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AG/10758

LA RÉFORME DE L’ONU ET LA CRISE AU DARFOUR DOMINENT LA DERNIÈRE JOURNÉE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

29/09/2008
Assemblée généraleAG/10758
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-troisième session

15e et 16e séances plénières

Matin et après-midi


LA RÉFORME DE L’ONU ET LA CRISE AU DARFOUR DOMINENT LA DERNIÈRE JOURNÉE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Au sixième et dernier jour du débat général de l’Assemblée générale, plusieurs pays, parmi les 35 délégations qui ont pris la parole, ont plaidé pour une réforme de l’ONU, notamment de son Conseil de sécurité, alors que le Tchad a remis la crise du Darfour à l’ordre du jour, en attirant l’attention sur le sort des populations de son pays face à l’afflux massif de réfugiés.  Le Myanmar a dénoncé, pour sa part, les sanctions bilatérales qui freinent son développement et plusieurs pays arabes ont défendu la cause palestinienne.


Plus transparente, plus réactive, plus démocratique: les orateurs se sont succédés à la tribune pour appeler de leurs vœux une réforme des Nations Unies.  Le monde a besoin d’une ONU forte et efficace qui doit donc être réformée, a déclaré M. Micheál Martin, Ministre irlandais des affaires étrangères.


Sur le fond, pays développés et émergents étaient sur la même longue d’onde.  Sur la forme, les États occidentaux, à l’image du Liechtenstein, ont prôné plutôt un élargissement du Conseil de sécurité, pendant que des nations en développement défendaient un renforcement de l’Assemblée générale.  Au nom de la Jamahiriya arabe libyenne, son représentant Giadalla A. Ettalhi a proposé un rôle strictement exécutif pour le Conseil de sécurité, afin de surmonter l’obstacle du veto qui a concentré le pouvoir de prendre les décisions internationales entre les mains de ses membres permanents.


La réforme devrait aussi permettre au Conseil de sécurité d’être « plus transparent, plus crédible et plus démocratique », a souhaité, U Nyan Win.  Le Ministre des affaires étrangères de Myanmar a saisi l’occasion pour exiger la levée des sanctions unilatérales « injustes et immorales » auxquelles est soumis son pays.


De nombreux pays africains sont montés aujourd’hui à la tribune.  Le Ministre des relations extérieures du Tchad, Moussa Faki Mahamat, a appelé la communauté internationale à accorder une attention accrue au sort des populations d’accueil face à l’arrivée massive de réfugiés, comme celle qu’a connue son pays en raison de la crise au Darfour.  Selon lui, la présence dans l’est du Tchad de 290 000 réfugiés soudanais et de 180 000 déplacés tchadiens est l’objet d’une grande préoccupation, en raison de ses répercussions économiques et environnementales.


Toujours sur le Darfour, M. Basile Ikouébé, Ministre des affaires étrangères du Congo, a lancé un appel pressant au déploiement effectif des contingents de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies, en souhaitant qu’elle soit dotée de tous les équipements nécessaires pour devenir opérationnelle.


D’autres conflits en Afrique ont alimenté le débat général.  Le représentant de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré que « la conscience humaine ne peut tolérer que face à des dirigeants légitimes, il soit indéfiniment permis à quelques-uns de maintenir une posture insurrectionnelle entrainant, en quantité massive, viols de femmes et pertes de vies humaines ».  Ileka Atoki a engagé le Conseil de sécurité à avaliser le plan de désengagement, qui, censé démarrer le 1er  octobre, a été accepté par le Gouvernement et les groupes armés, à l’exception du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda.  Il a donc demandé au Conseil de fournir « un mandat clair et des moyens conséquents » à la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC). 


Le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, Seyoum Mesfin, a assuré que son pays s’était fermement engagé à régler toutes les questions en suspens avec l’Érythrée, alors que son homologue érythréen Osman Mohammed Saleh, a dénoncé comme un fait flagrant d’occupation, la présence de troupes éthiopiennes sur son territoire depuis novembre 2007.  Le représentant de l’Éthiopie a exercé son droit de réponse.


Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, Youssouf Bakayoko, a appelé les Nations Unies à lever les sanctions individuelles imposées à certains citoyens ivoiriens, ainsi qu’une levée partielle de l’embargo sur les armes pour la réorganisation de la nouvelle armée républicaine.


La situation au Moyen-Orient a été à nouveau évoquée par les pays arabes.  Le Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, Salah Bashir, a lancé un appel à la libération de la Palestine du joug israélien, alors que celui du Yémen, Abubakr Al-Qirbi, a demandé à « mettre un terme à la politique de tergiversation » de ce même pays.


Ayant placé le débat général sous le signe « de la démocratisation de l’ONU et de l’impact de la crise alimentaire sur la lutte contre la pauvreté », le Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, le Nicaraguayen, Miguel d’Escoto Brockmann, a conclu le débat général en retenant les appels « urgents » pour une ONU plus forte et la priorité fixée par les États Membres sur les milliards de personnes qui vivent dans la pauvreté. 


Outre les pays déjà mentionnés, les États Membres suivants ont participé au débat général de la journée: Turkménistan, Moldavie, Singapour, Maldives, Botswana, Kirghizstan, Équateur, Irlande, Belize, Nigéria, Afrique du Sud, Canada, Cambodge, Venezuela, Djibouti, Nouvelle-Zélande, Thaïlande, Bélarus, Suisse, Maurice, Maldives, Mauritanie, République démocratique du Congo et Suède.  L’Observateur du Saint-Siège a également pris la parole.    


L’Assemblée générale, qui a tenu les 22 et 25 septembre dernier, des réunions de haut niveau sur les besoins en développement de l’Afrique et sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), poursuivra ses travaux le 2 octobre avec l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty sur les pays en développement sans littoral.



SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-TROISIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Déclarations


M. THONGLOUN SISOULITH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a salué les efforts du Secrétaire général pour réformer les Nations Unies et en faire une organisation plus réactive, dynamique, multifonctionnelle et efficace.  Il a ensuite exprimé sa préoccupation vis-à-vis du désarmement, soulignant la menace posée par l’existence permanente et l’utilisation possible des armes nucléaires.  Il incombe donc aux États Membres, a affirmé le Vice-Premier Ministre, d’honorer sans équivoque leurs engagements à œuvrer en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires.  Des efforts renouvelés sont nécessaires pour surmonter l’impasse dans laquelle se trouvent le désarmement nucléaire et la non-prolifération sous tous ses aspects, a-t-il dit.


M. Sisoulith a ensuite attiré l’attention sur le fait que les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), ont pris des mesures en vue de s’intégrer à l’économie mondiale.  Néanmoins, leurs efforts sont entravés par le manque d’infrastructures appropriées et un accès limité aux marchés internationaux, aux capitaux, aux nouvelles technologies, aux sources de financement et aux investissements.  Alors que sévit actuellement une triple crise -alimentaire, énergétique et financière– il est temps pour la communauté internationale de mettre en place un environnement favorable au développement et de prendre les mesures adéquates pour faire face à l’instabilité et à la faiblesse des marchés, de préférence, a préconisé le Vice-Premier Ministre, en adoptant des tarifs préférentiels pour les produits d’exportation des pays en développement et en facilitant les transferts de technologie.


De même, le manque de progrès tangibles dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) reste un grave sujet de préoccupation, a-t-il poursuivi.  Cela est tout particulièrement vrai des pays enclavés, comme le nôtre, dans la mesure où l’absence d’accès à la mer constitue un obstacle de taille au développement.  M. Sisoulith a donc souligné l’importance de l’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Almaty, qui se tiendra les 2 et 3 octobre à l’Assemblée générale.  Nous espérons, a-t-il dit, que cette manifestation galvanisera le partenariat mondial en faveur des pays sans littoral, non seulement en renforçant leur participation au commerce international, mais aussi en encourageant la communauté internationale à honorer les objectifs de développement agréés au niveau mondial.  Pour sa part, la République démocratique populaire lao, en dépit des difficultés qu’elle a rencontrées, notamment cette année à cause de graves inondations, devrait pouvoir, au rythme où elle mène ses stratégies conjointes d’éradication de la pauvreté et d’intégration régionale, s’arracher au sous-développement d’ici à 2020, a affirmé le Vice-Premier Ministre.


M. RASHID MEREDOV, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, a fait de la lutte contre le terrorisme, la protection des pays producteurs d’hydrocarbures et la sécurité en Asie centrale les thèmes centraux de son discours.  Il a demandé à l’ONU d’intensifier ses actions afin de prévenir le terrorisme, la traite des êtres humains et la prolifération des armes de destruction massive. 


M. Meredov a sensibilisé l’ONU à la question de la sécurité énergétique et notamment la garantie d’une livraison sans obstacle et une bonne utilisation par les consommateurs.  Il a rappelé que son pays était l’un des principaux producteurs et à ce titre, a mené une politique active de diversification de la livraison et du maintien de la production.  Il faut que l’on procède à d’importants investissements et notamment dans les transports de ces ressources et la protection de l’infrastructure des oléoducs internationaux, a-t-il souligné.


Il faut regarder la situation sur les marchés internationaux et la sécurité des pays, a insisté M. Meredov.  Et de poursuivre, il faut protéger les hydrocarbures contre les catastrophes naturelles et de la main de l’homme ainsi que contre le siphonage illégal.  Pour ce faire, le Gouvernement du Turkménistan a lancé une initiative visant à élaborer, sous les auspices des Nations Unies, un document définissant les bases juridiques et les garanties de sécurité pour le fonctionnement des pipelines internationaux.


Comme première étape, le Turkménistan doit soumettre, cette année, un projet de résolution sur « la fiabilité du transit de l’énergie et son rôle dans la stabilité du développement économique et dans la coopération internationale ».  Le Vice-Premier Ministre a exprimé la volonté de son pays d’accueillir, en 2009, une conférence internationale sur cette question.


Il a poursuivi en indiquant que cette année a été marquée par le lancement du Centre régional des Nations Unies sur la diplomatie préventive en Asie centrale.  La question de la mer Caspienne est devenue très importante pour la stabilité régionale et la coopération économique, a encore dit le Vice-Premier Ministre.  Cette zone devrait être une zone de paix et de stabilité.


M. Meredov a conclu son propos en mettant en lumière la situation démocratique qui prévaut dans son pays où les droits et les libertés sont garantis.  Nous avons adopté une nouvelle Constitution qui renforce les bases juridiques du développement de notre État et élargit les compétences du Parlement, a-t-il ajouté.  La démocratisation est le processus naturel de développement.


M. ANDREI STRATAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’intégration européenne de la République de Moldova, a estimé que la réforme de l’ONU devait permettre d’établir une « architecture moderne » en matière de relations internationales, capable de mettre sur pied un système de coopération efficace pour répondre aux défis actuels comme le désarmement, les changements climatiques, la crise alimentaire ou encore les menaces terroristes.  Nous appuyons également le renforcement du rôle de coordination du Conseil économique et social (ECOSOC), a-t-il précisé.


Évoquant ensuite la situation en Ossétie du Sud, M. Stratan a estimé que les conflits gelés menacent la sécurité régionale et internationale.  Il a incité l’ONU à assumer un rôle plus direct et à renforcer sa coopération avec les organisations régionales, notamment l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Il a également appelé à la pleine mise en œuvre du Plan pour la paix négocié par la présidence française de l’Union européenne (UE).  De son avis, la reconnaissance internationale de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ne permettra pas de stabiliser la situation car cela aura pour effet de « réduire la responsabilité » que les parties ont de rechercher une solution « moderne, équitable » et respectueuse de l’intégrité territoriale et des droits de l’homme.


Abordant ensuite la question de la Transnistrie, le Vice-Premier Ministre a indiqué que son pays avait lancé plusieurs initiatives de renforcement de la confiance et de la sécurité de part et d’autre des rives de la rivière Nistru, en garantissant, notamment, la liberté de mouvement ainsi que la participation conjointe aux efforts de développement et à la mise en œuvre de projets de reconstruction et de modernisation des infrastructures.  Une stratégie envisage d’octroyer un statut juridique spécial à la région de Transnistrie qui respectera la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République de Moldova.  Elle consolidera aussi le statut de neutralité et permettra le retrait des troupes étrangères qui se trouvent sur le territoire.  La stratégie garantira enfin la reconnaissance du droit à la propriété et l’octroi de garanties « solides » à la population, a-t-il expliqué.  Il a également indiqué que tous les efforts de son pays visent la reprise des négociations selon le format « 5 + 2 » afin de trouver une solution définitive au conflit.


Passant au terrorisme, M. Stratan a souhaité que les objectifs établis lors  de la Réunion d’évaluation de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’Organisation des Nations Unies débouchent sur une plus grande implication de la communauté internationale sur cette question.  Une plus grande attention devrait être accordée aux tendances séparatistes qui enfreignent la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, a-t-il également estimé.


Rappelant ensuite que son pays avait été frappé, cet été, par de graves inondations, le Vice-Premier Ministre a déclaré que la mise en œuvre des mesures énoncées à Bali et les préparatifs de la Conférence de Copenhague de 2009 offraient de « réelles possibilités » pour répondre aux défis posés par les changements climatiques.  Pour trouver une solution à la crise alimentaire, il a préconisé, entre autres, la promotion du commerce agricole durable, la garantie de la fluidité des marchés internationaux ainsi que la recherche d’un équilibre entre les produits agricoles destinés à la production de biocarburants et l’assistance aux pays et populations vulnérables.  Avant de conclure, M. Stratan a également indiqué que l’intégration européenne demeure un objectif « stratégique » de la politique de son pays.


Mme RITA KIEBER-BECK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a plaidé pour une réforme de l’ONU qui lui permette de prévenir les conflits.  Elle a aussi plaidé pour une position commune entre les États Membres afin de faire face aux changements climatiques et aux crises alimentaire, énergétique et financière.  Mme Kieber-Beck a fait appel à la responsabilité des États Membres pour adapter les Nations Unies afin qu’elles puissent faire face aux défis d’aujourd’hui.  Nous devons équiper l’Organisation des ressources nécessaires et faire des ajustements à sa structure, a-t-elle déclaré.  Elle a notamment souhaité que l’ONU passe d’une culture de réaction à celle de prévention, soulignant l’appui de son pays aux efforts du Secrétaire général pour améliorer les capacités de médiation et prévention du Secrétariat de l’ONU.


À propos du Conseil de sécurité, la Ministre a promis de poursuivre les efforts pour un Conseil de sécurité plus légitime et plus efficace et pour une implication plus grande des non-membres du Conseil.  Elle a également demandé que le Conseil évite de donner l’impression que ses décisions peuvent se soustraire aux normes des droits de l’homme.  Mme Kieber-Beck a, par ailleurs, appelé à la lutte contre l’impunité et a présenté la Cour pénale internationale (CPI) comme « le succès le plus important » de ces dernières décennies, dans le domaine du droit international.  Maintenant, a-t-elle dit, nous devons faire en sorte que la Cour fonctionne dans la pratique et qu’elle reçoive le soutien politique dont elle a besoin.  Si nous voulons gagner ce combat, a-t-elle affirmé, nous devons montrer notre détermination à soutenir la CPI.


Abordant la question des changements climatiques et des crises actuelles, la Ministre a regretté que les États Membres soient encore loin d’une approche commune.  Nous avons besoin d’un consensus sur le financement du développement qui soit basé sur le Consensus de Monterrey, a-t-elle déclaré.  Un accord de ce type impliquerait des sacrifices et des compromis importants mais nous en avons besoin pour renforcer le pilier du développement et la coopération multilatérale, a-t-elle assuré.


M. GEORGE YEO, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a déclaré que l’échec des pourparlers de Doha était « extrêmement troublant ».  Il a estimé que même si les 153 États membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont censés prendre leurs décisions par consensus, la réalité est qu’un petit groupe de pays doit mener les efforts pour maintenir le système du commerce international sur le bon cap.  Si les pourparlers de Doha ont été si difficiles à conclure malgré l’important appui dont ils jouissaient, il est difficile d’être optimiste au sujet de la négociation d’un accord sur les changements climatiques sans le leadership des États-Unis, de l’Europe, de la Fédération de Russie, de la Chine, de l’Inde, du Japon et du Brésil, a-t-il affirmé.  Nous devons prendre en compte les réalités multipolaires du XXIe siècle, sans quoi les institutions internationales ne pourront pas fonctionner correctement, a-t-il avancé.


M. Yeo s’est ensuite attardé sur la situation dans les Balkans et le Caucase qui, de son avis, est « de mauvais augure pour l’avenir ».  Il a rappelé qu’alors que Singapour appuyait l’autonomie de la population du Kosovo, il estimait néanmoins prématuré de reconnaître son indépendance.  De son avis, la reconnaissance par la Fédération de Russie de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud est également préoccupante.  Il a estimé qu’il incombe à l’ONU de conférer la légitimité à tout nouvel État, pour ensuite inciter tous les États Membres à pleinement adhérer à la Charte de l’ONU et au respect du droit international.  Il s’est ensuite félicité du climat de détente qui prévaut depuis quelques mois dans le détroit de Taiwan.


Selon le Ministre, il est dans l’intérêt des petits États de procéder au renforcement des institutions internationales.  Compte tenu de l’actuelle situation économique dans le monde, il a également jugé souhaitable de permettre l’intégration de la Chine et de l’Inde aux conseils du G-8 et de faire en sorte que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale soient « plus représentatifs » de l’actuelle économie mondiale.  Évoquant ensuite le rôle important qu’avait joué l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) pour faciliter l’acheminement des secours au Myanmar après le passage du cyclone Nargis, M. Yeo a souligné l’importance d’établir des partenariats efficaces entre les institutions internationales et régionales.


Le Ministre a par ailleurs estimé que chaque pays devait tracer sa propre voie en matière de développement.  Il a notamment cité en exemple, la Chine et l’Inde.  Évoquant notamment un rapport de la Commission sur la croissance et le développement, il a avancé que la démocratie n’est pas une « condition nécessaire ou suffisante » pour la phase initiale de croissance économique.  Il a également souligné « l’importance décisive » de la manière « attentive » avec laquelle les États-Unis gèrent leurs relations avec la Chine et l’Inde.  Tout en affirmant que les États-Unis maintiendront leur domination dans le monde pendant encore longtemps, il a néanmoins estimé que des dispositifs internationaux « plus inclusifs » permettraient de créer un monde plus sûr.


M. ABUBAKR AL-QIRBI, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a déclaré qu’une coopération internationale était nécessaire pour colmater les brèches qui ont permis aux terroristes de perpétrer des attentats dans son pays, notamment celui lancé le 17 septembre contre l’ambassade des États-Unis.  Le Yémen a payé un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il affirmé, avant de dire que son gouvernement avait besoin d’aide de la part de la communauté internationale pour éradiquer la pauvreté, dans laquelle s’enracine la mouvance terroriste.  Soulignant que l’islam était la religion de la modération, le Ministre a demandé que la guerre contre le terrorisme ne se fasse pas au détriment du respect des religions et des droits de l’homme.


M. Al-Qirbi a ensuite indiqué que début 2009, se dérouleront dans son pays des élections législatives auxquelles prendront part toutes les formations politiques yéménites.  Préoccupé par le retour possible d’une guerre froide, il a ensuite appelé l’Assemblée générale, en sa qualité d’organe universel, à raffermir les partenariats mondiaux.  Parmi les défis qui se posent à la communauté internationale, se trouvent les crises alimentaire et énergétique, qui menacent les pays pauvres, a-t-il rappelé.  En raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant, les pays en développement sont désormais confrontés à de graves difficultés pour mettre en œuvre les OMD.  Le Ministre a dénoncé la production de biocarburants, qui ne se fait pas dans l’intérêt des populations en détresse.


Abordant le conflit israélo-palestinien, il a dénoncé l’expansion des colonies de peuplement israéliennes et la poursuite de la construction du mur de séparation, qui continuent de poser de graves menaces à la paix et à la sécurité dans la région.  « Il faut mettre un terme à la politique de tergiversation pratiquée par Israël », a lancé M. Al-Qirbi.  Se félicitant des développements positifs survenus en Iraq, il a noté les efforts du Gouvernement iraquien pour fixer un calendrier au retrait des forces de la coalition comme préambule à la réaffirmation de son autorité et de sa souveraineté légitimes.  En revanche, le Yémen est profondément préoccupé par les tentatives d’ingérence dans les affaires politiques du Soudan, a poursuivi le Ministre, qui a dit que la communauté internationale devrait plutôt se contenter de faciliter le dialogue entre les parties au conflit.  Enfin, il a exprimé l’inquiétude de son gouvernement face aux vagues de réfugiés qui viennent dans son pays en provenance de la corne de l’Afrique, et en particulier de Somalie.


M. SALAH BASHIR, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a demandé à l’ONU de travailler à un effort de paix dans la résolution du conflit israélo-arabe, et notamment dans l’occupation des terres arabes et à éviter les souffrances endurées par le peuple palestinien.  Il a lancé un appel à la libération de la Palestine du joug israélien.  M. Bashir a mis en avant l’initiative prise par les pays arabes en 2003, qui ont présenté un texte conjoint pour mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de 60 ans. 


Cette initiative de paix prévoyait le retrait d’Israël des terres arabes palestiniennes, syriennes et libanaises occupées par Israël depuis 1967, a-t-il expliqué.  Israël a ignoré cette initiative, a poursuivi la construction du mur de séparation et a redoublé d’intensité en matière de colonies de peuplement, compromettant tout espoir de créer un État palestinien viable, a dénoncé le Ministre des affaires étrangères.


Les déclarations communes adoptées par les dirigeants palestinien et israélien, lors de la Conférence d’Annapolis, sont positives, a estimé M. Bashir.  De nombreux défis demeurent et il faut éviter d’alimenter les comportements radicaux au sein du peuple palestinien, a-t-il poursuivi.  Israël poursuit ses pratiques illégales et la violation des normes internationales, a-t-il martelé.  Le mur risque de compromettre le processus de paix et à moins de rendre justice au peuple palestinien, nous risquons de connaître une forte instabilité. 


Par ailleurs, le Ministre des affaires étrangères a félicité le Liban, en notant l’effort de réconciliation nationale qui a permis l’élection d’un nouveau Président et la formation d’un Gouvernement d’unité nationale.  Le Liban doit poursuivre le dialogue national qui permettra de défendre son territoire et sa souveraineté face aux menaces extérieures, a-t-il préconisé.


M. Bashir a annoncé que le Gouvernement de la Jordanie venait de rouvrir son ambassade à Bagdad.  Il a souhaité davantage de négociations entre son pays et l’Iraq et a, à cet égard, rappelé la visite du Roi Abdallah II de Jordanie à Bagdad.  Il a encouragé le Gouvernement iraquien à progresser dans ses efforts de dialogue entre les différentes communautés.  Le Ministre des affaires étrangères a ensuite pointé le doigt sur l’Iran, en rappelant que si chaque pays avait le droit d’utiliser le nucléaire, cela devait se faire à des fins pacifiques. 


M. NYAN WIN, Ministre des affaires étrangères de Myanmar, a exigé la levée des « injustes et immorales » sanctions unilatérales auxquelles est soumis son pays, pour qu’il puisse mettre à contribution son potentiel agricole et d’électricité hydraulique, afin de participer à la lutte contre les crises alimentaire et énergétique actuelles.


Le Ministre a qualifié les sanctions de contraires au droit international et de contre-productives.  Selon lui, les « mesures économiques coercitives » ne permettent pas le développement.  Au contraire, elles empirent la situation des peuples et frappent les plus vulnérables, à savoir les femmes et les enfants.  Plus vite les sanctions seront levées, plus vite le Myanmar pourra être en position de fournir les pays de la région en riz et de devenir une source fiable d’énergie, a-t-il dit.


Selon lui, pour atteindre son « énorme » potentiel hydraulique et de production de riz, son pays a besoin d’accès aux marchés, de technologies modernes et d’investissements.  Le Ministre a également critiqué les subventions et les mesures protectionnistes qui faussent les marchés et font beaucoup de tort aux pays en développement.  Il a rappelé que son pays avait senti les « conséquences dévastatrices » du réchauffement climatique en mai dernier quand le cyclone Nargis l’a frappé, laissant mort et destruction dans son sillage.


La nation du Myanmar s’est montrée unie et généreuse dans sa réponse.  Le Ministre a saisi cette occasion pour remercier les amis « proches et lointains » qui ont apporté de l’aide.  Après avoir assuré que la paix et la stabilité prévalaient désormais dans tout son pays, il s’est exprimé sur les élections générales prévues pour 2010.  Selon lui, tous les citoyens, indépendamment de leur affiliation politique, disposeront de droits égaux pour former des partis politiques et mener des campagnes électorales.  Il a ainsi appelé la communauté internationale à assister le processus de démocratisation du Myanmar, en respectant la volonté de son peuple exprimée dans le référendum de mai dernier, qui a approuvé une nouvelle Constitution.


Le Ministre a également plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité.  Il a demandé que sa composition reflète mieux la réalité actuelle.  La réforme devrait aussi permettre au Conseil d’être plus transparent, plus crédible et plus démocratique, a-t-il souhaité.


M. PHANDU T. C. SKELEMANI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Botswana, a tout d’abord estimé que les chefs d’État et de gouvernement devaient s’abstenir de changer la constitution de leurs pays pour prolonger leur règne car cela provoquait souvent des instabilités.  Il s’est ensuite félicité de la signature de l’accord, le 15 septembre dernier à Harare, entre les partis politiques du Zimbabwe, de bon augure, selon lui, pour la réconciliation nationale, la reconstruction économique et le développement de ce pays.  La mise en œuvre de cet accord devrait également avoir un impact positif sur l’ensemble de l’Afrique australe, a-t-il affirmé, pour ensuite engager la communauté internationale à faciliter la réussite du processus en octroyant une aide économique, financière et technique au Zimbabwe. 


Il a également incitée la communauté internationale à s’unir afin de trouver des solutions aux défis auxquels le monde est actuellement confronté, notamment la pauvreté, les changements climatiques ou le terrorisme.  Le Ministre a également estimé qu’il importait de s’abstenir de la pratique de rappeler des diplomates.  De telles actions sont démodées et provoquent un effondrement des lignes de communication, a-t-il fait remarquer, pour ensuite engager les États, « surtout les plus puissants », à s’abstenir d’utiliser les armes.  La confrontation militaire témoigne souvent du manque de la volonté de faire usage de la diplomatie, a-t-il remarqué.


M. Skelemani a ensuite signalé que la pauvreté était l’un des défis les plus critiques auquel était confrontée la population du Botswana.  Il a salué les initiatives lancées par certains partenaires au développement, notamment à travers les Conventions de Lomé.  Nous avons encore beaucoup à faire au cours des sept prochaines années pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il cependant signalé. 


Rappelant que dans les pays en développement, de nombreux enfants continuent de succomber au paludisme et à la diarrhée, qu’en Afrique subsaharienne de nombreuses femmes meurent en couches et que, d’une manière générale, le VIH/sida continue de se propager plus vite que l’accès à la prévention et au traitement, le Ministre a appelé à un engagement politique ferme et soutenu. 


Il a également estimé que les politiques nationales devaient bénéficier de plus d’aide publique au développement.  Il a préconisé la création de régimes commerciaux plus justes, inclusifs et transparents, de même qu’une pleine mise en œuvre des initiatives d’allègement de la dette, un meilleur accès aux marchés et la création de mesures novatrices en matière de financement du développement.


M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des relations extérieures du Tchad, a tenu à saluer les efforts de l’ONU dans l’éradication des foyers de tension qui constituent des obstacles majeurs à la réalisation des objectifs de développement.  La crise au Darfour en est un exemple par le poids qu’elle fait subir au Tchad du fait de ses répercussions économiques, sociales et environnementales.  La présence dans l’est du Tchad de 290 000 réfugiés soudanais et de 180 000 déplacés tchadiens est l’objet d’une grande préoccupation tant pour le Tchad que pour la communauté internationale, dont le Ministre a salué la mobilisation sans précédent.  Il reste, néanmoins, que le sort des populations d’accueil mérite une attention accrue pour rétablir l’équilibre rompu par cet afflux massif, a-t-il souligné.


Se réjouissant de la prorogation par le Conseil de sécurité du mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), le Tchad, a dit le Ministre, reste persuadé que la communauté internationale renforcera sa capacité opérationnelle en mettant à sa disposition tous les moyens adéquats pour lui permettre d’accomplir efficacement sa mission et créer les conditions nécessaires à un règlement global et définitif de la crise.  Le Ministre a rappelé que depuis le début de la crise, son gouvernement n’avait ménagé aucun effort pour aider les Soudanais à trouver une issue pacifique au conflit. 


Le Président Idriss Deby Itno a été le premier chef d’État à se rendre à El Fachir en août 2003 pour exprimer sa solidarité à son homologue soudanais Omar Hassan El Bachir, tout en appelant les rebelles à déposer les armes et à accepter un règlement politique, a précisé M. Mahamat.  Selon lui, M. Deby a joué un rôle déterminant en tant que médiateur pour parvenir à la conclusion de nombreux accords de paix entre le Gouvernement soudanais et son opposition.  De même, conscient du lien étroit qui existe entre la stabilité du Tchad et le règlement de la crise au Darfour, il a toujours œuvré pour la normalisation des relations entre les deux pays, a assuré le Ministre.


C’est dans cet esprit favorable que le Gouvernement tchadien a accueilli la décision soudanaise de rétablir ses relations diplomatiques avec le Tchad lors de la réunion du Groupe de contact chargé de la mise en œuvre de l’Accord de Dakar, qui s’est tenue à Asmara le 12 septembre dernier.  À cette occasion, a expliqué le Ministre, le Gouvernement tchadien a pris à témoin le Groupe de contact pour un engagement sincère des deux parties en vue d’une normalisation définitive de leurs relations. 


Par ailleurs, M. Mahamat s’est félicité du renforcement de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), qui ouvre une perspective pour le développement des relations entre le Tchad et les Nations Unies, tenant compte de l’expérience accumulée lors du mandat précédent.


En outre, en dépit des agressions répétées des mercenaires, le Gouvernement tchadien maintient son engagement dans la poursuite du dialogue politique tant avec l’opposition démocratique qu’avec les mouvements armés, a déclaré le Ministre.  Le résultat de cette politique est la formation, le 23 avril dernier, d’un Gouvernement d’ouverture sous la direction de Youssouf Saleh Abbas et au sein duquel figurent d’éminentes personnalités de l’opposition démocratique.  C’est également avec satisfaction que le Ministre tchadien a noté le retour dans la légalité de plusieurs membres des mouvements armés, en application de l’Accord de Syrte du 25 octobre 2007.  Il a enfin tenu à confirmer que le dialogue politique initié par l’Accord du 13 août 2007, momentanément interrompu par les évènements tragiques de février 2008, avait repris.  Il se déroule dans un climat de confiance et de compréhension et se poursuivra naturellement avec le concours des partenaires jusqu’à l’organisation des élections libres et transparentes, a ajouté M. Mahamat.


M. BASILE IKOUÉBÉ, Ministre des affaires étrangères du Congo, a dressé la liste des défis auxquels le monde devait faire face, en citant la recherche de la paix, la sécurité, les crises alimentaire, énergétique et financière, les catastrophes humanitaires et les changements climatiques.  Il s’est réjoui du fait que l’Afrique demeurait toujours l’une des préoccupations de la communauté internationale, tout en précisant que le continent « ne s’en sortira pas à coups de proclamations de bonnes intentions ».  Pour le Ministre, il faut passer des promesses aux actes qui s’inscrivent dans la durée, comme l’a reconnu la réunion  de haut niveau tenue le 22 septembre dernier.


Il a exprimé la volonté de son pays de voir des efforts redoublés pour stabiliser la situation à l’est de la République démocratique du Congo, notamment en appuyant le Gouvernement de ce pays dans le combat qu’il mène contre les mouvements rebelles et autres forces négatives, a-t-il dit.  Le Ministre s’est aussi attardé sur la crise du Darfour.  Il a lancé un appel pressant au déploiement effectif des contingents de la Force hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour, en souhaitant que cette Force soit dotée de tous les équipements nécessaires pour devenir opérationnelle.  Le Congo, a déclaré le Ministre, est prêt à mettre à disposition une unité de police de 140 personnes dont il vient de terminer la formation.


Sur la question de l’environnement et des changements climatiques, il a souligné que les États du bassin du Congo, dont son pays fait partie, estimaient que les politiques envisagées à l’échelle mondiale en matière de préservation des équilibres forestiers devaient prévoir des mécanismes de compensation, y compris la mise en place d’économies de substitution au profit des populations des zones concernées.  Il a annoncé que le Congo, accueillera du 27 au 30 octobre, le sixième Forum mondial du développement durable consacré à l’évaluation du niveau atteint dans la mise en œuvre de l’Agenda 21 et du plan d’action de Johannesburg.


Deux autres annonces ont ponctué la déclaration du Ministre, à savoir la tenue des élections présidentielles en 2009, puis l’élaboration avec le concours du PNUD, du document stratégique pour la réduction de la pauvreté.  Soulignant que l’Afrique a à cœur la lutte contre la mauvaise gestion, la corruption, la violation des droits de l’homme et l’impunité, le Ministre a jugé « inconcevable » que certains juges étrangers s’arrogent le droit de traîner devant leurs tribunaux nationaux des dirigeants africains, au nom du principe de la compétence universelle, une règle « qui ne semble s’appliquer qu’à l’Afrique ».  Il est regrettable, a poursuivi le Ministre, que des juridictions nationales donnent l’impression de suivre cette voie de « l’acharnement judiciaire » contre les dirigeants africains.


M. YOUSSOUF BAKAYOKO, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, a commencé par exprimer la gratitude du Gouvernement ivoirien aux différents acteurs qui sont impliqués dans le rétablissement de la paix dans son pays.  Le Ministre a fait part de la détermination de son pays à sortir de la crise actuelle par l’organisation d’élections libres, ouvertes et transparentes, en mettant en exergue le démarrage effectif, le 15 septembre dernier, des opérations d’identification des populations et des électeurs.  


Il a déclaré que le retour de la paix portait ses fruits, et partant de ce constat, il a souhaité que les Nations Unies envisagent la baisse de l’indice de sécurité en Côte d'Ivoire.  Le Ministrea aussi appelé les Nations Unies à lever les sanctions individuelles imposées à certains citoyens ivoiriens.  Il a en outre demandé la levée partielle de l’embargo sur les armes pour permettre la réorganisation de la nouvelle armée républicaine appelée à sécuriser le pays et à maintenir l’ordre et la sécurité publique. 


Le Ministre ivoirien s’est, par la suite, étendu sur la question de la réforme de l’ONU et en particulier du Conseil de sécurité, en réaffirmant l’attachement de son pays à la position commune africaine adoptée à Ezulweni.  Parlant d’économie, il a regretté le fait que la mondialisation n’ait pas été dans l’ensemble bénéfique pour les États en développement.  Il a ainsi jugé nécessaire de réguler les échanges commerciaux car seul un commerce équitable pourra contribuer à l’expansion des économies sous-développées. Le Ministre a aussi souligné que la dette constituait encore aujourd’hui un sujet de préoccupation pour bon nombre d’États en développement. 


Il a salué les mesures prises face à la crise alimentaire, en réitérant la proposition de son Président de mettre en place un mécanisme de solidarité pour l’approvisionnement en produits alimentaires des pays importateurs par les pays producteurs et la création d’un fonds de stabilisation des produits alimentaires au sein des Nations Unies.  Il a poursuivi en déclarant que si le développement des biocarburants apparaît comme une alternative aux énergies fossiles, il semble indispensable que ce développement ne se fasse pas au détriment de l’agriculture.  Il convient donc, a-t-il argué, de mener des réflexions vastes et profondes sur l’adoption et le développement de sources d’énergie nouvelles et renouvelables. 


M. NUR UULU DOSBOL, Secrétaire d’État du Kirghizstan, a expliqué qu’une réforme des organes des Nations Unies était le préalable indispensable au renforcement de leur rôle dans le monde.  Il a affirmé qu’aucune réforme n’était plus urgente que celle du Conseil de sécurité, qui doit se montrer plus représentatif des nouvelles réalités géopolitiques et dont la répartition géographique doit être plus équitable.  Dans ce contexte, le Secrétaire d’État a annoncé que son pays avait déposé sa candidature pour entrer au Conseil en 2012-2013.  Il a ensuite remercié les États Membres des Nations Unies d’avoir adopté par consensus, en novembre dernier, le projet de résolution du Président kirghize, qui proclame le 20 février Journée mondiale de la justice sociale. 


M. Dosbol a par ailleurs exprimé sa préoccupation face à la persistance de déchets radioactifs sur le territoire de son pays, un fait dont la gravité a été confirmée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Il a saisi l’occasion pour réitérer l’importance d’établir une zone dénucléarisée en Asie centrale, souhaitant que le projet de résolution dont sera saisie l’Assemblée générale à ce sujet soit aussi adopté par consensus.  Le Secrétaire d’État a souhaité en conclusion, que cette session de l’Assemblée générale reste dans les mémoires comme celle de la réforme.


M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a demandé une nouvelle définition du terrorisme, qui n’inclut pas le droit légitime des peuples à lutter contre une occupation étrangère et a aussi sollicité une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale consacrée à la réforme de l’ONU.  Pour éradiquer le terrorisme, une définition spécifique est nécessaire, a-t-il affirmé.  Selon lui, il ne doit pas être confondu avec le droit légitime des peuples à lutter et à résister contre une occupation étrangère afin d’obtenir leur liberté et leur indépendance.  Le représentant a également prévenu contre le risque d’attiser les conflits entre civilisations, religions et cultures, si le terrorisme est associé à une religion spécifique, à une nationalité ou à une culture.


M. Ettalhi a dénoncé « l’embargo injuste » imposé par les forces d’occupation israéliennes à 1,5 million de Palestiniens dans la bande de Gaza, tout comme la continuation de la construction de colonies en territoire palestinien, en ignorant complètement et délibérément les principes du droit international humanitaire.  Selon lui, la paix ne peut être atteinte dans la région que si les réfugiés palestiniens peuvent rentrer dans leur pays et si un État démocratique est créé sur la terre de Palestine où Arabes et Juifs peuvent vivre avec les mêmes droits et obligations.


Après avoir assuré que son pays avait renoncé à tous ses programmes d’armes de destruction massive, tout en soulignant son droit à utiliser l’énergie atomique à des fins pacifiques, le représentant libyen a rejeté les doubles standards dans le traitement de la non-prolifération nucléaire.  Son pays condamne « toute discrimination » et appelle à faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive, a-t-il déclaré.


M. Ettalhi a plaidé pour une réforme de l’ONU qui accorde le pouvoir de décision à l’Assemblée générale, en tant que Parlement du monde, afin que le Conseil de sécurité devienne un instrument exécutif qui applique ses décisions.  Grâce à ce changement, a-t-il assuré, les États Membres pourront surmonter l’obstacle du veto qui a concentré le pouvoir des décisions internationales dans les mains des membres permanents.


À cette fin, le représentant a appelé à une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale consacrée à la question de la réforme de l’ONU, qui devrait se tenir dans un pays européen, afin de permettre la participation de tous les dirigeants mondiaux.  Il a également critiqué le secret bancaire et les refuges qui sont devenus des corridors pour des crimes de blanchiment d’argent et de fonds volés.  Il a aussi demandé à la communauté internationale de traiter du problème du commerce international.


Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA (Équateur) a insisté sur la réforme des Nations Unies et du Conseil de sécurité estimant qu’au XXIe siècle, la communauté internationale ne peut pas travailler avec un organisme dans lequel la plupart des pays ne peuvent prendre part aux décisions.  Nous devons construire rapidement un système multilatéral qui répondra aux défis posés par le monde en mouvement, a-t-elle jugé.


Le Gouvernement de l’Équateur accorde une grande priorité aux politiques économiques et sociales qui permettent de surmonter les inégalités en matière de distribution des richesses et d’emploi et garantit les droits à la santé, l’éducation et la sécurité sociale pour tous les citoyens, a expliqué Mme Espinosa.


Il y a encore beaucoup à faire, a poursuivi la représentante, notamment pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.  Pourtant, ces Objectifs restent très faibles pour la survie et il faut aller au-delà, a-t-elle jugé.  Mme Espinosa s’est félicitée de la convocation de la Conférence de Doha sur le financement du développement qui doit aboutir à un allégement de la dette, à la réforme des institutions financières internationales ou encore à l’alignement de l’aide publique au développement sur les stratégies nationales d’États souverains.  Les pays à revenu intermédiaire méritent une attention spéciale, a-t-elle encore dit, en arguant qu’ils concentrent plus de 40% de la population pauvre de la planète.


Selon Mme Espinosa, le rôle des Nations Unies est de promouvoir activement la coopération Sud-Sud.  Elle s’est dite convaincue que la Conférence de haut niveau sur la coopération Sud-Sud, qu’organisera l’Assemblée générale en 2009, est la preuve du rôle que l’Organisation doit jouer dans ce domaine et qu’elle constituera une excellente occasion de renforcer et d’améliorer cet important type de coopération, a-t-elle souligné.  Il est indispensable que le développement économique et social tienne une place importante dans le travail des Nations Unies, a poursuivi Mme Espinosa.  Sans une véritable prise en compte de nos besoins de développement, nous ne pouvons pas parler de paix et de sécurité internationales.


La question de la migration revêt une importance particulière pour le Gouvernement équatorien, a avancé Mme Espinosa.  La libre circulation des personnes est un droit qui doit être protégé et sa régulation doit être conforme aux principes du droit international humanitaire et aux droits des migrants.  En conséquence, elle a dit ne pouvoir « tolérer » la directive du retour de l’Union européenne.  L’émigration et le retour doivent être l’expression de la liberté individuelle, a-t-elle martelé. 


N’oublions pas, a-t-elle dit, que les migrations sont la conséquence directe de modèles économiques d’exclusion où les marchés, « prédateurs et égoïstes », rendent invisibles les besoins véritables des êtres humains.  L’humanisme et la solidarité sont les principes fondamentaux du Gouvernement équatorien, a-t-elle affirmé, et c’est en raison de l’attachement à ces deux principes que le pays a adopté, le 16 septembre dernier, une politique nationale sur les réfugiés.  L’Équateur, a–t-elle rappelé, abrite quelque 200 000 Colombiens.


La représentante a conclu sur les crises alimentaire et financière, en estimant que cette dernière n’est pas une crise nationale mais bien « une crise systémique du capitalisme » qui exige des réponses « intégrales ». 


M. CARSTEN STAUR (Danemark) a estimé que la création d’un système multilatéral « efficace et puissant » était la meilleure façon de répondre aux défis actuels.  Nous devons renforcer l’avantage comparatif de l’ONU afin de définir un agenda mondial pour les changements climatiques, gérer les conflits et les crises humanitaires, porter une attention particulière aux besoins des pays en développement et, finalement, définir et défendre les valeurs mondiales, comme le respect des droits de l’homme, a-t-il dit.  À l’instar du Président Sarkozy de la France, il a estimé qu’il importe d’améliorer la capacité qu’a l’ONU de résoudre les problèmes.  Il a également signalé que le Danemark appuie la candidature de l’Islande au Conseil de sécurité.


M. Staur a ensuite estimé que les problèmes posés par les changements climatiques devaient être intégrés aux programmes de développement durable des pays les plus pauvres.  Il faut également prendre en compte les questions de sécurité qui découlent des changements climatiques comme, par exemple, le mouvement de population et la possibilité de conflits liés à la dégradation des terres et aux pénuries en eau.  De son avis, la croissance économique et la protection de l’environnement sont « entièrement compatibles », le défi principal consistant à établir un cadre pour une croissance engendrant de faibles émissions de carbone par l’intermédiaire, notamment, d’un renforcement de l’efficacité énergétique et de l’utilisation de sources d’énergie renouvelables, du stockage du carbone et du développement d’un marché international du carbone.


Évoquant ensuite l’attentat terroriste dont le Pakistan a été la cible le 20 septembre dernier, le représentant a appelé à un renforcement de la coopération internationale pour répondre aux « actions odieuses des fanatiques ».  Il a notamment souhaité l’adoption, par l’Assemblée générale, d’une convention sur le terrorisme international.  Nous devons également porter notre attention sur la régularité des procédures et les sanctions car il est de plus en plus évident que le manque de régularité entrave l’efficacité des systèmes de sanction, a-t-il dit.


À son avis, les extrémistes s’efforcent de provoquer « un clash des civilisations » en créant un climat de méfiance et de polarisation entre différentes civilisations, cultures et religions.  Contrer cette tendance est un des défis principaux auxquels est confrontée l’ONU, a-t-il estimé.  Il a également engagé l’ONU à jouer un rôle beaucoup plus important en Afghanistan afin d’y coordonner l’engagement international.  M. Staur a aussi « fermement condamné » les propos « inacceptables » du Président iranien appelant à la destruction d’Israël.  Passant à la situation au Kosovo, il a salué le transfert prochain par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) à la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX) des dossiers liés au respect de l’état de droit.


M. Staur a ensuite estimé qu’il importe de renforcer la capacité de l’ONU à assister les pays au cours des premières phases de redressement à l’issue d’un conflit, ainsi que ceux qui risquent d’y sombrer.  De son avis, le concept de la responsabilité de protéger devrait être étendu afin d’amener les États à faire tout leur possible pour protéger leurs citoyens du génocide et des crimes de guerre, entre autres.


En matière des Objectifs du Millénaire pour le développement, le représentant a estimé qu’une attention particulière devait être accordée à l’autonomisation des femmes et à la bonne gouvernance.


M. Micheál Martin, Ministre des affaires étrangères de l’Irlande, a estimé que la communauté internationale n’avait pas suffisamment progressé vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et qu’elle devait se montrer plus active pour s’attaquer aux défis actuels, tels que les crises financière, énergétique et alimentaire, et les effets des changements climatiques.  Pour y parvenir, a-t-il souligné, le monde a besoin d’une ONU forte et efficace et qui doit donc être réformée, afin de permettre à chaque État Membre de jouer totalement son rôle.  À cet égard, il a dit la fierté de l’Irlande d’avoir, en compagnie de la Tanzanie, facilité les consultations sur une plus grande cohérence du système des Nations Unies.


La réforme de l’ONU ne doit pas non plus éloigner l’Organisation de sa mission première, le maintien de la paix, a averti M. Martin, plaidant pour un rôle accru des organisations régionales telles que l’Union européenne (UE) dans les missions mandatées par le Conseil de sécurité.  Il a évoqué l’expérience irlandaise pour aborder le thème du règlement des conflits, se félicitant que son pays soit désormais engagé dans une phase de consolidation de la paix entre protestants et catholiques, et non plus dans celle de la construction de cette paix.  Cette expérience a conduit le Gouvernement irlandais à installer en son sein une Unité de règlement des conflits chargée d’agir en appui à d’autres parties, et tout particulièrement les Nations Unies, a-t-il expliqué.


Abordant le dossier du désarmement, il a exhorté tous les gouvernements à signer la Convention sur les armes à sous-munitions rédigée en mai lors de la Conférence diplomatique en Irlande, et qui entrera en vigueur lors de la Conférence d’Oslo en décembre prochain.  Le Ministre a également fait observer que l’Irlande était aujourd’hui le sixième pays donateur pour le développement dans le monde, en termes de pourcentage du produit intérieur brut (PIB). 


Il a noté que l’Irlande a lancé la semaine dernière une équipe spéciale contre la faim chargée d’évaluer les moyens de lutter contre la faim dans le monde, et particulièrement en Afrique.  Il a ainsi dégagé trois pistes à savoir, l’amélioration de la productivité du secteur agricole africain, la lutte contre la malnutrition des mères et des enfants en bas âge, et la concrétisation des engagements déjà pris plutôt que l’élaboration de nouveaux.


En matière de politique internationale, M. Martin a appelé Israël à mettre fin aux implantations illégales dans les territoires palestiniens, et à la traduction en justice des responsables des violations des droits de l’homme au Darfour.  Il a également exhorté la Fédération de Russie et la Géorgie à s’engager de manière constructive dans les négociations qui doivent s’ouvrir à Genève le 15 octobre prochain. 


M. SEYOUM MESFIN, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a souligné que le continent africain aurait beaucoup de difficultés à réaliser les OMD dans les temps impartis.  Il a estimé que le Consensus de Monterrey, et ses préceptes en matière d’intégration de l’aide, d’allègement de la dette, d’accès aux marchés, de bonne gouvernance et d’investissements étrangers directs seront un test pour les partenariats mondiaux.  Il a appelé les pays développés à respecter leur engagement à consacrer 0,7% du produit intérieur brut à l’aide publique au développement.


La réalisation des OMD est le minimum critique pour la survie de l’Éthiopie et constitue la base de la profonde transformation dans laquelle le pays s’est engagé, a poursuivi le Ministre.  Le taux moyen de 10% de croissance, enregistré durant les cinq dernières années, se maintient, a-t-il affirmé, malgré les reculs des derniers mois.  Nous avons besoin, a-t-il dit, de relations économiques qui ne pénalisent pas les pays pauvres, qui offrent une plus grande souplesse à l’aide au développement et qui assurent le transfert des capitaux et l’annulation des dettes excessives.  Il a aussi appelé à la mise en place de termes préférentiels réalistes dans le domaine du commerce, en particulier pour les pays les moins avancés, y compris des quotas et un accès sans taxe aux marchés pour tous les biens et services. 


M. Mesfin a ensuite expliqué que l’Éthiopie a toujours contribué à la stabilité et à la paix dans la région.  Il a dit attendre avec intérêt le prochain Sommet de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour aider les leaders somaliens à faire davantage dans le domaine de la réconciliation nationale.  M. Mesfin a conclu son propos en précisant que l’Éthiopie s’était fermement engagée à régler toutes les questions en suspens avec l’Érythrée grâce à des moyens pacifiques, politiques, juridiques et diplomatiques.  


M. WILFRED P. ELRINGTON, Ministre de la justice, des affaires étrangères et du commerce extérieur du Belize, a déclaré que plusieurs conditions devaient être remplies avant de pouvoir espérer résoudre les défis auxquels le monde fait face actuellement.  Il a ainsi estimé que tous les peuples devaient accepter, d’une part, que « nous sommes tous les gardiens de nos frères », et que de l’autre, « nous sommes tous les héritiers et les propriétaires de la planète et qu’aucune ״ race ou nation ״ ne peut prétendre y avoir plus de droits qu’une autre ».  De plus, les peuples du monde doivent se rendre compte que la planète n’est pas indestructible et qu’elle court le risque d’être « mortellement endommagée » par les actes posés par les êtres humains.  Les nombreux problèmes que Belize affronte actuellement découlent non pas de la fatalité, mais de l’exploitation humaine de l’environnement et de l’égoïsme, a-t-il estimé.


Il a ensuite signalé que malgré ses abondantes ressources naturelles, il doutait que Belize puisse réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à la date butoir de 2015.  Il a notamment évoqué, à cet égard, la scolarisation universelle, la parité entre les sexes, la réduction du taux de mortalité infantile et maternelle, ainsi que la lutte contre la pandémie de VIH/sida, dont tant de pays ont besoin.  La réalité, c’est que des petits pays comme le mien n’ont pas la maîtrise de leur propre destin, a-t-il regretté, constatant dans un deuxième temps que compte tenu du caractère « essentiellement prédateur » du monde actuel, Belize et les autres pays en développement ne seront jamais capables de mobiliser et de recevoir les ressources dont ils ont tant besoin.  Mais même les nations les plus riches et les plus puissantes ne peuvent pas, à elles seules, lutter contre les conséquences des catastrophes provoquées par la « nature en furie », a-t-il prévenu, avant de déclarer que la crise alimentaire, les problèmes liés aux changements climatiques et l’amenuisement des ressources naturelles ne pourront être résolus sans la participation de l’Afrique et des pays en développement.  Ces derniers ne sont pas le problème, mais ils font partie de la solution à apporter aux problèmes actuels, a-t-il affirmé.


Pour faire face à la situation actuelle, M. Elrington a mis l’accent sur la nécessité de passer en revue le fonctionnement des institutions multilatérales.  S’appuyant sur les écrits de Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, il a rappelé que les pays en développement sont très mal représentés au sein des institutions internationales.  Il a notamment regretté que le principe démocratique qui veut que chaque État Membre émette un vote soit « subverti » par un système qui détermine le vrai droit de vote selon le pouvoir économique d’un pays.  Abordant ensuite les problèmes liés à la mise en œuvre des engagements internationaux, le Ministre a estimé que les problèmes qui se posent découlent non pas d’un manque de ressources, mais d’un manque de compassion et d’empathie.  Au niveau politique, la mondialisation n’a pas réussi à limiter les intérêts nationaux en fonction des intérêts internationaux, a-t-il déclaré.  Ceci est vérifiable en matière de commerce international.  À l’OMC, les vraies négociations se déroulent à huis clos dans les « green rooms », fermées à la majorité des pays qui sont aussi des pays en développement.  Il est temps de modifier ces structures et ces procédures, a dit M. Elrington.  


Il a ensuite estimé que l’ONU devait s’efforcer de convaincre les pays développés que le meilleur moyen de garantir leur propre sécurité et leur prospérité était de garantir la sécurité, le développement et le bien-être de toutes les populations de la planète.  L’ONU doit donc être renforcée afin de pouvoir contrôler au mieux la mise en œuvre des engagements internationaux, a-t-il déclaré.  Il s’est ensuite félicité du rôle qu’avait joué l’ONU pour permettre au Belize et au Guatemala de faire certaines avancées concernant le différend territorial qui les oppose.


M. OJO MADUEKWE, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a déclaré que son pays entendait demeurer un État stable et prospère, fondé sur les principes de démocratie, de bonne gouvernance et de liberté d’entreprise.  C’est pour donner corps à ces objectifs que son gouvernement, a-t-il dit, a lancé de grandes réformes économiques et politiques.  Nous souhaitons voir la communauté internationale nous soutenir dans le cadre de ce processus d’amélioration de nos capacités, a ajouté le représentant du Nigéria.


Il a expliqué que suivant la ligne diplomatique qui est la sienne depuis son indépendance, le Nigéria n’a pas hésité à répondre aux demandes de l’Organisation mondiale, notamment l’envoi de troupes sur les champs de bataille au Congo, en Sierra Leone, au Liberia, au Darfour, et dans quelques mois, en Somalie.  S’arrêtant sur le Darfour, le Ministre a déclaré, que la communauté internationale devait prendre des mesures fermes afin d’arriver au plein déploiement et à l’opérationnalité de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour, en demandant au Soudan de prendre des mesures en ce sens.


Le Ministre a ensuite mis le doigt sur les souffrances infligées aux populations africaines par les désastres causés par le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  Il a appelé à l’élaboration d’un instrument global contraignant et à la démonstration d’une franche volonté politique de la part de tous pour endiguer la prolifération de ces armes légères.  Il a également appelé à une action urgente pour pénaliser le trafic de pétrole dont les revenus alimentent les conflits dans le golfe de Guinée.  La même créativité et volonté politique que la communauté a montrées pour traiter des « diamants du sang » doivent être déployées pour le « pétrole du sang », a-t-il dit. 


Sur la question des Objectifs du Millénairepour le développement, le Ministre a tenu à réaffirmer la détermination de son pays à parvenir à leur réalisation dans les délais fixés par la communauté internationale.  Il a souhaité voir la communauté internationale manifester plus d’intérêt et de dynamisme dans sa coopération et son soutien à l’Afrique.  


Selon lui, cet appui pourrait s’illustrer et se manifester, particulièrement dans 10 domaines.  Parmi ceux ci, il a cité un soutien massif à la construction des infrastructures énergétiques et de transport, la relance du Cycle de Doha, le traitement de la crise alimentaire, la lutte contre la fuite des cerveaux, l’appui à l’initiative sur la transparence des industries extractives nationales, le soutien au développement de sources d’énergie alternatives ou encore une implication dans l’avancée vers la fabrication d’un vaccin contre le paludisme.


M. OJO MADUEKWE a aussi attiré l’attention des États Membres sur le fait que l’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe.  Le monde doit porter une attention particulière à ce problème grandissant, a-t-il dit.


Mme NKOSAZANA C. DLAMINI ZUMA, Ministre des affaires étrangères de l’Afrique du Sud, a affirmé que plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne ne pourraient pas atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015, notamment parce que le Partenariat mondial pour le développement n’a pas été totalement respecté, en particulier dans les domaines du commerce, de l’aide et de l’allègement de la dette.  Soulignant que l’Afrique et de nombreux pays en développement avaient pris leurs responsabilités en matière de promotion de la démocratie, de bonne gouvernance, de paix et stabilité, et de droits de l’homme, elle a dit espérer que les réunions de haut niveau sur le développement de l’Afrique organisées pendant le débat général de cette soixante-troisième session permettront de sensibiliser le reste du monde à l’urgence de la situation.


Pour réaliser les OMD, il a appelé à des transferts « massifs » de ressources dans les domaines de l’assistance au développement, de l’investissement, du commerce, du transfert de technologie et du renforcement des capacités.  Elle a souligné l’importance de l’OMD nº3, qui concerne le renforcement des droits des femmes, affirmant qu’elles devaient être au centre du développement sur les plans économique, social et politique.  Jugeant que la crise alimentaire devait être traitée à court et moyen termes, elle a noté que la Révolution verte lancée par l’Union africaine (UA) avait besoin de partenariats pour réussir, et a estimé que les soutiens au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) permettraient de mieux lutter contre la pauvreté et le sous-développement.


Mme Dlamini Zuma a souligné que le Cycle de Doha devait rester centré sur le « développement ».  Elle a estimé que le développement du commerce et un plus grand accès aux marchés contribueraient à la réalisation des OMD.  Elle a joint sa voix aux soutiens apportés à la réforme du système de gouvernance mondiale, et en premier lieu les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods.  Elle a plaidé pour plus de représentativité, en octroyant notamment à un pays africain un siège de membre permanent au Conseil de sécurité.


La Ministre a affirmé que son pays continuera à travailler avec la République démocratique du Congo (RDC), le Burundi et la Côte d’Ivoire pour y consolider la paix et la démocratie.  Elle a salué la signature récente d’un accord de gouvernement entre le pouvoir et l’opposition au Zimbabwe, soulignant le rôle de médiateur qu’a joué dans ce dossier, l’ancien Président sud-africain, M. Thabo Mbeki.  Elle a appelé la communauté internationale à faire tout son possible pour aider le Zimbabwe à parvenir à la réconciliation et à la reconstruction.  Elle a conclu en réaffirmant l’engagement de l’Afrique du Sud envers les Nations Unies sous la présidence de M. Kgalema Mothlanthe, qui a succédé la semaine dernière à M. Thabo Mbeki.


M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a déclaré que dans la « guerre frontalière » qui oppose son pays à l’Éthiopie, les deux parties avaient en dernière instance accepté de résoudre leur contentieux en s’en remettant à un arbitrage juridiquement contraignant basé sur l’intangibilité des frontières héritées de la période coloniale.  Cet engagement agréé par les deux parties a été consacré par l’Accord de paix d’Alger, signé par l’Érythrée et l’Éthiopie en décembre 2000.  Cet Accord comprend deux volets principaux: un ensemble de dispositions et de mesures visant à renforcer la confiance au travers du déploiement d’une opération modeste de maintien de la paix; et le règlement du différend frontalier au travers d’un arbitrage juridiquement contraignant et définitif sur la base des traités coloniaux et du droit international.  Comme vous le savez, a poursuivi le Ministre, la Commission frontalière Érythrée-Éthiopie a rendu son arbitrage unanime le 13 avril 2002 et déployé de sérieux efforts jusqu’à la fin de ses travaux en novembre 2007.


Depuis novembre 2007, la présence militaire éthiopienne dans des territoires érythréens souverains relève d’un fait flagrant d’occupation, a soutenu M. Saleh.  Cela est dû au fait que la Commission frontalière a décidé d’achever ses fonctions de démarcation –dont l’application a été perturbée et prise en otage par l’Éthiopie pendant cinq ans– au travers d’une représentation physique de la frontière grâce à des coordonnées géographiques.  Depuis des années, les actes de déstabilisation et d’agression de l’Éthiopie ont été et continuent d’être soutenus par les États-Unis, a accusé le Ministre des affaires étrangères érythréen.  Ces derniers n’ont pas seulement abusé de leur formidable emprise sur le système des Nations Unies pour retarder l’adoption de mesures adéquates contre l’Éthiopie, a-t-il ajouté, mais ils ont concocté diverses formules de gestion de la crise –Envoyés spéciaux et prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) entre autres-, pour perpétuer le conflit et entraver l’application de la décision juridique rendue par la Commission.


La tragédie somalienne est une autre situation humanitaire grave, qui a été exacerbée, sinon provoquée, par de mauvaises politiques américaines, a estimé M. Saleh, qui a affirmé qu’un demi-million de Somaliens étaient désormais déplacés suite à l’invasion militaire lancée par l’Éthiopie contre la Somalie en décembre 2007.  Pendant cette opération, des avions américains ont rasé des villages entiers au nom de la lutte antiterroriste, a accusé M. Saleh.  Le portrait qui a été fait de l’Union des tribunaux islamiques, décrite comme étant « un épicentre du terrorisme », n’était ni vrai, ni sincère.  Les efforts déployés par les Somaliens pour résoudre leurs problèmes au travers d’un processus de réconciliation nationale ont été tués dans l’œuf par l’invasion préemptive de l’Éthiopie, lancée à l’instigation des États-Unis, et qui a eu pour résultat la plus grande tragédie humanitaire africaine, a déclaré le Ministre érythréen.  M. Saleh a également accusé les États-Unis d’avoir aggravé la crise au Darfour et d’être responsables de la nouvelle situation de conflit qui oppose désormais l’Érythrée à Djibouti, aux fins de raviver les tensions dans la région.


Cette situation ne peut ni ne saurait être tolérée, a souligné le Ministre.  Une action urgente est nécessaire, a-t-il plaidé, demandant qu’il soit mis fin à l’occupation illégale de territoires souverains et que soient respectés l’état de droit et la Charte des Nations Unies.  M. Saleh a ajouté que l’invasion de la Somalie devait également prendre fin et que les responsables de crimes de guerre devaient être traduits en justice.  En outre, il faut que cessent l’interférence et les complications inutiles qui sont injectées dans les problèmes du Soudan, a-t-il estimé.  Il faut que s’instaure un climat favorable à la recherche d’une solution durable.  Enfin, l’ingérence des États-Unis dans les affaires de la corne de l’Afrique doit cesser définitivement, a déclaré le Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée.


M. LEONARD EDWARDS, Vice-Ministre des affaires étrangères du Canada, a rappelé qu’en ce moment même, le Canada contribuait à la paix et à la sécurité, et consentait des sacrifices en Afghanistan, en Haïti et au Soudan.  C’est l’Afghanistan qui donne lieu à l’engagement le plus important de notre pays à l’étranger, avec plus de 2 500 Canadiens déployés à l’appui de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), a dit M. Edwards.  Le Vice-Ministre a invité les États Membres à renforcer, de concert avec l’ONU, les capacités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), et leur a notamment demandé de veiller à ce que celle-ci dispose des outils nécessaires à l’exécution de son mandat.  Les États, ici présents, doivent honorer les promesses faites au peuple afghan, a-t-il encore souligné.  Il a en outre rappelé que le Canada demeurait attaché à la promotion de la sécurité, de la gouvernance et du développement en Haïti.  Le Canada fournit ainsi à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) des policiers civils, des officiers d’état-major militaires et des spécialistes des services correctionnels, tandis qu’il constitue le deuxième plus important donateur bilatéral en Haïti.  Enfin, au Soudan, l’appui du Canada aux opérations de maintien de la paix inclut le déploiement de personnel, le prêt de véhicules blindés et une importante contribution financière, a ajouté M. Edwards.


Le Ministre canadien a par ailleurs indiqué que son pays était en bonne voie de respecter ses engagements en matière d’aide internationale, et qu’à cet égard le Canada veillait à ce que son aide soit ciblée, efficace et responsable.  Le Canada, a-t-il dit, honorera sa promesse de doubler son aide internationale, qui passera à 5 milliards de dollars d’ici 2010-2011, a-t-il affirmé, soulignant également la détermination de son pays à doubler l’aide à l’Afrique en 2009.  Enfin, s’agissant de l’environnement, il a mis l’accent sur la nécessité, pour tous les principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète, de prendre des engagements concrets et contraignants afin de réduire leurs émissions polluantes.  Le Canada, a-t-il poursuivi, appuie les efforts internationaux visant à promouvoir l’adaptation aux changements climatiques.


M. OUCH BORITH, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, s’est dit préoccupé par la question de la sécurité dans le monde et a expliqué que le terrorisme restait un obstacle à l’avancement et à la prospérité des sociétés.  Il a appelé la communauté internationale à renforcer ces mesures et à adopter une stratégie efficace pour combattre le terrorisme aux niveaux national, régional et international.  Il a mis en avant la Stratégie antiterroriste monde de l’ONU, adoptée en décembre 2006.


Il a regretté que les armes légères et de petit calibre continuent d’avoir des influences sur la sécurité et il a appelé à l’adoption de mesures efficaces.  En tant que pays ravagé par deux décennies de guerre, le Cambodge attache beaucoup d’importance à l’utilisation des instruments internationaux pour lutter contre l’utilisation des petites armes et des armes légères.  Le Secrétaire d’État a par ailleurs mis en avant les mesures adoptées par son gouvernement pour contrôler et éliminer les achats et les ventes illégaux d’armes.


Le Gouvernement du Cambodge est particulièrement sensible à la question des mines terrestres et des minutions non explosées.  Le Secrétaire d’État a donc salué les contributions des partenaires.  Dans le cadre de sa contribution à la sécurité et au développement, le Gouvernement cambodgien a envoyé 135 démineurs au Soudan, a souligné M. Borith.


Le Secrétaire d’État s’est inquiété des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes.  Les pays les plus industrialisés consomment 75% des ressources énergétiques mondiales et produisent 80% des gaz à effet de serre, a-t-il dénoncé.  Il a tiré la sonnette d’alarme climatique en expliquant que si la température continuait d’augmenter de 2 °Celsius, c’est jusqu’à 30% des espèces animale et végétale qui disparaîtraient.  Il suffit de 0,01% du PIB mondial pour sauver le climat du monde, a-t-il avancé.


Depuis l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement, les progrès restent très lents, a expliqué le Ministre.  Nous risquons de ne pas atteindre les Objectifs, a-t-il prévenu.  Il faut assurer des flux plus importants grâce à des investissements étrangers directs, a-t-il préconisé.


Grâce à la mise en place des OMD, le Cambodge a connu une croissance économique moyenne de 11% entre 2004 et 2007 et le taux de pauvreté est passé de 35% à 31%, a mis en avant M. Borith.  Le Gouvernement cambodgien s’est attaché à la bonne gouvernance, à la stabilité macroéconomique et la discipline fiscale, a-t-il conclu.


M. ROY CHADERTON MATOS (Venezuela) a salué « avec sympathie » les « initiatives de paix » du Président Sarkozy de la France, notamment sa proposition d’organiser un sommet destiné aux pays touchés par la crise financière.  Nous sentons l’humiliation et la rage des Américains qui se voient escroqués par des criminels de haut rang, a-t-il déclaré, pour rajouter ensuite que « c’est une situation que le Venezuela connait bien ». 


Il a ensuite signalé que son pays avait été « le laboratoire le plus radical » des recettes du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale et a rappelé qu’une rébellion populaire et spontanée y avait été réprimée dans le sang.  Au Venezuela, a-t-il poursuivi, nous pratiquons une « démocratie extrême » que s’acharne à détruire une campagne médiatique internationale.


Le représentant s’est ensuite attardé sur le problème du racisme, la plus « perverse des discriminations », et s’est notamment insurgé contre le « racisme odieux » dont est victime le Président Evo Morales de la Bolivie.  L’opposition ne doit pas être punie mais elle doit être conforme à l’exercice des valeurs démocratiques et pacifiques, a-t-il enchainé.


M. Matos a ensuite signalé que les élections participatives en Amérique latine sont désormais « plus libres que jamais ».  Mais les résultats ne sont pas bien accueillis lorsque les vainqueurs sont taxés de voyous par les superpuissances impériales, a-t-il accusé.  L’opposition n’est pas acceptée, a constaté le représentant, pour qui les médias privés représentent une menace pour la liberté car ils s’alignent sur les positions de ceux qu’ils servent.  De son avis, « la conspiration » menée contre les « institutions légitimes » est inspirée par des « thèses fondamentalistes ».  À cet égard, il a notamment évoqué le bilan « entaché de sang » de Haliburton. 


Le drame de la pauvreté continue de tyranniser nos peuples, a-t-il poursuivi, pour signaler que le mode de développement actuel n’est plus durable et qu’il « hypothèque » la planète entière.  Des changements profonds sont nécessaires, a affirmé M. Matos pour qui « l’envie et le consumérisme » sont responsables des crises alimentaire, énergétique et financière.  Évoquant ensuite la situation dans son pays, il a indiqué qu’une politique publique d’inclusion sociale y reconnait l’universalité des droits. 


Il a précisé que le Venezuela pense atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le pays contribue également à la construction d’espaces de coopération entre les pays du Sud, a-t-il poursuivi.  Il a notamment évoqué l’initiative PetroCaribe dont le but est de résoudre les asymétries qui existent entre les producteurs et les consommateurs de pétrole dans la région des Caraïbes.


Le représentant a ensuite déclaré que « l’accoutumance » à la guerre est la seule chose qui explique l’acharnement à mettre fin à la démocratie russe.  C’est une situation alarmante, a-t-il affirmé.  Passant ensuite à la réforme de l’ONU, il a notamment prôné l’élimination du « mécanisme antidémocratique » qu’est le veto, et l’amélioration des méthodes de travail du Conseil afin que celles-ci soient plus « transparentes et accessibles ».  Il a en outre rejeté toute mesure raciste discriminatoire ou xénophobe qui nie les droits de l’homme, notamment ceux des migrants.  Il a, à cet égard, critiqué la directive de retour dans les foyers du Parlement européen.


Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a rappelé les défis actuels auxquels le monde fait face et noté qu’en ce qui concerne la crise alimentaire, l’Équipe spéciale du Secrétaire général avait fourni un mécanisme de réponse, auquel son pays avait consacré 10 millions de dollars néo-zélandais à ce jour.  En outre, elle a indiqué que la Nouvelle-Zélande allait considérablement augmenter son aide publique au développement (APD), de 0,27% en 2007 à 0,35% pour 2010-2011.  Cette augmentation de 62% portera l’APD du pays à plus de 600 millions de dollars néo-zélandais, a-t-elle fait valoir. 


Rappelant que le Pacifique était la deuxième région, après l’Afrique subsaharienne, à être la moins susceptible d’atteindre les OMD, elle a affirmé que son pays voulait y orienter son assistance, par le biais d’une « Stratégie pour le Pacifique ».  Elle a expliqué que celle-ci mettait l’accent sur quatre piliers à savoir le renforcement de la gouvernance, la diversification des sources de croissance et la viabilité des revenus, l’amélioration de la santé et de l’éducation et la réduction des vulnérabilités. 


Mme Banks a regretté, au nom du Forum du Pacifique, le fait que Fidji n’avance pas beaucoup vers le retour à un gouvernement démocratique.  Elle a ajouté que dans un communiqué, le Forum avait exhorté notamment le régime intérimaire de Fidji à respecter sa promesse de tenir des élections d’ici à mars prochain et a appuyé un processus de dialogue politique.  Elle a appelé tous les États Membres de l’ONU à soutenir ces mesures. 


Toujours dans la région, la représentante s’est félicitée des progrès au Timor-Leste et a appuyé le renouvellement du mandat de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) au-delà de février 2009.  S’agissant du Myanmar, elle a exhorté les autorités à parvenir à la réconciliation nationale par un dialogue ouvert et constructif et par le respect des droits de l’homme. 


Par ailleurs, Mme Banks a relevé l’importance de la Cour pénale internationale (CPI) la qualifiant « d’une des plus importantes avancées » des dernières années.  Elle a estimé que la Cour était parvenue à une étape critique de son développement et a appelé tous les États à garantir son indépendance et son succès.  La Cour a besoin d’un plein soutien et d’une coopération totale pour assurer que tous les individus responsables des violations les plus graves du droit international soient amenés devant la justice, a-t-elle dit. 


Enfin, elle a noté le rôle actif de son pays en faveur du nouveau Conseil des droits de l’homme et a indiqué que la Nouvelle-Zélande cherchera à en devenir membre l’année prochaine.  Elle a aussi insisté sur le principe de la « responsabilité de protéger » et mis en avant l’importance de renforcer les systèmes d’alerte rapide afin que le Conseil de sécurité puisse agir en temps voulu.


M. DON PRAMUDWINAI (Thaïlande) a estimé que le monde actuel présente d’importantes chances pour le progrès, mais qu’il se trouve également dans un état de changement perpétuel.  Nous devons faire un choix entre le progrès et l’autodestruction, entre la coopération et la confrontation et entre l’amitié et l’animosité, a-t-il affirmé.


Évoquant la situation dans son pays, le représentant a expliqué que le défi actuel pour la Thaïlande était de trouver le bon équilibre entre culture politique et idéaux démocratiques.  Regrettant dans un premier temps que de nombreux pays ne seront pas en mesure d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015, il s’est néanmoins félicité que la communauté internationale se soit engagée à faire tout son possible pour aider les population de tous les pays à bénéficier des fruits du développement et du bien-être.  S’aider mutuellement à jouir d’une meilleure vie est non seulement un impératif moral mais une nécessité pratique, a-t-il affirmé.


Notre unité en tant que « peuples des Nations Unies » est d’autant plus importante à la lumière de la « tempête parfaite » que sont les crises pétrolière, alimentaire et financière, a poursuivi M. Pramudwinai.  Il a néanmoins salué le fait que la hausse exponentielle du prix du pétrole avait obligé les États à adapter leur consommation et à repenser leurs stratégies dans le domaine de la sécurité énergétique.  Il a expliqué que la Thaïlande développait des sources d’énergies alternatives et que ce marché était en plein essor sur l’ensemble du continent asiatique. 


En matière de crise alimentaire, il a estimé qu’il importe de maintenir l’impératif à court terme qu’est le maintien de l’approvisionnement des marchés du monde, tout en œuvrant pour la stabilisation des prix et l’augmentation de la productivité.  Il a notamment annoncé que la Thaïlande continuerait de garantir l’approvisionnement en riz des marchés de la planète, pour ensuite estimer qu’il était désormais temps de lancer une « Révolution verte ».  Il a également appelé à la reprise, « aussitôt que possible », des pourparlers de Doha.  Rappelant ensuite les répercussions de la crise financière qui avait frappé l’Asie en 1997, il a engagé tous les États à travailler ensemble pour mettre un terme à cette « spirale sans fin » avant qu’il ne soit trop tard.


Le représentant a déclaré qu’il n’était désormais plus possible de détourner les yeux du danger que posent les changements climatiques.  Nous n’épargnerons aucun effort pour faire en sorte que la feuille de route de Bali soit mise en œuvre à la Conférence de Copenhague qui aura lieu l’année prochaine, a-t-il affirmé.


M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a déclaré qu’il était urgent de réorienter les relations internationales vers le dialogue et la coopération.  À cet égard, il est nécessaire de faire des progrès dans le renforcement de l’autorité de l’Assemblée générale, progrès qui ne seront possibles que si la contribution de chaque État Membre est appréciée à sa juste valeur, a souligné le représentant.  En outre, la réalisation des OMD restera un vœu pieux, sauf si les pays les plus développés cessent de ne regarder la création de conditions favorables au développement des pays du Sud qu’à travers le prisme de leurs propres intérêts géopolitiques.  Abordant ensuite la question des changements climatiques, M. Dapkiunas a indiqué qu’ils résultaient en grande partie des modes de consommation énergétique qui ont trop longtemps prévalus.  Le meilleur moyen de relever le défi posé par le dilemme entre croissance économique et respect de l’environnement est d’établir une coopération internationale pour faciliter le transfert de technologies énergétiques propres et développer les sources d’énergie alternatives et renouvelables, a-t-il recommandé.  Dans cette direction, la première étape peut être franchie ici même, à l’Assemblée générale, au cours de cette soixante-troisième session, par l’organisation d’un débat thématique sur la question.  Dans ce contexte, la proposition qu’a faite le Turkménistan de réfléchir aux moyens d’assurer l’acheminement des ressources énergétiques de façon fiable devrait être prise en considération, a suggéré M. Dapkiunas, qui a également recommandé l’adoption d’un code de conduite qui serait imposé aux compagnies internationales productrices de gaz et de pétrole.


Au nombre des autres suggestions faites par le représentant, figure la recherche de technologies de désalinisation de l’eau, qui devrait devenir, a-t-il préconisé, une priorité de la communauté scientifique mondiale.  En outre, les Nations Unies devraient déterminer l’avenir de ces technologies du futur et mettre au point un mécanisme intergouvernemental de partage, de nature à prévenir leur détention par une poignée de pays privilégiés.  Le représentant du Bélarus a, d’autre part, proposé que les Nations Unies élaborent un plan d’action pour prévenir le trafic d’êtres humains.  Une réponse inadéquate à cette menace pourrait contribuer à l’exploitation de peuples entiers, et accroître le risque de résurgence d’une certaine forme de pensée coloniale, cette fois-ci dans un contexte de mondialisation qui rendrait ce genre de philosophie très dangereuse, a-t-il prévenu.  En conclusion, le représentant a demandé aux États Membres de soutenir et de mettre fin à l’inacceptable attente dans laquelle se trouve le Bélarus, qui a demandé à être admis au sein du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants: la Quatrième Commission devrait se saisir de cette question comme l’a demandé notre pays, a-t-il dit. 


M. PETER MAURER(Suisse) s’est interrogé sur ce qu’était advenu de l’engagement des États Membres, de mettre tout individu, à l’abri du besoin, de la peur et qu’il vive dans la dignité.  Une phrase résume sa réponse: « il y a toujours 25 000 êtres humains qui meurent chaque jour des conséquences de la faim et de la pauvreté ».


Mais comment y faire face?  Aucun État, aussi riche ou puissant soit-il, ne peut affronter seul de tels défis, a déclaré le représentant suisse.  Nous avons besoin de solutions communes, a-t-il martelé.  Nous avons besoin d’une ONU forte où les efforts sont déployés au service des causes communes et non pour créer de nouvelles divisions, a-t-il précisé.


Il a donné un aperçu de la politique de paix de son pays, marquée par un soutien aux projets dont le but est de mettre en contact des êtres humains aux valeurs et cultures diverses, afin qu’ils organisent leur coexistence de manière positive.  C’est en ce sens qu’il a rappelé l’attachement de sa patrie à la promotion des valeurs fondamentales, telles que les droits de l’homme.


Parlant de la prochaine Conférence d’examen de Durban, il a souligné que la lutte contre le racisme était une priorité pour la Suisse et qu’elle attendait de cette rencontre qu’elle se limite à l’évaluation de la mise en œuvre des recommandations prises.  Elle ne doit pas remettre en cause les acquis normatifs contenus dans la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, a-t-il dit.


Revenant sur la crise alimentaire mondiale, il a déclaré qu’en réaction à cette crise mondiale, son pays avait accru son assistance au Programme alimentaire mondial (PAM).  Mais il en a appelé à une modification des habitudes alimentaires et à une augmentation de la culture d’agrocarburants.   Les changements climatiques, a dit le représentant de la Suisse, représente une source d’inquiétude.  Il a estimé que le temps des discussions interminables avait vécu.  La Suisse, a-t-il affirmé, va atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2012.  Pour ce qui concerne l’après 2012, il a estimé que la communauté internationale avait besoin d’un nouveau régime climatique ambitieux et accepté par tous.


M. SOMDUTH SOBORUN (Maurice) a mis l’accent sur les difficultés causées à son pays par la crise alimentaire mondiale.  Maurice, a-t-il précisé, est un pays importateur net de denrées alimentaires.  Voilà pourquoi, afin de réduire sa dépendance à l’égard des importations, il met en place un plan visant à maximiser la production alimentaire.  Le représentant a ajouté que pour surmonter les contraintes liées à la disponibilité des terres et pour tirer profit des économies d’échelle, Maurice s’efforçait, en partenariat avec des pays voisins, de produire pour des marchés intérieurs communs et, éventuellement, pour faire des exportations vers la région. 


Les expériences, à cet égard, avec Madagascar et le Mozambique montrent les bénéfices mutuels et constituent une grande promesse d’avenir, a-t-il souligné.  Le représentant a en outre présenté le projet « Maurice Île Durable » (MID), un projet audacieux, a-t-il dit, précisant que l’objectif fondamental était de trouver un équilibre entre les besoins économiques, environnementaux et sociaux.  Maurice a réalisé l’an dernier un taux de croissance de 5,4% et prévoit cette année un taux supérieur à 5,7%, a-t-il affirmé. 


Le représentant a également indiqué que le projet « Maurice Île Durable » ambitionnait de faire du pays un laboratoire grandeur nature, utilisant les ressources naturelles dont l’île est abondamment pourvue, comme la mer, le soleil, le vent et la biomasse d’une végétation luxuriante.  Il a ajouté que Maurice était à la recherche d’une solution écologique aux problèmes du réchauffement climatique et de sa dépendance à un marché d’hydrocarbures totalement volatile.  Le pays s’est fixé pour objectif de réduire de deux tiers sa dépendance en produits pétroliers, d’ici 20 ans. 


Il a, de même, appelé la communauté internationale à aider les petits États insulaires en développement à incorporer les plans d’adaptation et d’atténuation dans leur stratégie nationale.  Il a souligné que son pays réitérait sa demande à la communauté internationale d’honorer les offres d’assistance faites lors de la Conférence internationale des petits États insulaires en développement qui s’est tenue à Maurice en 2005. 


Enfin, le représentant a indiqué que Maurice était en mesure de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a précisé que la Conférence internationale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) sur la pauvreté et le développement, qui s’est tenue en avril 2008 à Maurice, avait permis d’élaborer une stratégie régionale d’élimination de la pauvreté dans les pays de la SADC.


M. AHMED KHALEEL (Maldives) a mis en avant la situation qui prévaut dans son pays.  Il y a quatre ans, le peuple des Maldives s’est lancé dans un programme de réforme de grande ampleur.  Des mesures importantes ont été adoptées et une nouvelle Constitution garantissant les libertés civiles et fondamentales a été adoptée le 7août dernier, a expliqué le représentant des Maldives.  Des progrès significatifs pour réformer le système judicaire ont été réalisés, a-t-il poursuivi.  Les premières élections parlementaires et présidentielles se sont tenues aux Maldives, les élections législatives se dérouleront avant la fin du mois de février puis les élections municipales aux environs de juillet, a indiqué M. Khaleel.  Il a tenu à saluer l’action de la communauté internationale qui a permis le bon déroulement de ces élections, de façon libre et efficace. 


En 1965, les Maldives ont intégré l’ONU, nous étions alors l’un des plus petits États Membres de cette Organisation et l’un des plus pauvres, a rappelé M. Khaleel.  Le travail acharné du Gouvernement des Maldives a permis d’avancer sur la voix du développement durable et d’accéder au développement, a-t-il noté.


Le représentant des Maldives a mis en avant la capacité de son pays à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, soulignant que les Maldives parviendront à réaliser les Objectifs à la date butoir de 2015.  En raison des progrès rapides en termes de développement, l’Assemblée a décidé, il y a quatre ans, de permettre aux Maldives de sortir des PMA et ont pour cette action été félicitée par la communauté internationale.


M. Khaleel s’est inquiété des récents changements climatiques et des conséquences importances sur les pays insulaires.  Les pays les plus pauvres sont les plus vulnérables aux changements climatiques.  Il a noté que ces problèmes allaient ruiner le processus de développement et l’existence même des petits pays.  Face à ce fait, les Maldives ne peuvent pas se permettre le luxe de l’inaction, a-t-il avancé.  Plus qu’une question de développement c’est une question de sécurité.


Enfin, M. Khaleel s’est inquiété de l’augmentation des prix des denrées alimentaires qui menace de jeter plus de 100 millions de personnes dans la pauvreté.  La solution durable à ce problème réside dans un régime juste et efficace.  En tant que pays dépendant de l’importation, le Gouvernement des Maldives a pris conscience des risques encourus par le pays et a décidé de prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre la crise, a-t-il conclu.


M. ABDERRAHIM OULD HADRAMI (Mauritanie) a commencé par rappeler qu’en avril 2005, après deux décennies de tyrannie politique et de corruption, les forces armées et de sécurité de son pays avaient mis fin aux graves problèmes qui menaçaient l’existence et la structure d’un État mauritanien.  Cette action du Conseil militaire pour la justice et la démocratie a conduit à une phase de transition démocratique qui s’est conclue avec succès en avril 2007, a précisé le représentant.  La ratification de la Constitution en juin 2006, la création, en novembre de la même année, d’un Parlement doté de deux chambres et où siègent actuellement 18 femmes, ainsi que l’élection d’un nouveau Président de la République en mars 2007 ont suivi, a expliqué le représentant.  Ces réalisations remarquables ont été l’aboutissement du travail fourni par l’institution militaire qui a promis d’achever ce processus dans les délais annoncés.


Cependant, l’ancien Président a très vite démontré l’étendue de ses faiblesses comme son incapacité à diriger le pays et à relever les défis qui se posaient à lui, a affirmé M. Hadrami.  Les conditions nationales n’ont cessé de se détériorer au cours des 15 mois qui ont suivi son élection, que ce soit dans les domaines politique, sécuritaire, économique et social, a-t-il expliqué.  Au cours des trois derniers mois, la Mauritanie s’est enfoncée dans une crise institutionnelle qui a paralysé les travaux du Parlement et les affaires de l’État.  Afin de s’assurer la loyauté de certains parlementaires issus du parti au pouvoir, l’ancien Président a eu recours à des mesures illégales inacceptables dans un système démocratique. 


Il a notamment puisé dans les finances publiques pour acheter l’allégeance de certains parlementaires et procédé à des nominations qui n’étaient pas légales tout en licenciant d’autres responsables gouvernementaux.  En outre, il a menacé continuellement de dissoudre le Parlement pour éviter la formation d’une commission parlementaire chargée d’enquêter sur les sources de financement d’une entreprise fondée par sa famille, a accusé le représentant.


Face à cette impasse politique, les forces armées et de sécurité, conscientes des dangers qui pesaient sur le pays, sont intervenues pour corriger cette situation et préserver l’unité nationale.  Cette intervention a été menée avec le soutien des deux tiers du Parlement et des partis politiques reconnus et environ 90% des maires.  Le Conseil supérieur d’État a ensuite déclaré son engagement à protéger la démocratie et à renforcer le processus démocratique en Mauritanie, à garantir le fonctionnement normal des institutions de l’État, à permettre aux partis politiques reconnus de reprendre leurs activités, à respecter les obligations, accords et traités internationaux conclus au nom de l’État mauritanien, et enfin à organiser dès que possible des élections libres et transparentes.


M. ATOKI ILEKA (République démocratique du Congo) a estimé que la présente session de l’Assemblée générale s’ouvrait à un « moment particulièrement difficile pour l’humanité ».  Il a notamment évoqué la crise du système financier mondial, la flambée des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des carburants ainsi que les effets des changements climatiques.  Il a appelé à la mise en œuvre d’actions « innovantes, novatrices et urgentes » pour gérer la crise alimentaire.  Nous sommes en effet convaincus que l’intelligence humaine permet tous les progrès scientifiques, à condition qu’existe et se manifeste la volonté politique, a notamment affirmé le représentant de la RDC.  Rappelant ensuite que son pays hébergeait 60% des forêts du bassin du Congo, M. Ileka a déclaré que la RDC a l’intention d’assumer « en toute responsabilité » un rôle en matière de régulation du climat mondial, « étant entendu que la communauté internationale lui doit, en retour, sa juste part de la rémunération des biens et services environnementaux rendus par les forêts congolaises à l’humanité tout entière ».


Dans un deuxième temps, M. Ileka a déclaré que la RDC « est de retour comme État, comme république, et comme démocratie ».  Il a notamment signalé que les autorités du pays avaient lancé « le grand chantier » de la reconstruction de la RDC, et s’apprêtaient également à organiser des élections municipales et locales.  Il a cependant signalé que deux territoires faisant partie de la région du Nord-Kivu « demeurent le théâtre d’une situation sécuritaire préoccupante ».  


Le représentant a indiqué que, face à la recrudescence de la violence, le Président de la République démocratique du Congo avait réaffirmé l’attachement de la RDC aux Actes d’engagement de Goma et au Programme Amani comme la voie idéale à emprunter pour mettre fin à la présence des groupes armés nationaux au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.  Le Président Kabila a également indiqué que la RDC était attachée au Communiqué de Nairobi, pour régler le problème de la présence sur le territoire du pays des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).  Il a signalé qu’un plan de désengagement, censé démarrer le 1er  octobre, avait été formellement adopté et accepté par le Gouvernement et les groupes armés, à l’exception du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). 


Il a ensuite engagé le Conseil de sécurité à avaliser ce plan et à fournir « un mandat clair et des moyens conséquents » à la Mission d’observation des Nations Unies en République démocratique du Congo.  La conscience humaine ne peut tolérer que face à des dirigeants légitimes, il soit indéfiniment permis à quelques-uns de maintenir une posture insurrectionnelle qui entraîne, en nombre inacceptable, des viols de femmes et des pertes de vies humaines, a notamment déploré M. Atoki Ileka.


Il a ensuite signalé que la RDC s’emploie à renforcer l’état de droit, à consolider la démocratie et à rendre effective la bonne gouvernance, de même qu’à s’associer à la résolution 1820 (2008) du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité ».  Il également souligné l’importance de mettre fin à l’impunité.  C’est avec le concours de la justice que nous entendons ramener la paix partout sur le territoire national, a-t-il dit.


M. Ileka Atoki a ensuite expliqué que la RDC s’est fixée cinq axes prioritaires qui portent sur les infrastructures, l’emploi, le logement, l’éducation et la santé, l’eau et l’électricité.  Il s’est ensuite félicité de l’acceptation par le Secrétaire général, de la demande émise par son pays de créer un bureau de l’ONU pour l’Afrique centrale, qui devrait permettre, selon lui, une meilleure coordination entre l’ONU et les pays de la région.


M. ANDERS LIDÉN (Suède) a qualifié de « claire violation » de la Charte des Nations Unies la récente invasion de la Géorgie par la Fédération de Russie, tout en rappelant que les règles internationales sont valables pour tous les États Membres des Nations Unies, y compris les membres permanents du Conseil de sécurité.  Les États Membres doivent régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques et s’abstenir de menacer ou d’utiliser la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, a rappelé le représentant suédois.  Les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent défendre ces règles, a-t-il ajouté, en soulignant la responsabilité spéciale qui incombe à ses cinq membres permanents.


M. Lidén a insisté sur l’invasion de la Géorgie, qui a eu recours à une force militaire « massive ».  La reconnaissance de l’indépendance de régions de la Géorgie est également en contradiction avec le droit international, a-t-il assuré.  Il a pour autant appelé la Fédération de Russie à remplir ses obligations, conformément à l’Accord en six points qu’elle a signé avec l’Union européenne (UE), et à retirer ses troupes jusqu’à leurs positions du 7 août dernier.


Le représentant suédois a également souligné le danger de la prolifération nucléaire.  Selon lui, l’Iran est le cas le plus préoccupant, même s’il n’est pas le seul, comme le démontrent les récents développements en République populaire démocratique de Corée, a-t-il dit.  Sur la question des changements climatiques, il a promis que son pays assumera une responsabilité spéciale pour mettre en place un accord international sur le climat, lors de sa présidence de l’UE.  En ce qui concerne l’ONU, le représentant suédois a plaidé pour une réforme qui la rende plus cohérente et efficace.   


Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est dit préoccupé par les nombreuses crises, et notamment la crise économique qui a secoué le monde financier, l’augmentation des prix des denrées alimentaires, la flambée du prix du pétrole, les changements climatiques, les guerres intérieures et les tensions.  Ces crises sont parfois naturelles mais également du fait de l’homme, a-t-il dénoncé.  Elles ont surtout démontré l’incapacité des gouvernants à protéger leur population.


Dans le passé, le terme « protection » était trop souvent un prétexte d’expansion et d’agression, une pratique qui est toujours d’actualité en dépit des récents progrès du droit international, a noté Mgr Migliore.  Les pères fondateurs de l’ONU croyaient que la responsabilité de protéger n’était pas dans le recours à la force mais dans la capacité de restaurer la paix et les droits de l’homme, a noté l’Observateur permanent. 


Pendant que beaucoup continuent à débattre des réelles causes, des moyens et des conséquences à long terme de la crise financière, humanitaire et alimentaire, les Nations Unies et la communauté internationale ont la responsabilité de fournir une direction, de la cohérence et des solutions, a estimé l’archevêque.  L’enjeu international n’est pas seulement la crédibilité de l’ONU et des chefs d’État, mais la capacité de la communauté humaine à assurer la sécurité internationale et alimentaire et à protéger les droits de l’homme, a poursuivi Mgr Migliore.


Il a souligné que les Nations Unies n’avaient pas été créées pour être un gouvernement mondial mais étaient le résultat d’une volonté politique individuelle des États.  Les orphelins du sida, les garçons et les filles vendus ou forcés à l’esclavage, ceux qui se réveillent chaque matin en ne sachant pas s’ils seront persécutés à cause de leur foi ou de la couleur de leur peau continuent à demander à cor et à cris une institution et des leaders qui traduiront leurs mots en actions, en engagements et en résultats, a plaidé l’archevêque.


Les changements climatiques restent un sujet qui préoccupe le Saint-Siège, a-t-il poursuivi.  Il a appelé à la mise en place de mesures de protection de l’environnement et de la nature et à une sanction juridique des activités qui seraient contraires à la protection de l’environnement. 


Droit de réponse


Le représentant de l’Éthiopie, exerçant son droit de réponse, a estimé que les accusations de l’Érythrée étaient sans fondement.  L’Éthiopie rejette la « prétention imaginaire » que des territoires érythréens seraient occupés par l’Éthiopie.  C’est l’Érythrée qui occupe illégalement le territoire de Djibouti, a-t-il affirmé.  Le représentant de l’Éthiopie a estimé que la cause principale de cette situation était l’absence totale d’institutions à Asmara.  Il a lancé un appel à la communauté internationale, lui demandant de rappeler aux autorités d’Asmara que leur conduite est inacceptable.  « Nous sommes la cible d’activités déstabilisatrices de la part de ce régime voyou », a-t-il notamment déclaré.  Nos différends résultent du « comportement belligérant de ce Gouvernement ».  L’obligation redditionnelle n’existe pas dans ce pays et le terme « élection » est une dérogation coupable, a affirmé le représentant de l’Éthiopie, soutenant également que l’Érythrée est le seul pays d’Afrique qui ne soit pas dirigé conformément à une constitution.  Il a aussi accusé le régime de ce pays d’avoir délibérément choisi la voie de l’isolement en raison des actes de son « impitoyable dictateur ».  Les troubles de l’Érythrée avec tous ses voisins sont la conséquence directe du comportement de ce pays, a-t-il dit.  Pour sa part, l’Éthiopie accepte l’avis du Conseil de sécurité selon lequel le règlement définitif de la situation dans nos deux pays appartient aux deux parties, a assuré le représentant.  L’Érythrée devrait plutôt réfléchir aux longues souffrances qu’ont déjà connues nos deux pays que de poursuivre ses politiques à courte vue, a-t-il encore déclaré.


Exerçant à son tour son droit en réponse, le représentant de l’Érythrée a déclaré que celui de l’Éthiopie avait fait plusieurs affirmations fausses qu’il serait trop long de démentir.  Mais il a expliqué que si l’Éthiopie n’était pas revenue sur la décision rendue par la Commission de démarcation de la frontière entre les deux pays, les problèmes auraient pu être résolus dès 2003.  Au contraire, ce régime a fait tout ce qu’il a pu pour saper les décisions de cette Commission et ne pas honorer les obligations qui lui incombent en vertu de traités et d’accords internationaux, a accusé le représentant.  Quant à la situation en Somalie, il n’est pas difficile de prouver que l’Éthiopie a envahi la Somalie et s’est fait fort de pratiquer le droit d’ingérence dans les affaires intérieures de ce pays.


DÉCLARATION DE CLÔTURE


M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, a conclu le débat général, en se déclarant encouragé par les propos tenus par les représentants des États.  En pleine crise économique, nous avons entendu parler beaucoup plus du « nous et nôtre » que du « je et mien » de la culture dominante d’aujourd’hui, a-t-il assuré.  Selon lui, les crises financière, alimentaire et même climatique, sont d’origine humaine et requièrent de ce fait des solutions humaines.


M. d’Escoto Brockmann s’est félicité que les priorités aient été bien définies.  Nous avons décidé de nous concentrer avant tout sur les plus vulnérables, les milliards de personnes qui vivent dans une pauvreté abjecte, a-t-il souligné.  Il a également apprécié le soutien manifesté aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Le Président de l’Assemblée générale a souligné les nombreux appels entendus pour une ONU plus forte.  Nous devons surmonter nos échecs du XXe siècle et entrer dans le XXI siècle avec une confiance renouvelée dans cette Organisation et dans sa capacité de remplir ses obligations face au monde, a-t-il dit.  Selon lui, les dirigeants ont manifesté un soutien enthousiaste à la décision de l’Assemblée de lancer de sérieuses négociations sur la réforme du Conseil de sécurité dans les prochains mois.


M. d’Escoto Brockmann a aussi plaidé pour une Assemblée générale qui retrouve l’autorité que lui avait accordée la Charte des Nations Unies.  Il a notamment appelé à donner de la signification au concept de souveraineté égale de tous les États Membres.  Si nous n’avons pas de normes démocratiques au sein des Nations Unies, comment peut-on l’exiger pour le reste du monde, s’est-il interrogé. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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