LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DÉCLARE QUE, SAUF À ATTEINDRE LEUR COMPLÈTE AUTONOMIE, LES FEMMES SERONT VULNÉRABLES À TOUS LES NOUVEAUX DÉFIS MONDIAUX
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LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DÉCLARE QUE, SAUF À ATTEINDRE LEUR COMPLÈTE AUTONOMIE, LES FEMMES SERONT VULNÉRABLES À TOUS LES NOUVEAUX DÉFIS MONDIAUX
On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par la Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies, Mme Asha-Rose Migiro, à la conférence sur le rôle des femmes dans la stabilisation d’un monde incertain, qui s’est déroulée le 6 mars à Bruxelles:
Je suis honorée et enthousiaste d’être ici. Permettez-moi de saluer cette initiative qui réunit des dirigeantes venues du monde entier pour que nous nous attaquions aux défis les plus complexes et les plus graves de notre époque.
Je ne peux mieux introduire la Journée internationale de la femme qu’en évoquant l’ampleur et la variété des questions inscrites à l’ordre du jour de nos sessions: ces questions vont en effet de la santé et de la pauvreté à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.
Dans de nombreuses régions du monde, instaurer une paix et une sécurité durables constitue une tâche redoutable. À cette première session, nous reconnaissons que les femmes sont souvent touchées de manière disproportionnée par les menaces internationales pesant sur notre époque. On nous demande de réfléchir aux nouvelles stratégies qu’il faudrait mettre en œuvre pour relever des défis qui vont des changements climatiques à la traite des êtres humains en passant par l’extrémisme religieux et le terrorisme.
Je voudrais dire tout d’abord que ces défis correspondent à la définition même des menaces mondiales. Ils ne respectent aucune frontière nationale. Il s’agit de problèmes qu’aucune nation – aussi puissante soit-elle – ne peut résoudre par elle-même. Notre expérience de la mondialisation en cours nous l’a irréfutablement prouvé. Elle nous a appris que, pour pouvoir relever des défis mondiaux, nous devons travailler ensemble, notamment par l’intermédiaire de l’Organisation des Nations Unies, seule institution à avoir une participation universelle. L’ONU, à son tour, doit travailler partout dans le monde avec la société civile, le secteur privé, les hommes et les femmes, et notamment avec les dirigeantes qui se trouvent autour de cette table.
Les menaces dont je parle sont telles que ni hommes ni femmes, aussi puissants soient-ils, ne peuvent les affronter seuls. Tout comme nous savons que ces menaces touchent les femmes de manière disproportionnée, nous savons que les femmes constituent souvent plus de la moitié de la solution. S’il y a une chose que nous avons apprise au fil des ans à l’ONU, c’est qu’investir dans les femmes est l’un des meilleurs investissements que les États puissent faire.
Les femmes, qui connaissent si bien le prix des menaces contre la sécurité humaine, sont souvent mieux armées que les hommes pour les prévenir ou les résoudre. Lorsqu’une société s’effondre, les femmes jouent un rôle essentiel pour veiller à ce que la vie continue. Lorsque des tensions provoquent ou exacerbent un conflit, les femmes tendent à construire des ponts plutôt que des murailles. Lorsqu’elles réfléchissent à l’impact et aux implications des défis qui nous occupent, les femmes tendent à penser avant tout à leurs enfants, à leurs communautés et à leur avenir, avant de penser à elles-mêmes.
Dans toutes les régions du monde, les femmes jouent un rôle actif dans la promotion de la paix et de la sécurité, dans le développement et dans la préservation de l’environnement. Si nous investissons davantage dans l’éducation et la santé des femmes, notamment leur santé procréative, c’est l’ensemble de la société qui prospérera. Les femmes apportent de nouvelles perspectives et de nouvelles politiques à la prise de décisions. Elles accroissent les chances pour la prochaine génération d’avoir accès à l’éducation et à l’emploi.
C’est la raison pour laquelle l’adoption d’une approche efficace face aux défis mondiaux nécessite une collaboration entre l’ONU, les gouvernements, la société civile et le secteur privé, d’une part, et les femmes, d’autre part. Je vais essayer de décrire comment cela se traduit dans la pratique face aux défis spécifiques dont est saisie notre session.
Nous savons que les changements climatiques auront un impact considérable sur la vie des femmes dans le monde en développement. Les femmes pauvres, par exemple, sont celles qui contribuent le moins aux gaz à effet de serre, mais elles subissent leur impact de façon disproportionnée.
Nous devons investir pour réduire les émissions de carbone et le risque de catastrophes climatiques et pour promouvoir des sources d’énergie alternative afin d’aider les plus vulnérables. Nous devons également veiller à ce que les femmes participent pleinement aux plans et aux politiques de développement, de façon à protéger leurs moyens de subsistance et leurs ressources.
Les femmes ne restent pas les bras croisés. La semaine dernière, les changements climatiques ont été le principal problème qui a été abordé au cours de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme. Depuis 60 ans, ce lieu d’échanges dynamiques est à la fine pointe du combat de l’ONU pour élaborer un cadre normatif et politique favorable à l’égalité des sexes dans tous les domaines de la vie.
Les débats de la semaine dernière à la Commission ont souligné à juste titre la nécessité d’en faire plus pour comprendre les liens entre développement, réduction des risques de catastrophe et adaptation aux changements climatiques et pour évaluer le coût financier des changements climatiques pour les plus vulnérables.
Le Réseau Sécurité humaine, présidé par la Grèce, met actuellement au point une série de recommandations en vue d’exploiter le solide ensemble de connaissances que les femmes possèdent sur l’atténuation des changements climatiques, la réduction des risques de catastrophe et les stratégies d’adaptation.
La même approche originale et créative est actuellement appliquée à l’extrémisme religieux et à l’intolérance, dont les effets les plus dévastateurs se font indiscutablement sentir sur les femmes. Or, l’extrémisme et l’intolérance contredisent l’esprit et les valeurs mêmes que la religion cherche à encourager. Nous devons favoriser le dialogue avec les femmes, notamment dans le domaine religieux, afin de susciter des points de vue différents.
Une des initiatives les plus stimulantes et les plus originales de l’ONU est l’Alliance des civilisations, qui prend la forme de partenariats et d’actions spécifiques visant à modifier ce que les gens voient, ce qu’ils disent et, au bout du compte, ce qu’ils font. L’Alliance joue un rôle de catalyseur, forgeant des liens avec la société civile, les fondations, les médias et le monde des affaires.
À ce sujet, je tiens à saluer le rôle pionnier et la générosité de S. M. la Reine Nour de Jordanie et de S. A. Cheikha Mozah bint Nasser al-Missned du Qatar au service de l’amélioration des conditions de vie au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et au-delà.
De ces diverses façons, les efforts de l’Alliance s’inscrivent en complément de l’action menée par l’ONU pour appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale adoptée par l’Assemblée générale en 2006. Ces efforts renforceront notre action dans le domaine de la diplomatie préventive et de l’appui aux processus de paix à long terme. Quel que soit le nombre de résolutions que nous adoptons, d’émissaires que nous dépêchons ou d’accords que nous négocions, les perspectives de succès demeureront fragiles si les parties n’ont pas le sentiment réel et profond de leur humanité commune.
C’est cette humanité commune qui s’évanouit partout où l’on pratique la traite des êtres humains. Cette pratique odieuse dépouille les femmes de leurs droits et les prive de leur dignité.
L’Initiative mondiale des Nations Unies contre la traite des êtres humains réunit toutes les parties intéressées : États, entreprises, universitaires, société civile et médias, pour veiller à ce que chacun assume ses responsabilités dans la lutte contre ce fléau.
Le mois dernier, sous les auspices de l’Initiative mondiale des Nations Unies contre la traite des êtres humains, un groupe d’éminentes femmes d’État, de diplomates, de syndicalistes, de dirigeantes économiques et d’autres personnalités féminines s’est réuni à Vienne pour lancer le Conseil des femmes dirigeantes. Nous sommes fiers que Mme Suzanne Moubarak (qui doit également assister à la conférence de Bruxelles) compte au rang des membres fondateurs.
Le Conseil mènera une action de coordination, forgera de nouveaux partenariats, facilitera l’accès aux ressources et au travail pour lutter contre l’opprobre qui frappe les victimes de la traite des êtres humains. Sa création illustre de façon éclatante qu’on ne pourra mettre fin à cette traite qu’avec la participation active des femmes dans un rôle dirigeant.
Telles sont donc les approches que nous suivons face à certains des défis dont est saisie notre session. Mais soyons clairs: tant que les femmes n’auront pas atteint leur complète autonomie, elles resteront plus vulnérables aux menaces que nous adresse la mondialisation. En fin de compte, notre meilleure défense à long terme est notre lutte inexorable et incessante pour l’égalité des sexes partout dans le monde.
L’ONU doit continuer et continuera de jouer un rôle de premier plan dans ce combat. Pour faire réellement la différence, nous devons renforcer et mieux financer les mécanismes dont dispose l’Organisation pour travailler à l’égalité des sexes. Je suis convaincue qu’un organisme unique, dynamique et renforcé de promotion de la condition féminine, qui consoliderait les ressources actuellement dispersées entre plusieurs structures, attirerait de meilleurs financements de la part de la communauté des donateurs et aurait une portée et un impact dont nous ne pouvons aujourd’hui que rêver.
En mobilisant les forces du changement au niveau mondial et en suscitant de meilleurs résultats au niveau national, cet organisme ferait mieux avancer notre cause, à savoir l’autonomisation des femmes et la réalisation de l’égalité des sexes dans le monde. Le Secrétaire général et moi avons exhorté les États Membres à mobiliser la volonté politique nécessaire pour faire aboutir les consultations en cours sur cette question.
C’est avec ces mots que je conclus mon message à cette session. Je vous suis reconnaissante de m’avoir donné cette tribune et j’attends avec intérêt d’écouter les grandes dames du monde que vous êtes.
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