répondre à quatre défis essentiels. La communauté internationale, a-t-il dit, en premier lieu, doit confirmer son engagement dans la durée. Il y va de la paix et de la sécurité du pays mais aussi du monde. Cette mobilisation exige une coordination accrue entre tous les acteurs et l’engagement civil et militaire doit s’inscrire dans une perspective. Le transfert progressif des responsabilités aux Afghans, a poursuivi le représentant, doit être l’objectif suivi, particulièrement en matière de sécurité. Il faut consolider la stratégie globale et dans cet esprit, a souligné le représentant, que la France organisera une conférence de soutien à l’Afghanistan pour mieux faire connaître les acquis, réaffirmer l’engagement international et établir une feuille de route pour les années à venir. La conférence dressera aussi le bilan du Pacte international. L’Afghanistan, a conclu le représentant est une priorité pour la France et l’Union européenne. L’engagement bilatéral et européen se fera dans un partenariat à tous les niveaux avec l’ONU qui dispose de la légitimité, de l’impartialité et de l’expertise pour développer une approche globale des processus démocratiques en appui aux autorités afghanes. Le représentant a appuyé la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies en Afghanistan qui, a-t-il dit, doit être resserré autour de certaines priorités d’action et élargir sa présence sur le terrain, en étroite collaboration avec les autres acteurs engagés.
M. NEVEN JURICA (Croatie) a affirmé que la violence, l’insécurité et la production de l’opium avaient augmenté de façon spectaculaire en Afghanistan. La communauté internationale doit rester unie aux côtés du Gouvernement et du peuple afghans, a-t-il recommandé. Le représentant croate a souligné la nécessité de renforcer les forces nationales de sécurité afghanes. Il convient également d’appuyer les efforts du Gouvernement pour qu’il puisse fournir les services publics attendus aux citoyens, ce qui est un élément décisif, a-t-il dit, pour donner de la confiance à la population à l’égard du Gouvernement. La prise en charge des programmes de développement et de redressement par l’Afghanistan est la clef du succès des efforts de paix, a-t-il dit, mettant l’accent sur la Stratégie nationale de développement. La coopération entre civils et militaires est indispensable pour surmonter les défis actuels, a-t-il également assuré, soulignant ainsi le rôle essentiel des Équipes de reconstruction provinciales. L’économie de la drogue est une menace fondamentale aux institutions politiques, économiques et sociales, a-t-il par ailleurs affirmé, déclarant attendre beaucoup de la bonne application de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue. La coopération régionale et internationale est importante dans ce domaine, a estimé l’orateur. Le représentant a exhorté également le Gouvernement à appliquer une stratégie de lutte contre la corruption.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est déclaré très préoccupé par la multiplication des activités menées par les terroristes. Ces activités sapent les fondements fragiles du Gouvernement afghan et la mise en œuvre de l’Accord de Londres. Les terroristes, a-t-il regretté, contrôlent différentes zones où ils placent leurs propres institutions. Il est important, a souligné le représentant, que les forces afghanes et internationales remédient à cette situation qui empêche la consolidation de la paix et du développement des institutions démocratiques. La dynamique de la situation militaire et politique confirme la nécessité de respecter les sanctions imposées aux Taliban. Toute tentative d’intégrer les extrémistes dans les organes de pouvoir ne conduira qu’à une plus grande déstabilisation, a prévenu le représentant. Si l’on ne bloque pas les moyens financiers comme le trafic des stupéfiants, il sera impossible de lutter contre le terrorisme, a-t-il encore prévenu. Il faut, a-t-il insisté, concentrer les efforts sur l’élimination des récoles et des laboratoires clandestins. Les difficultés du Gouvernement afghan de contenir le danger de la drogue témoignent de la pertinence de la proposition de la Fédération de Russie visant la création d’un vaste système de couloirs de sécurité financiers et antinarcotiques. Il faut aussi utiliser les possibilités qu’offrent les regroupements régionaux comme l’Organisation de coopération de Shanghai. Le renforcement de la lutte contre les stupéfiants permettra d’affaiblir les ressources financières des terroristes et d’accélérer la stabilisation du pays. Le processus d’intégration régionale contribuera aussi à ce processus, a insisté le représentant, avant d’appeler à préserver le rôle central de l’ONU dans le pays et à réitérer la volonté de son pays de continuer à aider l’Afghanistan comme en témoignent l’accord sur le règlement de la dette afghane et l’opération humanitaire qui a consisté à livrer 3 000 tonnes de farine de blé pour aider les victimes d’un hiver particulièrement rigoureux en Afghanistan.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a affirmé que l’augmentation des attaques terroristes des ennemis de l’Afghanistan avait conduit à des perceptions erronées sur la situation dans le pays. Ces commentaires sont de nature à saper le soutien aux efforts entrepris pour obtenir une paix et une sécurité durables en Afghanistan, a-t-il dit. Il faut tenir le cap avec détermination et éviter que des différences de nuances sur la sécurité affaiblissent les objectifs partagés, a-t-il déclaré, rappelant que son pays et ses partenaires internationaux avaient enregistré des succès indéniables vers l’instauration d’un Afghanistan fort, stable et démocratique. Il a indiqué qu’une plus grande partie du pays est aujourd’hui à l’abri du terrorisme et de la violence, les forces de sécurité deviennent plus solides et efficaces, l’armée nationale joue un rôle plus important dans la lutte contre les terroristes qui tentent de déstabiliser le pays. Il y a, bien sûr, de grands défis à relever, la sécurité restant le principal objectif, a-t-il souligné. Les terroristes ont augmenté leurs attaques contre des civils, des écoles, des personnalités religieuses, les forces de sécurité et les partenaires internationaux, a-t-il expliqué. La campagne militaire est au centre des efforts pour combattre le terrorisme et consolider la paix, a-t-il assuré, mettant l’accent sur l’attention importante accordée par son pays au processus de réconciliation nationale.
Le représentant a également affirmé que le renforcement de la gouvernance et la lutte contre la corruption et la drogue constituaient les principales priorités. Son gouvernement, a-t-il ajouté, a pris de nouvelles mesures pour améliorer la gouvernance aux niveaux local et provincial et combattre la corruption, notamment la création d’une Commission interinstitutionnelle pour combattre la corruption dans le secteur public. L’ampleur du défi pour lutter contre la corruption et renforcer l’état de droit exige du temps et des ressources, a-t-il affirmé. S’agissant de la lutte contre la drogue, des mesures supplémentaires ont été prises pour accélérer l’application de la Stratégie nationale. En octobre 2007, 50 000 hectares ont été désignés comme cible d’éradication nationale de la culture du pavot pour 2008. De même, afin de régler le problème du lien entre le terrorisme et la drogue, une force de protection sera fournie dans les opérations d’éradication. Malgré tous ces défis, l’Afghanistan poursuit son développement économique et sa reconstruction, a-t-il expliqué. L’économie légale a progressé de 12% en moyenne, tandis que le PIB par habitant a pratiquement doublé. En outre, les femmes continuent de jouer un rôle plus important dans la vie économique, sociale et politique du pays, conformément au Plan d’action nationale pour les femmes. Le représentant a ajouté que le Gouvernement parachèverait la Stratégie nationale de développement dans les semaines à venir. Il s’est ainsi félicité de la Conférence qui aura lieu à Paris au mois de juin.
Le représentant a par ailleurs souligné que le peuple afghan continuait de vivre dans des conditions humanitaires difficiles, la situation étant exacerbée par un hiver particulièrement rude, le plus rude depuis plus de 30 ans, ayant entraîné la mort de 900 personnes. Il a appelé à la fourniture d’urgence d’une assistance humanitaire supplémentaire. Le rôle de l’ONU reste vital pour le Pacte pour l’Afghanistan, a-t-il enfin affirmé, déclarant attendre avec intérêt la prorogation du mandat de la MANUA. Il a mis l’accent sur la nécessité d’une coordination plus grande des efforts de reconstruction de la communauté internationale en Afghanistan. Une telle coordination est nécessaire pour améliorer l’efficacité de l’assistance internationale à l’Afghanistan, a-t-il conclu.
Mme SANJA ŠTIGLIC (Slovénie), au nom de l’Union européenne, a réitéré le ferme appui de l’Union européenne à l’adoption d’une approche globale en Afghanistan. Elle a appelé le Gouvernement afghan à déployer davantage d’efforts dans les domaines des droits de l’homme et de la bonne gouvernance. Dans ce contexte, elle a réitéré l’appel de l’Union européenne à mettre immédiatement fin aux exécutions et à rétablir le moratoire sur la peine de mort. Après avoir rappelé que la stratégie d’assistance de l’Union européenne en Afghanistan couvre une période allant jusqu’en 2013, Mme Štiglic a dit attendre avec intérêt le lancement de la Stratégie nationale de développement. Elle a conclu en réaffirmant la volonté de l’Union européenne d’apporter une aide dans le domaine des élections et de la police. Elle a ajouté que l’Union européenne était prête à travailler avec la Mission des Nations Unies (MANUA) et la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) pour renforcer la coordination des activités internationales en Afghanistan. Elle a indiqué que sa délégation attendait avec intérêt le Sommet de Bucarest et la Conférence de Paris en faveur de l’Afghanistan.
M. ROBERT HILL (Australie) a affirmé que la communauté internationale avait des intérêts durables et réels dans la stabilité de l’Afghanistan. Aucun membre de la communauté internationale ne peut se permettre de voir l’Afghanistan succomber une nouvelle fois face aux forces de l’extrémisme et de l’idéologie fondamentaliste, a-t-il estimé. Il est essentiel de continuer à renforcer les capacités du Gouvernement afghan afin de lui permettre de relever les défis auxquels le peuple afghan a à faire face à moyen et à long termes, a recommandé M. Hill. Il convient, a-t-il poursuivi, d’être prêt à travailler pour les mêmes objectifs, notamment dans la lutte contre les stupéfiants. Le renforcement de l’engagement de l’ONU est crucial pour obtenir des progrès dans la stabilisation du pays, a-t-il déclaré. L’ONU doit augmenter son engagement non seulement à Kaboul, mais aussi au niveau provincial, notamment à travers la présence de la MANUA et des agences des Nations Unies dans le sud du pays, y compris dans la province d’Oruzgan, où l’Australie cherche à accroître ses effectifs de police, a-t-il fait observer.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) s’est félicité des progrès effectués en Afghanistan au cours de l’année écoulée, à la fois sur le front politique et en ce qui concerne les opérations de lutte contre les insurgés. Toutefois, elle a estimé que le tableau d’ensemble demeurait préoccupant, citant la situation en matière de sécurité au sud et à l’est du pays ainsi que le problème de la production d’opium. Elle a affirmé que le Gouvernement afghan devrait se concentrer, avec le soutien de la communauté internationale, sur quatre domaines clefs: la sécurité, la gouvernance, le développement et la réconciliation des diverses factions. Notant que ces questions étaient interdépendantes, elle s’est déclarée convaincue qu’une approche globale devrait donner plus de poids à la réconciliation politique, à la gouvernance et au développement. Mme Banks a mis en avant la contribution de son pays à la sécurité en Afghanistan, notamment par la fourniture de personnel militaire. En outre, elle a indiqué que son pays s’était engagé pour la mise en œuvre du Pacte international pour l’Afghanistan, par des programmes dans les zones rurales ou la fourniture de services de santé et d’éducation par exemple. La représentante a aussi insisté sur l’assistance qui doit être donnée à l’édification des structures de la gouvernance locale. Enfin, elle s’est félicité que l’ONU ait affirmé vouloir jouer un rôle plus central dans la coordination de l’aide internationale et la promotion de la réconciliation politique. Le rôle du nouveau Représentant spécial aura d’autant plus d’importance au moment où nous entrons dans une nouvelle phase pour assurer la sécurité en Afghanistan, a-t-elle déclaré.
M. IÑIGO DE PALACIO ESPAÑA (Espagne) a appelé la communauté internationale à continuer à concentrer ses efforts sur la consolidation du système politique en Afghanistan. L’ONU, a-t-il dit, doit continuer à jouer un rôle central qui exige le renforcement de la présence de la Mission des Nations Unies dans toute l’étendue du pays. Il faut une approche intégrée qui mette l’accent sur une bonne gouvernance, l’état de droit, la promotion des droits de l’homme, le développement social et économique et la prise en charge par le Gouvernement afghan de ses responsabilités. Le représentant a aussi appelé au rétablissement du moratoire sur la peine de mort avant de se féliciter du lancement prochain de la Stratégie nationale de développement qui rendra l’aide internationale plus conforme aux réels besoins du pays. Il a également appelé à des efforts pour renforcer la gouvernance locale, par exemple par la formation des fonctionnaires et une lutte renforcée contre la corruption. La Conférence de Paris, a-t-il estimé, ne doit pas se limiter à une Conférence de donateurs. Elle doit faire le bilan politique des résultats et consacrer l’approche intégrée attendue de tous. La Conférence doit renforcer la coordination internationale et établir des priorités, a insisté le représentant, en appuyant la prorogation du mandat de la Mission, en jugeant qu’en fonction des élections et de la coopération avec la FIAS, il faudra sans doute aménager ce mandat.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a rappelé que son pays, qui préside le G-8 cette année, avait accueilli la réunion du Conseil commun de coordination et de suivi en février dernier, réunion destinée à examiner les progrès réalisés à ce jour et à discuter de la voie à suivre. Comme les participants l’on noté, des réalisations tangibles ont été effectuées dans la reconstruction du pays depuis le lancement du Pacte international pour l’Afghanistan. Cela n’aurait pu être effectué sans la combinaison des meilleurs efforts du Gouvernement afghan et de l’engagement de la communauté internationale, a-t-il estimé. Avec la finalisation de la Stratégie nationale de développement désormais en vue, l’édification de la nation doit passer de la phase de reconstruction à la phase de développement, a-t-il estimé, ajoutant que le Japon était pleinement engagé à soutenir les efforts du Gouvernement et du peuple de l’Afghanistan. Le représentant a souligné l’importance d’une prorogation sans heurts du mandat de la MANUA, et ce, afin de démontrer l’unité de la communauté internationale dans le soutien qu’elle apporte aux activités des Nations Unies en Afghanistan. Le Japon soutient la recommandation du Secrétaire général d’étendre pour une nouvelle période d’un an ce mandat, a-t-il précisé.
M. KIM HYUN CHONG (République de Corée) a souligné les progrès réalisés en Afghanistan depuis l’Accord de Bonn de 2001. Il a affirmé que la communauté internationale devait continuer à travailler étroitement avec ce pays pour garantir que les succès passés aient un impact durable, et a estimé que l’année 2008 serait critique pour parvenir à une paix globale et à la sécurité dans ce pays. Il a déclaré que la détérioration de la situation sécuritaire entravait non seulement le processus de reconstruction, mais aussi la mise en place d’une stratégie de développement. Il s’est inquiété de l’instabilité qui s’est installée dans certaines régions, soulignant les prises d’otages et les meurtres d’Afghans et de civils étrangers, et a rappelé le kidnapping de 23 citoyens coréens par les Taliban en 2007. Il a aussi indiqué que ce manque de sécurité empêchait le retour des réfugiés: seuls 5 000 Afghans sont rentrés chez eux en 2007 contre 5 000 par jour en 2004 lors de la vague la plus importante de retours de réfugiés, a relevé le représentant.
Le représentant a par ailleurs fait part de la préoccupation de la délégation coréenne concernant le trafic de drogues, en constatant que la culture de pavot avait atteint un taux sans précédent en Afghanistan en 2007. Tant que le peuple afghan ne trouvera pas d’autres sources de revenus, plusieurs personnes continueront à prendre part à ce commerce criminel, a-t-il dit. Il a fait valoir que la communauté internationale et le Gouvernement afghan devaient travailler ensemble pour résoudre ce grave problème qui affecte presque tous les aspects du développement et de la sécurité dans le pays. M. Kim a par ailleurs jugé impératif de renforcer le cadre institutionnel de la transition démocratique en Afghanistan et a particulièrement insisté sur l’importance de la Commission anticorruption mise en place par le Président Karzaï. Il a déclaré que les efforts du Gouvernement afghan devaient être accompagnés par l’assistance continue de la communauté internationale. Il s’est, à cet égard, félicité des annonces d’assistance financière faites par de nombreux États, dont la République de Corée, lors de la Conférence de Londres.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a affirmé qu’un Afghanistan stable était crucial pour la stabilité de la paix et de la sécurité régionales et internationales. En tant qu’un des pays les plus affectés par des décennies d’instabilité en Afghanistan, le Pakistan a un intérêt vital dans le succès des efforts entrepris dans ce pays par la communauté internationale. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de poursuivre une approche d’ensemble en insistant sur la création de capacités en Afghanistan pour que le pays s’approprie le contrôle de la sécurité, de la gouvernance et des questions de développement. De l’avis de sa délégation, les facteurs qui contribuent à l’insécurité et à l’instabilité sont divers, complexes et souvent liés les uns aux autres. Une politique plus cohérente en matière de lutte contre les stupéfiants est nécessaire, a-t-il également dit, préconisant des solutions novatrices et davantage de ressources dans divers domaines. Les questions de sécurité et de gouvernance ne peuvent être séparées du développement, a-t-il estimé. Faire de la sécurité une condition préalable au développement risque d’être contreproductif, a-t-il prévenu, en soulignant la nécessité de poursuivre la voie du développement tout en réglant la question de la sécurité. La communauté internationale devrait veiller à ce que des ressources adéquates soient fournies pour assurer la mise en œuvre de la Stratégie nationale afghane de développement, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le représentant a déclaré que le retour sûr et volontaire de réfugiés afghans, dont 2 millions se trouvent au Pakistan, devrait constituer une priorité. Il s’est dit toutefois en désaccord avec le Secrétaire général lorsque celui-ci souligne, dans son rapport, que le fait que plus de 80% des réfugiés soient en exil depuis plus de 20 ans est de nature à freiner leur retour. Le représentant s’est en outre félicité du rôle central et impartial des Nations Unies dans la coordination des efforts internationaux en Afghanistan. Compte tenu des réalités du terrain, il est essentiel d’éviter de confier aux Nations Unies des responsabilités qu’elles ne pourraient réaliser et qui pourraient affecter leur neutralité et leur crédibilité, a-t-il néanmoins observé. Il a rappelé que son pays demeurait fermement engagé à aider l’Afghanistan à réaliser la paix et le développement durables. Il a ainsi mis l’accent sur la coopération entre le Pakistan et l’Afghanistan, laquelle comporte plusieurs facettes et se caractérise par un dialogue et des échanges réguliers de visites au plus haut niveau. Il a ajouté que le Pakistan était un contributeur important à la reconstruction et au développement économique de l’Afghanistan.
M. HJALMAR W. HANNESSON (Islande), au nom des cinq pays nordiques, a rappelé que ces pays sont de très grands contributeurs à la reconstruction et à la stabilisation de l’Afghanistan. Il a insisté, dans ce contexte, sur le rôle central des Nations Unies. Le rôle de la MANUA, a-t-il dit, doit être renforcé afin d’étayer le leadership afghan et renforcer la coordination internationale. En la matière, le Pacte international pour l’Afghanistan et la Stratégie nationale de développement doivent constituer la base de l’engagement international. Il est donc important que le Conseil donne à l’ONU l’appui politique et les moyens nécessaires. Le représentant a salué le fait que le Secrétaire général se soit concentré sur la gouvernance infranationale et les efforts faits pour pouvoir aux postes vacants de la Mission, ce qui est important, a-t-il dit, pour renforcer les capacités des autorités à tous les niveaux. Les défis humanitaires restent importants, a poursuivi le représentant, en se déclarant préoccupé que de larges zones du pays soient toujours inaccessibles. Il a donc dit attendre avec impatience l’adoption d’une résolution renouvelant le mandat de la MANUA. Il a encouragé le Gouvernement afghan à faire montre de son engagement en faveur des droits de l’homme. M. Hannesson s’est déclaré convaincu qu’une Commission indépendante des droits de l’homme et une société pluraliste et forte sont des éléments importants pour introduire les normes des droits de l’homme en Afghanistan. Le représentant a conclu en saluant l’approche multidimensionnelle voulue par le Secrétaire général. Il faut reconnaître le lien entre sécurité et développement, lequel exige une meilleure coopération entre la FIAS et la Mission de l’ONU.
Saluant le rapport « franc et lucide » du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan, M. JOHN MCNEE (Canada) s’est réjoui de la récente nomination de M. Kai Eide en tant que Représentant spécial dans ce pays. Il a aussi salué le travail du Représentant spécial sortant, M. Tom Koenigs, et de celui qui assurait l’intérim, M. Bo Asplund, tout en rendant hommage aux efforts inlassables du personnel civil déployé en Afghanistan. Il a souhaité que la MANUA guide les efforts de la communauté internationale en démontrant un leadership clair. Il a indiqué qu’il souhaitait que le Représentant spécial établisse un consensus entre tous les intervenants civils et exige l’unité lorsque des divergences subsistent. Il a espéré qu’en 2008, le Conseil reflétera la nécessité pour la MANUA de renouveler ses relations et de renforcer ses capacités. Le succès en Afghanistan exigera un degré de cohérence et de collaboration que seules les Nations Unies peuvent mobiliser, a-t-il déclaré. Le représentant a estimé que la Mission devrait être habilitée à coordonner et à représenter les acteurs internationaux qui sont parties au Pacte pour l’Afghanistan et coopérer étroitement avec la FIAS pour rétablir la sécurité. M. McNee a également souhaité qu’elle continue de collaborer avec tous les paliers du Gouvernement en vue de favoriser la prise en charge progressive par les Afghans de leurs responsabilités en matière de sécurité, de gouvernance et de développement.
M. McNee a souligné qu’un rôle renforcé de l’ONU dans le pays nécessitait le renforcement des capacités des bureaux de la MANUA et l’établissement d’une présence des Nations Unies dans les régions ou son leadership est requis. Par ailleurs, il a identifié trois domaines prioritaires d’action pour les mois à venir: les élections, la gouvernance et la réconciliation. Il a aussi insisté sur la nécessité de mettre davantage l’accent sur le développement économique du pays, sur la formation d’une force de police et sur la lutte contre la corruption. Enfin, il a rappelé que le Canada s’était engagé à aider l’Afghanistan à bâtir un avenir stable et démocratique, par le biais d’une aide au développement sans précédent, par le déploiement de civils et de militaires et par son soutien indéfectible à l’ONU et à cette importante mission. C’est cette détermination qui motive notre appel à un rôle renforcé de l’ONU en Afghanistan, a-t-il conclu, affirmant que sa délégation était prête à appuyer ces efforts.
M. BAKI İLKIN (Turquie) a affirmé qu’il faudra plus de temps que prévu pour réaliser les objectifs, ce qui ne signifie pas qu’il faille minimiser les succès obtenus. Un échec en Afghanistan serait un échec de ce que nous souhaitons partout, a-t-il dit, estimant qu’il ne faut pas se laisser impressionner par les événements du jour. Il faut être plus que jamais déterminé, actif et vigilant, a-t-il assuré. Le représentant a plaidé en faveur d’un partenariat entre l’Afghanistan, l’ONU, l’OTAN et le reste de la communauté internationale, en soulignant la nécessité pour les Afghans d’assurer eux-mêmes la direction du pays. Les efforts entrepris devraient continuer à s’appuyer sur la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan et le Pacte international, a-t-il estimé. De l’avis de sa délégation, les Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer dans la coordination des efforts de la communauté internationale. Le représentant a réaffirmé, en conclusion, l’attachement de son pays à la stabilité, à la sécurité et à la prospérité de l’Afghanistan.
M. NIRUPAM SEN (Inde) a rappelé que l’objectif central de la communauté internationale était d’aider l’Afghanistan à achever son redressement après des décennies de guerre, de tensions et de privations. Il a estimé que la démocratisation de ce pays doit s’effectuer avec les Afghans eux-mêmes, et à leur rythme et celui de leur gouvernement. Les interlocuteurs afghans doivent avoir le dernier mot concernant l’allocation des ressources financières et humaines destinées à répondre à leurs besoins prioritaires, a dit M. Sen. Il a ajouté que la sécurité et le développement étaient les chantiers les plus urgents, l’ONU et les agences compétentes devant travailler étroitement ensemble pour appuyer le peuple afghan à ce niveau. Le représentant a ainsi estimé que l’accent devait être mis sur le renforcement des capacités de l’armée et de la Police nationales afghanes. Il a en outre demandé que ne soit pas négligée la menace représentée par les Talibans et Al-Qaïda, à l’égard desquels doit prévaloir la même détermination à les combattre que celle qui existait au lendemain du 11 septembre 2001. M. Sen a par ailleurs estimé que l’attention portée au volet sécuritaire devait être redoublée par des efforts dans les domaines du développement de l’administration et des services publics.
M. PIET DE KLERK (Pays-Bas) s’est félicité des efforts du Gouvernement afghan pour amener la stabilité et le développement dans le pays. Il a illustré ces efforts en citant l’élaboration de la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan, qui doit être achevé ce mois-ci, et a appelé tous les acteurs internationaux à inscrire leur assistance dans ce cadre. Il a indiqué également que les autorités afghanes seraient appelées à fournir davantage de services publics, tandis que l’armée devrait assurer la sécurité et la police maintenir l’ordre public. Les Afghans devraient aussi lutter contre la corruption et le trafic de la drogue qui affaiblissent leur pays. S’agissant de la situation au sud de l’Afghanistan, M. De Klerk a déclaré que le Gouvernement devrait y trouver un règlement politique durable qui, de l’avis de sa délégation, passe notamment par la réconciliation des communautés afghanes. Il faut montrer aux Afghans que des progrès sont réalisés sur les questions qui affectent leur vie quotidienne, a-t-il dit en ajoutant que l’Armée afghane et la FIAS devraient maintenir une pression militaire sur les insurgés. Par ailleurs, le représentant a déclaré que tant que les institutions afghanes auront besoin de soutien international pour le développement et la gouvernance, les Nations Unies devraient jouer le rôle de chef de file pour coordonner les efforts internationaux. Il a ainsi encouragé le Conseil de sécurité et le Secrétaire général à renforcer, de manière urgente, le rôle des Nations Unies dans tous le pays, et particulièrement dans le sud.
M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) s’est dit inquiet de la montée de la violence qui vient menacer les acquis politiques et de développement et qui empêche la population de plus de 36 provinces d’accéder à l’aide humanitaire. Il a insisté sur les conséquences que cette violence fait peser sur la vie de civils innocents, du personnel des Nations Unies, des travailleurs humanitaires, ainsi que sur le personnel des missions diplomatiques. Un membre de la Mission diplomatique des Émirats arabes unis, a-t-il indiqué, a été blessé en janvier dernier lors d’une attaque à Kaboul. Il a rappelé la responsabilité de toutes les parties d’honorer leurs obligations en matière de sécurité et de sûreté des travailleurs internationaux et membres des missions diplomatiques en vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961), de celle sur les relations consulaires (1963), sans oublier la Convention sur la prévention et la répression des infractions contre les personnes jouissant d'une protection internationale, y compris les agents diplomatiques.
Dans ce contexte, le représentant a réitéré l’importance de revoir les structures nationales de sécurité et le système judiciaire; de renforcer les capacités du Gouvernement afghan pour améliorer ses performances dans le souci détendre son autorité à toutes les parties du territoire et d’achever la réconciliation nationale; de renforcer le rôle central et neutre des Nations Unies pour assurer la direction des efforts de la communauté internationale en phase avec les besoins du peuple afghan. Il a notamment appuyé le renforcement du rôle des Nations Unies dans le domaine de la reconstruction et de l’assistance technique et financière pour le processus électoral de 2009. Il a appuyé le projet afghan d’accueillir une conférence internationale cette d’année sur le retour et l’intégration du peuple afghan. Tout en reconnaissant la contribution de la FIAS, sous la direction de l’OTAN et de la MANUA, pour parvenir à la stabilité et à la réalisation des objectifs du Pacte international pour l’Afghanistan, il a jugé important de se concentrer sur les priorités de la Stratégie nationale de développement, en mettant l’accent sur la paix, le développement, la reconstruction et la stabilité.
M. MEHDI DANESH YAZDI (République islamique d’Iran) a estimé que pour lutter contre l’insécurité en Afghanistan, il convient de reconnaître l’importance qu’il y a à céder aux Afghans le leadership en matière de sécurité. En la matière, le renforcement de l’indépendance et de l’intégrité des forces nationales de sécurité est la clef. La reconstruction des infrastructures, en exploitant les potentialités régionales peuvent aussi contribuer à l’amélioration générale de la situation en Afghanistan, a ajouté le représentant. S’agissant de la lutte contre le trafic des stupéfiants, le représentant a appelé le Gouvernement afghan et la communauté internationale à des actions plus concrètes. Il a souligné que la contribution de son pays à la reconstruction de l’Afghanistan est, elle bien tangible et bien visible. Il a ajouté que son pays n’a pas hésité à accueillir des millions de réfugiés afghans et de migrants illégaux pendant plusieurs décennies. Il a espéré que l’amélioration de la situation en Afghanistan ouvrira la voie à leur rapatriement. Il a conclu en exprimant l’importance que son pays attache à un rôle impartial et central de l’ONU qui est là pour renforcer le leadership du Gouvernement afghan et son appropriation des affaires nationales.
M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan), qui s’exprimait au nom des États membres de l’Organisation de l’accord de sécurité collective, a affirmé que les extrémistes empêchaient d’assurer la sécurité dans plusieurs régions et sapaient la possibilité d’avoir confiance dans la reconstruction de l’Afghanistan. Il a souligné la nécessité de viser les personnes figurant sur la liste de sanctions du Comité 1267 du Conseil de sécurité. Le représentant kirghize a également estimé que l’idée de réconciliation avec les Taliban ayant fait repentance n’était pas réaliste. Le problème des stupéfiants est un des obstacles les plus importants à la sécurité, a-t-il assuré, se déclarant préoccupé par la poursuite de la culture du pavot et du commerce de l’opium. Ce commerce illégal constitue un danger important non seulement pour les Afghans, mais aussi pour le reste de la communauté internationale, a-t-il dit, préconisant la fermeture de tous les canaux de vente de drogues. Le représentant a en outre jugé indispensable que l’OTAN et l’Organisation de l’accord de sécurité collective travaillent ensemble dans la conduite des efforts de lutte contre le terrorisme et les stupéfiants. Il a également mis l’accent sur l’importance d’entreprendre des mesures complémentaires pour renforcer le potentiel des forces armées afghanes.
Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a souligné l’importance de l’approche prônée par le Secrétaire général. Elle a rappelé que c’est par l’Asie centrale et la Fédération de Russie qu’est écoulée une partie de l’héroïne produite en Afghanistan. En 2007, à Almaty, un Centre de coordination des informations a été créé dont les aspects opérationnels doivent encore être perfectionnés, a dit Mme Aitimova. La représentante kazakhe a remercié l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue, en espérant que la coopération technique qui existe avec elle allait encore se renforcer. Elle a rappelé l’idée de créer une ceinture de lutte contre le trafic de drogues le long de la frontière afghane. Les efforts contre le trafic de drogues et le terrorisme doivent être accompagnés d’un programme ambitieux visant à améliorer les conditions de vie du citoyen ordinaire, a-t-elle recommandé.
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