LE CONSEIL DE SÉCURITÉ MET FIN AU MANDAT DE LA MISSION DE L’ONU EN ÉTHIOPIE ET EN ÉRYTRHÉE, HUIT ANS APRÈS SA CRÉATION
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Conseil de sécurité
5946e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ MET FIN AU MANDAT DE LA MISSION DE L’ONU EN ÉTHIOPIE ET EN ÉRYTRHÉE, HUIT ANS APRÈS SA CRÉATION
Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, à l’unanimité, de mettre fin au mandat de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) à compter du 31 juillet 2008.
Auteur de cette résolution 1827 (2008), le Représentant permanent de la Belgique, M. Jan Grauls, a imputé « cette décision importante » prise par le Conseil, huit ans après la création de la Mission et huit ans après la fin de la guerre entre les deux pays, aux restrictions que l’Érythrée a imposées à la Mission mais aussi au refus de l’Éthiopie de mettre en œuvre l’avis de la Commission du tracé de la frontière, du 27 novembre 2007.
Cette décision, souligne d’ailleurs le Conseil dans sa résolution, est sans préjudice des obligations des deux pays en vertu des Accords d’Alger dans lesquels ils ont convenu du caractère définitif et contraignant de l’avis de la Commission.
Le Conseil exige de l’Éthiopie et de l’Érythrée qu’elles fassent montre de la plus grande retenue, s’abstiennent de recourir à la menace ou à l’emploi de la force l’une contre l’autre et évitent la provocation militaire. Exhortant les deux pays à accepter les bons offices du Secrétaire général, le Conseil prie ce dernier de continuer à étudier avec eux la possibilité d’une présence des Nations Unies dans l’un ou l’autre pays aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
L’Éthiopie et l’Érythrée ont toutes les deux refusé les trois options proposées par le Secrétaire général pour remplacer la Mission, à savoir le déploiement d’une petite mission d’observation en Éthiopie, l’installation d’un petit bureau de liaison politique et militaire en Éthiopie ou la présence à New York d’un envoyé spécial du Secrétaire général*.
Rejetant d’emblée les deux premières options, le Ministre éthiopien des affaires étrangères a estimé que la troisième « ne saurait remplacer efficacement les mesures que le Conseil de sécurité devrait avoir prises pour protéger la MINUEE, défendre l’intégrité de la Zone de sécurité temporaire et assurer le respect de l’Accord de cessation des hostilités ».
L’idée de dépêcher un envoyé spécial de l’ONU à un stade aussi avancé du processus, a commenté dans le même document le Représentant permanent de l’Éthiopie, donnerait satisfaction à l’Éthiopie qui n’a eu de cesse de demander la mise en place d’un autre mécanisme pour influencer et modifier les décisions de la Commission du tracé de la frontière. La seule contribution efficace que l’ONU pourrait apporter consiste à soutenir sans réserve l’instance d’arbitrage « impartiale et indépendante » qu’est la Commission, souligne encore le représentant.
Comme le rappelle le Secrétaire général, dans son rapport pertinent, à partir du début de 2004, l’Érythrée a commencé à imposer un certain nombre de restrictions à la MINUEE. C’est sa décision du 1er décembre 2007 d’arrêter toutes les livraisons de carburant qui a déclenché le transfert temporaire de la Mission hors du pays, alors que le personnel militaire déployé du côté éthiopien continuait de s’acquitter de ses tâches**.
Le différend frontalier reste entier, a regretté le représentant de la Belgique. Il a attribué aux deux parties la responsabilité de l’impasse et les a appelées à « arrêter le jeu stérile des accusations réciproques ». Comme la grande majorité des membres du Conseil, la Belgique aurait préféré maintenir une présence des Nations Unies sur le terrain comme un signal tangible que l’ONU est disposée à œuvrer en faveur d’une solution équilibrée et durable, a fait remarquer le représentant.
Avant de procéder au vote, le Conseil a d’abord rendu hommage au Représentant permanent de l’Italie, M. Marcello Spatafora, qui quitte ses fonctions après avoir fait des adieux très émus à ses homologues qui l’ont chaleureusement applaudi.
** S/2008/226
LA SITUATION ENTRE L’ÉRYTHRÉE ET L’ÉTHIOPIE
Texte du projet de résolution (S/2008/491)
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de son président sur la situation entre l’Éthiopie et l’Érythrée,
Soulignant une fois encore son attachement indéfectible au processus de paix et à la mise en œuvre intégrale et rapide de l’Accord de cessation des hostilités du 18 juin 2000 (S/2000/601) et de l’Accord de paix du 12 décembre 2000 (S/2000/1183) (ci-après dénommés « Accords d’Alger ») comme base de l’instauration de relations de paix et de coopération entre l’Éthiopie et l’Érythrée,
Considérant que l’Éthiopie et l’Érythrée ont une responsabilité partagée dans l’application des Accords d’Alger, dans lesquels elles sont convenues que les décisions de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie relatives à la délimitation et la démarcation de cette frontière seront définitives et contraignantes et que leurs forces respecteront l’intégrité de la zone de sécurité temporaire,
Réaffirmant que c’est à l’Éthiopie et à l’Érythrée qu’il incombe au premier chef de parvenir à un règlement global et durable de leur différend frontalier et de normaliser leurs relations, et que lui-même est prêt à les aider à régler les problèmes fondamentaux sous-jacents en tenant compte des intérêts et des préoccupations de l’un et l’autre pays,
Déplorant que l’Érythrée ait fait obstruction à l’action de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) au point de remettre en cause son mandat même et de l’obliger à se réinstaller temporairement ailleurs, soulignant que cette réinstallation est sans préjudice des Accords d’Alger et de l’intégrité de la zone de sécurité temporaire, et rappelant qu’il a déjà condamné le manque de coopération de l’Érythrée,
Saluant les efforts que font la MINUEE et son personnel militaire et civil pour accomplir leurs tâches, en dépit de circonstances difficiles, et exprimant toute sa gratitude aux pays fournisseurs de contingents pour leur contribution et leur adhésion à la cause que défend la Mission,
Ayant examiné le rapport spécial du Secrétaire général en date du 7 avril 2008 (S/2008/226) et les réponses de l’Éthiopie et de l’Érythrée, datées respectivement des 17 et 18 juin 2008, aux lettres du Président du Conseil de sécurité datées du 10 juin 2008, et la réponse du Secrétaire général en date du 28 juillet 2008 (S/2008/496) à la lettre du Président du Conseil datée du 3 juillet 2008,
Décide de mettre fin au mandat de la MINUEE à compter du 31 juillet 2008, souligne que cette décision est sans préjudice des obligations de l’Éthiopie et de l’Érythrée en vertu des Accords d’Alger et invite les deux pays à coopérer pleinement avec l’Organisation des Nations Unies, notamment en ce qui concerne le processus de liquidation de la MINUEE;
Exige de l’Éthiopie et de l’Érythrée qu’elles s’acquittent intégralement des obligations qui leur incombent en vertu des Accords d’Alger, fassent montre de la plus grande retenue et s’abstiennent de recourir à la menace ou à l’emploi de la force l’une contre l’autre, et évitent les provocations militaires;
Appuie résolument les efforts que le Secrétaire général et la communauté internationale continuent de déployer pour amener l’Éthiopie et l’Érythrée à mettre en œuvre les Accords d’Alger, à normaliser leurs relations et à promouvoir la stabilité et jeter les bases d’une paix globale et durable entre elles, et exhorte l’Éthiopie et l’Érythrée à accepter les bons offices du Secrétaire général;
Prie le Secrétaire général de continuer à étudier avec l’Éthiopie et l’Érythrée la possibilité d’une présence des Nations Unies dans l’un et l’autre pays aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales;
Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la situation entre l’Éthiopie et l’Érythrée et de présenter le cas échéant des recommandations;
Décide de rester activement saisi de la question.
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