CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, M. BAN KI-MOON, ET DU PREMIER MINISTRE IRAQUIEN, M. NOURI AL-MALIKI, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 22 SEPTEMBRE 2007
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CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, M. BAN KI-MOON, ET DU PREMIER MINISTRE IRAQUIEN, M. NOURI AL-MALIKI, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 22 SEPTEMBRE 2007
(Transcription adaptée de l’anglais)
Le Secrétaire général(interprétation de l’anglais): Mesdames, Messieurs, bonsoir. Je vous remercie de votre patience. Je me félicite de votre participation, même si nous sommes samedi soir. M. Al-Maliki et moi-même avons été coprésidents de la réunion sur l’Iraq. Les participants, l’Iraq et ses voisins, les membres du Conseil de sécurité, les pays membres du G-8, les grands bailleurs de fonds tels que l’Égypte, Bahreïn, la Ligue des États arabes, l’Organisation de la Conférence islamique, l’Union européenne. La plupart des délégations étaient représentées au niveau des ministres des affaires étrangères.
À la réunion, tous les participants avaient exprimé une position très positive en faveur de l’Iraq. Il y avait également un ferme appui iraquien pour le renforcement du rôle de l’ONU dans le cadre du nouveau mandat, conformément à la résolution 1770 (2007) du Conseil de sécurité. Les grands domaines pour notre futur travail en Iraq ont été soulignés.
De nombreux orateurs ont insisté sur le rôle que doit jouer l’ONU pour promouvoir la réconciliation nationale. Les États voisins se sont engagés à appuyer un rôle plus ferme de l’ONU, à promouvoir la coopération régionale. À ce titre, de nombreux orateurs ont souligné qu’il fallait renforcer la sécurité aux frontières.
Il y avait un accord clair que la communauté internationale ne peut pas se détourner de l’Iraq ou l’ignorer. La stabilité du pays est notre préoccupation commune.
La mise en œuvre du Pacte international pour l’Iraq se poursuit dans un environnement très difficile, même s’il reste important pour mobiliser l’appui économique et politique pour l’Iraq.
Le nombre de réfugiés et de personnes déplacées en Iraq reste un élément qui préoccupe profondément les pays voisins, qui ont aidé l’Iraq dans le règlement de sa crise humanitaire. Cependant, leurs capacités sont poussées au maximum. La tâche qui incombe aujourd’hui au Gouvernement iraquien et à la communauté internationale est d’assurer qu’une assistance adéquate et mobilisée soit fournie à ceux qui en ont besoin. L’ONU est prête à faire beaucoup pour coordonner et aider à acheminer l’aide humanitaire mais on peut en faire davantage.
Les participants à la réunion se sont également félicités de la nomination de Staffan de Mistura, mon nouveau Représentant spécial. Ils se sont félicités de la contribution de M. Ashraf Qazi, son prédécesseur. Beaucoup ont demandé un rôle plus actif et élargi sur le terrain en Iraq.
Nous devons relever de nombreux défis en Iraq et aujourd’hui, il était manifeste que le temps d’agir collectivement était arrivé. La réunion a permis de promouvoir un partenariat ferme entre la communauté internationale et l’Iraq. L’ONU est engagée à appuyer ce partenariat.
M. Al-Maliki(interprétation de l’arabe): D’abord je tiens à exprimer tous mes remerciements au Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, pour les efforts qu’il a consentis et qui ont été couronnés de succès non seulement à travers la réunion tenue aujourd’hui mais également à travers la réunion de Charm el-Cheikh et bien d’autres réunions qui ont abouti au Pacte international pour l’Iraq sous tous ses aspects. Ce Pacte a été mis en place pour épauler l’Iraq qui subissait un régime dictatorial et qui doit aujourd’hui faire face aux problèmes et à la menace du terrorisme. C’est un pays qui a assumé toute la responsabilité au nom de la communauté internationale pour faire face à l’un des phénomènes les plus dangereux, pernicieux et désormais chronique. Il porte également atteinte au bien-être des peuples.
La réunion qui s’est tenue aujourd’hui, à laquelle ont participé les États voisins, les États membres du Conseil de sécurité et bien d’autres, a été très positive. Elle a mis en exergue les développements positifs dans le dossier iraquien. L’on a également souligné les défis auxquels l’Iraq est confronté et les amis de l’humanité, de la démocratie, de la sécurité, ont tous décidé de soutenir l’Iraq pour faire face à cette menace, au nom de la communauté internationale.
En ce qui concerne la situation économique, sociale et politique en Iraq, tout le monde a exprimé son soutien au Gouvernement iraquien, qui s’efforce de mener à bien un programme de réformes économiques, politiques et sociales. Les déclarations faites par la délégation sont venues en fait soutenir l’idée de réconciliation nationale. En effet, la réconciliation nationale est le seul moyen d’imposer la paix, la sécurité et la stabilité. La sécurité ne peut être imposée par la force. La sécurité peut être la bonne volonté de tous à travers le dialogue et réconciliation entre les Iraquiens. La réconciliation nationale exige d’importants efforts et beaucoup de temps. Il ne s’agit pas simplement d’une réconciliation horizontale. Il s’agit d’une réconciliation nationale qui serait sous-tendue par les principes de base sur lesquels l’Iraq a été fondé.
Les déplacés iraquiens à l’intérieur ou à l’extérieur du pays constituent un problème, mais en même temps, la situation en matière de sécurité s’est améliorée, tout comme la situation économique. Par conséquent, des milliers de familles qui avaient quitté leur maison ont décidé de rentrer au pays, grâce à l’aide du Gouvernement iraquien.
La réunion s’est félicitée de la résolution 1770 (2007) qui donne à la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) un rôle essentiel pour épauler les efforts de l’Iraq dans les domaines de la réconciliation nationale, de la reconstruction, de la fourniture de services et du savoir-faire nécessaire pour revoir la constitution iraquienne et pour développer les capacités de ce pays. Toutes ces paroles qui vont dans le sens d’un appui plus large à l’Iraq nous donnent davantage de confiance que nous ne sommes pas seuls à faire face aux défis.
S’agissant de la situation globale en Iraq, j’ai essayé d’expliquer aux délégations qui étaient fort inquiètes, que l’on a à présent pu, avec la Force multinationale, améliorer la situation et éviter une guerre confessionnelle ou civile. Certes, il subsiste quelques foyers de tensions, il y a encore des milices terroristes qui œuvrent dans l’ombre, mais elles relèvent toutes de la juridiction iraquienne et sont poursuivies par les forces iraquiennes. Voici les fruits de cette réunion, voici également le sens de ce qui a été dit au cours de cette réunion, au sujet d’un Iraq qui pourra vivre dans la paix, la stabilité et la sécurité, avec les États voisins, un Iraq qui tournera le dos à son passé dictatorial.
Question(interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, Monsieur le Premier Ministre, merci de nous accueillir à cette conférence de presse. Je voudrais poser ma première question au Premier Ministre. Pouvez-vous confirmer l’existence de rapports indiquant que des enquêteurs iraquiens auraient des vidéos sur les forces de sécurité de Blackwater qui ont tiré sur des civils iraquiens sans avoir été provoqués. Pouvez-vous nous le confirmer? Deuxièmement, quelle est votre réaction devant le fait que Mme Condoleezza Rice a invité la Syrie aux pourparlers sur le Moyen-Orient?
M. Al-Maliki(interprétation de l’arabe): S’agissant de l’incident que vous avez mentionné, je pense que vous voulez parler du dernier événement extrêmement fâcheux qui s’est produit à Bagdad. Nous menons actuellement une enquête. Nous avons demandé aux Américains de s’occuper de l’enquête par le biais d’un comité d’investigation et de déterminer s’il existe une vidéo sur cet incident.
Question [inaudible]
M. Al-Maliki(interprétation de l’arabe): Oui, la Syrie est partie à cette réunion, ainsi qu’à toutes les réunions et conférences qui se sont tenues à l'intérieur ou à l’extérieur de l’Iraq. Par exemple, il y a quelques jours, une réunion a eu lieu à Bagdad. La Syrie y a participé. Elle est partie prenante à tout ce qui se passe, car c’est un pays avec lequel nous avons pu nous entendre lors de notre dernière visite. Nous avons noué des liens de coopération, des liens positifs, et la Syrie abrite un grand nombre d’Iraquiens. Dans la mesure où la Syrie exprime un intérêt à instaurer un ordre régional emprunt de stabilité.
Question (interprétation de l’anglais): Comment envisagez-vous d’élargir le rôle des Nations Unies et sa présence en Iraq? J’aimerais en savoir davantage sur le bureau d’appui que vous comptez instituer. Par ailleurs, en ce qui concerne les défis que l’Iraq doit relever, notamment le dossier sécuritaire. Il s’agit d’un danger qui revêt diverses formes. Certains médias tentent de faire de la désinformation sur la situation en Iraq. Que faites-vous pour remédier à ce genre de choses?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Le Conseil de sécurité, dans sa résolution 1770, avait demandé au Secrétariat de l’ONU de jouer un rôle plus grand en Iraq. En ce moment, je suis en train d’envisager sérieusement d’accroître notre présence et de renforcer notre rôle. L’ONU a un avantage compétitif et peut jouer le rôle de facilitateur politique en encourageant la réconciliation nationale, ainsi que la reconstruction socioéconomique. Dans ces domaines, l’ONU est forte et va élargir son rôle en Iraq. On envisage également d’accroître notre présence physique. Je parle d’une augmentation modeste pour ce qui est du nombre de personnel, et ceci sera fait dès que nous aurons les installations qui pourront accueillir notre personnel en toute sécurité. D’autres augmentations sont prévues dans notre bureau à Erbil, et nous envisageons d’avoir une présence même à Bassorah. Nous sommes en train d’examiner ces questions. Au cours de la réunion ministérielle du 9 septembre, le Gouvernement iraquien a fait une proposition. Il s’agissait d’établir un groupe d’appui. À la réunion d’aujourd’hui, j’ai proposé que l’on établisse un petit bureau d’appui à Bagdad, qui faciliterait la coordination entre l’Iraq et les gouvernements voisins. La réaction a été très positive. J’ai proposé qu’on mette au point la question à la prochaine réunion ministérielle, qui va se tenir à Istanbul à la fin du mois prochain.
Question (interprétation de l’arabe): Vous avez certainement débattu du terrorisme en tant que défi, un défi auquel non seulement l’Iraq mais également le monde sont confrontés. Ce terrorisme a des ressources. Parfois, ce sont des sommes d’argent qui viennent d’institutions non gouvernementales, parfois de gouvernements qui versent des montants à des institutions terroristes. Parfois, des fatwas, des édits religieux, encouragent à tuer et à faire couler le sang. Cela constitue une force qui pousse au terrorisme, car elle se base sur des fondements spirituels ou religieux. Lorsque, bien sûr, la presse n’assume pas ses responsabilités et ne traite pas ces questions de manière objective, elle devient elle-même un moyen qui supporte ceux qui accomplissent ses actes de violence. Bien sûr, il y a ces hommes que l’on prépare et que l’on pousse à tuer des innocents. En réalité, nous devons nous arrêter à ce phénomène et nous devons bien sûr aller aux sources du terrorisme et les éliminer. En même temps, nous devons nous pencher sur les médias qui n’assument pas leurs responsabilités.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Premier Ministre, la réconciliation nationale en Iraq est une question extrêmement importante pour améliorer la situation sécuritaire. Ma question est la suivante: quelles sont les mesures concrètes, efficaces que va prendre votre gouvernement à l’avenir pour réaliser cette réconciliation nationale en Iraq?
M. Al-Maliki (interprétation de l’anglais): Comme vous l’avez dit et comme on l’a dit précédemment, la réconciliation nationale est le moyen le plus sûr d’aboutir à la stabilité, la sécurité et la souveraineté de l’Iraq. Comme je l’ai dit précédemment, la force ne crée pas la paix. C’est en fait l’entente, la concorde, la réconciliation qui permettront d’édifier cette paix et cette sécurité. Je pense que nous avons parcouru un chemin important. Nous avons tenu une série de conférences auxquelles ont participé toutes les composantes de la société iraquienne: les chefs de tribus, les poètes, les chefs religieux et bien d’autres. À travers toutes ces mesures visant la réconciliation nationale, nous avons pu récupérer toute l’armée iraquienne: certains membres de l’armée ont été réintégrés, d’autres ont été mis à la retraite tout en bénéficiant d’une pension, c’est-à-dire ceux qui avaient été démobilisés après le régime déchu. Par ailleurs, nous essayons de consacrer une culture de paix et de sécurité. Pour cela, nous avons également mis en exergue la question de l’obligation redditionnelle et de la justice. Nous avons essayé de faire la distinction entre ceux qui ont commis des crimes à l’encontre d’innocents et ceux qui ont peut-être été accusés à tort. Nous avons soumis cette question au Parlement iraquien, nous avons essayé de faire adopter un certain nombre de lois en ce sens. Nous avons essayé de travailler sur plus d’un niveau. La réconciliation nationale, comme vous l’avez dit, va peut-être se faire, car un certain nombre de chefs de tribus d’el-Nalbar et d’autres régions ont décidé de se mettre du côté du Gouvernement iraquien. Par ailleurs, ceux qui étaient impliqués dans des mouvements terroristes ont décidé de changer de camp et de se mettre du côté du Gouvernement pour faire face au terrorisme.
Question (interprétation de l’anglais): Les médias des États-Unis disent que le fait d’armer les tribus sunnites pourrait compromettre l’avenir de l’Iraq et le rendre encore plus dangereux. Est-ce que vous êtes d’accord?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Est-ce que vous pouvez répéter votre question?
Question (interprétation de l’anglais): Les médias des États-Unis disent que le fait d’armer les tribus sunnites pourrait compromettre l’avenir de l’Iraq et le rendre encore plus dangereux. Est-ce que vous êtes d’accord?
Question (interprétation de l’anglais): Le Secrétaire général dit qu’il n’a pas très bien compris, alors je vais répéter. Il s’agit des Américains qui fourniraient des armes à des tribus sunnites. Est-ce que cela peut compromettre l’avenir de l’Iraq?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Mais je n’ai pas pris connaissance de ce fait – de ce que vous dites dans votre question.
Question (interprétation de l’anglais): Est-ce le fait d’armer les Sunnites va rendre la situation en Iraq plus dangereuse? Êtes-vous d’accord? Ce sont les médias qui disent cela – on a vu cela dans la presse. Êtes-vous d’accord?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Eh bien, avant tout, la situation en Iraq est très difficile. Il y a toujours eu une violence sectaire. Elle se poursuit, et c’est inquiétant. Les forces multinationales ont fait beaucoup d’efforts pour instaurer la paix et la sécurité. Mais, pour répondre à votre question spécifiquement, je ne peux pas dire quoi que ce soit quant à ce qui a été signalé dans les médias à cet égard.
[Voix: M. Al-Maliki voudrait aussi répondre à cette question]
M. Al-Maliki (interprétation de l’arabe): Je crois comprendre cette personne vient de dire que le fait d’armer les factions sunnites pourrait en fait constituer un problème. Nous essayons, nous, d’en finir avec les milices sunnites. Nous voudrions dire que c’est l’autorité gouvernementale qui est la seule responsable du port des armes; elle seule est responsable de la sécurité. Il n’est pas de la responsabilité de quelques groupuscules, groupes ou factions que ce soit de porter les armes et de les lever afin d’assurer la sécurité.
Mais nous savons que certaines factions ont souffert du terrorisme et il ne faut pas que l’on offre asile aux terroristes. Nous avons un comité central de surveillance du phénomène de terrorisme et nous accueillons les membres de ces factions ou de ces tribus afin qu’ils rallient les rangs de l’armée, afin qu’ils rallient les membres des forces de sécurité et qu’ils ne menacent plus notre sécurité, puisqu’ils seront eux-mêmes des agents de sécurité.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, Monsieur le Premier Ministre Al-Maliki vient de dire que la situation en matière de sécurité en Iraq s’est améliorée. Êtes-vous d’accord avec son analyse? Est-ce que vous pensez, vous, que la situation en matière de sécurité s’est améliorée de telle façon que vous pouvez faire envoyer davantage de personnel de l’ONU en Iraq?
Monsieur Al-Maliki, êtes-vous déçu pour la sécurité de votre pays que vos plus grands partenaires, les États-Unis et l’Iran, n’aient pas encore parlé au niveau ministériel de l’avenir de votre pays?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): La situation en matière de sécurité est toujours instable, et j’espère vraiment que la sécurité va être assurée aussi rapidement que possible. Il est vrai que grâce aux contributions et aux sacrifices de beaucoup de forces multinationales et du Gouvernement iraquien, la situation en matière de sécurité s’est améliorée. Mais je crois qu’il y a encore beaucoup à faire. Ceci a des conséquences directes sur la façon dont l’ONU peut être présente et mener des activités en Iraq. Les activités de l’ONU dépendront de la situation en matière de sécurité. Il est vrai que nos activités ont été limitées à cause de la situation sur le terrain. L’ONU a toujours continué à améliorer la protection des locaux, y compris les locaux intégrés, pour que le personnel puisse travailler sous un même toit. Maintenant, nous avons demandé à l’Assemblée générale de nous donner le budget nécessaire. Des installations, des locaux ont déjà été construits, et les travaux se poursuivent. La sûreté et la sécurité de notre personnel sont absolument essentielles pour nous. La sécurité s’améliore sur le terrain et, plus la sécurité s’améliorera, plus nous accroîtrons notre présence, sous forme de personnel et de facilitation politique.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Premier Ministre, plusieurs partis politiques sunnites – ou du moins l’un d’entre eux – ont quitté votre gouvernement. Le Vice-Président sunnite modéré dit qu’il va devoir revoir sa position à cause du mouvement trop lent sur le front de la réconciliation. La même critique émane du Gouvernement des États-Unis et d’autres politiciens. Pendant combien de temps votre Gouvernement peut-il survivre, à votre avis?
Et je m’adresse maintenant au Secrétaire général: j’avais pensé que vous aviez quitté Bassorah parce que les Britanniques s’étaient retirés. Est-ce que vous avez l’intention d’y retourner?
M. Al-Maliki (interprétation de l’arabe): Lorsque nous parlons d’améliorations, cela ne veut pas dire que nous n’avons pas un certain nombre de problèmes. Cependant, ces problèmes sont mineurs. Auparavant, il existait un blocage au niveau politique. Par conséquent, un certain nombre de partis ont mis en marche le processus politique. Je reviens maintenant sur le retrait de certains partis. Cela n’a pas du tout affecté le Gouvernement iraquien. Le Gouvernement continue à travailler en vertu de la Constitution. Un certain nombre de composantes politiques et sociales pourraient participer aux activités du Gouvernement. Nous avons les infrastructures nécessaires pour protéger le travail du Gouvernement sur le terrain.
[Voix: Encore deux questions… Pardon, il reste la deuxième question]
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): C’est un projet. Il va falloir suivre de très près la situation en matière de sécurité sur place, y compris à Bassorah. Nous allons suivre les choses de près, coordonner avec les Iraquiens et les forces multinationales, avant de prendre la décision. Ce que je disais précédemment était que nous avons un plan, un programme, que nous examinons.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous êtes déterminé à accroître le rôle des Nations Unies en Iraq et aider le peuple iraquien, mais, pour être réaliste, vous êtes présents dans la Zone verte à Bagdad: il n’y a pas beaucoup d’interaction avec les Iraquiens. Lorsque vous quittez la Zone verte, c’est dans des véhicules banalisés. Je crois que ce n’est pas de bon augure. Cette augmentation ne changera pas grand chose dans leurs vies. Est-ce réaliste pour nous de croire qu’il y aura un changement? Nous comprenons votre détermination et votre bonne volonté mais, comme vous l’avez dit, la situation en matière de sécurité reste instable, ce qui entravera vos efforts. À quel point pensez-vous, en étant réaliste, que votre détermination fera la différence en Iraq?
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur Al-Maliki, le Secrétaire général a décrit la situation sécuritaire en Iraq en disant que c’était une situation instable, et cela bien que vous ayez dit à maintes reprises que la situation s’était améliorée. Qu’en pensez-vous? Auriez-vous un commentaire à faire à ce propos?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il est vrai, encore une fois, que la situation sécuritaire, politique et sociale reste instable. C’est la raison pour laquelle je disais que nous allons étudier de près la situation en matière de sécurité sur le terrain, mais en principe, il est du devoir et de la responsabilité des Nations Unies d’aider, où que ce soit, les peuples et les gouvernements qui connaissent des difficultés humanitaires et de sécurité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Nations Unies ont examiné de manière approfondie et avec prudence comment et combien nous pourrions contribuer à aider le peuple et le Gouvernement iraquiens afin qu’ils puissent surmonter ces difficultés et bénéficier véritablement de liberté, de sécurité, de démocratie et de prospérité. Nous travaillons dans des circonstances extrêmement difficiles. Nous assumons notre rôle de facilitateur politique, d’assistance humanitaire, de reconstruction économique et sociale. Nous pouvons sûrement jouer un rôle en Iraq même. En dehors, nous avons aussi fait de notre mieux pour appuyer les efforts en cours. Vous vous souviendrez que M. Al-Maliki et moi-même avons coprésidé, au début du mois de mai dernier, la réunion de Charm el-Cheikh sur le Pacte international pour l’Iraq. Nous avons coordonné nos efforts avec les acteurs de la région pour que leur coopération et leur assistance puissent susciter un climat favorable pour la société et pour le pays.
M. Al-Maliki (interprétation de l’arabe): Peut-être que ni le Secrétaire général, ni moi-même n’avons parlé de stabilité entière et complète, mais ceux qui suivent la situation en Iraq ont parlé d’améliorations substantielles. Et s’il y a parmi vous des gens qui sont au courant ou qui étaient au courant de la situation en Iraq avant et de celle qui prévaut à présent, ceux-là ne peuvent manquer de dire que certes, il y a eu une amélioration. Bien entendu, il reste des défis, mais pour qu’il y ait stabilité, il faut qu’il y ait sécurité, et s’il y avait eu stabilité réelle, entière et complète, on n’aurait pas eu besoin de tenir toutes ces réunions internationales. Quoi qu’il en soit, ce que je dis clairement, c’est qu’il y a de nouveaux éléments à prendre en considération dans cette équation iraquienne de lutte contre le terrorisme, et je pense que c’est cela qui sera le facteur déterminant de la stabilité en Iraq au bénéfice du citoyen iraquien, lequel pourra enfin vaincre le terrorisme et retrouver toutes ses forces. Les forces de sécurité iraquiennes ont réussi à acquérir une grande expérience. Ceux qui essayaient de mettre à bas la démocratie et la culture démocratique ont été défaits. La situation économique s’est améliorée, également, et nous espérons donc pouvoir déclarer 2008 année économique, alors que 2007 était l’année sécuritaire. Ce sont là autant d’éléments qui font naître ou renaître la confiance chez nous.
Question (interprétation de l’arabe): Monsieur le Premier Ministre, vous avez parlé d’un gouvernement de technocrates en Iraq. Où en sont vos efforts pour former un tel gouvernement, et quels sont les mécanismes de formation? Est-ce sur la base de candidats présentés par certaines coalitions ou de recommandations du Conseil des ministres? Deuxièmement, on entend des critiques de la part de la Maison Blanche: que pensez-vous de ces critiques? À qui sont-elles adressées?
M. Al-Maliki (interprétation de l’arabe): Notre souhait de former ce gouvernement de technocrates date depuis un certain temps. Cependant, maintenant, la phase transitoire nous a imposé un certain modèle pour la formation du gouvernement, qui a connu une grande transformation puisqu’il y a des candidats qui sont présentés par les grands groupes politiques. Mais aujourd’hui, le climat s’est amélioré; je vais donc pouvoir remettre sur le tapis ce projet de gouvernement de technocrates, qui serait relié au Conseil des ministres, et non pas dicté par des alliances ou allégeances politiques. Le Premier Ministre devrait exercer pleinement son pouvoir pour nommer ses ministres, sur la base de leur expertise et de leurs compétences techniques. Par ailleurs, le nombre de portefeuilles ministériels sera considérablement réduit pour être proportionnel aux besoins effectifs, et la sélection se fera selon des critères scientifiques rigoureux, à l’abri de toutes sortes de manipulations ou de spéculations partisanes. Je pense que le climat est maintenant plus propice, et la plupart de nos partenaires ont découvert que notre gouvernement ne saurait survivre que s’il est indépendant, autonome et réellement professionnel. Il nous faut nous tenir à l’écart des spéculations politiques, et c’est ce que nous faisons tous les jours; nous nous en tenons aux principes. Cependant, le cadre dans lequel nous opérons fait que nous sommes en butte à des problèmes et qu’il existe certains portefeuilles qui ne sont pas pourvus. Nous allons continuer notre sélection des ministres, sans perdre de vue notre projet final de former un gouvernement de technocrates.
En ce qui concerne les critiques de la Maison Blanche, je pense qu’il s’agit là de quelque chose de tout à fait normal. On retrouve cela au Congrès américain, mais également en Iraq. Au Conseil des députés, il y a des vagues de protestations et de critiques. Toutefois, ce qui compte, c’est ce qu’il se passe concrètement, et non pas ce type de soubresauts de surface. Il faut donc se tenir à l’écart de ces soubresauts. Dans l’ensemble, je pense qu’il y a une grande compréhension entre l’administration américaine et nous, et cette entente a été le moteur de notre croissance économique, que nous avons pu relancer au service du développement – et j’espère que cela se confirmera à l’avenir.
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