En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/11194

LE MULTILINGUISME, ÉQUIVALENT LINGUISTIQUE DU MULTILATÉRALISME, ESTIME BAN KI-MOON QUI DÉCLARE PARTAGER À CET ÉGARD LA POSITION DE LA FRANCE

01/10/2007
Secrétaire généralSG/SM/11194
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LE MULTILINGUISME, ÉQUIVALENT LINGUISTIQUE DU MULTILATÉRALISME, ESTIME BAN KI-MOON QUI DÉCLARE PARTAGER À CET ÉGARD LA POSITION DE LA FRANCE


On trouvera ci-après le texte intégral du toast prononcé par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion du dîner annuel de la Francophonie à New York le 27 septembre 2007:


Permettez-moi tout d’abord, Monsieur le Ministre, de vous remercier de vos paroles amicales.  La France est depuis toujours un allié fort de l’ONU.  Vous êtes, Monsieur le Ministre, non seulement un ami fidèle de l’Organisation, mais aussi un de nos anciens collègues!  Je vous remercie chaleureusement de votre appui constant et loyal. 


Ceci est le premier dîner francophone auquel je participe en tant que Secrétaire général.  Et je tiens à féliciter la France pour sa lutte inlassableen faveur du multilinguisme à l’ONU.


Chaque jour, l’anglais s’impose un peu plus parmi nous. La vigilance de la France est notre meilleure arme.  Tous les deux ans, la France présente une résolution pour tenter de remettre à égalité les six langues officielles de l’Organisation, et les deux langues de travail.  Cette année, votre initiative a rencontré un grand succès.  Cent-douze pays ont cosigné le texte français.  Et la résolution a été adoptée par consensus.


Monsieur le Ministre, je me battrai jusqu’au bout pour défendre votre cause.


Non seulement parce que je partage la position de la France: le multilinguisme est, en effet, l’équivalent linguistique du multilatéralisme.


Mais aussi pour une autre raison que je vais vous confier ce soir.  Je nourris une passion secrète pour la langue française.  Mais je ne crois pas qu’elle m’aime autant.  Comme vous le constatez peut-être, ce n’est pas un amour tout à fait réciproque.  Pas encore, en tout cas.


Peut-être s’agit-il d’un problème de communication?  Avant qu’elle commence à m’aimer à son tour, faudrait-il que je la comprenne mieux?


Or, il y a des choses en elle qui me paraissent toujours étranges.


D’abord, pourquoi doit-elle être doublement négative?  Pourquoi n’est-il pas suffisant de dire « je veux pas »?  Pourquoi faut-il ajouter le mot « ne »?  Fait-elle exprès de se rendre difficile?


Ensuite, pourquoi doit-elle confondre le temps et le temps?  Le temps qui passe et le temps qu’il fait?  Dans quelle autre langue est-ce qu’on utilise le même mot pour ces deux phénomènes complètement différents?  Parfois, quand on me parle du temps, je ne sais pas si je dois regarder ma montre ou chercher mon parapluie!


Enfin, pourquoi doit-elle tout diviser en masculin et féminin?  Pourquoi a-t-elle décidé qu’une fourchette [le Secrétaire général tient une fourchette] est plus féminine qu’un couteau [le Secrétaire général tient un couteau]?  Tient-elle vraiment à la guerre des sexes?


Quand on aime, il y a toujours des particularités que l’on doit accepter chez l’autre.  Ma femme le sait très bien, d’ailleurs, pour subir mes particularités depuis 45 ans!  Mais on essaie malgré soi d’en comprendre le pourquoi.  Peut-être qu’avec la langue française, il vaudrait mieux que je n’essaie pas de comprendre.  Je devrais peut-être me contenter d’obéir. 


Monsieur le Ministre, Monsieur l’Ambassadeur, vous et vos compatriotes avez toujours été gentils et patients avec moi, tandis que je me débats avec cet amour à sens unique.  Je compte sur le soutien de mes amis francophones réunis aujourd’hui pour m’épauler à la fois dans mon approfondissement de la langue française et dans mes fonctions de Secrétaire général.


Je vous invite à lever nos verres à la francophonie et à l’ONU, notre famille commune.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.