SOC/4723

LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL INSISTE SUR LA NÉCESSITÉ D’INTÉGRER LE LE PLEIN-EMPLOI À L’AGENDA POUR LE DÉVELOPPEMENT

07/02/2007
Conseil économique et socialSOC/4723
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement social

Quarante-cinquième session

2e et 3e séances – matin et après-midi


LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL INSISTE SUR LA NÉCESSITÉ D’INTÉGRER LE PLEIN-EMPLOI À L’AGENDA POUR LE DÉVELOPPEMENT


Selon M. José Antonio Ocampo, la forte croissance économique en 2006 n’a pas contribué à réduire sensiblement les taux de chômage dans le monde


La Commission du développement social a ouvert, aujourd’hui, les travaux de sa quarante-cinquième session, qui se poursuivront jusqu’au 16 février.  Cette session a pour thème prioritaire le plein-emploi et un travail décent pour tous et couvrira également les questions du vieillissement de la population, des personnes handicapées et des jeunes.  Constatant que la croissance économique mondiale actuelle n’était pas accompagnée d’une importante réduction des taux de chômage, les intervenants ont, pour cette première journée de débats, concentré leurs discussions sur la nécessité de placer l’emploi au centre des politiques internationales ainsi que des stratégies nationales de développement. 


Ensemble, avec nos partenaires de la société civile et des institutions du système des Nations Unies, attachons-nous à renforcer les piliers définis lors du Sommet de Copenhague et le principe d’une prospérité économique et sociale partagée équitablement, a lancé le Président de la Commission, M. Mehdi Danesh-Yazdi de la République islamique d’Iran, à l’ouverture de cette session.  La Commission du développement social, organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC) composé de 46 membres, est en effet chargée du suivi et de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action issus du Sommet mondial pour le développement social de 1995, à Copenhague. 


Présentant le rapport du Secrétaire général sur cette question*, M. José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a fait observer que le nombre de chômeurs était passé, au cours de la dernière décennie, de 140 à 195 millions de personnes dans le monde.  Il a également souligné que 1,4 milliard de travailleurs, soit environ la moitié de la main-d’œuvre mondiale, ne gagnaient pas suffisamment pour hisser leur famille au dessus du seuil de pauvreté avec un salaire de deux dollars pas jour.  La forte croissance économique en 2006 n’a pas contribué à réduire sensiblement les taux de chômage dans le monde, a fait remarquer M. Ocampo.  Face à cette situation, a-t-il rappelé, le Sommet mondial de 2005 avait placé la question de l’emploi au cœur de l’agenda international pour le développement et la Déclaration ministérielle issue du segment de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) de juillet dernier avait aussi identifié la promotion du plein-emploi comme un objectif essentiel. 


Afin de parvenir à cet objectif, a estimé M. Ocampo, il faudrait donner aux pays un espace politique suffisant pour augmenter l’emploi.  En outre, les pays devraient mieux coordonner leurs politiques macroéconomiques.  M. Ocampo a aussi souligné l’importance de traiter de manière urgente de la question de la protection sociale et celle de l’exclusion des groupes les plus vulnérables, comme les jeunes, les femmes, les personnes âgées, les handicapées et les populations autochtones.  


L’orateur principal à l’ouverture de cette quarante-cinquième session, M. Les Kettledas, Directeur général adjoint au Ministère du travail de l’Afrique du Sud, a illustré les défis de la situation mondiale en matière d’emploi à travers la situation dans son propre pays.  Il a indiqué que malgré un taux de croissance de 5% en 2005, les emplois créés en Afrique du Sud étaient pour la plupart précaires et de courte durée.  Il a ainsi fait part des efforts de son pays pour intégrer les groupes les plus marginalisés au marché de l’emploi et pour améliorer les conditions d’emploi de tous les travailleurs. 


Dans l’après-midi, la Commission a organisé une table ronde sur l’impact des politiques macroéconomiques sur l’emploi.  Les trois panélistes ont partagé l’opinion que ces politiques ne conduisaient pas automatiquement à la création d’emplois mais pouvaient y contribuer.  Ainsi, dans son exposé, Mme Marion Williams, Gouverneur de la Banque centrale de la Barbade, a fait valoir que les politiques monétaires pouvaient avoir un impact sur l’emploi en gardant l’inflation à un niveau faible et stable.  De l’avis de M. Jean-Paul Tricart, Chef de l’Unité des affaires internationales à la Direction générale pour l’emploi, les affaires sociales et l’égalité des chances à la Commission européenne, il faudrait un renforcement mutuel des politiques économiques et sociales.  Enfin, M. Mustapha Nabli, Économiste principal et Directeur pour le développement social et économique de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a cité en exemple cette région pour illustrer l’importance des réformes structurelles de l’économie lorsque celle-ci dépend de manière démesurée du secteur public en matière de création d’emplois. 


En début de séance, la Commission a élu par acclamation M. Mehdi Danesh-Yazdi (Iran) à la présidence de cette quarante-cinquième session.  Mme Joyce Kafanabo (Tanzanie), pour le Groupe d’États africains, et M. Volodymyr Pekarchuk (Ukraine), au nom du Groupe des pays d’Europe de l’Est, ont été élus aux postes de vice-président.  Elle a ainsi achevé la composition du Bureau qui comptait déjà M. Francis Lorenzo (République dominicaine), pour le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, et Mme Hedda Samson (Pays-Bas), au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, également Rapporteure de la Commission.    


La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, jeudi 8 février, à 10 heures. 


* Ce rapport du Secrétaire général est publié sous la cote E/CN.5/2007/2



SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET DE LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Thème prioritaire: promotion du plein-emploi et d’un travail décent pour tous


Examen des plans et programmes d’action pertinents des organisations des Nations Unies concernant la situation de groupes sociaux


Déclarations liminaires


M. MEHDI DANESH-YAZDI (République islamique d’Iran), Président de la Commission du développement social, a déclaré que l’expérience montrait que le développement social est une nécessité pour l’essor des sociétés.  Le développement social, a-t-il ajouté, concerne les gens et non pas les intérêts économiques de tel ou tel pays.  Le Président a poursuivi en rappelant que les coûts étaient énormes pour les pays lorsque ceux-ci négligent les liens entre l’éradication de la pauvreté, la promotion du plein-emploi et l’intégration à l’action collective de toutes les couches sociales de la société.  Soulignant la nécessité de respecter les engagements pris à Copenhague en 1995, et réaffirmés 10 ans plus tard en 2005, M. Danesh-Yazdi a déclaré que des progrès avaient été accomplis en vue de faire reculer la marginalisation des populations dans le monde.  Toutefois, des millions de jeunes restent exclus du marché du travail et autant de personnes âgées vivent dans l’insécurité sociale.  Le Président de la Commission a, en outre, indiqué que dans certains pays, 80% des personnes handicapées sont sans emploi, tandis que les populations autochtones et les migrants sont confrontés à de graves discriminations sur les plans économique et social. 


À l’échelle mondiale, a par ailleurs indiqué M. Danesh-Yazdi, on compte 195 millions de chômeurs, chiffre qui ne cesse d’augmenter en dépit d’une forte croissance mondiale.  Cela reflète des disparités criantes dans le partage des richesses et du capital.  Il a rappelé que le thème principal de la présente session portera sur la promotion du plein-emploi et d’un travail décent pour tous.  Ce thème a été déterminé lors du Sommet mondial de 2005, et ce, en tenant compte des engagements pris par les dirigeants du monde 12 ans plus tôt à Copenhague.  Les travaux de la Commission sont également renforcés par la Déclaration ministérielle adoptée récemment par le Conseil économique et social qui, notamment, reconnaît que l’égalité dans le domaine de l’emploi entre hommes et femmes est essentielle pour éradiquer la pauvreté et améliorer le bien-être économique et social de tous.  Entre autres, les travaux de cette session se doivent de refléter la nature multidimensionnelle des enjeux visés par cet organe.  Nos débats doivent être aussi étendus que possible, en mettant l’accent sur la situation des groupes les plus vulnérables.  « Ensemble, avec nos partenaires de la société civile et des institutions du système des Nations Unies, attachons-nous à renforcer les piliers définis à Copenhague et le principe d’une prospérité économique et sociale partagée équitablement », a conclu M. Danesh-Yazdi.


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DESA), présentant le rapport du Secrétaire général sur la promotion du plein-emploi et d’un travail décent, a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait placé cette question au centre de l’agenda pour le développement des Nations Unies.  Le segment de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC), de juillet dernier, a-t-il ajouté, avait également insisté sur cet objectif essentiel dans sa Déclaration ministérielle.  Soulignant les défis à relever pour parvenir à ce but, il a regretté que les résultats dans le domaine de la promotion de l’emploi soient encore décevants.  Le nombre de chômeurs dans le monde est passé de 140 millions à 195 millions au cours de la dernière décennie, a-t-il ainsi indiqué.  En outre, a-t-il fait observer, en dépit d’une croissance économique forte en 2006, les taux de chômage n’ont pas été pour autant réduits. 


Le Secrétaire général adjoint a précisé que le chômage continuait à progresser dans la plupart des pays en développement et que 1,4 milliard de personnes, soit environ la moitié de la main d’œuvre mondiale, ne gagnaient pas suffisamment pour se hisser au-dessus du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour.  En outre, il a constaté que les femmes et les jeunes étaient plus affectés par le chômage alors que les personnes âgées, les personnes handicapées, les populations autochtones et les migrants étaient exposés à une insécurité croissante de l’emploi.  Il a de plus constaté des inégalités croissantes entre les salaires, mais aussi entre différentes régions et entre les villes et les campagnes.


Pour faire face à cette situation, M. Ocampo a estimé qu’il faudrait avant tout s’assurer que l’objectif du plein-emploi et d’un travail décent pour tous est au cœur des politiques internationales et des stratégies nationales de développement.  Insistant sur la nécessité de créer un environnement favorable aux niveaux international et national, il a affirmé qu’il faudrait donner aux pays un espace politique suffisant pour augmenter l’emploi et mieux coordonner les politiques macroéconomiques entre les pays.  Il a, par ailleurs, noté qu’il faudrait établir, au plan national, des politiques de soutien à l’investissement, à la croissance et à l’entreprenariat afin de créer des opportunités d’emploi. 


Il a aussi souligné l’importance de traiter de manière urgente la question de la protection sociale, élément clef, selon lui, d’une approche intégrée de l’élimination de la pauvreté et de l’amélioration de l’équité.  En outre, il a déclaré que ces politiques étaient plus efficaces lorsqu’elles intégraient une perspective familiale à la question de l’emploi.  Cela implique la prise en compte non seulement des besoins des travailleurs en tant qu’individus, mais aussi en tant que personnes subvenant aux besoins de toute une famille, a-t-il expliqué.  M. Ocampo a aussi souligné l’importance d’examiner avec soin les questions de l’économie informelle ainsi que de renforcer les stratégies d’emploi et de réduction de la pauvreté en faveur des groupes vulnérables et des marginalisés. 


S’agissant du vieillissement, autre thème de cette quarante-cinquième session, le Secrétaire général adjoint a noté que cette année marquait le cinquième anniversaire de la Deuxième Assemblée mondiale sur cette question, tenue à Madrid en 2002.  Il a recommandé que le processus d’examen du Plan d’action international de Madrid mette à jour les efforts nationaux pour traiter des défis et opportunités du vieillissement.  En ce qui concerne les jeunes, également à l’ordre du jour des travaux de la Commission, il a indiqué que le rapport du Secrétaire général sur cette question mettait l’accent sur leur place dans l’économie mondiale et était donc étroitement lié au thème prioritaire de cette session.  Enfin, il s’est félicité qu’en décembre dernier, l’Assemblée générale ait adopté la Convention sur les droits des personnes handicapées, un thème qui sera aussi abordé par la Commission.  Cette Convention interdit la discrimination sur la base du handicap et bénéficiera à 470 millions de femmes et d’hommes en âge de travailler, mais qui ne peuvent trouver d’emploi en raison de l’exclusion sociale, a-t-il précisé avant de conclure. 


Présentant le point relatif au suivi du Sommet mondial pour le développement et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale, M. JOHAN SCHÖLVINCK, Directeur de la Division de la politique sociale et le développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a précisé qu’il y avait trois rapports sur ce point, la partie portant sur la promotion du plein-emploi et d’un travail décent pour tous étant le thème prioritaire.  Le rapport sur ce sujet (E/CN.5/2007/2) concerne les tendances dominantes en matière d’emploi au cours des 10 dernières années, et leurs incidences sur l’éradication de la pauvreté et de l’intégration sociale.  Ce document note qu’en dépit d’une croissance économique mondiale forte, le chômage a augmenté durant cette période, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie.  Il a indiqué, par ailleurs, que la mobilité plus active des populations accroît la précarisation de l’emploi, le travail devenant plus informel ou de courte durée sans que les employés ne puissent en tirer des bénéfices.  Poursuivant, M. Schölvinck a expliqué que le rapport s’inquiétait de ce que la situation économique mondiale actuelle freinait la lutte pour l’éradication de la pauvreté.  La libéralisation des économies, en l’absence de politiques sociales adaptées, ne conduit pas nécessairement à la baisse du chômage où à l’amélioration du bien-être des populations.  Concernant l’intégration sociale, le rapport relève que sous de nombreux aspects, le monde intègre moins aujourd’hui qu’il y a 10 ans.  Les personnes âgées et les jeunes, de même que les populations autochtones et les personnes handicapées subissent considérablement les discriminations lors du recrutement.  Malgré l’attention qui leur est accordée, les femmes continuent d’être moins bien rémunérées que les hommes pour des compétences égales.  Enfin, le rapport note que le concept de travail décent pour tous, qui suppose un niveau de salaire minimum, la sécurité de l’emploi et de bonnes conditions de travail, n’est toujours pas devenu réalité. 


S’agissant de l’examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies relatifs à la situation des groupes sociaux, M. Schölvinck a indiqué que deux rapports du Secrétaire général étaient disponibles sur cette question.  Le premier rapport (E/CN.5/2007/7), établit un bilan des progrès accomplis cinq ans après la tenue de la Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement et l’adoption du Plan d’action international de Madrid.  Il rend compte des politiques nationales sur le vieillissement dans le contexte de la mise en œuvre du Plan.  Ce document reconnaît que le vieillissement représente un défi social majeur, compte tenu notamment du fait que les personnes vivent de plus en plus longtemps.  Celles-ci continuent de contribuer à la vie sociale de diverses manières, ce qui pose d’inévitables défis, notamment les coûts en matière de santé, la protection sociale, ou la lutte contre les discriminations.  Ce rapport estime que beaucoup reste à faire pour changer les préjugés sur les personnes âgées.  À cette fin, il serait profitable qu’elles prennent une part plus active aux cycles d’examen de la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid.


Présentant ensuite le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse (A/62/61-E/CN.5/2007/3), M. Schölvinck a expliqué que ce document se penchait non seulement sur l’emploi de ce groupe social, mais aussi sur les thèmes connexes tels que la mondialisation, l’éducation, la pauvreté.  Ces facteurs déterminants jouent un rôle dans l’accès à un travail décent et à la participation sociale des classes d’âges plus jeunes.  À cet égard, le rapport indique que les jeunes manquent souvent d’expérience et de compétences qui leur permettraient de trouver rapidement un emploi stable, cette difficulté étant décuplée par la nature très changeante de l’économie actuelle.  La flexibilité exacerbe, en outre, l’exclusion, sur la base de laquelle se développent élimination et délinquance.  En réponse à ces défis, le rapport propose des indicateurs de mesures du développement des jeunes, et ce, en rapport étroit avec les programmes des Nations Unies et en vue d’accélérer la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse.  


Sœur BURKE, Présidente du Comité des ONG sur le développement social, présentant les résultats du Forum de la société civile qui s’est tenue hier, s’est félicitée du suivi donné par cette Commission à l’engagement pris par les gouvernements dans le Document final de 2005 et réaffirmés dans la Déclaration ministérielle de l’ECOSOC afin que le plein-emploi et le travail décent pour tous soit un objectif central des politiques nationales et internationales.  Elle s’est dite très préoccupée par la tendance selon laquelle la croissance économique ne contribue ni à réduire le chômage ni à lutter efficacement contre la pauvreté.  Sans un travail décent, a-t-elle affirmé, les gens vivent dans la pauvreté, mais également sans dignité.  Il est grand temps d’intégrer le plein-emploi et un travail décent pour tous à l’agenda international, a-t-elle insisté. 


Sœur Burke a rappelé que les ONG étaient en contact quotidien avec les gens vivant dans la pauvreté et a indiqué que ces organisations souhaitaient contribuer aux travaux de la Commission pour explorer les moyens d’éliminer la pauvreté.  Elle a estimé que les stratégies de développement devraient intégrer des politiques en faveur de l’emploi et de la création de revenus, qui garantissent la protection sociale et le respect des droits des employés sur le lieu de travail.  Elle a indiqué également que le Comité des ONG procédait à une enquête sur les projets et pratiques existants qui visent à promouvoir le plein-emploi et un travail décent pour tous.  Elle a expliqué que 38 réponses avaient été reçues pour l’instant, représentant 17 pays et que cette collecte de données se poursuivrait jusqu’en avril 2007.  Notre objectif est de constituer un dossier sur la base des conclusions de cette enquête et de formuler des recommandations que la Commission du développement social pourra examiner lors de la deuxième année de ce cycle, a-t-elle précisé. 


Par ailleurs, elle a espéré que la présente session parviendra à établir un texte négocié fort, sur la base des principes de Copenhague afin d’aborder la question du plein-emploi comme moyen d’éliminer la pauvreté et de promouvoir l’intégration sociale.  Elle a encouragé la Commission à inclure des représentants de la société civile aux discussions de suivi de cette session et a exhorté les ONG et les gouvernements à développer des projets communs dans le domaine de l’emploi. 


Présentation de l’orateur principal


M. LES KETTLEDAS, Directeur général adjoint au Ministère du travail de l’Afrique du Sud, a déclaré que l’économie sud-africaine, comme celle des autres États en développement, était passée par des changements structurels profonds.  Il a expliqué que le secteur primaire avait décliné dans son pays au cours des dernières décennies, et ce, au profit du secteur des services, générateur d’emplois.  Ainsi l’emploi minier et agricole a baissé de manière significative, l’emploi manufacturier étant soumis à des coupes moins importantes.  Indiquant qu’au cours de la première décennie de liberté en Afrique du Sud, la croissance avait atteint 3% de moyenne, passant à 5% en 2005.  Toutefois, a ajouté M. Kettledas, les emplois créés au cours de cette période sont précaires et de courte durée, offrant le plus souvent des salaires bas, de mauvaises conditions de travail et une protection sociale faible.  En conséquence, les plus diplômés hésitent à se lancer sur le marché du travail national et parfois s’expatrient.  Pour rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande en matière d’emplois qualifiés, l’Afrique du Sud, en collaboration avec l’Union africaine, a mis sur pied des groupes de réflexion pour empêcher la main d’œuvre d’émigrer dans des pays plus attractifs.  Il nous faut à la fois créer de nouveaux emplois et améliorer ceux qui existent déjà, a-t-il dit.


Le représentant s’est ensuite demandé si des emplois décents pouvaient aller de paire avec des économies de marché, flexibles et dérégulées, telles qu’elles se pratiquent aujourd’hui.  Les travailleurs doivent être investis d’une responsabilité plus étendue afin de contribuer aux améliorations qui les touchent directement et de défendre les droits acquis, a préconisé M. Kettledas.  Durant la période 1999-2004, nous nous sommes ainsi attachés à renforcer le statut des travailleurs sud-africains, notamment en consolidant le cadre législatif pertinent.  Ainsi, a précisé M. Kettledas, l’accent a d’abord été mis sur la situation des groupes les plus vulnérables, les travailleurs domestiques, les travailleurs agricoles et les employés du secteur de la vente.  Dans ce cadre, le Plan national d’action a été mis sur pied pour examiner au plus près les situations particulières relatives au marché du travail des enfants.  Un code de bonnes pratiques a également été adopté et des guides d’assistance technique pour les personnes handicapées ont été publiés afin de faciliter la participation de cette population à l’effort national de développement social.  D’autres publications ont aussi été distribuées sur les lieux de travail concernant la gestion du VIH/sida.  M. Kettledas a précisé que les autorités de son pays avaient continué, tout au long de ce processus de renforcement des droits des travailleurs, à maintenir un dialogue social constant avec l’ensemble des partenaires intéressés.  Il a, par ailleurs, fait savoir que l’Afrique du Sud était active sur le front de la formation et de la lutte contre les discriminations générées par la mondialisation. 


Échange de vues


Après avoir entendu la présentation de M. Kettledas, le représentant de l’Allemagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, s’est déclaré convaincu qu’elle permettra de guider les débats de la Commission.  Il a espéré que la Commission parviendra à des résultats concrets et fructueux sur la promotion du plein-emploi et un travail décent pour tous.  Le représentant de la République dominicaine a lui aussi salué cette présentation, estimant que la réforme de l’agriculture et le transfert des connaissances étaient essentiels pour générer l’emploi.


Table ronde sur le thème «  Politique macroéconomique pour le plein-emploi et un travail décent pour tous  »


Mme MARION WILLIAMS, Gouverneur de la Banque centrale de la Barbade, a déclaré que le rôle des politiques monétaires était d’appliquer, par le biais des banques centrales, des stratégies de taux d’intérêt et de crédit favorables à l’emploi.  L’influence de ces politiques, a-t-elle dit, se fait sentir directement, sur la confiance des acteurs économiques qui encouragent l’épargne et l’investissement ainsi que les gains de productivité nécessaires à la croissance économique.  Dans ce cadre, une inflation faible et stable contribue à stimuler la création d’emplois et à protéger les revenus nationaux.  Mme Williams a ensuite expliqué que les politiques macroéconomiques ne conduisaient pas automatiquement à la création d’emplois, dans les cas où ces politiques ne sont pas adaptées aux spécificités de l’environnement socioéconomique national.  En particulier, les pays développés doivent trouver de nouveaux moyens de réconcilier, à ce niveau, les forces du marché et les impératifs de développement social qui sont les corollaires de toute croissance ambitieuse et juste.


L’intervenante a ajouté que la libéralisation des marchés financiers était pratiquée de manière courante pour accroître les possibilités d’attirer des capitaux dans les pays en développement afin d’y créer davantage d’investissements et d’emplois.  Cette stratégie est efficace à court terme mais, sur la durée, elle entraîne une augmentation des formes de travail informelles, mal rémunérées et finalement causant à leur tour la pauvreté.  L’intervenante a, par ailleurs, estimé que le développement des technologies appliquées à l’économie de marché avait causé une baisse de la demande de travail dans les pays pauvres.  Cela suppose que ces derniers, pour survivre, doivent dès à présent combler la fracture numérique qui les maintient dans un état de dépendance à l’égard des pays riches et les poussent sur les routes.  Pour Mme Williams, il est indispensable que les politiques gouvernementales développent leurs capacités et assurent une production nationale soutenue de biens et services, cela pour maintenir un taux d’emploi des nationaux suffisant pour réduire la pauvreté et préserver un minimum de cohésion sociale. 


Enfin, en ce qui concerne le concept de travail décent, Mme Williams a estimé qu’un tel terme était peu approprié, car il suppose qu’il existe des emplois qui ne sont pas décents par nature.  Il conviendrait de mettre plutôt l’accent sur les conditions de travail, dont on sait combien celles-ci peuvent être affectées par l’imposition des nouvelles technologies ou la compétitivité de plus en plus féroce.  Cette dernière, a ajouté l’intervenante, ne doit pas non plus être accusée de tous les maux, l’érosion de la protection sociale dans certains pays étant imputable à des mouvements de populations de migrants aux frontières et à la multiplication des sources externalisées d’emploi.    


M. MUSTAPHA NABLI, Économiste principal et Directeur pour le développement social et économique du Bureau régional Moyen-Orient et Afrique du Nord de la Banque mondiale, s’est intéressé aux politiques macroéconomiques, à la croissance et à l’emploi dans cette région.  Il a expliqué que bien que les pays que compte celle-ci soient hétérogènes, leur modèle de développement a été similaire, basé sur une forte intervention étatique ainsi que sur des politiques économiques et sociales en faveur de la redistribution et de l’équité.  Il a indiqué que la nationalisation de l’industrie, des banques, du commerce et de l’agriculture avait créé un secteur public très large et diminué le rôle du secteur privé.  En outre, il a constaté que ces modèles de développement se basaient sur un contrat social entre gouvernement et population, les richesses étant redistribuées en échange d’une voix limitée dans le processus de décision. 


M. Nabli a fait valoir que ce type de développement avait initialement généré une croissance importante et que cette région avait d’ailleurs, dans les années 1960, le taux de croissance le plus élevé au monde d’environ 6,7% par an.  Toutefois, il a souligné les lacunes de ce modèle dont une dépendance excessive vis-à-vis du pétrole comme source de croissance et d’emploi dans toute la région.  Il a aussi précisé que ce modèle n’avait pas permis l’émergence d’un secteur privé compétitif car celui-ci se développait dans le cadre de marchés domestiques protégés.  Une des faiblesses les plus importantes de ce système, a-t-il ajouté, est qu’il a créé une forte attente de la part des citoyens pour des emplois assurés.  Il a en effet expliqué qu’une part importante de la redistribution des ressources liées au pétrole se faisait à travers des emplois dans le secteur privé.  M. Nabli a indiqué que les emplois dans le secteur privé étaient par exemple passés de 19% à 32% de 1976 à 1986 en Iran, et qu’en 1985, 92% de Koweïtiens travaillaient dans le secteur public contre 76% en 1975.


Toutefois, il a expliqué qu’après le crash du prix du pétrole au milieu des années 1980, la garantie d’emploi n’était plus possible dans ces pays, d’autant plus que même le secteur privé dépendait des ressources publiques.  À la fin des années 1980, le chômage dans la région a atteint 11% et n’a depuis cessé d’augmenter, a-t-il poursuivi.  Il a par ailleurs noté que malgré des efforts de stabilisation macroéconomique, les problèmes d’emplois se sont perpétués car ces

économies sont trop tournées vers l’intérieur, peu diversifiées et sont toujours menées par le secteur public.  Dans ce contexte, il a insisté sur l’importance de développer le secteur financier, qui ne peut se limiter aux banques, afin d’utiliser les politiques monétaires et fiscales pour stimuler la croissance économique. 


M. JEAN-PAUL TRICART, Chef de l’Unité des affaires internationales à la Direction générale pour l’emploi, les affaires sociales et l’égalité des chances de l’Union européenne, a déclaré que l’Union encourageait tous les efforts consentis par la communauté internationale pour créer un environnement favorable au plein emploi.  Toutes les politiques et programmes de l’Union vont dans le sens de la mobilisation en faveur d’un travail décent pour tous, dans les pays européens comme à l’extérieur.  Dans ce cadre, a ajouté M. Tricart, il convient de noter que toutes les institutions européennes appuient les travaux de la Commission.  Ce dernier a ensuite expliqué que l’Union avait adopté la Stratégie de Lisbonne pour à la fois promouvoir le plein emploi et la croissance et pour renforcer l’intégration sociale et le développement économique durable.  Cette stratégie repose sur la contribution mutuelle des politiques économiques, d’emploi et les politiques sociales, a-t-il dit 


En 2005, a par ailleurs rappelé M. Tricart, la Réforme du Pacte de stabilité et de croissance a donné aux pays de l’Union un cadre de surveillance pour la politique fiscale permettant l’établissement de priorités budgétaires dans les domaines de l’innovation et de la compétitivité.  Il s’en est suivi une hausse de la croissance économique à l’échelle du continent, celle-ci atteignant 5,1% en 2006.  Toutefois, l’expérience montrant que la croissance n’est pas le gage de création d’emplois durables, il convient de rechercher l’équilibre macroéconomique harmonisant le progrès économique et la protection sociale. Pour l’intervenant, la mondialisation et le changement technologique rapide nécessitent ainsi la mise sur pied de politiques encourageant la création d’emplois de meilleure qualité.


La Stratégie d’emploi européenne met à cette fin l’accent sur l’investissement dans le capital humain et la formation en vue d’améliorer la qualité du cycle de travail.  M. Tricart a précisé que l’Union et ses États Membres multipliaient dans ce sens les discussions pour définir des mesures efficaces combinant flexibilité et sécurité du marché du travail.  L’idée sous-jacente, a-t-il encore dit, est que la flexibilité et la sécurité ne sont pas des principes exclusifs l’un de l’autre.  Évoquant à ce propos le concept macroéconomique de « flexécurité », l’intervenant a indiqué qu’une flexibilité élevée pouvait aller de pair avec une modernisation des formes du travail rendue possible par des réformes volontaires et un dialogue constant avec les partenaires sociaux.  Il a affirmé qu’une protection sociale accrue pouvait également activer une augmentation des performances économiques ainsi que la mobilité sécurisée du travail par le bais en particulier de mesures garantissant la stabilité harmonisée des revenus.


En ce qui concerne l’agenda sur le travail décent, M. Tricart a déclaré que l’Union contribuait à cet effort par des stratégies visant à renforcer les bénéfices de la mondialisation tout en limitant ses effets négatifs en matière d’exclusion sociale et de pauvreté.  C’est pourquoi, l’Union souscrit pleinement aux piliers de l’agenda sur le travail décent dégagés par l’OIT, à savoir la liberté de choix de l’emploi occupé et le renforcement des droits du travail, de la protection sociale et du dialogue social.


L’orateur a ajouté que l’emploi décent pouvait contribuer de manière significative au développement durable et à faciliter la mise en place de politiques d’ajustement et de restructuration d’économies nationales adaptées à la mondialisation et aux progrès technologiques rapides.  Il a également mis l’accent sur les programmes liés au travail décent que l’Union promeut dans d’autres pays et régions.  À cet égard, il a jugé que la réussite des initiatives de ce type dépend de l’appropriation par les pays intéressés des stratégies de développement et de réduction de la pauvreté au niveau national.  C’est pourquoi, M. Tricart a souhaité que le plus grand nombre de pays ratifient et appliquent les conventions pertinentes sur le droit du travail tel que défini par l’OIT.


Intervenant à la suite de ces exposés, M. José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et modérateur de cette table ronde, a souligné le rôle de la protection sociale qui peut avoir des effets très positifs sur l’emploi.  Il a aussi constaté que certains instruments de politique macroéconomique pouvaient avoir des effets sur l’emploi, notamment les taux de change.  Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité de prévoir un espace pour des politiques anticycliques, accompagnées de systèmes financiers efficaces.  Sans cet espace politique, de nombreux pays, notamment en développement, sont sujets à des fluctuations cycliques très fortes et ont peu de marge de manœuvre pour les atténuer, a-t-il poursuivi.  M. Ocampo a aussi affirmé qu’il faudrait œuvrer pour une plus grande cohérence des politiques macroéconomiques mais également prendre en compte les aspects structurels d’une économie qui peuvent également avoir un impact sur l’emploi.  Des réformes peuvent s’avérer essentielles pour générer les conditions de la création d’emploi dans certains pays, surtout si l’État en est le premier pourvoyeur, a-t-il précisé.  Enfin, il a déclaré qu’il faudrait explorer les moyens qui concilient les conditions de création d’emplois avec les critères de flexibilité nécessaires à une économie compétitive. 


Répondant ensuite à une question du représentant de la Jamahiriya arabe libyenne sur le rôle élargi des banques centrales, Mme Williams a expliqué que ces banques ne se limitaient plus à leur rôle traditionnel dans la mesure où elles assument des activités de développement.  Les banques centrales essaient de faciliter la création de bourses et de marchés secondaires d’hypothèques ou d’assurances.  Interrogée également par ce délégué sur l’impact des avancées technologiques sur l’emploi, Mme Williams a admis que cela pouvait augmenter le taux de chômage mais qu’en même temps, ce phénomène exigeait des qualifications plus élevées dans d’autres domaines.  Par la formation, ces personnes peuvent donc être à nouveau employées, a-t-elle ajouté.  


Mme Williams a aussi affirmé, en réponse à une question de la délégation de l’Allemagne sur l’impact négatif de la fuite des cerveaux, que cette expatriation des personnes éduquées était parfois nécessaire car certaines petites économies ne pouvaient absorber ces travailleurs.  Par ailleurs, répondant à une question du représentant de la République dominicaine sur l’égalité des chances notamment par l’éducation, elle a estimé que chaque pays devait faire des choix et identifier ses priorités pour allouer ses ressources. 


Pour sa part, M. Nabli a expliqué que le passage d’un secteur public très large à la création d’un secteur privé plus important dans un pays devrait se faire à un rythme assez rapide.  La dimension critique pour réussir cette transition est de démanteler le secteur public tout en créant un environnement favorable aux affaires afin que le secteur privé soit efficace et productif en termes d’opportunités d’emploi. 


Interrogé par la représentante de la Jamaïque sur la question du renforcement mutuel des politiques sociales et économiques, M. Tricart a déclaré que les politiques de protection sociale pouvaient être considérées comme un investissement et non comme un coût.  Il a estimé que pour y parvenir, il faudrait rapprocher les institutions financières des institutions responsables du développement social.  En outre, il a souligné l’importance d’un dialogue social renforcé, affirmant que certains pays, comme ceux de Scandinavie, avaient des syndicats forts tout en restant compétitifs et en s’adaptant aux nouvelles réalités.


Les panélistes ont ensuite répondu à des questions posées par les délégations de Cuba, de l’Inde, du Royaume-Uni, de la Jordanie, des États-Unis, du Kazakhstan et de la Confédération des syndicats internationaux.  Ces questions portaient, notamment, sur l’éradication de la pauvreté; la nécessité de conjuguer les facteurs nationaux et internationaux pour mettre en place un cadre général de plein emploi et régler le problème de la dette externe afin de faire accéder les produits du Sud aux pays du Nord; ou encore sur la formation des ressources humaines aux métiers du secteur des services favorisant l’entrée sur le marché du travail des groupes les plus vulnérables.


Mme Williams a ainsi expliqué que les solutions en faveur d’une croissance durable et favorable à un emploi valorisé n’étaient pas que nationales.  Celles-ci doivent tenir compte des débats qui ont eu lieu dans le cadre des grandes conférences internationales et s’appuyer sur un dialogue axé notamment sur la nécessité de mettre en place des réseaux modernes de formation de la main d’œuvre.  Pour Mme Williams, toute démarche engagée au plan national doit être axée sur les points forts de l’économie concernée et capitaliser sur cette base en anticipant la demande à venir dans tel ou tel secteur d’activité.  Il est indispensable de créer un climat dans lequel les objectifs peuvent être atteints, en fondant sur une planification nationale cohérente établie conjointement par les ONG, les syndicats et le secteur privé, premier pourvoyeur d’emplois.


M. Nabli a, pour sa part, estimé qu’il faudrait fixer les politiques macroéconomiques avant de lancer toute réforme socioéconomique.  Il convient, a-t-il également soutenu, de tenir compte, dans ce cadre, des spécificités de chaque pays et d’adapter la formation et l’éducation à l’évolution constante du secteur privé.


M. Tricart a conclu la discussion en se réjouissant de ce que les stratégies de l’Union européenne et de l’OCDE en matière d’emploi étaient de plus en plus convergentes.  Les deux institutions, a-t-il dit, insistent sur la nécessité absolue de développer des politiques macroéconomiques cohérentes, complétées par des stratégies de protection sociale et d’innovation.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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