L’ONU DOIT CONCILIER SA MISSION, QUI EST D’AIDER LES AUTRES ET LA NÉCESSITÉ DE PROTÉGER LES SIENS, AFFIRME LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
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L’ONU DOIT CONCILIER SA MISSION, QUI EST D’AIDER LES AUTRES ET LA NÉCESSITÉ DE PROTÉGER LES SIENS, AFFIRME LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
(Publié le 13 février – Retardé à la traduction)
L’allocution ci-dessous a été prononcée par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à l’occasion de la cérémonie organisée à la mémoire des collègues des Nations Unies qui ont péri lors de l’attentat d’Alger, tenue à Genève aujourd’hui, le 23 janvier:
C’est en toute humilité que je me tiens devant vous aujourd’hui pour rendre hommage à nos collègues disparus. Humilité que m’inspirent leur courage, leur dévouement et le sacrifice qu’ils ont fait. Humilité face à leurs proches, pour qui la perte est immense et qui ont pourtant eu le courage de faire un long voyage afin de se joindre à nous. Humilité devant la difficulté de rendre à ces amis irremplaçables les honneurs qu’ils méritent.
En vérité, nous ne pourrons jamais leur rendre les honneurs qu’ils méritent. Nous ne pouvons que les pleurer et contempler le vide qu’ils ont laissé. Nous ne pouvons que partager une peine trop lourde à porter seul.
Je vous prie de vous lever, nous allons à présent observer une minute de silence à la mémoire de nos collègues disparus.
Cette tragédie est celle d’êtres emportés par la mort alors qu’ils étaient dans la fleur de l’âge. Celle de personnes qui, face à l’infamie et à la mort, ont fait preuve d’un courage prodigieux et consenti un sacrifice inimaginable. Celle de jeunes enfants qui ont perdu leurs parents, de parents qui ont perdu un enfant dévoué, d’hommes et de femmes dont le conjoint aimé a disparu dans les circonstances les plus violentes qui soient.
C’est une perte horrible infligée à toute la famille des Nations Unies. Nos collègues d’Alger, qui travaillaient pour le PNUD ou l’ONUDI, l’OIT ou le FNUAP, ONUSIDA, le PAM ou le HCR, n’étaient pas là pour atteindre des buts politiques et encore moins pour faire prévaloir les intérêts d’un groupe de nations ou de peuples sur ceux d’un autre. Ils étaient là pour promouvoir le développement, une croissance industrielle durable, l’emploi et la formation. Ils étaient là pour combattre le sida, favoriser le progrès dans le domaine de la santé des femmes et répondre aux besoins des réfugiés. Ils étaient là pour améliorer les conditions de vie des hommes, des femmes et des enfants que l’ONU a pour vocation de servir.
Les véritables martyrs ne sont pas les auteurs de l’attentat-suicide perpétré à Alger le 11 décembre 2007, mais bien nos collègues et les Algériens innocents qui sont morts avec eux.
Et c’est au peuple algérien et à l’ensemble du monde arabe et musulman, tout autant qu’aux Nations Unies, que cet acte cruel et méprisable a volé des hommes et des femmes.
Pour nous, représentants de l’Organisation des Nations Unies, qui devons et voulons poursuivre l’œuvre de nos collègues, cette tragédie est porteuse de plusieurs enseignements.
Nous devons mieux encore expliquer au public et aux médias, partout où nous sommes présents, ce que nous représentons, pourquoi nous sommes là et qui nous sommes. Je m’engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que ce message soit entendu du plus grand nombre.
Nous devons prendre des mesures pour mieux nous protéger, partout dans le monde. Jamais nous ne serons complètement à l’abri des menaces, et jamais non plus nous ne devons nous retrancher dans une forteresse, nous couper de ceux que nous sommes là pour aider. Mais nous devons apprendre à concilier notre mission, qui est d’aider les autres, et la nécessité de protéger les nôtres. Je m’engage à collaborer avec les États Membres à cette fin.
À cette fin, étant donné les événements récents et après avoir consulté les pays concernés et reçu leur accord, j’ai décidé de créer un groupe d’experts indépendants qui sera chargé d’évaluer la sûreté et la sécurité du personnel et des locaux des Nations Unies partout dans le monde. Les consultations sur la composition exacte du groupe et sur son mandat se poursuivent. Nous espérons parvenir très bientôt à une décision. Le groupe s’occupera de questions stratégiques d’une importance capitale pour la sécurité du personnel des Nations Unies de par le monde.
Enfin, nous devons veiller à ce que, quand elle est frappée par une tragédie, la famille des Nations Unies trouve les moyens de prendre soin de ses membres. Nous avons observé hier le quarantième jour de deuil pour nos collègues. Mais le devoir que nous avons de perpétuer le souvenir et de vous soutenir, vous les membres des familles des victimes, ne s’arrête pas là. Je m’engage à ce qu’il continue d’être honoré.
Lorsque je me suis rendu à Alger le mois dernier, quelques jours après l’attentat, le coordonnateur résident m’a remis le drapeau de l’ONU qui flottait devant la Maison des Nations Unies au moment où elle fut attaquée.
Beaucoup d’entre vous, membres des familles des victimes, étiez présents lorsqu’il a été abaissé et m’a été remis; vous vous souvenez combien ce moment fut émouvant pour tous.
L’explosion a mis l’étoffe en lambeaux et, comme vous le verrez tous lorsque je dévoilerai le drapeau, il n’en subsiste que quelques morceaux intacts.
Mais le symbole dont ce drapeau est porteur depuis plus de 60 ans pour des millions de personnes du monde entier, le symbole de l’espoir, n’a rien perdu ni de sa force, ni de sa dignité. Il représente à la fois le sacrifice de nos collègues et notre ferme volonté de persévérer.
Pour faire honneur à ce drapeau et à nos collègues disparus, nous devons redoubler d’efforts et édifier une ONU plus forte pour un monde meilleur.
Efforçons-nous d’être les dignes gardiens du souvenir et de l’héritage que nos collègues nous ont laissés.
Je vais maintenant présenter le drapeau de l’ONU à Alger.
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