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SG/SM/11325-ENV/DEV/963

CHANGEMENTS CLIMATIQUES: LE COÛT ABORDABLE DE L’ÉCONOMIE VERTE OUVRE DE NOUVELLES PERSPECTIVES, ESTIME BAN KI-MOON À LA CONFERENCE DE BALI

12/12/2007
Secrétaire généralSG/SM/11325
ENV/DEV/963
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CHANGEMENTS CLIMATIQUES: LE COÛT ABORDABLE DE L’ÉCONOMIE VERTE OUVRE DE NOUVELLES PERSPECTIVES, ESTIME BAN KI-MOON À LA CONFERENCE DE BALI


Vous trouverez ci-après le texte intégral de l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies lors du débat de haut niveau de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Bali, le 12 décembre:


Je voudrais tout d’abord remercier le Gouvernement et le peuple indonésiens de nous accueillir, et tous ceux ici présents d’être venus.


Avant de parler de la raison pour laquelle nous sommes tous ici aujourd’hui –le réchauffement climatique– permettez-moi de dire un mot de l’abominable attentat perpétré contre les Nations Unies et des civils innocents hier à Alger.  Ce lâche attentat ne peut être justifié en aucune circonstance.  Le sacrifice des fonctionnaires des Nations Unies, qui sont au service des idéaux les plus élevés de l’humanité, et des civils innocents qui ont péri à leurs côtés, restera dans toutes les mémoires.  Les auteurs de ces crimes ne peuvent échapper à la condamnation la plus vigoureuse de la communauté internationale dans son ensemble.


Alors que nous nous réunissons ici à Bali, le monde a les yeux braqués sur nous.  Il s’agit d’un événement historique, longuement attendu.  Il est l’aboutissement de décennies d’études approfondies, menées par les plus grands savants de la planète, de débats animés entre les dirigeants politiques de tous les pays, d’innombrables articles dans la presse et de comptes rendus dans les médias, consacrés à l’examen des liens entre les catastrophes naturelles et le réchauffement de la planète.


Nous voici, enfin, réunis à Bali pour affronter le défi du siècle.  Nous sommes ici parce qu’il n’est plus temps de tergiverser.  Les conclusions des scientifiques sont claires.  Les changements climatiques sont bien une réalité.  Le moment d’agir est venu.


Dans son dernier rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat affirme que si nous n’agissons pas rapidement, nous subirons de lourdes conséquences: l’élévation du niveau de la mer, des inondations de plus en plus fréquentes et de moins en moins prévisibles et de graves sécheresses, la généralisation des famines, en particulier en Afrique et en Asie centrale, et la disparition possible d’un tiers des espèces animales et végétales de la planète.


Il souligne que le coût de l’inaction –en termes écologiques, humains et financiers– serait bien supérieur à celui des mesures qui sont proposées aujourd’hui.


Mais les experts nous annoncent aussi une bonne nouvelle: il est encore temps de s’attaquer au problème en appliquant des mesures dont le coût est abordable et qui contribueront à la prospérité.  En faisant preuve d’imagination, nous pouvons réduire les émissions de gaz à effet de serre et, dans le même temps, promouvoir la croissance économique.


C’est ainsi que le changement climatique est tout autant une chance qu’une menace.  Une chance d’instaurer une nouvelle ère, celle de l’économie « verte » et d’un développement réellement durable.  De nouvelles économies peuvent et doivent croître en réduisant les émissions de carbone en même temps qu’elles créent des emplois et font reculer la pauvreté.


Ce passage à un avenir plus vert est dans sa phase initiale et il doit être soutenu d’urgence.  L’accord multilatéral qui sera le fruit des négociations au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques doit rendre possibles les changements nécessaires.  Nous devons mettre en place un dispositif qui incitera les pays, les entreprises et tout un chacun à œuvrer dans le bon sens.  On ne peut choisir entre la lutte contre les changements climatiques et la poursuite du développement.  Nous ne prospérerons durablement qu’à condition d’allier les deux.


Un consensus se fait déjà jour sur les fondements d’un accord sur le climat, y compris l’adaptation, l’atténuation, la technologie et le financement.  Cet accord doit aussi être général et concerner toutes les nations, qu’elles soient développées ou en développement.  L’atmosphère de notre planète ne fait pas de distinction entre les émissions produites par une usine en Asie, les gaz d’échappement émanant de véhicules utilitaires sport en Amérique du Nord ou le déboisement en Amérique du Sud ou en Afrique.  Cet accord doit en outre être juste, et donc tenir compte du principe des responsabilités communes mais différenciées.


La question de l’équité est cruciale.  Le changement climatique nous touche tous, mais pas tous de la même façon.  Les personnes les plus vulnérables sont les plus rudement frappées.  Celles qui ont le moins contribué à l’apparition du problème en subissent les pires conséquences.


Nous avons une obligation éthique de réparer cette injustice.  Nous avons le devoir de protéger les plus vulnérables.


C’est pourquoi tout accord devrait attendre des pays développés qu’ils continuent de montrer l’exemple dans le domaine de la réduction des émissions.  Et les nations en développement doivent être incitées à limiter la croissance de leurs émissions.  Ensemble, nous pouvons créer une nouvelle ère d’économie verte, une ère de développement réellement durable, fondée sur une technologie propre et sur une économie émettant peu de carbone.


Mais nous devons aussi agir pour régler les problèmes immédiats.  Il est critique que nous honorions les engagements que nous avons pris et que nous veillions à renforcer la capacité de résistance des populations qui sont ou seront les plus durement touchées par les effets du changement climatique.


Ce que le monde attend de Bali, de vous tous, c’est un accord sur le lancement de négociations conduisant à un accord général sur les changements climatiques.  Vous devez fixer un agenda –une feuille de route sur la voie d’un avenir climatique plus sûr–, assorti d’un calendrier strict afin qu’un accord soit conclu d’ici à 2009.  Cette date est cruciale si l’on entend non seulement garantir la continuité après 2012, soit une fois la première période d’engagement du Protocole de Kyoto achevée, mais aussi faire face à la gravité extrême de la situation elle-même.


Je suis encouragé par les progrès réalisés dans les négociations aussi bien en ce qui concerne la Convention que le Protocole de Kyoto.  L’application et le renforcement des accords sur l’adaptation, le déboisement et la technologie sont importants aussi bien maintenant que durant la période qui suivra 2012.


Je note également avec satisfaction les mouvements au sein des pays de l’annexe I en vue de la mise en œuvre de mesures sérieuses d’atténuation climatique.  Je prends acte des actions menées au plan national dans les autres pays au moyen de nouveaux plans, politiques et mesures touchant le climat en vue du développement durable


Il ne sera pas facile de parvenir à un accord global sur le climat.  Disposer d’instruments adéquats pour un tel accord nous aidera à l’appliquer de manière économique.  Et l’Organisation des Nations Unies vous aidera dans toute la mesure possible.  Nous sommes tout disposés à mieux nous acquitter des mandats que vous nous avez confiés, à vous soutenir pendant toute la période des négociations et à contribuer à la mise en œuvre des accords conclus.


Chaque organisme, fonds et programme des Nations Unies sera mis à contribution.  Nous sommes décidés à contribuer à la recherche de solutions au problème des changements climatiques.  En fait, comme il ressort du document récapitulatif qui a été distribué à toutes les délégations, les chefs de secrétariat du système des Nations Unies ont déjà commencé à déterminer la contribution que l’Organisation pourrait apporter conjointement à cette question.


À mesure que ces activités se dérouleront, nous continuerons à donner des explications crédibles, cohérentes et scientifiques permettant de comprendre ce qui arrive à notre planète et les moyens de mieux y faire face.  Nous continuerons de renforcer notre soutien aux activités mondiales, régionales et nationales concernant les changements climatiques, en nous inspirant du programme que vous avez établi.  Nous prêcherons par l’exemple, en utilisant des sources d’énergie sans émission nette de carbone.


Vous êtes venus ici avec une mission claire.  Lors de la réunion de haut niveau sur le changement climatique qui s’est tenue à New York en septembre, les dirigeants du monde ont demandé qu’une percée soit réalisée à Bali.  L’occasion vous est donnée de répondre à cette demande.  Si nous quittons Bali sans qu’une telle percée ait été réalisée, nous aurons trahi non seulement nos dirigeants, mais aussi ceux qui comptent sur nous pour trouver des solutions, c’est-à-dire les peuples de la planète.


C’est là le défi moral que doit relever notre génération.  Non seulement le monde entier a les yeux braqués sur nous, mais aussi, fait plus important, la vie des générations futures dépend de nous.  Nous ne pouvons pas hypothéquer l’avenir de nos enfants.


Nous sommes tous responsables du réchauffement de la planète. Par conséquent, nous devons tous nous employer à trouver une solution à ce problème, en commençant ici même à Bali. Faisons de la crise du climat un pacte sur le climat.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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