COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: EXPERTS ET DÉLÉGATIONS SOULIGNENT LA NÉCESSITE D’AIDER À LA FOIS LES JEUNES ET LES PERSONNES ÂGÉES À UNE RÉINSERTION SOCIALE
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Commission du développement social
Quarante-cinquième session
8e et 9e séances – matin et après-midi
COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: EXPERTS ET DÉLÉGATIONS SOULIGNENT LA NÉCESSITE D’AIDER À LA FOIS LES JEUNES ET LES PERSONNES ÂGÉES À UNE RÉINSERTION SOCIALE
Poursuivant ses travaux entamés la semaine dernière, la Commission du développement social a entendu aujourd’hui des interventions d’experts concluant à la nécessité d’instaurer une cohabitation harmonieuse entre jeunes et personnes âgées, deux des catégories socioprofessionnelles les plus menacées par la précarisation.
S’ils se sont réjouis de la progression de la longévité, les experts ont fait cependant observer qu’elle se manifestait de façon inégale entre pays développés et pays en développement. Pour ces derniers, Martha B. Pelaez, une consultante internationale, a fait observer que le vieillissement s’accompagne souvent de problèmes de santé qui constituent un obstacle au bien-être des personnes âgées. Ces problèmes, a-t-elle ajouté, soulignent la nécessité de mettre en place des services de soins et de santé supplémentaires et onéreux pour les pays en développement.
Ainsi, à Maurice, dont la population âgée de plus de 60 ans doublera d’ici à 2050, le Gouvernement a décidé d’entreprendre une série d’actions censées favoriser un vieillissement productif et dans la dignité, a expliqué Sheilabai Bappoo, Ministre de la sécurité sociale, de la solidarité nationale et du bien-être des personnes âgées et du bien-être des institutions.
Devant l’augmentation préoccupante du nombre de personnes âgées, en particulier en ce qui concerne la durabilité des régimes de pensions, un problème évoqué par de nombreuses autres délégations, le Gouvernement mauricien a établi un programme en vue de stimuler la création de petites et moyennes entreprises et donc de relancer la croissance économique.
Il s’agit en effet de créer le plus de richesses possibles afin de refinancer les retraites des générations futures. Cette exigence met en lumière le caractère indissociable du chômage des jeunes et de l’inactivité des personnes du troisième âge. Tous les intervenants ont souligné la nécessité de réaliser l’objectif du plein-emploi des jeunes, mais aussi celle de relancer conjointement l’activité des personnes âgées et des retraités.
Dans une telle perspective, celle d’une prolongation de la période « active », Mme Martha B. Pelaez, consultante internationale en matière de vieillissement et de santé, a affirmé que les systèmes de santé devraient désormais s’efforcer de prévenir les handicaps qui accompagnent le vieillissement. Les citoyens, pour leur part, devraient s’efforcer de cultiver des habitudes de vie susceptibles de retarder les effets du vieillissement.
Après avoir entendu la présentation faite cet après-midi par la principale rédactrice du Rapport mondial sur la jeunesse 2007, Mme Jane Lowicki-Zucca, la Commission a entamé son débat général sur le vieillissement et la jeunesse, au cours duquel les délégations ont fait valoir les mesures prises par leurs gouvernements pour venir en aide aux jeunes aussi bien qu’aux plus âgés.
À cet égard, si le développement social leur incombe en premier lieu, il ne saurait être réalisé sans une coordination internationale, particulièrement dans le contexte d’une économie mondialisée, a estimé la représentante de l’Allemagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne. Rappelant que l’Europe est considérée aujourd’hui comme la région la plus « vieille » au monde, la représentante a indiqué que cette situation créait des défis, mais aussi des opportunités, a-t-elle affirmé, soulignant le potentiel des personnes âgées, leurs ressources et leur expérience.
Plusieurs délégations de pays en développement se sont inquiétées des migrations massives. Les jeunes de leurs pays quittent les zones rurales vers les zones urbaines, ont-elles indiqué, précisant que de plus en plus, ces jeunes tentent leur chance à l’étranger. Pour remédier à une telle situation, qui menace l’équilibre social entre plus jeunes et plus âgés, les gouvernements ont adopté des politiques de création d’emplois ou s’efforcent, comme la République-Unie de Tanzanie, d’encourager une jeunesse désenchantée à prendre part à l’élaboration des politiques qui les concernent et à s’impliquer davantage dans le débat public.
La Commission du développement social poursuivra ses travaux, demain mardi 13 février, à 10 heures.
SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET DE LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Thème prioritaire: promotion du plein-emploi et d’un travail décent pour tous
Fin du débat général
M. AHMED AL-YASSIN (Iraq) a affirmé que pour réaliser le plein-emploi et le travail décent pour tous, ces deux objectifs devaient être au centre des politiques et des stratégies de développement et de réduction de la pauvreté. Il a toutefois constaté qu’il existait de nombreux obstacles à cette réalisation en Iraq, en raison de la situation en matière de sécurité actuelle mais aussi de l’histoire des pays marquée par la guerre civile, les guerres extérieures du régime précédent et aussi les sanctions. Tout cela a des incidences et des effets négatifs sur la situation politique actuelle et sur le développement du pays, a-t-il insisté. Il a donc estimé qu’il était indispensable de mettre en œuvre un plan de développement économique en Iraq et que tous les pays devait contribuer à réalisation.
M. SAÚL WEISLEDER (Costa Rica) s’est dit convaincu qu’un développement qui ne se donnait pas comme priorité l’intégration sociale n’était pas un véritable programme de développement. Il a noté les acquis récents dans la lutte contre le chômage dans le monde mais a regretté que la situation s’aggrave en Afrique et reste inchangée en Amérique latine. Il y a un paradoxe entre création d’emplois et emploi décent. Estimant que les causes de ces problèmes étaient à la fois internes et externes, il a affirmé que tous les pays devaient rechercher des solutions pour surmonter les obstacles visant à promouvoir le plein-emploi. Par ailleurs, il a indiqué que les politiques publiques devaient fournir un équilibre délicat entre croissance économique et développement social. Il a fait part des efforts du Costa Rica dans ce domaine, notant que la lutte contre la pauvreté et contre les inégalités était une priorité dans le pays. Ainsi, il a insisté sur les mesures prises en faveur de la protection sociale des groupes vulnérables, comme l’octroi d’un revenu minimum pour les personnes âgées vivant dans la pauvreté. Il a aussi souligné que le Costa Rica s’employait à diversifier son marché et à surmonter les obstacles au libre-échange, se disant convaincu que pour réaliser le plein-emploi, les pays en développement devaient s’intégrer davantage à l’économie mondiale. Enfin, il a mis l’accent sur le rôle de l’éducation et a fait remarquer que le pays avait entrepris une réforme du système d’instruction publique afin de donner aux citoyens des opportunités et des débouchés dans le marché du travail. Tous ces efforts, a-t-il expliqué, visent l’intégration sociale de tous les groupes de la société, à court et à long termes.
Mme ANA RADU (République de Moldova) a déclaré que le Sommet mondial pour le développement social avait donné à la communauté internationale une occasion unique de reformuler le concept de développement à la lumière de la dignité et du bien-être individuels. Malheureusement, le développement social et la croissance économique n’’ont pas été aussi remarquables dans certains pays que dans d’autres. Il existe ainsi un clivage entre les nations, certains pays souffrant d’un sentiment d’insécurité dans le contexte d’une économie mondialisée, a fait observer la représentante. Il faut, selon elle, œuvrer à une meilleure intégration entre politiques sociales et économiques, que ce soit au niveau international ou au niveau national. Pour sa part, Moldova a mis en place des programmes visant à l’amélioration de l’environnement social et à l’instauration d’un véritable système de justice sociale dans le pays. Le pays se heurte cependant à un exode massif de sa population active à l’étranger, 26,6% au total.
Mme ANDA FILIP (Union interparlementaire) a rappelé l’importance capitale d’un travail décent, qui permet de couvrir les besoins individuels et collectifs. En raison de leur proximité avec les électeurs, les parlementaires sont familiers de la menace du chômage et des tensions qu’il génère parmi les personnes les plus démunies. Depuis le Sommet de Copenhague de 1995, il est cependant regrettable que la situation n’ait guère évolué. Trop souvent, le travail décent est insuffisamment pris en compte dans l’élaboration des politiques économiques et sociales, a-t-elle regretté, avant de souligner que l’Union travaillait sur un projet de résolution en ce sens. Avec la force accrue de la mondialisation, a ajouté la représentante, l’ouverture d’un dialogue est plus que jamais nécessaire pour faciliter la mise en place d’un projet donnant à chaque citoyen le sentiment de s’intégrer et de participer équitablement aux recettes de la croissance économique.
M. TOSHIHIKO MURATA, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a souligné que pour réaliser les objectifs du plein-emploi et d’un travail décent pour tous, il était nécessaire de mettre l’accent sur les zones rurales et sur les emplois ruraux afin de créer une source de revenus et d’assurer une sécurité alimentaire aux plus pauvres du monde. Il a rappelé que les travailleurs agricoles représentaient 40% de la main-d’œuvre mondiale et que la majorité des pauvres vivaient dans les zones rurales. Il a estimé que pour réduire la pauvreté, il était important d’accorder une attention distincte aux petits agriculteurs ainsi qu’aux travailleurs agricoles, en prenant en compte ces deux groupes lors de l’élaboration de stratégies de réduction de la pauvreté et en renforçant les liens qui les unissent en faveur du développement durable. Il a également fait valoir que le secteur agricole, basé sur des accords de travail informels, était celui qui employait le plus grand nombre de femmes et d’enfants. Un des premiers objectifs devrait être de renforcer les capacités des travailleurs agricoles, de soutenir leur éducation et leur formation et de promouvoir les technologies pour des conditions de travail égalitaires, a-t-il précisé. Il a aussi mis en avant l’importance de renforcer le rôle des syndicats de travailleurs afin de promouvoir leur participation au dialogue politique et d’identifier les moyens de répondre aux nouveaux défis de la mondialisation.
M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, Observateur de l’Ordre souverain militaire de Malte, a déclaré que la pauvreté, l’exclusion et la dignité étaient au cœur même des activités de l’Ordre de Malte depuis plus de 900 ans. Fidèle à sa vocation, celui-ci est au service des pauvres et des déshérités. Grâce à son esprit hospitalier, l’Ordre de Malte est conscient que le travail est une partie intégrale de notre vocation humaine. La récente réorganisation de sa branche internationale, « Malteser International », a permis de développer et de coordonner de nombreux projets pilotes dans le monde et de contribuer à la résolution de situations humanitaires d’urgence. À titre d’exemple, au Kosovo, des charpentiers ont reçu des prêts qui leur ont permis de relancer leur travail et de se réinsérer avec leurs familles dans la vie communautaire. Dans l’ouest de l’Afghanistan, des écoles construites sous les auspices de l’Ordre de Malte ont facilité l’accès à une meilleure éducation à 20 000 enfants, dont 40% de filles; en Inde, un projet pilote de microcrédit, après le tsunami de décembre 2004, a permis à un grand nombre de femmes de démarrer de modestes affaires, a fait valoir le représentant. L’Ordre souverain de Malte, par sa mission humanitaire, agit immédiatement, pour les opérations de secours d’urgence, conformément au droit international, là où d’autres instances ne peuvent pas toujours le faire, et poursuit à moyen et long termes des projets pilotes qui servent de ponts entre les secours d’urgence et les activités de développement durable, a conclu M. De Looz.
M. GREENE, représentant de la Chambre internationale de commerce et de l’Organisation internationale des employeurs, a affirmé que l’entreprenariat et la création d’entreprises étaient des éléments essentiels à la lutte contre la pauvreté et s’est félicité que cette idée ait été reconnue dans la Déclaration ministérielle du Conseil économique et social de juillet dernier. Parmi les politiques à mettre en œuvre pour promouvoir des emplois productifs et lutter contre la pauvreté, il a insisté sur la nécessité de créer les conditions de l’innovation qui sont à la base de l’entreprenariat, notamment en mettant l’accent sur les améliorations de la productivité et en investissant dans les sciences de base à l’université. Il a également souligné l’importance de politiques macroéconomiques efficaces en faveur de la prospérité, de cadres réglementaires encourageant l’innovation et la compétition, de la formation continue visant à améliorer les compétences des employés, ou encore, de politiques inclusives pour tous les groupes de la société dans le domaine de l’emploi. Rappelant que le secteur privé était le principal moteur de la croissance, il s’est félicité de l’importance désormais attachée aux partenariats avec le secteur public. Ces partenariats, a-t-il estimé, pourraient faciliter le développement des économies locales et mener à de nouvelles opportunités d’affaires et de création d’emplois. Il a enfin déclaré que les politiques nationales devaient permettre au secteur privé de jouer son rôle dans le développement économique.
Mme BARBARA BAUDOT, représentante de « Triglav Circle », a expliqué que cette organisation était constituée de citoyens mondiaux qui apportaient leur expérience et perspective nationales à une réflexion sur des questions internationales, et que son objectif était de parvenir à mettre en œuvre les engagements mis en avant lors du Sommet mondial pour le développement social de Copenhague de 1995. Elle a affirmé qu’aujourd’hui, dans l’économie mondiale, le travail était quantifié et considéré comme une marchandise. La plupart des décisions en matière de ressources humaines, a-t-elle regretté, sont prises sur la base du rendement et des bénéfices. Elle a estimé qu’on ne pouvait réduire le travail à cette conception purement économique et productive. Elle a souligné l’importance de la notion de travail décent qui, selon elle, permet à tous de trouver une identité sociale et de faire partie intégrante de la société de manière productive. Déplorant la déshumanisation de la vie moderne, elle a souhaité que l’on redonne au travail une valeur qui tienne compte de sa contribution à la communauté et à la nature.
Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de groupes sociaux
Table ronde sur le thème: « vieillissement »
M. SHEILABAI BAPPOO, Ministre de la sécurité sociale, de la solidarité nationale et du bien-être des personnes âgées et du bien-être des institutions de Maurice, a déclaré que le dernier recensement en date avait établi une nette progression de la longévité chez les femmes comme chez les hommes à Maurice. Ainsi, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans doublera entre 2000 et 2050, un phénomène démographique qui aura un impact sur les politiques gouvernementales et les actions de la société civile, la santé et les soins, l’emploi et le marché du travail, la protection sociale et la croissance économique. Maurice s’est donc lancé dans une série d’actions censées favoriser un vieillissement productif et un vieillissement dans la dignité, a indiqué la Ministre. Le Gouvernement s’est par exemple doté d’un réseau social d’appui qui donne une pension contributive aux personnes âgées. En outre, un Conseil des personnes âgées a été créé par le Parlement pour élaborer des programmes et des politiques favorables à cette catégorie de la population. Devant l’augmentation du nombre de personnes âgées, qui constitue une source de préoccupation, en particulier en ce qui concerne la durabilité des régimes de pensions, le Gouvernement mauricien a créé un programme en vue de stimuler la création de petites et moyennes entreprises et donc de relancer la croissance économique. Par ailleurs, face au problème posé par le fossé des générations, le Ministère s’est occupé de faciliter le dialogue intergénérationnel en améliorant les voies de communications. En vue de prévenir la précarisation, une pension universelle non contributive est versée à toutes les personnes âgées de plus de 60 ans, auxquelles s’ajoutent des aides supplémentaires à partir de 90 ans, puis de 100 ans. S’inquiétant de la protection physique des personnes âgées, le Gouvernement de Maurice a mis aussi en place des programmes et des campagnes en vue de prévenir les cas d’abus. Mme Bappoo a cependant ajouté qu’une gouvernance mondiale était nécessaire et que la solution aux problèmes locaux exigeait un cadre international, notamment pour contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. FREDERICK F. FENECH, Directeur de l’Institut international du vieillissement de Malte, a fait valoir que les pays en développement et en transition devaient faire face à d’énormes défis en raison du vieillissement de leur population. Il a indiqué que ce phénomène était lourd de retombées aux plans économique, social et institutionnel. Il a constaté que les pays en développement connaissaient deux grandes tendances démographiques, l’urbanisation et le vieillissement. En conséquence, il a noté que les personnes âgées vivaient souvent dans la pauvreté et n’avaient pas un accès suffisant aux services de santé notamment. Il a précisé que quatre personnes âgées sur cinq ne bénéficiaient pas de revenus réguliers. M. Fenech a aussi fait valoir que les pays en développement manquaient de personnes spécialisées dans les questions liées à la prise en charge sous toutes ses formes des personnes âgées et notamment en gériatrie.
Selon lui, tous les modèles de formation et de développement doivent prendre en compte cette question afin de permettre aux personnes âgées de contribuer à la société et au développement. En effet, il a affirmé que des programmes en faveur de ce groupe de la population, comme des projets de pension en Afrique, avaient permis d’autonomiser les personnes âgées, de réduire leur pauvreté et avaient même bénéficié à l’économie du pays en général. Il a particulièrement insisté sur la nécessité d’accorder une attention particulière aux groupes les plus vulnérables, notamment les femmes âgées laissées seules dans les régions isolées en raison de l’exode rural ou des migrations. De plus, il a déclaré qu’il faudrait accroître la coopération entre pays développés et pays en développement afin que ces derniers puissent renforcer leurs capacités dans le domaine du vieillissement.
M. Fenech a ainsi fait part de l’action de l’Institut qu’il dirige, expliquant que celui-ci se basait sur le développement des ressources humaines et la formation des personnes. Ces dernières en formeront d’autres dans leur pays avec un effet multiplicateur, a-t-il précisé. Il a affirmé que les programmes de l’Institut mettaient en exergue les recommandations du Plan international d’action de Madrid sur le vieillissement et faisait la promotion d’un vieillissement actif avec la participation des personnes âgées dans la vie de leur société. Il a indiqué que l’Institut fournissait des formations sur les aspects sociaux, économiques et financiers du vieillissement ainsi que des programmes en gériatrie et sur les tendances démographiques. Il a aussi fait valoir que, depuis 1995, l’institut menait des programmes de formation dans les pays en développement eux-mêmes et avaient aussi mis en place des centres satellites dans différentes régions pour renforcer la coopération entre pays. Il a informé que les participants à ces programmes étaient ensuite devenus des agents pour le changement dans leur pays et avaient entrepris des activités d’éducation, de conseil, de conférences et de séminaires sur le vieillissement tout en faisant la promotion de la recherche dans ce domaine ou en mettent en place de nouveaux services pour les personnes âgées. Enfin, il a souligné que les pays en développement devaient être aidés pour la réalisation d’objectifs dans ce domaine. Les personnes âgées sont une ressource précieuse et ont des connaissances utiles pour toute la société, a-t-il conclu.
Mme MARTHA B. PELAEZ, consultante internationale en matière de vieillissement et de santé, a déclaré que les systèmes de santé devaient désormais prendre en compte la nécessité de prévenir les handicaps qui accompagnent le vieillissement. Mais comment maintenir le processus physiologique et retarder le vieillissement? s’est-elle interrogée. Tout d’abord en prévenant dès le plus jeune âge les comportements de vie et les habitudes de consommation susceptibles de fragiliser l’individu et de provoquer à terme l’apparition de problèmes de santé. Avec l’augmentation de la longévité, les pays développés comme les pays en développement comptent de plus en plus de personnes âgées. Mais dans les pays en développement, a fait observer Mme Pelaez, le vieillissement voit plus souvent l’apparition de problèmes de santé qui constituent un obstacle au bien-être des personnes âgées, entraînant ainsi la nécessité de mettre en place des services de soins et de santé supplémentaires et onéreux. La priorité est donc de mettre en œuvre des programmes concernant les médecins et le personnel soignant s’occupant des personnes âgées. Il faut également reconnaître le rôle de la famille dans les soins apportés aux personnes et intervenir pour donner un appui aux familles âgées. Enfin, elle a préconisé pour les gouvernements d’assurer la gestion des maladies chroniques, la coordination des services de santé, la formation de la population active et l’appui aux pourvoyeurs de soins en vue d’établir une société où toutes les générations auraient leur place.
Mme MARY ANN TSAO, Présidente de la Fondation Tsao de Singapour, a affirmé que, de plus en plus, les gouvernements, les communautés et les personnes âgées elles-mêmes étaient conscientes que la famille ne pouvait être le seul pilier pour prendre en charge les personnes âgées. Alors que les personnes âgées vivent plus longtemps et qu’elles ont des besoins de soins accrus, a-t-elle fait remarquer, le modèle familial nucléaire actuel n’est plus adapté à cette prise en charge. Elle a insisté sur l’importance des prestations sociales pour les personnes âgées, qui réduisent leur niveau de pauvreté et leur donnent accès à des services, dont ceux de santé. Des études récentes ont montré que ces allocations avaient aussi un impact sur les autres générations, a-t-elle poursuivi, et réduisaient la pauvreté des enfants tout en facilitant l’accès à l’emploi des jeunes en âge adulte. Elle a ajouté que ces pensions augmentaient aussi le statut des personnes âgées au sein de leur famille et contribuaient à leur autonomisation et à leur dignité. Notant que peu de pays en Asie avaient un tel système de prestations, elle a toutefois estimé que des pensions, même de petites sommes, avaient fait une grande différence dans la vie des personnes âgées au Bangladesh, en Inde, au Népal ou au Sri Lanka par exemple. Les pensions sociales sont un moyen efficace et accessible pour lutter contre la pauvreté des personnes âgées mais également des familles, a-t-elle estimé.
Par ailleurs, Mme Tsao a insisté sur la nécessité de donner une voix aux personnes âgées. Elle a mis en avant les initiatives d’ONG pour rassembler les personnes âgées dans des associations axées sur une question spécifique afin, notamment, qu’elles prennent part au dialogue politique dans leur pays et défendent leurs intérêts. Elle a aussi souligné qu’il faudrait offrir un soutien aux individus de la famille ayant la charge du soin des personnes âgées. À cet égard, elle a fait part d’un projet pilote en Corée, réalisé grâce à un partenariat entre l’ANASE et des ONG, visant à augmenter les soins donnés à domicile à travers la formation de bénévoles. Il s’agit de créer des capacités dans la communauté pour que la prise en charge des personnes âgées se fasse de manière plus volontaire et pour alléger le fardeau qui pèse sur les familles, a-t-elle ajouté. Il faudrait poursuivre les efforts pour assurer des prestations sociales aux personnes âgées tout en augmentant leur participation aux processus décisionnels et en y améliorant les modèles de services pour leurs soins. Pour progresser, il faudrait s’attaquer aux stéréotypes concernant les personnes âgées, a-t-elle souligné.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Allemagne a réitéré l’engagement de celle-ci en faveur du Plan de Madrid pour le vieillissement. Rappelant que l’Europe était la région la plus vieille au monde, elle a souligné que l’Union devra donc se montrer pionnière. Elle a demandé s’il était possible d’encourager l’élaboration de produits et services répondant mieux aux besoins des personnes âgées. La représentante du Bangladesh s’est interrogée pour sa part sur les moyens pour les pays développés et en développement de coopérer dans la lutte contre le vieillissement. Pour sa part, le représentant du Royaume-Uni a demandé s’il pouvait y avoir un lien plus actif entre le Plan de Madrid et le programme de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et si la recherche d’un travail décent ne devrait pas plus se concentrer sur la protection et l’emploi. Le représentant de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) a soulevé la question de l’érosion de la famille élargie. Enfin, la délégation d’El Salvador a demandé aux conférenciers s’il existait un lien entre le vieillissement et les politiques nationales de développement.
Répondant à cette dernière question, Mme BAPPOO a déclaré qu’à Maurice, les personnes âgées pouvaient participer à une activité rémunératrice et à la création de PME. Les personnes âgées peuvent également exprimer leurs opinions, dont il est ensuite tenu compte. M. Fenech a ensuite déclaré que les personnes âgées peuvent contribuer à titre bénévole au fonctionnement de la société. Ainsi, en Europe, des personnes âgées aident d’autres personnes âgées, a-t-il fait observer, et déclaré que celles-là devraient être rémunérées. En outre, les personnes âgées actives sont en bien meilleure santé et ont ainsi un impact moindre sur les dépenses sociales. Mme Pelaez a déclaré de son côté qu’il faudrait examiner la question de la sécurité du revenu, car les personnes âgées deviennent souvent, dans bien des sociétés, le moteur du développement. Elle a tout particulièrement attiré l’attention sur la situation de nombreuses femmes âgées. Mme Tsao a déclaré que les femmes, particulièrement en milieu rural, contribuaient à l’équilibre de la société sans avoir accès aux pensions. Or, les pensions sociales doivent être envisagées comme un investissement plus qu’une aide, dans le sens où l’activité des personnes âgées s’inscrit dans une politique de lutte contre la pauvreté.
Programme d’action mondial pour la jeunesse
Présentation du Rapport mondial sur la jeunesse 2007
Mme JANE LOWICKI-ZUCCA, Rédactrice principale du Rapport mondial sur la jeunesse 2007, qui sera publié au printemps, a présenté les grandes lignes de ce document. Elle a fait valoir que, par rapport aux deux rapports précédents sur cette question, ce document avait choisi une approche régionale, couvrant sept régions. De plus, elle a noté qu’une attention particulière avait été accordée à quatre priorités -l’éducation, l’emploi, la santé et la pauvreté– et que le rapport incluait cette année des indicateurs pour le développement des jeunes et soulignait leur contribution au développement. Elle a rappelé que le monde comptait 1,82 milliards d’enfants de moins de 15 ans et 1,18 milliard de jeunes de 15 à 24 ans. Elle a souligné que le rapport montrait une grande diversité de réalités de la vie des jeunes selon les contextes, en raison du sexe, du statut social et économique, ou encore, des différences entre zones urbaines et rurales notamment. Elle a noté que des progrès avaient été réalisés, particulièrement dans les domaines de l’éducation et de l’élaboration des politiques, quant aux objectifs du Programme d’action mondial pour la jeunesse de 2000, dont la pertinence a été réitérée en 2005.
Mme Lowicki-Zucca a observé qu’il existait un intérêt grandissant pour les jeunes au niveau politique. Estimant que la Convention sur les droits de l’enfant avait fait avancer les mentalités, elle a fait remarquer que les questions liées aux jeunes étaient aujourd’hui davantage intégrées aux politiques nationales. Elle a noté une amélioration de la participation des jeunes, dont la représentation est désormais considérée comme un droit, mais a regretté que ces opportunités demeurent limitées en ce qui concerne la prise de décisions politiques. Dans le domaine de l’éducation, elle a fait valoir que la génération actuelle de jeunes était la mieux éduquée de l’histoire, grâce aux progrès réalisés pour l’universalité de l’école primaire et l’augmentation des inscriptions au niveau secondaire. Toutefois, elle a reconnu que des barrières persistaient, puisque 133 millions de jeunes sont toujours analphabètes, et que ces obstacles affectaient surtout les filles.
S’agissant de l’emploi, elle a noté que 85 millions de jeunes étaient chômeurs en 2005, contre 74 millions en 1995. Les jeunes représentent la moitié des chômeurs du monde, a-t-elle précisé. Elle a aussi indiqué qu’un jeune sur cinq, soit 206 millions de jeunes, vivait avec moins d’un dollar par jour et qu’un jeune sur deux, soit 511 millions d’entre eux, vivait avec moins de 2 dollars par jour. En conclusion, elle a fait valoir que le Rapport 2007 recommandait, entre autres, d’améliorer les partenariats et la coordination entre les institutions qui travaillent avec les jeunes et d’augmenter les investissements en faveur de ceux-ci. En outre, elle a mis l’accent sur l’importance d’adopter une approche globale et intégrer des politiques consacrées aux jeunes. Elle a enfin suggéré la tenue de consultations régionales pour la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse tout en insistant sur la nécessité d’accroître les opportunités de participation et de représentation des jeunes dans la société.
M. DABESAKI MAC-IKEMENJIMA, Developmentpartnership International, a souligné qu’en Afrique, l’un des grands défis était l’éducation, rappelant qu’il était indispensable d’investir pour en améliorer la qualité. En Afrique subsaharienne, 60% des malades du Sida sont des jeunes. Par ailleurs, les jeunes n’ont pas accès aux nouvelles technologies de l’information, ni à un véritable espace où il leur est possible de se rencontrer, a poursuivi le représentant. Enfin, la question de l’emploi ou du chômage se pose de façon cruciale, parallèlement à leur volonté de prendre part à la vie politique et au débat public. Les jeunes ont souvent des idées brillantes et veulent soutenir les initiatives de leurs gouvernements, mais leur avis est insuffisamment pris en compte, a fait observer M. Dabesaki-Ikemenjima, qui a estimé que les jeunes pourraient soutenir la renaissance de l’Afrique dans la lutte contre le VIH/sida et le développement industriel du continent. À cette fin, une Charte pour les jeunes africains a été créée par l’Union africaine, ainsi qu’une Union panafricaine de la jeunesse et des réseaux régionaux de jeunes. En novembre, les Nations Unies ont signé un accord de partenariat avec l’Union africaine pour faire ratifier et appliquer la Charte par les États Membres.
M. JULIO F. CARRIÓN, de l’Université du Delaware, a tout particulièrement attiré l’attention sur l’emploi, les migrations, et la participation des jeunes en Amérique latine. Il a fait valoir que sur ce continent, deux tiers des jeunes âgés de 20 à 24 ans avaient fini l’école primaire en 2002 et seulement un tiers leur cycle secondaire cette même année. L’expert a souligné qu’il existait des disparités dans l’éducation des jeunes. Les filles en particulier sont dans une situation plus préoccupante qu’il y a une quinzaine d’années, avec un taux de chômage en hausse et des revenus en baisse. Dans ce contexte, les migrations sont devenues un moyen d’échapper à la pauvreté et à l’exclusion, que ce soit à l’étranger ou au niveau national des zones rurales aux zones urbaines. Cependant les migrations sont à double tranchant, car elles peuvent offrir autant d’opportunités que de risques, dans la mesure où elles ouvrent la voie à la mobilité sociale comme à l’exploitation. S’agissant de la politique, la jeunesse latino-américaine partage le même scepticisme que les plus âgés vis-à-vis des institutions politiques et judiciaires. Il a recommandé de faire en sorte que l’éducation primaire soit universelle, de mettre en place un réseau de sécurité dans les zones rurales et des programmes de formation, et enfin, de renforcer la législation pour améliorer la protection des jeunes femmes.
M. DAVID GORDON, Directeur du Centre d’études sur la pauvreté et la justice sociale de l’Université de Bristol, a noté que le Rapport 2007 présentait une grande innovation car il avait produit une série d’indicateurs concernant le développement des jeunes. Ces statistiques sont des formes d’indicateurs sociaux, a-t-il précisé, notant que ceux-ci se penchaient sur la situation des jeunes dans les 15 domaines de priorité du Programme d’action mondial de la jeunesse. Il a souligné que beaucoup de données n’étaient pas disponibles pour les jeunes puisqu’elles n’étaient pas ventilées pour ce groupe. Il s’est toutefois dit optimiste quant aux perspectives pour ces indicateurs, faisant valoir qu’on avait maintenant défini la jeunesse comme le groupe de 15 à 24 ans et que les enquêtes sociales dans le monde prenaient maintenant en compte ce groupe. Notant que les indicateurs s’intéressaient à la privation alimentaire et d’eau ainsi qu’à l’accès à la santé, à l’assainissement, à l’éducation, au logement ou encore à l’information, il a expliqué que ces mesures permettaient de cibler les problèmes spécifiques des jeunes dans une région donnée et de trouver des solutions qui répondent à leurs besoins particuliers.
Débat général sur la jeunesse et le vieillissement
S’exprimant au nom de l’Union européenne, Mme MARTINA VON BASSEWITZ (Allemagne) a déclaré que le développement social, s’il incombe d’abord aux gouvernements, ne pourrait être réalisé sans une coordination internationale. Rappelant que l’Europe est considérée comme la région où le nombre de personnes âgées est le plus important au monde, la représentante a indiqué en outre que cette tendance au vieillissement se poursuivrait. C’est une situation qui crée des défis, mais aussi des opportunités, a-t-elle affirmé, soulignant le potentiel des personnes âgées, leurs ressources et leur expérience. Évoquant la question des jeunes, la déléguée a déclaré que ceux-ci représentaient 20% des citoyens européens et que les États Membres s’étaient engagés à adopter des politiques en leur faveur. Compte tenu du fait que ce groupe d’âge se heurtait à des bouleversements sociaux et démographiques, l’Union avait décrété prioritaires les politiques familiales au niveau national et la nécessité de privilégier la recherche d’une approche cohérente dans ce domaine. Le but de l’Union à terme est de créer une alliance des familles européennes, a conclu la représentante de l’Allemagne.
M. IGNACIO ROBLES GARCIA (Espagne) a affirmé que les défis du vieillissement devaient être abordés aux niveaux national et international. Il a souligné que son Gouvernement avait récemment adopté une loi pour la promotion de l’autonomie et le soin des personnes dépendantes, afin de répondre aux besoins des personnes vulnérables. Il a affirmé que, de cette façon, l’État garantissait aux personnes âgées et handicapées l’accès aux services sociaux ainsi que des bénéfices économiques et une aide technique lorsque cela est nécessaire. Il a expliqué que ce système pour les personnes dépendantes aurait des effets positifs sur cette population et leurs familles, mais également sur l’activité économique, puisqu’on estime que 300 000 emplois doivent être créés dans ce domaine. En outre, il a fait part de l’engagement de son pays à mettre en œuvre le Plan international d’action sur le vieillissement de Madrid, notant entre autres que l’Espagne accueillait, le mois prochain, la Conférence ministérielle de Léon, sur l’examen et le suivi régional de ces engagements. Selon lui, cette Conférence contribuera à identifier les progrès réalisés et à impliquer tous les États dans le processus de suivi à travers l’échange d’expériences et la diffusion d’information.
M. YASUSHI TAKASE (Japon) a fait état de certaines mesures prises par son Gouvernement en application du Plan international de Madrid sur le vieillissement, notamment dans l’allègement de la restriction sur l’âge à l’accès à l’emploi et dans la reprise de l’emploi après une longue période d’inactivité ou au lendemain de la retraite. Cependant, afin d’assurer une équité entre les générations, il faut veiller à ne pas surcharger les travailleurs à venir, c’est-à-dire les jeunes, a prévenu le représentant. S’agissant des handicapés, le Gouvernement s’est félicité de l’amendement de la loi japonaise sur le handicap, qui interdit la discrimination à l’encontre de ces personnes et facilite leur participation plus active dans la société. Face aux problèmes que rencontrent les jeunes, le Japon a estimé que l’emploi et la mise à disposition d’une formation appropriée étaient le meilleur moyen de leur redonner une dignité.
Mme DAINA URBONAITIENE (Lituanie) a fait observer que les personnes âgées constituaient plus d’un cinquième de la population de son pays et que les problèmes du vieillissement étaient particulièrement aigus dans les zones rurales. Elle a déclaré que la Lituanie avait œuvré pour créer une société de chances égales pour tous les âges, notant que l’expérience et les compétences des personnes âgées faisaient partie de la richesse nationale. Elle a indiqué que depuis juin 2004, le pays s’était doté d’une stratégie nationale sur le vieillissement, qui donne les priorités d’action dans ce domaine. Elle ainsi insisté sur l’importance de garantir un revenu minimum pour les personnes âgées et a fait remarquer que la stratégie offrait une augmentation de taille de cette prestation en Lituanie. En outre, face au manque de main-d’œuvre, la représentante a affirmé qu’il faudrait encourager les personnes âgées à travailler le plus longtemps possible et leur offrir des opportunités de formation continue. Elle a estimé que cela nécessitait une organisation flexible du travail pour ce groupe ainsi que des conditions sociales favorables à cet égard. Mme Urbonaitiene a aussi constaté que le vieillissement de la population augmentait les besoins en matière de services sociaux et de santé. En conséquence, la qualité et l’accès à ces services est une de nos priorités nationales, a-t-elle fait valoir. Elle a expliqué qu’il s’agissait de permettre aux personnes âgées de vivre le plus longtemps possible chez eux, avec leur famille et au sein de leur communauté. Elle a considéré qu’il fallait entendre la voix des personnes âgées et prendre les décisions qui les concernent avec eux. Enfin, la représentante a noté que les problèmes liés au vieillissement devaient être traités au niveau national mais également au niveau international.
M. HENRI-PAUL NORMANDIN (Canada) a déclaré que des programmes et des politiques avaient été lancés par le Canada en direction des aînées, notamment au chapitre de la sécurité financière. Récemment, le Gouvernement canadien a adopté un plan d’équité fiscale qui réduira le fardeau fiscal des aînés en permettant aux couples de se partager leurs revenus de retraite. Soulignant ensuite que de nombreux aînés canadiens étaient préoccupés par leur santé, le représentant a déclaré que dans son pays, le régime universel d’assurance maladie permettait à tous les résidents d’avoir un accès raisonnable aux services médicaux nécessaires. Aujourd’hui, les personnes âgées sont beaucoup plus actives et dynamiques, a affirmé le représentant, qui a fait valoir que dans leurs collectivités, les aînés y contribuaient de nombreuses façons: soins des enfants, enseignement de l’anglais et du français aux nouveaux immigrants, bénévolat dans les hôpitaux. Reconnaissant leur vaste contribution à la société canadienne, le Programme « Nouveaux Horizons » finance des projets communautaires où les aînés peuvent offrir leurs compétences, leurs connaissances et leur expérience, a précisé le représentant.
M. ZHANG DAN (Chine) a d’abord indiqué que dans son pays, les personnes de plus de 60 ans sont au nombre de 142 millions, soit 11% de la population. En 2010, ce nombre devrait s’élever à 160 millions, soit 12% de la population. Le représentant a ensuite dévoilé certains éléments clefs de la stratégie de son pays. Les États, a-t-il dit, doivent intégrer la question du vieillissement dans la planification générale du développement économique et social. Ils doivent aussi accorder la priorité à la croissance économique et aux progrès sociaux. Ils doivent enfin mobiliser tous les secteurs de la société tant il est vrai qu’un gouvernement ne peut tout faire tout seul. Concernant la jeunesse, le représentant a fait part, outre les amendements apportés à la législation en vigueur, des investissements massifs dans l’éducation, la création d’emplois, la santé, la culture et les sports.
La participation des jeunes au développement social a atteint un niveau sans précédent, a affirmé le représentant. Pays très peuplé, la Chine subit, chaque année, une augmentation considérable de sa population active. Le Gouvernement s’est donc attaché à faciliter la création d’entreprises privées, promouvoir des schémas d’entreprenariat prometteurs ou développer des projets de microcrédit. Concluant sur la question des personnes handicapées, le représentant a indiqué que l’année dernière, son Gouvernement a terminé le sondage sur les personnes handicapées, mené à l’échelle du pays, définit un plan d’action pour la période 2006-2010 et entamé sa marche vers les « services de réhabilitation pour tous ». Il a émis l’espoir que l’adoption de la Convention offrira à la communauté internationale des concepts, des politiques et un cadre utile pour la protection des intérêts et des droits des personnes handicapées
Mme ADRIANA GONZALEZ FURLONG (Mexico) a affirmé que le vieillissement de la population mexicaine était manifeste, tout en soulignant la variété des situations selon les régions et le statut socioéconomique. Elle a affirmé que le Mexique avait adopté une approche basée sur les droits –à l’assistance, au travail, aux études, à la protection sociale ou encore à la santé- qui encourage la participation des personnes âgées. Le principe fondamental est celui du respect de la dignité des personnes âgées dans la justice sociale et l’équité, a-t-elle insisté. Faisant part de l’engagement de son pays pour mettre en œuvre le Plan d’action international de Madrid, elle a estimé qu’il fallait prendre des actions préventives afin de garantir une vie digne aux personnes âgées. Ainsi, elle a précisé que son pays avait adopté une loi garantissant leurs droits et disposait de politiques inclusives, démocratiques et multisectorielles à leur égard. Elle a noté que ces mesures reposaient sur la stratégie régionale relative à la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid. Par ailleurs, elle a indiqué que son pays souhaitait offrir des opportunités d’activités rémunérées pour les personnes âgées afin d’améliorer leur niveau de vie. Le travail est le thème fondamental des politiques publiques sur le vieillissement, a-t-elle insisté. Elle a déclaré que les personnes âgées pouvaient ainsi participer activement à leur propre développement, contribuant ainsi à la réduction des indices de pauvreté que connaît le pays. L’objectif, a-t-elle poursuivi, est de s’assurer que la vulnérabilité ne se transforme pas en exclusion. Enfin, elle a estimé que des infrastructures étaient nécessaires pour faire face aux défis du vieillissement et que cela devait passer par une intensification des politiques publiques visant à assurer un travail décent pour tous.
M. S. JEHOMA (Afrique du Sud) a affirmé que son Gouvernement avait accru l’aide en direction des enfants, qui sont désormais scolarisés à 97%, une amélioration significative par rapport à 1994. Il a ensuite indiqué que l’Afrique du Sud était l’un des seuls pays au monde à dépenser plus pour l’approvisionnement en eau et assainissement que pour son budget militaire, indiquant que l’accès à l’eau potable était passé de 59% en 1994 à 83% aujourd’hui. Alors que les jeunes constituent 40,5% des 49 millions des Sud-Africains, le Gouvernement a établi une Commission nationale de la jeunesse en 1996, qui a lancé de nombreux programmes, notamment de lutte contre le VIH/sida. Une stratégie intégrée nationale a été également mise sur pied, pour superviser toutes les initiatives gouvernementales de lutte contre la discrimination à l’égard des personnes handicapées. En outre, plus de 1,3 million de personnes reçoivent des fonds pour leur handicap. Enfin, sur les 3,28 millions de personnes âgées de plus de 60 ans, 2,2 millions sont considérées comme pauvres et reçoivent à ce titre une aide, ce qui constitue 95% de cette sous-catégorie, a conclu le représentant de l’Afrique du Sud.
M. NWAZO PAUL KADUCHA (République-Unie de Tanzanie) a fait valoir que son pays attachait une grande importance à la situation des personnes âgées, des personnes handicapées et des jeunes. Il s’est félicité de l’adoption, par l’Assemblée générale, de la Convention sur les droits des personnes handicapées. Affirmant qu’il fallait maintenant la mettre en œuvre et réaliser ses objectifs, il a plaidé pour une coopération aux niveaux national et international dans ce sens. Il a aussi fait part des efforts de la Tanzanie pour appliquer les règles en vigueur sur l’égalité des chances pour les personnes handicapées, dont une politique nationale alignée sur ces normes et la révision actuelle des législations. Toutefois, il a affirmé que son pays faisait face à de nombreux défis dans cette mise en œuvre, notamment en raison du manque de ressources et de données fiables sur les personnes handicapées, qui rend la planification difficile. Sur la question du vieillissement, le représentant a indiqué que son pays avait mis en place une politique nationale en la matière et prenait des mesures pour évaluer et augmenter les prestations en faveur des personnes âgées. Il a cependant reconnu que la fourniture de soins médicaux subventionnés demeurait un défi important. La protection des droits des personnes âgées est la clef de leur développement et de leur bien-être, a-t-il ajouté, en notant que la Tanzanie élaborait actuellement une législation à cet égard et s’attachait à faciliter leur participation dans la vie du pays. En ce qui concerne les jeunes, M. Kaducha s’est dit convaincu que ce groupe constituait le plus grand atout pour le développement économique, social et politique. Faisant valoir que les jeunes étaient pris en compte dans tous les programmes du pays, il a indiqué qu’ils étaient aussi encouragés à participer aux questions de développement et aux partis politiques. Enfin, il a noté que son Gouvernement s’employait à établir un conseil de la jeunesse et des réseaux de jeunes, notamment en faveur de l’emploi.
M. IGNACIO LLANOS (Chili) a déclaré que, conformément au Plan international d’action de Madrid sur le vieillissement, le Gouvernement chilien avait adopté une série de mesures visant à mettre en œuvre les engagements pris. En 2003 notamment, un fonds pour les personnes âgées a été créé pour financer près de 1 200 projets visant à encourager le respect des droits des adultes les plus âgés et à établir un réseau de protection sociale. En outre, une loi a été modifiée pour prévenir les abus contre les personnes du troisième âge. Une réforme du système de sécurité sociale est en cours, pour donner un accès automatique aux retraites d’assistance pour les personnes âgées actives, a conclu la délégation.
M. MAKMUR SUNUSI (Indonésie) a remarqué qu’en dépit des progrès constatés en matière de justice sociale pour les personnes âgées depuis les années 1980, celles-ci ne sont pas toujours intégrées automatiquement dans les politiques sociales. En Indonésie, plusieurs programmes ont été adoptés en faveur des personnes âgées, dont le nombre est passé de 14 à 16 millions entre 2000 et 2005. Ces personnes âgées bénéficiaient ainsi des efforts faits en terme de protection et de bien-être social, a précisé le représentant, indiquant que son Gouvernement avait mis en œuvre des projets pilotes dans cinq provinces qui permettent à 4 000 personnes âgées grabataires de bénéficier de la sécurité sociale. En ce qui concerne les 40 millions de jeunes indonésiens, le Gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre le Programme d’action mondial pour les années 2000 et suivantes, a poursuivi M. Sunusi, expliquant que son pays était parmi les utilisateurs les plus actifs du réseau d’emploi des jeunes « IYENetwork », créé en 2003 pour mettre en contact gouvernements, organisations d’employeurs, syndicats, organisations de jeunes et de la société civile. Le Gouvernement indonésien a, par ailleurs, mis sur pied des centres de formation professionnelle dans toutes les provinces du pays et la plupart des districts de la capitale, a également indiqué le représentant.
M. BYONG-JO KANG (République de Corée) a rappelé que les populations vieillissaient rapidement, particulièrement dans les pays développés, et que cette tendance avait un impact sur le développement, les migrations, la santé, l’emploi ou encore l’éducation. Il a affirmé que les questions relatives aux groupes sociaux devaient être prises en compte de manière globale car les politiques spécifiques avaient souvent un impact au-delà du groupe démographique ciblé. Il a ainsi encouragé le Secrétaire général à porter, dans ses rapports, une attention accrue aux liens et relations entre ces groupes et aux synergies de la mise en œuvre des politiques dans ce domaine. De plus, il a exhorté les Nations Unies à renforcer la coordination entre les organes représentant ces divers groupes sociaux. Par ailleurs, il a déclaré que les politiques relatives à ces groupes devaient être incluses dans les plans nationaux de développement et a souhaité que des recommandations soient faites sur la participation de ces groupes dans la réalisation des objectifs de développement nationaux et internationaux. Il a fait valoir que la Corée s’attachait à adopter une approche basée sur les droits de l’homme concernant les politiques relatives aux groupes sociaux. Enfin, il a indiqué que son pays accueillerait l’Assemblée mondiale 2007 sur les personnes handicapées cet automne, espérant que celle-ci contribuerait à l’autonomisation des membres de ce groupe. Tout en rappelant que chaque pays avait sa voie vers le développement social, il a exprimé l’espoir que tous les États pourraient partager les valeurs communes des Objectifs du Millénaire pour le développement, des droits de l’homme et de l’égalité entre les sexes.
M. CLEMENT K. KHEMBO, Ministre des personnes âgées et des personnes handicapées du Malawi, a déclaré que son Gouvernement avait adopté un certain nombre de politiques et de mesures législatives en faveur de personnes handicapées et formulé des programmes visant à surmonter les obstacles à leur participation aux activités sociales et économiques, comme la stratégie de croissance et de développement du Malawi, par exemple. En outre, même si la Constitution du Malawi interdit toute forme de discrimination, le Gouvernement soumettra un projet de loi au Parlement en temps voulu, pour éliminer toute discrimination à l’égard des personnes handicapées et leur donner accès à la pleine égalité des chances. Évoquant ensuite l’exclusion de longue date des personnes âgées au Malawi, le Ministre a déclaré que son Gouvernement était en train de travailler à l’élaboration de politiques visant à mieux intégrer cette catégorie de la population à la société. Celui-ci est aussi engagé en faveur de la protection de la famille, considérée comme essentielle au développement social et économique. Enfin, ces dernières années, le Malawi a adopté des politiques et établi des programmes visant à promouvoir le développement durable, la réduction de la pauvreté et la défense des droits de l’homme, a ajouté le Ministre.
Mme CORINA MURAFA, Représentante de la délégation de la jeunesse roumaine, a souligné l’importance, lorsque l’on parle de l’emploi des jeunes, de lier les politiques relatives à l’éducation à celles de réduction du chômage. Il est essentiel que les gouvernements développent des nouvelles approches pour faire coïncider les besoins en éducation avec les demandes d’un marché du travail en pleine évolution. La situation actuelle montre que les systèmes éducatifs ont besoin d’une réforme urgente. Ils doivent mettre davantage l’accent sur l’apprentissage des technologies de l’information et des communications (TIC). Étant donné que le chômage est un des moteurs principal de la migration des jeunes, les gouvernements doivent aussi, a poursuivi la représentante, harmoniser les stratégies en la matière avec celles visant à lutter contre le chômage. Les jeunes sont des acteurs clefs de la réduction du chômage, de l’élimination de la pauvreté, de la gestion des migrations et de la réforme de l’éducation. Il faut les aider à devenir de vrais partenaires dans le processus de prise de décisions concernant leur avenir, a conclu la jeune représentante.
M. AMADOU ROUAMBA (Mali) a indiqué que son pays, confronté à un sous-emploi chronique, particulièrement des jeunes, était très préoccupé par cette question. Il a fait part des mesures entreprises par le Mali pour faire face à cette situation, dont l’adoption d’un document cadre de politique nationale de l’emploi. Il a expliqué que celui-ci était mis en œuvre à travers le Programme national d’action pour l’emploi en vue de réduire la pauvreté. Sa finalité est de contribuer à la création d’emplois décents pour les couches vulnérables, les femmes, les travailleurs ruraux, les employés du secteur informel, les personnes handicapées, a-t-il souligné. Il a aussi fait valoir que le Programme Emploi-Jeunes visait à donner une formation aux jeunes et faciliter leur accès au financement en vue de leur insertion dans la vie socioéconomique. Par ailleurs, il a noté que le pays avait entrepris une réforme des institutions de sécurité sociale et notamment la mise en place d’un système d’assurance maladie obligatoire. Il a déclaré que les politiques et stratégies du pays avaient pour objectif de donner à chaque Malien l’opportunité de s’affranchir de la pauvreté en accédant à un travail décent.
M. Rouamba a également indiqué que son pays assurait l’encadrement des groupes sociaux comme les personnes âgées, les personnes handicapées et les jeunes par des programmes sectoriels, citant notamment le Plan d’action national sur le vieillissement pour 2006-2010. S’agissant des jeunes, il a affirmé que ceux-ci étaient au centre du développement social, de la croissance économique et de la stabilité politique. Le représentant a ainsi noté que le Programme national de promotion de la jeunesse définissait les besoins et aspirations des jeunes tout en indiquant la manière dont ils doivent participer au développement. Toutefois, le représentant a regretté que la mise en œuvre de tous ces programmes soit entravée par le manque de ressources suffisantes et les effets néfastes de la mondialisation. C’est pourquoi, il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle respecte ses engagements relatifs à l’aide publique au développement (APD) tout en insistant sur l’importance de la coopération Sud-Sud pour traiter de ces questions.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel