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CS/9480

LE PRÉSIDENT DE DJIBOUTI DEMANDE UNE ACTION URGENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DANS LE CONFLIT FRONTALIER AVEC L’ÉRYTHRÉE

23/10/2008
Conseil de sécuritéCS/9480
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6000e séance –matin


LE PRÉSIDENT DE DJIBOUTI DEMANDE UNE ACTION URGENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DANS LE CONFLIT FRONTALIER AVEC L’ÉRYTHRÉE


La France propose d’engager des consultations bilatérales en vue de présenter un projet de texte condamnant l’Érythrée si elle persiste dans son refus de dialogue


Le Président de Djibouti, M. Ismail Omar Guelleh, a demandé ce matin au Conseil de sécurité d’agir de « manière urgente et efficace » en vue d’obtenir de l’Érythrée qu’elle se plie à ses obligations internationales et accepte de coopérer pour résoudre le conflit frontalier entre les deux pays.  Cette crise n’est qu’un « problème artificiel », a estimé de son côté le représentant érythréen. 


M. Guelleh a ainsi exhorté le Conseil de sécurité à exiger de l’Érythrée et de Djibouti « dans un délai d’environ trois semaines à se consacrer fondamentalement à la résolution de cette crise ».  « Tout manquement à l’application d’une telle décision devrait donner lieu à des sanctions de la part du Conseil », a déclaré le Président djiboutien.  L’« agression » de l’Érythrée « ne doit être ni ignorée ni rester impunie ni même, ce qui est pire, être prise à la légère », a-t-il ajouté.


« Une inaction continue, sous quelque forme qu’elle soit, non seulement encouragerait mais gratifierait l’attitude de l’Érythrée », ne donnant à Djibouti que la guerre comme seule option, a également déclaré le Chef de l’État, pour qui la priorité immédiate « est la démilitarisation du secteur du conflit, ainsi que le retrait des forces des deux pays dans leurs positions d’avant février 2008 ». 


Cette réunion, la 6 000e du Conseil de sécurité depuis la création des Nations Unies, avait été demandée par Djibouti* afin que le Président Guelleh puisse s’exprimer sur cette question qui avait déjà donné lieu à une séance d’urgence, le 24 juin dernier.


Le Représentant permanent de l’Érythrée auprès de l’ONU a assuré pour sa part qu’il n’y avait pas eu d’éléments nouveaux depuis le « bref incident du mois de juin » causé, a-t-il précisé, par une « attaque non provoquée de la part des Forces de Djibouti contre des Forces érythréennes situées en territoire érythréen ».  Il a indiqué que si l’Érythrée souhaitait « rétablir et cultiver des relations de bon voisinage avec Djibouti sur la base du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriales », elle ne se laisserait pas entraîner, en revanche, « dans un conflit de diversion et artificiel ».


Dans le débat qui a suivi, les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leurs préoccupations face à cette situation conflictuelle et à ses risques d’embrasement dans une région, la corne de l’Afrique, déjà fortement marquée par les guerres et les crises humanitaires, même si, comme l’ont constaté certains, les tensions semblent s’être apaisées à la frontière.


« Le Conseil de sécurité ne doit pas perdre de vue l’essentiel, c’est-à-dire les combats meurtriers, dont l’Érythrée est responsable, qui ont eu lieu à Doumeira en juin dernier et les effets de cette agression qui persistent », a affirmé le représentant de la France.  Celui-ci a annoncé que la France se proposait d’ « engager rapidement des consultations bilatérales », en vue de présenter « le moment venu » au Conseil de sécurité un projet de texte condamnant l’Érythrée si elle persistait dans son refus de tout dialogue et encourageant les efforts du Président de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général des Nations Unies.  Ces demandes, a-t-il poursuivi, « devraient s’accompagner d’une échéance claire ».


Son homologue des États-Unis a demandé au Secrétaire général, conformément à la recommandation de la mission d’établissement des faits**, de dépêcher un émissaire sur le terrain.  Plusieurs pays, comme le Burkina Faso ou l’Afrique du Sud, ont en outre souligné que le Conseil de sécurité pouvait s’appuyer sur les efforts et les bons offices de l’Union africaine ou de la Ligue des États arabes.  Le représentant de l’Afrique du Sud a ainsi dit espérer que la visite du Président de la Commission de l’Union africaine, M. Jean Ping, à Asmara constitue « une bonne occasion pour l’Érythrée de donner sa vision des choses ».


Dans une déclaration présidentielle, le 12 juin dernier, le Conseil de sécurité avait condamné l’action militaire conduite deux jours plus tôt par l’Érythrée contre Djibouti à Ras Doumeira et dans les îles de Doumeira.  Il avait également demandé instamment aux deux parties de « retirer leurs forces pour revenir au statu quo ante » et d’« entreprendre des efforts diplomatiques en vue de résoudre la question pacifiquement et conformément au droit international ».


Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Burkina Faso, Belgique, Italie, Royaume-Uni, Fédération de Russie, Afrique du Sud, Croatie, Costa Rica, Viet Nam, Jamahiriya arabe libyenne, Panama, États-Unis et Chine.


* S/2008/635

** S/2008/602



PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE


Déclarations


M. ISMAIL OMAR GUELLEH, Président de la République de Djibouti, a souligné que son pays, petit, paisible et progressiste, est parvenu à survivre et à maintenir sa stabilité dans un contexte de guerres régionales variées et persistantes, et de conflits civils violents pendant les trois dernières décennies.  La Corne de l’Afrique, a-t-il ajouté, a eu, et continue à avoir, plus que son lot de malheur, de tragédie, de dislocation et de destruction.  À cet égard, le Conseil de sécurité pourrait, a estimé le Président djiboutien, examiner profondément ce foyer de tension au niveau régional comme il l’a fait dans le passé pour la région de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  M. Guelleh a, en premier lieu, évoqué la question de la Somalie, pays, a-t-il précisé, « en ruines ».  Cette question n’est plus exclusivement somalienne et requiert, a-t-il estimé, une implication régionale et internationale totale, transparente, franche et neutre, afin de déterminer une fois pour toutes le destin d’un peuple, dont le futur comme nation est en jeu.  Le Chef de l’État djiboutien a notamment affirmé que la piraterie faisait partie du chaos croissant en Somalie et constituait un symptôme de l’absence de pouvoir au sein de cette nation.  De l’avis de M. Guelleh, la moitié de la population de la Somalie, pays qui continue à être l’otage d’intérêts politiques, stratégiques et économiques divergents, nécessite une aide humanitaire d’urgence et souffre d’un des taux les plus élevés de déplacement, de sécheresse, de chômage et d’inflation.  Le Conseil de sécurité a la responsabilité première, dans le cadre de la paix et de la sécurité internationales, de sauver cette nation de l’inéluctable descente dans l’apatridie et le cauchemar, a-t-il expliqué.  Il a la lourde responsabilité de décider fermement qu’il est temps de protéger les populations vivant dans cette situation chaotique, a-t-il également dit, ajoutant qu’un manque d’action du Conseil aurait des conséquences graves.


Le Président de Djibouti a consacré le reste de son intervention au conflit frontalier qui oppose son pays à l’Érythrée.  Après la soudaine occupation, inexplicable et irréfléchie, d’une partie du territoire djiboutien par les Forces érythréennes au début de l’année, Djibouti s’est engagé dans une politique calme et prudente qui a accordé suffisamment de temps aux contacts bilatéraux à tous les niveaux afin de résoudre ce différend amicalement et paisiblement, a-t-il expliqué.  Ces efforts sont restés vains, a-t-il regretté, dénonçant l’acte illégal et insolent des Érythréens qui poursuivent leurs constructions militaires sur le terrain, ainsi que leur manque de coopération, obligeant ainsi Djibouti à masser des troupes à la frontière afin de protéger son intégrité territoriale. 


Les efforts régionaux et internationaux intenses et soutenus dans l’espoir de trouver une solution à cette crise ont rencontré le dédain et le rejet pur et simple des autorités érythréennes, a-t-il dit.  Le Président de Djibouti a estimé que les conclusions de la mission d’établissement des faits dépêchée dans son pays afin d’étudier la situation qui prévaut dans la région de Doumeira et les tensions croissantes entre les deux pays sont claires, incontestables et graves.  Elles reflètent, a-t-il précisé, le comportement erratique et irresponsable du régime érythréen et ses déformations malhonnêtes et délibérées des faits.  M. Guelleh a exprimé la détermination de son pays à recouvrir l’intégrité de son territoire, à savoir le Ras Doumeira et les îles de Doumeira, aujourd’hui illégalement occupées par l’Érythrée.  Cette impasse imposée par l’Érythrée est intolérable et inadmissible, a-t-il déclaré, jugeant impératif que le Conseil de sécurité traite ce conflit de façon opportune et complète.


Le Chef de l’État djiboutien a invité le Conseil de sécurité à considérer que l’Érythrée devait être sérieusement appelée à répondre de ses obligations internationales et à coopérer avec l’ONU en vue d’accepter sa facilitation pour résoudre cette crise.  La priorité immédiate pour Djibouti est la démilitarisation du secteur du conflit, ainsi que le retrait des forces des deux pays dans leurs positions d’avant février 2008, a-t-il ajouté.  Enfin, les deux pays doivent faire preuve d’une entière disponibilité afin de rétablir la confiance mutuelle, notamment à travers l’activation des mécanismes bilatéraux existants, la soumission à un processus juridique ou à un arbitrage menant à une démarcation concertée de la frontière.  Il a ainsi invité le Conseil à mettre tout en œuvre afin de convaincre l’Érythrée de se retirer des secteurs qu’elle occupe depuis mars 2008.  M. Guelleh a exhorté le Conseil de sécurité à exiger des deux pays, dans un délai d’environ trois semaines, qu’ils se consacrent fondamentalement à la résolution de cette crise.  Tout manquement à l’application d’une telle décision devrait donner lieu à des sanctions de la part du Conseil, a-t-il dit.  Cette agression ne doit être ni ignorée ni rester impunie ni même, ce qui est pire, être prise à la légère par le Conseil.  Une inaction continue, sous quelque forme qu’elle soit, non seulement encouragerait mais gratifierait l’attitude de l’Érythrée, ne donnant à Djibouti que la guerre comme seule option, a-t-il poursuivi.  Le Président de Djibouti a ainsi demandé que le Conseil de sécurité agisse de manière urgente et efficace sur cette question.  Ce conflit constitue un gouffre financier, un poids énorme sur les ressources limitées de Djibouti, tout en compromettant ses objectifs de développement, a conclu M. Guelleh. 


M. ARAYA DESTA (Érythrée) a rappelé que, le 24 juin, lors d’un exposé semblable de la part du Premier Ministre de Djibouti, l’Érythrée avait donné sa version des faits et ne souhaite donc pas s’appesantir sur la genèse d’un « problème artificiel ».  Le représentant a affirmé qu’il n’y a pas eu d’éléments nouveaux depuis le « bref incident du mois de juin » causé par ce qu’il a qualifié « d’attaque non provoquée de la part des Forces de Djibouti contre des Forces érythréennes situées en territoire érythréen ».  L’Érythrée, a ajouté M. Desta, a toujours choisi la voie de la modération et de la patience.  Contrairement à ce qu’il a appelé des « allégations », l’Érythrée n’a pas pris de territoire appartenant à Djibouti et n’a pas d’ambitions territoriales, a-t-il affirmé.


Le représentant, tout en affirmant que la question n’était pas liée, a ensuite reproché à l’Éthiopie d’avoir installé des positions militaires dirigées contre l’Érythrée dans une région des trois frontières (Érythrée, Éthiopie et Djibouti).  Il a ajouté que l’Éthiopie continue en outre à occuper des territoires érythréens en violation de la Charte des Nations Unies et des Accords d’Alger.  Revenant sur le « problème artificiel » de Djibouti, le représentant a affirmé qu’à la demande de l’Émir du Qatar, les Présidents érythréen et djiboutien ont accepté de discuter.  L’Érythrée souhaite rétablir et cultiver des relations de bon voisinage avec Djibouti sur la base du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, mais elle ne se laissera pas entraîner dans un conflit de diversion et artificiel, a conclu M. Desta.  


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a estimé que le conflit entre Djibouti et l’Érythrée était entré dans une phase moins aiguë.  La situation est tendue mais calme à la frontière, a-t-il souligné, précisant que l’on ne se battait plus sur le promontoire de Doumeira ou dans les îles de Doumeira et que les forces armées des deux pays n’étaient plus en contact.  Cette évolution est, a-t-il estimé, à mettre au crédit de Djibouti qui, conformément à la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 12 juin dernier, a retiré ses troupes sur la position du statu quo ante.  Le Conseil de sécurité ne doit pas perdre de vue l’essentiel, à savoir que des combats meurtriers, dont l’Érythrée est responsable, ont eu lieu à Doumeira en juin et que les effets de cette agression persistent.  Comme l’indique la mission d’établissement des faits dans son rapport, l’Érythrée n’a pas retiré ses troupes sur les positions du statu quo ante, a-t-il poursuivi.  La première urgence, a-t-il dit, est que l’Érythrée réponde à la demande très claire que le Conseil lui a adressée.  De l’avis de M. Ripert, la résolution de cette crise suppose que les deux parties tranchent la question du tracé de leur frontière commune.  Il revient aux deux parties, a-t-il ajouté, de définir le cadre dans lequel elles aplaniront leur différend.  Cela suppose, a-t-il dit, un dialogue qui, pour l’instant, n’existe pas.  M. Ripert a ainsi souligné que les autorités érythréennes avaient jusqu’à présent refusé toutes les propositions de dialogue qui leur avaient été faites, n’avaient pas donné de visa à la mission d’établissement des faits, avaient refusé des missions du même type proposées par la Ligue des États arabes ou par l’Union africaine, et n’avaient pas répondu à la proposition de bons offices du Secrétaire général ni aux diverses propositions de dialogue sur cette question qui leur avaient été présentées par des organisations multilatérales ou par des États Membres. 


La deuxième urgence est, de l’avis de sa délégation, que les autorités érythréennes acceptent l’existence d’une crise à Doumeira et qu’elles se montrent disposées à en parler.  La visite du Président de la Commission de l’Union africaine à Asmara, vendredi dernier, laisse espérer que l’Érythrée va enfin accepter de « reprendre langue » avec la communauté internationale, a-t-il dit.  Il s’est dit persuadé que le Secrétariat avait un rôle très positif à jouer et a souhaité qu’il puisse formaliser sa proposition de bons offices auprès de l’Érythrée et l’envoi d’une mission sur place.  Après avoir rappelé la relation d’amitié et de coopération ancienne et confiante qui lie la France à Djibouti, le représentant a annoncé que sa délégation se proposait d’engager rapidement des consultations bilatérales, en vue de proposer au Conseil de sécurité, le moment venu, un projet de texte.  Il s’agirait alors, a précisé M. Ripert, de réitérer fortement les demandes adressées par le Conseil à l’Érythrée, de condamner ce pays s’il persistait dans son refus de tout dialogue sur ce sujet, d’encourager les efforts du Président de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général des Nations Unies.  Ces demandes, a-t-il poursuivi, devraient s’accompagner d’une échéance claire.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a observé que c’est la deuxième fois que Djibouti se présente à un très haut niveau devant le Conseil de sécurité pour l’entretenir de l’évolution du conflit avec l’Érythrée.  Il y a vu un indice de la confiance que ce pays place dans les Nations Unies pour résoudre une situation difficile.  Il faut donc donner quitus à Djibouti pour la bonne volonté dont il fait preuve pour tenter de résoudre pacifiquement un différend, a ajouté le représentant.


La corne de l’Afrique est déjà confrontée à trop de conflits et autres défis pour se permettre d’en avoir un nouveau, a déclaré M. Kafando, qui a déploré la persistance de la tension « entre deux pays frères qu’unissent des liens séculaires ».  Le Conseil de sécurité s’est déjà impliqué en envoyant dans la région une mission d’établissement des faits même si, malheureusement, une des parties a refusé de la recevoir, a-t-il ajouté.  Après les déclarations des deux parties, il est de la responsabilité du Conseil de sécurité de réaffirmer les principes directeurs qui peuvent aider au retour de la normalité, a poursuivi le représentant.  Pour M. Kafando, ceci inclut le retrait de toutes les forces sur leurs positions d’avant le conflit, la démilitarisation de la zone litigieuse, l’engagement de bonne foi de chaque partie de ne pas recourir à la force et leur engagement de s’asseoir à la table des négociations.  Si elles refusent de dialoguer directement, les deux parties peuvent recourir à l’arbitrage, à la facilitation, voire au recours contentieux, a ajouté M. Kafando.  Même si le Conseil de sécurité ne pouvait régler lui-même la crise, il devrait appuyer de toutes ses forces une de ces solutions, a-t-il ajouté, avant de mentionner des possibilités de bons offices de la part de l’Union africaine ou de la Ligue des États arabes.


M. JAN GRAULS (Belgique) a déclaré partager l’inquiétude de Djibouti sur l’absence totale de progrès depuis les affrontements avec l’Érythrée suite à l’action entreprise par cette dernière contre Ras Doumeira et dans les îles de Doumeira, tout en saluant la retenue dont a fait preuve Djibouti.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait condamné au mois de juin l’action militaire de l’Érythrée et encouragé les deux pays à coopérer, en offrant l’assistance de l’ONU, en coordination éventuelle avec d’autres offres, de la Ligue des États arabes ou de l’Union africaine.  Il apparaît aujourd’hui que l’Érythrée, qui a refusé de dialoguer avec Djibouti, n’est pas plus intéressée à discuter avec les Nations Unies, la Ligue des États arabes ou l’Union africaine, a regretté le représentant de la Belgique.


M. Grauls a rappelé qu’en juillet, les Nations Unies ont décidé de se retirer de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie sans avoir pu aider les deux pays à trouver un terrain d’entente.  Là aussi, malgré les propositions constructives des Nations Unies et du Secrétaire général, l’Érythrée, qui aurait pourtant pu capitaliser sur une décision arbitrale rendue en sa faveur, a préféré la voie de l’isolement.  L’Érythrée est un membre de l’ONU et doit, à ce titre, respecter les obligations en vertu de la Charte de l’ONU, a déclaré M. Grauls, qui souligne que le règlement pacifique des différends et le non-recours à la force sont au centre de l’Organisation.  Il faut donc rappeler à l’Érythrée ses obligations.


M. Grauls a mis en garde contre toute confusion entre les différends qui opposent l’Érythrée d’une part à l’Éthiopie, d’autre part à Djibouti.  Dans le premier cas, il faut mettre en œuvre une sentence arbitrale précise; dans le second, la frontière entre Djibouti et l’Érythrée gagnerait à être délimitée de manière rigoureuse, et le Conseil de sécurité devrait inviter les parties à lancer un tel processus, a déclaré le représentant.  De l’avis de sa délégation, le Conseil devrait en particulier inviter l’Érythrée à accepter un tel dialogue.  Quatre mois se sont déjà écoulés depuis la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité en juin, et c’est pourquoi nous devons tout faire pour que le foyer de tension s’apaise rapidement, a ajouté M. Grauls.  Le Conseil de sécurité, a-t-il insisté, devra continuer à s’impliquer et le Secrétaire général à redoubler d’efforts afin de créer les conditions de cette normalisation. 


M. GIULIO TERZI DI SANT’AGATA (Italie) a affirmé que la situation en Somalie exigeait une réponse urgente de la part de la communauté internationale et du Conseil de sécurité.  Il a salué le Gouvernement de Djibouti pour la retenue dont il a fait preuve dans ce différend frontalier et a regretté le manque de coopération de l’Érythrée.  Le représentant a appelé les deux parties à déterminer un calendrier afin de régler cette question d’un point de vue juridique.  Il a en outre souligné l’importance du rôle de facilitateur joué par les organisations régionales et sous-régionales, comme l’Union africaine et la Ligue des États arabes, dont les efforts, a-t-il précisé, doivent être soutenus par le Conseil de sécurité.  Le représentant a enfin mis l’accent sur la nécessité de veiller à ce que la crise actuelle reste l’objet de l’attention du Conseil de sécurité. 


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a exprimé la « sympathie profonde » de son gouvernement  pour les préoccupations exprimées par le Président djiboutien et a remercié Djibouti pour son souhait de coopérer avec le Conseil de sécurité.  Il a regretté en revanche que l’Érythrée refuse de coopérer et continue de bloquer les efforts de la communauté internationale pour mettre en place des mesures de confiance.  Si ce comportement persiste, le Conseil de sécurité pourrait être amené à prendre des mesures, a averti le représentant, qui a salué les propositions de la France.  Il a prié instamment l’Érythrée de dialoguer pour résoudre le différend par des moyens pacifiques, et a lancé un appel aux pays de la région pour qu’ils offrent leurs bons offices.


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a estimé que la situation actuelle constituait un véritable danger pour les deux pays et, au-delà, pour la région.  Le représentant a en particulier loué les efforts des organisations régionales et sous-régionales, comme l’Union africaine et la Ligue des États arabes.  Il s’est félicité du retrait des Forces de Djibouti au statu quo ante et a appelé l’Érythrée à faire de même.  Il a également invité les deux pays à entamer un dialogue diplomatique et judicaire afin de régler leur différend.  L’Indonésie, a-t-il ajouté, appuie les efforts continus des Nations Unies.  De l’avis de sa délégation, la résolution de la crise actuelle ne peut se fonder sur le statu quo.  M. Natalegawa a ainsi exhorté les deux pays à redoubler d’efforts pour délimiter le plus tôt possible leur frontière.


M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie), exprimant son inquiétude face aux événements intervenus en juin dernier, a condamné les activités militaires opposant l’Érythrée à Djibouti et a appelé les deux parties à faire preuve de la plus grande retenue.  L’Érythrée doit revenir à ses positions militaires d’avant le conflit, a-t-il ajouté.  Il faut régler les différends frontaliers uniquement par le dialogue, a ajouté M. Dolgov, qui a appelé l’Érythrée à coopérer.  Il a appuyé les différents efforts internationaux visant à apaiser la crise et a émis l’espoir que l’Érythrée sera d’accord pour recevoir une mission de bons offices, et notamment une médiation internationale de haut niveau.  Il ne faut pas que cette crise devienne un véritable conflit régional dans la corne de l’Afrique, a conclu M. Dolgov.


M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a affirmé que son pays regrettait les tensions entre Djibouti et l’Érythrée, souhaitant que celles-ci s’amenuisent.  Il a dit espérer que la visite du Président de la Commission de l’Union africaine, M. Jean Ping, à Asmara constitue une bonne occasion pour l’Érythrée de donner sa vision des choses.  Il a regretté que la mission d’établissement des faits n’ait pu être autorisée à se rendre à Asmara.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de développer une confiance mutuelle entre ces deux pays pour traiter des questions frontalières en cours.  Il a estimé que le Conseil de sécurité devrait traiter de toute urgence de ces questions et préoccupations.  Le représentant a dit son espoir que les deux pays profiteront de l’aide proposée par l’Union africaine et la Ligue des États arabes pour tenter de trouver une solution à ce différend.  Il s’est félicité, enfin, des propositions faites par le Président de Djibouti pour aider à sortir de la crise somalienne.


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a noté que la situation est relativement calme sur le terrain.  Il a cependant rappelé qu’il ne faudrait pas oublier que la situation pourrait très bien exploser dans une région déjà fragile.  Il a rappelé le teneur de la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 12 juin.  Les propositions de la mission d’établissement des faits constituent un pas dans la bonne direction, a ajouté le représentant, qui a regretté profondément le refus de l’Érythrée de la recevoir.  Il a salué les efforts entrepris dans la région et a souhaité que ces offres de bons offices soient acceptés par les parties.


M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) a regretté que la situation des pays de la corne de l’Afrique soit encore plus menacée aujourd’hui par le fléau.  Il a regretté le manque de coopération de l’Érythrée et a, en revanche, reconnu les mesures prises par Djibouti pour tenter de résoudre ce différend.  Le représentant a lancé un appel aux deux pays pour qu’ils s’efforcent d’aplanir leurs différences grâce au dialogue et au respect du droit international.  Le Conseil de sécurité doit, a-t-il estimé, jouer un rôle important pour faciliter cette recherche de solution.  Il a mis l’accent sur l’importance pour les deux parties d’envisager la possibilité de conclure des nouveaux accords résultant de l’arbitrage et de la médiation.


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a mis en garde contre les risques de voir le différend actuel dégénérer en conflit régional.  Il a demandé aux parties de respecter le cessez-le-feu, de ramener leurs forces sur leurs positions d’avant le conflit et de tout faire pour régler leur différend de façon pacifique.  Le représentant a mentionné les possibilités de médiation de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la Conférence islamique.  Il a suggéré que le Secrétaire général des Nations Unies continue d’offrir ses bons offices. 


M. IBRAHIM DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) s’est dit extrêmement préoccupé par la situation de crise entre les deux pays.  Les populations de la région souffrent des effets des guerres, de la situation humanitaire et du manque de médicament, a-t-il ajouté, regrettant le manque d’action du Conseil de sécurité à cet égard.  Le représentant a également jugé regrettable que les messages des organisations régionales et d’autres n’aient pas été reçus positivement, ce qui risque, a-t-il estimé, d’entraîner une nouvelle crise.  Il a dit espérer que les deux parties parviennent à se mettre d’accord sur le tracé des frontières pour régler ce problème de manière définitive.  Le représentant a en outre appuyé les bons offices du Secrétaire général. 


M. ALFREDO SUESCUM (Panama) a souhaité que l’Érythrée accepte les bons offices du Secrétaire général et les offres de médiation de l’Union africaine, et l’a appelée à retirer ses troupes sur leurs positions d’avant la crise.  Le Conseil de sécurité ne peut agir que sur la base des informations soumises par les parties à un conflit, a fait remarquer le représentant.  Si une seule des parties coopère, le Conseil de sécurité  n’aura d’autres solutions que de défendre l’État Membre qui respecte ses obligations en vertu de la Charte, a-t-il ajouté.


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a dit espérer que le Conseil de sécurité saura prendre dûment note des difficultés présentées par le Président de Djibouti.  Il a exprimé en outre sa préoccupation face aux attaques non provoquées par l’Érythrée et le refus de ce pays de retirer ses troupes ou de dialoguer.  La mission d’établissement des faits a clairement montré dans quelle mesure le Gouvernement de Djibouti s’est efforcé de résoudre cette crise, alors que le Gouvernement érythréen refuse de collaborer, a-t-il déclaré.  Le Conseil de sécurité devrait prendre des mesures appropriées pour répondre à cette crise, a-t-il ajouté.  Le représentant a demandé au Secrétaire général, conformément à la recommandation de la mission d’établissement des faits, de dépêcher un émissaire sur le terrain.  Il a également évoqué le risque, faute d’action, d’une autre guerre coûteuse et violente qui d’hypothéquerait la légitimité du Conseil de sécurité. 


M. ZHANG YESUI (Chine) a regretté vivement le différend frontalier entre Djibouti et l’Érythrée et a rappelé que le Conseil de sécurité s’est prononcé le 12 juin dans une déclaration présidentielle.  Le plus important actuellement est que les parties au conflit fassent preuve de retenue, a ajouté le représentant.  La Chine est toujours en faveur du règlement des différends par la négociation et le dialogue et opposée au recours à la force militaire, a-t-il poursuivi.  Il a dit appuyer les efforts de médiation du Secrétaire général et des organisations régionales telles que l’Union africaine et la Ligue des États arabes et a appelé les deux pays à coopérer avec ses efforts.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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