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CS/9476

LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX EST LA PLUS À MÊME DE FACILITER LA TRANSITION POSTCONFLIT VERS UNE PAIX DURABLE, AFFFIRME SON PRÉSIDENT

21/10/2008
Conseil de sécuritéCS/9476
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5997e séance – matin


LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX EST LA PLUS À MÊME DE FACILITER LA TRANSITION POSTCONFLIT VERS UNE PAIX DURABLE, AFFFIRME SON PRÉSIDENT


De nombreux intervenants ont souhaité un renforcement de la coopération entre la Commission et le Conseil de sécurité


Si le maintien de la paix et de la sécurité constitue un préalable essentiel aux efforts de consolidation de la paix après un conflit, il ne sera jamais possible d’instaurer une paix et une stabilité durables dans un État tant que la bonne gouvernance, le respect de l’état de droit, le respect des droits de l’homme, la reconstruction et le développement économiques ne sont pas garantis, a déclaré ce matin devant le Conseil de sécurité M. Yukio Takasu, Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  C’est précisément pour traiter de tous ces défis d’une manière cohérente et intégrée qu’a été créée en 2005 la Commission de consolidation de la paix dont M. Takasu présentait au Conseil le bilan annuel de ses travaux pour la période du 23 juin 2007 au 22 juin 2008.


Les notions de maîtrise nationale, de partenariat durable avec la communauté internationale, de responsabilité mutuelle et de dialogue forment le plus important atout de la Commission de consolidation de la paix, a affirmé M. Takasu, qui a par ailleurs indiqué qu’outre les quatre pays inscrits actuellement à l’ordre du jour de la Commission -Sierra Leone, Burundi, Guinée-Bissau et République centrafricaine- beaucoup d’autres font face aux défis de la période postconflit. 


Ces atouts ont été généralement reconnus par les représentants des pays qui sont intervenus lors du débat pour juger du bilan de la Commission.  Le représentant des Pays-Bas a constaté que la Commission de consolidation de la paix avait investi énormément de temps et d’énergie durant ses deux premières années pour mettre en place une approche stratégique et des mécanismes de mise en œuvre.  Ces efforts, concrétisés dans les récents cadres stratégiques de consolidation de la paix adoptés pour le Burundi, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau, sont en soi importants et la Commission a ainsi mérité qu’on lui fasse confiance, a-t-il estimé.  Toutefois, ces résultats ne constituent qu’une étape, l’objectif de la Commission étant de permettre aux pays qui sont inscrits à son ordre de jour de réaliser de véritables progrès.  « Nous n’y sommes pas encore », a ajouté le représentant des Pays-Bas.


De nombreux représentants ont partagé l’avis du Président de la CCP selon lequel la Commission doit produire davantage de résultats concrets sur le terrain, notamment par le biais de projets à impact rapide qui permettent d’obtenir la confiance de la population des pays concernés et de la mobiliser en faveur de la consolidation de la paix.  La Commission doit aussi faire plus pour mobiliser les partenaires disposant de ressources, ont insisté plusieurs représentants, dont celui du Burkina Faso, qui a considéré que « beaucoup de possibilités restent encore inexploitées ».  Le représentant de la Belgique a souligné pour sa part que la Commission doit encore prouver sa véritable plus-value en termes de mobilisation des ressources et de diversification des donateurs, en attirant des partenaires non traditionnels. 


Les intervenants ont également estimé qu’il est temps maintenant pour la Commission de consolidation de la paix de renforcer sa coopération avec les institutions financières internationales de Bretton Woods et avec les organisations régionales et sous-régionales.  Au nom des pays nordiques, le représentant de la Norvège a salué le rôle de l’Initiative de paix régionale et de la Facilitation sud-africaine en faveur du Burundi, tandis que son homologue du Burkina Faso mettait en avant le rôle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Sierra Leone et en Guinée-Bissau.


Les intervenants ont débattu du rôle exact de la Commission de consolidation de la paix dans l’architecture de consolidation de la paix en général, ainsi que son format de travail.  Le représentant de la France, qui s’exprimait aussi au nom de l’Union européenne, a estimé qu’il faudrait encourager les efforts du Bureau d’appui à la consolidation de la paix pour renforcer sa propre capacité à agir en soutien à la CCP.  Au nom des pays nordiques, le représentant de la Norvège a insisté sur l’importance de mécanisme de suivi et d’évaluation, tout en se disant conscient qu’il ne faut pas créer de nouvelles couches de bureaucratie, notamment au niveau des pays concernés.


Au-delà du rôle de la Commission de consolidation de la paix elle-même, c’est aussi la place de la consolidation de la paix au sein du système des Nations Unies tout entier qui a été abordée lors du débat.  « Nous devons reconnaître que la consolidation de la paix n’est pas une activité subsidiaire des opérations de maintien de la paix mais une activité au cœur de notre ordre du jour », a affirmé le représentant de la Norvège.  De l’avis de la représentante des États-Unis, la consolidation de la paix doit être un pilier essentiel de la réforme des Nations Unies.  Elle a ajouté que tous les fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies doivent tenir compte de la dimension transversale de la consolidation de la paix.


De nombreux intervenants ont souhaité un renforcement de la coopération entre la Commission et le Conseil de sécurité.  Le représentant de la Fédération de Russie a suggéré aux Présidents des deux organes d’échanger des informations dans le cadre de réunions régulières et à ces deux organes de présenter des documents conjoints.  Le représentant de la Chine a, quant à lui, suggéré une institutionnalisation des relations entre les deux organes, notamment par des consultations avec le Président de la Commission, et souhaité que se poursuivent les invitations du Conseil aux présidents des différentes formations nationales de la CCP.  Pour sa part, le Président de la Commission de consolidation de la paix s’est félicité de l’appel lancé récemment par le Conseil de sécurité en faveur du soutien au cadre de consolidation de la paix adopté en Guinée-Bissau.


Outre ses 15 membres, le Conseil de sécurité a entendu le Président de la Commission de consolidation de la paix, M. Yukio Takasu, et le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone.  Les représentants de la Guinée-Bissau, des Pays-Bas, d’El Salvador, du Bangladesh et de la Norvège, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, ont fait une déclaration.



CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS UN CONFLIT


Rapport de la Commission de consolidation de la paix sur les travaux de sa deuxième session (A/63/92 – S/2008/417)


Ce rapport de la Commission de consolidation de la paix passe en revue les travaux que la CCP a menés pendant sa deuxième session, du 23 juin 2007 au 22 juin 2008.  Après avoir détaillé les relations entre la CCP et les principaux organes des Nations Unies, il note que, lors de cette seconde session, la CCP a ajouté la Guinée-Bissau au Burundi et à la Sierra Leone, inscrits à son ordre du jour depuis 2006.  Il examine ensuite les activités des formations nationales de la Commission pour chacun de ses trois pays.


Pendant sa deuxième année de travail avec le Burundi, la Commission s’est employée à mettre au point un mécanisme conjoint de contrôle et de suivi destiné au Cadre stratégique pour la consolidation de la paix adopté pour ce pays, tout en continuant de surveiller de près l’action menée pour y consolider la paix.  Cet inventaire a été pris en compte dans le premier rapport semestriel sur la mise en œuvre du Cadre stratégique, qui a fait l’objet d’un premier examen semestriel le 23 juin 2008.  L’examen, affirme le rapport, a permis d’évaluer les progrès accomplis par le Gouvernement burundais, la Commission et d’autres parties prenantes, au regard des jalons arrêtés d’un commun accord figurant dans la matrice du Mécanisme de contrôle et de suivi du Cadre stratégique. 


En Sierra Leone, la Commission a fait porter ses efforts sur les élections nationales et la transition démocratique, l’accroissement du nombre de donateurs et le renforcement des partenariats et de la coordination entre le Gouvernement et les donateurs et l’établissement de la version définitive du Cadre de coopération pour la consolidation de la paix, lequel a été adopté le 12 décembre 2007.  Le premier examen de sa mise en œuvre a eu lieu le 19 juin 2008.


Le mécanisme conjoint de contrôle et de suivi mis en place pour ces deux pays permettra à la Commission d’évaluer régulièrement les progrès réalisés dans les deux pays, estime le rapport.


Concernant la Guinée–Bissau, inscrite  le 11 décembre 2007 à l’ordre du jour de la Commission, le rapport fait notamment état de l’allocation par le Secrétaire général de 6 millions de dollars au titre du Fonds pour la consolidation de la paix et de la préparation d’un Cadre stratégique pour la consolidation de la paix.  Ce dernier a été adopté par la formation nationale de la Commission de consolidation de la paix le 1er octobre, après la rédaction du présent rapport.  La Commission a appliqué à ce pays certains enseignements tirés de l’expérience acquise avec le Burundi et la Sierra Leone et introduit certaines innovations, tel que l’envoi d’une mission par la Présidente de la formation en question, dès que la Commission a été saisie et qu’une stratégie en deux volets a été adoptée sur l’utilisation du Fonds pour la consolidation de la paix.


Le rapport mentionne que les annonces de contributions au profit du Fonds pour la consolidation de la paix jusqu’en mars 2008 s’établissaient à 267 millions de dollars, dépassant ainsi l’objectif initial de 250 millions de dollars.  Le Fonds fait l’objet d’un rapport séparé**, également présenté à l’Assemblée générale le 9 octobre.


L’action de la Commission continuant d’évoluer, elle doit conserver sa capacité d’innover et, le cas échéant, d’adapter ses méthodes de travail, notamment par l’utilisation de technologies de l’information avancées, ajoute le rapport, qui juge ce point « particulièrement important compte tenu du fait que la Commission aura probablement à s’occuper d’autres pays ».  En continuant de mettre au point les outils de sa collaboration avec les pays, de recueillir des exemples de pratiques optimales, de tirer les enseignements de la consolidation de la paix et d’approfondir les débats sur les stratégies et les orientations à suivre, la Commission pourra continuer de contribuer aux efforts globaux de consolidation de la paix dans les pays dont elle s’occupe et dans l’ensemble de la communauté internationale, conclut le rapport.


Déclarations


M. YUKIO TAKASU (Japon), Président de la Commission de consolidation de la paix, a rappelé que le maintien de la paix et de la sécurité constitue un préalable essentiel aux efforts de consolidation de la paix après conflit.  De même, il a souligné qu’il ne sera jamais possible d’instaurer une paix et une stabilité durables dans un État tant que la bonne gouvernance, le respect de l’état de droit, le respect des droits de l’homme, la reconstruction et le développement économiques ne sont pas garantis.  La Commission de consolidation de la paix est un organe unique au sein du système des Nations Unies qui traite de tous ces défis d’une manière cohérente et intégrée, a affirmé M. Takasu.  Elle regroupe tous les partenaires, formule des stratégies d’intégration et surveille leur mise en œuvre, permettant ainsi de mobiliser les ressources, a-t-il ajouté.


Le Président de la CCP a ensuite présenté les réalisations de la Commission durant sa seconde session.  Notant que les stratégies intégrées de consolidation de la paix sont désormais bien en cours en ce qui concerne la Sierra Leone et le Burundi, il a rappelé que celle concernant la Guinée-Bissau avait été récemment adoptée.  Les notions de maîtrise nationale, de partenariat durable avec la communauté internationale et de responsabilité mutuelle et de dialogue sont devenues le plus important atout de la CCP, a affirmé M. Takasu, qui a par ailleurs affirmé que beaucoup plus de pays que ceux inscrits actuellement à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix font face aux défis des périodes postconflit.  Des efforts sérieux ont été déployés pour renforcer le partenariat au plus haut niveau en particulier avec la Banque mondiale.


M. Takasu a insisté sur quatre domaines prioritaires pour la CCP.  Il faut produire davantage de résultats concrets sur le terrain, a-t-il affirmé.  Les populations doivent pouvoir voir rapidement les résultats positifs de l’instauration de la paix après un cessez-le-feu, par des changements positifs dans leur mode de vie.  Il a souhaité le soutien de toutes les parties prenantes pour mobiliser les ressources des partenaires tant traditionnels que non traditionnels.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité continue de manifester son ferme soutien à la CCP dans la mise en œuvre de ses stratégies intégrées et s’est félicité de l’appel lancé récemment par le Conseil de sécurité en faveur du soutien au cadre de consolidation de la paix adopté par ce pays.  Il a également souhaité que le Conseil de sécurité continue de fournir un tel soutien à la Commission de consolidation de la paix.


Rappelant que la stratégie en faveur de la consolidation de la paix en est encore à ses premiers pas, M. Takasu a souhaité que tous les efforts soient faits pour combler le fossé entre maintien et consolidation de la paix.  Dans la perspective de l’inscription de nouveaux pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix, la question des modalités d’inscription de ces pays est une question importante à discuter, a ajouté le représentant, qui a insisté sur la nécessité de poursuivre une consultation étroite entre le Conseil de sécurité et la CCP sur ce point.  M. Takasu s’est prononcé pour un renforcement du partenariat entre les institutions spécialisées, fonds et programmes des Nations Unies, la Banque mondiale, le FMI, les banques de développement régional et les principaux bailleurs de fonds bilatéraux, ainsi que pour un partenariat actif avec les organisations de la société civile.  Enfin, M. Takasu a affirmé que la CCP poursuivra ses efforts pour travailler de manière cohérente.  Avant de conclure, le Président de la CCP, qui s’est félicité des relations entre sa Commission et le Conseil de sécurité, a souhaité que ce dernier examine plus avant les observations et informations de la Commission et utilise pleinement les capacités de cette dernière. 


M. JAN GRAULS (Belgique) a estimé que la Commission de consolidation de la paix avait commencé à démontrer sa plus-value en ce qui concerne l’attention à plus long terme pour les pays figurant à son ordre du jour et en créant des liens entre les dimensions développement et sécurité.  Elle doit néanmoins encore prouver, a-t-il dit, sa véritable plus-value en termes de mobilisation des ressources et de diversification des donateurs, en attirant des partenaires non traditionnels.  La Commission a aussi connu des difficultés au début de son fonctionnement, lesquelles se sont exprimées sous les symptômes classiques de débats procéduraux et d’affrontements idéologiques éloignés des réalités du terrain, a rappelé le représentant.  Cette troisième année d’existence, a-t-il souligné, devrait se concentrer sur le renforcement des acquis, l’apport de nouvelles pistes ou idées visant à améliorer la mobilisation des ressources, mais aussi le renversement des perceptions grâce à une amélioration des performances.  Il a également jugé essentiel que la Commission et le Bureau d’appui à la Commission de consolidation de la paix concentrent leurs efforts sur une réelle plus-value, une véritable différence sur le terrain plutôt que sur des débats théoriques pouvant tout autant avoir lieu dans le monde académique et scientifique.  Le véritable succès de la Commission sera mesuré par l’absence de retour de ces pays à une situation de conflit, a-t-il dit.  Le représentant a, enfin, plaidé pour que l’EUFOR soit remplacée à la fin de son mandat par des troupes de la future force militaire de l’ONU, dans le cadre de la MINURCAT renforcée, dans le nord-est de la République centrafricaine.  Le cas de la République centrafricaine est particulier et diffère de ses trois prédécesseurs dans le sens où la présence d’une opération de maintien de la paix reste indispensable à ce stade, a-t-il en effet expliqué.


Intervenant ensuite en sa qualité de Président de la formation République centrafricaine, M. Grauls a souligné que les défis de la consolidation de la paix dans ce domaine étaient énormes.  Après sa visite sur le terrain en juillet dernier, trois domaines prioritaires pour la consolidation de la paix ont été identifiés, a-t-il indiqué: la réforme du secteur de la sécurité, la bonne gouvernance et l’état de droit et les pôles de développement.  Le Gouvernement centrafricain a travaillé au rétablissement de la stabilité sur son territoire et au démarrage d’un processus de réconciliation nationale, a-t-il dit, notant que ce progrès avait éveillé, au sein de la communauté internationale, l’espoir de voir la situation se rétablir dans les années à venir en République centrafricaine et une nouvelle confiance en la volonté politique des acteurs centrafricains.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour la Commission de soutenir le Gouvernement centrafricain dans ses efforts et pour le Gouvernement de faire preuve d’une réelle volonté politique pour construire ensemble une paix durable dans le pays. 


Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) a déclaré que son pays appuyait les travaux de la Commission de consolidation de la paix.  La création de la Commission a été une réaction importante mais initiale pour créer le lien qui manquait entre maintien de la paix et développement.  Les progrès ont été plus longs que prévus mais la Commission de consolidation de la paix honore aujourd’hui ses engagements, a estimé la représentante. La CCP peut jouer un rôle essentiel en aidant à dégager les ressources nécessaires immédiatement après la fin d’un conflit et ensuite en s’assurant que la consolidation de la paix est durable, a estimé Mme DiCarlo, qui a aussi souhaité un renforcement des méthodes de travail de la Commission. 


La consolidation de la paix doit être un pilier essentiel de la réforme des Nations Unies, a affirmé Mme DiCarlo.  Tous les fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies doivent tenir compte de la dimension transversale de la consolidation de la paix, qui commence avec l’aide humanitaire, a affirmé la représentante.  De l’avis de sa délégation, la CCP devrait se servir de la confiance dont elle dispose auprès du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale pour accélérer les interventions humanitaires et encourager les partenaires traditionnels et autres, comme les organisations de la société civile ou le secteur privé, à mobiliser leurs ressources.  Il faut aussi tenir compte d’autres questions, telles que le renforcement du rôle des représentants spéciaux du Secrétaire général et le renouvellement du Fonds pour la consolidation de la paix pour qu’il puisse intervenir rapidement, a estimé Mme DiCarlo.


M. GIULIO TERZI DI SANT’AGATA (Italie) a souligné que le débat d’aujourd’hui offrait une occasion utile de faire le point sur les deux années d’activités de la Commission de consolidation de la paix et de ses relations avec le Conseil.  Le représentant s’est notamment félicité de voir que le Fonds pour la consolidation de la paix avait excédé en 2005 l’objectif de 250 millions de dollars.  Il a ainsi encouragé le Secrétaire général à poursuivre son travail afin de faire du Fonds un instrument souple et efficace.  Il l’a en outre encouragé à doter le Bureau d’appui à la Commission de consolidation de la paix des ressources adéquates dans la mesure où l’ordre du jour de la Commission s’élargit.  Le représentant a par ailleurs rappelé que le Conseil de sécurité avait participé activement à l’examen des requêtes des pays devant figurer à l’ordre du jour de la Commission et avait suivi de près les activités de la Commission au cours des deux dernières années.  Il a estimé que cette coopération pouvait s’intensifier par l’identification des liens entre les stratégies de consolidation de la paix de la Commission pour un pays et les décisions et analyses du Conseil s’agissant des questions de paix et de sécurité qui concernent ledit pays, et par une plus grande intégration des activités de la Commission dans le travail du Conseil.    


M. MARTY NATALEGAWA (Indonésie) a estimé que l’appui à la consolidation de la paix devrait être fourni aux États très rapidement, surtout lorsque le Conseil de sécurité reconduit des missions dans les pays concernés.  Le Conseil de sécurité est l’instance appropriée pour fournir des directives sur les activités politiques et de sécurité de consolidation de la paix, a ajouté le représentant, qui a estimé que la CCP peut jouer un rôle très important comme lien entre ces composantes sécuritaires et politiques et les composantes socioéconomiques et de développement.  Une telle approche peut être développée sous la forme d’un engagement actif de la Commission avec les institutions spécialisées, fonds et programmes des Nations Unies, des institutions de Bretton Woods et d’autres organisations, a ajouté le représentant, qui a souhaité que le Conseil de sécurité encourage une telle approche cohérente et intégrée.


M. Natalegawa a ajouté que le Conseil de sécurité devrait veiller à ce qu’une bonne coordination soit assurée entre l’ensemble des nombreuses institutions concernées, notamment en ce qui concerne la division du travail au sein du système des Nations Unies.  Il a notamment souhaité une synergie entre le Conseil et la Commission, afin de définir une transition souple entre maintien et consolidation de la paix.  À cette fin, il doit y avoir un échange d’informations entre les deux organes, a-t-il estimé.  Il est également jugé essentiel de veiller à une synergie entre la CCP, le Conseil économique et social (ECOSOC) et l’Assemblée générale.  Le représentant a constaté que la Commission de consolidation de la paix sort désormais du stade de démarrage, mais a observé que son travail n’est pas encore très connu du secteur privé, des ONG ou de la société civile.  Il faudrait donc que le Conseil de sécurité contribue à faire connaître le travail de la Commission de consolidation de la paix, a-t-il estimé.


M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie) a estimé que l’expérience de la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui en est à la deuxième année de ses travaux, prouvait que l’assistance apportée par les Nations Unies et d’autres partenaires aux pays émergeant d’un conflit se heurte à des défis d’importance dans les domaines du renforcement des capacités nationales, de la coordination et de la synergie des efforts de consolidation de la paix et du financement.  Il a cependant salué les progrès de la Commission au Burundi, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau, ainsi qu’en République centrafricaine, où les priorités de consolidation de la paix ont été clairement identifiées.  M. Dolgov s’est aussi félicité des progrès réalisés dans l’établissement d’un dialogue entre la CCP et le Conseil de sécurité sur les questions à l’ordre du jour de la Commission.  Il a suggéré aux Présidents de la Commission et du Conseil de sécurité d’échanger des informations dans le cadre de réunions régulières et à ces deux organes de formuler des documents communs.  Le renforcement entre la CCP et le Conseil devrait aller de pair avec un resserrement des relations de la Commission avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC), ainsi qu’avec les institutions spécialisées, programmes et fonds des Nations Unies, la communauté des donateurs et les organisations régionales.  Au cours de sa troisième année d’existence, la CCP devrait en outre renforcer son rôle de coordination dans les domaines exigeant de la communauté internationale une plus grande attention, notamment l’harmonisation des mécanismes existants au sein du système des Nations Unies.  Le représentant de la Fédération de Russie a enfin recommandé que la CCP se concentre sur l’analyse des leçons à tirer du processus de consolidation de la paix et sur la mobilisation de ressources additionnelles.  À cet égard, a-t-il ajouté, le mandat du Fonds devrait être révisé pour permettre à ce mécanisme de jouer pleinement son rôle de catalyseur dans la mobilisation de l’aide.


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a affirmé que ce débat soulignait le rôle crucial de la Commission de consolidation de la paix, en particulier pour faire en sorte que la communauté internationale veille à ce que les pays émergeant d’un conflit n’y retombent pas.  Pour y parvenir, il faudrait prendre en considération les questions du trafic de stupéfiants, des élections, de la sécurité et des réformes judiciaires, de la justice transitionnelle et de la réforme agraire, a souligné le représentant.  M. Sawers a ensuite demandé que l’interaction entre le Conseil de sécurité et la CCP ne soit pas de pure forme, mais qu’elle intègre au contraire les nouvelles menaces posées à la consolidation de la paix, comme l’impact des crises alimentaire, pétrolière et financière.  La Commission devrait en outre être amenée à donner son avis plus souvent au Conseil de sécurité, avec lequel elle devrait explorer les moyens de mobiliser davantage de ressources pour faire face à une menace émergeante, y compris dans un pays qui ne figure pas à son ordre du jour.  Le rapport du Secrétaire général donne l’occasion au système des Nations Unies de faire face aux défis qui se posent dans les domaines du leadership politique, du déploiement de personnels et des ressources financières disponibles, et qui gênent les activités de la communauté internationale dans l’assistance au relèvement.  Le test véritable sera, à l’avenir, de pouvoir réduire de 30% la proportion de conflits qui éclatent dans les cinq ans suivant la conclusion d’un accord de paix.  Mais, a fait observer le représentant du Royaume-Uni, de tels accords s’effondrent en raison d’une insuffisance dans la mise en œuvre des plans et de l’absence de phase transitionnelle entre les processus de médiation et la phase de relèvement et de consolidation de la paix.  Une plus grande cohérence dans l’analyse des conflits et de leurs causes sous-jacentes est donc indispensable de manière à pouvoir forger des accords de paix solides  et durables.


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait souligné la nécessité d’adopter une démarche coordonnée, cohérente et intégrée de la consolidation de la paix et de la réconciliation dans les situations postconflit afin de rétablir une paix durable dans le monde.  Le représentant a salué les efforts entrepris par la Commission de consolidation de la paix dans la mise en œuvre de ses mandats et des fonctions qui lui ont été confiées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, en particulier dans les domaines de l’amélioration de l’interaction avec les institutions spécialisées, fonds et programmes des Nations Unies, les organisations régionales et les institutions financières internationales; du renforcement des activités de sensibilisation du public; du développement de stratégies et de direction politique en matière de consolidation de la paix; de l’établissement de mécanismes de contrôle et de suivi pour la Stratégie intégrée de consolidation de la paix et de l’organisation de missions sur le terrain dans les pays figurant à l’ordre du jour de la Commission.  Le représentant a néanmoins estimé que beaucoup restait à faire pour aider la Commission à réaliser des résultats plus concrets et à devenir véritablement un des instruments clefs de coordination des activités de consolidation de la paix.  De même, un renforcement de l’interaction entre les différentes parties prenantes est, a-t-il estimé, d’une importance cruciale.  La vaste expérience des Nations Unies en matière de prévention des conflits, de médiation, de maintien de la paix, d’assistance humanitaire et électorale, de reconstruction et de développement durable devrait être pleinement exploitée en conjonction avec diverses réalisations des gouvernements locaux, des institutions de Bretton Woods, des organisations régionales et des organisations non gouvernementales, a-t-il expliqué.  Mettant l’accent sur la nécessité de s’attaquer aussi à la réduction de la pauvreté, aux questions d’éducation et de formation, à la réhabilitation des secteurs rural et agricole, à la réforme du secteur privé, à la reconstruction socioéconomique, il a estimé que la Commission devrait promouvoir l’appropriation nationale et la participation du pays à toutes les étapes de son travail.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France), qui s’exprimait également au nom de l’Union européenne, a rappelé que le thème de la stabilisation postconflit était au centre des réflexions et des priorités de l’Union européenne.  Il est nécessaire, a-t-il dit, de renforcer la visibilité de la Commission et sa capacité d’entraînement et d’influence.  Des efforts de communication sont nécessaires, auprès des organisations régionales notamment, a-t-il ajouté.  M. Ripert a ainsi proposé que certaines réunions de la Commission se tiennent ailleurs qu’à New York.  Évoquant le Fonds pour la consolidation de la paix, le représentant a en outre estimé que la Commission n’avait pas vocation à devenir un nouveau guichet d’aide humanitaire et d’aide au développement.  Toutes les énergies et ressources doivent être mobilisées, a-t-il ajouté, faisant notamment référence au rôle des diasporas.  M. Ripert a également énuméré les suggestions de l’Union européenne pour l’année à venir s’agissant des axes de travail de la Commission.  Il convient ainsi tout d’abord d’encourager les efforts déployés par le Bureau d’appui à la Commission de consolidation de la paix pour renforcer sa propre capacité à agir en soutien à la CCP.  Ensuite, la Commission doit améliorer ses méthodes de travail pour devenir plus efficace et plus stratégique, en particulier dans la perspective de l’inscription de nouveaux pays à son ordre du jour.  De plus, il faudra travailler sur les points d’entrée pour l’engagement de la CCP, la réduction progressive et la fin de celui-ci.  En définitive, a poursuivi le représentant de la France, la Commission doit amener les acteurs du développement à inscrire leurs actions dans une stratégie de stabilisation politique et sécuritaire, en s’appuyant sur les efforts généraux pour renforcer la cohérence de l’Organisation dans son ensemble.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que la création de la Commission de consolidation de la paix représente une affirmation de la solidarité de la communauté internationale envers les pays qui sortent d’un conflit mais restent en proie à de multiples difficultés auxquelles ils ne peuvent pas faire face par eux-mêmes.  Il s’est donc réjoui de l’inscription récente à l’ordre du jour de la CCP d’un quatrième pays, la République centrafricaine, et a souhaité que la requête de la Côte d’Ivoire soit rapidement examinée.  La Commission de consolidation de la paix a déjà réussi à accompagner plusieurs États dans une phase de mise en place de bases solides pour un développement durable, a estimé M. Kafando, qui l’en a remerciée.  Il a encouragé la Commission à poursuivre les visites de terrain, qu’il a qualifiées d’« outils irremplaçables pour toucher du doigt les réalités », et avoir des échanges directs avec les acteurs locaux et leurs partenaires.  La coopération avec les autres organes des Nations Unies doit se poursuivre tout en veillant à éviter les doubles emplois et en respectant les mandats respectifs des uns et des autres, a déclaré le représentant.


M. Kafando a déclaré que la Commission de consolidation de la paix doit faire plus pour mobiliser les partenaires disposant de ressources, estimant que, malgré des progrès, beaucoup de possibilités restent encore inexploitées.  Il a estimé que la CCP, organe intergouvernemental, doit jouer un rôle essentiellement politique de coordination.  Organe consultatif, elle ne saurait prétendre élaborer des projets ou établir des choix définitifs à la place du Fonds pour la consolidation de la paix, mieux outillé pour le faire, a ajouté le représentant, qui a souhaité que la Commission encourage une meilleure mobilisation de l’expertise nationale.  M. Kafando a également estimé que la contribution de la CCP ne sera efficace que si elle met l’accent sur la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, et a cité en exemple le rôle joué par la CEDEAO en Guinée-Bissau et en Sierra Leone.  M. Kafando a estimé que les projets à impact rapide peuvent, s’ils sont bien menés, mobiliser la volonté politique, rétablir la confiance et les bases d’un relèvement rapide.  Mais, a-t-il ajouté, il reste indispensable que tous les secteurs essentiels soient ensuite couverts par l’aide internationale, afin d’éviter de donner l’impression que la communauté internationale privilégie des domaines tels que la gouvernance, les élections ou le renforcement de l’appareil judiciaire aux dépens de domaines vitaux comme l’énergie ou les services sociaux de base.  Les activités relatives au renforcement de la primauté du droit sont certes importantes mais il ne faut pas oublier que l’objectif ultime demeure de jeter les bases d’une paix et d’un développement durables, a rappelé le représentant.


M. ALFREDO SUESCUM (Panama) a estimé que l’inscription de quatre pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix montrait de manière non équivoque la crédibilité dont jouissait cet organe auprès de la communauté internationale.  Cette confiance s’est vue renforcée, a-t-il estimé, par la participation de la société civile, des institutions de Bretton Woods, de la Communauté européenne ou de l’Organisation de la Conférence islamique.  Les missions sur le terrain ont démontré l’engagement de la Commission vis-à-vis des pays inscrits à son ordre du jour, a-t-il expliqué.  La Commission doit néanmoins relever de nombreux défis, par exemple, a-t-il précisé, en définissant des critères appropriés de manière à ce que les pays figurant à son ordre du jour participent comme véritables acteurs à la réalisation de ses travaux.  La Commission doit affiner, a-t-il souligné, ses priorités et méthodes de travail.  Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité d’augmenter la participation du secteur privé, des organisations régionales et sous-régionales aux travaux de la Commission de consolidation de la paix.


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) s’est félicité des « pas de géants » réalisés par la Commission de consolidation de la paix au cours des travaux de sa deuxième session.  Il nous faut une CCP solide pour aider les pays qui sortent d’un conflit à ne pas y replonger, a-t-il ajouté, avant de saluer les efforts de la Commission visant à renforcer sa coopération avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a souligné l’importance d’un dialogue entre la CCP et les organisations régionales et sous-régionales compétentes et a souligné le rôle de l’Union africaine.


Maintenant que l’architecture de la consolidation de la paix est bien en place, il faut veiller à mettre en œuvre concrètement les mesures prévues, a déclaré M. Kumalo.  Il a estimé que les différentes formations nationales de la CCP ont apporté une considérable contribution aux travaux de la Commission.  L’appropriation nationale des processus de consolidation de la paix est fondamentale, a estimé le représentant, qui a salué les efforts des gouvernements des différents pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  Il s’est félicité de la reconnaissance de l’importance de l’aide publique au développement mais a observé que l’injection rapide de capitaux dans des projets à impact rapide est cruciale pour obtenir rapidement des résultats sur le terrain.  Le représentant a estimé qu’il faudrait mettre davantage l’accent sur les programmes de développement dans les pays inscrits.


M. NEVEN JURICA (Croatie) a jugé essentiel que tous les efforts déployés après un conflit soient intégrés de façon à tenir compte des capacités existantes des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix.  L’inscription de nouveaux pays à l’ordre du jour de la Commission témoigne de la vitalité et de la force de l’« architecture » de consolidation de la paix des Nations Unies, a-t-il souligné.  Le représentant a ainsi estimé que cette évolution devrait aller de pair avec davantage de souplesse, ce qui, a-t-il estimé, permettrait de mieux réagir aux situations postconflit.  Le représentant a souligné la nécessité d’établir une coopération étroite entre la Commission et le Conseil de sécurité.  Il a par ailleurs plaidé en faveur d’un financement approprié et rapide du Fonds pour la consolidation de la paix.  Il a espéré qu’au cours de sa troisième année d’activité, la Commission de consolidation de la paix continuera d’utiliser son expérience en appliquant les enseignements tirés, ce qui signifie, a-t-il précisé, qu’elle devra faire preuve de souplesse et de dynamisme. 


M. JORGE URBINA ORTEGA (Costa Rica) s’est déclaré satisfait et optimiste après avoir analysé les résultats obtenus par la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Il a cependant plaidé pour un renforcement de la coordination et la cohérence entre les différents programmes, fonds et institutions spécialisées des Nations Unies et une collaboration maximisée avec des institutions financières internationales, les banques régionales de développement et les organisations régionales et sous-régionales.  Le représentant du Costa Rica a proposé un examen plus approfondi des mécanismes de coordination avec les représentants spéciaux du Secrétaire général dans les pays qui sont inscrits à l’ordre du jour de la CCP.  M. Urbina a également proposé d’éliminer la distinction arbitraire entre « maintien et consolidation de la paix » et « consolidation de la paix ».  Il a estimé qu’il est particulièrement difficile d’identifier le moment où une opération passe de l’une à l’autre phase.  Dans la pratique, a-t-il dit, des éléments des deux étapes coexistent simultanément.


Par ailleurs, le représentant du Costa Rica a souligné le besoin de faire la différence entre la consolidation de la paix et le développement, sans les mettre en concurrence artificiellement.  Il a notamment plaidé pour l’identification de critères qui permettent de définir le moment où la communauté internationale et les efforts nationaux ont porté des fruits suffisants pour surmonter la situation exceptionnelle à l’origine d’une intervention spéciale.  Toute opération de développement constitue un pas vers la consolidation de la paix, a-t-il expliqué, avant de souligner que l’inverse devrait aussi être possible.  « Si nous ne sommes pas capables d’identifier le moment où une situation cesse d’être urgente, nous courrons le risque connu de faire durer indéfiniment l’intervention », a-t-il averti.  Par conséquent, les critères pour l’aide au développement ne peuvent être les mêmes que pour la consolidation de la paix, a prévenu M. Urbina.


M. IBRAHIM DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que la création de la Commission de consolidation de la paix avait constitué une étape importante pour réaliser une paix durable postconflit.  Il a salué les efforts de la Commission de consolidation de la paix, tant dans l’organisation de son travail que dans son interaction avec les autres organes des Nations Unies et l’Union africaine.  Le représentant s’est félicité des réalisations obtenues au Burundi et en Sierra Leone, tout en se disant confiant que la Commission saura poursuivre ses efforts avec le même esprit et la même efficacité en Guinée Bissau et en République centrafricaine.  Il a mis l’accent sur l’importance des efforts interrégionaux et sous-régionaux ainsi que ceux des organes des Nations Unies.  La priorité absolue doit être accordée au secteur de la sécurité et de la justice, a-t-il ajouté, mettant en outre l’accent sur la nécessité d’améliorer les conditions de vie, de créer des emplois et de délivrer des médicaments aux populations qui en ont besoin.  De l’avis de sa délégation, tous les projets doivent affirmer l’appropriation nationale, et les autorités nationales concernées doivent être persuadées que ce qui est mis en œuvre émane de leur propre choix.   


M. ZHANG YESUI (Chine) a estimé que la CCP, nouvel organe des Nations Unies, peut encore être améliorée.  Le rapport annuel de la CCP a été examiné à l’Assemblée générale, a-t-il rappelé, en souhaitant que la Commission puisse tirer profit des nombreuses observations faites à cette occasion.  La CCP a présenté au Conseil de sécurité de nombreuses observations et recommandations concernant les pays inscrits à son ordre du jour, comblant ainsi de nombreuses lacunes du Conseil, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, il a souhaité que les deux organes poursuivent et renforcent leur coopération et suggéré une institutionnalisation des relations entre le Conseil et la Commission, notamment par des consultations avec le Président de celle-ci.  Le Conseil de sécurité devrait aussi continuer à inviter les différents présidents de formations nationales de la CCP, a estimé M. Zhang.  Il a souhaité que les recommandations de la CCP soient intégrées dans les travaux du Conseil.  Le représentant a également souligné que le Conseil devrait aussi travailler plus étroitement avec la CCP lorsqu’elle est sur le point d’inscrire de nouveaux pays à son ordre du jour.


M. VANDI C. MINAH, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a affirmé que l’engagement de la Commission de consolidation de la paix dans son pays, premier bénéficiaire de ses activités, avait eu un impact positif sur les efforts de consolidation de la paix entrepris par son Gouvernement.  Le Gouvernement sierra-léonais a ainsi reconnu la contribution des projets à impact rapide mis en œuvre dans les domaines prioritaires clés de la coopération.  Le Vice-Ministre a néanmoins déclaré qu’en dépit des progrès enregistrés dans le processus de consolidation de la paix en Sierra Leone, des problèmes de ressources non prévisibles représentaient une question critique.  Il a ainsi indiqué que l’allocation initiale de 35 millions de dollars versée par le Secrétaire général en mars 2007 au Fonds pour la consolidation de la paix pour la Sierra Leone était entièrement épuisée.  Il a réitéré l’appel lancé récemment aux partenaires de la Sierra Leone, lors de la Réunion de haut niveau des parties prenantes, pour qu’ils augmentent leur assistance en matière de mobilisation des ressources.  De l’avis de M. Minah, il est en effet impossible de consolider la paix sans disposer des ressources nécessaires pour faire avancer le processus.  Ces ressources, financières et humaines, sont essentielles pour réaliser une paix durable, la réconciliation nationale et lutter contre la pauvreté, a-t-il expliqué. 


Le Vice-Ministre s’est également dit préoccupé par les conséquences de la pénurie alimentaire et de la flambée des cours des denrées sur la situation en matière de sécurité.  Il a ainsi rappelé les propos du Président de la Sierra Leone, M. Ernest Bai Koroma, tenus à la tribune de l’Assemblée générale, lors du débat général de la soixante-troisième session, sur la nécessité pour l’Afrique d’accroître sa production alimentaire et réaliser son autosuffisance alimentaire, notamment en investissant massivement dans l’agriculture.  Il a par ailleurs estimé que, pour donner du sens à l’engagement de la Commission de consolidation de la paix dans les pays sortant d’un conflit, les principes d’appropriation nationale, de cohérence et de coordination devaient constituer les piliers de la coopération entre ces pays et les Nations Unies et la communauté internationale.  Il a enfin assuré que son gouvernement faisait tout ce qui était en son pouvoir pour finaliser l’élaboration du deuxième Document stratégique de réduction de la pauvreté.  Il a dit ainsi compter sur la poursuite de l’aide de la Commission en vue d’élaborer une politique nationale d’aide et garantir une plus grande cohérence et une plus grande coordination parmi les partenaires internationaux de la Sierra Leone dans les efforts de consolidation de la paix et de reconstruction nationale du pays. 


M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée Bissau) a estimé que la création de la Commission de consolidation de la paix avait constitué l’un des résultats majeurs du Sommet mondial de 2005.  Les résultats sont déjà largement positifs, a-t-il dit, tout en s’en félicitant.  Ces résultats démontrent, a-t-il estimé, l’élan de solidarité de la communauté internationale à l’égard de la Guinée Bissau et apportent la preuve que les Bissau-Guinéens peuvent sortir de cette situation.  Le représentant a mis l’accent sur le succès de l’approche intégrée adoptée, avec la participation de toutes les forces vives de la société bissau-guinéenne et les forces politiques représentées par les différents partis.  Le représentant a également abordé le problème majeur de la lutte contre le trafic de drogue.  La Guinée Bissau est déterminée, avec l’aide de la communauté internationale, à combattre ce fléau, a-t-il dit, évoquant la Conférence ministérielle des pays de la Communauté économique et de développement des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur ce sujet, dans quelques jours à Praïa, au Cap-Vert.  


Souscrivant à la déclaration faite par la France au nom de l’Union européenne, M. FRANK MAJOOR (Pays-Bas) a ajouté que la Commission de consolidation de la paix avait investi énormément de temps et d’énergie durant ses deux premières années pour s’acquitter de son mandat, en adoptant une approche stratégique et des mécanismes de mise en œuvre.  Ces efforts, concrétisés dans les récents cadres stratégiques de consolidation de la paix adoptés pour le Burundi, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau, ont permis la participation active de tous les intéressés, aussi bien les gouvernements de pays concernés que les membres de la Commission ou les partenaires sur le terrain.  Ces résultats sont en soi importants et la Commission de consolidation de la paix a mérité qu’on lui fasse confiance, a estimé le représentant.  Toutefois, ils ne constituent qu’une étape dans le travail de la Commission, dont l’objectif reste de permettre aux pays qui sont inscrits à son ordre de jour de réaliser de véritables progrès.  Le meilleur moyen est pour cela d’éviter les rechutes, a affirmé M. Majoor.


De l’avis de M. Majoor, ce qui est désormais nécessaire, c’est un soutien concret de la part des bailleurs existants ou à venir afin de traiter les problèmes identifiés dans les pays qui sont déjà inscrits à l’ordre du jour de la CCP.  Pour les trois pays déjà mentionnés, le travail d’identification stratégique est fait, et il est désormais temps de traduire les promesses dans des engagements concrets.  M. Majoor a fait observer que ce ne sont pas les déclarations et le soutien verbal qui détermineront les succès de la Commission, mais plutôt la contribution effective des différents acteurs au processus de consolidation dans le pays concerné.  C’est maintenant qu’il faut agir pour que la CCP fonctionne, a-t-il ajouté. 


À cette fin, le soutien des Nations Unies sur le terrain est essentiel, a souligné le représentant, qui a salué la mise en place du nouveau Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix au Sierra Leone, le premier du genre.  Une telle présence intégrée en Sierra Leone est nécessaire pour consolider les gains acquis et apporter au gouvernement du pays un soutien cohérent et intégré, a estimé M. Majoor, qui a ajouté que le BINUCSL devait être au plus vite doté de son personnel, et notamment d’un chef de mission.  « Nous ne pouvons nous permettre une absence de leadership durant cette période », a-t-il affirmé.  M. Majoor a estimé que la Sierra Leone procure un certain nombre d’enseignements sur les relations entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité, qui devraient être retenus pour les discussions à venir sur le renforcement des missions politiques en Guinée-Bissau et en République centrafricaine. 


Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador), dont le pays assume la vice-présidence de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué que son engagement était une façon de « rembourser l’aide reçue de la part de la communauté internationale dans les moments difficiles ».  El Salvador a ainsi pu faire profiter d’autres États Membres de son expérience concernant d’une part la démobilisation et la réintégration des forces et groupes armés, et d’autre part la création et le fonctionnement d’une police nationale civile.  La représentante d’El Salvador a ensuite énuméré les thèmes examinés par le Groupe de travail sur les enseignements tirés des sorties de conflit, instance que son pays préside.  El Salvador considère qu’il est fondamental que les travaux de ce groupe de réflexion se renforcent dans l’avenir, en ayant à l’esprit que cet espace de dialogue, d’échange d’expériences et de bonnes pratiques permet d’examiner en détail les différents facteurs affectant la consolidation de la paix.  Avant de conclure, la représentante d’El Salvador a lancé un appel aux groupes régionaux et aux pays membres de la Commission pour qu’ils examinent ensemble les meilleurs moyens de progresser et de choisir « de bonne foi » la composition de la Commission à partir de 2009.


Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a souligné la nécessité de débloquer rapidement les fonds prévus dès le lancement du processus de stabilisation des pays sortant de conflits car ceci est indispensable pour soutenir les autorités locales à tous les niveaux.  L’un des principaux objectifs de la Commission de consolidation de la paix étant de rassembler les ressources consacrées à la reconstruction et au rétablissement des institutions, celle-ci doit jouer un « rôle central » dans toute discussion portant sur un nouveau mécanisme de financement rapide, a expliqué Mme Jahan.  Les membres de la Commission devraient être informés plus fréquemment sur les opérations du Fonds de stabilisation de la paix et sur les déblocages de fonds, a-t-elle ajouté.  La relation entre la Commission et le Fonds, ainsi que leur rôle mutuel, devraient aussi être clarifiés auprès des partenaires sur le terrain afin de dissiper toute ambiguïté concernant l’éligibilité au Fonds.  La représentante du Bangladesh s’est félicitée par ailleurs que le Fonds ait dépassé l’objectif de 250 millions de dollars, ce qui témoigne, a-t-elle estimé, de l’engagement de la communauté internationale en faveur de l’objectif de la consolidation de la paix.


Mme Jahan a rappelé que son pays était l’un des plus importants contributeurs de troupes engagés dans les actions de consolidation de la paix.  Elle a rappelé en outre qu’il avait expérimenté le premier des idées qui ont fait des « miracles », telles que le microcrédit ou l’éducation non formelle des femmes.  Les Casques bleus bangladais ont diffusé dans une certaine mesure cette philosophie du développement dans les pays où ils sont déployés.  « Nous croyons, a-t-elle ajouté, qu’il est impératif d’intégrer pleinement ces concepts dans le processus de relance économique et dans la dimension de développement du processus de consolidation de la paix. »


M. MORTEN WETLAND (Norvège), s’exprimant au nom des pays nordiques, a rappelé qu’il est bien connu, et inacceptable, que de nombreux pays qui sortent d’un conflit y replongent quelques années plus tard.  Avec la création de la Commission de consolidation de la paix, la communauté internationale est maintenant mieux placée qu’auparavant pour agir concrètement et faire face de manière proactive à toute une série de défis pour la paix, la sécurité et le développement de tels pays, a-t-il estimé.  


M. Wetland  a souhaité un renforcement de la coopération au sein du système des Nations Unies.  Le but principal de la CCP, a-t-il rappelé, est de réunir tous les acteurs et de mobiliser des ressources pour donner des conseils sur des stratégies de reconstruction postconflit.  Il a estimé qu’il faudrait désormais renforcer la coopération avec les institutions financières internationales, particulièrement le FMI et la Banque mondiale, ainsi qu’avec les organisations régionales.  Il a salué le principe de maîtrise nationale des stratégies et a souhaité qu’on veille à ce que le dialogue entre la communauté internationale et les autorités nationales soit efficace, afin que l’assistance soit fournie rapidement.  Il a jugé essentiel le rôle des pays voisins et a salué ceux de l’Initiative de paix régionale et de la Facilitation sud-africaine dans le soutien à une paix durable au Burundi, y voyant un excellent exemple de la capacité de l’Afrique à apporter des solutions à des problèmes pressants sur le continent.  


« Nous devons reconnaître que la consolidation de la paix n’est pas une activité subsidiaire des opérations de maintien de la paix mais une activité au cœur de notre ordre du jour », a affirmé M. Wetland.  La  consolidation de la paix devrait être un élément central depuis le début de la transition de la guerre à la paix et cela requiert une attention constante de la part tant du Conseil de sécurité que du Secrétaire général.  Le représentant a donc jugé important que le Président de la CCP puisse venir présenter régulièrement des exposés au Conseil de sécurité.  M. Wetland a également rappelé que la maîtrise nationale est un principe clef de la consolidation de la paix.  C’est pour cela qu’une mobilisation continue des ressources et la mise en place rapide de structures de renforcement des compétences nationales sont essentielles.  Il ne faut pas oublier que les populations concernées appartiennent en général au milliard de personnes les plus pauvres, a rappelé M. Wetland, ajoutant que la lutte contre la pauvreté est l’une des raisons pour lesquelles la consolidation de la paix est cruciale.  C’est pourquoi, les engagements doivent être respectés.  Cela s’applique bien entendu aux institutions et autorités nationales elles-mêmes, mais aussi à la communauté internationale qui doit prendre sa part du fardeau, a ajouté le représentant.


Il est important que la CCP continue à rechercher son meilleur format de travail, a déclaré M. Wetland.  On ne doit pas attendre des formations nationales qu’elles aient le temps et l’expertise nécessaires pour s’impliquer dans une planification détaillée, a-t-il estimé, mais il faut en même temps veiller  à ce que les cadres stratégiques de consolidation de la paix soient suffisamment adaptés aux réalités du pays concerné.  C’est pourquoi, le représentant a demandé que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix se consacre à la planification stratégique et puisse faire appel à l’ensemble des capacités des Nations Unies.  M. Wetland a aussi insisté sur l’importance de mécanisme de suivi et d’évaluation, tout en se disant conscient qu’il ne faut pas créer de nouvelles couches de bureaucratie, notamment au niveau du pays.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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